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  • Germanie et Amazonie : libre regard sur le front des combats d’un pontificat agité

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    Lu dans le mensuel « La Nef » du mois de décembre 2019

    Muller CdlMullerep1.jpg« Le cardinal Gerhard Ludwig Müller, théologien dogmatique, a été évêque de Ratisbonne (2002-2012), en Allemagne, puis préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la foi de 2012 à 2017. Il a été chargé par Benoît XVI de l’édition de ses œuvres complètes. Il nous parle ici du synode sur l’Amazonie et de la situation de l’Église en Allemagne. Entretien exclusif.

    La Nef – Le synode sur l’Amazonie vient de s’achever : quel bilan en tirez-vous ?
    Cardinal Müller
     – Un synode est une assemblée d’évêques appelés à témoigner de l’Évangile en leur qualité de successeurs des apôtres. Or, s’agissant de thèmes comme le climat ou la protection de l’environnement, qui relèvent des sciences empiriques et donnent lieu à des décisions politiques selon « l’autonomie des réalités terrestres » (Vatican II, Gaudium et spes, 36), le Magistère ne peut que proposer des principes éthiques, et non prescrire des solutions pratiques. Jésus n’exhorte pas les disciples à discerner « les signes du futur à partir de la pluie, du vent et des nuages », mais à prendre une décision en faveur ou contre Dieu, en croyant en Lui. « Hypocrites ! Vous savez interpréter l’aspect de la terre et du ciel ; mais ce moment-ci, pourquoi ne savez-vous pas l’interpréter ? » (Lc 12, 56). Lorsqu’on tire le bilan d’une assemblée ecclésiale, le critère doit être de savoir si, par le message qui en ressort, le Christ, seul Sauveur du monde, est entré plus clairement dans la conscience des chrétiens.

    Vous avez indiqué à plusieurs reprises que le synode sur l’Amazonie répondait à un « agenda européen », en particulier à un « agenda allemand » : qu’entendez-vous par là ?
    Les thèmes développés lors du synode sur l’Amazonie sont identiques à ceux du « processus synodal » engagé par l’Église allemande, qui se déroule sous la direction de la Conférence épiscopale allemande et du Comité central des catholiques allemands (ZdK). En Amérique latine, où, au cours des cinquante dernières années, l’Église catholique a perdu près de la moitié de ses membres au profit des sectes protestantes et des mouvements évangéliques, l’accent doit être mis sur une nouvelle évangélisation. Parallèlement, depuis 1990, en Allemagne, 8 millions de protestants et 5 millions de catholiques ont quitté l’Église. Ce n’est que par la proclamation et le témoignage que nous pourrons reconquérir ces personnes au Christ et non par des changements structurels comme l’exigent les médias éloignés de la foi. Les partisans de la laïcité, qui sont très loin de Dieu, préféreront toujours une Église faible et divisée à une Église unie dans la foi, l’espérance et la charité. Ils n’accepteront l’Église que s’ils peuvent l’intégrer à leur propre agenda en faveur d’une « société ouverte », que si elle se plie à la volonté de richissimes fondations qui promeuvent l’avortement et l’euthanasie au prétexte de sauver l’environnement des conséquences de la surpopulation. En aucun cas, le Vatican ne devrait accepter des dons provenant de ces fondations, puisque leur versement est soumis à des conditions incompatibles avec l’éthique chrétienne.

    Pensez-vous que le synode sur l’Amazonie – qui a d’ailleurs proposé l’introduction d’un rite amazonien – puisse également être vu comme un nouvel épisode de la fameuse « querelle des rites », épisode cette fois-ci remporté par les jésuites ?
    La « querelle des rites », qui a concerné la Chine du XVIIe siècle, est intervenue dans un contexte historiquement et théologiquement différent de celui que nous connaissons en Amazonie. S’agissant de la question générale des rites, il importe de rappeler que ce sont seulement les sacrements en leur substance qui sont confiés à l’autorité de l’Église. Les prêtres ne transmettent pas eux-mêmes la grâce des sacrements, ils sont seulement chargés d’administrer les sacrements porteurs de grâce. Autrement dit, l’autorité ecclésiastique n’a compétence que sur la forme liturgique. Les différents rites de l’Église catholique n’ont pas été inventés par une commission papale dans un bureau quelconque, mais remontent loin dans la tradition apostolique. Quant à l’Amérique latine, elle appartient au rite latin. Ici, les mentalités locales, les chants et les coutumes populaires peuvent être intégrés sans changer le rite lui-même ou en créer un nouveau.

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  • Pour comprendre le synode sur l’Amazonie

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    Guénois images (2).jpgUne provocation de plus dans l’agitation qui déstabilise l’Eglise universelle ? Jean-Marie Guénois, rédacteur en chef au Figaro, responsable des affaires religieuses, a suivi tout le synode sur l’Amazonie à Rome. Il témoigne pour le mensuel « La Nef » dans son numéro de décembre 2019 :

    "La Nef – Vous avez suivi le synode sur l’Amazonie depuis Rome : comment l’avez-vous vécu ?

    Jean-Marie Guénois – J’ai suivi à Rome beaucoup de synodes sous Jean-Paul II et sous Benoît XVI ainsi que les deux synodes sur la famille avec François et le synode sur les jeunes l’an passé. Aucun synode ne se ressemble à vrai dire car les sujets diffèrent tous comme les participants. En un mois de travail, trois semaines aujourd’hui, il se passe quelque chose entre les « pères synodaux » – des évêques pour la plupart – qui vivent une expérience ecclésiale indéniable. On peut en sourire si l’on considère que la « synodalité », toujours pratiquée dans l’orthodoxie, demeure une façade dans l’Église catholique. On peut aussi la prendre au sérieux comme une réunion « d’apôtres » que sont censés être les évêques. En tout état de cause, un synode permet de faire un point assez approfondi sur une question d’Église. Il donne une photographie précise, nuancée, d’une réalité car de nombreux points de vue s’expriment alors. Le synode préconise également une série de mesures concrètes. Au pape, ensuite, de retenir dans une exhortation post-synodale ce qui lui semble utile pour l’Église.

    Sur la forme, ce synode sur l’Amazonie était donc un synode comme les autres, il n’a rien inventé et il faut rendre hommage ici à Jean-Paul II qui a réhabilité et beaucoup pratiqué cet exercice synodal. Sur le fond, en revanche, ce synode est allé très loin dans le particularisme. Ce n’était pas la première fois que l’Église réunissait un synode régional – Benoît XVI le fit pour la Terre Sainte, Jean-Paul II pour le Liban, pour l’Europe, l’Afrique notamment – mais on n’était jamais allé aussi loin dans l’importation au Vatican de personnes et de thèmes aussi « exotiques » avec leurs coutumes. Jamais non plus n’avait-on intégré à ce point, une question, non spontanément religieuse, comme l’écologie, dans les débats dits ecclésiaux. Enfin, de même que le synode sur la famille avait voulu faire avancer la question de l’accueil des divorcés-remariés dans la communion ecclésiale, ce synode a voulu faire avancer la question de l’ordination d’hommes mariés.

    Vous avez écrit dans Le Figaro que la grande intuition de François avait été la « théologie du peuple » et que ce synode avait été l’aboutissement de cette vision : pourriez-vous nous l’expliquer ?

    François regarde l’Église « d’en bas ». C’est-à-dire du point de vue des plus petits, des plus éloignés, des « exclus » mais aussi des plus simples, ces fidèles qui vivent de la piété populaire. Il se méfie, critique et récuse a priori les « élites catholiques » qu’il voit dans la haute hiérarchie cardinalice et épiscopale mais aussi les « catholiques d’élites » – je le cite dans son discours de clôture du synode sur l’Amazonie – qu’il voit chez les conservateurs souvent réduits au rang de « pharisiens ». Pour lui, la « vérité » de l’Église ne se trouve pas chez les « docteurs de la loi », je le cite toujours, mais dans le bon sens du « peuple de Dieu » qui, lui, « ne se trompe pas ». Quand, jeune supérieur des jésuites d’Argentine, il a dû lutter contre l’interprétation marxiste du christianisme véhiculée par la théologie de la libération, il a créé cette « théologie du peuple » s’appuyant alors sur la foi chrétienne du peuple et s’éloignant des savants théologiens. Cette même méthode, il l’a appliquée aux deux synodes sur la famille dont les deux sessions visaient à faire évoluer, en comptant sur le temps, les consciences catholiques, le « peuple catholique » sur la question des divorcés remariés. Cette méthode, il l’a aussi appliquée au synode sur l’Amazonie, en partant des « besoins du peuple » pour réformer l’Église : dont le besoin eucharistique pour les tribus éloignées ; dont le besoin de ministres du culte ; d’où la nécessité d’ordonner prêtres des hommes mariés. Non pas en théorisant le problème mais en cherchant à répondre à un besoin pastoral du peuple.

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  • Banneux à l'honneur sur Aleteia

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    D'Albane de Cugnac sur le site Aleteia.org :

    Les apparitions de Banneux, un message à tous les pauvres et donc à chacun de nous

    Banneux

    Source du Sanctuaire Marial de Banneux, Belgique.

    Hozana | 12 décembre 2019

    Banneux, un village au sud de Liège, en Belgique, est un lieu marial encore trop peu connu où la Sainte Vierge est apparue en 1933 à une jeune fille de 12 ans. S’en souvenir à quelques jours de la naissance de Jésus, petit parmi les plus petits, pauvre parmi les plus pauvres, c’est une invitation à méditer sur la pauvreté. Car c’est un véritable message à tous les pauvres et donc à chacun de nous qu’elle a adressé au monde.

    Nous sommes le 15 janvier 1933. Mariette Béco est l’aînée d’une famille de sept enfants. Peu pratiquante, cela fait de nombreux mois qu’elle ne se rend plus au catéchisme. Elle préfère rester à la maison pour aider sa mère, tombée gravement malade. Pourtant, ce soir-là, alors qu’il fait déjà très sombre et froid dehors, elle guette son petit frère à la fenêtre qui n’est pas encore rentré et aperçoit alors une « dame » qui la regarde les mains jointes vers le bas. Sans hésitation, elle reconnaît la Sainte Vierge.

     Lire aussi : Ces apparitions reconnues comme « dignes de foi » par l’Église

    Malgré son manque de piété, Mariette sent naître en son cœur un grand désir de s’approcher de Marie. Quelques jours plus tard, alors que la petite fille affronte le froid glacial pour prier son chapelet, la Vierge apparaît à nouveau et lui fait signe de la suivre. Ensemble, elles s’approchent d’une source et Marie s’adresse à Mariette pour la première fois : « Poussez vos mains dans l’eau ». La fillette obéit… Quel est donc le message que Marie souhaite ici adresser à chacun de nous ? Elle nous invite à déposer à ses pieds tous nos soucis, toutes nos souffrances, toutes nos douleurs. L’eau, témoignage d’une vie nouvelle, est aussi le symbole de la purification. La Sainte Vierge envoie ce signe à tous les hommes qui traversent la nuit du désespoir. Elle se rend toute disponible afin de les soutenir dans leurs épreuves et leurs combats. Elle encourage aussi chacun à se reconnaître pêcheur afin de demander au Seigneur la grâce d’être pardonné. Elle est la mère du Seigneur et souhaite soulager les Hommes de leurs fardeaux.

    Un message à tous les pauvres et donc à chacun de nous

    Le lendemain, le 19 janvier 1933, la Sainte Vierge apparaît à nouveau près de la source… Plus audacieuse, Mariette ose alors lui demander qui elle est. « Je suis la Vierge des Pauvres. Cette source est réservée pour toutes les nations, pour soulager les malades ». Les Évangiles en témoignent : Jésus est très attentif à la pauvreté. Il a d’ailleurs choisi de naître dans une étable et de se faire tout petit et discret. Cependant, il ne faut pas s’arrêter à la simple pauvreté matérielle. Marie s’exprime ici à chaque homme. Méditons donc sur ce terme de « pauvreté » ! Qui sont les pauvres que je croise dans mon quotidien ? Et moi, de qui suis-je le pauvre ? Les pauvretés sont nombreuses et diverses et chacun de nous les côtoie tous les jours. 

     Lire aussi : « Les formes de pauvreté sont en train de se diversifier »

    La Sainte Vierge s’adresse à tous les pauvres et donc à chacun de nous. Elle prend toutes nos pauvretés sous son aile — que celles-ci soient matérielles, physiques, psychologiques ou spirituelles. Comme les Béatitudes nous y encouragent, il est alors en notre pouvoir d’identifier ces pauvretés et de les accepter avec humilité et douceur. « Heureux les pauvres de cœur car le Royaume des Cieux est à eux » (Mt 5, 3). C’est avec un cœur humble et un esprit brisé que nous pourrons réellement nous mettre en marche vers Jésus. Nos souffrances ne disparaîtront pas mais en suivant le chemin que Marie nous montre, elles seront plus douces et supportables. Les bras de Marie sont tendus vers chacun comme une mère avec ses enfants.

    « Croyez-en moi et je croirai en vous »

    Lors d’une sixième apparition, le 15 février 1933, le chapelain du village, l’Abbé Jamin, va exprimer à Mariette une requête toute particulière. Celui-ci vit en effet depuis plusieurs mois une réelle et profonde nuit de la foi. Nombreux sont les instants au cours desquels il a remis en question sa foi et son zèle apostolique. Alors c’est avec beaucoup d’intérêt qu’il propose à cette petite villageoise de demander à Marie un signe pour que tous les habitants puissent croire. « Croyez-en moi et je croirai en vous », répond simplement la Sainte Vierge à la fillette. Marie demande ici à chaque homme de lui faire confiance, de se laisser guider avec abandon et humilité. Ainsi en lui jetant toutes nos épreuves, en déposant nos pauvretés à ses pieds, nous pouvons être convaincus qu’elle saura les prendre et les transformer.

     Lire aussi : La carte qui recense toutes les apparitions mariales depuis 500 ans

    Elle ne vient pas retirer nos souffrances mais peut nous aider à porter notre croix qui nous mènera vers son fils. Ce mystère de la croix est bien difficile à comprendre mais il est pourtant indissociable du chemin qui nous conduira au Seigneur. En acceptant de remettre nos pauvretés à Marie, nous exprimons notre désir d’être aidés par notre maman du Ciel en empruntant un chemin plus doux et moins rude. Quant à la Sainte Vierge, son seul désir est de pouvoir conduire chacun de ses enfants à la sainteté et à la vie éternelle. Tout ce qu’elle fait reste tourné vers son fils.

    En ce temps de l’Avent, en ce temps où Jésus accepte de naître parmi les plus pauvres, acceptons donc de reconnaître nos pauvretés et de les confier à Notre Dame des Pauvres afin d’avancer avec elle vers son fils. Vous pouvez poursuivre cette réflexion en priant avec le Secours Catholique pour les personnes en situation de précarité.

  • Les 50 ans de sacerdoce du pape

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    De Vatican News :

    Pape François: 50 ans de sacerdoce au service de Dieu et de son peuple

    Jorge Mario Bergoglio a été ordonné prêtre dans la Compagnie de Jésus le 13 décembre 1969, par l’archevêque argentin Ramón José Castellano. Une vocation née de l'expérience du pardon de Dieu qui s'est transformée en une vie donnée avec joie et simplicité. Le prêtre, souligne souvent le Pape, vit parmi son peuple avec le cœur miséricordieux de Jésus. Retour sur les traits marquants évoqués et vécus par le Saint-Père à propos du sacerdoce.

    Sergio Centofanti - Cité du Vatican 

    50 années sont passées. C'était le 13 décembre 1969: Jorge Mario Bergoglio, quatre jours seulement avant son 33e anniversaire, était ordonné prêtre. Sa vocation remonte au 21 septembre 1953, mémoire de saint Matthieu, le publicain converti par Jésus: lors d'une confession, le jeune Bergoglio fait une profonde expérience de la miséricorde de Dieu. C'est une joie immense qui l'a conduit à prendre une décision “pour toujours”: être prêtre.

    C'est le temps de la miséricorde

    C'est précisément la miséricorde divine qui caractérise toute sa vie sacerdotale. Les prêtres, affirme-t-il, sans faire de bruit, laissent tout pour s'engager dans la vie quotidienne des communautés, donnant aux autres leur propre vie, «ils sont émus devant les brebis, comme Jésus, quand il voit les gens fatigués et épuisés comme des brebis sans berger». Ainsi, «à l'image du Bon Pasteur, le prêtre est un homme de miséricorde et de compassion, proche de son peuple et serviteur de tous... Quiconque est blessé dans sa vie, de quelque manière que ce soit, peut trouver en lui attention et écoute... Il faut soigner les blessures, tant de blessures ! Tant de blessures ! Il y a tant de blessés, de problèmes matériels, de scandales, même dans l'Église.... Des gens blessés par les illusions du monde... Nous, prêtres, nous devons être là, près de ces gens. La miséricorde, c'est d'abord la guérison des blessures». Ceci, rappelle-t-il souvent, est le temps de la miséricorde (Discours aux prêtres du diocèse de Rome, 6 mars 2014).

    L'homme de l'Eucharistie: Jésus au centre

    Le prêtre, explique François, est un homme décentré, car au centre de sa vie il n'y a pas lui mais le Christ. Il remercie donc les prêtres pour la célébration quotidienne de l'Eucharistie: «Dans la célébration eucharistique, nous trouvons chaque jour cette identité qui est la nôtre en tant que pasteurs. Chaque fois, nous pouvons vraiment faire nôtres ses paroles: “Ceci est mon corps offert en sacrifice pour vous”. C'est le sens de notre vie, les mots avec lesquels nous pouvons renouveler quotidiennement les promesses de notre ordination. Je vous remercie pour votre "oui", et pour tous les "oui" cachés de chaque jour, que seul le Seigneur connaît. Je vous remercie pour votre "oui" à donner votre vie avec Jésus: telle est la source pure de notre joie» (Homélie pour le Jubilé des prêtres, 3 juin 2016). Et il invite les prêtres à être prudents et audacieux à la fois, parce que l'Eucharistie «n'est pas une récompense pour le parfait mais un remède généreux et une nourriture pour les faibles» (Evangelii gaudium, 47).

    La vie sacerdotale dans le confessionnal

    Au service de Dieu et de son peuple, le prêtre remplit une part importante de sa mission dans le confessionnal, où il peut dispenser l'excès de la miséricorde de Dieu. Il exhorte les prêtres à ne pas être rigoureux ou laxistes: «Il est normal qu'il y ait des différences de style entre les confesseurs, mais ces différences ne peuvent pas concerner la substance, c'est-à-dire la saine doctrine morale et la miséricorde. Ni le laxiste ni le rigoriste ne témoignent de Jésus-Christ, car ni l'un ni l'autre ne prennent en charge la personne qu'ils rencontrent. Le rigoriste se lave les mains : en fait il la cloue à la loi comprise de manière froide et rigide». Le laxiste lui aussi «se lave les mains: ce n'est qu'apparemment qu'il est miséricordieux, mais en réalité il ne prend pas au sérieux le problème de cette conscience, en minimisant le péché. La vraie miséricorde prend soin de la personne, l'écoute attentivement, aborde sa situation avec respect et vérité et l'accompagne sur le chemin de la réconciliation. Et c'est fatigant, oui, certainement. Le prêtre vraiment miséricordieux se comporte comme le Bon Samaritain... mais pourquoi le fait-il ? Parce que son cœur est capable de compassion, c'est le cœur du Christ !» (Discours aux prêtres du diocèse de Rome, 6 mars 2014).

    La prière, Marie et la lutte contre le diable

    Le prêtre, souligne le Pape, est avant tout un homme de prière. C'est de l'intimité avec Jésus que jaillit la vraie charité. C'est l'union avec Dieu qui permet de vaincre les innombrables tentations du mal. Le diable existe, il n'est pas un mythe - le Pape le rappelle souvent - il est rusé, menteur, trompeur. François nous invite à regarder Marie, à prier le chapelet tous les jours, c'est sa prière du cœur, surtout en cette période, pour protéger l'Église des attaques du démon qui veut apporter la division. «Regarder Marie, c'est croire à nouveau en la puissance révolutionnaire de la tendresse et de l'affection». Marie est «l'amie toujours attentive pour qu'il ne manque pas de vin dans notre vie» et comme «une vraie mère, elle marche avec nous, se bat avec nous et répand sans cesse la proximité de l'amour de Dieu» (Lettre aux prêtres pour le 160e anniversaire de la mort du Curé d'Ars).

    Les pauvres et le jugement dernier

    La spiritualité du prêtre s'incarne dans la réalité de la vie quotidienne, observe François, et devient une voix prophétique face à l'oppression qui piétine les pauvres et les faibles: l'Église «ne peut et ne doit pas rester en marge de la lutte pour la justice», reléguant la religion, comme certains le voudraient, «à l'intimité secrète des personnes, sans aucune influence dans la vie sociale et nationale» (Evangelii gaudium, 183), car le Royaume de Dieu commence ici sur terre et c'est déjà ici que nous rencontrons Jésus: le jugement dernier sera précisément axé sur ce que nous avons fait au Christ dans les pauvres, les malades, les étrangers et les prisonniers (Mt, 25). Nous serons jugés sur l'amour: mais il ne peut y avoir d'amour sans justice, comme le disait saint Jean Paul II.

    Des prêtres qui donnent leur vie et le scandale des abus

    Le Pape ne reste pas silencieux face à la «monstruosité» des abus commis par les prêtres, il répète toujours sa proximité avec les victimes, mais il pense aussi aux nombreux prêtres qui portent le fardeau de crimes qu'ils n'ont pas commis: il serait «injuste de ne pas reconnaître tant de prêtres qui offrent de manière constante et intègre tout ce qu'ils sont et ce qu'ils possèdent pour le bien des autres». Ces prêtres qui «font de leur vie une œuvre de miséricorde dans des régions ou des situations souvent inhospitalières, éloignées ou abandonnées, même au péril de leur vie». Le Pape les remercie «pour leur exemple courageux et constant» et les invite à ne pas se décourager, car «le Seigneur purifie son Épouse et nous convertit tous à lui. Il nous fait expérimenter l'épreuve parce que nous comprenons que sans Lui nous sommes poussière» (Lettre aux prêtres à l'occasion du 160e anniversaire de la mort du curé d'Ars).

    Dans les épreuves, se rappeler la première rencontre avec Jésus

    Le Pape pense aux moments de difficulté que les prêtres peuvent vivre, les invitant à revenir à leur première rencontre avec Jésus, à ces moments lumineux où l'appel du Seigneur à consacrer toute leur vie à son service a été vécu: nous devons retourner «à ce point incandescent où la grâce de Dieu m'a touché au début du chemin. C'est de cette étincelle que je peux allumer le feu pour aujourd'hui, pour chaque jour, et apporter chaleur et lumière à mes frères et sœurs. De cette étincelle s'allume une joie humble, une joie qui n'offense pas la douleur et le désespoir, une joie bonne et douce» (Homélie de la Veillée pascale, 19 avril 2014).

    La bonne fatigue des prêtres

    «Vous savez, confesse le Pape, combien de fois je pense à ceci: à la fatigue de vous tous? J'y pense beaucoup et je prie souvent, surtout quand je suis fatigué. Je prie pour vous qui travaillez parmi le peuple fidèle de Dieu qui vous a été confié, et pour beaucoup dans des lieux très abandonnés et dangereux. Et notre fatigue, chers prêtres, est comme l'encens qui monte silencieusement au ciel. Notre fatigue va droit au cœur du Père... Il y a ce que nous pouvons appeler “la fatigue du peuple, la fatigue de la foule”: Pour le Seigneur, comme pour nous, c'était épuisant, comme le dit l'Évangile, mais c'est une bonne fatigue, une fatigue pleine de fruits et de joie... C'est la fatigue du prêtre avec l'odeur des brebis» et «avec le sourire du papa qui contemple ses enfants ou ses petits-enfants... seul l'amour donne le repos» (Homélie de la messe chrismale, 2 avril 2015).

    De courtes homélies qui brûlent les cœurs

    L'importance de l'homélie a été soulignée à maintes reprises par François, qui exhorte fortement les prêtres à bien la préparer dans un temps prolongé d'étude, de prière et de réflexion. Il invite à faire de brèves homélies qui ne sont ni un spectacle, ni une conférence, ni une leçon purement moraliste et qui endoctrine: il faut savoir dire des «paroles qui brûlent les cœurs» avec un langage positif, en disant non pas tant ce que nous devons pas faire, mais plutôt ce que l'on peut faire mieux: «Une prédication positive offre toujours l'espérance, oriente vers le futur, ne nous laisse pas prisonniers de la négativité» (Evangelii Gaudium, 159) en exprimant la  «proximité, l'ouverture au dialogue, la patience et l'accueil cordial sans condamnation» (Evangelii Gaudium, 165). Le Pape souligne le rôle fondamental du kérygme dans la première annonce: «Jésus-Christ t'aime, il a donné sa vie pour te sauver, et maintenant il est vivant à tes côtés chaque jour, pour t'éclairer, pour te fortifier, pour te libérer» (164).

    Le sens de l'humour des prêtres

    «Le saint est capable de vivre avec joie et sens de l'humour», rappelle le Pape aux prêtres, en citant saint Philippe Neri ou la prière de la bonne humeur de saint Thomas More. C'est une joie qui vient de l'union avec Jésus et de la fraternité. «Le sens de l'humour est une grâce que je demande tous les jours», disait François en novembre 2016 dans une interview donnée à TV2000 et Radio InBlu : «le sens de l'humour vous élève, vous fait voir le côté temporaire de la vie et prendre les choses avec l'esprit d'une âme rachetée. C'est une attitude humaine, mais c'est la plus proche de la grâce de Dieu». C'est le signe d'une grande maturité spirituelle qui naît de l'Esprit Saint.

    L'appel du Pape aux fidèles: soutenez les prêtres

    Le Pape François demande aux prêtres d'être toujours proches des personnes, mais en même temps il demande aux fidèles de soutenir les prêtres: «Chers fidèles, soyez proches de vos prêtres par l'affection et la prière, afin qu'ils soient toujours pasteurs avec le cœur de Dieu» (Homélie pour la messe chrismale, 28 mars 2013).

  • "Une vie cachée" : un Terrence Malick mystique et magnifique

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    En Belgique, il faudra, semble-t-il, attendre le mois de février 2020 pour que ce film apparaisse sur les écrans.

    De Christophe Caron sur le site de La Voix du Nord :

    «Une vie cachée»****: Terrence Malick mystique et magnifique

    Un dilemme moral en forme de chemin de croix. Un cheminement spirituel aussi long (2 h 53) que beau et profond. Qu’on ne s’y trompe pas, le nouveau film du cinéaste américain va diviser, une fois de plus. On vous explique ici pourquoi il s’agit d’un film important. Et pourquoi il nous a envoûtés.

    L’Autrichien Franz Jägerstätter (le comédien August Diehl) se résigne à l’épreuve morale même s’il pense à ses proches. Regard vers la lumière. De l’influence de l’art spirituel et pictural sur l’œuvre de Terrence Malick...
    L’Autrichien Franz Jägerstätter (le comédien August Diehl) se résigne à l’épreuve morale même s’il pense à ses proches. Regard vers la lumière. De l’influence de l’art spirituel et pictural sur l’œuvre de Terrence Malick...

    M comme Malick

    Terrence Malick, 76 ans aujourd’hui, est l’un des plus grands cinéastes américains vivants. L’un des plus discutés aussi, sans doute l’apanage des géants. Si la première partie de sa filmographie semble faire l’unanimité (Les Moissons du ciel, La Ligne rouge, Le Nouveau Monde), la suite est sujette à davantage de controverses. The Tree of Life par exemple, qui a néanmoins décroché la Palme d’or à Cannes en 2011. Un chef-d’œuvre selon nous.

    M comme mutique

    Il existe très peu d’images de Terrence Malick. Pas d’interview non plus. Par contrat, il n’est pas tenu d’assurer la promo de ses films. Quand il a décroché la récompense suprême sur la Croisette en 2011, il était présent… mais personne ne l’a vu ! Le grand mystère reste cette absence de vingt ans entre Les Moissons du ciel (1978) et La Ligne rouge (1998). À l’instar d’un Stanley Kubrick, Malick cultive le culte du secret.

    M comme mystique

    C’est notamment ce qui agace ses détracteurs : une sorte de panthéisme qui s’est accentué de film en film. Dieu, la foi, la croyance, la nature divinisée… Autant de thèmes qu’on retrouve dans tous ses films, accompagnés ces dernières années d’une sorte d’expérimentation formelle dénuée de toute ligne narrative qui a déconcerté plus d’un spectateur : À la merveille (en partie tourné au mont Saint-Michel), Knights of CupsSong to Song. Bref, le cinéaste, diplômé de philosophie et passionné de peinture, donnait l’impression d’avoir quitté la sphère terrestre.

    M comme magnifique

    Une vie cachée célèbre le retour de Terrence Malick à une narration linéaire : le dilemme moral d’un paysan autrichien objecteur de conscience refusant de s’engager dans l’armée nazie, en 1938. Il est arrêté, emprisonné et condamné à mort pendant que sa femme continue de travailler la terre et à couver ses enfants, au sein d’un village incrédule, voire agressif. Comment comprendre un tel comportement jusqu’au-boutiste d’ailleurs inspiré d’une histoire vraie (l’Autrichien sera béatifié et déclaré martyr par l’Église catholique en 2007) ?

    Pour le coup, Malick ne s’avance pas masqué. Il propose un chemin de croix sacrificiel, vertigineux et hypnotique que les images, d’une beauté subjuguante, élèvent au rang de symphonie spirituelle. Plutôt que de prosélytisme, il est ici question de résistance, de courage et de foi, dans un poème tragique qui devrait bouleverser les plus farouches des athées.

    «Une vie cachée»****

    Fiche

    Réalisateur. Terrence Malick.

    Interprètes. August Diehl, Valerie Pachner, Maria Simon, Bruno Ganz.

    Durée. 2 h 53.

    Genre. Drame.

    Résumé. Franz Jägerstätter, paysan autrichien, refuse de se battre aux côtés des nazis. Reconnu coupable de trahison par le régime hitlérien, il est passible de la peine capitale. Mais porté par sa foi inébranlable et son amour pour sa famille, Franz veut rester un homme libre et entreprend une correspondance avec sa femme Franziska, qui est restée au village.

  • Seriez-vous prêts à mourir pour sauver la planète ?

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    Du Bulletin d'Information de l'Institut Européen de Bioéthique :

    « Ecothanasia » : fiction contemporaine, réalité future ?

    11/12/2019

    Seriez-vous prêts à mourir pour sauver la planète ? C'est à cette question provocatrice mais non moins percutante que nous confronte la pièce de théatre « A la vie, à la mort », jouée en ce moment au Théâtre Le Public à Bruxelles.

    L'intrigue se déploie dans un futur proche, et tourne autour du programme Ecothanasia mis en place par le gouvernement belgeEcothanasia propose à des personnes – plus ou moins âgées et en bonne santé - de mourir volontairement, afin que les économies réalisées par leur vie raccourcie (soins médicaux, pension, …) soient réinvesties dans des projets écologiques portés par de jeunes entrepreneurs.

    Dans la pièce, la participation à Ecothanasia est également présentée comme permettant de se racheter une bonne conscience, pour une génération culpabilisée par l'héritage écologique désastreux qu'elle laisse à ses (éventuels) enfants.

    Cette fiction dystopique est montée sur les planches au moment précis où, en Belgique, jaillissent de nouvelles propositions politiques – bien réelles, celles-là – visant notamment à permettre l'euthanasie pour les personnes dont la vie serait « achevée », ou qui seraient « fatiguées de vivre ».

    Par ailleurs, à mi-chemin entre la réalité et la fiction, la presse belge s'est faite l'écho d'une récente note « humoristique » du nouveau président du parti MR, Georges-Louis Bouchez. A l'occasion d'une discussion interne au parti sur l'euthanasie, le Ministre des Pensions et médecin Daniel Bacquelaine indique « ne plus pratiquer l'euthanasie », ce à quoi son nouveau président répond : « Dommage ! Ce serait une solution pour les pensions ».

    Ecothanasia, provocation artistique ou intuition politique ?

    « A la vie, à la mort », jusqu'au 31 décembre 2019 au Théâtre Le Public à Bruxelles 

    Sur les récentes propositions d'élargissement de la loi sur l'euthanasie :

  • Reconnaissance de nouveaux martyrs de la Guerre civile espagnole

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    De Vatican News :

    Promulgation de décrets de la Congrégation pour les Causes des Saints

    Les nouveaux décrets rendus publics ce 12 décembre concernent notamment des martyrs de la guerre d’Espagne.
     

    Ce mercredi 11 décembre 2019, le Pape François a reçu en audience le cardinal Angelo Becciu, préfet de la Congrégation pour les Causes des Saints, autorisant son dicastère à promulguer une série de décrets.

    Ils concernent :

    Le miracle attribué à l’intercession de la Vénérable Servante de Dieu Maria Luigia del Santissimo Sacramento (Maria Velotti, 1826-1886), fondatrice des soeurs franciscaines adoratrices de la Sainte-Croix.

    Le martyre des Serviteurs de Dieu Angel Marina Álvarez et ses 19 compagnons dominicains, tués en haine de la foi durant la guerre d’Espagne, en 1936.

    Le martyre des Serviteurs de Dieu Juan Aguilar Donis et ses 4 compagnons dominicains, et du Serviteur de Dieu Fruttuoso Pérez Márquez, fidèle laïc du Tiers-ordre de saint Dominique, tués en haine de la foi durant la guerre d’Espagne, en 1936.

    Le martyre de la Servante de Dieu Isabella Sánchez Romero (en religion: Ascensión de San José), moniale dominicaine, tuée en haine de la foi durant la guerre d’Espagne, en 1937.

    Les vertus héroïques du Vénérable Serviteur de Dieu Vincenzo Maria Morelli (1741-1812), religieux théatin italien, archevêque d’Otrante (Otranto, dans les Pouilles) de 1792 à 1812.

    Les vertus héroïques du Serviteur de Dieu Carlo Angelo Sonzini (1878-1957), prêtre diocésain italien, fondateur de la Congrégation des Sœurs servantes de Saint-Joseph.

    Les vertus héroïques du Serviteur de Dieu Americo Monteiro de Aguiar (1887-1956), prêtre diocésain portugais.

    Les vertus héroïques du Serviteur de Dieu Giulio Facibeni (1884-1958), prêtre diocésain italien.

    Les vertus héroïques du Serviteur de Dieu Gregorio Tommaso Suárez Fernández (1915-1949), prêtre espagnol de l’Ordre de Saint-Augustin

    Les vertus héroïques de la Servante de Dieu Maria de Los Angeles di Santa Teresa (Dináh Amorim, 1917-1988), religieuse brésilienne.

  • Espagne: la dégringolade des naissances atteint un niveau record

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    Espagne: la natalité à son plus bas niveau (source)

    12 Dec 2019

    Un total de 170 074 bébés ont vu le jour au premier semestre 2019 en Espagne, soit le niveau de natalité le plus bas enregistré dans le pays ibérique depuis 1941, indique, mercredi, l’Institut national de la statistique (INE). Le nombre des naissances a reculé de 11 292 bébés au premier semestre de l’année en cours, soit une baisse de 6,2 % par rapport à la même période de 2018, précise l’INE.

    Naissance au premier semestre de chaque année (2011-2019)


    En 2018, l’indice de fécondité en Espagne était de 1,26 enfant par femme (1,59 au Québec). Le taux de remplacement est fixé, rappelons-le, à 2,1 enfants par femme. La seule communauté autonome avec une fécondité supérieure à ce taux de remplacement est celle de Melilla, sur la côte marocaine.

    Le chiffre des naissances de mères étrangères a représenté 21,5 % du total, contre 20,1 % l’an dernier. La natalité continue de diminuer pour la dixième année consécutive en Espagne, à l’exception de l’année 2014 qui a enregistré 427 595 naissances, soit 2 000 de plus qu’en 2013.

    Concernant le nombre de décès, quelque 215 478 personnes sont mortes pendant le premier semestre 2019 dans ce pays ibérique, en baisse de 5,4 % par rapport au premier semestre 2018.

    L’Espagne a enregistré ainsi un solde naturel négatif de 45 404 individus au cours des six premiers mois de 2019, soit un chiffre similaire à celui de l’année précédente, ce qui confirme la tendance négative affichée depuis 2015.