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Débats - Page 175

  • "Cette guerre n’est pas celle de la Russie, mais celle de Poutine"

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    Des propos recueillis par Arthur Parzysz sur le site de la RTBF :

    GUERRE EN UKRAINE

    Philo : "C’est face au sentiment de déchéance de la puissance soviétique que réagit Poutine"

    12 mars 2022

    Comment penser l’Europe en temps de guerre ? Comment cette utopie, née du second conflit mondial, réagit-elle face aux actions d’une puissance russe frustrée ? Tous les deux réunis au Théâtre du Vaudeville dans le cadre des "Matins Philos" le philosophe Pascal Chabot et l’ancien haut fonctionnaire à la Commission européenne Christophe de La Rochefordière éclairent le conflit en Ukraine de leurs lumières philosophiques. Interview croisée, en sortie de scène.

    Les citations de Hannah Arendt "Les hommes normaux ne savent pas que tout est possible" et "une crise rend caduque tous les schémas de pensée" raisonnent avec cette actualité. Dans ce contexte de guerre, c’est aussi à une transformation complète de nos cadres habituels de pensée qu’on assiste .

    Christophe de La Rochefordière : La question de savoir si c’est une transformation complète reste à voir. Certains cadres de pensée vont rester, voire être renforcés. C’est le cas de la construction d’une alliance comme l’OTAN, par exemple. Macron avait dit qu’elle était en état de mort cérébrale, on voit bien que ce n’est pas le cas. Dans ce conflit, elle se coordonne et parle d’une seule voix, que ce soit sur le refus d’intervenir face à la terreur nucléaire ou sur la question de zone d’exclusion aérienne, réclamée par le Président Zelensky. Ce que dit Hannah Arendt, c’est que dans une crise, il faut tout remettre à plat. Si l’on continue de réfléchir à partir des cadres habituels, on risque de passer à côté de l’essentiel. On l’a vu avec Nord-Stream II. On a réagi à la suite de la realpolitik pratiquée auparavant, qui consistait à acheter du gaz russe alors que c’était une dictature. À ce niveau-là, je crois qu’il y aura des réajustements très radicaux. Et pas seulement au niveau économique, sur le plan militaire aussi. Les Allemands, par exemple, sont en train de réinvestir dans leur armée et ils ont créé un fonds spécial pour ça. On voit que les choses bougent assez vite. Mais ça ne veut pas dire que les anciens cadres sont complètement caducs pour autant.

    Pascal Chabot : Ordinairement, on distribue les événements de notre vie entre ce qui est probable et improbable. Quand elle dit que "les hommes normaux ne savent pas que tout est possible", Hannah Arendt signale que l’invraisemblable peut parfois se réaliser. Ce sont alors nos cadres mentaux qui sont remis en cause, nos habitudes de pensée qui vacillent et doivent se réinventer. Au niveau européen, ce qui change comme cadre mental avec cette guerre, c’est d’abord notre rapport à la paix, considérée comme un acquis. Voyant la guerre à nos portes, la puissance n’est plus un tabou et la force a été réinvoquée. Plus fondamentalement, on assiste à un retour du tragique, ce à quoi nous n’étions pas spécialement préparés. Mais le malheur avec ce tragique, c’est qu’on réapprend très vite à le voir…

    Face à quelqu’un comme Poutine, on n’a jamais d’autre choix que de tout essayer jusqu’à la dernière minute de matière diplomatique.

    Récemment, le chef d’état-major de l’armée française, Thierry Burkhard a expliqué qu’il y avait eu des divergences d’analyse entre France et les États-Unis sur les risques d’attaque russe. L’Europe a-t-elle été aveugle ?

    PC : La raison en est d’abord que la voie première est toujours la voie diplomatique. C’est là que l’Europe excelle. Il peut toutefois y avoir des phénomènes d’aveuglement, ou du moins de relativisation. Ces phénomènes traduisent un désir de ne pas croire ni réfléchir à des risques avant qu’ils ne surviennent. Ceci peut s’expliquer. Un des biais habituels est d’espérer que le pire ne se réalise pas, ce qui pousse à le minimiser. Un autre est de supposer la rationalité des acteurs impliqués, ce qui conduit à moins examiner les scénarios irrationnels, voire suicidaires. Or ici, c’est le pire et l’irrationnel qui prévalent.

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  • Biden contrarié dans sa politique pro-avortement

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    De Lisa Correnti sur C-Fam :

    Les républicains bloquent la nomination du juriste de Biden pour cause d'extrémisme en matière d'avortement.

    11 mars 2022

    WASHINGTON DC, 11 mars (C-Fam) Les républicains du Sénat ont bloqué à l'unanimité la confirmation de Sarah Cleveland, la candidate du Président Biden au poste de conseiller juridique au Département d'Etat, en raison de sa position selon laquelle les comités de l'ONU l'emportent sur le droit national en matière d'avortement. Cleveland est d'avis que l'avortement est un droit humain mondial.

    "Il s'agit de l'un des postes les plus importants du département", a déclaré le sénateur James Risch (R-ID), membre de la commission des affaires étrangères du Sénat.

    Avant le vote, M. Risch s'est dit "profondément préoccupé" par les avis juridiques rendus sur l'accès à l'avortement pendant son mandat de membre du Comité des droits de l'homme des Nations unies.

    Risch a fait référence à un avis quasi-juridique auquel Cleveland a "contribué et qu'elle a défendu", selon lequel "les lois nationales d'un pays violent les droits de l'homme internationaux de ses citoyens en ne fournissant pas et en ne payant pas pour un avortement".

    Risch a déclaré que cela était incompatible avec les restrictions américaines sur le financement des avortements à l'étranger et la défense de l'avortement au niveau international. "Pour cette raison, je ne suis pas en mesure de soutenir sa nomination", a-t-il déclaré.

    Le vote de la commission s'est terminé par une impasse, les onze sénateurs républicains s'opposant à Cleveland et les onze démocrates la soutenant.

    La confirmation de Mme Cleveland par le Sénat devient maintenant plus difficile, car il faut un "vote de décharge" de la part de l'ensemble du Sénat. Bien que le chef de la majorité du Sénat, Chuck Schumer, puisse faire avancer ce dossier à sa discrétion, cela nécessite d'utiliser le précieux temps de parole du Sénat et de surmonter toute retenue potentielle de la part des sénateurs républicains.

    Au cours de sa nomination de trois ans au Comité des droits de l'homme des Nations unies, Mme Cleveland et ses collègues ont rédigé et adopté un commentaire juridique, connu sous le nom de commentaire général 36, sur le droit à la vie en vertu du Pacte international relatif aux droits civils et politiques. Cleveland et ses collègues ont déclaré que le droit à la vie inclut le droit à l'avortement, même si le traité ne mentionne pas l'avortement.

    Les organisations conservatrices et pro-vie qui s'opposent à Cleveland ont envoyé une lettre aux membres républicains décrivant son activisme judiciaire sur l'avortement alors qu'elle était membre du Comité des droits de l'homme.

    "Le rôle de conseiller juridique du Département d'État ne doit pas être confié à une personne dont la compréhension du droit international des droits de l'homme est si mal informée", a déclaré March for Life Action. "La politique étrangère américaine doit rester axée sur la représentation des intérêts américains et des droits humains fondamentaux."

    En tant que militante de l'avortement et conseillère juridique principale au Département d'État, Mme Cleveland pourrait utiliser ses points de vue sur le droit international pour réinterpréter et appliquer les lois fédérales, notamment les restrictions sur le financement de l'avortement à l'étranger. Sa nomination intervient à un moment où les militants de l'avortement font pression sur l'administration Biden pour qu'elle vide de sa substance l'amendement Helms.

    L'amendement Helms, adopté en 1973, a été mis en œuvre comme une interdiction totale de tout avortement à l'étranger par les présidents démocrates et républicains. Cependant, l'administration Biden a signalé l'année dernière qu'elle était prête à réinterpréter l'amendement Helms et, pour la première fois en près de 50 ans, à autoriser l'aide étrangère américaine à financer l'avortement.

    Dans un récent article du TIME, des groupes internationaux de défense de l'avortement ont exprimé leur "frustration" à l'égard de l'administration Biden concernant ce retard. "Le silence sur cette question est vraiment remarquable", a déclaré Anu Kumar, président et directeur général d'Ipas. Ipas fournit un accès à l'avortement dans le monde entier par le biais d'équipements et de pilules abortives, y compris là où il est illégal.

    Selon le TIME, le personnel d'Ipas a eu "plus de 20 réunions et de fréquentes communications avec des membres du Conseil de la politique de genre de la Maison Blanche, du Département d'État, de l'USAID et du HHS au cours de l'année écoulée afin d'exhorter les responsables de l'administration à offrir des orientations claires sur les services que les bénéficiaires de l'aide américaine sont autorisés à fournir."

  • D'après Jean-François Colosimo, Vladimir Poutine serait en train de perdre

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    D'Europe1 :

    Jean-François Colosimo, théologien, éditeur et essayiste, répond aux questions de Sonia Mabrouk au sujet de la guerre en Ukraine, de la stratégie de Vladimir Poutine, des sanctions contre la Russie et de la résistance des Ukrainiens.

  • Andreï Makine : cracher sur la Russie ne résoudra rien et n’aidera pas les Ukrainiens

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    Des propos recueillis par Alexandre Devecchio sur le Figaro Vox via Artofuss.blog :

    Andreï Makine: «Pour arrêter cette guerre, il faut comprendre les antécédents qui l’ont rendue possible»

    10 mars 2022

    FIGAROVOX/ENTRETIEN – L’académicien franco-russe, prix Goncourt 1995, s’afflige de voir l’Ukraine transformée en «chaudron guerrier». Il se défend d’être pro-Kremlin et regrette une vision «manichéenne» du conflit «qui empêche tout débat».

    Andreï Makine, né en Sibérie, a publié une douzaine de romans traduits dans plus de quarante langues, parmi lesquels Le Testament français(prix Goncourt et prix Médicis 1995), La Musique d’une vie (éd. Seuil, 2001), et, plus récemment, Une femme aimée (Seuil). Il a été élu à l’Académie française en 2016.


    FIGAROVOX. – En tant qu’écrivain d’origine russe, que vous inspire cette guerre ?

    Andreï MAKINE. – Pour moi, elle était impensable. J’ai en tête les visages de mes amis ukrainiens à Moscou, que je voyais avant tout comme des amis, pas comme des Ukrainiens. Le visage de leurs enfants et de leurs petits-enfants, qui sont dans ce chaudron guerrier. Je plains les Ukrainiens qui meurent sous les bombes, tout comme les jeunes soldats russes engagés dans cette guerre fratricide. Le sort du peuple qui souffre m’importe davantage que celui des élites. Comme le disait Paul Valéry«la guerre, ce sont des hommes qui ne se connaissant pas et qui se massacrent au profit d’hommes qui se connaissent et ne se massacrent pas».

    Une partie de la presse vous qualifie d’écrivain pro-Poutine. L’êtes-vous ?

    C’est une journaliste de l’AFP qui m’a collé cette étiquette il y a une vingtaine d’années. C’était juste après le départ de Boris Eltsine dont le bilan était catastrophique pour la Russie. Je lui avais expliqué que Eltsine, dans un état d’ébriété permanent, avec la responsabilité du bouton atomique, représentait un vrai danger. Et que j’espérais que la Russie pourrait devenir un peu plus rationnelle et pragmatique à l’avenir. Mais elle a titré : «Makine défend le pragmatisme de Poutine». Comme c’était une dépêche de l’AFP, cela a été repris partout. Et lorsque je suis entré à l’Académie, un grand hebdo, dont par charité je tairai le nom, a, à son tour, titré : «Makine, un Poutinien à l’Académie»… Cela en dit long sur le monde de mensonge dans lequel nous vivons.

    Vous condamnez l’intervention russe…

    Mon opposition à cette guerre, à toutes les guerres, ne doit pas devenir une sorte de mantra, un certificat de civisme pour les intellectuels en mal de publicité, qui tous cherchent l’onction de la doxa moralisatrice. À force de répéter des évidences, on ne propose absolument rien et on en reste à une vision manichéenne qui empêche tout débat et toute compréhension de cette tragédie. On peut dénoncer la décision de Vladimir Poutine, cracher sur la Russie, mais cela ne résoudra rien, n’aidera pas les Ukrainiens.

    Pour pouvoir arrêter cette guerre, il faut comprendre les antécédents qui l’ont rendue possible. La guerre dans le Donbass dure depuis huit ans et a fait 13 000 morts, et autant de blessés, y compris des enfants. Je regrette le silence politique et médiatique qui l’entoure, l’indifférence à l’égard des morts dès lors qu’ils sont russophones. Dire cela, ne signifie pas justifier la politique de Vladimir Poutine. De même que s’interroger sur le rôle belliciste des États-Unis, présents à tous les étages de la gouvernance ukrainienne avant et pendant la «révolution du Maïdan», n’équivaut pas à dédouaner le maître du Kremlin. Enfin, il faut garder à l’esprit le précédent constitué par le bombardement de Belgrade et la destruction de la Serbie par l’Otan en 1999 sans avoir obtenu l’approbation du Conseil de sécurité des Nations unies. Pour la Russie, cela a été vécu comme une humiliation et un exemple à retenir. La guerre du Kosovo a marqué la mémoire nationale russe et ses dirigeants.

    Lorsque Vladimir Poutine affirme que la Russie est menacée, ce n’est pas un « prétexte » : à tort ou à raison, les Russes se sentent réellement assiégés. Andreï Makine

    Lorsque Vladimir Poutine affirme que la Russie est menacée, ce n’est pas un «prétexte» : à tort ou à raison, les Russes se sentent réellement assiégés, et cela découle de cette histoire, ainsi que des interventions militaires en Afghanistan, en Irak et en Libye. Une conversation rapportée entre Poutine et le président du Kazakhstan résume tout. Ce dernier tente de convaincre Poutine que l’installation de bases américaines sur son territoire ne représenterait pas une menace pour la Russie, qui pourrait s’entendre avec les États-Unis. Avec un petit sourire triste, Poutine répond : «C’est exactement ce que disait Saddam Hussein !».

    Encore une fois, je ne légitime en aucune manière la guerre, mais l’important n’est pas ce que je pense, ni ce que nous pensons. En Europe, nous sommes tous contre cette guerre. Mais il faut comprendre ce que pense Poutine, et surtout ce que pensent les Russes, ou du moins une grande partie d’entre eux.

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  • "Les embryons humains ne peuvent pas être traités comme du matériel jetable ou comme des déchets" (François)

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    De Loup Besmond de Senneville sur le site du journal La Croix :

    « Les embryons humains ne peuvent pas être traités comme du matériel jetable », avertit le pape François 

    Dans un message publié par le Réseau mondial de prière du pape, le pape François estime que « la dignité humaine ne doit pas payer le prix du progrès ».

    8/03/2022

    L’Église doit regarder avec lucidité les questions éthiques posées par la science. C’est en substance le message envoyé par le pape François, dans une vidéo publiée mardi 8 mars dans une nouvelle « vidéo du pape », produite par le Réseau mondial de prière du pape.

    « Les applications biotechnologiques doivent toujours être employées sur la base du respect de la dignité humaine », explique ainsi François. Il aborde notamment la question des recherches utilisant des embryons.

    → CHRONIQUE. Faux embryons, vraies questions

    « Les embryons humains ne peuvent pas être traités comme du matériel jetable ou comme des déchets », insiste le pape, estimant qu’ils font, eux aussi, partie de la « culture du déchet » qu’il dénonce régulièrement. « Nous ne pouvons pas continuer à étendre ainsi cette culture qui fait tant de dégâts », ajoute-t-il.

    Ne pas « faire l’autruche »

    « Il est clair que la science a progressé et qu’aujourd’hui la bioéthique présente une série de problèmes auxquels il faut répondre », affirme aussi le pape, ajoutant qu’il faut éviter, face à ces « problèmes », de « faire l’autruche ».

    « Il ne s’agit pas de ralentir le progrès technologique. Non. Il s’agit de l’accompagner et de protéger à la fois la dignité humaine et le progrès. En d’autres termes, la dignité humaine ne doit pas payer le prix du progrès », insiste encore le pape. En mettant en garde pour que « le profit économique » ne devienne pas une condition de la recherche biomédicale.

    « Prions pour que, face aux nouveaux défis de la bioéthique, les chrétiens promeuvent toujours la défense de la vie par la prière et l’engagement social », conclut François.

  • Complotistes anti-vaccin hier, complotistes pro-Poutine aujourd'hui

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    D'Elisabeth Fleury sur Le Soleil Numérique :

    Pour la liberté, contre la «dictature sanitaire» mais... pro-Poutine

    Ceux qui fréquentent assidûment les réseaux sociaux l’auront vite remarqué : les complotistes anti-vaccins et anti-mesures sanitaires ont jeté au cours des derniers jours leur dévolu sur la guerre en Ukraine, tenant un discours résolument pro-Poutine. Un phénomène qui n’étonne pas le directeur du Centre d’expertise et de formation sur les intégrismes religieux, les idéologies politiques et la radicalisation (CEFIR), Martin Geoffroy.

    «Les complotistes en général, au départ, ils sont pro-Trump, et comme Trump est pro-Poutine, ils ne se posent pas la question. Ils n’ont pas fait un cours de géopolitique sur la Russie et l’Ukraine, ils sont pro-Poutine par association», résume en entrevue le coauteur du récent rapport Typologie des discours complotistes au Québec pendant la pandémie. 


    « De manière générale, les complotistes sont des extrémistes, des gens qui n’ont aucun respect pour la démocratie, qui sont prêts à appuyer un dictateur si ça rentre dans leur autofiction qu’ils se font faite de la société »
     Martin Geoffroy, directeur du Centre d’expertise et de formation sur les intégrismes religieux, les idéologies politiques et la radicalisation

    Le directeur du CEFIR cite l’exemple de la complotiste Mel Goyer, qui a partagé dimanche sur Twitter le «speech original» de Vladimir Poutine en mentionnant l’avoir «écouté au complet» et avoir trouvé qu’il faisait «énormément de sens» à ses yeux. «Ses propos semblent justes. Ça clash TELLEMENT avec ce que je peux lire à son sujet dans les médias et ailleurs!! Pourquoi?!» écrit Goyer.

    «Vous avez ici le fameux doute systématique qu’on retrouve toujours chez les complotistes», observe Martin Geoffroy, qui note également que «les complotistes diffusent en ce moment des photos de supposés néonazis ukrainiens avec des drapeaux ou des symboles néonazis».

    «Ils reproduisent ce que Poutine a dit, que le gouvernement ukrainien, c’est un gouvernement de nazis.[…] Les complotistes marchent dans la propagande de Poutine parce que c’est une propagande anti-démocratie occidentale, et les complotistes, de manière générale, sont anti-démocratie occidentale. Ils veulent, comme ceux qui manifestaient à Ottawa, que ces régimes antidémocratiques occidentaux s’écroulent au profit de régimes qui seraient contrôlés par des despotes à la Poutine, à la Donald Trump», dit M. Geoffroy, ajoutant que ces complotistes sont «fans au dernier degré de Donald Trump, de Poutine, ils aiment les hommes forts qui prennent des décisions».

    Pour ces gens, «qui vivent un peu isolés de la société démocratique, qui la détestent», la compétence d’un dirigeant importe peu, dit-il. «Ce qui compte, c’est la popularité, le pouvoir charismatique, versus le pouvoir rationnel légal qu’on a dans une démocratie. Poutine fait voler en éclats en ce moment toute la rationalité et toute la légalité des lois internationales au profit du charisme qu’il exerce», analyse Martin Geoffroy.  

    Paradoxal que des gens qui criaient récemment à la liberté à Ottawa et à Québec soutiennent maintenant Poutine? «C’est paradoxal pour quelqu’un qui est dans la rationalité, qui adhère à un système de pouvoir rationnel légal, mais pas pour un complotiste qui adhère à un système de pouvoir charismatique […]. On n’a aucune reconnaissance dans les milieux complotistes des mécanismes de la démocratie libérale», réitère le chercheur, qui rappelle qu’à Ottawa, «les complotistes manifestaient en disant que Justin Trudeau n’avait pas le mandat de faire des règles sanitaires même s’il avait été [réélu] avec ce mandat-là spécifiquement». 

    «On voit donc ici le manque de respect total pour la démocratie libérale, et on sait que ces milieux-là sont très noyautés par l’extrême-droite, qui n’a aucun respect pour la démocratie libérale, comme Poutine et Trump d’ailleurs», insiste Martin Geoffroy, qui rappelle que quand il était président, Trump était «plus à l’aise» avec Poutine et le leader nord-coréen.

    En somme, chaque complotiste, chaque groupe de complotistes se construit sa propre vision de la réalité et vit en quelque sorte «un trouble de l’opposition», dit le chercheur. 

    «Pour les complotistes, l’ensemble de la société dans laquelle ils vivent est corrompu, et ceux qui combattent ces sociétés-là, dans ce cas-ci Poutine, sont nécessairement de leur bord. Poutine dit : l’Occident n’est pas correct, l’Occident est corrompu, et ça rentre dans leur narratif […]. Pour eux, Poutine devient un allié, et un allié de taille, parce qu’il a, lui, les moyens de faire plier les démocraties occidentales, et lorsque ces démocraties répliquent avec des sanctions, bien c’est une fois de plus pour eux l’affirmation de leur tyrannie», observe le directeur du CEFIR.

    Ce qui dérange par ailleurs les leaders complotistes anti-vaccins, anti-mesures sanitaires et anti-identité numérique, c’est que l’attention est détournée d’eux depuis quelques jours, dit Martin Geoffroy, rappelant que «ce sont des gens qui ont un besoin profond d’attention, ce qu’ils ont eu beaucoup ces dernières semaines». 

    «Ils cherchent à attirer de nouveau l’attention sur eux. […] Ils doivent donc inventer un nouveau narratif, et quand on leur montre leurs contradictions, ils vont chercher d’autres choses, d’autres mensonges, pour pouvoir continuer leur histoire, comme ces photos de supposés néonazis ukrainiens, par exemple. Parce qu’au fond, ce n’est pas à vous ou à moi qu’ils parlent, c’est à leur public. Ces influenceurs-là, ce sont comme des gourous sectaires. Leur but, ce n’est pas seulement de faire des adeptes, mais de faire de l’argent aussi avec ça», souligne M. Geoffroy.

  • Un "reset" oecuménique s'impose

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    De George Weigel sur le Catholic World Report :

    Une réinitialisation œcuménique s'impose

    Depuis le début des années 1960, le Vatican s'est entiché de l'idée d'une entente bilatérale avec l'orthodoxie russe. Quelles que soient ses nobles intentions, cela a été une course de dupes.

    9 mars 2022 George Weigel The Dispatch 28Imprimer

    Au début des années 1990, j'ai rencontré Kirill, aujourd'hui patriarche de Moscou et de toute la Rus', alors que l'homme baptisé Vladimir Mikhailovich Gundyayev était le responsable œcuménique en chef de l'Église orthodoxe russe. L'occasion était un dîner organisé à la Bibliothèque du Congrès par le regretté James H. Billington, dont l'histoire de la culture russe, The Icon and the Axe, reste l'ouvrage classique sur le sujet.

    Le métropolite Kirill, comme on l'appelait à l'époque, m'a paru être un cosmopolite sophistiqué, qui n'était pas étranger aux choses les plus fines de la vie ; il n'avait rien de l'ascète ou du mystique dostoïevskien. Et s'il semblait moins être un homme d'église qu'un diplomate suave et mondain en costume ecclésiastique, on ne pouvait qu'être impressionné par le sang-froid avec lequel il jouait ce rôle. Une grande partie des discussions à table et des conversations qui ont suivi lors des repas postprandiaux ont porté sur la possibilité que la Russie devienne une démocratie fonctionnelle - une perspective pour laquelle, si ma mémoire est bonne, Kirill a fait preuve d'un scepticisme considérable, bien qu'urbain.

    Plus tard, en étudiant sa biographie, certains aspects de Kirill sont devenus plus évidents.

    En 1971, à l'âge de 25 ans, l'archimandrite Kirill a été envoyé par le patriarcat de Moscou en tant que représentant orthodoxe russe auprès du Conseil œcuménique des Églises à Genève. Dix ans plus tôt, le régime soviétique, qui menait alors une persécution draconienne ayant entraîné la fermeture de la moitié des églises orthodoxes du pays, avait "autorisé" l'Église orthodoxe russe à rejoindre le Conseil mondial. Les motivations du régime n'étaient toutefois guère œcuméniques. Les représentants orthodoxes russes au Conseil mondial étaient soigneusement sélectionnés par le KGB, les services secrets soviétiques ; leur tâche consistait à bloquer toute contestation des violations de la liberté religieuse par l'Union soviétique, tout en faisant du Conseil mondial un critique constant de l'Occident.

    Tout ceci est détaillé dans The Sword and the Shield : Les archives Mitrokhin et l'histoire secrète du KGB. Et à partir de cette ressource inestimable, il est impossible de ne pas conclure que Kirill était, à tout le moins, un atout du KGB ; il pourrait bien avoir été un agent du KGB comme un autre Vladimir, M. Poutine.

    La carrière ecclésiastique de Kirill a prospéré pendant les décennies Poutine et il serait devenu un homme riche - si ce n'est pas à l'échelle colossale de Poutine lui-même, au point qu'il a été photographié un jour, à son grand embarras, portant une montre Breguet de 30 000 dollars qu'il supposait cachée sous ses robes. (L'Église russe a lancé une fusillade de propagande suggérant que la photo avait été trafiquée, bien que ce qui semble avoir été une photo retouchée par la suite, déployée à la défense de Kirill, montrait maladroitement le reflet de la montre sur une table brillante).

    Quelle que soit sa situation financière, il est indiscutable que Kirill a été un fidèle serviteur de l'État russe depuis son élection comme patriarche en 2009. Et s'il a subi les foudres des cercles orthodoxes russes réactionnaires pour sa rencontre avec le pape François à La Havane en 2016, il devait savoir que, quelle que soit l'opposition interne à laquelle il était confronté de la part du clergé et des congrégations anti-roms, le Kremlin et son maître - sans le feu vert duquel la rencontre de La Havane n'aurait pas eu lieu - assuraient ses arrières.

    Il n'est donc pas surprenant que le patriarche Kirill ait tenté de couvrir l'agression brutale et non provoquée de Poutine contre l'Ukraine, qui, selon Kirill, fait depuis longtemps partie du Russkiy mir, le "monde russe". La guerre en Ukraine, a-t-il déclaré au quatrième jour de l'invasion russe de son voisin, a été causée par des "puissances extérieures obscures et hostiles", les "forces du mal" et "les attaques du malin".

    Le fait que Kirill agisse comme un instrument du pouvoir d'État russe n'a rien de nouveau. Il le fait depuis des décennies. Cependant, sa déclaration du 27 février a atteint un nouveau seuil, en invoquant délibérément l'imagerie chrétienne pour falsifier ce qui se passe en Ukraine. Le terme technique pour une telle utilisation délibérée et aberrante des choses de Dieu est le blasphème. L'agit-prop profane de Kirill a également porté atteinte à sa propre Église en Ukraine, dont le chef, le métropolite Onufry, a condamné l'invasion russe.

    Depuis le début des années 1960, le Vatican s'est entiché de l'idée d'une entente bilatérale avec l'orthodoxie russe. Quelles que soient ses nobles intentions, c'est une course de dupes et il est grand temps de procéder à une remise à zéro œcuménique. Si deux des organisations les plus vénales et les plus corrompues de la planète - le Comité international olympique et la FIFA, l'hégémonie du football mondial - peuvent rompre leurs relations avec la Russie en raison de son agression meurtrière, le Vatican peut certainement informer le patriarche Kirill que les contacts œcuméniques du Saint-Siège avec l'orthodoxie russe sont suspendus jusqu'à ce que Kirill condamne l'invasion de l'Ukraine, prouvant ainsi qu'il n'est pas une marionnette de Poutine.

  • C’est d’abord à la société qu’il appartient de prévenir l’avortement

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    De Gregor Puppinck via gènéthique.org :

    « L’avortement est largement le résultat d’un ensemble de circonstances dont la société est en partie responsable »

    7 mars 2022

    Alors que le Parlement français a voté l’extension du délai légal de l’avortement de 12 à 14 semaines (cf. Avortement : Les députés adoptent définitivement la PPL Gaillot), et que le recours à l’avortement est au plus haut depuis 30 ans en France, avec plus de 230.000 IVG pratiquées chaque année, Grégor Puppinck, directeur de l’ECLJ, plaide pour la mise en œuvre d’une véritable politique de prévention de l’avortement. Il a dirigé la rédaction de Droit et prévention de l’avortement en Europe (LEH, 2016). 

    A ce jour, on estime à plus d’un milliard le nombre d’avortements réalisés dans les pays qui disposent de données statistiques. Chaque année, l’avortement met un terme à un tiers des grossesses européennes, avec 4,5 millions d’avortements contre 8,5 millions de naissances dans les pays du Conseil de l’Europe. Au regard de l’ampleur du phénomène, de ses causes et de ses conséquences, notamment démographiques, l’avortement est un problème social de santé publique majeur auquel la société peut et doit répondre par une politique de prévention.

    Il faut d’emblée souligner que la cause première de l’avortement n’est pas la grossesse, mais le contexte dans lequel elle survient. Une femme avorte non pas à cause de la grossesse – qui n’est qu’un facteur déclencheur, mais en raison des circonstances particulières, et la même femme, placée dans d’autres circonstances, n’aurait pas nécessairement recours à l’avortement. L’avortement est donc largement le résultat d’un ensemble de circonstances dont la société est en partie responsable.

    En effet, 75 % des femmes qui ont avorté indiquent y avoir été poussées par des contraintes sociales ou économiques. Ce constat met en doute l’existence et l’efficacité des politiques de prévention de l’avortement, qui devraient en principe chercher à répondre de manière adéquate aux causes de ce phénomène.

    La prévention de l’avortement, un engagement des Etats

    Les gouvernements ont l’obligation juridique de prévenir le recours à l’avortement, sur la base notamment de leurs obligations générales de protéger la famille, la maternité et la vie humaine.

    S’agissant de la protection de la famille, les Etats ont pris l’engagement international de garantir le « droit de se marier et de fonder une famille », lequel implique « la possibilité de procréer ». Ils se sont engagés à accorder une « protection et une assistance aussi larges que possible à la famille », « aussi longtemps qu’elle a la responsabilité de l’entretien et de l’éducation d’enfants à charge ». L’Etat a donc l’obligation de porter assistance aux femmes et aux couples qui ne se sentent pas capables d’accueillir un enfant.

    Les Etats ont aussi pris l’engagement de protéger la maternité, avant comme après la naissance. Ainsi, par exemple, en ratifiant le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, les Etats reconnaissent qu’une « protection spéciale doit être accordée aux mères pendant une période de temps raisonnable avant et après la naissance des enfants ».

    De façon plus précise, les Etats ont pris l’engagement de réduire le recours à l’avortement. Ainsi, lors de la Conférence internationale sur la population et le développement de 1994, dite Conférence du Caire, les gouvernements se sont engagés à « réduire le recours à l’avortement » et à « prendre des mesures appropriées pour aider les femmes à éviter l’avortement ». Le Conseil de l’Europe a également invité les Etats européens « à promouvoir une attitude plus favorable à la famille dans les campagnes d’information publiques et à fournir des conseils et un soutien concret pour aider les femmes qui demandent un avortement en raison de pressions familiales ou financières » (APCE, 2008).

    Une politique de prévention de l’avortement doit répondre aux causes sociales et économiques par lesquelles une grossesse en vient à être dite « non désirée » : immaturité affective, fragilité des familles, précarité économique, exigüité du logement, difficultés et contraintes professionnelles, etc. Or, à la plupart de ces causes devraient, en principe, répondre les différents « droits sociaux » que les Etats se sont engagés à garantir. Ainsi, la Charte sociale européenne et le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels garantissent notamment le droit au logement, la protection de la famille, la protection de la maternité, la protection de la vie avant la naissance ou encore la conciliation de la vie familiale et de la vie professionnelle, etc.

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  • Quelle honte y aurait-il à s’inspirer de l’enseignement social de l’Eglise?

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    De sur cathobel :

    Edito – Qui a peur de Laudato si’ ?

    Dans quelques jours aura lieu le lancement d’un nouveau mouvement politique. Héritier du centre démocrate Humaniste, il sera le fruit d’un large mouvement de consultation opéré sous le nom de « Il fera beau demain ».

    Certains attendent l’événement avec pessimisme. Ils ne croient plus en l’avenir de ce parti devenu très fragile. Ils n’ont jamais compris ce que pouvait politiquement être le « centre ». Ils ne voient pas bien quel miracle permettrait de mettre un terme à une traversée du désert qui semble partie pour ne pas finir.

    Beaucoup n’attendent plus l’événement. Ils ne savent plus trop si le cdH existe encore, et ils s’en moquent. Ils ne comprennent pas bien ce qu’est « il fera beau demain » – et ils estiment que ce n’est pas vrai. Et puis, en cette période de crise internationale, ils peinent à s’intéresser aux vicissitudes du poto-poto particratique de notre tout petit pays.

    En tant que chrétiens, il est difficile de ne pas se rappeler que l’enfant à naître est le (très) lointain héritier du Parti catholique, (plus ou moins) fondé en 1884. Avec nostalgie? Certainement pas! L’heure n’est plus aux partis confessionnels et c’est tant mieux. Au fil des dernières décennies, des catholiques se sont présentés sur bien des listes, et les catholiques ont voté pour bien des partis. La religion n’impose pas forcément une couleur. Il est même assez réjouissant de voir des chrétiens s’engager au service du bien commun au sein de différentes formations politiques.

    La religion ne doit donc plus marquer l’identité d’un parti. Mais pourquoi ne pourrait-elle pas encore, parmi d’autres sources, en inspirer l’action? Certains politiques n’hésitent guère à se référer à Marx, Piketty ou Martin Luther King! Quelle gêne, quelle honte, y aurait-il à s’inspirer de l’enseignement social de l’Eglise? A citer Laudato si’?

    Le cdH ne pourrait-il réaliser ce que l’enseignement catholique semble avoir fait avec succès? Non pas supprimer ses racines, mais les faire entrer en dialogue avec l’air du temps. S’offrant ainsi tout à la fois une identité, une boussole et un cap.

  • Les nouveaux conformismes idéologiques

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    De Jean Szlamowicz sur Causeur.fr :

    Genre: la fabrique des impostures wokistes 

    Les bonnes feuilles du dernier livre de Jean Szlamowicz  » Les moutons de la pensée – Nouveaux conformismes idéologiques  » (Editions du Cerf)

    7 mars 2022

    Le nouveau livre du linguiste Jean Szlamowicz dissèque la manière dont les nouveaux idéologues tentent d’imposer leurs manipulations intellectuelles. Son bistouri aiguisé n’épargne aucun aspect de leur verbiage pseudo-scientifique. Extraits des Moutons de la pensée. Nouveaux conformismes idéologiques, qui vient de paraître aux Editions du Cerf, présentés par l’auteur.


    Les idées préconçues prétendent souvent se fonder sur la science. Le recours à des formules comme « des études ont montré que… » servent alors à imposer comme fait établi ce qui ne relève pourtant que de l’opinion, de la croyance ou du parti pris. Grâce à ces formules creuses, l’idéologie partisane parait soudain aller de soi. Le courant de la déconstruction culturelle s’autorise ainsi volontiers de ses propres références pour se présenter comme légitimé par le biais de l’autorité universitaire. On transforme ainsi les théories fumeuses en principes scientifiques. Il faut pourtant se pencher sur de tels écrits pour comprendre que, tout « universitaires » qu’ils soient, ils sont eux-mêmes pétris de préjugés. Cet extrait prend pour exemple l’argument du « masculin » grammatical présenté comme nocif pour l’égalité…


    Désacraliser le genre masculin?

    Parmi des dizaines d’articles d’inspiration « néoféministes », on peut par exemple lire dans Libération que « des études ont démontré que l’utilisation du masculin comme genre neutre ne favorise pas un traitement équitable des femmes et des hommes. » [1] Ce renvoi à une autorité extérieure comme garant est pourtant problématique : à partir du moment où il existe aussi « des études » qui ne sont pas d’accord avec cette assertion, la moindre des choses serait de considérer qu’il n’y a justement pas consensus.

    Or, la référence que présente la journaliste de Libération, dans un lien vers un article d’une revue de psychologie, est pour le moins sujette à caution puisqu’on y lit ce qui suit :

    “Désacraliser le genre masculin en contrant l’androcentrisme.

    “Une politique qui prônerait le féminin à égalité avec le masculin pourrait faire chuter symboliquement le masculin de son piédestal. Nous pensons que l’androcentrisme (i.e., le genre grammatical masculin) implique une représentation sacralisée de l’homme susceptible d’être menaçante aussi bien pour les filles que pour les garçons. En désacralisant le genre masculin, on devrait échapper au symbolisme et replacer les hommes et les femmes à un niveau de relations intergroupes. Une telle politique serait susceptible, par exemple, d’empêcher l’émergence de corrélations entre le genre grammatical des professions et leur connotation sexuée et évaluative (Lorenzi-Cioldi, 1997). Plus précisément, nous prédisons que la féminisation lexicale des professions pourrait fournir une alternative à la réussite des femmes sur des dimensions masculines fortement stéréotypées. Le genre grammatical féminin pourrait venir contrecarrer la surreprésentation des hommes pour certaines professions, en suggérant la possibilité de réussir professionnellement en dépit ou malgré son sexe.[2]

    A lire aussi : Noms de métiers: la féminisation n’a pas eu besoin du féminisme

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  • Les "ravages" exercés par le wokisme, la cancel culture et le décolonialisme

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    Des propos de Pierre Jourde recueillis par Thierry Boutte sur le site de la Libre :

    extraits

    (...)

    Vous dénoncez les "ravages" exercés par le wokisme, la cancel culture et le décolonialisme. Comment définissez-vous ces trois termes ?

    Le premier terme est général. Il désigne le fait d'être attentif à toute forme de discrimination. Ce qui est très positif. Mais comme beaucoup de démarches positives, il s'est transformé en oppression. Il s'agit à présent de surveiller partout et de réprimer autant que possible ce qui n'est pas conforme à l'idéologie identitaire, qui considère toute minorité comme victime d'oppression, et exclusivement sous cet angle. La cancel culture est par conséquent l'application du wokisme dans le domaine culturel : la chasse à toutes les représentations "offensantes", partout, en littérature, au théâtre, au cinéma, etc. Le "décolonialisme" considère que toute la pensée occidentale est infectée de colonialisme, et entend considérer les mathématiques, la physique moderne comme des produits de l'oppression. On veut également en finir, pour la même raison, avec les études classiques, le grec et le latin. Donc, oui, wokisme, cancel culture et décolonialisme font des ravages.

    Pourquoi, selon vous, ces mouvements ont-ils pris tant d’importance aujourd’hui ?

    C’est le résultat d’une atomisation de la société, qui ne croit plus au politique, ni au collectif, et se replie sur des identités locales. On ne se reconnaît plus que dans l’appartenance à un groupe, lequel exige que l’on reconnaisse ses droits, sans restriction. C’est aussi l’aboutissement d’une infantilisation générale des individus, d’une culture de la surprotection, qui les amène à se considérer comme des victimes avant toute autre chose.

    Quels sont ces "ravages" que vous pointez ?

    La destruction de vies entières et de réputations par le harcèlement en meute sur les réseaux sociaux, l'annulation de conférences et de séminaires par la pression d'étudiants ou de groupes identitaires, la mise en danger de la vie de professeurs par l'accusation d'"islamophobie" à tort et à travers, la censure de grands textes du passé, et leur mise en conformité avec une doxa idéologique contemporaine ou encore le nettoyage de la culture populaire. C'est le stalinisme sans état centralisé. C'est aussi l'interdiction de penser librement, autrement qu'à travers des filtres idéologiques et militants. C'est enfin le refus de communication entre cultures et communautés : il faut être noir pour traduire un Noir, ou critiquer l'œuvre d'un Noir, ou interpréter un Noir. Repli terrifiant, qui est aussi une régression infantilisante. (...)

  • Ukraine-Russie : une paix est-elle possible ? : un débat sur KTO

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    Ukraine-Russie : une paix est-elle possible ? : un débat sur KTO

    Depuis le 24 février et l'attaque de l'Ukraine par la Russie, le monde entier retient son souffle. Les populations civiles, dont de très nombreuses femmes et enfants ont trouvé refuge dans des régions ou des pays voisins. Alors que la sécurité mondiale est menacée, quel rôle les Églises peuvent-elles jouer ? Qu'est-ce que cette crise nous dit de l'identité européenne ?

    Depuis le 24 février, la Russie a entamé une vaste opération militaire en Ukraine. Partout dans le pays, les combats font rage et les morts, civils et militaires, se comptent déjà par centaines. Malgré la détermination du président ukrainien Volodymyr Zelensky et la résistance du peuple ukrainien, l'armée de Vladimir Poutine avance vers les grandes villes du pays telles que Kharkov, Odessa ou Marioupol, et même vers la capitale, Kiev. Alors que les bombardements ont déjà détruit des infrastructures essentielles, comme des hôpitaux ou des écoles, des milliers de personnes, dont de nombreux femmes et enfants, ont fui vers l'ouest, pour trouver refuge dans une autre région ou un pays voisin. Dans ce contexte apocalyptique, les Églises déploient un élan de solidarité. Mobilisées en accueillant les réfugiés dans les paroisses, distribuant une aide matérielle, c'est aussi un soutien spirituel fort.

    La rédaction de KTO propose « Ukraine-Russie : une paix est-elle possible ?, en débat » et invite

    • Hélène Carrère d’Encausse, Secrétaire perpétuel de l’Académie française
    • Antoine Arjakovsky, Co-directeur du département de recherche Politique et Religions du Collège des Bernardins

    dans une émission animée par Stéphanie Dupasquier.