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Débats - Page 122

  • François aurait approuvé la bénédiction des couples homosexuels proposée par les évêques flamands

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    De FSSPXNews :

    Belgique : François aurait approuvé la bénédiction des couples homosexuels

    17 octobre 2022

    Selon une source, le pape François était au courant de la préparation d’une liturgie de bénédiction des couples homosexuels par l’épiscopat néerlandophone de Belgique, qui a été publiée le 20 septembre 2022, accompagnée d’une lettre d’explication.

    Cette publication a provoqué des remous et de nombreuses réactions. Les évêques s’étaient défendus. Mgr Johan Bonny, évêque d’Anvers avait affirmé qu’il avait parlé de ce projet au pape François – qu’il a rencontré à Rome au mois de juin – et qu’il était en « communion avec lui ».

    Dans un article publié le 13 octobre dernier, le journal La Croix explique que le texte est en gestation depuis quatre années, depuis une rencontre d’intellectuels et de théologiens avec le pape François en mai 2018. Ce groupe, baptisé « Logia » a reçu les encouragements du pontife.

    Ils se sont alors tournés vers le cardinal Jozef De Kesel qui les a encouragé et les a chargé d’étudier la question d’un meilleur accueil des personnes LGBT. Le processus évolue, et, toujours selon la même source, d’autres rencontres ont lieu avec le Pape.

    Ce qui fait dire aux évêques belges qu’ils sont « en communion avec le pape François ». Les évêques s’appuient d’une part sur la « prise de distance » du pape par rapport au document de la Congrégation pour la doctrine de la foi qui avait explicitement condamné la bénédiction des couples homosexuels en mars 2021. Argument supposé, soit dit en passant.

    Ils s’appuient également, comme il fallait s’y attendre, sur Amoris laetitia : « Nous sommes en ligne avec ce qu’il veut [le pape], à savoir le respect et l’accompagnement des per sonnes, dans la suite d’Amoris laetitia. » Au chapitre 8 de cette exhortation apostolique, publiée en 2016, le Pape insistait en effet en particulier sur l’importance d’« accompagner, discerner et intégrer la fragilité ».

    Les évêques rappellent d’ailleurs que le texte, que certains d’entre eux n’hésitent pas à qualifier de « bénédiction », n’est que l’une des mesures adoptées pour mieux accueillir les personnes homosexuelles dans l’Église. « Nous voulons qu’il y ait une pastorale pour les personnes et pour les couples homosexuels mieux structurée », résume-t-on.

    Une autre source proche de l’épiscopat résume : « Nous pensons que ce n’est pas contraire à la volonté de Dieu, s’il y a un amour réciproque, la fidélité, de l’attention à l’autre. »

    Du côté de Rome, alors que le signataire du document de mars 2021, le cardinal Luis Ladaria Ferrer, président du Dicastère pour la doctrine de la foi, sera bientôt remplacé, c’est le silence complet.

    Réactions de cardinaux

    Trois cardinaux se sont distingués par leur réaction au texte des évêques belges. Le cardinal Wim Eijk, archevêque d’Utrecht, a longuement expliqué son opposition, et termine sa démonstration par un vœu : « que les évêques flamands soient bientôt invités par les milieux ecclésiastiquement compétents à retirer leur déclaration et qu’ils s’y plient ».

    Le cardinal Francis Arinze à son tour, dans une déclaration datée du 24 septembre, a expliqué que les évêques flamands de Belgique ont « fait une erreur ». Et de rappeler à son tour que ce type de bénédiction était inexistante, parce que l’Eglise n’a pas le pouvoir de donner une bénédiction aux personnes de même sexe, comme l’a rappelé la Congrégation pour la doctrine de la foi.

    Dans une déclaration envoyée à LifeSiteNews, le cardinal Gerhard Müller a condamné à son tour cette comme étant « hérétique » et « diamétralement opposée à la Parole de Dieu sur le mariage, la famille et la création de l’homme en tant qu’homme ou femme ».

    La question est la suivante : que vont faire ces cardinaux – et certains évêques qui ont également condamné cette horreur – devant le silence romain qui apparaît maintenant comme complice ? Il faudra bien tirer les conclusions et réagir comme la situation le nécessite. Sans quoi, demain, avec le Synode sur la synodalité, cette pseudo-bénédiction sera répandue partout.

    (Source : La Croix/cath.ch/Lifesitenews/The Moynihan Letters – FSSPX.Actualités)

  • Tagle, Hollerich, Roche, Tolentino de Mendoça : quelques "papabili" de gauche

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    De Res Novae :

    Les papables de gauche

    La considération du profil de ces cardinaux progressistes, dont on nous dit que les stratèges de cette mouvance, spécialement jésuites, s’apprêtent à pousser l’un d’eux vers l’élection au Siège de Pierre, laisse rêveur. On avance trois noms : Tagle, Hollerich, Roche. Mais la liste n’est pas exhaustive. Par exemple, pourrait être avancé le nom du tout nouveau cardinal africain Richard Kuuia Baawobr, 63 ans, supérieur général des Pères Blancs.

    Luis Antonio Tagle, le cardinal-qui-plaît-aux-jeunes

    Luis Antonio Tagle, Philippin, 65 ans, n’a certes pas une pensée d’une grande originalité, mais elle est délibérément progressiste. Il fut l’élève brillant des jésuites, et a obtenu ses grades théologiques à la Catholic University de Washington. Il a pris part aux travaux de L’Histoire de Vatican II, éditée par l’École de Bologne (Giuseppe Alberigo, Alberto Melloni), qui est typiquement une histoire « selon l’herméneutique de rupture ».

    Il est devenu le cardinal-archevêque de Manille des mains de Benoît XVI, qui se plaisait à élever des universitaires reconnus, fussent-ils partisans de « l’herméneutique de rupture ». Et le pontificat bergoglien en a fait un personnage de premier plan : en 2014 et en 2015, il était l’un des co-présidents des deux assemblées du Synode sur la Famille, faisant ces apparitions « jeunes » qu’il affectionne : c’est un « bon gars », dit-on de lui.

    Il n’a point besoin de tisser des réseaux : toutes les tendances de mouvement agissent pour lui. Le cardinal Rodriguez Maradiaga, du Honduras (du Conseil des cardinaux qui a préparé la fameuse réforme de la Curie), l’a propulsé au titre de « défenseur des marginalisés » à la présidence de Caritas Internationalis pour lui succéder.

    Donné comme un grand représentant de « de la pensée théologique asiatique », le 8 décembre 2019, il était nommé préfet de la Congrégation pour l’Évangélisation des Peuples. La réforme de la Curie a regroupé en un seul dicastère cette Congrégation et le Conseil pontifical pour la nouvelle Évangélisation. Nommé Pro-Préfet d’une de ses deux sections, il y a été comme posé comme sur un piédestal. Pro-Préfet seulement parce que le pape, pour signifier la prééminence de ce Dicastère, en est le Préfet, de même qu’avant le Concile les papes, maîtres de la doctrine, étaient eux-mêmes Préfets du Saint-Office.

    Mais les responsabilités romaines et l’atmosphère plus que tendue du monde curial actuel ont montré les limites de Tagle et affecté sa santé : il a été victime du fameux syndrome d’épuisement professionnel, d’un burn-out. Souriant et énigmatique, il reste cependant « en réserve ».

    Jean-Claude Hollerich, le cardinal synodal

    Le cardinal Hollerich, Luxembourgeois, 64 ans, est, pour sa part, plus que l’ami des jésuites, il est jésuite. Ordonné en 1990, il fut intégré à la province jésuite du Japon, dont il connaît la langue et la culture (il a enseigné à l’université Sophia de Tokyo). Archevêque ratzinguérien de Luxembourg en 2011, il est devenu cardinal bergoglien en 2019.

    Sandro Magister lui a réservé un article assassin : « Si le conclave souhaite un François bis, voici son nom et son programme »[1]. Il a été nommé en 2021 rapporteur général du grand synode pluriannuel sur la synodalité, lequel est en partie conçu comme un moyen de transaction avec les « excès » du Chemin synodal allemand. Il a eu ainsi l’occasion, en une série d’entretiens, de détailler une sorte de programme modéré.

    Il s’est opposé à la déclaration de l’avortement comme droit fondamental par le parlement européen, mais il comprend que l’on soit préoccupé par la dignité des femmes et pense que le discours de l’Église pour la défense de la vie n’est plus audible et qu’il faut trouver d’autres voies. Lesquelles ? Il n’en dit rien. Il souhaite, « après mûre réflexion », qu’on ordonne des hommes mariés parmi des viri probati, ce qui permettrait de solutionner, croit-il, la crise des vocationsIl ne juge pas utile que des femmes soient ordonnées, dans la mesure où la reconnaissance des virtualités du sacerdoce commun des baptisés leur permettra d’exercer de nombreux rôles d’importance. Concrètement, il fait sienne la mesure de transaction qui est dans l’air du temps : les femmes n’ont pas à consacrer l’Eucharistie, mais on peut leur confier l’homélie.

    Et surtout : « Nous devons changer notre façon de voir la sexualité ». En effet : « « Les positions de l’Église sur le caractère peccamineux des relations homosexuelles sont erronées. Je crois que les fondements sociologiques et scientifiques de cette doctrine ne sont plus corrects. » Cela vaut a fortiori pour les divorcés « remariés » et même pour les protestants : « À Tokyo, je donnais la communion à tous ceux qui venaient à la messe. Je n’ai jamais refusé la communion à personne. Je partais du principe que si un protestant venait communier, c’est qu’il savait ce que les catholiques entendent par la communion, au moins autant que le savent les autres catholiques qui participent à la messe. » Mais d’ajouter : « Cependant, je ne concélébrerais pas avec un pasteur évangélique. » Ouf !

    Arthur Roche, le cardinal qui veut en finir avec la liturgie traditionnelle

    Le tout nouveau cardinal Arthur Roche, n’a pas l’envergure d’un personnage historique, ni ne cherche à l’être : l’Auream quisquis mediocritatem diligit, d’Horace, Quiconque aime la médiocrité dorée…, s’applique bien à sa personnalité. Mais ce grand humaniste a réussi à se glisser parmi les possibles post-François. Et il est devenu l’homme d’une idée : néantiser les adversaires de la réforme liturgique.

    Anglais du Yorkshire, 71 ans, il a dû sa nomination comme Secrétaire du Culte divin, en 2012, par Benoît XVI, au fait qu’il connaissait mieux que personne le dossier des traductions anglaises de la nouvelle liturgie (il avait présidé l’International Commission on English in the Liturgy, ICEL, le très libéral organisme de coordination entre les conférences épiscopales anglophones).

    Le nouveau pontificat advenu, il a participé activement à la mise en place par étapes de l’offensive contre la liturgie traditionnelle : motu proprio de 2019, qui supprimait la Commission Ecclesia Dei ; lancement, en 2020, par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, auprès de l’ensemble des évêques de l’Église latine d’une enquête sur l’application du motu proprio Summorum Pontificum ; publication de Traditionis custodes, le 16 juillet 2021, accompagné d’une lettre du pape aux évêques annonçant clairement l’intention des rédacteurs : faire disparaître à terme l’ancienne lex orandi. Elle était mise sous la tutelle de la Congrégation pour le Culte divin et des Sacrements, en d’autres termes sous la tutelle d’Arthur Roche qui en était devenu Préfet.

    Et le 18 décembre 2021, par ses Responsa, des réponses à des questions censées avoir été posées à la Congrégation au sujet de Traditionis custodes, le Préfet Roche en rajoutait. Seul le missel traditionnel, et donc la célébration de l’Eucharistie, restait permis comme tolérance. Il interdisait l’usage des autres livres (rituel des sacrements et pontifical de l’évêque) et interdisait donc de célébrer traditionnellement tous les autres sacrements : baptêmes, pénitences, confirmations, mariages, extrêmes-onctions et ordinations. Théoriquement.

    Ou bien alors le bobo-cardinal Tolentino de Mendonça ?

    Le Catholic Herald, qui affirme avec assurance que la course du pré-conclave se joue actuellement entre Tagle le progressiste, Erdö le conservateur[2] et Matteo Zuppi, situé dans un centre indéfini[3], remarque cependant qu’une élection pontificale se fait aux deux tiers des voix et nécessite donc un large consensus. Du coup il avance un nouveau nom, celui du nouveau cardinal José Tolentino de Mendonça, qui serait « le genre de figure acceptable pour toutes les factions et capable d’attirer un large soutien parmi elles.[4] » Portugais de Madère, bientôt 57 ans, bibliste de formation, il a essentiellement eu une carrière académique et est devenu archiviste et bibliothécaire de l’Église romaine en 2018, bien que de compétences d’archiviste et de paléographe légères. Invité, la même année, à prêcher la retraite de carême de la Curie, il a été créé cardinal l’année suivante et, à l’occasion de la tout récente réforme de la Curie, il est devenu Préfet du Dicastère pour la Culture et l’Éducation.

    Il est déjà l’auteur d’une œuvre très conséquente de poésie, théâtre, essais, prières, qui lui a valu une collection de prix littéraires. Poète blasé, coqueluche des salons de Lisbonne et de l’intelligentsia lusitanienne catho, il a été désigné en 2019 personnalité portugaise de l’année par l’hebdomadaire Expresso.

    José de Mendonça, comme il se doit, est bergoglien : « Nous vivons au milieu de la ville, dans cet espace plein de frontières et plein de murs invisibles et de blocages existentiels […] Que les chrétiens soient remariés, blessés par des expériences conjugales naufragées, ou par la réalité de nouvelles familles, ou des homosexuels, ils doivent trouver dans l’Église un espace d’écoute, d’accueil et de miséricorde.[5] »

    Il est plus que bergoglien même, car il est très lié avec la Sœur Teresa Forcades, bénédictine de Montserrat, féministe convaincue : « Accepter l’avortement comme un mal mineur n’entre pas en contradiction avec le Dieu chrétien »[6]. Elle est pro-contraception, pro-ordination des femmes, et parcourt le monde pour répandre ses idées : « Je crois que sur le thème de l’acceptation de l’homosexualité ou des minorités sexuelles en général dans l’Église, le pape François n’a pas promu des changements doctrinaux mais l’atmosphère dans l’Église a changé. […] Je peux parler pour moi et pour d’autres compagnes qui travaillent pour une inclusion pleine de l’homosexualité dans l’Église[7]. » Le cardinal poète a donné une préface très élogieuse à son livre, La théologie féministe dans l’histoire[8].

    Qui vivra, verra. À bien des reprises et de bien des manières Dieu jadis a envoyé des fléaux pour punir les péchés des chrétiens. Lui seul sait ce qu’il veut permettre demain.

    Don Pio Pace


    [1] Si le conclave souhaite un François bis, voici son nom et son programme | Diakonos.be.
    [2] Péter Erdő, 70 ans archevêque d’Esztergom-Budapest et primat de Hongrie.
    [3] La candidature Zuppi, 67 ans, est plombée du côté conservateur par le fait qu’il a préfacé l’édition italienne du livre du P. James Martin, sj, rédacteur en chef de la revue jésuite America, Un ponte da costruire. Una relazione nuova tra Chiesa e persone LGBT (Marcianum Press, 2018). Dans ce type de littérature on ne dit jamais clairement que celui qui demande les sacrements doit avoir cessé, pour les recevoir, d’être installé dans une situation publique de péché. Certes, la préface propose, quant à elle, « une savante pédagogie de la gradualité ». Réserve insuffisamment claire, disent les conservateurs, pour faire espérer un enseignement moral irréprochable.
    [4] Enter Cardinal Mendonça, newly-promoted love poet and possible future Pope – Catholic Herald.
    [5] Radio Renascença, 22 décembre 2016.
    [6] TV5, 11 mars 2016.
    [7] Médias-Presse-Info, 18 octobre 2019.
    [8] La teologia feminista en la història, Fragmenta Editorial, 2007.

  • Le Synode pataugeant au milieu de la synodalité : le pape prolonge le processus de réforme d'un an au milieu de l'apathie et des critiques

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    Par NICOLE WINFIELD aujourd'hui via  « il Sismographo » :

    1000.jpeg« ROME (AP) – Le pape François a décidé de prolonger d'un an une longue consultation mondiale des catholiques ordinaires sur l'avenir de l'Église catholique, au milieu d'une participation limitée des laïcs et d'une résistance apparente à ses réformes de la part de la hiérarchie.

    François a annoncé dimanche que le rassemblement des évêques prévu en 2023 se déroulerait désormais en deux étapes - une session en octobre 2023 et une seconde en octobre 2024 - pour laisser plus de temps pour trouver une voie à suivre.

    En 2021, François a officiellement ouvert un processus de consultation de deux ans sur le thème de la « synodalité », ou une structure plus décentralisée de l'Église avec les laïcs ayant un rôle plus important. Le processus fait partie de l'objectif à long terme de François de rendre l'Église plus inclusive, participative et réactive aux problèmes du monde réel auxquels sont confrontés les catholiques ordinaires.

    Dans le cadre du processus, le Vatican a demandé aux diocèses, aux ordres religieux et à d'autres groupes catholiques de se lancer dans des séances d'écoute locales afin que les catholiques ordinaires puissent parler de leurs besoins et de leurs espoirs pour l'Église. Les conférences épiscopales du mois d'août ont rendu compte des résultats, et un comité d'organisation s'est récemment réuni près de Rome et a achevé un document de synthèse.

    Mais plusieurs diocèses et conférences épiscopales ont signalé une participation minimale. La Conférence des évêques catholiques des États-Unis, par exemple, a signalé que 700 000 personnes avaient participé à la consultation, dans un pays de 66,8 millions de catholiques. De nombreux pays européens ont également signalé des taux de participation inférieurs à 10 %. »

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  • Club des Hommes en noir : les évêques servent-ils encore à quelque chose ?

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    Du site de l'Homme Nouveau :

    Les évêques servent-ils encore à quelque chose ? Les réponses du Club des Hommes en noir

    Les évêques servent-ils encore à quelque chose ? Les réponses du Club des Hommes en noir

    Dans une Eglise qui se veut synodale mais qui semble hyper centralisée, les évêques ne sont-ils finalement que de simples relais, les préfets du pape François ? L'analyse du Club des Hommes en noir avec cette semaine autour de Philippe Maxence, les abbés Barthe et Célier, le père Thomas et Anne Le Pape.

     

  • La mort du Père Gumpel, l'érudit qui a déboulonné les mythes contre Pie XII

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    D'Ermes Dovico sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    Le Père Gumpel, l'érudit qui a déboulonné les mythes contre Pie XII

    14-10-2022

    Le jésuite allemand est décédé, lui qui a démantelé, en étudiant la documentation historique, la légende noire sur Pie XII et son comportement envers les Juifs qui ont été sauvés par milliers grâce à l'activité du pasteur angélique. La Bussola s'entretient avec le père Bux : "Gumpel a dissipé tous les doutes sur le pape Pacelli et a été convaincu de sa sainteté".

    Le père Peter Gumpel, un jésuite allemand de 98 ans, est décédé le 12 octobre (il aurait eu 99 ans le 15 novembre). Gumpel est notamment connu pour avoir eu accès, depuis 1965, à la documentation sur le pontificat de Pie XII contenue dans les Archives secrètes du Vatican (aujourd'hui Archives apostoliques) et avoir ainsi contribué à démanteler, avec d'autres historiens, les légendes noires qui circulaient sur le pape Pacelli.

    Des légendes qui avaient atteint leur paroxysme en 63, à travers la pièce Le Vicaire du dramaturge Rolf Hochhuth, qui accusait le pasteur angélique d'être resté passif et indifférent face au génocide perpétré par les nazis. Une "thèse théâtrale" qui se heurte à la réalité d'un pontife, tel que Pie XII, qui a mis en place une œuvre de réseaux pour offrir refuge, nourriture et salut à des milliers de Juifs. Pourtant, la thèse susmentionnée n'a jamais disparu de la propagande anticatholique, dont le père Gumpel lui-même, comme il en a témoigné, a fait l'expérience dans son travail d'historien.

    La Nuova Bussola a interviewé le père Nicola Bux, qui connaissait personnellement le jésuite allemand.

    Père Bux, pouvez-vous d'abord esquisser la figure du Père Gumpel ?

    Il appartenait à une noble famille allemande, qui a été persécutée sous le gouvernement nazi en raison de ses origines juives et contrainte d'émigrer. Son rôle d'historien a été souligné, essentiellement, pour son travail de recherche et d'établissement de la vérité sur la figure de Pie XII. Il était déjà bien connu à l'époque de Paul VI, car c'est alors que les recherches sur Pacelli ont été approfondies. Le pape Montini tenait Pie XII en haute estime (avec lequel il avait travaillé lorsqu'il était substitut à la Secrétairerie d'État) et souhaitait donc que des documents soient publiés pour attester du travail de Pacelli pendant la guerre. Lors du Concile Vatican II, Paul VI lui-même a demandé que la cause de béatification de Jean XXIII et de Pie XII soit lancée en même temps. Puis, sous Benoît XVI, la postulation de la cause de Pacelli a été confiée aux Jésuites, notamment parce que les Jésuites étaient les conseillers de Pie XII, qui comptait beaucoup sur leur aide. Je rappelle que déjà deux mois après sa mort, la première prière pour demander sa béatification a été publiée : Pie XII est mort le 9 octobre 1958 et déjà le 8 décembre de la même année, l'imprimatur a été donné à l'une de ses images saintes.

    Quel rôle le père Gumpel a-t-il joué dans cette cause ?

    Le père Gumpel, en particulier, a été le relais de la cause de béatification de Pie XII pendant trente ans, de 1983 à 2013. À cette époque, en 2009, l'Église a reconnu les vertus héroïques du Pape Pacelli, qui a alors été proclamé Vénérable par Benoît XVI. Le pape Ratzinger s'est servi de la collaboration du père Gumpel jusqu'à la fin pour dissiper le dernier doute qui planait sur le processus de béatification, à savoir si Pie XII avait fait tout son possible pour aider et sauver les Juifs. Gumpel a su dissiper les derniers doutes à cet égard. Il a notamment rencontré le chef d'un groupe d'environ 800 rabbins juifs orthodoxes d'Amérique du Nord, qui lui a remis une déclaration écrite dans laquelle il expliquait que les juifs orthodoxes n'acceptaient pas que leurs frères dans la foi se mêlent des affaires internes de l'Église. On sait que des influences politiques partisanes ont pesé sur l'affaire Pie XII, ce qui a ralenti le processus de béatification, mais que le père Gumpel a pu "dribbler" avec la force de la documentation historique, qui atteste du comportement exemplaire du Saint-Père.

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  • "Je suis pro-life, mais..."

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    De notre collaborateur Paul Vaute, cette réponse à une objection fréquemment faite aux défenseurs de la vie humaine conçue:

       La gravité du sujet et sa permanente actualité m'incitent à revenir sur un échange dont Belgicatho fut le support au début de l'été[1]. Rappelons-en d'abord les termes. Au cours d'un débat en direct, le 27 juin, dans le cadre de l'émission matinale de la RTBF La Première, l'abbé Eric de Beukelaer, vicaire général du diocèse de Liège, avait notamment déclaré ceci: "Je suis plutôt pro-life même si je ne suis pas pour que tout soit interdit..." Commentant ce propos, Yves Willemaers, responsable de ce blog, nota qu'à l'entendre, "on se demande bien quelle est finalement la position de l'Eglise sur l'avortement", cette extrême prudence apparaissant bien éloignée du "que votre oui soit oui" (Mt. 5:37).

       Suivirent différentes réactions de lecteurs, mais je retiendrai surtout la réponse de celui qui se trouvait ainsi épinglé. "Je ne crois pas, écrivit-il, que criminaliser complètement l'avortement, va faire progresser la défense de la vie". Et de renvoyer vers un article de son propre blog, publié le même jour que l'émission précitée et où il précise son point de vue[2]. Y figurent des considérations de bon sens et qui n'appellent aucune réserve. Mais en réaffirmant l'inefficacité, à ses yeux, de la criminalisation, l'auteur ajoute ceci:

       "Je puis donc comprendre une dépénalisation encadrée, permette [sic] aux femmes qui ne veulent pas poursuivre une grossesse, d'avorter dans de bonnes conditions sanitaires.

       "Cependant, ceci ne transforme pas un acte moralement aussi sensible, en simple question de "santé reproductive". Vouloir banaliser l'avortement est un leurre. Il me semble que personne ne le vit ainsi. L'objectif de tout citoyen responsable, croyant ou laïque, homme ou femme, doit être d'améliorer avant tout la prévention, afin de réduire le nombre des avortements autant que faire se peut".

     

    [1] 29 juin 2022, Eric de Beukelaer au "parti pris" sur Auvio : "Je suis plutôt prolife même si je ne suis pas pour que tout soit interdit..." - BELGICATHO.

    [2] https://ericdebeukelaer.be/2022/06/27/l-avortement-hante-encore-et-toujours-larene-politique-et-cela-va-durer/.

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  • Le traditionalisme : une fidélité, une résistance, une oeuvre d'Eglise

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    Du site de Paix liturgique, lettre 889 du 11 Octobre 2022 :

    LE TRADITIONALISME : UNE FIDELITE, UNE RESISTANCE, UNE OEUVRE D'EGLISE

    Le samedi 24 septembre dernier, s'est tenu à Paris un colloque sur l'avenir de la messe traditionnelle qui a réuni près de 500 participants. La grande réussite de cette évènement, co-organisé notamment par les associations Oremus-Paix Liturgique et Renaissance Catholique, tient à la qualité des interventions et notamment de celle de Jean-Pierre Maugendre, Président de Renaissance Catholique, que nous reproduisons ici avec son aimable autorisation.

    Tout avait bien commencé : « Le concile qui vient de s’ouvrir est comme une aurore resplendissante qui se lève sur l’Eglise, et déjà les premiers rayons du soleil levant emplissent nos cœurs de douceur. Tout ici respire la sainteté et porte à la joie. Nous voyons des étoiles rehausser de leur éclat la majesté de ce temple, et ces étoiles, comme l’apôtre Jean nous en donne le témoignage (Ap 1, 20), c’est vous ! ». Ainsi s’exprimait le 11 octobre 1962 le bon pape Jean dans son discours d’ouverture du Concile ! Le programme proposé était d’une simplicité…biblique : « L’Eglise n’a jamais cessé de s’opposer [aux] erreurs. Elle les a même souvent condamnées et très sévèrement. Mais aujourd’hui, l’Epouse du Christ préfère recourir au remède de la miséricorde, plutôt que de brandir les armes de la sévérité, elle répond mieux aux besoins de notre époque en mettant davantage en valeur les richesses de sa doctrine. » La méthode proposée était parfaitement claire : « Il faut que [l’Eglise] se tourne vers les temps présents, qui entraînent de nouvelles situations, de nouvelles formes de vie et ouvrent de nouvelles voies à l’apostolat catholique. C’est pour cette raison que l’Eglise n’est pas restée indifférente devant les admirables inventions du génie humain et les progrès de la science, dont nous profitons aujourd’hui, et qu’elle n’a pas manqué de les estimer à leur juste valeur. » Ces intentions au demeurant sans doute fort louables sur le fond aboutirent dans la réalité à ce que Jacques Maritain, peu suspect d’intégrisme, voire même, si j'ose dire, "imam caché" du concile Vatican appelait dans le « Paysan de la Garonne » : « L’agenouillement devant le monde ». (p 85) En quelques années un héritage multiséculaire fut jeté à bas, des habitudes millénaires oubliées, daubées, fustigées et condamnées. Mme Michu qui n’avait pas lu les Actes du concile et n’avait pas l’intention d’y consacrer dix secondes observa cependant avec stupeur, dans sa paroisse : • La suppression de la chorale, c’était pourtant bien beau mais … plus long. • L’élimination du latin ; elle n’y comprenait rien, mais l’objectif était que Dieu comprenne. • L’apparition d’une table devant l’autel, c’est sa voisine qui l’avait fournie. • La célébration de la Messe face au peuple qui faisait que le célébrant tournait le dos au tabernacle ce qui paraissait incongru à Mme Michu, pas au célébrant. • La distribution de la communion dans la main ; Mme Michu avait vu des gamins mettre l’hostie dans leur poche. • Le bouleversement du calendrier et la suppression du saint protecteur de la paroisse. Elle apprit que même sainte Philomène, la sainte préférée du curé d’Ars, avait disparu dans la tourmente. • La destruction des confessionnaux, 2 • L’interdiction des agenouillements, • La suppression de la Fête-Dieu, • L’abandon de la récitation du rosaire, etc… Mme Michu fit comme une autre voisine, elle décida de ne plus remettre les pieds à l’église, hormis pour les mariages et les enterrements. On lui avait changé sa religion. Comme le rapporte Patrick Buisson dans son ouvrage capital La fin d’un monde, citant une brave mère de famille, épouse d’un mécanicien : « La religion, ça ne devrait pas changer, puisque ce qu’on cherche, c’est d’être sûr de quelque chose. » (p 266) De son côté Guillaume Cuchet note, en conclusion de son précieux travail Comment notre monde a cessé d’être chrétien : « Cette rupture au sein de la prédication catholique a créé une profonde discontinuité dans les contenus prêchés et vécus de la religion de part et d’autre des années 1960. Elle est si manifeste qu’un observateur extérieur pourrait légitimement se demander si, par-delà la continuité d’un nom et de l’appareil théorique des dogmes, il s’agit bien toujours de la même religion. » (p 266) Tout ceci fut imposé avec une brutalité inouïe. Brutalité certes en opposition avec le discours officiel sur l’écoute, l’ouverture, le dialogue, le respect de l’autre, l’accueil des différences, mais brutalité nécessaire car tous ces bouleversements ne répondaient en aucune façon aux demandes des fidèles catholiques. Un sondage du 13 août 1976, au cœur de l’été chaud ainsi nommé en raison de la canicule de cette année-là mais aussi en référence à la messe traditionnelle célébrée par Mgr Lefebvre, devant des milliers de fidèles, à Lille, publié par l’IFOP et le Progrès de Lyon révélait l’ampleur du malaise. Si 40% des pratiquants réguliers estimaient qu’il fallait continuer les réformes initiées par Vatican II, 48% estimaient que l’Eglise était allée trop loin dans les réformes. Chiffre auquel il faut sans doute rajouter l’immense majorité de ceux qui avaient cessé de pratiquer entre 1965 et 1976. Aujourd’hui encore tous les sondages menés par l’association “Paix Liturgique” le confirment. Globalement 30% des pratiquants réguliers assisteraient à la messe traditionnelle si elle était célébrée dans leur paroisse. Alors qu’il est de bon ton de dénoncer le cléricalisme, les années qui suivirent le concile furent d’abord celles d’un cléricalisme effréné dans la continuité de ce que Mgr Schneider dans son ouvrage indispensable Christus Vincit analysait : « Le phénomène “Vatican II” apparaît comme un énorme spectacle de triomphalisme clérical. » (p 164) Le départ de sa paroisse de Madame Michu ne contrista pas son curé ; certes c'était contrariant pour la quête mais il avait bien intégré le postulat « mille fois rabâché, que l'évangélisation de ceux qui étaient loin de pourrait se faire qu'après l'éviction de tous ceux qui n'était que faussement proches », (p 256) selon la lumineuse synthèse de Patrick Buisson. Comme l’écrivait un évêque cité par la revue “Itinéraires” de Jean Madiran : « L'Eglise passe d’un christianisme sociologique à un christianisme authentique ».

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  • Le pape François, dom Guéranger et le sens chrétien de l’histoire

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    De Roberto de Mattei sur Correspondance Européenne :

    Le pape François, dom Guéranger et le sens chrétien de l’histoire

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    «Qui suis-je pour juger» ? Ces paroles prononcées le 28 juillet 2013 par le pape François, dans l’avion qui le ramenait du Brésil, en réponse à la question d’un journaliste sur les homosexuels sont entrées dans l’histoire. Plutôt que d’exprimer l’attitude subjective de miséricorde que tout catholique doit avoir devant le cas concret d’un pécheur, ces paroles traduisent le refus d’exprimer sans ambiguïté un jugement approprié sur un péché objectif, condamné par le Catéchisme de l’Église Catholique. Il est vrai que «tous les sentiers du Seigneur sont amour et vérité» (Ps. 24, 10), mais la miséricorde ne doit s’appliquer, dans les cas concrets, qu’après l’affirmation sans équivoque de la vérité. Il n’est donc pas étonnant que cette phrase du pape ait été interprétée partout dans le monde comme un changement, ou comme une atténuation de la doctrine de l’Église sur l’homosexualité. Là n’était sans doute pas l’intention du pape, poussé à ces déclarations par le désir politique de satisfaire ses interlocuteurs, mais le résultat fut désastreux.

    Les paroles sur la Chine, prononcées par le pape le 15 décembre 2022, à son retour du Kazakhstan, en réponse à un journaliste de Crux, traduisent la même ligne politique de compromis. Pour justifier le dialogue du Saint-Siège avec le régime communiste de Xi Jinping, le pape s’est refusé à définir la Chine comme un pays non démocratique et a minimisé la gravité du procès en cours à Hong Kong contre le Cardinal Joseph Zen : «Je ne qualifierais pas la Chine d’antidémocratique parce que c’est un pays très complexe, avec des rythmes qui lui sont propres… C’est vrai, il y a des choses qui, de notre point de vue, semblent ne pas être démocratiques ; c’est vrai. Le Cardinal Zen est très âgé ; il passera en jugement ces jours-ci, je crois. Lui dit ce qu’il pense, et on voit bien qu’il y a des limitations. Je ne veux pas donner de qualification, parce que c’est difficile, et je ne me sens pas autorisé à le faire, ce sont des impressions ; plus que de qualifier, je cherche à soutenir la voie du dialogue».

    Récemment, le cardinal Gerhard Müller a qualifié d’«injuste» et de «gravissime» le procès contre le cardinal Zen ; il a déploré qu’aucune parole de solidarité à son égard n’ait été prononcée ni par le doyen du Collège des cardinaux, le cardinal Re, ni par le secrétaire d’ État Parolin, et pas non plus par le pape. Les rapports pour l’année 2022 des principales institutions internationales, World Watch, ONU et Amnesty International signalent les violations des droits de l’homme commises par la Chine. Pendant quarante ans, celle-ci a, au moyen de l’avortement, imposé l’enfant unique et aujourd’hui encore, on y compte environ 9,5 millions d’avortements par an, presque autant que les 10,6 millions de naissances enregistrées en 2021. La technologie est mise au service de la répression, et la répression est utilisée à des fins criminelles comme le trafic d’organes. Une étude publiée en 2020 et financée par la Victims of Communism Memorial Foundation dénonce, à travers de nombreux témoignages, l’assassinat en Chine de prisonniers politiques, dont les organes servent à approvisionner les hôpitaux qui pratiquent des greffes de cœur, foie, poumon et reins sur des patients chinois et étrangers.

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  • "Les jurés du prix Nobel de littérature ont préféré l’idolâtrie du sexe à la lucidité"

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    Une tribune de Henri Quantin parue sur le site Aleteia.org :

    Nobel de littérature : Annie Ernaux versus Michel Houellebecq

    Avec leurs perpétuelles polémiques sur la surreprésentation des mâles dans les palmarès, la seule chose qu’ont réussi les féministes est de faire soupçonner un choix idéologique chaque fois qu’une femme est récompensée par un prix autre que celui de Miss seins nus. En 1928, quand Sigrid Undset obtint le prix Nobel de littérature, personne ne pensa que le jury s’était cru obligé de choisir une femme, encore moins que cela couronnait la conversion de la romancière norvégienne au catholicisme en 1924. Le jury récompensait une grande œuvre, voilà tout.

    Avec le prix Nobel d’Annie Ernaux, le doute est permis, tant ses livres, sans exception, sont un hommage à ce que l’idéologie ambiante vante à flots continus, à commencer par les bienfaits supposés de la « libération des femmes ». « Après Simone Veil au Panthéon, remarque une jeune lectrice peu convaincue par le roman L’Événement, ça devait arriver… L’avortement est un bon pourvoyeur d’héroïnes nationales. » Les supporters déçus de l’échec de Houellebecq ont eu beau jeu de dire que le sexe de leur poulain était un handicap insurmontable.

  • Comment les catholiques sont devenus prisonniers de Vatican II

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    Lu sur « Il Sismografo » cet article extrait du New York Times

    le concile a 60 ans maxresdefault (5).jpg« (Ross Douthat, The New York Times) Le Concile Vatican II, la grande révolution dans la vie de l'Église catholique moderne, s'est ouvert il y a 60 ans cette semaine à Rome. Une grande partie de ce monde des années 1960 est décédée, mais le conseil est toujours avec nous; en effet, pour une église divisée, ses conséquences toujours en cours ne peuvent être échappées.

    Pendant longtemps, cela aurait été une revendication libérale. Dans les guerres au sein du catholicisme qui ont suivi le concile, les conservateurs ont interprété Vatican II comme un événement discret et limité - un ensemble particulier de documents qui contenaient divers changements et évolutions (sur la liberté religieuse et les relations catholiques-juives en particulier), et ouvraient la porte à une version révisée et vernaculaire de la messe. Pour les libéraux, cependant, ces détails n'étaient qu'un point de départ : il y avait aussi un « esprit » du concile, similaire au Saint-Esprit dans son fonctionnement, qui était censé guider l'église. dans de nouvelles transformations, une réforme perpétuelle.

    L'interprétation libérale a dominé la vie catholique dans les années 1960 et 1970, lorsque Vatican II a été invoqué pour justifier un éventail toujours plus large de changements - à la liturgie, au calendrier et aux prières de l'Église, aux coutumes laïques et à la tenue cléricale, à l'architecture de l'église et à la musique sacrée, à la discipline morale catholique. Puis l'interprétation conservatrice s'est installée à Rome avec l'élection de Jean-Paul II, qui a publié une flottille de documents destinés à établir une lecture faisant autorité de Vatican II, à freiner les expérimentations et les altérations plus radicales, à prouver que le catholicisme avant les années 1960 et Le catholicisme par la suite était toujours la même tradition.

    Maintenant, dans les années du pape François, l'interprétation libérale est revenue - non seulement dans la réouverture des débats moraux et théologiques, l'établissement d'un style d'écoute permanente de la gouvernance de l'église, mais aussi dans la tentative de supprimer une fois de plus l'ancien catholique rites, la liturgie latine traditionnelle telle qu'elle existait avant Vatican II.

    L'ère de François n'a pas restauré la vigueur juvénile dont jouissait autrefois le catholicisme progressiste, mais elle a justifié une partie de la vision libérale. Par sa gouvernance et même par sa simple existence, ce pape libéral a prouvé que le Concile Vatican II ne peut pas être simplement réduit à une seule interprétation établie, ou voir son travail en quelque sorte considéré comme terminé, la période d'expérimentation terminée et la synthèse restaurée.

    Au lieu de cela, le concile pose un défi permanent, il crée des divisions apparemment insolubles et il laisse le catholicisme contemporain face à un ensemble de problèmes et de dilemmes que la Providence n'a pas encore jugé bon de résoudre.

    Voici trois déclarations pour résumer les problèmes et les dilemmes. D'abord, le concile était nécessaire. Peut-être pas sous la forme exacte qu'il a prise, un concile œcuménique convoquant tous les évêques du monde entier, mais dans le sens où l'Église de 1962 avait besoin d'adaptations importantes, d'une réflexion et d'une réforme importantes. Ces adaptations devaient être tournées vers le passé : la mort de la politique du trône et de l'autel, la montée du libéralisme moderne et l'horreur de l'Holocauste ont tous exigé des réponses plus complètes de la part de l'Église. Et ils devaient aussi être tournés vers l'avenir, dans le sens où le catholicisme du début des années 1960 commençait à peine à compter avec la mondialisation et la décolonisation, avec l'ère de l'information et les révolutions sociales déclenchées par l'invention de la pilule contraceptive.

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  • Vatican II a 60 ans : un retour en arrière pour aller de l'avant ?

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    Du Père Raymond J. de Souza sur le National Catholic Register :

    Vatican II a 60 ans : un retour en arrière pour aller de l'avant ?

    Le pontificat du pape François semble se sentir plus à l'aise dans la période post-conciliaire immédiate, mais ceux qui souhaitent ramener l'Église en 1972 doivent faire face à l'héritage interprétatif colossal de Jean-Paul II et Benoît XVI.

    11 octobre 2022

    Note de l'éditeur : Cet article fait partie du symposium du Register sur Vatican II à 60 ans.

    Pour les catholiques trop jeunes pour se souvenir de la période postconciliaire immédiate, le 60e anniversaire de Vatican II offre une chance de revivre le passé. L'Église est en train de régresser. Il y a un large consensus sur ce point. Il y a un désaccord sur la destination historique précise. 

    Avec une rhétorique de plus en plus pointue, le pape François dénonce ceux qui commettent le "péché du retour en arrière" - un néologisme qu'il a inventé pour caractériser ceux qui, selon lui, veulent revenir à la situation d'avant le concile Vatican II. 

    Le pontificat de près de dix ans du pape François semble, en revanche, se sentir plus à l'aise dans la période postconciliaire immédiate de la fin des années 1960 et des années 1970 - avant Veritatis Splendor (1993), le Catéchisme de l'Église catholique (1992), la théologie du corps (1979-1984), Familiaris Consortio (1980) et peut-être même tout le projet de saint Jean-Paul II (élu en 1978) de stabiliser l'Église après une décennie de troubles.

    C'est le jugement du cardinal Angelo Scola, ancien archevêque de Milan et de Venise, et figure de proue de l'Église des années 1970 jusqu'à sa retraite en 2017. Il a publié un livre d'entretiens, Betting on Freedom : Ma vie dans l'Église, en novembre 2021. Le prélat de longue expérience et de grande estime y affirme que l'Église recule, poussée ironiquement par ceux qui clament sans cesse que l'Église doit aller radicalement de l'avant, de peur de se laisser distancer par la culture contemporaine. Cela provoque la réaction "rétrograde" que le pape François dénonce.

    "À ceux qui pensent que l'Église a pris du retard, je réponds que nous sommes plutôt en train de revenir en arrière, plus précisément à l'époque des débats entre conservateurs et progressistes après le Concile", écrit le cardinal Scola. "Je constate une opposition renouvelée, avec beaucoup de surexcitation, entre les gardiens de la tradition telle qu'elle est comprise de manière rigide et les partisans de la conformation des pratiques, mais aussi de la doctrine, aux exigences du monde."

    L'Année de la foi sur le 50e

    En octobre 2012, le pape Benoît XVI a inauguré une "Année de la foi", marquant le 50e anniversaire de l'ouverture de Vatican II et le 20e anniversaire du Catéchisme de l'Église catholique. Il a rappelé que saint Paul VI avait déclaré une "Année de la foi" en 1967-1968, immédiatement après le Concile, alors que le navire de la foi était en eaux périlleuses. 

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  • Les trois trous noirs du Synode qui mettent l'Eglise en danger

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    De Stefano Fontana sur la Nuova Bussola Quotidiana

    Les trois trous noirs du Synode qui mettent l'Eglise en danger

    12-10-2022

    Le parcours qui culminera en 2023 avec le Synode des évêques présente au moins trois trous noirs. La première est que sa conduite n'a rien de synodal, confirmant l'attitude directive de François. Le deuxième trou noir concerne l'écoute, viciée par le fait qu'il a déjà été décidé ce qu'il faut écouter et ce qu'il ne faut pas écouter. La troisième est l'idée d'introduire la démocratie libérale dans l'Église. Mais cela dénature l'Église elle-même.

    Le parcours synodal sur la synodalité, qui se terminera en 2023 avec le véritable Synode des évêques après la longue " phase d'écoute ", présente plusieurs trous noirs qui le rendent très problématique et nous demande de ne pas pécher par naïveté.

    Le premier de ces trous noirs est que sa conduite n'a rien de synodal. Le document final du synode américain indique que 0,01% des fidèles ont participé à la phase d'écoute. En pratique, un petit groupe qui ne s'écoutait et ne parlait qu'à lui-même. C'est surtout François qui appuie sur l'accélérateur, et il le fait de manière non synodale mais impérative. Son pontificat est caractérisé par pas moins de 53 motu proprio, plus que ceux de ses deux prédécesseurs réunis. Les évêques sont coincés entre lui et les conférences épiscopales, et la synodalité entrave la collégialité. Les nominations au sommet de la direction du Synode démontrent déjà une volonté de le diriger, voire de le déterminer. Après tout, c'était aussi le cas des synodes précédents, à commencer par la Mère de tous les synodes, celui sur la famille en 2014/2015. Le fait que la synodalité soit une voie à sens unique est démontré par les slogans qui sont servilement répétés dans les documents finaux des synodes diocésains et dans la bibliographie de référence fournie aux synodes. Parmi les nombreux, je voudrais signaler celui du diocèse de Padoue, qui est tout au nom du progressisme : sur cette base, le résultat du synode de Padoue est déjà gravé dans la pierre.

    Même les théologiens les plus favorables au synode, comme Giacomo Canobbio de Milan, notent la contradiction d'un synode sur la synodalité poussé de manière centraliste. Dans le numéro actuel de "Studia Patavina", Canobbio saisit "un piège même dans l'enseignement/comportement du Pape François : d'une part, il veut impliquer tout le monde dans le processus synodal, d'autre part, c'est encore lui qui détermine les chemins des Conférences épiscopales, et notamment de la Conférence italienne". Cette hâte à brûler les étapes de la synodalité par imposition jette une lumière politique ambiguë sur l'ensemble du processus en cours et confirme qu'il s'agit d'une synodalité décidée a priori et imposée.

    Un deuxième trou noir concerne l'attitude d'écoute, présentée comme fondamentale à ce stade de la préparation du synode. Chacun peut constater que c'est une écoute imparfaite dans la mesure où elle est déjà orientée vers l'écoute de ceci et non de cela. C'est aussi une écoute instrumentale pour conduire les choses là où on veut les conduire. En outre, l'attitude d'écoute est compromise par une confusion entre le sensus fidei des fidèles et la catégorie de personnes propre à la "théologie du peuple". Ce lien problématique a été théorisé par Francis à plusieurs reprises. Le sensus fidei, ou "instinct de la foi", selon François, se produit avec le souffle de l'Esprit et fait jouir le fidèle baptisé d'une certaine connaturalité avec les réalités divines dont découle une sagesse dans le discernement. Il fonde sur cela le besoin d'écoute au sein de l'Eglise, pour éviter le verticalisme et le cléricalisme. Il y associe ensuite la théologie du peuple, puisqu'une certaine assistance connaturelle de l'Esprit Saint existerait aussi en dehors de l'Église, dans le peuple en tant que peuple. C'est pourquoi l'écoute doit aussi s'adresser aux personnes éloignées. Par peuple, on entend l'humanité, le monde, il y aurait donc un parallèle entre l'Église et le monde, une égalité dans l'écoute. L'idée est certes conforme à de nombreux courants de la théologie contemporaine, mais cela ne suscite (en fait) aucune inquiétude. Le danger de penser le peuple dans un sens sociologique se profile et le glissement vers l'affirmation que le souffle de l'Esprit est présent dans les revendications LGBT d'aujourd'hui est immédiat. Sur cette base, le Synode trouve un fondement très équivoque.

    Le troisième trou noir est que l'on veut introduire la démocratie libérale moderne dans l'Église. Le susdit Giacomo Canobbio l'a dit clairement : "Imaginer que la vérification [sic !] du sensus fidelium n'ouvre pas la porte à des formes de démocratisation de l'Église signifie tomber dans une forme de spiritualisation de la vie ecclésiale". Si la synodalité - poursuit Canobbio - doit se traduire par des décisions dans un synode, "les expériences empruntées aux sociétés démocratiques ne peuvent être mises de côté". De son point de vue, il a raison : si la démocratie vérifie (sic !) le sensus fidelium, alors l'Église doit être démocratique. Aujourd'hui, les décisions des synodes sont placées entre les mains de l'évêque ou du pape, mais la perspective est celle d'une nouvelle synodalité, dans laquelle les décisions des synodes, prises démocratiquement, ne devront plus se référer au pape ou à l'évêque, car dans ce cas on retomberait dans le cléricalisme ; "si c'est encore à lui [le pape] de dire le dernier mot, on risque d'ouvrir la voie à de nouveaux verticalismes". Le vote démocratique témoignerait de la présence de l'Esprit Saint dans les décisions synodales. Une promotion radicale de la démocratie procédurale moderne, remontant à nul autre que les exigences de l'Incarnation, mais en réalité c'est de l'historicisme.

    Si l'on réunit ces trois trous noirs, on peut se demander si l'Église qui sortira du synode sur la synodalité sera encore l'Église catholique. Le niveau d'alarme est élevé, même si peu de gens le disent.