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Cantate Domino canticum novumChantez au Seigneur un cantique nouveau
Cantate Domino canticum novum, cantate et benedicite nomini ejus: Qui mirabilia fecit. Cantate et exultate et psalliteincythara et voce psalmi: Quimirabilia fecit.
Chantez au Seigneur un cantique nouveau, chantez et bénissez son nom, car il a accompli des merveilles. Chantez,exultez et jouez sur vos cythares, accompagnez vos hymnes. Car il a accompli des merveilles.
Au-delà des tendances : pourquoi la beauté catholique captive une nouvelle génération
ANALYSE : L’esthétique catholique a captivé les croyants et les non-croyants du monde entier, suscitant une admiration renouvelée pour le bien, le vrai et le beau.
Les cardinaux défilent vers la chapelle Sixtine alors que le conclave pour élire le 266e successeur de saint Pierre, le 267e pape, commence le 7 mai 2025. (photo : Vatican Media / VM)
Il y a des images qui ne s'effacent pas. Le chant de l'antienne traditionnelle « In Paradisum » flottait au-dessus de la place Saint-Pierre, alors que l'Église confiait l'âme du pape François à la Jérusalem céleste, le 26 avril.
Le long cortège des cardinaux vêtus de pourpre suivait en silence, le poids des siècles sur leurs épaules ; la procession solennelle des 133 cardinaux électeurs, défilant lentement de la chapelle Pauline à la chapelle Sixtine, accompagnée de l'hymne antique Veni Creator Spiritus invoquant le Saint-Esprit alors que le conclave était sur le point de commencer, le 7 mai.
Les cardinaux se réunissent dans la basilique Saint-Pierre pour la messe « Pro Eligendo Romano Pontifice » le 7 mai. (Photo : Courtney Mares / CNA)
Puis, suivant l'ordre latin « Extra omnes » (que tout le monde sorte), les grandes portes de bronze de l'emblématique chapelle Sixtine se sont refermées avec gravité, excluant le monde. Tous ces moments ont captivé croyants et non-croyants du monde entier, suscitant une admiration renouvelée pour la beauté inhérente au catholicisme.
Antidote à la finitude humaine
Les publications et les commentaires se sont multipliés sur X et Instagram, rendant hommage au spectacle offert par les traditions ancestrales de l'Église catholique. Un nombre croissant de voix s'exprimaient avec audace.
« L'esthétique catholique est belle parce que la religion est vraie », affirmait un compte X – une phrase qui a trouvé un écho au-delà des cercles catholiques habituels. Dans un écosystème en ligne saturé de gratifications immédiates et de modes passagères, l'idée que la beauté puisse signifier une vérité immuable est non seulement rafraîchissante, mais aussi discrètement révolutionnaire.
Au cœur de cette fascination renouvelée se trouve l'idée que la beauté catholique n'est pas simplement accessoire ou décorative, mais objectivement révélatrice. Ce récent mouvement en ligne n'est pas porté par les autorités ecclésiastiques, mais par des personnalités populaires comme Julia James Davis, créatrice de « War on Beauty », dont la présence sur YouTube, X et Instagram est devenue un point de ralliement pour cette sensibilité.
Davis soutient que l'abandon de la beauté par la culture moderne – dans l'architecture, l'art, l'habillement et même les manières – reflète un rejet plus profond de la vérité elle-même. À l'inverse, le catholicisme défend une forme de beauté toujours ordonnée, transcendante et résolument tournée vers l'âme.
La critique de Davis trouve un écho auprès des jeunes générations, confrontées à un paysage culturel fait de minimalisme stérile et d'utilitarisme agressif. Pour elles, la vue d' autels éclairés à la bougie , de chants grégoriens et d'iconographie sophistiquée est synonyme de transcendance et offre un chemin privilégié vers Dieu.
« Je pense que ce qui attire le plus les jeunes, c'est la simplicité de la beauté », a déclaré au Register Joséphine Auberger, étudiante à La Catho et responsable de la communication de l'aumônerie. (Photo : avec l'aimable autorisation de l'Université catholique de Lille)
D'autres tendances récentes ont confirmé ce phénomène de société, à commencer par l'extraordinaire succès du traditionnel pèlerinage de Paris à Chartres, qui doit refuser des milliers d'inscriptions chaque année.
En France, plus de 10 000 adultes – un chiffre record – ont été baptisés à Pâques 2025, soit une augmentation de 45 % par rapport à l’année précédente. Au Royaume-Uni et en Belgique , des hausses similaires sont signalées. Et dans ces trois pays, comme aux États-Unis, les nouveaux convertis les plus fréquents ne sont pas des personnes d’âge moyen ou âgées, mais de jeunes adultes d’une vingtaine d’années. Dans leurs témoignages , la beauté est constamment mentionnée : la beauté de la liturgie, de la musique sacrée, des rites anciens.
Génie catholique
Cette intuition — que la beauté parle de vérité — n’est pas nouvelle.
Il y a deux siècles, au lendemain de la Révolution française, l'écrivain français François-René de Chateaubriand formulait, dans son chef-d'œuvre Le Génie du christianisme , ce que beaucoup redécouvrent aujourd'hui instinctivement en ligne. À une époque où les Lumières avaient réduit la religion à des principes éthiques, Chateaubriand voyait dans la beauté la forme d'apologétique la plus aboutie pour réaffirmer la réalité de l'Incarnation. La véracité d'une religion, affirme-t-il, se juge à la beauté qu'elle diffuse et à la sophistication de ses dogmes, domaines dans lesquels le christianisme a excellé comme nul autre au fil des siècles. Il faut s'inspirer, insistait-il, non seulement des saints et des théologiens, mais aussi de l'héritage matériel que la foi a produit.
« Attachés aux traces de la religion chrétienne », écrivait-il à propos des arts, « ils la reconnurent comme leur mère dès son apparition au monde. […] La musique notait ses chants, la peinture représentait ses douleurs, la sculpture rêvait avec elle au bord des tombeaux, et l’architecture construisait pour ses temples des temples aussi sublimes et mystérieux que sa pensée. »
Le livre des Évangiles est exposé à la chapelle Sixtine pour le conclave destiné à élire le prochain pape, le mardi 6 mai 2025. (Photo : Vatican Media)
Pour Chateaubriand, la beauté n'était pas facultative, mais essentielle. La musique, par exemple, ne servait pas seulement à procurer du plaisir, mais à purifier l'âme et à l'élever vers la vertu.
« La plus belle musique », observait-il, « est celle qui imite le plus parfaitement le beau. » Lorsque la religion s’empare de la musique, affirmait-il, elle réunit deux conditions indispensables à l’harmonie : la beauté et le mystère.
Mais nulle part cela n'est plus frappant qu'en architecture. Pour Chateaubriand, le temple chrétien – surtout dans sa forme gothique – incarnait la présence divine.
« C'est pourquoi rien n'est plus religieux que les voûtes de nos anciennes églises gothiques », écrivait-il. « On ne pourrait entrer dans une telle église sans ressentir un frisson de dévotion et un vague sentiment de divinité. »
La Chapelle Sixtine attend l'arrivée des cardinaux électeurs pour le conclave destiné à élire le prochain pape, le mardi 6 mai 2025. (Photo : Vatican Media)
Difficile d'imaginer un parallèle plus parfait avec la chapelle Sixtine, où s'est déroulé le récent conclave qui a conduit à l'élection du pape Léon XIV. Lorsque les cardinaux ont défilé sous le Jugement dernier de Michel-Ange , ils ne se trouvaient pas dans une salle de réunion neutre, mais dans un espace animé de revendications théologiques. Ses murs ornés de fresques et son plafond céleste ne sont, en effet, que de simples proclamations de foi.
Ce que Chateaubriand appelait le lyrisme de la littérature romantique, une nouvelle génération le redécouvre à travers algorithmes, bobines et captures d'écran. Les plateformes ont changé, mais le message reste inchangé : la beauté du catholicisme est la forme extérieure d'une réalité vivante ; elle est l'écho visible d'une vérité trop vaste pour être saisie d'un seul coup.
Faim culturelle
Pourtant, de nombreux penseurs de notre époque estiment que le monde postmoderne, celui qui a émergé de la Seconde Guerre mondiale, est confronté à une « crise de beauté » sans précédent et que celle-ci n’épargne pas l’Église catholique.
Une relique d'Agnus Dei orne le mur de la maison Malloy.
« Les artistes et écrivains catholiques se sentent isolés et aliénés de leur société et de l'Église. L'Église catholique a perdu son lien traditionnel avec la beauté », affirmait la poétesse Dana Gioia en 2019. L'apologétique postconciliaire, centrée sur la raison, l'éthique et la justice sociale, tendait, selon les observateurs , à marginaliser la beauté, la considérant, au mieux, comme un outil périphérique de la mission évangélisatrice de l'Église et, au pire, comme un vecteur d'orgueil et de cupidité.
Hans Urs von Balthasar, l'un des plus grands théologiens catholiques du XXe siècle, a averti dans son livre de 1982 La Gloire du Seigneur : voir la forme , qu'abandonner la beauté signifiait falsifier la foi elle-même.
« Nous n’osons plus croire à la beauté », écrit-il, considérant que « la beauté exige pour elle-même au moins autant de courage et de décision que la vérité et la bonté, et elle ne se laissera pas séparer et bannir de ses deux sœurs sans les entraîner avec elle dans un acte de vengeance mystérieuse. »
Pour von Balthasar, la beauté n’était pas un luxe mais une nécessité, le rayonnement de la vérité rendu visible.
La philosophe Simone Weil, attirée par le mystère de l'Église catholique sans jamais y entrer formellement, est arrivée à une conclusion similaire : « Le beau est la preuve expérimentale que l'Incarnation est possible », écrivait-elle. La beauté, pour elle, n'était pas sentimentale, mais métaphysique. C'était le moment où l'âme est transpercée par quelque chose qui la dépasse et reconnaît une présence.
La plus grande erreur de la modernité a été de négliger l'Église domestique, écrit Emily Malloy.
Le renouveau spontané de l'esthétique catholique en ligne – à une époque où les conversions abondent de manière inattendue – est donc particulièrement significatif, d'autant plus qu'il ne résulte pas d'une stratégie ecclésiale, mais d'une soif culturelle populaire. Ces jeunes passionnés, en quête de sens, découvrent, comme Chateaubriand en son temps, que le catholicisme ne se contente pas de posséder la beauté. Il la révèle – parce qu'elle est vraie.
Solène Tadié est correspondante Europe du National Catholic Register. Franco-suisse, elle a grandi à Paris. Après avoir obtenu une licence de journalisme à l'Université Rome III, elle a commencé à couvrir Rome et le Vatican pour Aleteia. Elle a rejoint L'Osservatore Romano en 2015, où elle a travaillé successivement pour la section française et les pages culturelles du quotidien italien. Elle a également collaboré avec plusieurs médias catholiques francophones. Solène est titulaire d'une licence de philosophie de l'Université pontificale Saint-Thomas d'Aquin et a récemment traduit en français (aux Éditions Salvator) Defending the Free Market: The Moral Case for a Free Economy du Père Robert Sirico de l'Acton Institute.
QUASI modo géniti infántes, allelúia: rationábile, sine dolo lac concupíscite, allelúia, allelúia, allelúia. Ps. 80, 2 Exsultáte Deo adiutóri nostro: iubiláte Deo Iacob. ℣. Glória Patri.
Comme des enfants nouveau-nés, alléluia : en vrais spirituels, soyez avides de lait pur, alléluia, alléluia, alléluia. Ps. 80,2 Chantez avec allégresse Dieu notre protecteur, acclamez le Dieu de Jacob. ℣. Gloire au Père.
Le côté transpercé de Jésus est une fontaine de miséricorde divine
" Ô sang et eau, qui avez jailli du cœur de Jésus comme une fontaine de miséricorde pour nous, nous nous confions en vous. "
François-Joseph Navez, "L'Incrédulité de saint Thomas", 1823 (photo : Public Domain)
Aujourd'hui, c'est le deuxième dimanche de Pâques et le dimanche de la Miséricorde divine. Ce n'est pas un dimanche après Pâques, mais un dimanche de Pâques, parce que tout le temps pascal - les 50 jours qui vont de Pâques à la Pentecôte - est une célébration unifiée du mystère pascal dans laquelle "la joie de la Résurrection" ne peut être contenue dans un seul jour ou même dans une seule octave. La Pâque dure 50 jours.
Les Évangiles de dimanche dernier nous ont laissés au tombeau vide - l'Évangile de la Veillée pascale relate la rencontre de Marie-Madeleine et de ses compagnons avec le jeune homme, qui leur montre le tombeau vide. L'Évangile de la messe du jour de Pâques raconte comment les saints Pierre et Jean se sont rendus au tombeau et l'ont trouvé vide, voyant les linges funéraires mis de côté et "voyant et croyant".
L'Évangile d'aujourd'hui (Jean 20, 19-31) relate la première rencontre des Apôtres avec le Christ ressuscité. Bien qu'une semaine se soit écoulée pour nous, l'Évangile raconte les événements de la nuit du dimanche de Pâques, lorsque les Apôtres - derrière des portes verrouillées, terrés et effrayés - reçoivent la visite de Jésus ressuscité.
Ils ont reçu toutes sortes de rapports. Marie-Madeleine voit d'abord un tombeau vide, puis rencontre le Jardinier qu'elle reconnaît comme étant Jésus. Pierre et Jean se sont également rendus au tombeau vide. Peut-être que les disciples qui sont partis frustrés vers Emmaüs sont revenus. Quoi qu'il en soit, les apôtres eux-mêmes rencontrent enfin le Seigneur ressuscité.
C’est le jour de la Résurrection, Peuples, rayonnons de joie ! C’est la Pâque, la Pâque du Seigneur, De la mort à la vie, De la terre aux cieux, Christ Dieu nous a fait passer, Chantons l’hymne de la victoire !
Verset : Christ est ressuscité des morts.
Purifions nos sens, Nous verrons le Christ resplendissant, Dans l’inaccessible Lumière de la Résurrection, Et nous l’entendrons nous crier : Réjouissez-vous en chantant l’hymne de la victoire.
Verset : Christ est ressuscité des morts.
Que le ciel se réjouisse, Que la terre soit dans l’allégresse, Que le monde soit en fête, Le monde visible et invisible, Car le Christ est ressuscité, Lui l’éternelle allégresse.
Verset : Christ est ressuscité des morts.
C’est le jour de la Résurrection, Peuples, rayonnons de joie ! C’est la Pâque, la Pâque du Seigneur, De la mort à la vie, De la terre aux cieux, Christ Dieu nous a fait passer, Chantons l’hymne de la victoire !
Christ est ressuscité des morts, par la mort, il a vaincu la mort ; à ceux qui sont dans les tombeaux, il a donné la Vie.
Et aussi, le
Stichère de Pâques :
C'est le jour de la Résurrection, que la fête nous illumine, embrassons-nous les uns les autres et appelons frères, même ceux qui nous méprisent. Pardonnons tout dans la Résurrection et chantons: le Christ est ressuscité des morts, à ceux qui sont dans les tombeaux Il a donné la Vie.
Le Vexilla Regis est l’hymne du temps de la Passion et des fêtes de la Sainte Croix. Son texte (comme celui du Pange lingua du Vendredi Saint) fut composé par l’hymnographe saint Venance Fortunant au VIème siècle, à l’occasion de la réception solennelle des reliques de la vraie Croix à Poitiers par la reine de France sainte Radegonde.
Vexilla regis prodeunt
fulget crucis mysterium quo carne carnis conditor suspensus est patibulo.
Quo, vulneratus insuper mucrone diro lanceae ut nos lavaret crimine manavit unda et sanguine.
Arbor docora et fulgida, ornata regis purpura, electa digno stipite tam sancta membra tangere !
Beata, cuius brachiis saecli pependit pretium ; statera facta est corporis praedam tulitque tartari.
Salve, ara, salve victima, de passionis gloria, qua vita mortem pertulit et morte vitam reddidit !
O crux, ave, spes unica ! hoc passionis tempore piis adauge gratiam reisque dele crimina.
Te, fons salutis, Trinitas, collaudet omnis spiritus ; quos per crucis mysterium salvas, fove per saecula.
Les étendards du roi s'avancent mystère éclatant de la croix au gibet fut pendue la chair du créateur de toute chair.
C'est là qu'il reçut la blessure d'un coup de lance très cruel et fit jaillir le sang et l'eau pour nous laver de nos péchès.
Arbre dont la beauté rayonne, paré de la pourpre du roi, d'un bois si beau qu'il fut choisi pour toucher ses membres très saints !
Arbre bienheureux ! À tes branches la rançon du monde a pendu !
Tu devins balance d'un corps et ravis leur proie aux enfers !
Salut, autel ! Salut, victime de la glorieuse passion ! La vie qui supporta la mort, par la mort a rendu la vie.
O croix, salut, espoir unique ! En ces heures de la passion augmente les grâces des saints, remets les fautes des pécheurs.
Trinité, source salutaire, que te célèbre tout esprit ; ceux que tu sauves par la croix, protège-les à tout jamais.
℟. Ubi cáritas et amor, Deus ibi est. ℣. Congregávit nos in unum Christi amor. ℣. Exultémus, et in ipso iucundémur. ℣. Timeámus, et amémus Deum vivum. ℣. Et ex corde diligámus nos sincéro.
℟. Ubi cáritas et amor, Deus ibi est. ℣. Simul ergo cum in unum congregámur: ℣. Ne nos mente dividámur, caveámus. ℣. Cessent iúrgia malígna, cessent lites. ℣. Et in médio nostri sit Christus Deus.
℟. Ubi cáritas et amor, Deus ibi est. ℣. Simul quoque cum beátis videámus, ℣. Gloriánter vultum tuum, Christe Deus: ℣. Gáudium quod est imménsum, atque probum, Saécula per infiníta saeculórum. Amen.
℟. Là où sont la charité et l'amour, Dieu est présent. ℣. L'amour du Christ nous a rassemblés et nous sommes un. ℣. Exultons et réjouissons-nous en lui. ℣. Craignons et aimons le Dieu vivant ℣. et aimons-nous les uns les autres d'un cœur sincère.
℟. Là où sont la charité et l'amour, Dieu est présent. ℣.Ne formons donc tous qu'un seul corps : ℣.Ne soyons pas divisés de cœur, prenons garde. ℣. Cessent les querelles méchantes, cessent les disputes. ℣. Et que le Christ soit au milieu de nous.
℟. Là où sont la charité et l'amour, Dieu est présent. ℣. Qu'avec les bienheureux, nous voyions ℣. Votre glorieux visage, ô Christ Dieu, ℣. Joie immense et divine; ℣. Pendant la durée infinie des siècles.
Publié le 06 Avr 2023 Sur le site web du bimensuel « L’Homme Nouveau » :
« Si les trois cérémonies majeures du Triduum sacré – Messe vespérale du Jeudi Saint, Office de la Croix le Vendredi Saint et Vigile Pascale – sont familières à nombre de fidèles, les offices des Ténèbres sont plus méconnus. Est-ce dû à l’horaire auquel ils sont chantés, peu familial, ou à l’absence d’action liturgique qui les rend peu perméables au néophyte ? Coup de projecteur sur un office éminemment singulier.
Communauté Saint-Martin, Office des Ténèbres du Samedi-Saint
Héritage très ancien des temps où les Matines étaient chantées au cœur de la nuit, ce qui se pratique encore en certains monastères, les Ténèbres rassemblent les deux offices de Matines et Laudes pour chacun des trois jours saints. Cet office nous plonge dans la contemplation de l’abaissement inouï du Fils de Dieu, « qui se fit pour nous obéissant jusqu’à la mort » (Ph 2, 8).
Alors que d’ordinaire l’office des Laudes s’achève au lever du soleil, symbole triomphant de la gloire de Dieu chantée par l’Église, le principe même des Ténèbres consiste à terminer l’office dans une obscurité profonde. Les rideaux d’un vaste drame en trois actes s’ouvrent sous les yeux de notre âme : les funérailles du Fils de Dieu.
« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’avez-vous abandonné ? » : laisser la liturgie nous plonger dans l’obscurité
Afin de baigner les cœurs dans la compassion aux souffrances du Sauveur, la liturgie se dépouille entièrement de ce qui pouvait rappeler la joie du Ciel ou même la Gloire de Dieu. Les traditionnelles formules telles que « Domine, labia mea aperies / Seigneur ouvrez mes lèvres », « Deus in adjutorium meum intende / Dieu venez à mon aide », « Tu autem Domine, miserere nobis /Vous aussi Seigneur ayez pitié de nous », et même le Gloria Patri ont disparu. Les hymnes de même.
Ne restent que les psaumes encadrés de sobres antiennes, les leçons des nocturnes et les répons qui donnent à eux seuls l’atmosphère spirituelle de ces Offices. Ils ne conservent plus que ce qui leur est essentiel dans la forme, et ils ont perdu toutes ces aspirations vives que les siècles y avaient ajoutées.
Au maître autel, les six cierges sont de cire jaune, comme les quinze cierges du chandelier mystérieux qui trône dans le chœur. C’est l’extinction progressive de ce chandelier qui marque la seule action liturgique de ces offices. Ces flammes soufflées au rythme des psaumes qui s’achèvent nous représentent ce mystère de la Gloire de Dieu qui peu à peu abandonne Notre-Seigneur…
Un seul, celui qui est placé à l’extrémité supérieure du chandelier à quinze branches, reste allumé. Pendant le Cantique du Benedictus, en conclusion de l’office de Laudes, les six cierges qui brûlaient sur l’autel sont pareillement éteints. Alors le cierge restant, solitaire, est posé quelques instants sur l’autel, luttant seul contre les ombres qui remplissent l’église : le Christ, abandonné de tous, est cloué à la Croix, mourant pour les hommes, alors que les ténèbres s’amoncellent dans le ciel. Puis le cierge est caché, figure de la sépulture du Christ.
Alors les clercs présents au chœur, ainsi que les fidèles à genoux dans les travées de la nef, sont invités « taper sur leur banc ». Ce bruit, volontairement confus, se fait entendre tandis que le dernier flambeau a plongé dans l’obscurité. Ce tumulte joint aux ténèbres, explique dom Guéranger, exprime les convulsions de la nature, au moment de la mort du Rédempteur. Mais tout à coup le cierge reparaît ; le bruit cesse. Pourquoi donc ? Car le Rédempteur a triomphé de la mort.
Les trois jours, ce sont exactement les mêmes cérémonies qui se répètent ; le seul changement est à l’autel : mercredi soir, les nappes sont encore présentes : Jésus n’est pas encore aux mains de ses bourreaux, nous assistons à son agonie au Mont des Oliviers (comme le chante le premier répons) ; jeudi soir, l’autel a été dépouillé : Jésus est entré pleinement dans sa passion, et nous assistons aux profondeurs de ses souffrances ; vendredi soir, la croix est dévoilée, montrant à tous le corps sans vie du Rédempteur : les Ténèbres sont alors le chant de deuil de l’Église qui pleure son Epoux.
Jérémie, prophète de la déréliction
La structure des Ténèbres est parfaitement symétrique sur les trois jours. Aux premiers nocturnes, les lamentations du prophète Jérémie, témoin impuissant du malheur et de la ruine de Jérusalem infidèle, font retentir chaque soir leurs accents déchirants sur une mélodie que l’on ne retrouve en aucune autre circonstance, culminant avec la déchirante Oraison de Jérémie du Samedi Saint ; à chaque fois, revient ce lancinant appel à la conversion, seule moyen de sauver la Cité Sainte, qui s’adresse à chacun de nos cœurs : « Jérusalem, Jérusalem, convertis-toi au Seigneur ton Dieu. »
Les répons, reconstitution de la Passion
Les répons séparant les leçons sont les seules pièces grégoriennes véritablement développées de ces offices. Ils fondent, par les textes qui les composent, la progression des trois jours en reconstituant les trois étapes du drame de la Passion : trahison, crucifixion, sépulture. Les âmes n’ont qu’à se laisser porter par les différents sentiments que provoquent en elles ces mélodies tour à tour plaintives, graves, tristes ou violentes.
Le Jeudi Saint met en scène la trahison : nous assistons d’abord à l’agonie du Christ, nous invitant à regretter nos fautes qui font de lui l’Homme de douleur prophétisé par Isaïe. Puis advient la trahison de Judas : nous sommes alors confrontés à nos propres trahisons.
Les trois derniers répons représentent les douloureux reproches de Jésus : d’abord à tous ceux qui fomentent des complots contre Lui, figures des âmes tièdes qui ne se détournent pas assez du péché ; ensuite aux apôtres (et à nous à travers eux) qui n’ont pas pu veiller une heure avec Lui, malgré l’infinie abondance des grâces reçues ; enfin aux anciens du Peuple, tous ces hommes à l’âme flétrie, qui se sont détournés, de cet esprit d’enfance sans lequel nul n’entrera au Royaume des cieux…
Le Vendredi Saint nous fait assister à la Crucifixion : commençant par nous dévoiler les sentiments d’abandon et de trahison qui remplissent l’âme de Jésus, ils nous montrent le voile du Temple qui se déchire en même temps que Jésus promet le Paradis au bon larron.
Au deuxième nocturne, c’est le cœur de la détresse du Christ qui est illustré, avec les ténèbres qui couvrent la terre lorsqu’Il s’écrie vers son Père : « Pourquoi m’avez-Vous abandonné ? », rejoignant ainsi toutes les âmes qui font l’expérience de la nuit spirituelle, cet état où l’on se sent abandonné de Dieu. Le dernier nocturne n’est qu’une longue suite de plaintes exprimant toute la douleur de l’Homme-Dieu : douleur physique bien sûr, mais surtout douleur de nous voir si infidèles à l’amour qu’Il nous porte…
Le Samedi Saint est en quelque sorte une veillée funèbre autour du Tombeau du Christ. Les répons du premier nocturne se contentent de rappeler les évènements de la veille, suscitant dans les âmes le deuil et l’angoisse bien sûr, mais également une grande tendresse envers Jésus : c’est toute la fécondité surnaturelle de la componction, par laquelle le pécheur revient au Père, sauvé par les mérites que lui a acquis la mort du Fils. Les répons des deux derniers nocturnes invitent l’âme à contempler les effets de la Passion. On entre plus profondément dans le mystère de la Rédemption, source de grande paix.
Obéissant jusqu’à la mort…
À la fin de l’Office, du chœur plongé dans l’obscurité la plus complète monte une dernière mélodie qui chaque jour se prolonge un peu : « Le Christ s’est fait pour nous obéissant jusqu’à la mort / la mort de la Croix / et c’est pourquoi Dieu l’a exalté en lui donnant un Nom au-dessus de tout nom. » Très grave Jeudi et Vendredi, le verset du Samedi, dernier chant de ces Offices, revêt une grande légèreté, comme une clarté céleste : à l’image d’une Église voulant sécher les larmes de ses enfants en leur donnant enfin l’explications de toutes ces souffrances endurées par son Époux.
En définitive, c’est en se laissant porter par les impressions conjuguées de l’obscurité grandissante et de la profondeur des chants que nous pourrons réellement entrer dans l’esprit de ces Ténèbres. Ils nous porteront par une longue méditation de la Passion aux portes du Sépulcre, où nous pourrons attendre avec toute l’Eglise la lumière de la Résurrection. »
Charpentier: Leçons de Ténèbres du Mercredy Sainct ℗ harmonia mundi Released on: 1986-09-20 Conductor: René Jacobs Musical Ensemble: Concerto Vocale Composer: Marc-Antoine Charpentier
« L'architecte de Dieu » - Antoni Gaudí sera-t-il béatifié ?
Comment la foi et la basilique d'un architecte ont façonné sa vie
12 avril 2025
Les flèches sauvages et extravagantes de la basilique de la Sagrada Familia, s'élevant joyeusement vers le ciel, sont aussi synonymes de la ville de Barcelone que Lionel Messi, Las Ramblas et la bataille acharnée pour l'indépendance catalane.
Basilique de la Sagrada Familia à Barcelone, Espagne. Photo de courtoisie.
Promenez-vous dans les quartiers touristiques de la ville et vous verrez des t-shirts, des mugs et des assiettes ornés d'images de cet édifice unique. La municipalité a été contrainte de proposer de transformer une place voisine en « antichambre » afin de désengorger les lieux touristiques.
La construction a commencé en 1882, mais elle est toujours inachevée. En 2023, la basilique a accueilli 4,7 millions de visiteurs. Mais peu savent que l'auteur de la conception, Antoni Gaudí, est désormais un « Serviteur de Dieu » en voie de canonisation. Selon l'archidiocèse de Barcelone, sa cause de canonisation est en « dernière instance de béatification ».
Antonio Gaudi. domaine public.
Selon les mots du pape Benoît XVI lors de la consécration de la basilique en 2010, cet homme unique et visionnaire s’est « nourri » de trois livres — « le livre de la nature, les livres de l’Écriture Sainte et le livre de la liturgie » — de sorte qu’il a « brillamment contribué à construire notre conscience humaine, ancrée dans le monde mais ouverte à Dieu, éclairée et sanctifiée par le Christ ».
Et le bâtiment même que des millions de personnes affluent chaque année a joué un rôle essentiel dans la transformation de Gaudí. Un jour de Carême, il a failli mourir de faim à cause de la rigueur de son jeûne. Il a fui les apparats de la célébrité et s'est habillé bon marché, voulant vivre comme un simple ouvrier.
Lorsqu'il fut heurté par un tramway en juin 1926, ses vêtements modestes firent qu'il fut d'abord pris pour un sans-abri et emmené dans un hôpital pour pauvres.
Trois jours plus tard, il mourut, entouré de ses proches, et ses derniers mots furent : « Amen. Mon Dieu ! Mon Dieu ! »
La ville entière fut en deuil. Des milliers de personnes assistèrent à ses funérailles, avec un cortège d'un demi-mile de long.
Une religieuse qui, novice, s'occupait de l'entretien de la résidence de Gaudí au Parc Güell, a déclaré : « C'était un saint. Chaque année qui passe me convainc davantage. Aujourd'hui, en 1962, je crois qu'il mérite d'être canonisé. »
Alors, qui est l’homme derrière le bâtiment le plus célèbre d’Espagne ?
La version live de Blanche-Neige de Disney, qui a fait un flop spectaculaire au box-office, continue de faire l'objet de nombreuses critiques. Beaucoup ont dirigé leur colère contre l'actrice principale Rachel Zegler, dont les commentaires désinvoltes à la presse - sur le fait qu'il est « bizarre » que le prince du film d'animation de 1937 « traque littéralement » Blanche-Neige, et que le nouveau film adopte une « approche différente » - ont nui à l'accueil du public. (M. Zegler n'était pas le premier à qualifier Blanche-Neige de « bizarre ». En 2018, l'actrice Kristen Bell, qui interprète Anna dans Frozen, a déclaré au magazine Parents qu'elle disait à ses enfants qu'il était « bizarre que le prince embrasse Blanche-Neige sans sa permission » et « bizarre que Blanche-Neige n'ait pas demandé à la vieille sorcière pourquoi elle devait manger la pomme »).
Mais même sans les commentaires de Zegler, c'est le film lui-même qui se fait le plus de mal. L'actrice de vingt-trois ans a été désignée comme bouc émissaire par le réalisateur (Marc Webb) et le scénariste (Erin Cressida Wilson), dont le travail s'aligne sur la mission de la méchante reine du film original : travailler de toutes leurs forces pour détruire Blanche-Neige et ce qu'elle représente. Le film 2025 enlève effrontément le cœur de la princesse du film original. Il est mort à l'arrivée.
Blanche-Neige de 1937 est le seul film de princesse de Disney qui comporte une représentation littérale de la prière. De nombreux récits séculaires contiennent des allégories de l'intervention divine (les fées marraines, par exemple), mais dans le film original de Blanche-Neige, la princesse s'agenouille à son chevet et prie. Elle prie pour les sept nains, pour que Grincheux l'aime et pour que ses rêves se réalisent, à savoir qu'un jour, son « prince viendra ». (N'oublions pas que le prince était un homme qu'elle connaissait et appréciait depuis son séjour au château, et non un parfait inconnu). Elle prie pour être en sécurité.
Et ses prières sont exaucées. La méchante reine est vaincue par un éclair venu du ciel. L'aide divine fait partie intégrante du film de 1937 ; les nains, le prince et la princesse ne font qu'y participer.
Dans le film en prises de vues réelles, il n'y a pas de prière pour l'amour et le mariage. De plus, le fait de désirer de telles choses est ridiculisé. Les chansons archétypales de Blanche-Neige « I'm Wishing » et « Someday My Prince Will Come » ont été remplacées par une nouvelle chanson oubliable, « Waiting on a Wish », qui se moque complètement du concept de souhait, d'espoir et de rêve. La joie caractéristique de Blanche-Neige est remplacée par un sarcasme dépressif : « Elle rêve toute seule / Elle partage des secrets avec la pierre... / Elle attend qu'un jour vienne / Elle attend qu'un jour vienne / Elle attend qu'un jour vienne... / Elle attend un jour / Elle espère que d'une manière ou d'une autre / Un miracle viendra me trouver .... / Mais j'attends toujours ici / J'attends un souhait. . . / Puis-je, d'une manière ou d'une autre / Apprendre à être la fille de mon père... / Quelqu'un que personne n'a besoin de sauver. » L'âme de toute l'histoire de Disney a été supprimée.
Il est clair que les réalisateurs ont choisi de s'attaquer de front au concept selon lequel les princesses de Disney n'attendent qu'un prince. Mais ils n'ont pas réussi à trouver le moyen de le faire fonctionner - sans compter que ce concept est une interprétation volontairement erronée de l'original. (Dans la critique moderne des cinéastes, ils ont simplement réécrit l'histoire et ont inventé une nouvelle héroïne creuse dans les habits de Blanche-Neige, dépourvue de toutes les vertus de la princesse originale.
Dans le classique, Blanche-Neige balaie en chantant « Whistle While You Work ». Dans le remake, elle confie visiblement le balai à l'un des nains. Les réalisateurs tentent clairement d'éliminer toute insinuation selon laquelle la cuisine et le nettoyage sont des tâches féminines. Mais la Blanche-Neige de l'original se définit par l'acceptation joyeuse de ces tâches - qu'elle accomplit en remerciement de l'hospitalité des nains - et par un optimisme plein d'espoir face aux difficultés et à la persécution. Dans la nouvelle version, Blanche-Neige est découragée et épuisée par l'injustice. On a l'impression que les réalisateurs ont réécrit le personnage parce qu'ils n'aiment tout simplement pas Blanche-Neige.
En fin de compte, la plus grande faiblesse du film est qu'il n'a aucun sens. Il n'y a pas de philosophie cohérente, même dans la nouvelle direction prise par l'histoire. Bien sûr, les valeurs d'équité et de beauté intérieure ne sont pas des idées horribles, mais elles ne constituent pas une histoire complète.
Il y a, bien sûr, des échos de l'original - la robe bleue et jaune, la forêt effrayante, les visages qui regardent vers le puits à souhaits. Mais les ajustements et l'original ne sont pas cohérents. Au lieu que Blanche-Neige et le prince regardent ensemble dans le puits, la nouvelle version montre Blanche-Neige avec son père et sa mère. L'implication est qu'il est offensant de suggérer que Blanche-Neige a un intérêt amoureux (le prince). Peu importe que sa mère et son père aient été des amoureux l'un de l'autre, à un moment donné, quelque part. Et Blanche-Neige est le fruit de leur union. Ce qui soulève la question suivante : Pourquoi les réalisateurs ont-ils si honte de la romance ?
Ce qui leur échappe, c'est que le romantisme n'est pas une fin en soi. Le « baiser du grand amour » n'est pas non plus une fin en soi ; il s'agit d'un symbole littéraire séculaire du pouvoir vivifiant de l'amour véritable entre un homme et une femme. L'amour, le mariage et la famille sont des phénomènes qui se perpétuent de génération en génération. Et si nous réintégrons l'élément divin dans l'histoire, la vocation fait écho à la maison céleste et y mène. C'est d'ailleurs ce qu'insinue le film de 1937 : La scène finale montre le couple marchant vers un château doré dans les nuages. Le « happy ever after » peut en effet renvoyer à quelque chose de plus éternel que la vie domestique. En vérité, le mariage est une union orientée vers un but supérieur, le reflet d'une forme d'amour plus élevée. Lorsqu'il est bien compris, il n'a rien de « bizarre ».