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Débats - Page 63

  • "La bénédiction concerne des individus et le mariage, c'est uniquement entre un homme et une femme" (Mgr Rougé)

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    De France Info ("Le grand témoin" / Jérôme Chapuis) :

    Bénédiction des couples homosexuels : "Le texte du Saint-Siège a suscité des malaises", réagit l'évêque de Nanterre

    Membre du Conseil permanent de la Conférence des évêques de France, Monseigneur Matthieu Rougé insiste sur le fait que la bénédiction concerne des individus et que le mariage, c'est uniquement entre un homme et une femme.

     

    "Le texte du Saint-Siège sur le mariage et les bénédictions a suscité des interrogations, voire des malaises, et nous le prenons au sérieux", a réagi jeudi 11 janvier sur franceinfo Monseigneur Matthieu Rougé, évêque de Nanterre et membre du Conseil permanent de la Conférence des évêques de France. Dans une lettre adressée en juillet à des cardinaux conservateurs et publiée début octobre, le pape François a invité à rechercher des formes de bénédiction qui pourraient répondre aux demandes des couples homosexuels. L'Église de France a rejeté la proposition de Rome : "La bénédiction, elle s'adresse aux personnes", a rappelé l'évêque. "Quel que soit l'état de vie de chacun, la relation avec Dieu, c'est toujours une relation personnelle", a-t-il souligné.

    franceinfo : Avez-vous une lecture restrictive du texte du Saint-Siège ?

    Monseigneur Matthieu Rougé : Le texte du Saint-Siège sur le mariage et les bénédictions avant Noël a suscité des interrogations, voire des malaises, et nous le prenons au sérieux.

    "Nous rappelons, comme le faisait le Saint-Siège, que par fidélité à la Bible et l'Évangile, nous ne pouvons que marier un homme et une femme désireux de s'engager librement dans la fidélité et l'ouverture aux enfants."

    Monseigneur Matthieu Rougé, évêque de Nanterre et membre du Conseil permanent de la Conférence des évêques de France

    à franceinfo

    Troisièmement, nous avons à manifester l'amour de Dieu pour tous et pour chacun, ce qui passe par le fait de prier avec et sur les personnes.

    Dans votre communiqué, vous parlez de bénir les personnes qui s'adressent à vous, pas les couples. Comment expliquez-vous cette nuance ?

    La bénédiction s'adresse aux personnes. Il faut bien comprendre le mot bénédiction. Comme évêque, je passe mon temps à rencontrer les gens qui me disent, quelle que soit leur situation de vie : "Monseigneur, bénissez-moi. Ma fille est malade, ma mère est morte". Qu'est-ce que je réponds à ces personnes ? Que le Seigneur vous aide, vous accompagne. C'est ça la bénédiction. La bénédiction, au sens où l'emploie le Saint-Siège de manière peut être pas toujours très claire, c'est prier avec et sur les personnes. Je passe ma vie à prier avec des personnes dans toutes sortes de situations pour leur dire que le Seigneur est avec vous, il vous aide. Mais ce qui est important pour nous aujourd'hui, c'est de dire très clairement le mariage homme femme d'une part, la bénédiction des personnes d'autre part, quelle que soit leur situation, pour manifester que chacun est appelé à se laisser toucher et transformer par l'amour du Christ.

    Qu'est-ce que vous dites aux couples homosexuels catholiques ?

    Nous manifestons que le Seigneur vient à la rencontre des personnes et de toute façon, quelle que soit l'histoire spirituelle de chacun, quel que soit l'état de vie de chacun, la relation avec Dieu, c'est toujours une relation personnelle. C'est toujours la rencontre personnelle avec Jésus-Christ. Une chose est de rappeler que, par fidélité à l'Évangile, le mariage, c'est un homme et une femme, et en même temps de manifester que l'amour de Dieu peut rejoindre chacun s'il ouvre son cœur à la lumière de l'Évangile.

    Des témoignages de fidèles homosexuels disent sur franceinfo que dans dix ans, la bénédiction des couples homosexuels, ce sera un non-sujet. Vous l'entendez ?

    Nous avons à être fidèles à Jésus-Christ, à l'amour insurpassable qu'il offre au monde et qui dépasse ce qui se trame dans l'histoire telle qu'elle va. Puis, l'attention à chacun. Il me semble que cette unité de l'amour et de la vérité que nous essayons de porter, elle sera durablement le chemin de l'Église.

    Quitte à être mal compris par vos fidèles ?

    Jésus que nous suivons a été si mal compris qu'il est mort sur la croix. Les disciples de Jésus s'exposent à être mal compris.

  • Fiducia Supplicans : la forme ecclésiale du “wokisme” selon Thibaud Collin

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    Lu sur Diakonos.be (Sandro Magister) : 

    Dire du bien de ce qui est mal ? Libres propos d’un philosophe sur « Fiducia supplicans »

    (s.m.) Je reçois et je publie. L’auteur de la note, Thibaud Collin, est professeur de philosophie à Paris et a publié des essais importants sur la crise contemporaine du mariage.

    Le « wokisme » auquel il fait référence est la vague actuelle de répulsion envers tout ce qui est considéré comme issu d’injustices passées. Dans l’Église, c’est la raison naturelle démolie par une nouvelle et contradictoire religion de l’inclusion, au nom de la miséricorde.

    *

    Un « wokisme » ecclésial

    de Thibaud Collin

    Josef Ratzinger n’a cessé de rappeler que l’Eglise primitive a fait le choix d’une part de la raison en quête de sagesse contre le mythe et, d’autre part, de la nature, objet du questionnement de la raison contre la coutume dominant à une époque. Ce choix originel a scellé le devenir de l’intelligence de la foi et fondé les liens étroits qui unissent la théologie et la philosophie.

    La lecture de “Fiducia supplicans” suscite des questions dans l’esprit du lecteur philosophe. Comme le dit Boileau dans “L’Art poétique” (1674) « ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément ». Or les lectures attentives de la déclaration du 18 décembre et du communiqué du 4 janvier 2024 ne permettent pas de lever quelques confusions. Les propos qui suivent n’ont d’autre but que de contribuer à l’intelligence de ce texte.

    La question centrale nous semble être : à qui Dieu est-il censé donner sa bénédiction quand le prêtre l’invoque sur les personnes qui lui en font la demande ?

    Jusqu’au § 30 inclus, la déclaration, après avoir distingué différents types de bénédiction, envisage comme sujet récepteur de la bénédiction les individus. Puis soudainement au § 31 elle affirme que ces distinctions fondent la possibilité de « bénir les couples en situation irrégulière et les couples de même sexe. » Ce passage d’individu à couple n’est pas justifié alors qu’il est le cœur du texte, tout le monde admettant que Dieu peut bénir une personne humaine en tant que telle.

    La déclaration affirme donc que le sujet récepteur d’une bénédiction, fut-elle informelle et effectuée en dix secondes, peut être « un couple irrégulier » ou « un couple de même sexe ».  Or bénir un couple, est-ce la même chose que bénir deux individus ? Ce qui amène à poser la question : qu’est-ce qui fait qu’un couple est un couple ?

    Un couple est un tout qui est plus que la somme de ses parties, à savoir les deux individus. C’est une entité ayant sa consistance propre, un être relationnel distinct des deux termes en relation. Quel est le fondement de cet être si ce n’est le choix réciproque par lequel ces deux individus consentent ensemble à un même lien qui les oblige ? Bref, en droit naturel ce qui constitue un couple est le mariage.

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  • Fernandez au Dicastère pour la Doctrine de la Foi : une erreur de calcul du pape François ?

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    D'Ed. Condon sur The Pillar :

    Fernandez au Dicastère pour la Doctrine de la Foi : une erreur de calcul du pape François ?

    10 janvier 2024

    Le cardinal Víctor Manuel Fernández a connu quatre premiers mois difficiles en tant que préfet du Dicastère pour la doctrine de la foi (DDF). 

    Entré en fonction en septembre, le choix du pape pour le département doctrinal a commencé par la mise à l'écart de la moitié des attributions du dicastère, après que le pape l'en ait dispensé pour avoir joué un rôle dans le traitement des affaires d'abus sexuels commis par des ecclésiastiques.

    Depuis lors, Mgr Fernández a dû faire face à des questions répétées quant à son aptitude à assumer ce rôle à la lumière de ses écrits antérieurs, et a supervisé la mise en œuvre très controversée d'une déclaration sur la bénédiction des couples de même sexe ou des couples en situation irrégulière.

    Bien que les rumeurs selon lesquelles le cardinal aurait offert sa démission au pape François soient certainement exagérées, Mgr Fernández est devenu une cible pour les critiques et les controverses, attirant une attention souvent hostile sur un ministère qui garde un profil plus bas sous le pape actuel.

    Dans le même temps, bon nombre des critiques les plus virulents et des défenseurs les plus acharnés du cardinal partagent la même opinion selon laquelle Mgr Fernández fait ce que François souhaitait pour ce poste : repousser les limites et mener une action audacieuse, voire radicale, pour intégrer la vision pastorale du pape dans l'enseignement de l'Église.

    Mais était-ce ce que le pape François voulait lorsqu'il a nommé Mgr Fernández à ce poste ? Pas nécessairement, selon certaines personnes travaillant au Vatican et dans l'orbite papale. En effet, selon certains, Fernández n'était pas du tout la préférence du pape pour ce poste, et sa nomination était un pari qui, selon certains, ne semble pas porter ses fruits.

    Lorsque Mgr Fernández, alors archevêque, a été annoncé comme nouveau préfet du DDF l'été dernier, de nombreux commentateurs du Vatican ont salué cette sélection comme un choix audacieux et, d'une certaine manière, évident de la part du pape François. Argentin, ami et collaborateur de longue date de François, "Tucho", comme l'appellent ses amis, semblait tout désigné pour consolider la réforme curiale du pape à la DDF, après la promulgation de la constitution apostolique Praedicate evangelium en 2022.  

    Et en tant que rédacteur fantôme souvent crédité de certains des textes les plus discutés du pape, y compris les passages les plus controversés d'Amoris laetitia, certains observateurs de l'Église ont affirmé avec confiance que Fernández avait toujours été dans l'esprit du pape, comme l'homme pour convertir la DDF d'une police de la pensée doctrinaire en un groupe de réflexion pastorale avant-gardiste. 

    Mais ce sentiment d'inévitabilité autour de la nomination de Fernández a fait oublier des prédictions antérieures, catégoriques, selon lesquelles le rôle allait être confié à un autre. En décembre 2022, le moulin à rumeurs du Vatican s'est emballé, annonçant que le pape François était sur le point de nommer l'évêque allemand Heimer Wilmer à la tête de la DDF. Selon un schéma qui s'est répété plus d'une fois au cours du pontificat de François, les blogs du Vatican ont annoncé la nouvelle du projet, qui a suscité de furieuses critiques dans certains milieux, avant d'être défendu par de fervents partisans du pape, pour ensuite ne jamais se concrétiser. Entre-temps, la supposée nomination imminente de Mgr Wilmer a fait l'objet d'une large couverture médiatique, avec suffisamment de poids pour que des cardinaux de haut rang, dont le cardinal Luis Ladaria Ferrer S.J., alors préfet en exercice, aient personnellement fait part de leurs inquiétudes au pape, selon des sources vaticanes.

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  • La confusion dans l'Eglise engendre des schismes : c'est maintenant au tour de Monseigneur Viganò.

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    De Riccardo Cascioli sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    L'ÉGLISE DANS LA CONFUSION
    La crise engendre des schismes : c'est maintenant au tour de Monseigneur Viganò.

    La re-consécration épiscopale annoncée marque un point de non-retour pour Mgr Carlo Maria Viganò, ancien nonce apostolique aux États-Unis et grand accusateur du pape François dans le scandale McCarrick. Et après avoir procédé à des ordinations sacerdotales illicites dans toute l'Europe, il fera d'une structure monastique de Viterbe le centre de son mouvement. Une réponse erronée et infructueuse à la crise de l'Église.

    11 janvier 2024

    La rumeur circulait déjà depuis quelques mois et voilà que la nouvelle est relancée par certains sites traditionalistes : Monseigneur Carlo Maria Viganò a été reconsacré évêque par Monseigneur Richard Williamson, l'évêque anglais illicitement ordonné par Monseigneur Marcel Lefebvre en 1988 puis expulsé de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X (FSSPX) en 2012. Depuis lors, Mgr Williamson, qui est excommunié, s'est consacré à la fondation d'un réseau de groupes appelant à la résistance contre toute tentative de normalisation des relations avec l'Église catholique romaine.

    La reconsécration épiscopale de Mgr Viganò, "sub condicione", signifie que l'ancien nonce apostolique aux États-Unis est devenu convaincu de la thèse (d'abord soutenue puis rejetée par Lefebvre) selon laquelle tous les sacrements administrés après le Concile Vatican II sont "douteux", c'est-à-dire que leur validité ne serait pas certaine en raison des déviations doctrinales opérées par le Concile lui-même.

    Malgré les démentis qui circulent sur Internet, plusieurs sources ont confirmé cette démarche "schismatique" de Monseigneur Viganò. Et lui-même, interrogé par La Bussola dans un courriel, n'a pas voulu démentir la nouvelle, se déclarant seulement étonné de l'intérêt que nous portons à ses affaires personnelles. Par conséquent, si la nouvelle était officiellement confirmée, Monseigneur Viganò serait excommunié latae sententiae.

    Cette démarche de Monseigneur Viganò, aussi clamée soit-elle, n'est certainement pas un coup de tonnerre : devenu soudainement célèbre en août 2018 par sa dénonciation publique contre le pape François, accusé d'avoir couvert le cardinal Theodore McCarrick, auteur de multiples abus, malgré la connaissance de la gravité des faits le concernant, Monseigneur Viganò a progressivement élargi l'horizon de ses critiques certes ecclésiales - à l'ensemble du pontificat de François, à ses prédécesseurs, jusqu'au rejet substantiel du concile Vatican II -, mais aussi politiques et économiques en tentant même de se placer à la tête d'un mouvement altermondialiste international. Sur un ton de plus en plus vif et avec des jugements de plus en plus sévères (" Le pape François, faux pasteur et serviteur de Satan ", déclarait-il il y a vingt jours à propos du feu vert à la bénédiction des unions homosexuelles), Viganò a accompagné ses paroles d'actes, tissant un réseau de relations qui a culminé en mai dernier avec l'annonce officielle de la naissance d'une association qu'il a parrainée, Exsurge Domine. Objectif affiché : apporter une aide financière et logistique aux prêtres et religieux victimes de harcèlement de la part de leurs évêques ou supérieurs, un phénomène qui s'est décidément généralisé sous ce pontificat.

    En réalité, derrière cette façade aux relents d'"aide blanche" ecclésiastique, se cachent aussi des manœuvres économiques et immobilières opaques, qui impliquent également une ancienne Société de vie apostolique, Familia Christi, d'abord commissariée puis dissoute par la Congrégation pour la doctrine de la foi en décembre 2019, et les bénédictines de Pienza (monastère "Marie Temple du Saint-Esprit") protagonistes d'un différend avec l'archevêque de Sienne, le cardinal Augusto Paolo Lojudice.

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  • Les "contextes" que Fiducia Supplicans ignore

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    De George Weigel sur le Catholic World Report :

    Théologie "contextuelle" et Fiducia Supplicans

    Le seul "contexte" ecclésiastique que je peux discerner dans Fiducia Supplicans est celui de l'Église catholique au rabais, qui s'accroche à l'affirmation complètement falsifiée selon laquelle satisfaire l'Esprit déconstructeur du moment est plus efficace évangéliquement que de travailler à convertir l'Esprit du moment.

    10 janvier 2024

    Dans la lettre apostolique Ad Theologiam Promovendam (Pour promouvoir la théologie), publiée par le pape François le 1er novembre 2023, l'Église a été exhortée à faire de la théologie de manière contextuelle : comme le dit le motu proprio, la théologie doit être "fondamentalement contextuelle... capable de lire et d'interpréter l'Évangile dans les conditions dans lesquelles les hommes et les femmes vivent quotidiennement, dans des environnements géographiques, sociaux et culturels différents."

    Dans quelle mesure Fiducia Supplicans, la déclaration sur les "bénédictions" publiée par le cardinal Victor Manuel Fernández et le Dicastère pour la doctrine de la foi (DDF) le 18 décembre 2023, répond-elle à cette norme ?

    Pas du tout. Considérez les "contextes" que Fiducia Supplicans ignore.

    Le contexte médiatique. Selon l'interprétation instantanée des médias, le Pape, dans Fiducia Supplicans, a autorisé les prêtres à "bénir" les couples de même sexe, point final - bien que la Déclaration elle-même ait précisé que de telles "bénédictions" ne devaient pas être considérées comme liturgiques, qu'elles devaient être demandées spontanément, impliquant la "bénédiction" d'individus et devant être menées de manière à ne pas compromettre l'enseignement de l'Église sur le mariage en tant qu'"union inclusive, stable et indissoluble d'un homme et d'une femme, naturellement ouverte à la procréation" (comme l'a déclaré le pape François en juillet dernier).

    Le cardinal Fernández s'est par la suite plaint que les distinctions subtiles dans lesquelles Fiducia Supplicans abondait avaient été ignorées dans les premiers reportages des médias. Si le cardinal ne s'attendait pas exactement à ce résultat, il n'a pas pris en compte le contexte médiatique mondial dans lequel Fiducia Supplicans serait reçue. Et si le cardinal était vraiment mécontent de la façon dont son document était présenté, pourquoi n'a-t-il pas recontextualisé Fiducia Supplicans (pour ainsi dire) en dénonçant le clergé qui a rapidement procédé à des "bénédictions" homosexuelles d'une manière qui était manifestement planifiée à l'avance (notamment pour attirer l'attention des médias), qui était quasi-liturgique et qui brouillait indubitablement les lignes doctrinales et morales que le cardinal prétendait avoir tracées dans son document ?

    Les contextes évangélique et culturel. Quelques heures après la publication de Fiducia Supplicans, j'ai reçu un appel téléphonique d'un archevêque africain, profondément préoccupé par l'impact que la Déclaration aurait sur les efforts de son Église locale pour être l'Église de disciples missionnaires à laquelle le pape François avait appelé. Comme l'expliquait l'archevêque, les chrétiens pentecôtistes locaux étaient horrifiés par Fiducia Supplicans, tout comme les musulmans locaux, et la mission évangélique de l'Église catholique était ainsi devenue beaucoup plus difficile.

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  • La Conférence des évêques de France se prononce sur Fiducia Supplicans

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    Du site de l'Homme Nouveau :

    FIDUCIA SUPPLICANS : LE CONSEIL PERMANENT DE LA CONFÉRENCE DES ÉVÊQUES DE FRANCE PUBLIE SON COMMUNIQUÉ

    10 janvier 2024
     
    Le Conseil permanent de la Conférence des évêques de France vient de publier, ce mercredi 10 janvier, un communiqué de presse au sujet de la déclaration du Dicastère pour la Doctrine de la foi, Fiducia Supplicans.  

    Le Conseil permanent de la CEF indique recevoir la déclaration “ comme un encouragement aux pasteurs à bénir généreusement les personnes qui s’adressent à eux en demandant humblement l’aide de Dieu” et à les accompagner “sur leur chemin de foi pour qu’elles découvrent l’appel de Dieu dans leur propre existence et y répondent concrètement”. Il précise également que Fiducia Supplicans “rappelle que ceux qui ne vivent pas dans une situation leur permettant de s’engager dans le sacrement de mariage, ne sont exclus ni de l’Amour de Dieu, ni de son Église” et donc “les encourage dans leur désir de s’approcher de Dieu pour bénéficier du réconfort de sa présence et pour implorer la grâce de conformer leur vie à l’Évangile”.  

    Le communiqué de presse de la CEF conclut enfin que c’est “à travers des prières de bénédiction, données sous une forme spontanée, « non ritualisée » (n° 36), hors de tout signe susceptible d’assimilation à la célébration du mariage, que les ministres de l’Église pourront manifester cet accueil large et inconditionnel”. 

    Le texte est signé par l’ensemble du Conseil permanent de la CEF composé de : Mgr Éric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims et président de la CEF ; Mgr Vincent Jordy, archevêque de Tours, vice-président de la CEF ; Mgr Dominique Blanchet, évêque de Créteil, vice-président de la CEF, le Cardinal Jean-Marc Aveline, archevêque de Marseille, Mgr Laurent Ulrich, archevêque de Paris ; Mgr Dominique Lebrun, archevêque de Rouen ; Mgr Sylvain Bataille, évêque de Saint-Étienne, Mgr Pierre-Antoine Bozo, évêque de Limoges, Mgr Alexandre Joly, évêque de Troyes et Mgr Matthieu Rougé, évêque de Nanterre.  

    Pour rappel, le Conseil permanent reçoit délégation de l’Assemblée plénières des évêques pour, entre autres, s’assurer de l’exécution des décisions prises par l’Assemblée, régler les questions urgentes ne nécessitant pas la consultation de l’Assemblée, de la continuité pastorale et de la coordination des commissions épiscopales, des conseils et groupes de travail.  

    En France, certains évêques avaient déjà indiqué aux prêtres de leurs diocèses les conditions d’application de la déclaration de Fiducia Supplicans. Mgr Aillet, évêque de Bayonne, Lescar et Oloron avait publié dès le 29 décembre une note au sujet de la déclaration regrettant qu’elle soit “saluée comme une victoire par le monde laïc, et en particulier par les lobbies LGBT qui y voient enfin une reconnaissance par l’Eglise des relations homosexuelles malgré les multiples restrictions rappelées par le document romain” tout en ajoutant qu”’elle fait l’objet d’une désapprobation publique inédite de la part de conférences épiscopales entières, en particulier d’Afrique et d’Europe de l’Est, ainsi que d’évêques de tous les continents.” 

    Il y rapporte que dans “la troisième partie de la déclaration, on glisse subrepticement de la possibilité de bénir une personne, quelle que soit sa situation, à une bénédiction accordée à un « couple » en situation irrégulière ou de même sexe.” Après un long développement sur tous les enjeux doctrinaux soulevés par la publication de la déclaration, Mgr Aillet “invite, si les personnes le demandent, à leur donner une bénédiction, à condition que ce soit à chaque personne individuellement, en les appelant à la conversion et en les invitant à demander le secours de la grâce que le Seigneur accorde à tous ceux qui le lui demandent pour conformer leur vie à la Volonté de Dieu.”  

    Le 1er janvier dernier, les évêques de la province ecclésiastique de Rennes adressaient aux prêtres et diacres la même consigne : “c’est pourquoi, il est opportun de bénir de façon spontanée, individuellement, chacune des deux personnes formant un couple”.  

    Le Conseil permanent réunit actuellement à Paris, au siège de la conférence épiscopale française, a donc choisi de se mettre en retrait en reprenant l’invitation à bénir “les personnes” sans pour autant revenir sur la distinction nécessaire entre les bénédictions individuelles ou celles des couples. Ces dernières ont été autorisées par le Cardinal Fernández, préfet pour le Dicastère de la Doctrine de la foi, dès l’introduction de la déclaration romaine approuvée par le Pape – “on peut comprendre la possibilité de bénir les couples en situation irrégulière et les couples de même sexe” -, provoquant une vague de contestations à travers le monde.

    Les évêques de Côte d’Ivoire ont demandé “aux ministres ordonnés de s’abstenir des bénédictions de couples de même sexe et des couples en situations irrégulières” déclarant que « cela (…) donne l’impression que notre Église approuve et encourage une réalité intrinsèquement mauvaise, contre nature et contraire à nos coutumes ». Les conférences épiscopales du Congo RDC, du Congo Brazzaville, du Mozambique, de l’Angola et Sao Tomé ont également interdit ces bénédictions dans leurs diocèses. Le cardinal Müller, ancien préfet pour la Congrégation de la Doctrine de la foi, a énoncé que le prêtre qui conférerait ce genre de bénédiction commettrait un “acte sacrilège et blasphématoire ».

  • La Cour Européenne des Droits de l'Homme condamne la Pologne à la révolution culturelle

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    De Gregor Puppinck sur le site de l'ECLJ :

    La CEDH condamne la Pologne à la révolution culturelle

    9 janvier 2024

    Quatre jours auront suffi. Le lundi 11 décembre 2023, Donald Tusk a été élu Premier Ministre de Pologne grâce au soutien de la gauche et de l’extrême gauche. Le mardi, la CEDH condamnait la Pologne en raison de sa non-reconnaissance des couples de même sexe. Le mercredi, le Conseil de l’Europe a été informé par le nouveau Gouvernement polonais qu’il cessait de contester les jugements de la CEDH, notamment concernant l’épineuse réforme de la justice. Le jeudi, la CEDH condamnait la Pologne en raison de l’interdiction de l’avortement eugénique.

    Pourquoi avoir attendu l’élection de Donald Tusk pour publier ces jugements ? Simplement pour éviter que le Gouvernement polonais conservateur précédemment au pouvoir n’exerce son droit de demander le renvoi de ces jugements en appel devant la Grande Chambre de la CEDH. La Cour savait que ces jugements seraient accueillis favorablement par le nouveau Gouvernement Tusk. À présent, celui-ci pourra s’en prévaloir pour imposer ces réformes à la Pologne.

    Lorsque la CEDH se prononce sur des enjeux politiques et culturels essentiels, de civilisation, il serait naïf de croire que ses jugements relèvent de la seule logique juridique. Ils sont avant tout politiques, puis revêtus d’un habillage juridique. Bien souvent, cet habillage « craque » à force de tirer sur le droit dans un but politique. C’est le cas à chaque fois que la Cour fait dire à la Convention l’inverse de l’intention de ses rédacteurs, comme en matière de mœurs, d’immigration ou d’euthanasie.

    L’arrêt M. L. condamnant la Pologne en matière d’avortement eugénique est à cet égard édifiant. Comme l’ont bien exposé les deux juges dissidents en marge du jugement, la Cour parvient à condamner la Pologne pour ne pas avoir permis à une femme enceinte d’avorter tout en rappelant que la Convention ne garantit pas de droit à l’avortement. Elle y parvient en faisant relever l’avortement du domaine de la vie privée (l’article 8), puis en contestant la légitimité de la Cour constitutionnelle à l’origine de l’interdiction de l’avortement eugénique. La Cour européenne évite ainsi de s’interroger sur la conformité aux droits de l’homme de l’avortement en cause, pratiqué à 17 semaines de grossesse en raison de la trisomie 21 de l’enfant. C’est pourtant parce que la Pologne estime qu’un tel avortement est contraire à la dignité humaine et aux droits des personnes handicapées qu’il a été jugé inconstitutionnel. En cela, comme le dénoncent les deux juges dissidents de la CEDH, cet « arrêt contribuera à renforcer les préjugés à l’encontre de la catégorie extrêmement vulnérable des personnes atteintes de trisomie 21 et à les stéréotyper négativement comme un fardeau pour leurs familles ».

    Il va de soi que jamais les rédacteurs de la CEDH n’auraient accepté que leur texte serve à créer un droit à l’avortement eugénique. Une proposition visant à permettre la «prévention de la naissance d’enfants handicapés[1]» fut d’ailleurs expressément rejetée lors de la rédaction de la Déclaration universelle des droits de l’homme en raison de sa similitude avec les pratiques nazies.

    Finalement, la Pologne a été condamnée à verser 16.000 euros à la requérante, car celle-ci n’aurait « pas eu d’autre choix » que d’aller avorter à l’étranger, alors qu’il était prévu qu’elle puisse le faire en Pologne avant l’entrée en vigueur de l’interdiction litigieuse. La CEDH n’impose pas la légalisation de l’avortement eugénique, mais enfonce un coin dans son interdiction. Elle agit ainsi sur les sujets sensibles.

    Par sa jurisprudence, la Cour européenne contribue à imposer à la Pologne une révolution culturelle. Celle-ci se présente comme progressiste du point de vue de l’Europe de l’Ouest, mais il en va autrement du point de vue de l’histoire polonaise, car il faut se souvenir que l’avortement y a d’abord été introduit par l’Allemagne nazie afin de limiter la démographie de ce peuple slave. Un document nazi du 25 novembre 1939 intitulé « Le problème de la manière de traiter la population des anciens territoires polonais sur la base de l’aspect racial-politique » prescrivait notamment que « Toutes les mesures servant au contrôle des naissances doivent être admises ou encouragées. L'avortement ne doit pas être punissable sur le territoire. Les abortifs et les contraceptifs peuvent être proposés publiquement à la vente sous toutes leurs formes sans qu'aucune mesure politique ne soit prise. L’homosexualité doit être déclarée non punissable. Les instituts et les personnes qui font commerce de l’avortement ne doivent pas être poursuivis par la police ». C’est ce document qui organisa la tentative de germanisation de la Pologne et les premières déportations, son «but final étant l’élimination complète de l’esprit national polonais[2]». L’avortement fut ensuite promu durant l’occupation soviétique avec, là encore, des intentions idéologiques. Historiquement, l’avortement n’est donc pas considéré en Pologne comme une pratique libérale, comme une conquête féministe, à l’instar de l’Europe occidentale, mais au contraire comme une pratique anti-polonaise imposée depuis l’étranger par les occupants nazis puis soviétiques… et aujourd’hui par la CEDH.

    ________

    [1] Proposition du Groupe de travail de la Commission sur le statut des femmes, Travaux préparatoires, E/CN.4/SR.35, p. 1266.

    [2] Trials of War Criminals Before the Nuernberg Military Tribunals under Control Council Law No. 10 (1946-49), Volume 5, pages 95-96.

  • Avec l'Iris blanc, Astérix retrouve un peu de mordant

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    De David Engels sur The European Conservative :

    Avec l'Iris blanc, Astérix retrouve un peu de mordant

    L'Iris Blanc

    En tant que décliniste réticent, j'ai acheté le nouveau livre d'Astérix avec la ferme intention d'en détester chaque page. J'avais déjà en tête une bonne phrase d'introduction : "Après Star Wars, Indiana Jones, Harry Potter et Tolkien, le déclin d'Astérix sous franchise se poursuit inexorablement, etc. etc. Malheureusement - ou heureusement - les choses ne sont pas aussi tranchées, car le nouveau volume d'Astérix n'est pas si mal, même si on ne peut pas vraiment le qualifier de "bon".

    En effet, il ne s'agit pas d'une véritable "aventure" qui emmène nos héros à travers le monde antique, mais plutôt des conséquences des sinistres machinations de Visusversus, un médecin romain visuellement inspiré de l'intellectuel vedette français Bernard-Henri Lévy. Visusversus est chargé par César de démoraliser les Gaulois récalcitrants et de motiver les légionnaires romains par toute une série de slogans sur la découverte de soi et la pleine conscience : le "petit village" doit être transporté dans la post-histoire, pour ainsi dire, par le biais de manipulations mentales, et ainsi rendu incapable de se battre - un thème étonnamment chargé idéologiquement, et que de nombreux lecteurs apprécieront.

    Cependant, l'impression qui se dégage de la lecture du livre est plutôt ambivalente. Le nouvel auteur, "Fabcaro", a réussi non seulement à incorporer dans le dialogue une quantité étonnante, voire presque baroque, de blagues diverses et réussies (même pour un volume d'Astérix), mais aussi à se moquer de nombreux problèmes actuels de l'homme "post-historique". L'individualisme, le développement personnel, le relativisme, l'évitement des conflits, l'inclusion, la pleine conscience, le changement climatique, etc. font tous partie du récit. À cela s'ajoute le sombre soupçon que ces éléments pourraient être délibérément utilisés par de sinistres détenteurs de pouvoir et des manipulateurs idéologiques pour contrôler les processus sociaux et politiques. En effet, une grande partie du sous-texte du nouvel Astérix aurait pu être de la dynamite politique, si l'auteur n'avait pas eu peur de son propre courage. Car l'album ne peut pas (ou ne veut pas) jouer le diagnostic civilisationnel posé au début et préfère prudemment quitter l'intrigue initiale au milieu du récit sans jamais vraiment y revenir.

    Ainsi, la première moitié de "L'iris blanc" montre de manière frappante comment l'effet féminisant de la culture moderne de la consommation et de la pleine conscience, individualiste et hostile aux conflits, sape rapidement le moral de combat du village gaulois, ainsi que sa cohésion familiale. Mais il ne présente pas (jusqu'à la fin de l'histoire) de véritable antidote à cette évolution. Cependant, l'hypothèse initiale selon laquelle un "entraînement mental" similaire redonnerait aux légionnaires leur force de frappe reste tout aussi peu développée que la suggestion selon laquelle la stratégie de décomposition romaine serait en mesure de neutraliser l'effet de la potion magique d'une manière ou d'une autre. Ces deux lacunes évidentes dans l'intrigue créent une certaine frustration au milieu de l'histoire quant à ce qu'elle est réellement censée raconter. C'est précisément à ce moment, lorsque l'histoire ne peut (ou refuse) de se développer, qu'elle se transforme soudain en une course-poursuite burlesque vers Lutèce. Il ne s'agit plus pour Visusversus d'inverser la disparité entre le village gaulois et les Romains, mais d'enlever la cheffe du village - déçue par son mari - afin de forcer le village à se rendre.

    À l'avant-dernière page de l'histoire, et bien que l'expérience de l'" iris blanc " de Visusversus ait été couronnée de succès, César décide d'abandonner tout le projet pour des raisons assez floues. Entre-temps, le village gaulois a "en quelque sorte" automatiquement retrouvé sa résilience culturelle d'origine après le retour de nos héros à la dernière page - des tentatives quelque peu forcées pour amener l'histoire à une fin plus ou moins satisfaisante à un moment où elle est impuissante et bloquée. Ainsi, malgré des débuts prometteurs, l'"Iris blanc" ne résiste pas à l'examen le plus superficiel de la cohérence et de la rigueur. Le scénariste s'est-il rendu compte que la question de l'homme "post-historique" était trop brûlante et que, développée seule, elle ne pouvait que s'opposer au caractère purement ludique d'Astérix sous franchise et à l'action politique de l'éditeur ?

    Certes, contrairement à d'autres "nouveaux" volumes d'Astérix qui ont été accusés - non sans raison - d'être trop politiquement corrects, l'"Iris Blanc" retrouve heureusement un peu du mordant original qui fait que les anciens volumes valent encore la peine d'être lus aujourd'hui. Mais ce mordant se limite à une description plutôt apolitique des "mœurs" de notre époque, qui sera probablement reconnue par la gauche et la droite sans trop d'offense. Cela donne l'impression d'un inoffensif exercice en chambre qui, pour paraphraser Siegfried Kracauer, est finalement plus favorable au régime que véritablement critique. Aujourd'hui, la France menace d'entraîner tôt ou tard l'ensemble de l'Europe dans l'abîme, en raison des montagnes de dettes, de la récession, de l'immigration de masse, de la criminalité, des scandales politiques et de l'hydrocéphalie de la bureaucratie parisienne. Et tandis que le monde observe cet état de fait, les lecteurs d'Astérix ont droit à des blagues innocentes et gratuites sur l'art abstrait, les trains express retardés, les bols chantants, le minimalisme de la Nouvelle Cuisine et les barbes des hipsters. En fin de compte, on n'invoque que des "conflits" qui n'ont aucun sens au regard des enjeux subliminaux qui s'y cachent. On ressort de la lecture de ce volume d'Astérix avec le sentiment d'avoir été exposé à une sorte d'opposition contrôlée qui évite d'étiqueter l'idéologie qui se cache derrière ces prétendus "problèmes de style de vie".

    Bien sûr, il ne faut pas s'attendre à plus de la part d'une bande dessinée, et c'est une erreur de chercher une véritable déclaration politique dans un volume d'Astérix, quelle que soit la gravité de la situation actuelle en France. Même une certaine neutralité et un "audiatur et altera pars", tels qu'ils transparaissent parfois ici, représentent déjà un net progrès par rapport aux volumes récents. Le principe général s'applique ici comme ailleurs : si l'on veut vraiment changer les choses, il ne faut pas attendre d'espoir des institutions établies de longue date qui font partie intégrante du système, mais plutôt créer soi-même quelque chose de nouveau. Plutôt que de se plaindre du nouvel Astérix, les conservateurs devraient peut-être créer eux-mêmes une série qui ne soit pas une copie mais une création originale et qui pose toutes les questions qui nous manquent dans le courant dominant - et cela ne s'applique pas seulement à Astérix, mais à la culture médiatique moderne dans son ensemble. Le vrai problème est que de nombreux conservateurs se contentent de critiquer, de se plaindre et de râler. Ainsi, ils se définissent entièrement par un rejet stérile, sans prendre les rênes et produire ce qui leur manque ailleurs.

    David Engels a été titulaire de la chaire d'histoire romaine à l'Université Libre de Bruxelles et est actuellement analyste principal à l'Instytut Zachodni de Poznań. Son livre de 2013, Le déclin (Paris : L'artilleur), compare la crise de l'Union européenne au déclin de la République romaine. Il a également dirigé la collection Renovatio Europae (Berlin : MSC Verlagsbuchhandlung, 2019), un manifeste pour une réforme conservatrice de l'Union européenne. Son dernier ouvrage est Que faire ? Vivre avec le déclin de l'Europe. Il collabore à la rédaction de The European Conservative.

  • "Si cela ne tenait qu'à moi, je réviserais l'exigence de célibat des prêtres" (Mgr Scicluna)

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    De Courtney Mares sur CNA :

    Un représentant du Vatican estime que l'Église devrait autoriser les prêtres mariés

    8 janvier 2024

    Un fonctionnaire du Vatican a déclaré qu'il pensait que l'exigence de célibat sacerdotal de l'Église catholique dans le rite latin devrait être révisée.

    L'archevêque Charles Scicluna, qui est archevêque de Malte et secrétaire adjoint du Dicastère du Vatican pour la doctrine de la foi, a déclaré dans une interview publiée le 7 janvier que l'Église devrait "réfléchir sérieusement" à la modification de la discipline occidentale.

    "Si cela ne tenait qu'à moi, je réviserais l'exigence de célibat des prêtres", a-t-il déclaré, selon une interview vidéo en langue maltaise sous-titrée par le Times of Malta.

    "C'est probablement la première fois que je le dis publiquement et cela semblera hérétique à certains", a-t-il ajouté.

    L'archevêque de 64 ans a déclaré que l'Église devrait s'inspirer des Églises orientales, qui permettent aux hommes mariés d'être ordonnés prêtres.

    "Pourquoi devrions-nous perdre un jeune homme qui aurait fait un bon prêtre, simplement parce qu'il voulait se marier ? Et nous avons perdu de bons prêtres simplement parce qu'ils ont choisi le mariage", a-t-il déclaré.

    Mgr Scicluna, qui s'est personnellement occupé de plusieurs enquêtes sur des abus sexuels commis par des clercs pour le compte du bureau de doctrine du Vatican, a fait ces commentaires lorsqu'on l'a interrogé sur les prêtres catholiques de Malte qui ont des relations secrètes et qui ont engendré des enfants illégitimes.

    "Il s'agit d'une réalité mondiale ; cela n'arrive pas qu'à Malte. Nous savons qu'il y a des prêtres dans le monde entier qui ont des enfants et je pense qu'il y en a aussi à Malte", a déclaré Mgr Scicluna.

    "Un homme peut mûrir, avoir des relations, aimer une femme. Dans l'état actuel des choses, il doit choisir entre elle et la prêtrise, et certains prêtres font face à cette situation en s'engageant secrètement dans des relations sentimentales", a-t-il ajouté.

    Mgr Scicluna, qui était délégué à l'assemblée du Synode sur la synodalité à l'automne dernier, a ajouté qu'il avait déjà parlé ouvertement à Rome de son point de vue sur le célibat des prêtres.

    Le célibat sacerdotal discuté au synode sur la synodalité

    L'exigence du célibat sacerdotal a été ouvertement discutée lors du Synode des évêques de 2019 sur la région panamazonienne, mais le pape François a finalement choisi de ne pas mentionner le célibat dans son exhortation apostolique post-synodale.

    Le sujet est revenu sur le tapis lors de l'assemblée du Synode 2023 sur la synodalité qui s'est tenue au Vatican en octobre. Le rapport de synthèse de l'assemblée a demandé s'il était nécessaire de maintenir la discipline du célibat sacerdotal dans le rite latin de l'Église catholique et a appelé à ce que la question soit reprise lors de la prochaine assemblée en octobre 2024, notant que "différentes évaluations ont été exprimées" sur le sujet lors de la première assemblée synodale.

    Le pape François sur le célibat des prêtres

    Dans une interview pour un livre publié en octobre, le pape François a réfuté l'idée que des changements dans la pratique de l'Église, tels que l'introduction de femmes diacres ou le célibat sacerdotal optionnel, contribueraient à stimuler les vocations.

    Interrogé sur le fait que l'ordination des femmes rapprocherait "davantage de personnes de l'Église" et que le célibat sacerdotal facultatif contribuerait à remédier à la pénurie de prêtres, le pape François a déclaré qu'il ne partageait pas ces points de vue.

    "Les luthériens ordonnent des femmes, mais peu de gens vont à l'église", a déclaré le pape François. "Leurs prêtres peuvent se marier, mais malgré cela, ils ne parviennent pas à augmenter le nombre de leurs ministres. Le problème est culturel. Nous ne devrions pas être naïfs et penser que des changements programmatiques nous apporteront la solution".

    "De simples réformes ecclésiastiques ne permettent pas de résoudre les problèmes sous-jacents. Ce sont plutôt des changements paradigmatiques qui sont nécessaires", a-t-il ajouté, renvoyant à sa lettre de 2019 aux catholiques allemands pour de plus amples considérations sur la question.

    Courtney Mares est correspondante à Rome pour l'Agence de presse catholique. Diplômée de l'université de Harvard, elle a réalisé des reportages dans des bureaux de presse sur trois continents et a reçu la bourse Gardner pour son travail avec les réfugiés nord-coréens.

  • Victor Manuel Fernandez ou la passion mystique vue à travers l'obsession d'un cardinal

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    De Jeanne Smits sur Réinformation TV :

    Victor Manuel Fernandez et la « passion mystique »

    cardinal pornographe Fernandez mystique

    On connaissait l’opuscule de Victor Manuel (dit « Tucho ») Fernandez sur le baiser : Sáname con tu boca : el arte de besar, « Guéris-moi avec ta bouche, l’art du baiser », publié en 1995. Voilà qu’on découvre un autre ouvrage de celui qui est aujourd’hui cardinal et préfet du Dicastère pour la Doctrine de la foi, publié en 1999 au Mexique par les éditions Dabar, et introuvable aujourd’hui même en occasion, en aurait-on honte ? Sous le titre évocateur La Pasión Mística, espiritualidad y sensualidad (« La Passion mystique, spiritualité et sensualité »), Tucho décrit le côté physique des expériences mystiques de nombreux saints, d’après leurs dires. Puis sombre dans une description pornographique de l’acte sexuel, curieusement présenté comme un chemin vers Dieu quand il est vécu dans l’altérité. Voilà un ouvrage qui rend moins surprenante sa récente Déclaration Fiducia supplicans, contresignée par le pape François, sur la bénédiction des « couples irréguliers » et « de même sexe ».

    Ni l’un ni l’autre livre ne sont inclus dans la bibliographie officielle du nouveau préfet chargé – on croit rêver – de la « doctrine de la foi ». Du premier, Sáname con tu boca, « Tucho » a refusé la réédition, expliquant qu’il l’avait écrit avec des adolescents sur le mode « catéchétique », non sans enquêter autour de lui sur l’expérience du baiser chez les jeunes.

    La passion mystique vue à travers les yeux du pornographe

    La lecture de La Pasión Mística, dont une version numérique a été diffusée par des laïcs qui ont réussi à obtenir un exemplaire du l’ouvrage, et que j’ai pu consulter, est profondément dérangeante. Car s’il est acquis que de grands mystiques ont décrit l’amour dont Dieu les remplit touche l’unité de leur âme et de leur corps, emplissant tout leur être de délices ineffables, ce que montre l’analyse par Victor Manuel Fernandez des citations de ces saints qu’il a soigneusement collationnées, non sans une certaine obsession, est qu’il les considère de la manière la plus physiologique qui soit. Manière qui aboutit à troubler le regard et à salir l’expérience.

    Pour certains, celui qui était alors curé de paroisse dans la petite ville de Rio Cuarto en Argentine, il s’empare d’expressions d’amour et de désir pour y ajouter une interprétation sensuelle, voire lascive. Ainsi pour saint Augustin, dont il cite les élans amoureux envers Dieu – « Je t’ai humé, et je soupire après toi. Je t’ai goûté, j’ai faim et soif de toi… » – pour y lire des preuves d’une sorte de désir charnel. S’il note le grand désordre des sens chez Augustin dans sa jeunesse, il salue sa vie de concubinage : « Il a aussi une vie d’amour et de plaisir plus sereine, quand il a décidé de cohabiter avec une femme, sans s’unir à elle par le mariage, mais en lui étant fidèle. » (Et en la répudiant quand elle ne répondait plus à ses ambitions, mais cela n’est pas dit…) Les mots « chasteté » et « continence » – à quoi saint Augustin aspirait en se convertissant – pas plus que la « pureté » n’apparaissent jamais sous la plume de Victor Manuel dans cet ouvrage qui s’attarde sur tout ce qui peut être de près ou de loin assimilé à une intrusion de volupté charnelle dans le rapport avec Dieu. Ainsi de l’extase au moment de communier, ou des dernières paroles de sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, les yeux fixés sur son crucifix : « Oh je l’aime… Mon Dieu… Je vous aime ! »

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  • Le Congo n’est pas digne de la démocratie ?

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    1. RD Congo : Elections ou comment tuer la démocratie !

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    7 janvier 2024,  dans la « Libre Afrique », Hubert Leclercq cède la parole à l’opinion de Jean-Claude Mputu :

    Jean Claude Mputu est le directeur adjoint de Resource Matters (ONG) :  Il accompagne les partenaires des Resource Matters et coordonne leurs actions en vue d’en augmenter l’impact sur le terrain. Il coordonne aussi le volet électricité de leurs programmes.

    Titulaire d’un doctorat en Relations Internationales, Jean Claude Mputu a longtemps travaillé comme chercheur à l’Université de Liège avant de rejoindre le National Democratic Institute où il a coordonné les activités en RDC et leur programme sur les partis politiques ainsi que la participation des femmes et des jeunes en politique. Citoyen engagé, il a beaucoup travaillé avec la société civile congolaise pour le suivi des activités politiques, électorales et de gouvernance démocratique.

    Jean Claude Mputu espère, par son engagement, changer l’avenir de la RDC pour que sa population puisse enfin profiter des nombreuses richesses dont regorge ce pays. Il n’y a pas d’autres alternatives, a-t-il l’habitude de dire :

    « Ceci est le plaidoyer d’un citoyen qui voit son pays s’enfoncer dans le déni, le mensonge, la corruption et les antivaleurs »

     Mais qui malgré tout continue à vouloir croire qu’un autre avenir est possible : car il est convaincu que le Congo en vaut la peine et que les Congolais ont trop souffert. La manière dont les élections générales de décembre 2023 ont été planifiées et mises en œuvre en RDC constituent un véritable projet pour tuer la démocratie

    « C’est pourquoi, je voudrais m’interroger avec vous. Quels sont les critères d’une bonne élection et pourquoi les organise-t-on ? Si les élections doivent permettre à un peuple de choisir librement et légalement ses dirigeants en toute indépendance, transparence, alors qui peut me dire qu’en décembre 2023, la RDC a connu des élections ?

    « Au commencement de tout il y a eu la corruption et le mépris des lois pour désigner Kadima comme Président de la CENI. Malgré les protestations des Églises catholique et protestante, la communauté internationale a fermé les yeux et nous ont poussé à donner une chance à Kadima. Le peuple fatigué et victime de la tricherie de 2018 voulait des nouvelles élections et a préféré rester calme.

    Ensuite un enrôlement bâclé, avec des cartes d’électeurs qui s’effacent après quelques mois. Tout le monde a fermé les yeux. La CENI a refusé un audit externe et indépendant d’un fichier électoral inexistant, le monde a fermé les yeux, les ambassades occidentales ont rivalisé des communiqués pour soutenir et accompagner la CENI. Dans quel pays démocratique aurait-on voulu des élections sans connaître la liste des électeurs ?

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  • Le message de Noël du cardinal Sarah : "On s'oppose à une hérésie qui mine gravement l'Eglise"

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    De Sandro Magister (Settimo Cielo) sur Diakonos.be :

    « Fiducia supplicans ». Le cardinal Sarah : « On s’oppose à une hérésie qui mine gravement l’Église »

    (s.m.) Le cardinal Robert Sarah a confié à Settimo Cielo la réflexion qui va suivre sur l’état actuel de confusion dans l’Église, avec un « scandale des petits » encore aggravé par la récente déclaration du Dicastère pour la doctrine de la foi « Fiducia supplicans », un scandale dont, comme l’a dit Jésus, seule « la vérité nous rendra libres » (Jn 8, 32).

    Âgé de 78 ans, le cardinal Robert Sarah est né et a grandi en Guinée, il a fait ses études de théologie à Rome et ses études bibliques à Jérusalem, il a été curé dans un village de la savane puis évêque de Conakry, la capitale, où il a été un défenseur infatigable de la liberté religieuse et civile sous une dictature implacable, allant jusqu’à risquer sa propre vie.

    Appelé à Rome en 2001 par Jean-Paul II comme secrétaire de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples, il a été créé cardinal en 2010 par Benoît XVI, qui l’a nommé président du conseil pontifical « Cor Unum », pour soutenir les populations en détresse. Le 23 novembre 2014, le Pape François l’a nommé préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, une charge dont il a été congédié le 20 février 2021.

    Robert Sarah est l’un des cinq cardinaux qui ont signé les « dubia » présentés au Pape l’été dernier, recevant des réponses qu’ils furent les premiers à trouver élusives.

    Il est l’auteur de nombreux ouvrages parus en plusieurs langues, à l’impact spirituel majeur, et c’est l’une des personnalités les plus importantes de l’Église africaine, à laquelle il donne voix dans ce texte.

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    MESSAGE DE NOËL

    par Robert Sarah

    Rome, le 6 janvier 2024, en la fête de l’Epiphanie du Seigneur

    A Noël, le Prince de la Paix s’est fait homme pour nous. A tout homme de bonne volonté, il apporte la paix qui vient du Ciel. « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix, mais ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne » (Jean 14, 27). La paix que Jésus nous apporte n’est pas un nuage creux, elle n’est pas la paix mondaine qui n’est souvent qu’un compromis ambigu, négocié entre les intérêts et les mensonges des uns et des autres. La paix de Dieu est vérité. « La vérité est la force de la paix parce qu’elle révèle et opère l’unité de l’homme avec Dieu, avec lui-même, avec les autres. La vérité affermit la paix et construit la paix », enseignait saint Jean-Paul II [1]. La Vérité faite chair est venue habiter au milieu des hommes. Sa lumière ne trouble pas. Sa parole ne sème pas la confusion et le désordre, mais elle révèle la réalité de toute chose. Il EST la vérité et par conséquent il est « signe de contradiction » et « dévoile les pensées d’un grand nombre de cœurs » (Luc 2, 34).

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