Du 24 au 28 mars l’association « Aide à l’Eglise en Détresse » (AED) a organisé la sixième édition de « La Nuit des Témoins » : des veillées de prières et des témoignages dans quatre grandes villes de France (Strasbourg, Bordeaux, Marseille, Paris) pour partager ce que vivent les chrétiens dans leurs pays. Venant d’Egypte, de Centrafrique, d’Irak, de Syrie, ils sont présentés par Marc Fromager (photo), directeur d’AED France, dans une interview menée par Audrey Radondy pour Radio Vatican. Qui a vu hier soir sur la chaîne KTO la soirée de clôture à Notre-Dame de Paris a pu se convaincre de l’ampleur et de l’efficacité de cette initiative interpellante pour la foi étiolée de nos pays occidentaux sécularisés :
Qui sont les grands Témoins pour cette 6ème édition ?
Cette année, nous avons Sa Béatitude Mgr Sidrak, Patriarche de l’Église catholique copte, le chef des catholiques d’Égypte. Ça sera assez intéressant parce que l’Égypte aujourd’hui, on le sait, vit un moment un petit peu historique, un changement de régime. Donc, c’est intéressant d’avoir un témoignage de l’intérieur sur l’évolution de ce pays et l’espérance. Une espérance que j’ai moi-même constatée lorsque j’étais en Égypte la semaine dernière. L’espérance non seulement des chrétiens mais également d’une grande partie de la population égyptienne face à ce nouvel environnement qui s’ouvre à eux. Nous aurons également l’évêque de Mossoul, en Irak. Mossoul, c’est justement peut-être l’un des endroits les pires pour être évêque aujourd’hui dans le monde. Mgr Nona partagera avec nous ce qu’il vit là-bas, sa profonde détresse, la détresse de l’Église, des chrétiens dans ce pays et en particulier dans cette ville mais également les quelques raisons qui font qu’il y a tout de même de quoi espérer. Nous aurons également une religieuse syrienne qui viendra nous donner son témoignage sur la Syrie, sur ce que vivent les chrétiens là-bas, sur ce que vit toute la population syrienne. Et enfin, pour sortir un petit peu du Moyen-Orient, nous aurons Mgr Dieudonné Nzapalaïnga l’archevêque de Bangui en Centrafrique, qui viendra nous parler de la situation dans son pays et des efforts qu’il fait, que l’Église accomplit aujourd’hui pour ramener la paix dans ce pays.
Quel est l’état des lieux concernant la situation des chrétiens dans le monde ?
Globalement, il est difficile de voir d’une année à l’autre les grands bouleversements. On a toujours de grosses difficultés au Moyen-Orient et dans la plupart des pays à majorité musulmane. On a également des soucis et des tensions croissantes dans certaines régions de l’Inde avec des fondamentalistes hindous. On a des problèmes dans des régimes totalitaires, en général des dictatures, souvent communistes comme la Chine, une bonne partie de la péninsule indochinoise avec le Vietnam, le Laos, sans évoquer la Corée du Nord. Des résurgences en Amérique Latine et centrale, comme à Cuba par exemple. Donc, cette situation est assez stable. Nous évaluons à près de 200 millions le nombre de chrétiens dans le monde qui ne sont pas entièrement libres de vivre leur foi ou en tout cas, 200 millions de chrétiens pour lesquels le simple fait d’être chrétien peut à un moment donné, leur compliquer la vie. C’est-à-dire que c’est 10% des chrétiens, puisqu’on est deux milliards, donc un chrétien sur dix dans le monde qui, à un moment donné, doit être prêt à payer le simple fait d’appartenir au Christ et c’est aussi pour eux que cette Nuit des Témoins, cette veillée de prière est destinée.