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  • Bruxelles, 21 octobre : "Samedi philo" sur le vivant, la vie humaine et la famille avec le Frère Marie-Jacques csJ

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  • Pourquoi aller à la messe ?

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    De l'abbé Pierre-Hervé Grosjean sur "Padreblog" :

    POURQUOI ALLER À LA MESSE ?

    [Vidéo] Certains s’y ennuient, d’autres disent ne rien ressentir… libres propos sur la messe avec l’abbé Pierre-Hervé Grosjean.

    L’expérience montre que même catholiques depuis longtemps, nous avons tous besoin – face à la flemme, l’ennui, le doute – de reprendre conscience que nous sommes attendus. Une vidéo à partager avec tous ceux qui, autour de nous, s’interrogent sur cette fidélité du dimanche et ce rendez-vous précieux qui est avant tout une histoire d’amour.

     
  • Pourquoi, d'après Henri Hude, le pape a raison

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    D'Henri Hude, sur son blog :

    François a raison. Pourquoi il a raison.

    Un flot de critiques.

    Les récentes déclarations du pape François recommandent envers les migrants une politique d’accueil, et envers l’islam une attitude bienveillante. Ces déclarations font l’objet de critiques, notamment de la part de certains catholiques, s’ajoutant à celles qui ont suivi la publication d’Amoris laetitia.

    Ces critiques peuvent différer entre elles par la forme et le ton, elles convergent quant au fond et quant à la sévérité. Concernant l’islam, le pape est accusé ou d’ignorance, ou de dissimulation, ou d’illusion et de déni, surtout quand il en parle comme d’une « religion de paix ». Concernant les migrants, il est accusé carrément d’idéalisme et d’utopie, de manque de bon sens et de prudence, d’inconscience et d’irresponsabilité, d’atteinte aux intérêts légitimes de nations européennes, de trahison de la chrétienté dans une guerre de civilisations, enfin d’innovations théologiques hasardeuses, contraires aux enseignements du Catéchisme de l’Eglise catholique et de la doctrine sociale de l’Eglise, notamment sur le bien commun et sur les nations.

    Un grand politique.

    Contrairement à ces critiques, j’estime d’abord que je n’ai pas à estimer si le pape est catholique. Il l’est par définition, ou alors il faut cesser d’être catholique[1].

    Ensuite, mon opinion est que le pape est un grand politique, non pas de type machiavélien, mais de type jésuite. La nuance peut échapper, elle est pourtant fondamentale. Le jésuite Baltasar Gracian (L’art de la prudence, 1647, traduction française, 1684, Rivages, 1994) m’a toujours semblé beaucoup plus intelligent que Machiavel. C’est en le lisant que j’ai senti se dissoudre l’opposition superficielle inventée par Max Weber et rebattue depuis entre une soi-disant « éthique de responsabilité » et une soi-disant « éthique de conviction ».

    Pour être un grand politique, contrairement à ce qu’on peut penser, il n’est besoin ni d’hypocrisie, ni de cynisme, bien qu’il faille beaucoup d’habileté et de finesse. Pour se passer des bas moyens, il faut avoir une vision juste et un projet équitable.

    Pour avancer sur les questions de l’immigration, de l’islam, et d’une conduite chrétienne et prudente dans ces domaines, j’ai choisi de ne pas me perdre en explications de textes, mais de proposer des éléments de réflexion. 

    PREMIER ELEMENT DE REFLEXION : PARTIR GAGNANT

    Si je comprends bien, le pape François n’agit pas en fonction d’une déchristianisation tenue pour inéluctable et encore moins en gérant d’une décroissance de l’Eglise acceptée comme une fatalité. Ceux qui le critiquent se comportent comme s’il fallait seulement ralentir à coup de négations et de réactions le rétrécissement d’une peau-de-chagrin. Ce défaitisme n’est pas justifié. L’humanisme moderne des Lumières a pratiquement cessé d’exister. Le nihilisme postmoderne n’est qu’une phase transitoire, aucunement capable de le remplacer comme source spirituelle du monde humaniste. L’empire américain, qui structure encore notre monde, est en pleine confusion. La démocratie et la solidarité sont à repenser devant la mondialisation qui les remet en question. La révolution industrielle prend une ampleur inédite, et repose la question de la spécificité et de la place de l’homme. Dans un tel contexte de transition et de progrès, la foi chrétienne a évidemment un rôle majeur à jouer dans la nouvelle culture humaniste qui se prépare et dont le monde entier a besoin.

    L’idée que les peuples ne reviendront pas au catholicisme est certainement vraie si les catholiques ne suivent pas la direction tracée par le pape. Mais s’ils la suivent, elle est probablement fausse.

    Que nous enseigne en effet l’expérience ? En Russie, 70% des citoyens se définissent aujourd’hui comme chrétiens orthodoxes. Ils étaient 10% en 1991. C’est une lame de fond, qui concerne aussi bien les classes populaires que les plus aisées et les intellectuels. J’ai pu le constater moi-même en discutant avec des universitaires russes. La pratique n’est pas à un tel niveau, mais les non-pratiquants se reconnaissent orthodoxes.

    L’expérience montre donc en réalité une extrême résilience des structures de fond d’une culture de tradition chrétienne, quelle qu’ait été l’empreinte de l’athéisme et du laïcisme agressif d’Etat. Les laïques français sont des catho-laïques. La forme entière du christianisme, surtout du catholicisme, subsiste dans les rejets dont il fait l’objet, pour des raisons diverses parfois bien compréhensibles. Bien souvent, on a vu les peuples s’éloigner de l’Eglise, en raison d’objections légitimes et substantiellement catholiques contre l’étroitesse d’esprit des églises nationales elles-mêmes en difficulté avec Rome.

    Certes, l’expérience montre aussi qu’une grande pauvreté morale peut coexister avec un retour réel profond de la foi et que la société qui se presse aux portes des églises est toute cabossée. Ces faits tendent à justifier l’intuition du pape sur l’Eglise-hôpital de campagne et sur la pastorale de la miséricorde.  Son problème est d’anticiper le retour des peuples à l’Eglise en préparant l’Eglise et en se disposant à gérer l’immense problème pastoral que cela va poser.

    Chez nous, le nihilisme, quand il va jusqu’au bout, finit en ceci : rien. Le vide. La nature a horreur du vide. L’idéologie laisse place au gros bon sens. L’homme se redécouvre animal religieux. Si l’islam arrive à remplir en partie ce vide, il n’y a aucune raison pour que le christianisme n’y arrive pas, et bien davantage. Le déclic se produira quand les chrétiens auront clairement repris l’initiative culturelle, ce qui ne saurait manquer de se produire. Il ne s’agit pas de faire du tapage avec des idées réactionnaires, mais de retrouver la crédibilité et l’universalité de la foi. D’un point de vue culturel et politique, il s’agit de travailler au renouveau de l’humanisme afin d’y intégrer les progrès innombrables de notre époque.

    A SUIVRE

    [1] Inutile de rappeler ici l'enseignement de Vatican I (1870). L'infaillibilité pontificale ne concerne que les matières de foi et de moeurs, en connexion directe avec le salut éternel. Le pape n'est donc évidemment pas infaillible à jet-continu sur tous les sujets. En particulier, ses opinions politiques personnelles n'engagent que lui. Il faut donc savoir trier loyalement, dans une déclaration, en fonction du contexte et du genre littéraire, ce qui relève de l'essentiel dont il a la charge et ce qui n'est que contingence, méritant toutefois en général attention sérieuse et respectueuse.

  • Un prochain synode qui pourrait ouvrir l'ordination sacerdotale d'hommes mariés ?

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    De Jean-Marie Guénois sur le site du Figaro :

    Le pape convoque un synode spécial

    Le pape François convoque un synode spécial pour l'Amazonie qui pourrait ouvrir l'ordination sacerdotale d'hommes mariés.

    Le pape François a annoncé dimanche 15 octobre 2017 qu'il convoquait un synode spécial pour l'Amazonie à Rome en octobre 2019. Un synode est une assemblée d'évêques réunies au Vatican pour résoudre une question spéciale. En octobre 2018, un synode est ainsi programmé sur la questions des jeunes et des vocations. En 2014 et 2015, une assemblée de ce type portant sur la famille a notamment revu en deux sessions la question de l'accueil des divorcés remariés dans l'Eglise catholique.

    Cette fois-ci, a précisé le pape François le but est de «trouver de nouvelles voies pour l'évangélisation de cette portion du Peuple de Dieu, spécialement chez les indigènes, souvent oubliés et sans prospectives d'un avenir serein, en raison notamment de la crise de la forêt amazonienne, poumon d'une importance capitale pour notre planète». Mais derrière la dimension évangélisatrice, sociale et écologique, un autre enjeu pourrait sortir de synode: celui de l'ordination d'hommes mariés au sacerdoce catholique.

    En effet, pour cette région, le pape François avait autorisé en 2014 la conférence des évêques brésiliens, dont dépend l'Amazonie, à lancer une commission d'études pour examiner la possibilité d'ordonner prêtres des catholiques mariés, hommes mûrs ayant fait leurs preuves dans la vie familiale et paroissiale, dans des régions reculées où les prêtres ne peuvent se rendre qu'une à deux fois par an.

    Il semble donc bien que ce synode des évêques traitera de cette question - même si rien n'est encore dit officiellement à ce sujet - et pourrait ouvrir cette possibilité si les évêques votaient en ce sens.

    L'Eglise catholique ne fait pas du célibat sacerdotal un dogme mais une question de discipline ecclésiastique. Il est imposé dans l'Eglise latine mais les Eglises catholiques orientales, au Moyen Orient mais aussi dans toute leur diaspora mondiale, ont des prêtres catholiques mariés.

  • Le modèle social belge dans l'impasse...

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    Une opinion de Bruno Colmant (Banque Degroof Petercam, professeur à l'ULB et à l'UCL) sur le site de la Libre :

    La fin de l'Etat-providence ?

    La Belgique devra accepter l’inflexion de son modèle social, car l’importance de la dette publique l’a sabordé.

    La notion d’Etat-providence relève de deux acceptions, à savoir l’Etat-providence bismarckien, fondé en Allemagne par les lois de 1880, et l’Etat-providence beveridgien (ou welfare state), du nom de son inventeur, l’économiste anglais travailliste William Beveridge (1879-1963). L’Etat-providence bismarckien est fondé sur le mécanisme des assurances sociales, dans lequel les prestations sont la contrepartie de cotisations, tandis que l’Etat-providence beveridgien, financé par l’impôt, fournit des prestations uniformes à tous les acteurs de la société.

    L’Etat-providence belge résulte d’une juxtaposition de ces deux catégories. L’Etat-providence belge est une architecture sociale qui constitue l’essence du modèle belge fondé sur la solidarité fiscale et parafiscale, elles-mêmes respectivement fondées sur la capacité contributive des citoyens et une association de leurs revenus professionnels à un mécanisme assurantiel.

    Mais si ce modèle était robuste dans une économie prospère, caractérisée par une amplification de la démographie et une hausse des gains de productivité, ses limites furent atteintes dans les années septante, une décennie maudite altérée par deux chocs pétroliers et des désordres monétaires. L’économie abandonnait l’industrie pour entrer dans le secteur tertiaire et l’Etat combla ce choc d’emploi par une politique de transferts sociaux qui embrasèrent la dette publique jusqu’à ce qu’elle dépasse 130 % du PIB au début des années nonante. Bien que ce pourcentage reflua, nous avons commencé à endetter collectivement nos pays pour adoucir la transition vers l’économie des services, très différente du contexte industriel. Nous espérions que la démographie et la productivité futures nous extirperaient sans douleur d’une dette publique qui enflait.

    Malheureusement, cet espoir de l’Etat-providence qui se rembourse tout seul aurait exigé une économie géographiquement statique. La formulation actuelle de l’Etat-providence nous a piégés dans une dette publique qui a consisté à anticiper la consommation sur la production. Nous n’avons donc pas redistribué la croissance, mais emprunté celle des générations suivantes qui refuseront bien sûr d’honorer ces dettes. L’erreur, c’est de n’avoir pas compris qu’il aurait fallu rembourser cette dette publique lorsque la conjoncture était favorable. De surcroît, c’était sans compter la mondialisation qui déplace le progrès et la croissance au gré de l’ouverture des peuples et des marchés. Aujourd’hui, nous entamons une nouvelle transition qui est celle de l’inventivité technologique.

    La Belgique devra donc accepter l’inflexion de son modèle social car l’importance de la dette publique l’a sabordé. Le pays entame un combat intime : celui qui l’oppose à lui-même. D’ailleurs, il oscille en permanence entre deux espaces-temps : il s’impose un modèle social industriel, inventé dans les années soixante, alors que 70 % du PIB provient désormais du secteur des services. Et c’est cela, sans doute, le chromosome faible de la Belgique : le flottement permanent entre deux modèles, le passager clandestin de tous les courants. Ni dehors, ni dedans. Certains appellent cela du pragmatisme ou un relent de lutte des classes. D’autres le qualifient de pusillanimité.

    Mais nous faisons peut-être face à une autre ambiguïté. En effet, si la croissance a été alimentée par l’endettement privé et public, est-il possible d’en espérer le retour sans endettement croissant ? En d’autres termes, est-il cohérent de vouloir désendetter nos économies et de promouvoir simultanément la croissance ? Probablement pas, car un autre phénomène se greffe sur cette ambivalence, à savoir que l’inflation est insuffisante. Or, l’inflation est justement un moyen sournois de réduire le pouvoir d’achat de la monnaie et donc d’alléger le poids des dettes. A mon intuition, il n’est donc pas possible de souhaiter le retour d’une croissance économique (traditionnellement alimentée par l’endettement) et de vouloir réduire l’endettement de nos communautés alors que l’inflation est basse. Cette situation est, en effet, de nature déflationniste. Or la déflation est le pire piège de l’économie.

    Comment s’extraire de cette situation ? Il n’y a pas de solution parfaite car chaque piste emprunte une certaine orientation politique. Certains préconisent la rigueur budgétaire et donc la réduction des dépenses publiques et le démantèlement de l’Etat-providence. Est-ce envisageable ? Je ne le crois pas : nous faisons face à la dette cachée des pensions, pour lesquelles aucune réserve n’est constituée en Belgique alors que l’espérance de vie augmente et que la natalité est insuffisante. D’autres appellent le retour de l’inflation pour stimuler la croissance. Mais cette piste est contraire aux orientations de la Banque centrale européenne (BCE), gardienne de l’euro, qui se veut impitoyable si l’inflation venait à dépasser 2 %. De manière intermédiaire, on peut imaginer une économie vieillissante et désinfatuée qui empile des dettes publiques transformées en offre de monnaie par la BCE. C’est l’approche adoptée temporairement par cette institution qui solde l’accroissement de dettes publiques entraîné par la crise de 2008. Elle devrait normalement susciter une reprise de l’inflation, mais cette dernière est malheureusement contrariée par le vieillissement de la population. On le voit : tout est dans tout.

    Mais il faut tirer une leçon de ce constat : nous avons fait preuve d’une terrifiante myopie en croyant qu’on pourrait impunément emprunter le bien-être économique futur sans prendre en considération les mutations économiques et l’inversion des courbes démographiques. Cette situation va d’ailleurs s’aggraver avec la digitalisation de l’économie. Le temps d’une profonde remise en question est venu. Elle devra nécessairement passer par l’établissement d’une vision réaliste à long terme de notre avenir économique et du rôle que l’Etat sera amené à y jouer. Une telle démarche nous semble indispensable. Si une telle réflexion n’est pas engagée, il en résultera une économie de terre brûlée et un tollé générationnel. Vers quoi cette réflexion devrait-elle alors conduire ? Vers une solidarité fiscale et sociale harmonieuse, à la hauteur de ce qui fut bâti après la Seconde Guerre mondiale.

  • La société occidentale va vers une sorte de suicide collectif et social

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    Par Chantal Delsol; à découvrir sur cath.ch

  • C'est ainsi que meurent les chrétiens en Egypte

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    D'InfoChretienne.com :

    Un prêtre poignardé à mort… C’est ainsi que meurent les chrétiens en Egypte

    L’horreur se poursuit en Egypte, et dans un silence médiatique assourdissant les chrétiens coptes payent de leur vie la montée en puissance du djihadisme dans cette région du monde.

    Samaan Shehata était le prêtre de la communauté copte de Beni Souef. Il officiait dans l’église Saint-Jules. Il a perdu la vie jeudi dans les rues du Caire. C’est le Coptic Orthodox Media Center qui a rendu publique la tragique nouvelle. Les images de l’assassinat, captées par une caméra de vidéo-surveillance ont également été diffusées pour dénoncer l’atrocité de l’acte, et tenter d’éveiller les consciences au drame que vit la communauté copte d’Egypte.

    Samaan Shehata a été frappé et poignardé à mort parce qu’il était chrétien. Un autre prêtre a été blessé durant l’attaque.

    Cette attaque fait suite à une série de meurtres, d’attentats et d’enlèvements dans le pays. Les militants islamistes avaient en effet diffusé une vidéo de propagande en février dernier, appelant au meurtre des chrétiens du Sinaï.

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  • Du mythe de l'enfant parfait à l'eugénisme : une émission éclairante sur ARTE

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    De genethique.org :

    "BÉBÉS SUR MESURE" SUR ARTE : DU MYTHE DE L'ENFANT PARFAIT À L'EUGÉNISME

    Arte proposait mardi soir un documentaire : « Bébés sur mesure », qui balayait l’ensemble des techniques issues de l’assistance à la procréation, une « véritable révolution » où la science entend se substituer à la nature.

    Aujourd’hui, 350000 enfants naissent par Fécondation in Vitro, soit 3% des naissances dans les pays occidentaux, mais 3‰ dans le reste du monde. En 2020, la fabrication de bébés représentera un marché d’environ 20 milliards de dollars.

    PMA, GPA, don de gamètes, ventes de gamètes, sélection embryonnaire, CRISPR, FIV à trois parents, rajeunissement des ovocytes... questions éthiques, casse-tête juridique, manipulations médicales, l’argent, tout est passé en revue. Avec plus ou moins de bonheur.

    Le reportage a l’avantage de mettre des images sur un business. Des images chocs comme celles de ces embryons surveillés sur écran d’ordinateurs qui grandissent en laboratoire avant d’être implantés, les larmes d’une mère porteuse indienne qui accouche par césarienne d’un bébé dont elle ne verra jamais le visage, des paroles chocs : « Si vous voulez un bébé, allez chez un professionnel, vous aurez un bébé en pleine santé ! ». Sur toile de fond d’eugénisme, le monde de Gattaca est déjà à portée de main.

    Astrid Marais est professeur de droit, spécialiste de la procréation assistée, elle pousse le bouchon : « La génétique fait peur. (…) Est-il possible d’arrêter le progrès scientifique ? Sans doute pas. (…) Ce qui est sans doute possible de faire, c’est par le droit de mettre des garde-fous ». Elle poursuit : « Peut-être que demain avec le sperme artificiel je pourrais faire un enfant toute seule, voire avec le clonage, je pourrais avoir un enfant qui est moi, voire, si on m’implante ce clone, je pourrais accoucher de moi-même. Et je pourrais dire à cet enfant : je suis ton père, je suis ta mère, je suis moi-même ».

    Il y a ceux qui se frottent les mains, qui font jouer le tiroir-caisse, et ceux qui tirent le signal d’alarme. Sans grand espoir d’être entendu. Parmi eux, Jacques Testart, mais aussi Laurent Alexandre qui affirme : « On n’a pas vu arriver le bébé à la carte. Nous sommes désormais lancés dans le toboggan eugéniste ». La technique ne s’opposera pas à ces évolutions, seul un sursaut philosophique et une volonté politique remettront en cause ces pratiques, selon le médecin.

    A travers cette heure et demie d’émission, les bouleversements dramatiques de la maternité et de la paternité sont passés en revue.

    La FIV à 3 parents, « une technique directement issue du clonage », est traitée sous l’angle de l’histoire d’un couple qui a eu trois enfants, tous atteints d’une maladie mitochondriale « qui aurait pu être évitée » grâce à cette nouvelle technique. Présentée comme solution miracle. Pourtant, « modifier la lignée germinale humaine c’est le grand tabou de la génétique ». Ce qui n’a pas empêché le Parlement anglais d’autoriser « le protocole du bébé à 3 parents » (cf. Les essais de FIV à 3 parents autorisés au Royaume Uni et Deux ans après l'autorisation de la FIV à 3 parents en Angleterre, les bémols d’une décision hâtive). Même si le père de cette famille éprouvée reconnait qu’en abordant ces questions, on glisse toujours vers le bébé à la carte. Quelle humanité fabriquons-nous ?

    Le reportage fait un détour par l’Allemagne pour interroger Emmanuelle Charpentier qui est, avec Jennifer Douma, à l’origine de la découverte du ciseau CRISPR-Cas 9 : « Je me sens particulièrement concernée par l’utilisation future qui sera faite de cette technologie ». Elle ajoute : « Personnellement, je pense que le but de cette technologie n’est pas de toucher à la lignée germinale. Et je suis assez réservée sur l’utilisation de cette technologie sur les embryons humains. Quand vous commencez à travailler sur ce type de cellules, la ligne rouge est vite franchie. Et je pense aussi que la technique n’est pas assez aboutie aujourd’hui pour être utilisée à ces fins-là. En aucun cas ». Une ligne rouge fragile que les expériences chinoises ont déjà franchie (cf. Chine : l’incontrôlable déploiement de la sélection embryonnaireChine : premiers essais cliniques utilisant des cellules souches embryonnaires humainesModification génétique de l'être humain : la Chine en première ligne, et  Etats-Unis : premiers embryons humains modifiés génétiquement).

    Le fantasme du bébé à la carte est déjà bien présent et pourrait être une menace. Gregory Kart, Directeur de la recherche et de l'innovation chez ELSAN, explique que : « L’évolution nous apprend que la mutation est un facteur de stabilité dans l’évolution. La mutation est le moteur de l’évolution. Vouloir se débarrasser des mutations, c’est quelque part prendre un risque ou un pari sur l’évolution, pari qui ferait que l’humain pourrait subitement se trouver inadapté par rapport à son environnement ». Faut-il couper avec un ciseau ADN le fil du destin génétique ?

    Le reportage se termine avec « la Boite de Pandore », une œuvre de l’artiste handicapée anglaise, Esther Fox, « qui n’aurait jamais dû passer l’étape du tri des embryons ». L’œuvre est exposée au musée des Sciences de Londres. Elle interroge sur les sujets éthiques et la valeur de la vie humaine. Quelles seront les conséquences sur la société si nous poursuivons sur cette voie ? « Ce qui me gêne,explique l’artiste, « c’est que la vie d’une personne pourrait avoir moins de valeur que celle d’une autre ». A propos d’une de ses œuvres, elle interroge : « La vie est basée sur le hasard. Le hasard est-il une si mauvaise chose ? J’ai une vie très riche, je suis très occupée, je suis très heureuse, je suis mariée, j’ai une vie de famille bien remplie et je n’ai pas du tout l’impression d’avoir une qualité de vie limitée. Mais sur le plan médical, mon état est considéré comme un état que personne ne souhaiterait à son enfant. Et c’est ça que j’essaie de rééquilibrer (…) Si on me disait, on peut changer ta vie, tu peux être guérir, ne plus être dans cet état, mais tu pourrais ne pas être la même personne qu’aujourd’hui. Je ne prendrais pas ce risque. (…) Le plus douloureux, c’est l’environnement, les attitudes auxquelles il faut faire face. Si on commençait par regarder tout ça, on aurait une société plus équilibrée, plus tolérante et plus vivante. Je pense qu’il est temps de penser l’humanité en ces termes ».

  • L’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe met en garde contre l’utilisation des nouvelles technologies génétiques chez l'embryon humain

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    Une information de genethique.org :

    CONSEIL DE L'EUROPE : VERS L'INTERDICTION DE L'UTILISATION DES TECHNOLOGIES GÉNÉTIQUES CHEZ L'EMBRYON HUMAIN ?

    L’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE) a adopté hier une recommandation concernant « le recours aux nouvelles technologies génétiques chez les êtres humains ».

    L’Assemblée parlementaire rappelle que « les découvertes récentes en matière de génome humain ont ouvert la voie à des opportunités nouvelles et des préoccupations éthiques sans précédent ». L’utilisation de ces nouvelles technologies génétiques soulève aussi des questions liées aux « droits humains », et interroge « quant aux préjudices involontaires pouvant découler des techniques utilisées, de l’accès et du consentement à ces techniques, et des abus potentiels à des fins d’amélioration du capital génétique ou d’eugénisme ».

    La recommandation souligne que les interventions sur la lignée germinale des êtres humains auront des « conséquences imprévisibles dans la mesure où leur descendance est également concernée ». Aussi, « selon le consensus scientifique, ces techniques ne sont pas ‘sûres’, ce qui conduit à un moratoire de fait ». Elle demande l’interdiction « des grossesses induites à partir de cellules germinales ou d’embryons humains dont le génome a été modifié de manière intentionnelle ».« La modification intentionnelle du génome humain franchirait des limites jugées éthiquement inviolables ».

    Elle dénonce l’utilisation de la technique de la « FIV à trois parents » (cf. Un bébé, 3 ADN, 3 transgressions) utilisée « malgré les grandes controverses éthiques et les grandes incertitudes scientifiques quant aux effets à long terme ».

    La recommandation adoptée, sur la base d’un rapport préparé par Petra De Sutter (cf. Conseil de l’Europe : vers une régulation internationale de l'édition du génome ?), demande au Comité des Ministres d’exhorter les Etats membres « qui n’ont pas encore ratifié la Convention d’Oviedo à le faire le plus rapidement possible » ;  « d’encourager le débat public sur cette question ; de demander au Comité de Bioéthique du Conseil de l’Europe d’évaluer les enjeux éthiques et juridiques ; et de développer un cadre réglementaire et législatif commun » relatif à la modification du génome et aux interventions sur la lignée germinale des êtres humains. Enfin, les États membres « devraient élaborer une position claire sur l’utilisation des nouvelles technologies génétiques, en fixant les limites et en promouvant de bonnes pratiques ».

  • Une lecture apaisée d'Amoris Laetitia

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    D'Antoine Pasquier sur le site de l'hebdomadaire "Famille Chrétienne" :

    Pour une interprétation positive d’Amoris Lætitia

    Dans un ouvrage (1) paru début septembre en France, trois professeurs de l’Institut pontifical Jean-Paul II offrent une lecture constructive et apaisée de l’exhortation apostolique Amoris Lætitia pour en dégager des pistes concrètes d’actions pastorales. Entretien avec l’un d’entre eux, le père José Granados.

    Qu’apporte Amoris Lætitia de nouveau pour la pastorale de la famille, et pour les acteurs de cette pastorale ?

    Je crois que la grande nouveauté d’Amoris Lætitia est son chapitre IV. La pastorale familiale naît de l’hymne à la charité de saint Paul, qui est le centre de la foi chrétienne. La pastorale avec les familles est le centre de la vie de l’Église, parce qu’au sein de la famille, on apprend à aimer et parce que l’amour est la vocation de l’homme.

    Cette nouveauté se complète d’une condamnation claire du « sentimentalisme », c’est-à-dire de l’assimilation du fait « d’être bon » avec un sentiment (cf. AL 145). Au contraire, l’amour est lié à la vérité, la charité « trouve sa joie dans la vérité » (1 Cor 13, 6). L’amour est vrai, selon le pape François, parce qu’il est capable de traverser toute la vie, tandis que le sentiment s’éteint en un instant. Cette dimension « narrative » de l’amour est une grande nouveauté d’Amoris Lætitia. C’est pourquoi le pape nous demande de préparer au mariage, mais aussi d’accompagner les jeunes familles, d’éduquer avec patience les enfants, et de se pardonner mutuellement quand l’amour diminue.

    Les conséquences sont très grandes pour la pastorale. Amoris Lætitia dit que le « sujet » de la pastorale familiale est, en premier lieu, la famille (AL 200). Elle est « sujet pastoral » et pas seulement « agent pastoral », parce que ce qui est fondamental n’est pas de « faire » des choses, mais « d’être » une famille. La mission principale de la pastorale familiale consiste à former des familles en Christ, qui édifient une famille de familles. Dans ce périmètre entre aussi l’accompagnement de ceux qui vivent un « amour blessé et égaré » (AL 291).

    L’exhortation fait l’objet de nombreuses critiques (cf. la correction filiale et les dubia). Ce n’est pas l’objet de votre ouvrage, mais quelle lecture faites-vous d’Amoris Lætitia ?

    On doit sans doute ces critiques aux différentes interprétations de l’exhortation. On voit des lectures d’Amoris Lætitia qui se centrent uniquement sur le chapitre VIII et sur les normes pour accéder aux sacrements. Il y a des réponses très variées, quelques-unes sont très problématiques, ou qui paraissent tendre vers une vision subjective des sacrements. Que répondre à cela ?

    Je crois qu’Amoris Lætitia doit être interprétée dans le grand courant de la tradition et du Magistère. C’est-à-dire que, si un texte présente une ambivalence, il faut alors l’interpréter à la lumière d’autres textes du magistère antérieur, plus clairs. Car Amoris Lætitia n’est pas un livre isolé, mais le chapitre d’un grand livre, comme l’indique très bien le chapitre III.

    Quelle est la spécificité de « l’accompagnement pastoral » proposé par le pape François ?

    En premier lieu, tout accompagnement de l’Église est de l’ordre d’un suivi. L’Église accompagne parce qu’elle suit quelqu’un, et ce quelqu’un est le Christ. Amoris Lætitia commence en nous parlant précisément de l’amour de Jésus selon la Bible et selon la tradition de l’Église. Saint Paul lui-même, dans son hymne à la charité, ne fait pas référence à un amour idéal, mais à l’amour de Jésus. Quand il dit : « l’amour rend service, l’amour ne se gonfle pas d’orgueil, l’amour prend patience. »

    L’accompagnement signifie qu’il y a, en plus, une communauté qui accompagne. Et cette communauté est une famille, une famille de familles. Pour accompagner, l’Église est appelée, en premier lieu, à prendre soin du climat au sein de chaque famille, pour que celle-ci s’édifie sur l’amour de Jésus. Que l’on puisse y vivre un amour vrai, fidèle, qui pardonne.

    L’accompagnement signifie, enfin, cheminement qui traverse les étapes de la vie avec patience. Le pape François est très sensible aux processus de maturation, tant en ce qui concerne la préparation au mariage que les premières années de l’éducation des enfants et aussi en vue de ramener à la vie ecclésiale ceux qui s’en sont éloignés.

    Quelle doit être le parcours à suivre pour des pasteurs qui souhaitent aider des personnes « en situation irrégulière » ?

    En premier lieu, il nous est demandé de ne pas condamner la personne qui vit un amour « blessé et égaré » (AL 291). Beaucoup de ces personnes sont victimes d’une société qui ne protège pas la famille. Il y a un premier temps pour l’accueil.

    La méthode adéquate est celle de Jésus avec la Samaritaine (AL 294). En toute personne il y a quelque chose de bon et le pape nous invite à fortifier cette bonté présente. Cette bonté reflète le désir d’amour vrai que Dieu a placé dans le cœur de chacun. À partir de là un chemin peut être initié qui aille pas à pas, sans jamais perdre de vue l’objectif final. Ce qui impliquera d’inviter les personnes à changer leurs désirs. C’est une régénération du désir, pour que nous désirions ce qui embellit et déploie notre vie. Rappelons-nous comment saint Paul dénonce ceux qui « s’entourent de maîtres à la mesure de leurs propres désirs » (2 Tim 4, 3).

    Qu’en est-il de la question de l’accès aux sacrements pour les personnes « en situation irrégulière » ? Peuvent-elles y avoir accès, et si oui, de quelle manière ?

    Amoris Lætitia aborde le sujet seul en une note de bas de page (note 351, Ndlr). Cette note est formulée au conditionnel de façon très vague. C’est pourquoi il ne me semble pas qu’il y ait de quoi fonder, sur cette note, un changement de discipline, alors que d’autres textes magistériels affirment cette même discipline de façon claire. Jean-Paul II et Benoît XVI ont tous deux affirmé que cette discipline s’appuie sur des raisons doctrinales mais aussi sur les Écritures saintes elles-mêmes.

    Je crois qu’il est bon de saisir pleinement que la grâce de Dieu ne se limite pas aux sacrements. Dieu aide les personnes à cheminer de bien des façons ainsi qu’à participer à la vie de l’Église.

    En outre, les sacrements ne sont pas une union privée avec Dieu : à travers eux, nous nous incorporons à l’Église et nous rendons visible à la face du monde le modèle de vie que Jésus a vécue et qu’il nous a enseigné à vivre. Suivant une idée de saint Augustin, quand nous disons « Amen » avant de communier, nous ne disons pas seulement « oui, ceci est le corps du Christ. » Nous disons : « Oui, je veux vivre comme vivent les membres du corps du Christ. » C’est pourquoi il n’est possible de manger le corps du Christ que lorsque l’on est prêt à manger aussi ses paroles.

    Mais le chemin en lui-même est plus important que l’accès aux sacrements. Le petit pas en avant, comme dit le pape. Rappelons-nous que le sacrement de réconciliation est un sacrement qui traverse le temps. La réconciliation est entamée dès lors que le pécheur décide de revenir au Christ et amorce un chemin de retour. Dans ce cas on pourrait dire que celui qui se met en chemin est déjà sous l’influence du sacrement de réconciliation, bien que n’ayant pas encore reçu l’absolution. Ne pourrait-on pas inventer des itinéraires concrets de retour, avec des rites de passage, comme une catéchèse de la parole de Dieu focalisée sur le projet de Dieu pour la famille ?

    Certains affirment que l’exhortation relativise l’enseignement de l’Église sur le mariage. Le pape, au contraire, ne rappelle-t-il pas, l’importance du lien matrimonial et d’une bonne préparation au mariage ?

    L’exhortation est très claire en ce qui concerne le respect de la doctrine sur le lien indissoluble et sur le sacrement du mariage, qui prend racine dès la création. Si certains se sont plaints de ce qu’Amoris Lætitia change la doctrine, c’est à cause du sujet de l’accès aux sacrements. Si la célébration des sacrements changeait, cela aurait aussi des conséquences sur la doctrine, parce que la doctrine de l’Église n’est pas qu’une idée : c’est quelque chose qui se transmet au moyen de signes visibles que sont les sacrements. Saint Thomas, par exemple, disait que l’on ne peut accorder les sacrements à quelqu’un qui souhaite continuer à vivre dans le péché, parce que ce serait une « contrefaçon des signes sacramentels ». Ce serait comme si quelqu’un écrivait « pour toujours », mais en l’écrivant sur le sable de la plage ; nous nous méfierions de ce qu’il a écrit.

    Comme je l’ai déjà dit, Amoris Lætitia ne change pas la discipline eucharistique et, à ce titre, préserve la doctrine. Sa nouveauté est, plutôt, un changement de regard sur la famille et son cheminement, et un changement d’action pastorale pour accompagner toutes les familles.

    Le pape François a donné de nouvelles orientations à l’Institut Jean-Paul II. Leur objectif est-il de prendre mieux en compte cette action pastorale développée dans Amoris Lætitia ? Comment analysez-vous cette refondation ?

    Pour analyser la refondation, il me semble que la clé réside dans les paroles du grand chancelier Mgr Paglia et dans celles du président Mgr Sequeri. D’après eux, le pape François a voulu « mettre sa signature » au projet entrepris par Jean-Paul II, en conservant tout son héritage. C’est pourquoi le pape accorde toujours sa confiance à tous les professeurs et au travail qu’ils ont réalisé jusqu’à maintenant. La refondation ne signifie pas oubli du passé, mais élargissement du regard, surtout pour cultiver les sciences humaines. Au milieu de tant de discussions au sujet d’Amoris Lætitia, je crois que notre service à l’Église passe par la démonstration de la cohérence avec le magistère antérieur de Jean-Paul II.

    Antoine Pasquier

    (1) Amoris laetitia. Accompagner, discerner, intégrer. Vademecum pour une nouvelle pastorale familiale, Artège, 186 pages, 16 euros.

  • Ces démons qui nous font glisser vers la mondanité...

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    De Radio Vatican :

    Homélie du Pape François: la mondanité spirituelle est une tentation diabolique

    (RV) Seul le Christ crucifié nous sauvera des démons qui nous font «glisser lentement vers la mondanité», en nous sauvant aussi de la «bêtise» et de la «séduction». Le Pape François l’a martelé ce vendredi 13 octobre 2017 lors de la messe matinale à la Maison Sainte-Marthe, en réfléchissant sur l’Évangile du jour, tiré de saint Luc, dans lequel Jésus dit: «si moi je chasse les démons avec le doigt de Dieu, c’est donc que le Règne de Dieu est venu jusqu’à vous».  Le Pape a exhorté à l’examen de conscience et donc aux œuvres de charité, «celles qui coûtent», mais qui «nous amèneront à être plus attentifs» et vigilants afin que ne viennent pas jusqu'à nous des personnages «fourbes», qui sont justement les démons.

    Le Seigneur, a-t-il expliqué, «demande d’être vigilants», pour ne pas entrer en tentation. Le chrétien est donc toujours «en veille, vigilant, il est attentif», comme une «sentinelle». L’Évangile parle de la lutte entre Jésus et le démon. Jésus ne raconte pas une parabole, mais «dit une vérité» : quand l’esprit impur «sort de l’homme», il rôde dans des endroits déserts, en cherchant des appuis, et, n’en trouvant pas, il décide de retourner là où il était venu, là où habite l’homme libre. Alors le démon décide de prendre «sept autres esprits pires que lui», de façon à ce que «la condition de cet homme» devienne «pire qu’auparavant».

    Mais les démons, souvent, entrent «en sourdine», sans trop se faire remarquer à première vue… «Ils commencent à faire partie de la vie. Avec leurs idées et leurs inspirations, ils aident cet homme à mieux vivre, et ils entrent dans la vie de l’homme, ils entrent dans son cœur, et de l’intérieur ils commencent à changer cet homme, mais tranquillement, sans faire de bruit. Ce mode est différent de la possession diabolique qui est forte : ceci, c’est un peu une possession diabolique "de salon", disons cela. Et ceci est ce que le diable fait lentement, dans notre vie, pour changer les critères, pour nous pousser vers la mondanité. Il s’immisce dans notre façon d’agir, et nous nous en rendons compte difficilement. Et ainsi, cet homme devient un homme mauvais, un homme oppressé par la mondanité. Et ceci est ce que veut le diable : la mondanité.»

    La mondanité, d’autre part, est «un pas en avant dans la possession du démon», a ajouté François. C’est une «fascination», une «séduction». Parce que le diable est «le père de la séduction». Et quand le démon entre dans nos vies d’une façon «suave et éduquée», en prenant possession de nos attitudes, nos valeurs passent du service de Dieu au service de la mondanité, a expliqué le Pape François. C’est ainsi que l’on devient «des chrétiens tièdes, des chrétiens mondains», avec un mélange, une «macédoine», entre «l'esprit du monde et l’esprit de Dieu». Tout ceci «éloigne du Seigneur», a expliqué François, appelant à résister à ces tentations en faisant preuve de «vigilance»et de «calme», sans «s’effrayer».

    «Veiller signifie comprendre ce qui se passe dans mon cœur, cela signifie m’arrêter un peu, et examiner ma vie. "Je suis chrétien? J’éduque plus ou moins bien mes enfants ? Ma vie est chrétienne ou elle est mondaine? Et comment je peux comprendre cela?" Avec la même recette que pour saint Paul : regarder le Christ crucifié. La mondanité se détruit devant la croix du Seigneur. Et ceci est le sens du Crucifix devant nous : c’est n’est pas un ornement, c’est justement ce qui nous sauve de cette fascination, de ces séductions qui te mènent à la mondanité.»

    Le Pape a donc exhorté à nous demander si nous regardons le «Christ crucifié», si nous faisons «le Chemin de Croix pour voir le prix du salut», non seulement des péchés, «mais aussi de la mondanité». François a insisté sur l’importance de l’examen de conscience et de la prière devant le Christ crucifié. «Et ensuite, cela fera du bien de se faire une fracture, mais pas aux os : une fracture aux attitudes confortables. Les œuvres de charité. "Moi je me sens bien, mais je ferai ceci, qui me coûte." Visiter un malade, donner une aide à quelqu’un qui en a besoin… je ne sais pas, une œuvre de charité. Et ceci rompt l’harmonie que cherche à faire ce démon, ces sept démons avec le chef, pour faire la mondanité spirituelle.»

  • La "génération pape François" : des cathos de gauche ?

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    COUV_PLAIDOYER_V2.inddD'Isabelle de Gaulmyn sur son blog :

    Cathos de gauche ou génération Pape François ?

    Les cathos de gauche sont de retour !!! C’est ce qui vient à l’esprit à la vue de cet ouvrage, écrit par trois jeunes catholiques à la tête bien faite, Pierre-Louis Choquet, Jean-Victor Elie et Anne Guillard. Voici un livre qui plaide pour un christianisme résolument engagé dans le monde, un christianisme qui se risque à la rencontre, « christianisme de l’inachèvement » écrivent-ils, qui laisse « au témoignage de notre foi la possibilité d’entrer davantage en consonance avec les interrogations des personnes d’aujourd’hui ».

    Produits de la Manif pour tous

    On croyait les cathos de gauche disparus, réduits à quelques rangs de fidèles aux cheveux gris, décimés par la sécularisation, lassés d’une Église qu’ils ne comprenaient plus. Et bien, non ! Ces trois jeunes sont, à leur manière, des « produits » de la « Manif pour tous ». Inquiets du succès de ce mouvement et de sa visibilité, ils refusent de laisser le monopole du catholicisme aux tenants d’une conception qu’ils jugent « patrimoniale » et « identitaire » de la religion, tournée vers le regret du passé, et enfermée dans ses certitudes. Eux au contraire plaident pour ce qu’ils appellent un « christianisme de l’inachèvement », c’est-à-dire un christianisme ouvert à la discussion voir au compromis avec une société qui n’est plus chrétienne. Un christianisme « ici et maintenant », s’engageant dans l’action collective et politique pour « créer les conditions d’habitation d’un monde désirable », visant à lutter contre les inégalités, protéger la planète et accueillir les étrangers.

    Du débat sur l’Église à la politique

    Catholiques de gauche, donc ? Pas si simple. D’ailleurs, jamais dans l’ouvrage ils n’évoquent ce catholicisme des années 1970, dominé au moins au plan intellectuel par un engagement à gauche. Et pour cause : le travail de Pierre-Louis Choquet, Jean-Victor Elie et Anne Guillard, loin de plagier les discours de ce temps-là, en diffère sur l’essentiel.

    Tout d’abord, par l’absence totale de revendications sur l’institution Église. Peu importe à ces jeunes les formes et l’organisation interne de l’Église. Là n’est pas leur priorité, ni leurs questions. Alors que les années 1980 et 90 avaient vu s’opposer deux visions ecclésiales – traditionalistes et modernistes –, les années post « Manif pour tous » voient s’affronter deux visions politiques. C’est heureux, car les cathos de gauche avaient fini par lasser à force de se crisper sur les débats institutionnels internes à l’institution, qui n’intéressent à vrai dire guère dans un monde totalement déchristianisé. L’urgence, pour ces jeunes auteurs, n’est pas la sacristie, mais le monde, où le christianisme, affirment-ils, a encore un rôle à jouer.

    La Bible à la main

    Seconde différence, et de taille, ces « jeunes cathos » brandissent à la main la Bible, qu’ils connaissent d’ailleurs remarquablement bien. Les cathos de gauche des années 1970 avaient fini par oublier leur enracinement chrétien. Eux au contraire le proclament, le travaillent, et c’est à partir de leur foi qu’ils prônent un engagement fort dans la société.

    Enfin, ils se méfient d’un catholicisme qui se contenterait de s’investir dans des initiatives de terrain, si louables soient-elles. Loin par exemple de ces témoignages singuliers et « extra-ordinaires » qui ont fait la force du Renouveau charismatique à une époque, nos trois compères revendiquent une action collective, pour jouer sur les mécanismes politiques de la société globale. En cela, ils rejoignent leurs homologues de la Manif pour tous, dont ils sont, en quelque sorte, l’image inversée. Car s’ils se revendiquent clairement à gauche, l’analyse, elle, vaut pour tous ceux pour qui le christianisme appelle, écrivent-ils dans une jolie formule empruntée à l’encyclique Laudato si, au « souci du monde ». Au fond, il s’agit là moins du retour des cathos de gauche que de l’émergence d’une « génération pape François ».

    « Plaidoyer pour un nouvel engagement chrétien », Pierre-Louis Choquet, Anne Guillard et Jean-Victor Elie

    les Editions de l’Atelier, 144 p, 15 €