Théorie du "gender": état des lieux en Europe
Écrit par Grégor Puppinck (via Didoc.be)
Le directeur de l’European Center for Law and Justice (ECLJ) étudie la progression de la théorie du « gender » dans différents pays d’Europe (article écrit le 5 avril 2013, avant le vote de la loi Taubira en France) :
FRANCE
Le projet de loi Taubira sur le mariage [homosexuel] doit être considéré en lien avec un autre projet fondamental de l’actuel gouvernement : le projet de « refondation de l’école de la République » actuellement discuté à l’Assemblée Nationale. Ce projet de loi (…) prévoit, entre autres dispositions, d’introduire un nouvel enseignement obligatoire de morale laïque et d’éducation civique, ainsi que de lutter dès le plus jeune âge contre les stéréotypes de genre. Dans la presse et à l’Assemblée, le ministre de l’éducation nationale, Vincent Peillon, a précisé que « le but de la morale laïque est d’arracher l’élève à tous les déterminismes, familial, ethnique, social, intellectuel » pour « permettre à chaque élève de s’émanciper », car « le but de l’école républicaine a toujours été de produire un individu libre ». Dans la même veine, la Ministre de la Justice, Christiane Taubira a également déclaré à l’Assemblée que « dans nos valeurs, l’Education vise à arracher les enfants aux déterminismes sociaux et religieux et d’en faire des citoyens libres ».
L’un de ces déterminismes serait l’identité de genre ; la déconstruction des stéréotypes de genres est conçue comme un moyen d’émancipation des enfants. Le projet de « refondation de l’école de la République »prévoit à présent que « l’éducation à l’égalité de genre » devienne une mission de l’école élémentaire, dès l’âge de 6 ans, « afin de substituer à des catégories comme le sexe (…) le concept de genre qui (…) montre que les différences entre les hommes et les femmes ne sont pas fondées sur la nature, mais sont historiquement construites et socialement reproduites ». Cette volonté ressort également du récent rapport de l’Inspection Générale des Affaires Sociales qui recommande que l’école s’engage dans la « lutte contre les stéréotypes de genre » « dès le plus jeune âge », qu’elle déconstruise « l’idéologie de la complémentarité » homme-femme pour « tendre vers une société » égalitaire. A cette fin, ce rapport recommande notamment aux enseignants de remplacer les appellations « garçons » et« filles » par les termes neutres « amis » ou« enfants », de raconter des histoires dans lesquelles les enfants ont deux papas ou deux mamans, etc. Il s’agit, dit le rapport, d’empêcher la« différenciation sexuée » et l’intériorisation par les enfants de leur identité sexuelle. Outre ces aspects relatifs à la théorie du genre, la morale laïque promue par le projet de « refondation de l’école de la République » est aussi source d’inquiétudes. Ce projet de loi vise à refonder la société via l’école ; il est complémentaire du projet Taubira qui « refonde » la famille via le mariage. Comme l’indique M. Peillon, « le gouvernement s’est engagé à s’appuyer sur la jeunesse pour changer les mentalités, notamment par le biais d’une éducation au respect de la diversité des orientations sexuelles ».