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  • "Un acte immoral et une pratique violente contraire à la vie"

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    Une dépêche de l'Agence Fides :

    AMÉRIQUE/COLOMBIE - Les Évêques : "L'avortement direct est un acte immoral et une pratique violente contraire à la vie"

    23 février 2022

    Bogota (Agence Fides) - " Perplexité et profonde tristesse " ont été exprimées par la Conférence épiscopale de Colombie après la publication de la note de la Cour constitutionnelle selon laquelle " la conduite de l'avortement ne sera punissable que lorsqu'elle sera effectuée après la vingt-quatrième (24) semaine de gestation et, de toute façon, ce terme ne sera pas applicable aux trois cas visés par l'arrêt C-355 de 2006 ".

    Les Évêques reconnaissent que "dans de nombreuses occasions, la réalité de l'avortement répond à des drames qui causent de multiples difficultés et angoisses à la mère et à son entourage", et que "lorsque la femme est une victime, il est raisonnable que la société civile et le système juridique cherchent à la défendre et à la protéger". Cependant, ils estiment que "l'affirmation d'un droit cesse d'être légitime si elle implique la négation ou le piétinement des droits d'autrui. On ne peut pas cacher ou minimiser le fait que toute grossesse implique l'existence d'un autre être humain, différent de la mère, sans défense et vulnérable, qui à son tour a le droit de faire partie de la famille humaine". Ils réitèrent donc : "Considérer que le droit à la vie et à recevoir la protection de l'État, protégé par la Constitution, ne le couvre pas dès la conception, est une atteinte à la dignité humaine".

    Protéger le prétendu droit de supprimer une vie humaine innocente, poursuit la déclaration des Évêques, "met en péril le fondement même de notre ordre social et de l'État de droit. L'avortement direct est un acte immoral et une pratique violente contraire à la vie".

    Face à la voie ouverte par la Cour constitutionnelle, les Évêques se demandent s'il n'en existe pas d'autres qui permettraient de sauvegarder la vie des mères et celle de leurs enfants à naître, et ils réaffirment que "le problème de l'avortement ne peut se limiter aux seules femmes enceintes, mais exige la solidarité de toute la société". Selon la Constitution, chaque Colombien a le devoir d'agir selon le principe de la solidarité sociale, en répondant par des actions humanitaires aux situations qui mettent en danger la vie ou la santé des personnes. "Puisque cette vertu nous permet de créer des alternatives de bien, là où le mal est considéré comme la seule option, nous voulons être les premiers à aider à trouver la bonne option lorsque l'avortement semble être la solution".

    Le communiqué, signé par la Présidence de la Conférence épiscopale, conclut en rappelant " Celui qui est venu apporter la vie en abondance ", espérant que l'État et tous les compatriotes de bonne volonté " ne ménageront aucun effort pour protéger et promouvoir la vie humaine, même dans les circonstances les plus complexes ".

    (SL) (Agence Fides 23/02/2022)

  • Ceux qui espèrent la paix en se préparant à la guerre se bercent d'illusions

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    De Riccardo Cascioli sur le Daily Compass :

    Ceux qui espèrent la paix en se préparant à la guerre se bercent d'illusions

    24-02-2022

    En période de tension, on dit toujours que "si vous voulez la paix, préparez la guerre". Mais ce n'est pas le cas ; l'expérience montre que ceux qui préparent la guerre n'obtiennent jamais la paix, tout au plus une trêve. Nous devons changer d'attitude et préparer plutôt la paix. Et pour les chrétiens, le modèle est celui expliqué par le Métropolite Antonij de Suroz.

    Nous ne savons pas comment se terminera la crise ukrainienne : si l'Occident finira par tolérer et accepter le fait accompli d'une Ukraine démembrée, en laissant les sanctions en place en guise de façade ; si le président russe Poutine cherchera vraiment à atteindre Kiev comme on le craint à Londres et à Washington ; si la guerre s'étendra à l'Europe et au-delà ; si la Russie retournera plutôt à ses frontières après avoir obtenu les assurances souhaitées. Nous ne le savons pas, et pour l'instant, il est également difficile de le prévoir. Mais nous aurions dû comprendre combien est équivoque et dangereuse la formule "diplomatique" qui est répétée comme un mantra chaque fois qu'il y a des tensions : si vis pacem para bellum, si tu veux la paix prépare la guerre.

    Préparer la guerre, c'est exactement ce à quoi nous avons assisté ces derniers mois, pour nous en tenir aux nouvelles les plus récentes ; mais la crise ukrainienne dure depuis des années, avec des hauts et des bas, et c'est depuis des années que l'on prépare la guerre. D'un côté comme de l'autre, dans un crescendo de provocations, de flexions de muscles, de menaces et d'alarmes. Toutes ces choses, nous les enregistrons, les commentons et les analysons aussi, mais nous ne pouvons pas nous arrêter là. Il est évident que chacun a ses propres raisons, qui sont ancrées dans l'histoire, dans les intérêts stratégiques, dans les besoins économiques. Des raisons qui sont amplifiées par la propagande, qui nous parvient sous forme d'acclamations : il y a ceux qui voient Poutine comme le diable, et ceux qui le voient comme le sauveur, il en va de même pour les États-Unis et l'Union européenne (et souvent les véritables intérêts restent cachés).

    Mais le fait est qu'à force de se préparer à la guerre, il est inévitable que la guerre finisse par arriver : de faible ou de forte intensité, mais elle arrivera. Car se préparer à la guerre, ce n'est pas seulement s'équiper d'une force de dissuasion pour décourager les éventuelles attaques des malveillants. C'est identifier et considérer l'autre comme un ennemi, et s'il ne l'est pas, en faire un ennemi ; c'est interpréter les paroles et les gestes de l'autre toujours dans le sens des mauvaises intentions ; c'est amplifier les torts subis pour que tout le monde sache que l'autre est vraiment mauvais ; et en même temps déprécier ou remettre en question tout geste ou parole pacificatrice. Cela signifie être dans un état de guerre permanent, le faire croître jusqu'à ce qu'il puisse conduire à une guerre ouverte. Cela se produit aussi bien dans les relations entre États que dans les relations personnelles.

    Se préparer à la guerre ne mène jamais à la paix, tout au plus à un équilibre précaire, à une trêve armée temporaire d'une durée imprévisible. À l'époque de la guerre froide, on parlait d'un "équilibre de la terreur", c'est-à-dire d'une paix entre les superpuissances atomiques - les États-Unis et la Russie - garantie par les armes nucléaires, ce qui décourageait évidemment de faire la guerre. On dira : la guerre froide a de toute façon garanti une longue période de paix et de prospérité et empêché une nouvelle guerre mondiale. Mais ce n'est pas exact : il n'y a pas eu de guerre sur le sol européen, c'est vrai, mais dans le monde, dans la seconde moitié du XXe siècle, il y a eu de nombreuses guerres sanglantes "par procuration", surtout en Afrique et en Asie, où l'Union soviétique et les États-Unis (et aussi la République de Chine) se sont affrontés en finançant et en armant les factions opposées (en laissant de côté l'intervention directe des États-Unis au Vietnam).

    Si vous voulez vraiment la paix, vous devez vous préparer à la paix, si vis pacem para pacem. Cela ne signifie pas un désarmement unilatéral ; cela ne signifie pas renoncer à la dissuasion, ni à la défense de ses propres frontières et intérêts, bien au contraire. Mais nous devons agir en étant réellement convaincus - comme le disait le Pape Pie XII dans son célèbre message radiophonique du 24 août 1939 - que "rien n'est perdu avec la paix, tout peut être perdu avec la guerre". Au cours des dernières décennies, nous avons eu des preuves répétées de la véracité de ces paroles.

    Au cours des siècles, les histoires qui constituent l'identité des peuples se sont enracinées, les frontières ont changé plusieurs fois, donnant lieu à des situations difficiles et à une coexistence compliquée (il suffit de penser aux frontières nord et est de l'Italie pour s'en faire une idée), et les torts et les droits mutuels se sont accumulés, gravés dans l'ADN des nations. Chaque fois qu'il y a des tensions, ceux qui veulent la guerre s'amusent à remuer un détail de leur propre histoire et à susciter le ressentiment des leurs. Ceux qui veulent vraiment la paix doivent d'abord comprendre les raisons, les besoins et les intérêts de l'autre. Si l'on veut la paix, on doit essayer de concilier les différents intérêts. D'une certaine manière, c'est ce qui s'est passé après la Seconde Guerre mondiale en Europe occidentale, lorsque les graines de l'Union européenne ont été semées précisément en créant une zone d'intérêt économique commun. Ce n'est pas une tâche facile, mais c'est la voie à suivre.

    Si cela est possible, ne serait-ce qu'en utilisant la raison, il y a pour nous, chrétiens, une compréhension plus profonde de ce mystère, un aperçu de la vérité de tous les hommes et de tous les peuples que nous devons apprendre et dont nous devons témoigner. Et c'est pourquoi la prière est importante. C'est un regard et une attitude très bien exprimés par les paroles adressées par le métropolite Antonij de Suroz à ses fidèles après que les chars soviétiques eurent réprimé dans le sang le "Printemps de Prague" en 1968. Ces paroles ont été rapportées par la revue La Nuova Europa, et nous en citons quelques passages (voici le texte intégral) :

    "Notre conscience chrétienne perçoit la parole de Dieu, ou plus précisément la figure du Christ lui-même, qui s'est fait homme, est entré dans notre monde, n'a cherché ni la gloire ni la vertu, mais s'est fait frère des opprimés et des pécheurs, se levant à nouveau formidablement, exigeant. (...) Et nous nous trouvons ici devant une image que nous trouvons très difficile à comprendre et encore plus difficile à mettre en pratique : l'image de Celui qui a voulu s'unir aussi bien à ceux qui sont justes qu'à ceux qui sont coupables, qui a embrassé tout le monde d'un seul amour, l'amour des souffrances de la croix envers les uns, et l'amour joyeux, bien que toujours crucifié, envers les autres.

    Maintenant, l'image de la colère se détache dans la conscience de beaucoup, et dans cette image, certains sont choisis et d'autres exclus ; dans l'expérience de la justice, de la compréhension et de la compassion, le cœur humain choisit les uns et maudit les autres. Mais ce n'est pas la voie du Christ, et ce n'est pas non plus notre voie : notre voie est de nous tenir les uns les autres dans un même amour, dans la connaissance et l'expérience de l'horreur ; c'est de les embrasser non pas avec compréhension mais avec compassion ; non pas avec condescendance mais avec la conscience de l'horreur face à l'injustice, et de la croix face à la justice.

    Les gens se demandent souvent : que pouvons-nous faire ? (...) Nous pouvons nous tenir devant le Seigneur dans la prière, la prière dont parlait le starets Siluan lorsqu'il disait que prier pour le monde, c'est comme verser du sang.

    Ce n'est pas la prière facile que nous élevons dans notre imperturbable quiétude, mais la prière qui monte à l'assaut du ciel pendant les nuits blanches, la prière qui ne donne aucun répit, la prière qui naît de l'angoisse de la compassion ; la prière qui ne nous permet plus de vivre sur le néant et la futilité ; la prière qui exige de nous que nous comprenions enfin la profondeur de la vie au lieu de la traîner de manière indigne. (...)"

  • Pourquoi Poutine veut conquérir l'Ukraine. Et la religion n'est qu'un prétexte

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    De Stefano Magni sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    Pourquoi Poutine veut conquérir l'Ukraine. Et la religion n'est qu'un prétexte

    24-02-2022

    Le président russe Vladimir Poutine a reconnu l'indépendance des républiques séparatistes de Lougansk et de Donetsk dans un discours prononcé le 21 février. Mais ce n'est pas tout. Il a également remis en question l'existence même de l'Ukraine en tant qu'État indépendant et souverain. Que vise-t-il alors ? Étant donné la récente reconnaissance du patriarcat de Kiev par le patriarche œcuménique Bartholomée Ier, Poutine veut-il également agir pour une cause religieuse, au nom du patriarcat de Moscou ? Nous avons posé la question à Marta Carletti Dell'Asta, chercheuse à la Fondation Russia Cristiana et rédactrice en chef de la revue La Nuova Europa.

    Dans un discours prononcé le 21 février, le président russe Vladimir Poutine a reconnu l'indépendance des républiques séparatistes de Lougansk et de Donetsk. Mais pas seulement. Il a également remis en question l'existence même de l'Ukraine en tant qu'État indépendant et souverain. 

    "Je tiens à souligner une fois de plus que l'Ukraine n'est pas seulement un pays voisin pour nous. Elle est une partie inaliénable de notre histoire, de notre culture et de notre espace spirituel. Depuis des temps immémoriaux, les personnes vivant dans le sud-ouest de ce qui était historiquement une terre russe se sont appelées elles-mêmes Russes et Chrétiens orthodoxes. C'était le cas avant le XVIIe siècle, lorsqu'une partie de ce territoire a rejoint l'État russe, et après", a déclaré le président russe. Que vise-t-il, alors ? Le Donbass ou Kiev directement ? Étant donné la récente reconnaissance du patriarcat de Kiev par le patriarche œcuménique Bartholomée Ier, Poutine veut-il également agir pour une cause religieuse, au nom du patriarcat de Moscou ? Nous avons posé la question à Marta Carletti Dell'Asta, chercheuse à la Fondation Russia Cristiana, spécialisée dans les thèmes de la dissidence et de la politique religieuse de l'État soviétique et rédactrice en chef de la revue La Nuova Europa.

    Dottoressa Dell'Asta, Poutine estime que l'Ukraine n'est pas seulement un voisin, mais une "partie inaliénable de notre histoire, de notre culture et de notre espace spirituel". Par cette dernière définition, il entend le christianisme orthodoxe. Y a-t-il donc une cause religieuse au conflit en Ukraine ?

    Je ne dirais pas cela. Poutine a toujours beaucoup parlé de la religion comme d'un élément fondamental de sa conception, mais dernièrement, la manière dont le président russe comprend la religion apparaît de plus en plus : une manière instrumentale et même un peu paganisante. Ce n'est qu'un des éléments qu'il utilise pour renforcer son pouvoir.

    Qu'entendez-vous par une conception "paganisante" de la religion ?

    Prenons un exemple récent : le 4 février, un décret présidentiel sur les "valeurs traditionnelles sur lesquelles se fonde l'État russe" a été conclu et attend toujours la signature finale. Ce document est très indicatif. Il énumère un certain nombre de valeurs sur lesquelles la Russie serait fondée, telles que le "patriotisme", le "travail constructif", donnant l'image d'un État éthique, où il est prescrit par la loi que le citoyen doit être honnête, généreux et patriote. Cette liste inclut les "hautes valeurs spirituelles" mais ne mentionne jamais Dieu ou une quelconque dénomination religieuse. Il s'agit donc d'une utilisation instrumentale de ces valeurs, qui sont définies comme "traditionnelles" mais qui n'ont plus de lien spécifique avec le christianisme. De cette manière, la religion est utilisée lorsque cela est nécessaire, comme un simple bras spirituel du pouvoir politique.

    Poutine accuse le gouvernement ukrainien d'utiliser l'Église orthodoxe autocéphale du Patriarcat de Kiev (reconnue seulement en 2018 par le patriarche œcuménique Bartholomée Ier) pour inciter à la haine contre les Russes et dénonce un plan, également du gouvernement de Kiev, pour détruire les églises du Patriarcat de Moscou. Dans quelle mesure ces accusations sont-elles fondées ?

    Ces propos excessifs sont typiques d'un État d'avant-guerre, d'une volonté délibérée de créer une forte opposition. Pour l'Église orthodoxe, il est en fait assez courant d'avoir tendance à s'identifier à sa propre communauté ethnique. Nous avons donc une Église orthodoxe russe, une Église orthodoxe roumaine, et ainsi de suite. Lorsque l'Ukraine s'est engagée sur la voie de l'indépendance, le désir de faire reconnaître sa propre Église nationale a également grandi. À tort ou à raison, cela correspond à la logique interne de l'orthodoxie. En ce qui concerne les persécutions, il n'y en a pas eu jusqu'à présent. Il y a eu des cas sporadiques de conflits d'églises entre les deux communautés. Il ne s'agit pas d'un phénomène massif et il n'y a pas eu d'incidents graves. Ces Églises vivent ensemble pacifiquement. Le 22 février, un jour après l'entrée des troupes russes dans le Donbass, Epifanij, le primat de l'Église orthodoxe d'Ukraine, a appelé les fidèles à respecter absolument les Églises appartenant au Patriarcat de Moscou.

    Poutine dirige-t-il donc son accusation contre l'identité ukrainienne, plutôt que contre son Église ?

    Oui, aussi parce que le président russe n'a même pas la compétence d'entrer dans un débat ecclésial intra-orthodoxe. Il l'utilise, même de manière quelque peu inappropriée, pour des raisons nationalistes. Ensuite, si nous voulons remonter dans le temps, l'origine même de l'Église en Ukraine est antérieure à celle de la Russie : l'Église est née à Kiev, ce n'est qu'après l'invasion mongole qu'elle s'est déplacée vers le Nord et vers Moscou. Elle s'est d'abord appelée la Métropolie de Kiev, puis a changé de nom pour devenir le Patriarcat de Moscou. L'histoire n'est pas aussi simple que le président le souhaiterait.

    Poutine accuse le régime communiste soviétique, à commencer par Lénine, d'avoir "créé" l'Ukraine. Mais c'est toujours la Russie qui réagit vivement contre toute forme de "révisionnisme" du passé soviétique, protégeant une historiographie qui exalte les succès de l'URSS. Comment expliquez-vous cette contradiction ?

    L'accusation contre Lénine dans le discours de Poutine est purement formelle. De plus, l'autonomie des entités nationales en Union soviétique n'était que sur le papier, elle n'a jamais été appliquée. Le droit de sécession n'a jamais été appliqué. Il n'était qu'une fiction. Donc, la substance du discours de Poutine ne concerne pas le communisme, c'est juste la négation du droit ukrainien à être une entité étatique séparée de la Russie. Et cette hypothèse repose sur une fausseté historique, car l'Ukraine était une nation bien avant que Lénine et au moment de la révolution russe et de la guerre civile qui a suivi (1917-1921) ne déclarent leur indépendance. Si Lénine a pu penser à la création d'une République socialiste soviétique d'Ukraine, c'est uniquement parce que l'Ukraine existait déjà. Le véritable problème de Poutine est ce qu'il a lui-même déclaré en 2005 : "La plus grande tragédie géopolitique du XXe siècle a été la dissolution de l'Union soviétique". Et cela explique tout. C'est l'idée que l'empire ne doit pas être défait et doit être reconstitué, en commençant par la Russie, le Belarus et l'Ukraine.

    Il y a deux mois, le pouvoir judiciaire russe a également dissous deux des principales branches de l'association Memorial, la principale source d'étude des crimes du communisme. Le gouvernement russe actuel est-il donc un descendant direct de l'URSS ?

    Oui et non. Je pense que la ligne d'interprétation doit toujours être celle de la reconstruction de l'empire, au nom de laquelle il faut éliminer tout ce qui constitue un obstacle. La préférence va non seulement au passé soviétique, mais aussi à tout ce qui exalte la grandeur de la Russie, comme la victoire dans la Seconde Guerre mondiale. Les figures idéologiquement non homogènes sont revalorisées et célébrées, d'Ivan le Terrible à Staline, en passant par la famille Romanov. Il existe un nouveau critère idéologique : l'histoire est réécrite pour glorifier le pays. Si Memorial écrit l'histoire réelle, non mythifiée, de l'Union soviétique, il doit être réduit au silence, tout comme la fermeture des archives et des journaux indépendants a été ordonnée.

  • "On ne peut régler la question tradi simplement par la loi" (abbé Amar)

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    Une tribune de l'abbé Amar publiée sur le site du journal La Croix via "le Forum catholique":

    Père Amar : « On ne peut régler la question tradi simplement par la loi »

    Pour le père Pierre Amar, l’un des fondateurs du Padreblog, la question des communautés traditionalistes est trop complexe et multiforme pour être traitée par des décrets. Il plaide pour un dialogue qui puisse favoriser de vraies rencontres.

    22/02/2022

    On a un peu de mal à suivre… C’est ce que pensent beaucoup de catholiques à propos du « feuilleton tradi », singulièrement relancé par le pape François depuis presque un an. Après Jean-Paul II et Benoît XVI, Rome semblait vouloir changer de paradigme avec le motu proprio Traditionis custodes(juillet 2021). Puis, dans une forme de jusqu’au-boutisme, survinrent les Responsa de la Congrégation pour le Culte divin et la discipline des sacrements (décembre 2021).

    Les choses semblaient assez claires : après les tentatives de ses deux prédécesseurs, le pape François réglait la question tradi. « Il faut mettre une limite et basta », avait-il dit aux évêques français reçus par la suite en visite dans la Ville éternelle. Et à ceux d’entre eux qui affirmaient qu’en France, à part quelques points de tension, la situation était assez apaisée, le pape et ses collaborateurs soulignaient que ces mesures concernaient surtout les États-Unis. Cependant, beaucoup conservaient l’impression que, pour punir quelques éléments turbulents, on avait décidé de punir toute la classe.

    Le sentiment de cette punition collective est resté, générant des réactions très différentes : de l’amertume des traditionalistes restés fidèles à Rome– « Qu’il est dur de s’entendre dire par son père : j’aurais préféré que tu n’existes pas ! », commentait l’été dernier un prêtre de la Fraternité Saint Pierre – jusqu’à l’autosatisfaction du « On vous l’avait bien dit ! » chanté en chœur par les lefebvristes et des ecclésiastiques de tout poil qui rêvaient d’en découdre avec la galaxie tradi, en passant par la perplexité assez générale de beaucoup de nos évêques. Dans leurs diocèses, et sans toujours être familiers avec cette sensibilité, ils prenaient soin de tous, et la volonté de paix de Benoît XVI, certes largement perfectible, leur convenait finalement plutôt bien.

    Le cas particulier de la Fraternité Saint-Pierre

    Mais cette perplexité est désormais plus grande encore : dans un décret en date du 11 février et adressé aux membres de la Fraternité Saint-Pierre, le pape affirme que le motu proprio Traditionis custodes ne les concerne pas. On imagine que cette mesure s’étendra aussi aux autres communautés traditionnelles ; ce qui laisse désormais très peu d’espace aux évêques. Et si ce décret règle une question précise et assez urgente, celle des ordinations sacerdotales, la situation pastorale semble hélas encore moins réglée à moyen et long termes.

    En à peine une année, la situation aboutit finalement au constat d’une grande violence. Violence vis-à-vis de Benoît XVI d’abord, dont ce projet de réconciliation, mûrement réfléchi, était l’œuvre de sa vie. Violence vis-à-vis du « Tradiland », qui se voit ballotté d’une mesure à l’autre, alors qu’il est composé de fidèles qui, somme toute, ne font que prier et célébrer comme le faisaient leurs (et nos) grands-parents. N’a-t-on pas simplement réussi jusque-là à semer de la perplexité à tous les étages et à humilier ces fidèles qui, depuis 1988, ont fait le choix audacieux de l’Église ?

    Cette violence se ressent à tous les niveaux : dans le juridisme d’un autre âge de la Congrégation, les leçons de morale des professionnels de l’obéissance, le rejet de l’ancien motu proprio et le zèle pour le nouveau, et, par-dessus tout, cette tendance à vouloir nous affronter les uns les autres. Dans ce contexte, le décret paternel et bienveillant de François pour les communautés traditionnelles surprend le village gaulois en pleine querelle et dans une situation bien humiliante pour nous tous.

    La réalité du terrain

    Une conviction semble se dessiner : on ne peut régler la question tradi simplement par la loi. Elle a montré son insuffisance pour gérer ce dossier complexe et multiforme. Quand, en plus, cette loi donne lieu à tant d’aménagements, de responsa, de décret, de communiqués explicatifs, de tribunes… n’est-ce pas finalement la preuve que la loi est mal faite ? Qu’elle fait plus partie du problème que de la solution ?

    Et si avec un peu de sagesse et de recul nous repartions du terrain pour sortir ensemble de cette dialectique délétère ? Nos divisions ne sont-elles pas anachroniques à l’heure où les catholiques pratiquants représentent moins de 2 % des habitants de ce pays ? L’heure du pragmatisme bienveillant n’a-t-elle pas sonné ? Ne faut-il pas tout simplement favoriser les rencontres, les échanges, nous fréquenter un peu plus pour trouver ensemble comment l’Église peut aider les tradis et comment les tradis peuvent servir l’Église ? De poser avec grandeur d’âme, de part et d’autre, les gestes concrets qui apaiseront les tensions et favoriseront l’union des cœurs ? D’approfondir nos richesses respectives, celles de saint Paul VI et celles de saint Pie V, de comprendre qu’elles sont comme deux écrins qui mettent en valeur un même joyau : le mystère de l’eucharistie ?

    L’Église n’appartient pas à ses membres : elle est celle du Christ. Le jour où était publié le décret du pape, nous entendions ces mots de l’apôtre saint Jacques : « La jalousie et les rivalités mènent au désordre et à toutes sortes d’actions malfaisantes. Au contraire, la sagesse qui vient d’en haut est d’abord pure, puis pacifique, bienveillante, conciliante » (Lettre de saint Jacques 3, 16-17). Voilà tout un programme !

    (1) En ministère dans les Yvelines, le père Amar est l’un des fondateurs du Padreblog, aujourd’hui animé par une autre équipe. Dernier ouvrage publié : Prières de chaque instant (Artège, 2021).

  • France : Alliance VITA dénonce une loi qui fait violence aux femmes

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    COMMUNIQUE DE PRESSE –  23 février 2022
    Avortement : Alliance VITA dénonce une loi qui fait violence aux femmes

    La question délicate de l’avortement méritait mieux qu’un faux débat abordé sans précaution, sous l’angle réducteur et contestable d’un « droit ». Cette loi passe sous silence le drame de nombreuses femmes enceintes, confrontées à une grossesse inattendue, qui se tournent vers l’IVG à contrecœur et sous pression, faute d’alternative.

    Pour Alliance VITA, allonger encore les délais de l’avortement constitue une violence faite aux femmes, alors qu’aucune alternative ou soutien spécifique ne sont proposés dans cette loi pour aider celles qui souhaiteraient poursuivre leur grossesse, parce qu’elles savent que c’est une vie qui est en jeu. Le gouvernement a laissé voter, sans réflexion ni débat à la hauteur de l’enjeu, une loi inappropriée et injuste, déconnectée de la réalité.

    Il est grands temps que les pouvoirs publics reconnaissent que c’est une illusion de faire comme si toutes les femmes avortaient librement. Celles qui ont les revenus les plus faibles ont davantage recours à l’IVG (cf. étude de la DREES 2020) : l’avortement est ainsi un marqueur de précarité et d’inégalités sociales. La priorité devrait être à la protection des femmes enceintes contre forme de violence et de pressions – spécialement masculines, mais aussi financières et sociales – qui pèsent sur elles, à un moment de grande vulnérabilité.

    Dans le contexte de la campagne présidentielle, Alliance VITA alerte les candidats sur l’urgence de mettre en place une véritable politique de prévention de l’avortement. Cela contribuerait à résoudre un grand nombre de drames personnels, en présentant aux femmes des perspectives autres que l’avortement.

    Cela passe en priorité par :

    • Une information sur l’efficacité réelle de la contraception et ses échecs potentiels : 72% des femmes qui avortent utilisaient un moyen de contraception lorsqu’elles ont découvert leur grossesse;
    • Le soutien et l’accompagnement personnalisé des femmes enceintes en difficulté;
    • La protection des femmes face aux pressions et aux violences qu’elles peuvent subir pour les conduire à avorter;
    • La formation des personnels de santé et des acteurs sociaux aux pressions qui peuvent s’exercer sur les femmes enceintes;
    • La délivrance d’une information complète lors des consultations d’IVG sur les aides aux femmes enceintes et leurs droits spécifiques;
    • La revalorisation de la politique familiale, incluant des mesures adaptées pour de concilier vie familiale, études et entrée dans la vie professionnelle.
    • Un soutien particulier pour les jeunes femmes étudiantes alors que 85% des grossesses imprévues survenant pendant les études se terminent par une IVG et que les 20-29 ans concentrent les plus forts taux d’IVG :
    • un soutien financier pour continuer leurs études, des solutions de logement, des solutions de garde d’enfant et des aménagements concrets des leurs études adaptés à leur situation de femmes enceintes et de jeunes parents ;
    • l’élargissement du RSA au couples étudiants qui attendent un enfant et/ou qui sont jeunes parents ;
    • le déploiement d’un service d’accompagnement et de soutien adapté comme le Samely[1] pour les lycéennes.

    [1] Le SAMELY, dispositif créé par les PEP75 avec le soutien de la Région Ile-de-France et de l’Académie de Paris, permet de proposer un accompagnement global et adapté des lycéennes enceintes et jeunes mères dans leur suivi scolaire et autour du temps de la maternité

  • Qui étaient ces 21 martyrs décapités par ISIS ? Une enquête

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    Un article de Sandro Magister sur Settimo Cielo (traduction : Diakonos.be):

    Qui étaient les 21 martyrs décapités par Daesh ? Une enquête.

    Ils étaient vingt-et-uns chrétiens à avoir été décapités par les musulmans de l’État islamique il y a tout juste sept ans parce qu’ils appartenaient au « peuple de la croix ». C’était à la mi-février 2015, sur la plage libyenne de Wilayat Tarabulus, un peu à l’ouest de Syrte. Vingt coptes d’Égypte plus un de leurs compagnons du Ghana.

    Quelques semaines après le massacre, le « pape » des coptes, Tawadros II, les a canonisés en tant que martyrs. Mais on ne savait pas grand-chose, voire rien, sur ces vingt-et-une personnes avant qu’un écrivain allemand célèbre, Martin Mosebach, ne s’aventure dans leurs villages pour retracer leur histoire et la consigner dans un livre, captivant comme un roman, qui vient de sortir en traduction italienne chez Cantagalli, et qui s’intitule justement : « I 21. Viaggio nella terra dei martiri copti ».

    Le martyr de ces Vingt-et-un a été immortalisé dans une vidéo produite et diffusée par leurs bourreaux eux-mêmes, dans un défi lancé à Rome en tant que symbole de l’Occident chrétien. Mais pour les familles et le peuple des victimes, cette vidéo est devenue source de joie et de foi. Avant d’être décapités, sur les bouches des vingt-et-uns, cela n’a été qu’un murmure de « Jarap Jesoa ! », d’invocations aux Seigneur Jésus, comme dans les actes des martyrs des premiers siècles, dans une Église d’Égypte qui a toujours compté ses années à partir des persécutions de Dioclétien et qui continue encore aujourd’hui à s’appeler « l’Église des martyrs », persécutée pendant toute son histoire par les Byzantins, les Perses, les Arabes, les Fatimides, les Mamelouks, les Frères musulmans et tous leurs imitateurs fanatiques.

    Les Vingt-et-un sont presque tous originaires de Haute Égypte, des villages agricoles situés autour de la ville de Samalhout et sous la montagne de Gebel el-Teir, sur la rive orientale du Nil, avec son sanctuaire antique qui rappelle une étape de la fuite en Égypte de Jésus, Marie et Joseph. À el-Or, le régime du président al-Sissi a financé la construction d’une grande église en l’honneur des martyrs, avec leurs reliques. Mais la vie des coptes, en Égypte, malgré qu’ils soient bien plus nombreux que ce que ne prétendent les statistiques officielles, continue à être sévèrement menacée. Au cours de son enquête, Martin Mosebach est resté frappé par les fortifications bâties autour des évêchés avec leurs cathédrales, les écoles et les bureaux.

    Mais malgré toutes les hostilités, Mosebach a également constaté un stupéfiant élan de vitalité de l’Église copte, avec ses monastères dans le désert, chacun abritant des centaines de moines, dont beaucoup de jeunes.

    La sainteté « normale » des vingt-et-un martyrs – comme elle est décrite dans les pages du livre que nous reproduisons ci-dessous – est un témoignage de combien cette foi est vivante et répandue. Au terme de son enquête, Mosebach s’est demandé si les chrétiens coptes, forts de siècles de martyre interrompus, ne constituaient pas une lumière d’espérance pour les Églises affaiblies d’Occident, qui arrivent aujourd’hui, après les splendeurs passées, « précisément là où l’Église copte a persévéré avec patience », jusqu’à refleurir au milieu de tant d’adversité.

    Grâce à leur foi inébranlable, au cours des quarante jours qu’a duré leur captivité avant l’exécution, non seulement aucun des Vingt-et-un n’a embrassé l’islam mais ils ont au contraire converti l’un de leurs geôliers à la foi chrétienne, ce dernier s’est ensuite mis en sécurité en prenant la fuite, non sans avoir d’abord annoncé la nouvelle de sa conversion au téléphone à la famille de l’un des prisonniers.

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  • Donetsk et Luhansk : des pseudo-États qui refusent la liberté religieuse

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    De Massimo Introvigne sur Bitter Winter :

    Donetsk et Luhansk : des pseudo-États qui refusent la liberté religieuse

    23/02/2022

    La protection étatique du monopole de l'Église orthodoxe russe et la répression des minorités sont parmi les plus brutales au monde.
    par Massimo Introvigne

    Le principal problème de la " République populaire de Donetsk " (" DPR ") et de la " République populaire de Louhansk " (" LPR ") est qu'elles n'existent pas. Ce sont des régions de l'Ukraine dont l'organisation en tant qu'États sécessionnistes autoproclamés n'est reconnue que par la Russie et ses sous-fifres pour leurs propres besoins. Ces pseudo-États se distinguent également par leur refus brutal de la liberté religieuse, qui rend parfois explicite et consacre dans les "lois" et même dans les "constitutions" ce qui est implicite en Russie.

    La "constitution" de la "RPD" est le seul document de ce type au monde qui fait de la lutte contre les "sectes" un principe constitutionnel. L'article 21 de la "constitution" appelle à "la mise en œuvre de politiques visant à protéger le public des activités des sectes religieuses" (j'ai longuement expliqué dans Bitter Winter pourquoi "секта" en russe et des mots similaires dans d'autres langues devraient être traduits par "culte" et non par "secte").

    Ceci est basé sur une protection tout aussi "constitutionnelle" du monopole religieux de l'Église orthodoxe russe (EOR) à Donetsk. La "constitution" a été rédigée "en professant la foi orthodoxe (la foi de la confession chrétienne orthodoxe catholique orientale) de l'Église orthodoxe russe (patriarcat de Moscou) et en la reconnaissant comme la base des fondations du monde russe" (préambule). Le rôle de l'EOR en tant que religion "dominante" est explicitement garanti par l'article 9, qui ajoute que cette reconnaissance est un "pilier de formation du système du monde russe."

    Les conséquences sont précisées à l'article 22 de la "constitution de la RPD", selon lequel "la propagande de l'excellence religieuse est interdite." Ce que cela signifie est clair d'après l'expérience de la Russie, où les lois sur l'extrémisme permettent de liquider comme "extrémistes" les groupes religieux enseignant leur "excellence" ou leur "supériorité", c'est-à-dire qu'ils offrent une voie de salut supérieure à celle des autres religions.

    Bien sûr, toutes les religions enseignent cela, y compris le ROC, qui ne dérange personne. Je suis un spécialiste des religions, et je n'ai jamais rencontré un religieux me saluant par "Bonjour, je suis ici pour vous présenter ma religion et vous dire qu'elle n'est pas meilleure qu'une autre foi." En clair, ce qui est interdit, en "RPD" comme en Russie, c'est de proclamer que toute religion est meilleure que le ROC.

    La même disposition de l'article 22 de la " constitution " de la " RPD " apparaît dans un article portant le même numéro, 22, de la " constitution " de la " République populaire de Louhansk " : " La propagande de supériorité religieuse est interdite. "

    Ce ne sont pas de simples mots. Comme cela se passe en Russie, la "DPR" et la "LPR" ont toutes deux interdit les Témoins de Jéhovah comme "extrémistes". Au moins 14 salles du Royaume des Témoins de Jéhovah ont été confisquées. Plus généralement, la "DPR" et la "LPR" ont promulgué des "lois" selon lesquelles les groupes religieux enregistrés en Ukraine doivent se réenregistrer dans les territoires qu'ils contrôlent. S'ils ne demandent pas de réenregistrement, ou si celui-ci n'est pas accordé, leurs activités deviennent immédiatement illégales.

    À la fin de 2019, 195 organisations religieuses avaient été réenregistrées dans la "LPR". 188 appartenaient à l'EOR, quatre étaient musulmanes, et il y avait une organisation de vieux-croyants, de juifs et de catholiques romains. Outre les Témoins de Jéhovah, les congrégations baptistes, pentecôtistes et adventistes du septième jour, ainsi que plusieurs communautés musulmanes, se sont systématiquement vu refuser l'enregistrement, tout comme les groupes orthodoxes qui ne sont pas en communion avec le Patriarcat de Moscou. Dans la "RPD", presque toutes les communautés non orthodoxes se sont vu refuser l'enregistrement.

    Les communautés non enregistrées ont été la cible de raids, de violences et d'arrestations ; des églises et des mosquées ont été fermées ou transformées en bureaux "gouvernementaux" ou en installations militaires. Toutes les mosquées, sauf une, ont été fermées dans la "RPD". Les baptistes ont été particulièrement visés en tant qu'"agents américains", alors qu'ils ont une tradition centenaire dans la région.

    Ce qui se passe dans la pseudo-"République populaire de Donetsk" et la "République populaire de Louhansk" est une représentation parfaite de la théocratie orthodoxe dystopique que les idéologues de Poutine ont en tête pour un "monde russe" dont ils ne cessent d'étendre les frontières.

  • L’origine de la liturgie dans l’histoire de l’humanité : 2ème cours de liturgie de Denis Crouan

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    Liturgie 2 - L’origine de la liturgie dans l’histoire de l’humanité (49 mn) 

    https://youtu.be/8lHK-BmFZtg   

    Denis Crouan part de généralités sur les premières croyances de la période préhistorique (du paléolithique et son animisme, en passant par le néolithique et l’apparition des paganismes). De là, il va dans les premiers mythes que l’on retrouve dans toutes les grandes religions et qui s’affinent dans le monde juif à mesure que prend corps et sens l’alliance avec Yahvé. On voit se mettre en place diverses notes de la liturgie : 1° Le respect pour le sacré ; 2° Le rôle du prêtre comme médiateur avec le Tout-autre ; 3° L’importance des rites et en particulier des sacrifices. 

    COURS DE LITURGIE, PAR DENIS CROUAN, DOCTEUR EN THEOLOGIE 2022

    https://www.youtube.com/playlist?list=PLuko328jWH_06CYFfUP8d6v_vzl9f4UbI 

    Cours donné par Denis Crouan, en entretien interactif avec Arnaud Dumouch. 

    Vidéo du site http://docteurangelique.free.fr/fichiers/InstitutDocteurAngelique.htm, les œuvres complètes en français de saint Thomas d'Aquin. 

    Denis Crouan 2022.

  • L'invasion de l'Ukraine : une quête spirituelle pour Poutine ?

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    De Giles Fraser sur UnHerd.com :

    Le destin spirituel de Poutine
    Le président religieux veut reconstruire la chrétienté.

    Giles Fraser est journaliste, radiodiffuseur et recteur de l'église St Mary's, Newington, dans le sud de Londres.

    24 février 2022

    Menacé par un soulèvement de ses généraux perfides, l'empereur chrétien Basile II, installé dans la glorieuse cité de Byzance, tendit la main à ses ennemis, les païens du pays de la Rus. Basile II était un habile négociateur. Si Vladimir de la Rus l'aidait à mettre fin à la révolte, il lui offrait la main de sa sœur en mariage. Le statut de Vladimir change : le mariage d'un païen avec une princesse impériale est sans précédent. Mais Vladimir doit d'abord se convertir au christianisme.

    De retour à Kyev en triomphe, Vladimir convoque la ville entière sur les rives du Dniepr pour un baptême de masse. Nous sommes en 988. C'est l'acte fondateur, emblématique du christianisme orthodoxe russe. C'est à partir de cet acte que le christianisme s'est répandu et a fusionné avec l'amour des Russes pour leur patrie, créant ainsi un puissant mélange de nationalisme et de spiritualité. Dans la mythologie de 988, c'est comme si le peuple russe tout entier avait été baptisé. Vladimir est déclaré saint. Lorsque l'empire byzantin est tombé, les Russes se sont vus comme son successeur naturel. Ils étaient une "troisième Rome".

    Le communisme soviétique a essayé d'écraser tout cela, mais il a échoué. Et dans la période post-soviétique, des milliers d'églises ont été construites et reconstruites. Bien que l'Occident considère le christianisme comme quelque chose d'affaibli et en déclin, à l'Est, il est en plein essor. En 2019, le patriarche Kirill, chef de l'Église orthodoxe russe, se vantait de construire trois églises par jour. L'année dernière, ils ont ouvert une cathédrale pour les forces armées à une heure de Moscou. L'imagerie religieuse se confond avec la glorification militaire. Des médailles de guerre sont placées dans des vitraux, rappelant aux visiteurs le martyre russe. Dans une grande mosaïque, des victoires plus récentes - dont le "retour de la Crimée" en 2014 - sont célébrées. Ce n'est pas "Heureux les artisans de la paix".

    Au cœur de ce renouveau post-soviétique du christianisme se trouve un autre Vladimir. Vladimir Poutine. Beaucoup de gens ne mesurent pas à quel point l'invasion de l'Ukraine est pour lui une quête spirituelle. Le baptême de Rus est l'événement fondateur de la formation de la psyché religieuse russe, l'église orthodoxe russe y retrace ses origines. C'est pourquoi Poutine n'est pas tellement intéressé par quelques districts à tendance russe à l'est de l'Ukraine. Son objectif, terrifiant, est Kyev elle-même.

    Il est né à Leningrad - une ville qui a repris le nom de son saint d'origine - d'une mère chrétienne fervente et d'un père athée. Sa mère l'a baptisé en secret, et il porte toujours la croix de son baptême. Depuis qu'il est devenu président, Poutine s'est présenté comme le véritable défenseur des chrétiens du monde entier, le leader de la Troisième Rome. Son bombardement incessant d'ISIS, par exemple, a été présenté comme la défense de la patrie historique du christianisme. Et il utilisera typiquement la foi comme un moyen de frapper l'Occident, comme il l'a fait dans ce discours en 2013 :

    "Nous voyons que de nombreux pays euro-atlantiques rejettent en fait leurs racines, y compris les valeurs chrétiennes qui constituent la base de la civilisation occidentale. Ils renient les principes moraux et toutes les identités traditionnelles : nationales, culturelles, religieuses et même sexuelles. Ils mettent en œuvre des politiques qui assimilent les familles nombreuses aux partenariats entre personnes de même sexe, la croyance en Dieu à la croyance en Satan."

    Poutine considère que son destin spirituel est la reconstruction de la chrétienté, basée à Moscou. Lorsque le groupe punk Pussy Riot a voulu manifester contre le président, elles ont choisi de le faire dans la cathédrale du Christ-Sauveur à Moscou, un vaste édifice blanc et or, démoli par les Soviétiques et reconstruit dans les années 90. Il s'agit d'une synthèse des aspirations nationales et spirituelles de la Russie. Ce n'est pas seulement la Russie, c'est la "Sainte Russie", à la fois projet religieux et extension de la politique étrangère russe. Parlant du baptême de masse de Vladimir, Poutine a expliqué : "Son exploit spirituel consistant à adopter l'orthodoxie a prédéterminé la base globale de la culture, de la civilisation et des valeurs humaines qui unissent les peuples de Russie, d'Ukraine et du Belarus." Il veut refaire la même chose. Et pour ce faire, il a besoin du retour de Kyev.

    "Le choix spirituel fait par saint Vladimir détermine encore largement nos affinités aujourd'hui", écrivait Poutine l'année dernière encore. "Pour reprendre les mots d'Oleg le Prophète à propos de Kyev, "qu'elle soit la mère de toutes les villes russes".

    Dans cette intensité religieuse, nous pouvons ajouter une politique ecclésiastique en colère. En 2019, la branche ukrainienne de la famille des églises orthodoxes a déclaré son indépendance de l'Église orthodoxe russe - et le chef nominal de la famille orthodoxe, Bartholomée Ier de Constantinople, l'a soutenue. Le président ukrainien, Petro Porochenko, a décrit cette déclaration comme "une grande victoire de la nation ukrainienne pieuse sur les démons de Moscou, une victoire du bien sur le mal, de la lumière sur les ténèbres".

    L'Église orthodoxe russe a furieusement rejeté cette revendication d'indépendance, déclarant que l'Ukraine appartenait irrévocablement à son "territoire canonique". Cela a entraîné une scission historique au sein de la famille orthodoxe, l'Église russe rejetant la primauté de Bartholomée et déclarant qu'elle n'était plus en communion avec le reste de la famille orthodoxe. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, a dénoncé Bartholomée comme étant un suppôt des Américains. Kirill a même affirmé que la transformation de Sainte-Sophie - à l'origine le siège mondial de l'orthodoxie - en mosquée en 2020 était "une punition de Dieu". L'Église russe a ensuite procédé à la création de ses propres diocèses dans le monde, notamment en Afrique. "Ils descendent dans la rue avec des affiches disant "Merci, Poutine ! Merci, patriarche Kirill !"", c'est ainsi que la machine de propagande de l'Église russe a décrit la situation.

    La centralité de l'Ukraine en général, et de Kyev en particulier, est telle dans l'imagination de l'Église russe qu'elle est prête à briser l'alliance séculaire de l'orthodoxie. Encore et toujours, il s'agit de l'Ukraine, le site imaginé de l'église mère de la Rus.

    Cette conformité de l'église orthodoxe russe avec l'objectif politique d'une grande Russie est honteuse. Officiellement, du moins, ils font tout un plat de l'affirmation selon laquelle ils restent en dehors de la politique. Mais cela n'a jamais été vrai. Dans l'ère post-soviétique, l'Église orthodoxe a été grassement récompensée, non seulement par un programme grandiose de construction d'églises soutenu par l'État, mais aussi par une implication dans des opérations commerciales lucratives, notamment l'importation de tabac et d'alcool pour une valeur de 4 milliards de dollars. En 2016, Krill a été photographié portant une montre Breguet de 30 000 dollars. Il a également appelé Poutine "un miracle de Dieu". Lorsque Kirill dit "le Seigneur pourvoira", il pourrait facilement parler de ses seigneurs et maîtres au Kremlin. Peu d'églises se sont vendues à l'État aussi complètement que l'Église orthodoxe russe.

    L'année dernière, à l'occasion de l'anniversaire du baptême de la Rus, Kirill a prêché à son peuple, l'exhortant à rester fidèle à la conversion de Vladimir et au sang des martyrs orthodoxes. Il leur a dit d'aimer "notre patrie, notre peuple, nos gouvernants et notre armée".

    L'imagination laïque occidentale ne comprend pas cela. Elle regarde le discours de Poutine l'autre soir, et le décrit comme fou - ce qui est une autre façon de dire que nous ne comprenons pas ce qui se passe. Et nous montrons à quel point nous ne comprenons pas en pensant qu'un tas de sanctions va faire une petite différence. Ce n'est pas le cas. "L'Ukraine est une partie inaliénable de notre histoire, de notre culture et de notre espace spirituel", a déclaré M. Poutine. C'est de cela qu'il s'agit, d'"espace spirituel" - une expression terrifiante ancrée dans plus de mille ans d'histoire religieuse russe.

    L'article suivant livre un son de cloche un peu différent : Pourquoi Poutine veut conquérir l'Ukraine. Et la religion n'est qu'un prétexte

  • Ukraine : le pape invite à jeûner pour la paix le 2 mars prochain (mercredi des cendres)

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    D'Anita Bourdin sur zenit.org :

    Ukraine: la « douleur » du pape qui invite à une journée de « jeûne » pour la paix

    Appel à un examen de conscience des responsables politiques

    Le pape François a exprimé sa « grande douleur » et à invité à une journée de jeûne et de prière mercredi 2 mars, lors d’un appel pour la paix en Ukraine, au terme de l’audienc egénérale du mercredi, ce 23 février 2022, dans la Salle Paul VI du Vatican.

    S’exprimant en italien, le pape a dit la « douleur » qu’il éprouvait « dans le coeur » devant « des scénarios de plus en plus alarmants »: « la paix de tous est menacée par des intérêts partisans », a-t-il déploré.

    « J’ai une grande douleur dans mon coeur pour l’aggravation de la situation en Ukraine, a dit le pape. En dépit des efforts diplomatiques de ces dernières semaines, des scénarios toujours plus alarmants s’ouvrent. Comme moi, de nombreuses personnes, dans le monde entier, éprouvent angoisse et préoccupation. Encore une fois, la paix de tous est menacée par des intérêts partisans. »

    Il a invité les responsables politiques à un « examen de conscience devant Dieu qui est le Dieu de la paix et pas de la guerre » qui « nous veut frères et pas ennemis » et il leur a demandé de « s’abstenir de tout » ce qui pourrait aggraver la situation.

    « Je voudrais en appeler à ceux qui ont des responsabilités politiques pour qu’ils fassent un examen de conscience sérieux devant Dieu, qui est le Dieu de la paix et non de la guerre, a insisté le pape. Qui est le Père de tous et pas seulement de quelques uns. Qui nous veut frères et pas ennemis. Je prie toutes les parties impliquées de s’abstenir de toute action qui provoquerait encore plus de souffrance des populations, en … la coexistence entre les nations et en discréditant le droit international. »

    Le pape François a aussi invité tous les catholiques à une journée de prière et de « jeûne pour la  paix » mercredi prochain, 2 mars 2022, mercredi des Cendres, jour de l’entrée en carême: « A la violence, on répond par la prière et par le jeûne. 

  • Permettre l'interruption d'une vie jusqu'à six mois de grossesse : une chose atroce selon le président colombien

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    Du site de RTL.Info :

    Le président colombien juge "atroce" la dépénalisation de l'avortement

  • Prévenir l'avortement en Europe - Conférence au Parlement européen

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    22 février 2022

    Le 16 février 2022, à l'invitation de la députée du Parlement européen Margarita de la Pisa Carrión, l'ECLJ organisait une conférence pour une politique de prévention de l'avortement en Europe.

    Retrouvez dans cette vidéo toutes les interventions en français :

    0:00 Mme Margarita de la Pisa Carrión, Groupe ECR (sous-titres)
    5:24 Aliette Espieux, Porte-parole de la Marche pour la vie (Introduction)
    11:26 Professeur Maria Solano, One of us
    22:00 Dr Rebecca Oas, C-Fam
    34:42 Louis-Marie Bonneau, ECLJ
    42:30 Dr Grégor Puppinck, ECLJ
    51:43 Aliette Espieux, Porte-parole de la Marche pour la vie (Conclusion)

    Dans son discours inaugural en tant que président du Conseil de l'Union européenne en janvier, Emmanuel Macron a demandé à ce que le droit à l'avortement soit inscrit dans la Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne. L'avortement, selon les mots de la personnalité européenne Simone Veil, "est toujours une tragédie et restera toujours une tragédie."

    En réalité, l'avortement est une tragédie et en aucun cas un droit humain. La promotion de l'avortement est le fruit d'un travail militant et idéologique qui ne représente en rien une réelle attente de la société civile. Des groupes de pression financés par de grandes fondations extra-européennes développent un discours qui se construit ex nihilo et qui instrumentalise les institutions (CEDH/ONU).

    Pendant ce temps, l'Europe est confrontée à un défi démographique critique. Au lieu de promouvoir l'avortement, les États devraient encourager la maternité et soutenir les femmes et les familles. Dans cette conférence, nous exposerons les mérites d'une politique de prévention de l'avortement.

    Appel à une politique de prévention de l’avortement
    Lire le texte complet de la pétition

    25,502 SIGNATURES