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Débats - Page 125

  • "Foi et raison" propose deux videos sur 'sciences et preuves de Dieu' avec Dominique Lambert

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    Sur la chaine youtube de "Foi et raison" (voir ICI) :

    Interview du professeur Dominique Lambert (UNamur), physicien et philosophe des sciences, sur les conditions du dialogue entre sciences et théologie, et plus spécifiquement, dans cette 1ère partie, sur la question des preuves de l’existence (ou de l’inexistence) de Dieu à partir des sciences de la nature.

    00:00 Intro

    00:55 Peut-on prouver l’existence de Dieu à l’aide des sciences naturelles ?

    6:50 La philosophie peut-elle proposer des arguments rationnels et convaincants ?

    14:30 Les sciences répondent à la question « comment ? » et la religion à la question « pourquoi ? » : vraiment ?

    Seconde partie de l'interview du professeur Dominique Lambert (UNamur), physicien et philosophe des sciences, sur les conditions du dialogue entre sciences et théologie.

    00:00 Intro

    00:10 George Lemaître

    07:35 Commencement et Création

    14:10 Jean Ladrière ; Dialogue entre sciences et théologie ; Blondel

    20:32 D’où vient cette tendance à faire du concordisme ?

  • Quand Pie XII entre en action

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    Du Père Michel Viot sur zenit.org :

    Pie XII entre en action

    4e partie de la série sur Pie XII (voir ICI, ICI et ICI)

    Des paroles contenues, mais des actions efficaces sous le fil d’un couperet. La mémoire de l’œuvre de Pie XII mérite d’être restaurée. 

    Sous le coup de la guerre

    Le 10 mai 1940 le pape adresse aux souverains de Belgique, de Hollande et du Luxembourg un avis très clairement « anti allemand », selon le jugement de Wladimir d’Ormesson. 

    Plus important, l’historien allemand Feldkamp a découvert dans les archives du Vatican concernant le règne de Pie XII, un document que le Jésuite Pierre Blet connaissait : En mars 1942, deux mois après la conférence de Wannsee sur la solution finale, Pie XII avait envoyé à Roosevelt, qui ne l’a pas cru, un télégramme l’avertissant du plan d’extermination des Juifs d’Europe ! Pie XII a alors crée son propre bureau sur les persécutions juives au sein de la deuxième section de la secrétairerie d’État. Cette année est d’ailleurs capitale pour lui car elle vient confirmer la justesse de sa position. 1942 est l’année des rafles et Pie XII avait laissé totale liberté aux évêques pour agir au mieux pour sauver des vies. Mais ces rafles prennent de l’ampleur. Le Pape connaît leur sinistre destination. Il avait écrit un texte de protestation, décidant de rompre son attitude habituelle devant l’horreur de ce qu’il sait maintenant de manière sûre. Il apprend alors la rafle des Pays-Bas et la protestation publique des évêques. Résultat, la rafle redouble d’ampleur. Même les Juifs convertis au catholicisme sont déportés, Edith Stein (religieuse carmélite) et sa sœur sont envoyées à la mort. Et le témoignage de la sœur Pasqualina qui se trouvait aux côtés du pape Pie XII depuis 1919, est confirmé par les documents d’archives. Le pape en larmes brûle le discours qu’il voulait prononcer, et conserve sa première attitude, ce qui ne l’empêchera pas d’agir autrement. 

    Dans son message de Noël 1942, le Pie XII déclarera sur Radio Vatican que « des centaines de milliers de personnes qui, sans aucune faute propre, parfois uniquement en raison de leur nationalité ou de leur race, sont destinées à la mort ou au dépérissement ». L’année qui suit, 1943 va lui fournir une autre occasion d’agir. En interne, Pie XII a justifié son attitude prudente car le 30 avril l’évêque de Berlin, son ami, le cardinal Konrad von Preysling lui avait demandé d’intervenir publiquement en faveur des Juifs de Berlin, et il n’avait pas donné suite. Cependant Radio Vatican fait savoir le 26 juin que « quiconque établit une distinction entre les Juifs et les autres hommes est un infidèle ». 

    Le 25 juillet les Allemands envahissent le nord de l’Italie, car Mussolini a été renversé et Hitler fait savoir à son entourage qu’il va envahir le Vatican (État neutre) et tient des propos menaçants. Les allemands arrivent jusqu’à Rome et dans la nuit du 15 octobre a lieu une rafle importante de Juifs romains. Il convient de rappeler que les SS étaient présents à Rome dès le 11 septembre 1943, et que leur commandant avait l’ordre d’arrêter tous les Juifs de Rome. Celui-ci, Herbert Kappler exigea une rançon de 50 kg d’or pour ne pas le faire. Le grand rabbin de Rome fit appel au pape, car il n’avait pas les moyens de verser toute la somme. Le pape en fournit 15 kg, en partie sur sa fortune personnelle, ce qui expliquerait la diminution importante de celle-ci à sa mort au grand étonnement de ses héritiers. Hitler envoie alors Dannecker avec des milices de la Waffen-SS pour procéder à la rafle qui aboutit à l’arrestation d’un millier de Juifs romains qu’on rassemble sous les fenêtres du pape. La provocation est évidente. C’est à cette occasion que Pie XII demande à son secrétaire d’État, le cardinal Maglione, de convoquer l’ambassadeur d’Allemagne au Vatican Ernst von Weizsäcker. Tant par l’ambassadeur, nazi notoire, que par le général Stahel qui ne l’était pas, le pape apprend de son secrétaire d’État que s’il fait une déclaration publique, le Vatican sera considéré comme ennemi du Reich et ses locaux occupés, et on lui fait savoir que les 15000 réfugiés Juifs qui se tiennent cachés au Vatican seraient tous arrêtés.

    Les archives dévoilées

    Le journaliste allemand Hesemann, qui fut un des premiers chercheurs à pouvoir consulter les archives du pontificat de Pie XII en 2020, a étudié particulièrement les documents de la secrétairerie d’État d’octobre 1943. Dès le 25 septembre le général allemand commandant en chef à Rome, Rainer Stahel, avait déclaré le collège pontifical croate Saint-Jérôme, propriété de l’État du Vatican, et interdit aux soldats allemands d’y pénétrer. Cela valait évidemment pour la cité de Vatican elle-même. Mais Pie XII était allé plus loin. Il avait demandé 550 autres attestations du même type, pour d’autres lieux. Ainsi au moins 4465 des 8000 juifs de Rome avaient pu être cachés dans 235 couvents romains. Il faut préciser que ces attestations avaient été imprimées au Vatican et présentées simplement aux autorités allemandes pour signature. Notre journaliste a pu aussi relever de très nombreuses interventions de nonces là où il y avait déportation, mais avec peu de succès. 

    Pie XII renonça donc à une déclaration publique, non sans avoir essayé d’obtenir que le millier de Juifs raflés ne soient pas déportés. Stahel ne put que promettre une intervention de sa part, ce qu’il fit vraisemblablement, allant jusqu’à justifier son attitude vis à vis du pape par les difficultés qu’il aurait pu rencontrer auprès de ses soldats catholiques s’il était allé plus loin. Une chose est sûre et montre qu’après son aventure italienne ce général, qui jusque là était bien vu,  fut envoyé sur le front de l’Est et fait prisonnier par les russes ; il mourut en captivité dans un camp. Weizsäcker qui appartenait à la SS fit partie du deuxième groupe de criminels de guerre condamnés à Nuremberg à 10 ans de prison.

    La guerre achevée, en 1945 le Congrès juif mondial adresse au pape Pie XII ses remerciements « Pendant les dix années de la terreur nazie, quand notre peuple a souffert un martyre effroyable, la voix du pape s’est élevée pour condamner les bourreaux et pour exprimer sa compassion envers les victimes », et pourtant le pape n’avait pas fait de grandes déclarations officielles, mais il avait agi. Le Grand Rabbin de Rome se convertit, avec son épouse au catholicisme et prit le nom de baptême d’Eugenio, expliquant dans ses mémoires « La rayonnante charité du pape, penchée sur toutes les misères engendrées par la guerre, sa bonté pour mes coreligionnaires traqués, furent pour moi l’ouragan qui balaya mes scrupules à me faire catholique. Le 26 mai 1955, un orchestre composé de musiciens juifs de 14 pays exécuta la neuvième symphonie de Beethoven au Vatican « en reconnaissance de l’œuvre humanitaire grandiose accomplie par Sa Sainteté pour sauver un grand nombre de Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale ». Madame Golda Meir, ministre des affaires étrangères d’Israël lui rendra un émouvant témoignage en 1958. Elle voulait qu’il fût déclaré Juste parmi les nations. Vœu que reprendra le rabbin américain David Dalin en 2001, dans un article. Il écrira en 2007 un livre qu’il faut absolument lire « Pie XII et les Juifs » qui détaille et développe ce que j’ai exposé.

    En guise de conclusion …

    … je voudrais rappeler enfin que les origines de la « légende noire » de Pie XII furent politiques et intervinrent en force à partir de 1960. Cela faisait partie de la propagande communiste que j’ai connue et vécue. Elle se manifesta dans des domaines multiples, y compris la théologie, et y a laissé des traces. D’une certaine façon le père Gumpel a achevé son travail comme postulateur de la cause puisqu’un miracle est nécessaire pour la béatification. Mais cela ne dispense pas de la prière des fidèles, bien au contraire. 

    Tout n’est pas dit sur les archives disponibles depuis 2020. On ne s’y est pas précipité en grand nombre, mais on continue à répandre des inepties et des contre-vérités sur Pie XII. Il vaudrait donc la peine qu’un successeur soit donné au père Gumpel. Le livre de Johan Icks sorti en 2021 sur Pie XII et les Juifs s’attarde sur les activités du bureau spécial créé par Pie XII, au sein de la deuxième section de la Secrétairerie d’État, pour aider les Juifs. Il a travaillé avec le père Gumpel et donne des chiffres importants de demandes d’aides qui, selon lui, devraient être revus à la hausse ! C’est pourquoi la vénérable Compagnie de Jésus complèterait utilement ses nombreuses aides apportées au cours des siècles à l’Église catholique en demandant à l’un de ses membres de continuer l’œuvre du père Gumpel en matière d’édition, pour instruire le peuple catholique et aussi pour guider l’activité spirituelle nécessaire à toute demande de béatification. 

    Ce travail ne concernerait donc pas que l’histoire, mais l’unité catholique, Pie XII n’étant pas qu’un grand diplomate et un grand pasteur, mais aussi un mystique visionnaire, qui eut le privilège de passer les frontières de deux siècles, de vivre dès ce monde une expérience d’éternité incarnant en sa personne une forme de continuité et de permanence qui donne au mot catholique tout son sens. Et contrairement à l’idée reçue, ses orientations pastorales d’après guerre, étayées par son encyclique Mediator Dei, seront le déclencheur du deuxième concile du Vatican. 

  • Gad Elmaleh : une conversion qui interpelle

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    De KTO TV sur youtube  :

  • Les garde-fous ne peuvent pas rendre l'euthanasie sûre

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    De Robert Clarke sur First Things :

    LES "GARDE-FOUS" NE PEUVENT PAS RENDRE L'EUTHANASIE SÛRE

    11 . 14 . 22

    Le 4 octobre, la Cour européenne des droits de l'homme a jugé que la Belgique avait violé le droit à la vie avec l'euthanasie de Mme Godelieva de Troyer en 2012. Bien que l'arrêt n'ait pas condamné la loi belge sur l'euthanasie dans son ensemble, il a conclu que la Belgique a commis une violation du droit à la vie dans le cas de Mme de Troyer. Cette décision devrait obliger la Belgique à réformer son régime d'euthanasie et offre une occasion unique de lutter contre le culte du meurtre sanctionné par l'État qui se répand dans le monde occidental.

    Mme De Troyer a été tuée par injection létale en 2012, à l'âge de 64 ans. Elle était en bonne santé physique, mais souffrait d'une grave dépression. Les médecins ont conclu que, comme elle avait été diagnostiquée comme "incurable", elle remplissait les conditions requises pour être euthanasiée en vertu de la loi belge. Son fils, Tom Mortier, n'a appris son décès que lorsque l'hôpital l'a appelé pour lui demander de récupérer ses affaires. Bien que Tom Mortier ait été jusqu'alors indifférent au débat sur l'euthanasie, l'euthanasie de sa mère l'a incité à saisir la plus haute juridiction européenne des droits de l'homme. J'ai eu l'honneur de le représenter, en apportant deux arguments principaux : 1) contre la loi belge sur l'euthanasie et 2) contre la loi telle qu'elle a été appliquée dans le cas de M. de Troyer.

    Dix ans plus tard, la Cour a rendu son arrêt. Elle n'a pas trouvé de problème avec le cadre belge de l'euthanasie (et a affirmé que l'euthanasie ne viole pas nécessairement l'article 2 de la Convention européenne des droits de l'homme, qui concerne le droit à la vie). En revanche, elle a constaté une violation du droit à la vie dans la manière dont la Belgique a traité l'euthanasie de M. de Troyer. La Cour a estimé que, dans ce cas, la convention avait été violée parce que l'organisme belge créé pour réglementer et examiner les cas d'euthanasie - la Commission fédérale de contrôle et d'évaluation de l'euthanasie - "manquait d'indépendance".

    Le médecin qui a administré l'injection à de Troyer - l'un des principaux partisans de l'euthanasie en Belgique - dirige également la Commission fédérale. Compte tenu de ce conflit d'intérêts, la Cour a estimé à l'unanimité qu'il y a eu "violation de l'article 2 de la Convention en raison des déficiences dans la supervision post-mortem de l'euthanasie pratiquée".

    Selon la Cour, les gouvernements ont une obligation procédurale positive de respecter le droit à la vie, ce qui implique de mener une enquête lorsqu'une personne perd la vie dans des circonstances suspectes. Étant donné que Mme de Troyer a été euthanasiée sur la base d'un "trouble de la personnalité et de l'humeur", comme indiqué dans l'arrêt, et qu'elle "ne croyait plus à la guérison ou au traitement", les circonstances de sa mort étaient intrinsèquement suspectes. Le médecin dans cette affaire (et beaucoup d'autres) est apparemment resté assis en silence dans la pièce pendant que les autres membres de la commission déterminaient si sa conduite devait faire l'objet d'une enquête et, éventuellement, de poursuites. Sous son œil attentif, la commission n'a, sans surprise, procédé à aucun renvoi. En fait, sur les plus de 20 000 cas que la commission a examinés, elle n'en a renvoyé qu'un seul pour enquête complémentaire.

    Si la Cour a eu raison de condamner le traitement du cas de M. de Troyer, il était illogique de ne pas condamner également la loi belge sur l'euthanasie dans son ensemble. Au lieu de cela, la Cour a estimé que le droit à la vie garanti par l'article 2 n'interdit pas l'euthanasie légale, pour autant que des "garanties" suffisantes soient assurées. Ironiquement, les " garanties " de la Belgique - la Commission fédérale et la possibilité concomitante de poursuites - ont entraîné la violation dans le cas de M. de Troyer. Mais comme la Cour a maintenu que les États disposent d'une large "marge d'appréciation" pour déterminer l'"équilibre" entre le droit à la vie et la mort par choix, elle a estimé que le cadre juridique belge ne violait pas le droit à la vie.

    Malgré l'incohérence de sa décision, le fait que la Cour ait conclu à une violation des droits de l'homme révèle des fissures dans la façade élaborée des "garanties" de l'euthanasie. L'euthanasie est sûre. L'euthanasie est rare. L'euthanasie est indolore. Ce sont les mensonges sur lesquels repose l'édifice de l'euthanasie. La décision de la Cour démontre qu'aucune " garantie " ne peut rendre l'euthanasie sûre. Ce qui s'est passé en Belgique depuis la légalisation de l'euthanasie il y a vingt ans le montre clairement.

    Au cours des deux dernières décennies, près de 30 000 Belges ont été euthanasiés. Près de vingt pour cent des décès par euthanasie l'année dernière étaient des personnes dont on ne s'attendait pas à ce qu'elles meurent bientôt naturellement. Depuis 2014, il est légal d'euthanasier des enfants. La Belgique a jugé qu'un nombre croissant d'affections non physiques et non graves pouvaient donner lieu à une euthanasie. En outre, le processus d'évaluation de la conformité reste intrinsèquement corrompu, étant donné la nature auto-sélective de la machine de mort : Aucun médecin véritablement attaché au serment d'Hippocrate n'est prêt à y participer.

    Les défenseurs de la vie ont raison de demander : que se passe-t-il maintenant ? La Belgique a reçu un blâme clair de la Cour pour ses abus en matière d'euthanasie, mais le cadre juridique reste incontesté. Si elle veut réagir sérieusement, le pays doit remanier ses mécanismes d'examen, en supprimant la commission militante et en faisant intervenir des voix dissidentes. Bien que cela soit loin d'être suffisant, cela pourrait au moins permettre d'exposer l'immense corruption qui imprègne le système de la mort sponsorisée par l'État. Le problème est qu'il est peu probable que de véritables dissidents siègent au sein d'une commission créée pour approuver - après coup - l'interruption intentionnelle de la vie dans des conditions subjectives.

    Il existe une pente glissante évidente entre l'approbation de l'euthanasie dans de rares cas terminaux et l'approbation de n'importe quel diagnostic de santé mentale. Shanti de Corte, 23 ans, a récemment été euthanasiée en raison du traumatisme mental qu'elle a subi lors de l'attaque terroriste de l'aéroport de Bruxelles en 2016, après laquelle elle ne s'est "jamais sentie en sécurité." Sa mort signale l'échec de notre société à soutenir les personnes vulnérables et blessées. Nous avons abandonné les soins authentiques et la compassion au profit de la mort.

    Aujourd'hui, un mouvement se développe au Canada pour étendre l'euthanasie aux nourrissons qui souffrent de "malformations graves". L'infanticide légal est la prochaine étape macabre d'une vision du monde qui rejette l'imparfait et le non désiré, et qui considère la mort comme la meilleure réponse que nous pouvons offrir à la douleur, à la souffrance ou à la solitude. L'idéologie de l'euthanasie ne contient aucun principe limitatif.

    Alors que les attaques contre la vie deviennent de plus en plus flagrantes, rejetons avec audace ce meurtre commis au nom de la médecine et de la compassion. La Cour européenne des droits de l'homme nous a donné l'occasion de contester les mensonges qui étayent l'agenda de l'euthanasie. Il incombe aux défenseurs des droits de l'homme du monde entier de mettre en lumière la sombre réalité de cette pratique.

    Robert Clarke est avocat et directeur adjoint de l'ADF International.

  • Et si l’Église était la seule institution qui assume sa responsabilité systémique dans les abus sexuels ?

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    Une tribune de l'historien Paul Airiau est parue ce 14 novembre sur le site du journal La Croix :

    « L’Église demeure la seule institution qui assume sa responsabilité systémique dans les abus sexuels »

    Les déclarations d’Éric de Moulins Beaufort sur les « 11 évêques » mis en cause dans des affaires d’abus ont suscité de multiples réactions. L’historien Paul Airiau confesse dans ce texte les observer avec un certain « cynisme », y lisant parfois un « refus de voir » et même de « l’autoflagellation et du nombrilisme ».

    Membre pendant deux ans de l’équipe de recherches sociohistoriques de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église, je ne suis pas sans observer avec un cynisme certain les réactions aux récentes informations sur les « évêques abuseurs ».

    En effet, une partie d’entre elles n’est pas neuve. Sur onze évêques mis en cause, six étaient connus (Pican, Fort, Barbarin, Di Falco, Gaschignard, Lafont). Il suffisait de compiler, ce que personne, pas même la presse, n’avait publiquement fait. Mais il ne suffit pas d’avoir des yeux, encore faut-il vouloir regarder. Les réactions récentes prouvent qu’on ne l’a pas voulu et qu’on se rattrape en vitupérant. De même, l’horreur exprimée quant au fait qu’on ait pu nommer évêques des abuseurs montre que les catholiques ignorent les processus de sélection des futurs évêques.

    Car que des prêtres aient abusé ou soient accusés de l’avoir fait, et aient malgré tout été promus, signifie simplement que l’enquête préalable n’avait rien révélé – comme elle est secrète, elle ne favorise pas vraiment la révélation d’agressions. Sinon, ils ne seraient jamais devenus évêques. Le large dépouillement des archives diocésaines l’a établi : si les autorités couvrent en étouffant, jamais elles ne permettent aux abuseurs identifiés d’avancer dans la hiérarchie. Les faits sont têtus. Encore faudrait-il accepter de les connaître.

    Aucun sacrement n’empêche de pécher

    De même, en bonne théologie et anthropologie catholiques, si l’on s’inscrit dans ce cadre, il faudrait accepter qu’aucun sacrement, y compris une ordination épiscopale, n’ait jamais empêché de pécher ensuite – sinon, on n’aurait pas inventé la pénitence sacramentelle. Qu’on puisse attendre l’exemplarité des hiérarques, certes. Mais qu’on se scandalise qu’il n’en soit pas ainsi, c’est faire preuve d’un angélisme naïf qui passe par pertes et profits deux mille ans d’histoire, et qui estime que le présent et le futur ne verront jamais se reproduire les hontes passées. Comme si la Weltanschauung catholique ne disait pas qu’il n’en sera jamais ainsi jusqu’à la complétude des temps…

    Que ces affaires remettent en cause l’attachement à l’Église, l’historien ne peut que l’entendre et le constater. Mais cela ne l’empêchera pas de penser qu’un tel attachement, récent dans ses formes actuelles, est comparable à celui que les communistes eurent longtemps à leur parti : une idolâtrie névrotique qui conduit à croire « en l’Église » comme l’on croit « en Dieu ». Personne n’a d’ailleurs vraiment relevé que la liturgique traduction du Credo de Nicée-Constantinople était fautive, et que cette formule officielle disait beaucoup de la conception fort cléricale que les clercs se faisaient du rapport que les fidèles devaient avoir à l’institution.

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  • Rejeter la logique du politique dans l'Église

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    Lu sur le site National Catholic Register :

    « ÉDITORIAL : À la différence d'une communauté politique, l'unité de l'Église n'est pas notre propre effort. C'est une œuvre de Dieu, qui a garanti que les portes de l'enfer ne prévaudraient jamais contre elle.

    Cette année, les élections de mi-mandat ont été suivies une semaine plus tard par l'assemblée générale de la Conférence des évêques catholiques des États-Unis, au cours de laquelle les évêques devaient élire un nouveau président de conférence et plusieurs autres officiers. La juxtaposition des deux élections offre une occasion importante de réfléchir aux différences entre la politique mondaine et la communion ecclésiale - et au danger de laisser la logique de la première informer notre participation à la seconde.

    C'est particulièrement une menace aujourd'hui, alors que notre culture est dominée par la politique électorale, qui se caractérise de plus en plus par la politique partisane de la corde raide et des compétitions à somme nulle pour le pouvoir. Ce type de guerre politique offre un mode de réflexion sur toutes les formes de communauté et de relations, et si nous ne sommes pas vigilants, cela peut commencer à caractériser la manière dont nous comprenons et vivons notre appartenance à l'Église.

    Le cardinal Joseph Ratzinger a mis en garde contre cela dans une homélie instructive, intitulée plus tard « Parti du Christ ou Église de Jésus-Christ ? Le futur pape a averti que des «conflits entre factions» peuvent survenir dans l'Église lorsque chacun «développe [notre] propre idée du christianisme», qui «nous cache la parole du Dieu vivant, et l'Église disparaît derrière les partis qui se développent de notre opinion personnelle. 

    Ce n'est pas nier que l'Église est politique, en un sens, parce qu'elle doit s'organiser dans ses dimensions humaines. Cela ne nous empêche pas non plus de croire que certains clercs sont mieux équipés pour diriger l'Église que d'autres, ou de porter des jugements sur les processus et les idées qui nuisent à la vie de l'Église. Au lieu de cela, le cardinal Ratzinger critique une attitude plus fondamentale qui réduit notre appartenance à l'Église et la façon dont nous y opérons à un principe de choix personnel. « Nous avons du mal à comprendre la foi [autrement] que comme une décision pour une cause que j'aime et à laquelle je souhaite donc apporter mon soutien », écrit-il. Le problème, cependant, est que l'Église devient alors la nôtre au lieu de celle de Christ. Cette attitude sous-tend les approches de la réforme de l'Église qui l'adaptent aux temps et à la volonté du monde, 

    Mais, ironiquement, nous pouvons aussi traiter l'Église comme le Parti du Christ dans notre défense de l'enseignement orthodoxe, alors que notre motivation est davantage animée par l'attachement à quelque chose que nous préférons que par la fidélité à ce que l'Église enseigne. Chaque fois que cette attitude est adoptée, nous portons atteinte à l'unité ecclésiale, sans parler du témoignage de l'Église au reste du monde, et nous risquons de développer nombre des névroses que l'on peut voir dans la politique terrestre, qui ont pris un caractère presque apocalyptique pour beaucoup .

    La solution, écrit le cardinal Ratzinger, est « d'abandonner mon goût et de me soumettre » au Christ et à ce qu'il nous a donné. "Seule l'unité de la foi de l'Église et de son autorité, qui s'impose à chaque membre, nous assure que nous ne suivons pas les opinions humaines et que nous n'adhérons pas à des groupements de parti faits par nous-mêmes, mais que nous appartenons au Seigneur et que nous lui obéissons." 

    Contrairement à une communauté politique, l'unité de l'Église n'est pas notre propre effort. C'est une œuvre de Dieu, qui a garanti que les portes de l'enfer ne prévaudraient jamais contre elle. Réfléchir à cette vérité peut susciter un bon examen de conscience, peut-être surtout pour ceux d'entre nous qui écrivent et lisent le journalisme catholique. Et plutôt que de produire du quiétisme, cela peut approfondir notre détermination à nous opposer à l'erreur et à la division au sein de l'Église, animée non par des préférences personnelles, mais par l'amour du Christ et du prochain. À son tour, une attitude ecclésiale appropriée peut également conduire à un engagement plus sain dans la politique terrestre. 

    Parce que si, à travers l'Église, nous appartenons vraiment au Christ, alors nous n'avons pas besoin de considérer la politique comme notre salut, ni comme quelque chose à craindre et à éviter. Au lieu de cela, nous pouvons y entrer avec l'humilité et la liberté des enfants de Dieu. »

    Ref. Rejeter la logique du politique dans l'Église

  • Benoît XVI déterminé à prouver son innocence au tribunal

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    De Nico Spuntoni sur il Giornale :

    Ratzinger faible mais déterminé : il veut prouver son innocence

    13 novembre 2022

    Une semaine intense pour le pape émérite dénoncé en Allemagne par la victime d'un prêtre pédophile. Cette fois-ci, Benoît XVI a décidé de se défendre après une longue bataille dans laquelle il sait qu'il n'est pas en faute.

    La semaine dernière a été très chargée pour Joseph Ratzinger. Son image est réapparue publiquement à travers les photographies de deux rencontres qu'il a eues ces derniers jours : celle dans les jardins du Vatican avec le cardinal Gerhard Ludwig Müller accompagné de deux religieuses et celle dans le monastère Mater Ecclesiae avec Sviatoslav Shevchuk, archevêque principal de Kiev.

    Les photos montrent son corps frêle et son visage fatigué, mais aussi l'attention qu'il porte à l'histoire de son interlocuteur, le chef de l'Église ukrainienne gréco-catholique. À ses côtés, comme toujours, se trouve Monseigneur Georg Gänswein, qui est redevenu son secrétaire particulier à plein temps après avoir été "retraité" du poste de préfet de la Maison pontificale.

    Aux terribles nouvelles rapportées par M. Shevchuk sur les souffrances du peuple ukrainien pendant la guerre, se sont ajoutées les nouvelles désagréables en provenance d'Allemagne qui le concernent directement." Nemo propheta in patria" (personne n'est prophète en son pays), une expression plutôt adaptée à l'histoire de Ratzinger qui a toujours subi des attaques de la part des politiciens, des médias et même des évêques allemands.

    Mardi, l'agence de presse Dpa a révélé que le pape émérite est prêt à se défendre en justice contre l'accusation de négligence portée contre un prêtre pédophile. Le tribunal compétent est celui de Traunstein, où une victime a déposé une plainte contre Ratzinger et son successeur à la tête de l'archidiocèse de Munich et Freising, le cardinal Friedrich Wetter. Outre les deux prélats, l'homme a également déposé une plainte contre son agresseur et l'archidiocèse. Le procès est civil car il y a prescription sur le plan pénal, mais il pourra avoir lieu grâce à l'empressement du pape émérite, qui n'a pas reculé même s'il le pouvait.

    En ce qui concerne la question des abus, Benoît XVI ne veut aucune ombre sur son compte et entend appliquer cette ligne de transparence qui a caractérisé son pontificat. D'où la décision de se défendre, en s'appuyant sur le cabinet d'avocats Hogan Lovells. Il le fera selon toute vraisemblance avec un mémoire de défense qui pourrait répéter ce qu'il avait déjà expliqué dans les 82 pages envoyées il y a des mois à l'équipe juridique chargée par l'archevêché bavarois d'établir un rapport sur les abus et les dissimulations à Munich et Freising entre 1945 et 2019.

    La victime présumée aurait subi des attouchements sexuels de la part de Peter Hullermann - c'est le nom du prêtre impliqué dans l'affaire - pendant son séjour à Garching, où l'ecclésiastique a été muté comme curé par l'archevêque Wetter en 1987 alors qu'il avait été condamné pour pédophilie l'année précédente.

    Les chemins du futur Benoît XVI et de Hullermann se sont croisés en janvier 1980 lorsque, lors d'une réunion de la direction de l'archevêché, le cardinal Joseph Ratzinger, qui la dirigeait alors, a donné son accord à la demande du prêtre de résider à Munich pendant un certain temps pour suivre un traitement psychothérapeutique. L'autorisation a été accordée mais le futur Pontife n'a pas donné son feu vert pour que le prêtre mène des activités pastorales.

    Bien qu'il n'ait pas encore été condamné, Hullermann avait déjà été responsable de l'abus sexuel d'un garçon de 11 ans en 1979 à Essen. Son évêque de l'époque, informé par les parents de la petite victime, a ordonné qu'il suive une thérapie à Munich. Une demande d'aménagement a ensuite été adressée à l'archevêché alors dirigé par Ratzinger, qui n'avait toutefois absolument aucune idée de la raison pour laquelle Hullermann devait entamer cette thérapie.

    Les problèmes surviennent quelques mois plus tard, lorsque l'évêque auxiliaire de Munich, Monseigneur Gerhard Gruber, autorise le prêtre à exercer des fonctions pastorales. Il l'a fait, comme précisé dans une déclaration en 2010, sans en informer Ratzinger.

    Les aveux des protagonistes de cette triste affaire eux-mêmes auraient dû suffire à dissiper tout doute sur le comportement du pape émérite, l'homme qui a le premier dénoncé "la saleté dans l'Église" et qui a tant fait pour poursuivre la ligne de tolérance zéro contre les prêtres pédophiles. Mais le tollé provoqué par le rapport sur les abus commis dans l'archidiocèse de Munich et Freising et le regain de suspicion à l'égard de Ratzinger ont ensuite conduit au lancement de ce procès civil, que l'ancien pontife régnant, âgé de 95 ans, a toutefois choisi de ne pas esquiver : il se défendra lui-même lors de l'éventuel procès.

  • Défense de la vie : déception aux Etats-Unis

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    De kath.net/news :

    États-Unis : les évêques catholiques déçus par les votes sur l'avortement dans les États américains

    12 novembre 2022

    Les électeurs de plusieurs régions du pays ont voté contre les amendements à la constitution sur la protection de la vie et pour la réglementation de l'accès impuni à l'avortement

    Washington DC (kath.net/KAP/red) Lors des élections de mi-mandat, les électeurs de plusieurs États américains se sont prononcés en faveur de la protection du droit à l'avortement et ont rejeté les restrictions à l'accès impuni à l'avortement. Par exemple, les votes dans les États de gauche de la Californie, du Michigan et du Vermont mardi ont abouti à des majorités pour l'inscription d'un droit à l'avortement dans la constitution de l'État respectif. À l'inverse, dans le Kentucky et le Montana, la question était de savoir si la constitution devait protéger la vie à naître, ce que les électeurs des deux États ont rejeté de justesse.

    Les évêques catholiques locaux ont exprimé leur déception tout en réaffirmant leur engagement à poursuivre la lutte pour abolir l'avortement et soutenir les femmes et les familles dans le besoin. "L'avortement est désormais légal dans le Michigan à une échelle sans précédent, et des millions de vies sont en jeu", a écrit l'archevêque de Detroit Allen H. Vigneron dans une lettre aux catholiques de son archidiocèse, selon le Catholic News Service (CNS). Dans l'État, 55 % des électeurs ont voté pour l'accès gratuit à l'avortement. Les croyants sont "profondément attristés par cette grave atteinte à la dignité et au caractère sacré de la vie humaine innocente à naître", a déclaré Vigneron.

    L'archevêque de Detroit a appelé les catholiques à "renouveler leur engagement à accompagner les femmes et les familles dans le besoin avec une détermination plus grande que jamais". Vigneron a assuré que l'Eglise poursuivra ses efforts pour construire une "culture de la vie" "où l'avortement est impensable, toutes les familles reçoivent le soutien dont elles ont besoin et la dignité de tous les êtres humains est reconnue".

    Dans le Kentucky plus conservateur, les évêques catholiques ont été déçus par le rejet d'environ 52 % d'un projet d'amendement à la constitution pour la protection complète de la vie humaine, qui visait à garantir les restrictions existantes sur les avortements. "Cela ne signifie pas la fin du débat ni la nécessité de travailler avec diligence pour accroître le respect de la dignité de chaque vie humaine", ont-ils déclaré dans un communiqué. "Nous continuerons à travailler avec les législateurs pour adopter des lois qui protègent la vie à naître, soutiennent les femmes et les familles et respectent la vie et la dignité humaines à toutes les étapes de la vie."

    Pendant les mi-mandats, les 435 sièges de la Chambre des représentants et 34 des 100 sièges du Sénat du Congrès américain étaient à gagner, et de nombreux sièges de gouverneur étaient également à pourvoir. Sur la base des résultats et des prévisions disponibles jusqu'à présent, les républicains ont de bonnes chances de remporter la majorité à la Chambre des représentants. La majorité au Sénat, qui est actuellement à peine contrôlée par les démocrates, ne pourrait éventuellement être déterminée qu'après un second tour des élections dans l'État de Géorgie en décembre.

  • Contraception : "Le changement est possible"; quand Paglia rouvre le front

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    De Luisella Scrosati sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    Contraception : "Le changement est possible"; Paglia rouvre le front

    12-11-2022

    Changer la doctrine sur la contraception ? Pour Monseigneur Paglia "le jour viendra où le Pape le fera, il faut y penser". L'interview déconcertante du président du Président de l'Académie pontificale pour la Vie (APV) avec The Tablet qui revient sur les souhaits de la Civiltà Cattolica d'une encyclique qui surpasserait définitivement Humanae vitae. Dans un concentré de réponses pathétiques, les sondages et les dissidences sont confusément amalgamés, présentés comme de la doctrine. Et l'une d'elles invente même le néologisme de "pro-vie non idéologique". 

    Une encyclique du Pape viendra-t-elle bouleverser l'enseignement de l'Eglise sur la vie, notamment sur la contraception ? Le 2 juillet dernier, Jorge José Ferrer, professeur de théologie morale à l'Université catholique pontificale de Porto Rico, dans les colonnes de La Civiltà Cattolica, avait lancé l'idée, à la fin d'un long article saluant l'air de renouveau introduit par la publication du volume Éthique de la vie, par l'Académie pontificale pour la vie : "Il est légitime de se demander si le pape François nous livrera une nouvelle encyclique ou exhortation apostolique sur la bioéthique, qu'il pourrait peut-être intituler Gaudium vitae", puisque, avait rappelé Ferrer, Evangelium Vitae a vingt-cinq ans.

    Christopher Lamb, vaticaniste pour The Tablet, a dû particulièrement apprécier l'idée. C'est ainsi qu'il a organisé un tête-à-tête avec Mgr Vincenzo Paglia (APV), dont il rend compte, de manière assez pathétique, dans un article du 10 novembre. Pour être honnête, M. Lamb parle de "rumeurs croissantes" concernant un "nouveau document qui pourrait assouplir l'interdiction de la contraception artificielle par l'Église". Plus précisément, selon ces rumeurs, le pape, "qui a souligné à plusieurs reprises la primauté de la conscience formée et le rôle du discernement dans la prise de décision morale, pourrait faire évoluer la position selon laquelle les couples mariés ne peuvent en aucun cas recourir à la contraception artificielle".

    Son interlocuteur, interrogé, a toutefois répondu : "Je crois que le jour viendra où le pape François, ou le prochain pape, le fera". Mais qu'est-ce que je peux dire ? Il est certain que nous devons l'envisager". En substance, Lamb et Paglia préparent le terrain, suggérant déjà la ligne à suivre et même le titre de l'encyclique ; il n'apparaît pas clairement s'ils ont un commanditaire plus haut placé qu'eux, peut-être habillé en blanc. En fait, ce n'est pas un mystère que le pape François, face aux ouvertures du texte de base de l'APV, a défendu la liberté des théologiens de débattre à 360 degrés, parce qu'alors le Magistère décidera, oubliant ce détail que le Magistère, en ce qui concerne la contraception, l'insémination artificielle et la fin de vie, a déjà pris position.

    L'article de Lamb est plutôt banal : Paglia serait l'homme pacifique à l'esprit large qui veut être plus "pro-vie" plutôt que de simplement réaffirmer l'opposition traditionnelle de l'Église à l'avortement et à la contraception. D'autre part, il y a les méchants, ceux qui veulent "entraîner l'Église dans les guerres culturelles", comme certains évêques américains qui tentent "d'empêcher deux éminents politiciens catholiques" de recevoir la communion, ou comme ces obstinés qui prétendent que remettre en question l'enseignement d'Humanae Vitae sur la contraception reviendrait à "trafiquer l'enseignement irréformable de l'Église".

    Mais l'interlocuteur de Lamb est Paglia, l'impassible, pas du tout "contrarié par le débat agité qui a vu l'Académie fortement critiquée par une partie des médias catholiques", mais déterminé à atteindre son objectif. Écoutez, dit Mgr Paglia, ce qui est important aujourd'hui, c'est d'être vraiment "pro-vie d'une manière non idéologique" [...]. Nous sommes intéressés à battre en brèche - pour ainsi dire - les préjugés idéologiques qui contaminent la réflexion, qui contaminent l'opinion publique. Et ils empêchent une large participation à tous les niveaux". Soupe habituelle : être pour la vie signifie combattre les guerres, s'occuper de la faim dans le monde, de la hausse des suicides, de la peine de mort, des immigrants. Selon Paglia, l'axe doit être déplacé vers ces questions car, répète-t-il, le débat "sur l'avortement et l'euthanasie s'est idéologisé".

    La rencontre entre Paglia et Lamb a porté sur deux sujets très chauds. Le premier est la nomination de Mariana Mazzuccato en tant que membre de l'APV. Mgr Paglia ne voit aucun problème à cette nomination, puisque Mazzucato, selon lui, n'est pas réellement pro-avortement, mais pro-choix.  Le pouvoir des mots... En outre, la nomination d'un économiste serait justifiée par le fait que l'APV ne peut ignorer "les atteintes à la vie que constituent les inégalités". La question que Lamb aurait dû poser était facile : n'y avait-il pas un autre économiste préoccupé par les inégalités mais opposé à l'avortement ? Mais il est vrai aussi que Lamb n'était pas là pour saper Paglia, mais pour ouvrir la fenêtre d'Overton pour l'autorisation de la contraception.

    Et pour atteindre cet objectif, tout est permis. A commencer par Paglia, qui s'amuse à jeter de la poudre aux yeux et à brouiller les cartes ; d'abord, en effet, il fait l'éloge d'Humanae Vitae pour la parentalité responsable, puis il met en garde contre le risque d'appliquer l'encyclique "de manière strictement légaliste". Comme, par exemple, ceux qui ont recours aux "méthodes naturelles de contraception" pour ne pas avoir d'enfants ; ils "pourraient être très corrects dans l'application des méthodes naturelles" ; ils pourraient dire qu'ils "respectent la règle", mais trahissent la substance de l'enseignement de l'Église. Que quelqu'un lui explique que le recours aux périodes infertiles n'est pas contraceptif et que la question n'est pas de savoir si une chose est naturelle ou artificielle, mais de voir s'il s'agit d'un acte destiné à empêcher la procréation. Le coitus interruptus n'est pas artificiel, mais il est clairement contraceptif. Est-ce trop demander que de demander la démission d'un homme qui est à la tête de l'APV et qui ne connaît pas ces distinctions ? Ou, pire encore, fait-il délibérément semblant de ne pas les connaître ?

    Puis il évoque respectivement : l'oracle des sondages mondiaux qui, explique Lamb, montrent que la majorité écrasante des catholiques n'accepte pas que l'utilisation de contraceptifs soit moralement mauvaise ; Maurizio Chiodi, qui pontifie sur la possibilité d'une dissidence concernant l'enseignement de Humanae Vitae ; Benoît XVI, qui, dans les rêves agités de Lamb, aurait dit que "la contraception artificielle peut être utilisée lorsque l'intention n'est pas d'empêcher la conception mais d'arrêter la propagation d'une maladie mortelle". Sur ce dernier point, rappelons que la note d'éclaircissement de la Congrégation pour la doctrine de la foi avait clos le dossier : Benoît XVI n'avait en aucun cas ouvert la porte à la contraception dans certains cas, ni à la prostitution, ni au principe du moindre mal. Lamb ne peut pas l'ignorer, mais manifestement, certains saboteurs de la doctrine de l'Eglise ont particulièrement besoin de faire semblant de s'appuyer sur l'autorité de Benoît XVI : ils le détestent, mais ils ne peuvent pas se passer de lui.

    Même Saint John Henry Newman est appelé à la cause : son essai sur le développement de la doctrine est devenu le livre le plus cité (de manière détournée) par ceux qui, à supposer qu'ils l'aient lu, ne l'ont pas du tout compris, prenant pour du développement ce que Newman appelait en fait la corruption de la doctrine. (...)

    Paglia conclut l'entretien par un message d'amour et d'écoute : "Je dis à ceux qui s'opposent à la discussion de ces questions : je pense qu'il y a un profond problème de fidélité à l'Esprit. Et c'est qu'il s'agit d'une pathologie, d'une foi malade. Une foi dans la lettre et non dans l'Esprit. Je dirais que cela risque de "bloquer l'Esprit". Pas moins. En tout cas, Paglia, l'homme pacifique aux vues larges, invite les opposants " malades " à débattre, mais sans " tomber dans la tentation d'être le Magistère ". Nous l'invitons donc à une interview avec La Bussola, avant la sortie de Gaudium vitae. Seulement il n'y aura pas de Mr Lamb à ses côtés.

  • Les pays traditionnels se mobilisent sur les questions de transgenrisme, d'homosexualité et d'avortement à l'ONU

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    De Stefano Gennarini sur le Friday Fax :

    Les pays traditionnels se mobilisent sur les questions de transgenrisme, d'homosexualité et d'avortement à l'ONU

    11 novembre 2022

    NEW YORK, 11 novembre (C-Fam) Un combat majeur a éclaté cette semaine au sein de la troisième commission de l'Assemblée générale des Nations unies, opposant les pays traditionnels aux puissants gouvernements occidentaux sur les questions de l'avortement, de l'homosexualité et de l'idéologie transgenre.

    Le débat s'est déroulé lors de l'examen d'une résolution sur la "violence contre les femmes".

    Les délégués occidentaux ont été choqués de voir les pays traditionnels bouleverser l'adoption de la résolution de l'ONU. Ce qui aurait dû être une adoption de routine d'une résolution progressiste de l'ONU, comme beaucoup d'autres, s'est transformé en une bataille procédurale d'amendements et de rhétorique politisée.

    Le Guatemala a proposé la suppression d'un paragraphe entier sur la santé sexuelle et reproductive parce qu'il liait de manière ambiguë "l'accès à un avortement sûr" aux droits de l'homme. L'amendement a échoué, mais 36 délégations l'ont soutenu. L'ambassadeur du Guatemala a déclaré que son pays protège la vie humaine dès la conception et que "l'avortement n'est codifié dans aucun traité".

    La Fédération de Russie, l'Égypte, la Libye, le Nigeria, l'Arabie saoudite et le Yémen ont proposé des amendements visant à remplacer les termes "formes multiples et croisées de discrimination" et "les femmes dans toute leur diversité", qui ont reçu le soutien de 61 pays.

    Les pays traditionnels ont déclaré que le large soutien apporté aux amendements, même s'ils échouaient, prouvait que les puissants gouvernements occidentaux ne menaient pas les négociations de bonne foi et qu'ils ignoraient délibérément toute opinion différente de la leur. L'argument est que, dans la tradition des Nations unies, les documents sont obtenus par consensus, ce qui manquait manifestement et abondamment dans la résolution sur la violence à l'égard des femmes.

    "Les amendements prouvent que notre point de vue est réaliste", a déclaré une déléguée égyptienne, qui a appelé les gouvernements occidentaux à défendre un "véritable multilatéralisme". Un consensus peut être atteint, a-t-elle insisté, si seulement les pays occidentaux cessent d'alimenter la division et recherchent plutôt l'unité.

    Un délégué de l'Indonésie a déclaré que les amendements étaient un "reflet solide que certaines parties du projet de résolution n'ont pas bénéficié d'un consensus" et a appelé les délégations occidentales à adopter un esprit différent "pour avancer ensemble."

    Plusieurs délégations d'Asie et d'Afrique se sont plaintes du fait que les principaux promoteurs de la résolution soutenue par l'UE ont abandonné des conventions diplomatiques de longue date pour faire passer la résolution à l'Assemblée générale avec des termes controversés promouvant l'avortement, l'homosexualité et l'idéologie transgenre.

    Les termes ambigus, qui incluent "formes multiples et croisées de discrimination", "les femmes dans toute leur diversité", "contrôle de la sexualité" et "avortement sans risque", ont été controversés lors de précédentes négociations de l'ONU parce que le système des Nations unies utilise ces termes pour promouvoir l'avortement et les droits des LGBT, mais la France et les Pays-Bas ont insisté pour inclure ces termes dans la résolution malgré les objections des pays traditionnels.

    Plus grave encore, ils n'ont pas fait circuler la version finale de la résolution avant qu'elle ne soit présentée pour adoption à l'Assemblée générale, une courtoisie diplomatique courante destinée à donner aux délégations un préavis suffisant et le temps de préparer une réponse officielle.

    Un délégué de la Malaisie a qualifié ces actions d'"irresponsables" et a déclaré qu'elles porteraient "gravement atteinte" aux droits de l'homme internationaux.

    Le délégué du Nigeria a déclaré que les auteurs de la résolution avaient fait preuve d'une "indifférence et d'un mépris flagrants" à l'égard des opinions divergentes.

    Ce n'était pas la première fois que les délégations occidentales tentaient cette tactique à l'Assemblée générale. L'année dernière, les délégations ont été pareillement aveuglées par une résolution parrainée par les États-Unis qui comprenait l'expression "orientation sexuelle et identité de genre".

    Les pays européens, les pays nordiques et les États-Unis ont rétorqué que les négociations avaient été "ouvertes, transparentes et inclusives" et que la résolution finale représentait un "équilibre" de toutes les opinions exprimées lors des négociations. Ils ont accusé les pays traditionnels de sabotage et de ne pas faire assez pour lutter contre la violence à l'égard des femmes.

    Le Guatemala, la Fédération de Russie, l'Égypte, l'Indonésie, le Soudan, l'Irak, le Sénégal, l'Iran, l'Érythrée, la Malaisie, la Libye, le Nicaragua, le Mali, le Pakistan, le Bélarus, le Bangladesh, le Cameroun, l'Éthiopie, la Gambie, le Yémen, le Nigeria, la Mauritanie, le Saint-Siège et l'Arabie saoudite au nom des Émirats arabes unis, d'Oman, du Qatar et du Koweït sont intervenus pour défendre le droit souverain des nations à défendre les enfants à naître et la famille contre des politiques sociales controversées.

    La Hongrie et la Pologne, favorites des conservateurs américains, continuent de décevoir. La Pologne s'est abstenue de soutenir les amendements visant à supprimer le langage controversé. La Hongrie, en revanche, a voté en faveur du langage controversé "woke".

  • Liturgie : la crise en préparation dans les années qui précèdent Vatican II (1945-1965) (Denis Crouan) 

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    Liturgie 25 : La crise en préparation dans les années qui précèdent Vatican II (1945-1965) (46 mn) 

    https://youtu.be/FLQlEfjpI4w 

    On se demande souvent si la crise est venue de Vatican II. Le Docteur Crouan rappelle que Raïssa et Jacques Maritain écrivaient pendant le Concile, en 1964, alors que des théologiens dits de la « mort de Dieu » étaient entrés en scène tant en Amérique qu’en Europe depuis 1950  « Il me paraît bien significatif que dans le même temps où au Concile, le Saint Esprit fait proclamer des changements d’attitude qui représentent un progrès immense (et qui ont beaucoup trop tardé), dans le même temps un ouragan de bêtise et d’abjection d’une puissance extraordinaire et apparemment irrésistible souffle tout autour sur la vaste étendue du monde catholique et spécialement ecclésiastique. Cette crise me paraît une des plus graves que l’Église ait connue. Elle a à mes yeux un caractère eschatologique et semble annoncer de larges apostasies.  ».  

    Pourtant, en préparation à la convocation du Concile, le pape Jean XXIII était clair : « il existe entre la liturgie et le dogme (les vérités de la foi) un lien tellement indéfectible que celui qui touche à la liturgie sans avoir reçu un mandat de l’Église touche également au dogme et, par ricochet, à la morale ».  

     

     

    COURS DE LITURGIE, PAR DENIS CROUAN, DOCTEUR EN THEOLOGIE, 2022 

    Pour accéder à la totalité de la playlist :  

    https://www.youtube.com/playlist?list=PLuko328jWH_06CYFfUP8d6v_vzl9f4UbI 

    Cours donné par Denis Crouan, docteur en théologie, en entretien interactif avec Arnaud Dumouch. 

    Vidéo du site http://docteurangelique.free.fr/fichiers/InstitutDocteurAngelique.htm, les œuvres complètes en français de saint Thomas d'Aquin. 

    Denis Crouan 2022. 

  • Il était une fois le Concile Vatican II. Nouvelles notes sur son histoire, alors que la foi s’effondre

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    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso, en traduction française sur Diakonos.be :

    Il était une fois le Concile Vatican II. Nouvelles notes sur son histoire, pendant que la foi s’effondre

    Les critiques d’Alexandra von Teuffenbach et de Francesco Saverio Venuto portant sur la reconstruction historique de ce qui s’est passé il y a soixante ans dans les tous premiers jours du Concile Vatican II, publiée par Settimo Cielo le 11 octobre sous la plume de Guido Ferro Canale, ont incité l’auteur de cette reconstruction à éclaircir sa méthode et les objectifs de sa recherche.

    Le souhait de Ferro Canale, c’est que l’on parvienne un jour à obtenir une histoire véritablement complète du Concile Vatican II, qui soit comparable à celle, sans égal, d’Hubert Jedin sur le Concile de Trente : une histoire qui s’attache surtout à la genèse de son magistère, c’est-à-dire à la manière font les documents approuvés sont nés et ont pris forme.

    Vaste programme, qui ne parvient en tout cas pas à faire taire l’incessante controverse en cours depuis des années sur le Concile et sur ses effets sur la vie de l’Église. Une controverse qui a trouvé un écho ces derniers jours jusque dans les pages du « New York Times », sous la plume de son « opinion columnist » Ross Douthat.

    Comme déjà dans son article précédent datant du 11 octobre, jour anniversaire de l’ouverture de Vatican II, le journaliste catholique Douthat voit dans Vatican II le début d’une crise verticale du catholicisme.

    Pour étayer sa thèse, il cite dans ces deux articles l’historien français Guillaume Cuchet, auteur en 2018 d’un livre au titre éloquent : « Comment notre monde a cessé d’être chrétien. Anatomie d’un effondrement ».

    Curieusement, même l’historien Roberto Pertici a cité ce livre de Cuchet, il y a deux ans sur Settimo Cielo, dans une analyse innovante, en s’émancipant des schémas actuels, sur les raisons de l’effondrement de la foi chrétienne justement à partir des années du Concile, même si ce n’était pas nécessairement dû au Concile lui-même:

    > Les attentes du concile contredites par l’histoire.  Les pourquoi de l’éclipse de la foi chrétienne

    Face à cet effondrement du régime de chrétienté et plus encore à l’évaporation de la foi catholique, ni le Pape François avec son soutien aux tendances de la post-modernité, ni les tentatives de relance du paradigme conservateur ne semblent en mesure d’amorcer un changement de cap.

    L’analyse de Pertici mérite absolument d’être relue. Mais laissons la parole à la mise au point de Ferro Canale su ce qu’il s’est passé au début de Vatican II et sur la manière d’en reconstruire la véritable histoire, publiée intégralement en italien sur cette autre page de Settimo Cielo :

    > Riscoprire un Concilio, riscoprire il diritto