De Jean Szlamowicz sur Causeur.fr :
Genre: la fabrique des impostures wokistes
Les bonnes feuilles du dernier livre de Jean Szlamowicz » Les moutons de la pensée – Nouveaux conformismes idéologiques » (Editions du Cerf)
7 mars 2022
Le nouveau livre du linguiste Jean Szlamowicz dissèque la manière dont les nouveaux idéologues tentent d’imposer leurs manipulations intellectuelles. Son bistouri aiguisé n’épargne aucun aspect de leur verbiage pseudo-scientifique. Extraits des Moutons de la pensée. Nouveaux conformismes idéologiques, qui vient de paraître aux Editions du Cerf, présentés par l’auteur.
Les idées préconçues prétendent souvent se fonder sur la science. Le recours à des formules comme « des études ont montré que… » servent alors à imposer comme fait établi ce qui ne relève pourtant que de l’opinion, de la croyance ou du parti pris. Grâce à ces formules creuses, l’idéologie partisane parait soudain aller de soi. Le courant de la déconstruction culturelle s’autorise ainsi volontiers de ses propres références pour se présenter comme légitimé par le biais de l’autorité universitaire. On transforme ainsi les théories fumeuses en principes scientifiques. Il faut pourtant se pencher sur de tels écrits pour comprendre que, tout « universitaires » qu’ils soient, ils sont eux-mêmes pétris de préjugés. Cet extrait prend pour exemple l’argument du « masculin » grammatical présenté comme nocif pour l’égalité…
Désacraliser le genre masculin?
Parmi des dizaines d’articles d’inspiration « néoféministes », on peut par exemple lire dans Libération que « des études ont démontré que l’utilisation du masculin comme genre neutre ne favorise pas un traitement équitable des femmes et des hommes. » [1] Ce renvoi à une autorité extérieure comme garant est pourtant problématique : à partir du moment où il existe aussi « des études » qui ne sont pas d’accord avec cette assertion, la moindre des choses serait de considérer qu’il n’y a justement pas consensus.
Or, la référence que présente la journaliste de Libération, dans un lien vers un article d’une revue de psychologie, est pour le moins sujette à caution puisqu’on y lit ce qui suit :
“Désacraliser le genre masculin en contrant l’androcentrisme.
“Une politique qui prônerait le féminin à égalité avec le masculin pourrait faire chuter symboliquement le masculin de son piédestal. Nous pensons que l’androcentrisme (i.e., le genre grammatical masculin) implique une représentation sacralisée de l’homme susceptible d’être menaçante aussi bien pour les filles que pour les garçons. En désacralisant le genre masculin, on devrait échapper au symbolisme et replacer les hommes et les femmes à un niveau de relations intergroupes. Une telle politique serait susceptible, par exemple, d’empêcher l’émergence de corrélations entre le genre grammatical des professions et leur connotation sexuée et évaluative (Lorenzi-Cioldi, 1997). Plus précisément, nous prédisons que la féminisation lexicale des professions pourrait fournir une alternative à la réussite des femmes sur des dimensions masculines fortement stéréotypées. Le genre grammatical féminin pourrait venir contrecarrer la surreprésentation des hommes pour certaines professions, en suggérant la possibilité de réussir professionnellement en dépit ou malgré son sexe.[2]“
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L’Américain George Weigel, auteur d’une biographie de référence de Jean-Paul II, vient de publier en français un essai important défendant une thèse quelque peu iconoclaste : catholicisme et modernité (*) ne s’opposeraient pas. Thèse certes discutable, mais qui mérite assurément d’être présentée ici, car elle ouvre la porte à un nécessaire débat de fond dans l’Église sur cette question essentielle. Le site web du mensuel la Nef qui publie cette analyse de Anne-Sophie Retailleau promet d’y revenir plus en détail dans un prochain numéro de la revue….
Retraçant avec brio 250 ans de l’histoire de l’Église, confrontée à l’émergence de la pensée moderne, George Weigel entend réfuter cette historiographie traditionnelle qu’il estime erronée. Ainsi, entreprend-il une analyse originale des rapports entre catholicisme et modernité, et déroule le fil de l’histoire de l’Église dans son rapport avec ce nouveau défi des temps contemporains. Cette relation est d’abord marquée par un rejet originel des nouveaux principes de la modernité issus de la Révolution française. Progressivement, l’enchaînement aboutit à une lente maturation entraînant l’Église, sous l’impulsion de papes visionnaires, au dialogue avec le monde moderne. Cette longue histoire de maturation constitue pour l’auteur « le drame du catholicisme et de la modernité », compris comme le déroulement d’une action scénique divisée en cinq actes. Chacun de ces moments marque les étapes d’un apprivoisement de la modernité par l’Église. Non dans le but de s’y soumettre, mais au contraire de proposer une nouvelle voie de recherche de la vérité qui répondrait aux aspirations les plus nobles auxquelles le monde moderne aspire.
