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  • Au Soudan du Sud : des conflits persistants et une situation humanitaire désastreuse

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    D'Elisa Gestri sur la NBQ :

    Soudan du Sud : conflits persistants et situation humanitaire désastreuse

    La fin de la guerre civile en 2018 n'a pas apporté la paix à ce pays, indépendant depuis 2011, extrêmement pauvre et confronté à une situation sanitaire désastreuse, aggravée par les récentes inondations du Nil. À cette situation s'ajoutent la menace du fondamentalisme islamique et les rumeurs selon lesquelles Israël envisage d'expulser des Palestiniens de Gaza. L'évêque de Bentiu s'exprime.

    26_08_2025

    Conflits incessants, famines, épidémies, inondations : le Soudan du Sud traverse une situation humanitaire désastreuse, aggravée par l’instabilité politique. De plus, des rumeurs circulent selon lesquelles le gouvernement israélien ciblerait ce pays dévasté pour expulser les Palestiniens de Gaza.

    Les espoirs suscités par la décision d’indépendance, décidée lors du référendum du 9 juillet 2011, après deux guerres civiles entre le nord à majorité musulmane et le sud à majorité chrétienne, étaient bien différents. Après seulement deux ans d’indépendance, une guerre civile à caractère ethnique a éclaté, qui s’est officiellement conclue par un accord de paix en 2018, après des centaines de milliers de victimes et environ 4 millions de déplacés.

    Le pays souffre actuellement d’instabilité politique, d’une grave crise humanitaire – due à la présence massive de réfugiés soudanais – et d’une crise écologique, provoquée par les récentes crues du Nil.   La Nuova Bussola Quotidiana en parle avec Monseigneur Christian Carlassare, prêtre combonien et évêque du nouveau diocèse de Bentiu depuis juillet 2024, qui s'est exprimé lors du Meeting de Rimini.

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  • "Le manque de prêtres en France, dans le monde, est un grand malheur !" (Léon XIV aux servants d'autel)

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    PÈLERINAGE NATIONAL DES SERVANTS D’AUTEL

    DISCOURS DE SA SAINTETÉ LE PAPE LÉON XIV

    Salle Clémentine
    Lundi 25 août 2025

    Au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit. La paix soit avec vous !

    Chers Servants d’Autel, venus de toute la France, Bonjour !

    Je vous souhaite la bienvenue à Rome, et je suis très heureux de vous rencontrer, avec tous vos accompagnateurs : laïcs, prêtres, évêques que je salue chaleureusement.

    Vous savez que cette année est particulière : c’est une “Année sainte” – qui n’a lieu que tous les 25 ans – au cours de laquelle le Seigneur Jésus nous offre une occasion exceptionnelle. En venant à Rome et en franchissant la Porte Sainte, Il nous aide à nous “convertir”, c’est à dire à nous tourner vers Lui, à grandir dans la foi et dans son amour, pour devenir de meilleurs disciples afin que notre vie soit belle et bonne sous son regard, en vue de la vie éternelle. C’est donc un grand cadeau du Ciel que vous soyez ici cette année ! Je vous invite à le saisir en vivant intensément les activités qui vous sont proposées, mais surtout en prenant le temps de parler à Jésus dans le secret du cœur et de l’aimer de plus en plus. Il n’a pour seul désir que de faire partie de votre vie pour l’illuminer de l’intérieur, devenir votre meilleur ami, le plus fidèle. La vie devient belle et heureuse avec Jésus. Mais Il attend votre réponse. Il frappe à la porte et Il attend pour entrer : « Je me tiens à la porte et je frappe; si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui pour souper, moi près de lui et lui près de moi » (Ap 3, 20). Être “près” de Jésus, Lui le Fils de Dieu, entrer dans son amitié ! : quel destin inespéré ! Quel bonheur ! Quelle consolation ! Quelle espérance pour l’avenir !

    L’espérance est justement le thème de cette Année Sainte. Peut-être percevez-vous à quel point nous avons besoin d’espérer. Vous entendez certainement que le monde va mal, confronté à des défis de plus en plus graves et inquiétants. Il se peut que vous soyez touchés, vous-mêmes ou dans votre entourage, par la souffrance, la maladie ou le handicap, l’échec, la perte d’un être cher ; et, face à l’épreuve, votre cœur est dans la tristesse et dans l’angoisse. Qui viendra à notre secours ? Qui aura pitié de nous ? Qui viendra nous sauver ?... Non seulement de nos peines, de nos limites et de nos fautes, mais aussi de la mort elle-même ?

    La réponse est parfaitement claire et retentit dans l’Histoire depuis 2000 ans : Jésus seul vient nous sauver, et personne d’autre : parce que seul Il en a le pouvoir – Il est Dieu-tout-puissant en personne –, et parce qu’Il nous aime. Saint Pierre l’a dit avec force : « Il n’y a pas sous le ciel d’autre nom donné aux hommes par lequel nous puissions être sauvés » (Ac 4, 12). N’oubliez jamais cette parole, chers amis, gravez-la dans votre cœur ; et mettez Jésus au centre de votre vie. Je vous souhaite de repartir de Rome plus proches de Lui, plus que jamais décidés à L’aimer et à Le suivre, et ainsi mieux armés d’espérance pour parcourir la vie qui s’ouvre devant vous. Cette espérance sera toujours dans les moments difficiles de doute, de découragement et de tempête, comme une ancre solide, jetée vers le ciel (cf. He 6, 19), qui vous permettra de continuer la route.

    Il y a une preuve certaine que Jésus nous aime et nous sauve : Il a donné sa vie pour nous en l’offrant sur la croix. En effet, il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime (cf. Jn 15, 13). Et voilà la chose la plus merveilleuse de notre foi catholique, une chose que personne n’aurait pu imaginer ni espérer : Dieu, le créateur du ciel et de la terre, a voulu souffrir et mourir pour les créatures que nous sommes. Dieu nous a aimés à en mourir ! Pour le réaliser, Il est descendu du ciel, Il s’est abaissé jusqu’à nous en se faisant homme, et Il s’est offert sur la croix en sacrifice, l’évènement le plus important de l’histoire du monde. Qu’avons-nous à craindre d’un tel Dieu qui nous a aimés à ce point ? Que pouvions-nous espérer de plus ? Qu’attendons-nous pour l’aimer en retour comme il le mérite ? Glorieusement ressuscité, Jésus est vivant auprès du Père, il prend désormais soin de nous et nous communique sa vie impérissable.

    Et l’Église, de génération en génération, garde soigneusement mémoire de la mort et de la résurrection du Seigneur dont elle est témoin, comme son trésor le plus précieux. Elle la garde et la transmet en célébrant l’Eucharistie que vous avez la joie et l’honneur de servir. L’Eucharistie est le Trésor de l’Église, le Trésor des Trésors. Dès le premier jour de son existence, et ensuite pendant des siècles, l’Église a célébré la Messe, de dimanche en dimanche, pour se souvenir de ce que son Seigneur a fait pour elle. Entre les mains du prêtre et à ses paroles, “ceci est mon Corps, ceci est mon Sang”, Jésus donne encore sa vie sur l’Autel, Il verse encore son Sang pour nous aujourd’hui. Chers Servants d’Autel, la célébration de la Messe, nous sauve aujourd’hui ! Elle sauve le monde aujourd’hui ! Elle est l’événement le plus important de la vie du chrétien et de la vie de l’Église, car elle est le rendez-vous où Dieu se donne à nous par amour, encore et encore. Le chrétien ne va pas à la Messe par devoir, mais parce qu’il en a besoin, absolument !; le besoin de la vie de Dieu qui se donne sans retour !

    Chers amis, je vous remercie de votre engagement : il est un très grand et généreux service que vous rendez à votre paroisse, et je vous encourage à persévérer fidèlement. Lorsque vous approchez de l’Autel, ayez toujours à l’esprit la grandeur et la sainteté de ce qui est célébré. La Messe est un moment de fête et de joie. Comment, en effet, ne pas avoir le cœur dans la joie en présence de Jésus ? Mais la Messe est, en même temps, un moment sérieux, solennel, empreint de gravité. Puissent votre attitude, votre silence, la dignité de votre service, la beauté liturgique, l’ordre et la majesté des gestes, faire entrer les fidèles dans la grandeur sacrée du Mystère.

    Je forme aussi le vœu que vous soyez attentifs à l’appel que Jésus pourrait vous adresser à le suivre de plus près dans le sacerdoce. Je m’adresse à vos consciences de jeunes, enthousiastes et généreux, et je vais vous dire une chose que vous devez entendre, même si elle doit vous inquiéter un peu : le manque de prêtres en France, dans le monde, est un grand malheur ! Un malheur pour l’Église. Puissiez-vous, peu à peu, de dimanche en dimanche, découvrir la beauté, le bonheur et la nécessité d’une telle vocation. Quelle vie merveilleuse que celle du prêtre qui, au cœur de chacune de ses journées, rencontre Jésus d’une manière tellement exceptionnelle et le donne au monde !

    Chers Servants d’Autel, je vous remercie encore de votre visite. Votre nombre et la foi qui vous habite sont un grand réconfort, un signe d’espérance. Persévérez courageusement, et témoignez autour de vous de la fierté et de la joie que vous donne de servir la Messe.

    Je vous donne de grand cœur, ainsi qu’à vos accompagnateurs, vos prêtres et vos familles, la Bénédiction Apostolique.

    Merci!

  • Repenser l'appel du pape Jean-Paul II à un « nouveau féminisme »

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    De sur le CWR :

    Repenser l'appel du pape Jean-Paul II à un « nouveau féminisme »

    La recherche d’une réponse à la question « À quoi ressemblerait un féminisme catholique ? » se poursuit encore aujourd’hui.

    Le pape Jean-Paul II embrasse une jeune femme lors de la messe de clôture des Journées mondiales de la jeunesse à Denver en 1993. (Photo CNS/Joe Rimkus Jr.)

    En transformant la culture pour qu'elle soutienne la vie, les femmes occupent une place, dans la pensée et l'action, unique et décisive. Il leur appartient de promouvoir un « nouveau féminisme » qui rejette la tentation d'imiter les modèles de « domination masculine », afin de reconnaître et d'affirmer le véritable génie des femmes dans tous les aspects de la vie en société, et de surmonter toute discrimination, violence et exploitation. — Saint Jean-Paul II,  Evangelium Vitae,  99

    La célèbre déclaration du pape Jean-Paul II dans son encyclique Evangelium Vitae de 1995,  selon laquelle il incombait aux femmes de « promouvoir un “nouveau féminisme” », a été accueillie avec surprise dans certains cercles, et avec enthousiasme dans d’autres. 1  Nombre d’entre nous connaissions déjà son enseignement sur les femmes, ayant lu sa lettre apostolique de 1988,  Mulieris Dignitatem. 2  Le « génie féminin » était devenu un mot presque familier. Et ce message aux femmes n’aurait pas pu arriver à un moment plus opportun dans l’histoire du mouvement féministe.

    Au moment de la promulgation de l'encyclique, la deuxième vague du féminisme était en pleine progression, réalisant de réelles avancées dans la culture, l'économie et le système juridique. 3 S'appuyant sur les avancées des années 1980, les femmes ont largement choisi des identités hors du foyer, poursuivant des études supérieures et entrant sur le marché du travail en nombre sans précédent. Le plus révélateur est peut-être que ce phénomène particulier a trouvé un appui juridique. La Cour suprême avait refusé d'annuler l'arrêt Roe v. Wade dans son arrêt historique de 1992, Planned Parenthood v. Casey, en partie parce que, comme l'indiquait clairement cet arrêt, « la capacité des femmes à participer sur un pied d'égalité à la vie économique et sociale de la nation » dépendait de l'accès à l'avortement. 4 Bien qu'au début du deuxième millénaire, les femmes se soient rendu compte que les efforts des féministes se retournaient contre elles, les années 1990 ont incontestablement été la décennie du « girl power ». 5

    Le féminisme et la définition des conditions appropriées

    Dans ce contexte, la référence singulière de Jean-Paul II à la nécessité d'un « nouveau féminisme » a sonné l'urgence pour celles qui l'écoutaient. Et elle semblait limpide, un signal d'alarme sans équivoque pour les femmes catholiques. Personne ne viendrait nous sauver. Ce sont les femmes elles-mêmes qui devraient mener la contre-offensive. On sentait qu'une nouvelle ère allait commencer. Et de nombreuses femmes se sont lancées dans cette initiative avec vigueur et détermination, animées par un désir sincère de répondre à une question qui semblait évidente : de quel « féminisme » parlait-il ? À quoi ressemblerait un  féminisme catholique  ?

    La quête d'une réponse à cette question se poursuit encore aujourd'hui. La voie à suivre pour le féminisme demeure un sujet de vive controverse, tant dans la culture laïque que dans les cercles catholiques, 6  même si de nombreux jeunes s'en distancient totalement.7 De fait, un débat houleux a éclaté parmi les érudits catholiques convaincus quant à l'existence – ou à la nécessité – d'une telle notion. D'autres soutiennent qu'il existe des raisons stratégiques légitimes d'examiner la place de la femme dans le monde sous la bannière du « féminisme ». Ceux qui s'y consacrent affirment qu'il est nécessaire de persuader les jeunes femmes que seule la conception catholique du « féminisme » est la véritable voie vers la liberté. Mais tous poursuivent une quête sincère pour trouver la réponse appropriée à l'appel du pape Jean-Paul II, en s'engageant à « suivre le pape ». Nous pouvons certainement présumer que leur cause est juste, même si nous proposons de la recadrer. Certes, en tant que catholiques, nous restons ouverts à la possibilité de l'option « à la fois/et ». Mais ce débat n'est pas notre sujet ici. La proposition proposée dans cet essai a un point de départ entièrement différent.

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  • Ce que nous ont appris les cent premiers jours de Léon XIV à la tête de l’Église

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    D'Andrea Gagliarducci sur Monday Vatican :

    Léon XIV, les premiers traits visibles

    Lorsqu'un pape est élu, chacun attend les premières décisions de gouvernement. On dit généralement que les cent premiers jours sont ceux qui définiront l'ensemble du pontificat, comme on le dit souvent des dirigeants élus. Les cent premiers jours de Léon XIV, cependant, n'ont pas été marqués par des décisions de gouvernement majeures. Le calme a régné et caractérisé les cent premiers jours de Léon, contrastant fortement avec les premiers jours du pontificat de François. Le règne de Léon, cependant, ne sera pas un règne en concurrence avec celui du pape François, ni directement ni explicitement.

    Cela est déjà évident. D'autres caractéristiques sont également visibles.

    La première caractéristique est la collégialité. Léon XIV est un frère, au sens le plus pur du terme. Il était prieur général de sa congrégation, les Augustins. Il se sentait également frère lorsqu'il était évêque missionnaire, cardinal et préfet du Dicastère des évêques. On raconte qu'il allait manger à la Curie généralice des Augustins dès qu'il le pouvait et qu'il rendait régulièrement visite à ses frères augustins.

    Cette collégialité sera intégrée à l'exercice de la papauté. La nouvelle est que Léon XIV ne vivra pas seul au Palais apostolique, mais aura des « colocataires ». Ce n'est pas une nouveauté absolue. Benoît XVI avait également sa propre « famille pontificale », composée des Memores Domini, quatre laïques consacrées de Communion et Libération qui vécurent plus tard avec lui au monastère Mater Ecclesiae, après son abdication.

    Jean-Paul II n'avait jamais de maison vide non plus. Il organisait des petits-déjeuners, des déjeuners et des dîners, et s'entourait toujours de gens, sollicitant leur avis.

    Bref, on n'entre pas seul au Palais Apostolique .

    Et ce n'est pas un hasard si le pape François – jésuite, mais ayant passé la majeure partie de sa vie hors de la communauté jésuite – a décidé de ne pas résider au Palais apostolique pour des « raisons psychiatriques », comme il l'a lui-même déclaré. Il n'avait tout simplement pas de « famille », il a même changé plusieurs fois de secrétaires, et il se serait retrouvé seul au Palais apostolique, avec peu de contacts avec le monde extérieur et sans amis de confiance pour lui servir de caisse de résonance (ou de filtre). Le pape François était sa propre caisse de résonance, son propre filtre.

    Ainsi, le pape Léon XIV formera une mini-communauté de frères au Palais apostolique, un groupe de personnes de confiance. Certains craignent que le pape ne soit influencé de cette manière . En réalité, chacun est influencé par les personnes en qui il a confiance. Mais bâtir une communauté, un sentiment de stabilité et un dialogue constant est aussi un bon moyen de garder la maîtrise de soi. La communauté aide le pape à se protéger de l'impulsivité du moment. La collégialité l'aide à peser ses décisions. Léon XIV semble déterminé à choisir cette voie.

    La deuxième caractéristique est de tout centrer sur l'Évangile et l'annonce de la Parole . Léon XIV connaissait bien le monde latino-américain, y ayant séjourné d'abord comme missionnaire, puis comme évêque. Mais, en même temps, il se montrait également conscient des périls du monde latino-américain. Là où le pape François lançait des expériences, Léon XIV les définissait, cherchant à éviter des conséquences contraires à la foi catholique .

    Deux exemples illustrent ce point. Le plus récent est le télégramme, signé par le cardinal Parolin au nom du pape, envoyé à la réunion des évêques d'Amazonie, tenue à Bogotá du 17 au 20 août . Ce télégramme contient un détail qui n'est pas passé inaperçu. Le pape appelle à placer Jésus-Christ au centre, car ainsi les injustices sont inversées, et définit ensuite comme « non moins évident » le droit et le devoir de prendre soin de notre maison commune, « afin que personne ne détruise de manière irresponsable les biens naturels qui témoignent de la bonté et de la beauté du Créateur ».

    Mais, ajoute le Pape – citant, avec une touche particulière de classe, saint Ignace de Loyola – l’homme ne doit pas se soumettre aux biens naturels comme un « esclave ou un adorateur de la nature, puisque ces choses nous sont données pour atteindre notre but de louer Dieu et d’obtenir ainsi le salut des âmes ».

    Au début du Synode spécial pour la région panamazonienne, le 4 octobre 2019, le pape François a assisté à une cérémonie de plantation d'arbres autochtones dans les jardins du Vatican . Cette cérémonie est allée trop loin, à tel point que le pape François lui-même a manifesté son malaise et est parti aussi vite que possible. C'est le risque lorsqu'on lance des processus : on est alors incapable de les contrôler. De là est née la controverse autour de la Pachamama, alimentée par le fait que le pape François souhaitait sincèrement mettre en avant et valoriser les cultures autochtones.

    Léon XIV a opté pour une approche différente, qui consistait à définir les problèmes dès le départ, mais il s'agissait d'un acte de discontinuité avec les méthodes du pape François, et non avec les thèmes.

    On peut dire que cela le rend plus significatif qu’une répudiation directe ou explicite des thèmes franciscains.

    La deuxième indication se trouve dans le message du Pape à la 40e Assemblée ordinaire du Conseil des Conférences épiscopales latino-américaines, qui s'est tenue du 26 au 30 mai . « Dans la situation historique actuelle, écrit le Pape, où un grand nombre d'hommes et de femmes souffrent des tribulations et de la pauvreté causées par les crises persistantes à l'échelle continentale et mondiale, nous devons de toute urgence nous rappeler que c'est le Ressuscité, présent parmi nous, qui protège et guide l'Église, la ravivant dans l'espérance. »

    Léon XIV n'a ni renié la vision sociale du pape François ni sa théologie du peuple. Il a cependant souligné la centralité de Jésus-Christ , thème central des débats sur la théologie de la libération ou les mouvements sociaux catholiques en Amérique latine. Le risque est toujours que les problèmes sociaux deviennent prépondérants et que Dieu soit alors oublié.

    Léon XIV se révèle ainsi un pape de la discontinuité dans la continuité. Il recherche une harmonisation qui ne rompt pas avec le pontificat précédent, mais qui apporte en même temps clarté et orientation .

    C’est là qu’intervient la troisième caractéristique : l’institutionnalité.

    En tant qu'ancien prieur d'une congrégation religieuse, Léon XIV sait que la gouvernance ne peut se faire par la perturbation. Jusqu'à présent, il n'a pas créé de divisions majeures au sein de la Curie – il a même salué son travail – et il est peu probable qu'il provoque des bouleversements comparables à ceux observés sous le règne de son prédécesseur. Pour Léon XIV, l'institution prime toujours.
    C'est pourquoi le pape a commencé à aborder les exceptions – par exemple, en incluant le Comité pour la Journée mondiale de l'enfance au sein du Dicastère pour les laïcs, la famille et la vie – sans toutefois provoquer de perturbations ni de perturbations.

    Il ne faut pas s'attendre à ce que le pape révolutionne la Curie, modifie la constitution apostolique souhaitée par le pape François ou renverse brutalement certaines décisions . Il absorbera certaines décisions et en prendra d'autres, toujours en quête d'équilibre.

    La quatrième caractéristique est celle qu'il partage non seulement avec François, mais avec tous les papes. Léon XIV veut aller là où Dieu est nécessaire. Une série d'étapes est prévue autour du voyage à Nicée pour le 1700e anniversaire du premier concile œcuménique, ce qui en dit long sur le message que le pape souhaite transmettre. L'étape précédente pourrait être en Algérie, sur les traces de saint Augustin, car c'est de là que Léon XIV souhaite symboliquement partir, soulignant son inspiration.

    Après Nicée, la prochaine étape pourrait être le Liban – le cardinal Bechara Rai s'est dit ouvert à cette possibilité –, lors d'un voyage que le pape François souhaitait effectuer il y a trois ans. Mais le Liban est un symbole du Moyen-Orient divisé, un signe que des hommes de religions différentes peuvent aussi œuvrer ensemble pour le bien commun.

    En bref, le pontificat de Léon XIV est un pontificat missionnaire et institutionnel , tourné vers les périphéries, sans pour autant quitter le centre, qui est le Christ. Léon prendra son temps pour prendre ses décisions. Son pontificat sera traditionnel, par certains aspects.

    C’est ce que nous ont appris les cent premiers jours de Léon XIV à la tête de l’Église.

  • La critique du « modernisme » par saint Pie X reste d'actualité, selon un spécialiste

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    De

    La critique du « modernisme » par saint Pie X reste d'actualité, selon un spécialiste

    Le modernisme, explique Pie X, est essentiellement une forme d’agnosticisme au sein de l’Église.

    Saint Pie X
    Saint Pie X (photo : domaine public, via Wikimedia Commons)

    L'Église catholique a célébré la fête de saint Pie X le 21 août, un pape influent du tournant du XXe siècle dont les avertissements sur l'hérésie du « modernisme » contribuent à mettre en lumière la détérioration de la foi en Occident aujourd'hui et le mépris de l'enseignement de l'Église, selon un érudit catholique.

    Pie X, qui régna comme pape de 1903 à 1914 après la mort du pape Léon XIII , prit la tête de l'Église au lendemain de l'époque des Lumières, qui avait stimulé les mouvements rationalistes et libéraux dans toute l'Europe et les Amériques.

    Plusieurs prédécesseurs de Pie X ont combattu certaines philosophies des Lumières, qui apparaissaient comme une menace essentiellement extérieure pour l'Église. Parmi eux, le pape Grégoire XVI, qui réprimandait le libéralisme dans les années 1830 – qu'il considérait comme une promotion de l'indifférentisme religieux et de la laïcité – et le bienheureux Pie IX, qui condamnait les tendances au naturalisme et au rationalisme absolu , qui cherchaient des réponses aux questions philosophiques en l'absence de révélation divine.

    Pie X suivit leurs traces en combattant l'hérésie du « modernisme » dans son encyclique Pascendi Dominici Gregis de 1907. Cette hérésie, enseignait-il, était la pénétration de la « fausse philosophie » au sein des laïcs et du clergé catholiques, y compris au sein du système universitaire catholique et des séminaires, menaçant les fondements mêmes de la foi.

    « Le danger est présent presque jusque dans les veines et le cœur même de l'Église, dont le préjudice est d'autant plus certain qu'ils la connaissent mieux », écrivait Pie X. « De plus, ils ne portent pas la hache sur les branches et les rejetons, mais sur la racine même, c'est-à-dire sur la foi et ses feux les plus profonds. »

    Le modernisme, expliquait Pie X, est essentiellement une forme d'agnosticisme au sein de l'Église, qui considère le raisonnement humain comme limité aux « choses perceptibles par les sens ». Fondés sur l'agnosticisme, les modernistes considèrent la raison humaine comme « incapable de s'élever jusqu'à Dieu et de reconnaître son existence, même au moyen des choses visibles ».

    « On en déduit que Dieu ne peut jamais être l’objet direct de la science et que, en ce qui concerne l’histoire, il ne doit pas être considéré comme un sujet historique », a écrit le Saint-Père.

    Parce que les modernistes soutiennent que Dieu ne peut être compris par la raison, explique Pie X, l'hérésie réduit la relation avec Dieu à une « expérience individuelle ». La croyance en Dieu, croient-ils, est enracinée dans « une sorte d'intuition du cœur, qui met l'homme en contact immédiat avec la réalité même de Dieu ».

    Pie X a poursuivi en affirmant que cette position pouvait servir à justifier n'importe quelle religion. Il a écrit : « Les modernistes ne nient pas, mais admettent, certains confusément, d'autres de la manière la plus ouverte, que toutes les religions sont vraies. »

    Pie X appelait le modernisme « la synthèse de toutes les hérésies » car lorsque l’on applique ce fondement à toutes les facettes de la foi — comme la divinité du Christ, les miracles, la tradition et l’Écriture elle-même — les modernistes promeuvent une compréhension en constante évolution du dogme « qui ruine et détruit toute religion ».

    « [Les modernistes croient] que le dogme est non seulement capable, mais doit évoluer et être modifié », a expliqué le Saint-Père. « Cela est affirmé avec force par les modernistes et découle clairement de leurs principes. »

    Ron Bolster, doyen de la faculté de philosophie et de théologie de l’Université franciscaine, a déclaré à CNA que l’inquiétude suscitée par le modernisme est principalement liée à sa croyance selon laquelle « on ne peut pas connaître les choses de Dieu » et que « tout ce que nous pouvons faire est de nous tourner vers notre expérience religieuse intérieure ».

    « Si vous avez une personne religieuse convaincue par un moderniste qu'elle ne peut pas vraiment connaître ces choses, cela conduit à une sorte de désespoir », a-t-il déclaré.

    « Quand les gens sont convaincus par cela ou trop paresseux pour y réfléchir, ils abandonnent la pratique de la foi et n’ont plus accès aux moyens de salut que Dieu a mis à leur disposition », a averti Bolster.

    L'impact du modernisme sur la société moderne

    Bolster a déclaré qu'il croyait qu'il y avait « un lien très clair » entre les avertissements de Pie X contre le modernisme dans l'Église et le déclin ultérieur de la religiosité dans le monde occidental, ainsi que le grand nombre de catholiques ouvertement en désaccord avec l'enseignement de l'Église.

    Une enquête du Pew Research Center de janvier 2024 a révélé que la catégorie religieuse la plus importante aux États-Unis est celle des « sans religion », c'est-à-dire sans religion particulière. Ces personnes représentent environ 28 % de la population américaine, mais seulement 17 % d'entre elles se déclarent athées. La majorité (63 %) se déclare « sans religion particulière », les 20 % restants étant agnostiques.

    L'impact du modernisme sur le catholicisme lui-même est également évident. Une enquête Pew réalisée en 2025 a révélé que seulement deux tiers environ des catholiques sont convaincus de l'existence de Dieu. Environ 86 % croient au paradis, mais seulement 69 % croient à l'enfer. Une majorité de catholiques soutient l'avortement légal et le mariage civil homosexuel.

    Un sondage EWTN/RealClear de 2024 a révélé qu'environ 52 % des catholiques croient en la présence réelle du Christ dans l'Eucharistie, tandis que 32 % n'y croient pas et 16 % sont indécis. Parmi les catholiques, la question de la contraception semble être la plus contestée : un sondage de 2024 a montré que 90 % ont utilisé des préservatifs et 60 % des contraceptifs hormonaux.

    Bolster a déclaré que la dissidence catholique sur la contraception, survenue environ 60 ans après la publication de l'encyclique par Pie X, « était la première fois qu'il y avait une sorte de dissidence publique créant un précédent contre l'enseignement de l'Église ».

    « C’est là que s’est produit le véritable tournant, où l’on voit pour la première fois [un grand nombre de catholiques] s’opposer publiquement à… l’enseignement de l’Église », a-t-il déclaré.

    Bolster a noté que « remettre en question l’enseignement de l’Église parce que nous croyons que nous ne pouvons pas connaître la vérité » est un symptôme majeur des tendances modernistes.

    Suivre l'enseignement de l'Église

    En parlant des avertissements de Pie X sur le modernisme, Bolster a déclaré que « le langage de ce document est étonnamment fort » et que le pape « ne mâche pas ses mots, que la menace est réelle et que les solutions sont lourdes ».

    À l'époque de l'encyclique, Pie X a appelé à l'éviction des ecclésiastiques qui promeuvent le modernisme et à la censure de la promotion de ces croyances, ainsi qu'à la création de comités de surveillance diocésains pour trouver les promoteurs de l'hérésie.

    Pie X a également appelé à une résurgence de l'enseignement de la philosophie scolastique, pour laquelle, selon lui, les modernistes ne peuvent que « ridiculiser et mépriser ». De nombreux scolastiques, comme saint Thomas d'Aquin , enseignaient que l'on peut apprendre à connaître et à comprendre Dieu par la raison.

    L’encyclique note également que le Concile Vatican I anathématise quiconque affirme que Dieu « ne peut être connu avec certitude par la lumière naturelle de la raison humaine au moyen des choses qui sont faites ».

    Bolster a noté que Thomas d’Aquin et d’autres scolastiques soulignent que les païens grecs comme Aristote et Platon « ont raisonné sur l’existence de Dieu » et ont compris certaines vérités limitées sur Dieu qu’ils pouvaient recueillir sans révélation spécifique.

    « Nous pouvons savoir par la raison naturelle que Dieu existe, qu’il contient toutes les perfections, qu’il est tout-puissant et qu’il est illimité », a déclaré Bolster.

    Malgré l'impact du modernisme sur la société, Bolster a déclaré que les catholiques devaient « rester positifs ». Il a ajouté que la disponibilité du Catéchisme de l'Église catholique et des « supports pédagogiques disponibles aujourd'hui pour enseigner la foi… sont des raisons d'espérer et de rendre hommage aux évêques ».

    « Nous devons revenir en arrière et redoubler d’efforts pour respecter les enseignements de l’Église. »

  • Saint Louis, roi de France (25 août)

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    De KTO TV (archive 2014) :

    Le 25 avril 1214 : la naissance de saint Louis - BELGICATHO
     
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    25 avr. 2014 - Le « siècle de Saint Louis » , c'était il y a 800 ans sur Herodote.net : ...

    Saint Louis IX, roi de France (25 août) - BELGICATHO 

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    25 août 2014 - Les enseignements de saint Louis (1214-1270) à son fils ( source ) Cher fils, je t'enseigne premièrement que tu aimes Dieu de tout ton...
     
     
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    25 août 2011 - Il y a une quinzaine d'années, Jacques Le Goff a publié une biographie magistrale de saint Louis qui a été saluée par les spécialistes comme ...

  • Les enseignements de Saint Louis IX, roi de France (25 août)

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    Les enseignements de saint Louis (1214-1270) à son fils (source)

    Cher fils, je t'enseigne premièrement que tu aimes Dieu de tout ton cœur et de tout ton pouvoir, car sans cela personne ne peut rien valoir.

    Tu dois te garder de toutes choses que tu penseras devoir lui déplaire et qui sont en ton pouvoir, et spécialement tu dois avoir cette volonté que tu ne fasses un péché mortel pour nulle chose qui puisse arriver, et qu'avant de faire un péché mortel avec connaissance, que tu souffrirais que l'on te coupât les jambes et les bras et que l'on t'enlèvât la vie par le plus cruel martyre.

    Si Notre Seigneur t'envoie persécution, maladie ou autre souffrance, tu dois la supporter débonnairement, et tu dois l'en remercier et lui savoir bon gré, car il faut comprendre qu'il l'a fait pour ton bien. De plus, tu dois penser que tu as mérité ceci (et encore plus s'il le voulait) parce que tu l'as peu aimé et peu servi, et parce que tu as fait beaucoup de choses contre sa volonté.

    Si Notre Seigneur t'envoie prospérité, santé du corps ou autre chose, tu dois l'en remercier humblement, et puis prendre garde qu'à cause de cela il ne t'arrive pas de malheur causé par orgueil ou par une autre faute, car c'est un très grand péché de guerroyer Notre Seigneur de ses dons.

    Cher fils, je t'enseigne que tu entendes volontiers le service de la sainte Église, et quand tu seras à l'église, garde-toi de perdre ton temps et de parler vaines paroles. Dis tes oraisons avec recueillement ou par bouche ou de pensée, et spécialement sois plus recueilli et plus attentif à l'oraison pendant que le corps de Notre Seigneur jésus Christ sera présent à la messe, et puis aussi pendant un petit moment avant.

    Cher fils, je t'enseigne que tu aies le cour compatissant envers les pauvres et envers tous ceux que tu considéreras comme souffrants ou de cour ou de corps ; et selon ton pouvoir soulage-les volontiers ou de soutien moral ou d'aumônes.

    Prends garde que tu sois si bon en toutes choses qu'il soit évident tu reconnaisses les générosités et les honneurs que Notre Seigneur t'a faits de sorte que, s'il plaisait à Notre Seigneur que tu aies l'honneur de gouverner le royaume, tu sois digne de recevoir l'onction avec laquelle les rois de France sont sacrés.

    Cher fils, s'il advient que tu deviennes roi, prends soin d'avoir les qualités qui appartiennent aux rois, c'est-à-dire que tu sois si juste que, quoi qu'il arrive, tu ne t'écartes de la justice. Et s'il advient qu'il y ait querelle entre un pauvre et un riche, soutiens de préférence le pauvre contre le riche jusqu'à ce que tu saches la vérité, et quand tu la connaîtras, fais justice.

    Sois bien diligent de protéger dans tes domaines toutes sortes de gens, surtout les gens de sainte Église ; défends qu'on ne leur fasse tort ni violence en leurs personnes ou en leurs biens.

    Cher fils, je t'enseigne que tu sois toujours dévoué à l'Église de Rome et à notre saint-père le Pape, et lui portes respect et honneur comme tu le dois à ton père spirituel.

    Mets grande peine à ce que les péchés soient supprimés en ta terre, c'est-à-dire les vilains serments et toute chose qui se fait ou se dit contre Dieu ou Notre-Dame ou les saints : péchés de corps, jeux de dés, tavernes ou autres péchés. Fais abattre tout ceci en ta terre sagement et en bonne manière.

    Cher fils, je te donne toute la bénédiction qu'un père peut et doit donner à son fils, et je prie Notre Seigneur Dieu Jésus-Christ que, par grande miséricorde et par les prières et par les mérites de sa bienheureuse Mère, la Vierge Marie, et des anges et et des archanges, de tous les saints et de toutes les saintes, il te garde et te défende que tu ne fasses chose qui soit contre sa volonté, et qu'il te donne grâce de faire sa volonté afin qu'il soit servi et honoré par toi ; et puisse-t-il accorder à toi et à moi, par sa grande générosité, qu'après cette mortelle vie nous puissions venir à lui pour la vie éternelle afin de le voir, aimer et louer sans fin. Amen.

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    Lire également : 

    Louis de France, les djihadistes du Levant et les idéologues d’Occident

  • Barthélemy : "Voici un véritable fils d'Israël, un homme qui ne sait pas mentir"

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    BENOÎT XVI

    AUDIENCE GÉNÉRALE

    Mercredi 4 octobre 2006

    Barthélemy

    Chers frères et soeurs,

    Dans la série des Apôtres appelés par Jésus au cours de sa vie terrestre, c'est aujourd'hui l'Apôtre Barthélemy qui retient notre attention. Dans les antiques listes des Douze, il est toujours placé avant Matthieu, alors que le nom de celui qui le précède varie et peut être Philippe (cf. Mt 10, 3; Mc 3, 18; Lc 6, 14) ou bien Thomas (cf. Ac 1, 13). Son nom est clairement un patronyme, car il est formulé avec une référence explicite au nom de son père. En effet, il s'agit probablement d'un nom d'origine araméenne, bar Talmay, qui signifie précisément "fils de Talmay".

    Nous ne possédons pas d'informations importantes sur Barthélemy; en effet, son nom revient toujours et seulement au sein des listes des Douze susmentionnées et ne se trouve donc au centre d'aucun récit. Cependant, il est traditionnellement identifié avec Nathanaël:  un nom qui signifie "Dieu a donné". Ce Nathanaël provenait de Cana (cf. Jn 21, 2) et il est donc possible qu'il ait été témoin du grand "signe" accompli par Jésus en ce lieu (cf. Jn 2, 1-11). L'identification des deux personnages est probablement motivée par le fait que ce Nathanaël, dans la scène de vocation rapportée par l'Evangile de Jean, est placé à côté de Philippe, c'est-à-dire à la place qu'occupe Barthélemy dans les listes des Apôtres rapportées par les autres Evangiles. Philippe avait dit à ce Nathanaël qu'il avait trouvé "Celui dont parle la loi de Moïse et les Prophètes [...] c'est Jésus fils de Joseph, de Nazareth" (Jn 1, 45). Comme nous le savons, Nathanaël lui opposa un préjugé plutôt grave:  "De Nazareth! Peut-il sortir de là quelque chose de bon?" (Jn 1, 46a). Cette sorte de contestation est, à sa façon, importante pour nous. En effet, elle nous fait voir que, selon les attentes des juifs, le Messie ne pouvait  pas  provenir  d'un village aussi obscur, comme l'était précisément Nazareth (voir également Jn 7, 42). Cependant, dans le même temps, elle met en évidence la liberté de Dieu, qui surprend nos attentes en se faisant trouver précisément là où nous ne l'attendrions pas. D'autre part, nous savons qu'en réalité, Jésus n'était pas exclusivement "de  Nazareth", mais qu'il était né à Bethléem (cf. Mt 2, 1; Lc 2, 4), et qu'en définitive, il venait du ciel, du Père qui est aux cieux.

    L'épisode de Nathanaël nous inspire une autre réflexion:  dans notre relation avec Jésus, nous ne devons pas seulement nous contenter de paroles. Philippe, dans sa réponse, adresse une invitation significative à Nathanaël:  "Viens et tu verras!" (Jn 1, 46b). Notre connaissance de Jésus a surtout besoin d'une expérience vivante:  le témoignage d'autrui est bien sûr important, car généralement, toute notre vie chrétienne commence par une annonce qui parvient jusqu'à nous à travers un ou plusieurs témoins. Mais nous devons ensuite personnellement participer à une relation intime et profonde avec Jésus; de manière analogue, les Samaritains, après avoir entendu le témoignage de leur concitoyenne que Jésus avait rencontrée près du puits de Jacob, voulurent parler directement avec Lui et, après cet entretien, dirent à la femme:  "Ce n'est plus à cause de ce que tu nous as dit que nous croyons maintenant; nous l'avons entendu par nous-mêmes, et nous savons que c'est vraiment lui le Sauveur du monde!" (Jn 4, 42).

    En revenant à la scène de vocation, l'évangéliste nous rapporte que, lorsque Jésus voit Nathanaël s'approcher, il s'exclame:  "Voici un véritable fils d'Israël, un homme qui ne sait pas mentir" (Jn 1, 47). Il s'agit d'un éloge qui rappelle le texte d'un Psaume:  "Heureux l'homme... dont l'esprit est sans fraude" (Ps 32, 2), mais qui suscite la curiosité de Nathanaël, qui réplique avec étonnement:  "Comment me connais-tu?" (Jn 1, 48a). La réponse de Jésus  n'est pas immédiatement compréhensible. Il dit:  "Avant que Philippe te parle, quand tu étais sous le figuier, je t'ai vu" (Jn 1, 48b). Nous ne savons pas ce qu'il s'est passé sous ce figuier. Il est évident qu'il s'agit d'un moment décisif dans la vie de Nathanaël. Il se sent touché au plus profond du coeur par ces paroles de Jésus, il se sent compris et comprend:  cet homme sait tout sur moi, Il sait et connaît le chemin de la vie, je peux réellement m'abandonner à cet homme. Et ainsi, il répond par une confession de foi claire et belle, en disant:  "Rabbi, c'est toi le Fils de Dieu! C'est toi le roi d'Israël!" (Jn 1, 49). Dans cette confession apparaît un premier pas important dans l'itinéraire d'adhésion à Jésus. Les paroles de Nathanaël mettent en lumière un double aspect complémentaire de l'identité de Jésus:  Il est reconnu aussi bien dans sa relation spéciale avec Dieu le Père, dont  il  est le Fils unique, que dans celle avec le peuple d'Israël, dont il est déclaré le roi, une qualification propre au Messie attendu. Nous ne devons jamais perdre de vue ni l'une ni l'autre de ces deux composantes, car si nous ne proclamons que la dimension céleste de Jésus, nous risquons d'en faire un être éthéré et évanescent, et si au contraire nous ne reconnaissons que sa situation concrète dans l'histoire, nous finissons par négliger la dimension divine qui le qualifie précisément.

    Nous ne possédons pas d'informations précises sur l'activité apostolique successive de Barthélemy-Nathanaël. Selon une information rapportée par l'historien Eusèbe au IV siècle, un certain Pantenus aurait trouvé jusqu'en Inde les signes d'une présence de Barthélemy (cf. Hist. eccl. V, 10, 3). Dans la  tradition postérieure, à partir du Moyen Age, s'imposa le récit de sa mort par écorchement, qui devint ensuite très populaire. Il suffit de penser à la très célèbre  scène du Jugement dernier dans la Chapelle Sixtine, dans laquelle Michel-Ange peignit saint Barthélemy qui tient sa propre peau dans la main gauche, sur laquelle l'artiste laissa son autoportrait. Ses reliques sont vénérées ici  à  Rome,  dans l'église qui lui est consacrée sur l'Ile Tibérine, où elles furent apportées par l'empereur allemand Otton III en l'an 983. En conclusion, nous pouvons dire que la figure de saint Barthélemy, malgré le manque d'information le concernant, demeure cependant face à nous pour nous dire que l'on peut également vivre l'adhésion à Jésus et en témoigner sans accomplir d'oeuvres sensationnelles. C'est Jésus qui est et reste extraordinaire, Lui à qui chacun de nous est appelé à consacrer sa propre vie et sa propre mort.

  • Saint Barthélemy (24 août)

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    (De "Chaque jour tu nous parles" (Orval), t. III, pp; 3332-333)

    La muraille de la cité reposait sur douze fondations portant les noms des douze Apôtres de l'Agneau (Ap 21,14)

    A la source de l'eau vive

    La gloire de tous les apôtres est tellement indissociable, elle est unie par le ciment de tant de grâces, que lorsqu'on célèbre la fête de l'un d'eux c'est la grandeur commune de tous les apôtres qui est rappelée à l'attention de notre regard intérieur. Ils se partagent en effet la même autorité de juges suprêmes, le même rang de dignité et ils possèdent le même pouvoir de lier et d'absoudre.

    Ils sont ces perles précieuses que saint Jean nous dit avoir contemplées dans l'Apocalypse et dont les portes de la Jérusalem céleste sont construites. Chaque porte, dit-il, était faite d'une seule perle (Ap 21,21). En effet, lorsque par des signes ou des miracles les apôtres rayonnent la lumière divine, ils ouvrent l'accès de la gloire céleste de Jérusalem aux peuples convertis à la foi chrétienne. Et quiconque est sauvé grâce à eux entre dans la vie, tel un voyageur franchissant une porte...

    C'est d'eux encore que le prophète dit : Qui sont ceux-là, qui volent ainsi que des nuages ? (Is 60,8). Ces nuages se condensent en eau lorsqu'ils arrosent la terre de notre coeur avec la pluie de leur enseignement pour la rendre fertile et porteuse des germes de bonnes oeuvres.

    Barthélemy (dont c'est la fête aujourd'hui) veut précisément dire en araméen : fils de celui qui porte l'eau ; fils du Dieu qui élève l'esprit de ses prédicateurs à la contemplation des vérités d'en-haut de sorte que, dans la mesure où ils se portent à tire d'aile vers la contemplation de leur Créateur, ils puissent répandre avec efficacité et en abondance la pluie de la parole de Dieu dans nos coeurs. C'est ainsi qu'ils boivent l'eau à la source pour nous la donner à boire à notre tour. Saint Barthélemy a puisé à la plénitude de cette source, lorsque l'Esprit Saint est descendu sur lui comme sur les autres apôtres sous la forme de langues de feu (cf. Ac 2,3).

    Mais tu entends parler de feu et peut-être ne vois-tu pas le rapport avec l'eau. Écoute comment le Seigneur appelle eau cet Esprit Saint qui est descendu comme un feu sur les apôtres. Si quelqu'un a soif, dit-il, qu'il vienne à moi et qu'il boive, et il ajoute : Celui qui croit en moi — l'Écriture le dit —, de son sein jailliront des fleuves d'eau vive, et l'évangéliste explique : Il disait cela de l'Esprit que devaient recevoir ceux qui croiraient en lui Un 7,37-39). Le Psalmiste dit aussi des croyants : Ils se rassasient de l'abondance de ta maison et tu les abreuves au torrent de tes délices, car en toi se trouve la source de la vie (Ps 35,10).

    Saint Pierre Damien, Sermon 42, deuxième pour S. Barthélemy : PL 144, 726 à 729. Trad. Orval.

    Nos ancêtres ont jadis ensemencé le champ de l'Église avec le blé de la foi. Il serait injuste et inconvenant pour nous, leurs descendants, de récolter l'ivraie de l'erreur au lieu du froment de la vérité. Au contraire, il est normal et il convient que la fin ne renie pas l'origine.

    Saint Vincent de Lérins

  • Inclina, Domine, aurem tuam ad me et exaudi me (Introït du 21ème Dimanche du Temps ordinaire)

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    Incline, Seigneur, ton oreille vers moi et écoute-moi ;

    sauve ton serviteur, ô mon Dieu : il espère en toi !

    aie pitié de moi, Seigneur, car je crie vers toi tout le jour.

    V/ Réjouis l’âme de ton serviteur, car vers toi, Seigneur, j’élève mon âme.

     

    Inclina, Domine, aurem tuam ad me et exaudi me ;

    salvum fac servum tuum Deus meus, sperantem in te

    miserere mihi Domine quoniam ad te clamavi tota die.

    V/ Laetifica animam servi tui : quoniam ad te, Domine, animam levavi.

    (Ps 85, 1-4)

     

    Introït du 21ème Dimanche du Temps ordinaire.

  • « On ira tous au paradis » ? (21ème dimanche du TO)

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    Un homme vient demander à Jésus : Est-ce qu’il n’y aura que peu de gens qui seront sauvés ? Il y a 4 siècles, un courant spirituel appelé jansénisme avait répondu : oui, il y en aura peu. Sur les crucifix jansénistes, le Christ avait les bras très serrés sur le dessus de la tête, car il ne servait à rien qu’il ait les bras grand ouverts pour accueillir le peu de ceux qui seraient sauvés de la grande masse des réprouvés. De nos jours, à l’inverse, nous avons été endormis par une théologie à la Michel Polnareff, « on ira tous au paradis », une vision qui semble très positive, mais qui en réalité fait du paradis un enfer. Car de deux choses l’une. Ou bien le paradis consiste à vivre comme nous l’entendons, et alors vivre ainsi toute une éternité tournera au calvaire. Quand on peut vivre comme on veut pendant une semaine ou quinze jours, ça va, mais après commence l’ennui et le désir de fuir cette situation. Ce n’est pas pour rien que les jeunes retraités traversent une crise, alors qu’ils ont tant désiré ce moment où ils ne seraient plus contraints de rien. Quand je parle aux gens de l’éternité, beaucoup me disent craindre que ça risque d’être long. Ils ont raison : un paradis éternel où on vit comme on veut, ça sera un enfer. L’autre possibilité est que le paradis soit comme le dit la foi chrétienne : une vie d’amour, une contemplation de Dieu, l’auteur de tout bien et de toute beauté, lui qui est infiniment désirable, lui dont on ne se rassasiera jamais de goûter le visage, lui à qui l’éternité convient si bien car si on venait nous dire : « bientôt c’est fini », nous mourrions une deuxième fois d’être privés d’un si grand bien. Ce paradis a le bon contenu, mais si on est tous forcés d’y entrer, si on y va tous d’office, alors nous nous trouvons en présence d’un Dieu qui obligerait à l’aimer. Et ça, à nouveau, c’est l’enfer, car un amour obligé n’est plus de l’amour. Donc, c’est impossible de dire qu’on ira tous au paradis, et d’ailleurs on ne trouve cela nulle part dans l’Écriture.

    L’homme qui vient interroger Jésus demande : Combien ? Jésus lui répond d’une façon qui ressemble à « et toi ? » Le voilà renvoyé à son propre cœur, celui qui voulait faire un reportage général, mine de ne pas y toucher. Jésus dit à tous : « efforcez-vous », ou, mieux traduit : luttez, agonidzesthe ! Luttez, pour ne pas vous entendre dire un jour : éloignez-vous de moi, vous tous qui commettez l’injustice, c’est-à-dire vous tous qui méprisez Dieu et les hommes, qui mettez vos décisions et votre façon de vivre au-dessus de mes commandements.

    Contre qui ? Non pas contre d’autres, des gens qui nous en voudraient, comme je l’entends souvent de gens qui ont perdu la paix parce qu’ils se sont mis à chercher auprès de divers esprits ou voyants une consolation qu’ils ne trouveront qu’en se penchant sur leur propre comportement.

    Lutter contre nous-mêmes, nos tendances égoïstes, notre façon de dire toujours « moi moi moi », nos découragements, nos apitoiements sur nous-mêmes, notre désir de vivre comme tout le monde et de ne se tourner vers Dieu que quand on en a besoin. Lutter pour ne pas laisser son cœur s’endurcir, pour ne pas se fermer au pardon. Lutter pour entrer par la porte étroite !

    N’allez pas dire : « bah, le Seigneur est bon, il nous accueillera de toute façon, inutile de nous en préoccuper ». Jamais le Seigneur n’a parlé comme cela de la bonté du Père. Car c’est une attitude terrible que de compter sur la bonté de quelqu’un qu’on néglige, qu’on méprise. Quelle relation pourrait-il y avoir entre nous et lui ? Comment pourrons-nous le regarder face à face, celui qui nous a tant aimé et à qui nous avons dit : on verra bien ! Quelle relation d’amour pouvons-nous espérer si nous sommes entrés dans une telle attitude ?  Heureusement, la miséricorde de Dieu est insondable ; tout n’est peut-être pas perdu pour les négligents… Prions pour nous-mêmes, que jamais nous ne nous asseyons au bord du chemin en disant : « c’est trop dur ». Que le Seigneur veuille bien nous relever ! Et prions pour tous ceux qui disent : on verra bien, si Dieu est bon ça passera comme ça… et qui sont en train de passer à côté de l’amour et de vivre dans une indifférence tragique dont on ne voit pas comment ils en sortiront.

  • Entrer par la porte étroite (21e dimanche du Temps ordinaire)

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    Evangile du 21e dimanche du T.O. (Lc  13, 22-30):

    Dans sa marche vers Jérusalem, Jésus passait par les villes et les villages en enseignant. Quelqu’un lui demanda : « Seigneur, n’y aura-t-il que peu de gens à être sauvés ? »

    Jésus leur dit : « Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite, car, je vous le déclare, beaucoup chercheront à entrer et ne le pourront pas. Quand le maître de la maison se sera levé et aura fermé la porte, si vous, du dehors, vous vous mettez à frapper à la porte, en disant : ‘Seigneur, ouvre-nous’, il vous répondra : ‘Je ne sais pas d’où vous êtes.’

    Alors vous vous mettrez à dire : ‘Nous avons mangé et bu en ta présence, et tu as enseigné sur nos places.’ Il vous répondra : ‘Je ne sais pas d’où vous êtes. Éloignez-vous de moi, vous tous qui faites le mal.’ Il y aura des pleurs et des grincements de dents quand vous verrez Abraham, Isaac et Jacob et tous les prophètes dans le royaume de Dieu, et que vous serez jetés dehors.

    Alors on viendra de l’orient et de l’occident, du nord et du midi, prendre place au festin dans le royaume de Dieu. Oui, il y a des derniers qui seront premiers, et des premiers qui seront derniers. »

     Trois mois avant de mourir, sainte Thérèse (de Lisieux) écrit (source) :

    « Je n’ai qu’à jeter les yeux dans le Saint Evangile, aussitôt je respire les parfums de la vie de Jésus et je sais de quel côté courir… Ce n’est pas à la première place, mais à la dernière que je m’élance…».

    Thérèse explique à sa sœur Céline comment elle comprend cette parole de Jésus  :

    La seule chose qui ne soit point enviée, c’est la dernière place, il n’y a donc que cette dernière place qui ne soit point vanité et affliction d’esprit… Oui, il suffit de s’humilier, de supporter avec douceur ses imperfections. Voilà la vraie sainteté ! Prenons-nous par la main, petite sœur chérie, et courons à la dernière place… personne ne viendra nous la disputer… (LT 243)

    Le 16 juillet de cette même année, Thérèse  compose une prière pour Sœur Marthe de Jésus à l’occasion de ses 32 ans. La condition de converse de cette dernière l’expose à être commandée par n’importe quelle sœur et son esprit de contradiction lui rend l’obéissance difficile, Thérèse l’invite donc à regarder « Jésus doux et humble de cœur ».

    O mon bien-aimé…pour m’enseigner l’humilité vous ne pouvez vous abaisser davantage, aussi je veux, afin de répondre à votre amour, désirer que mes sœurs me mettent toujours à la dernière place et bien me persuader  que cette place est la mienne…

    Je le sais ô mon Dieu, vous abaissez l’âme orgueilleuse  mais à celle qui s’humilie vous donnez une éternité de gloire, je veux donc me mettre au dernier rang, partager vos humiliations afin d’avoir part avec vous dans le Royaume des Cieux… (Pri 20)

    Homélie à lire ici : http://www.cursillos.ca/formation/reflexions-dominicales/annee-C/R-C48-dim21.htm