Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Débats - Page 93

  • Après François : un conclave difficile en perspective ?

    IMPRIMER

    De Marco Grieco sur Vanity Fair (.it) :

    Après le pape François ? Le Conclave le plus difficile de l'histoire va s'ouvrir

    Le pape François est rentré au Vatican et préside les rites de Pâques, mais son hospitalisation a fait réfléchir à l'avenir du Vatican, et de nombreuses rumeurs ont circulé ces derniers jours. La guerre en Ukraine, les nouveaux équilibres géopolitiques, la fin du catholicisme européen. C'est le rébus du futur Conclave, où les questions internationales seront plus importantes que les noms.

    2 avril 2023

    Au Vatican, il n'y a pas qu'un plan B pour les rites de la Semaine Sainte. Le séjour du pape François à l'hôpital Gemelli, qui a duré 66 heures en raison d'une infection respiratoire immédiatement sédatée, a relancé le toto-nomi sur son successeur. Comme l'explique Massimo Franco dans le Corriere della Sera, le conclave de l'ombre qui choisira le prochain pape a commencé. Mais le pape François ne semble pas vouloir quitter trop tôt la direction de l'Église : "On ne gouverne pas avec les genoux", confessait-il il y a quelques mois, et aux jésuites de la République démocratique du Congo, en février dernier, il expliquait : "Je crois que le ministère du pape est ad vitam [...]. Si, au lieu de cela, nous écoutons les bavardages, alors nous devrions changer de pape tous les six mois".

    Pourtant, les bavardages se poursuivent au-delà du Tibre. La déclaration faite au Corriere della Sera par Monseigneur Georg Gänswein, auteur avec le journaliste Saverio Gaeta du livre-confession Nient'altro che la verità - La mia vita al fianco di Benedetto XVI (Rien que la vérité - Ma vie aux côtés de Benoît XVI), anticipait l'aveu du pape. L'ancien secrétaire particulier du pape allemand a en effet déclaré : "Je crois que pas mal de cardinaux auraient bien vécu, avec Angelo Scola comme pape." Cela confirme que certains ont regretté leur vote de 2013. L'archevêque émérite de Milan, aujourd'hui écarté des jeux en raison d'une limite d'âge, faisait partie des favoris du conclave de 2013, comme en témoigne la gaffe sensationnelle des évêques italiens qui, dès l'élection de Bergoglio, ont envoyé par erreur un télégramme de félicitations pour "l'élection du cardinal Angelo Scola comme successeur de Pierre". C'est certainement depuis le Costa Rica, où Monseigneur Georg sera envoyé comme nonce apostolique, que le mécontentement romain pourrait se calmer. Le pape François ne tolère pas les ragots, comme l'a également laissé entendre Mgr Gänswein : "Chacune de mes phrases à ce sujet pourrait être interprétée comme une manifestation négative à l'encontre du souverain pontife actuel. Et comme je vous l'ai dit, il y a une grande sensibilité à Santa Marta".

    A la Curie, cependant, nombreux sont ceux qui pensent qu'entre bavardage et intolérance, il y a une certaine différence. C'est ce que pensait George Pell, cardinal australien et proche collaborateur de Bergoglio, décédé en janvier dernier des suites de complications chirurgicales. Immédiatement après sa mort, le vaticaniste Sandro Magister a révélé que c'est lui qui avait rédigé un mémorandum critiquant le pontificat de François sans si et sans mais - "ce pontificat est un désastre à plusieurs égards, une catastrophe" -, diffusé parmi les cardinaux en vue du prochain Conclave. Le nom du cardinal australien, proche collaborateur du pape, montre que même les plus proches de François peuvent changer d'avis ou devenir de fervents critiques, et certains commencent déjà à s'inquiéter de la manière dont ils se positionneront dans l'ère post-Pape François.

    Tous ceux qui ont vécu dans l'ombre du pape pensent déjà à celui qui pourrait être le prochain", murmure-t-on dans l'ombre de la Coupole. Le défi consiste à trouver la bonne équidistance entre le pontife en exercice et son successeur. Un prochain pape jésuite suscite le scepticisme, les plus critiques ne voteront plus pour un cardinal issu de la Compagnie de Jésus. Mais ce n'est pas tout. Des doutes subsistent également quant à sa provenance. Les cardinaux créés au cours de cette décennie par le pape François sont issus de plus de 50 nations, mais nombre d'entre eux se sont rencontrés pour la première fois lors du consistoire d'août dernier, ce qui ajoute un élément d'imprévisibilité au prochain conclave. Il est probable que tous les regards se tourneront vers la "fin du monde", mais rares sont ceux qui parient sur un successeur latino-américain. Surtout, un facteur pèsera dans la balance : François sera-t-il émérite ou pape jusqu'au bout ? Bergoglio ne semble pas vouloir suivre la voie de Benoît XVI, puisque la fonction de pape émérite n'a pas encore été codifiée. Toutefois, s'il devait démissionner pour des raisons de santé, sa présence dans les congrégations du pré-conclave pourrait influencer les rangs du Sacré Collège.

    Lire la suite

  • Les évêques belges ne peuvent pas légitimer la bénédiction des couples arc-en-ciel en se référant à de prétendues déclarations du pape

    IMPRIMER

    De Nico Spuntoni sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    Müller : "Même le Pape ne peut pas décider de bénir les couples homosexuels".

    03-04-2023

    "La bénédiction des couples arc-en-ciel est une hérésie. Les évêques belges ne peuvent pas la légitimer en se référant à de prétendues déclarations du pape. Même s'il l'avait dit, il n'est pas de sa compétence de changer la Révélation". "Le but de la voie synodale allemande est de devenir la locomotive de l'Eglise universelle". "Frapper l'ancien rite est absurde". "La Curie romaine n'est pas l'État du Vatican, sa sécularisation est une erreur théologique. Le cardinal Müller s'exprime à l'occasion de la sortie de son livre "Le Pape. Ministère et mission."

    Il est difficile d'imaginer que l'appartement de Borgo Pio où Joseph Ratzinger a vécu jusqu'à son élection en 2005 puisse se retrouver entre de meilleures mains. Aujourd'hui, en effet, le locataire est l'un de ces rares prélats qui pourraient s'adresser à Benoît XVI en disant "vous" et que le pape allemand lui-même a voulu en 2012 comme préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, le cardinal Gerhard Ludwig Müller. La maison apparaît en effet aux invités telle qu'elle a dû être pendant les vingt-trois années de résidence de celui que les ennemis appelaient de manière désobligeante le panzerkardinal : submergée par les livres. Il y a quelques jours, le cardinal Müller a pu déposer son dernier ouvrage "Le pape. Ministère et mission' (Edizioni Cantagalli), qui offre sa réflexion théologique sur la mission du successeur de Pierre. La Nuova Bussola Quotidiana a rencontré le cardinal allemand pour parler de son livre, mais la conversation s'est inévitablement terminée sur la situation actuelle de l'Église.

    Éminence, pourquoi avez-vous qualifié les paroles de Pie XI condamnant le développement des Églises nationales de "paroles vraiment prophétiques, qui gardent leur sens même dans la confrontation actuelle avec les revendications totalitaires médiatisées" ?

    L'Église nationale est une contradiction parfaite avec la volonté de Dieu de sauver toute l'humanité et d'unifier tous les hommes dans l'Esprit Saint. On ne peut pas réduire la foi à une seule nation comme le font les orthodoxes avec l'autocéphalie. Il s'agit d'un principe non catholique. Nous sommes l'Église catholique, c'est-à-dire universelle, pour tous les peuples.

    On pense inévitablement à ce qui se passe dans "son" Allemagne. Craignez-vous que les résultats de la voie synodale allemande n'influencent le prochain synode sur la synodalité ?

    C'est clair. Les promoteurs et les partisans de la Voie synodale allemande ne veulent pas se séparer de l'Église catholique, mais au contraire en devenir la locomotive. Leur programme est connu depuis plus d'un demi-siècle et reste celui du ZDK (Comité central des catholiques allemands, ndlr). Ils ne sont pas la véritable représentation des laïcs allemands, mais des fonctionnaires qui luttent depuis des décennies contre le célibat des prêtres, contre l'indissolubilité du mariage et en faveur de l'ordination des femmes.  

    Ces propositions ont été présentées au cours du processus synodal comme la solution au problème des abus commis par des ecclésiastiques sur des enfants. L'aveu de culpabilité et la démission pour mauvaise gestion des cas des évêques allemands à la tête de la Voie n'ont-ils pas sapé la crédibilité de ce récit ?

    La vérité est qu'en Allemagne, il y a eu une grande instrumentalisation de ces tristes événements commis par certains prêtres afin d'introduire un agenda qui existait auparavant et qui n'a rien à voir avec cette tragédie. Mais d'un autre côté, les grands médias allemands ne font que vanter les changements de doctrine promus par la Voie synodale. Pour eux, seule l'assemblée de Francfort est bonne dans l'Église, alors que tout le reste est vilipendé et que les étiquettes de conservateur ou même de fasciste sont utilisées ! La majorité de la presse allemande est en faveur de la Voie synodale non pas pour améliorer l'Église, mais pour la détruire. Ce n'est pas un hasard si l'on parle des cas de pédophilie commis par des prêtres tout en gardant le silence sur ceux commis dans le sport, les universités ou la politique où le pourcentage de crimes est encore plus élevé. Ceux qui ont toujours été contre le célibat des prêtres et contre la morale sexuelle de l'Église ont maintenant trouvé dans la tragédie des abus d'enfants commis par des prêtres un instrument pour détruire ce qu'ils ont toujours voulu détruire.

    Lire la suite

  • Sommaire de La Nef (avril 2023)

    IMPRIMER

    SOMMAIRE DU N°357 AVRIL 2023

    ÉDITORIAL

    Hommage à un simple curé, par Christophe Geffroy

    ACTUALITÉ
    « Tradis » : une politique contre-productive, par Pierre Louis

    Liturgie : de l’urgence d’un dialogue, par l’abbé Laurent Spriet
    Allemagne : une Église au bord de l’abîme, par Jean Bernard
    « Un abus de l’autorité épiscopale », entretien avec le cardinal Müller
    Chine : une Église martyre, par Yves Chiron
    Sondage : La Nef en appelle à ses abonnés

    ENTRETIEN
    Vous avez dit conservateur ?, entretien avec Armand Rouvier

    DOSSIER WOKISME ET DECONSTRUCTION
    D’où vient le wokisme, par Henri Hude

    Le criminel par excellence, par Pascal Bruckner
    Pour contrer le wokisme : renouer avec l’esprit français, entretien avec Bérénice Levet
    Wokisme et différence sexuelle, par Mathieu Bock-Côté
    Le wokisme, nouvelle religion, entretien avec Jean-François Braunstein
    L’impératrice Zou ou les malheurs du wokisme, par Alexandre Tazilly
    Y a-t-il un féminisme woke ?, par Isabelle Belvallée
    Avant le woke, Dieu et les Grecs, par Elisabeth Geffroy

    VIE CHRÉTIENNE
    Abbé Gordien : qu’il était grand ce petit curé, par Élisabeth Geffroy

    Question de foi L’Église qui me convient, par l’abbé Hervé Benoît

    CULTURE
    Tintin, notre copain, par Jacques de Guillebon

    Notes de lecture, par Yves Chiron, Christophe Geffroy, Patrick Kervinec, Anne-Françoise Thès et Michel Toda
    De verbe et de chair Jacques Ellul, par Henri Quantin
    Musique Yvonne Lefébure, par Hervé Pennven
    Cinéma Je verrai toujours vos visages et Les Trois Mousquetaires, par François Maximin
    Sortir Bellini, la création sous influence, par Constance de Vergennes
    À un clic d’ici, par Léonard Petitpierre
    Et pour les jeunes…, par Valérie d’Aubigny
    Un livre, un auteur, entretien avec le Père Philippe-Marie Margelidon
    Brèves
    Rencontre Bénédicte Delelis, par Marine Tertrais

    DÉBATS/Points de vue
    Débats Le degré zéro de la démocratie, par Guillaume Drago
    Débats Chine : le danger de la dépendance, par Jean-Loup Bonnamy

    CONTRE-CULTURE
    Sonia Mabrouk en quête du sacré, par Jacques de Guillebon

    https://lanef.net/

  • L'Opus Dei présente son Congrès général extraordinaire à l'occasion de "Ad charisma tuendum"

    IMPRIMER

    Au cours des sessions, les propositions élaborées à partir des suggestions reçues du monde entier seront étudiées. Le texte final sera voté le dernier jour et devra être approuvé par le Département du Clergé.

    Extrait de « Omnes », lu sur le site web l Sismografo :

    « Maria José Atienza 30 mars 2023

    La semaine de Pâques, plus précisément du 12 au 16 avril, est la date choisie par la Prélature de l'Opus Dei pour la célébration du Congrès général extraordinaire convoqué dans le but d'adapter les Statuts de la Prélature au motu proprio Ad charisma  tuendum .

    Le Prélat de l'Opus Dei, Mons. Fernando Ocáriz a publié, le matin du 30 mars, un bref message remerciant les prières pour les fruits de ce Congrès général extraordinaire et détaillant certains aspects de son organisation et de sa célébration.

    Le prélat souligne que les suggestions qui sont venues à Rome, résultat de la demande adressée aux membres de la prélature et aux personnes partageant les mêmes idées lors de l'annonce de ce congrès, ont été dûment étudiées "avec l'aide d'experts, pour présenter des propositions concrètes dans le Congrès". .

    Bien que la pétition se soit concentrée sur les aspects que le Motu Proprio modifie , des suggestions et des observations de toutes sortes sont également arrivées qui, comme le souligne Ocáriz, "serviront à préparer le prochain Congrès général ordinaire en 2025".

    Les réunions des congressistes se tiendront en parallèle et le prélat et ses vicaires participeront à ces séances au cours desquelles « les propositions élaborées seront étudiées et les résultats comme le texte final seront votés le dernier jour ».

    Le prélat a également tenu à annoncer que le résultat de ce Congrès ne sera pas communiqué dans l'immédiat, puisque le document résultant des conclusions de ces réunions "devrait être envoyé au Département du Clergé, pour l'étude du Saint-Siège, à qui Il appartient approprié de l'approuver. »

    Le prélat a terminé ce message par un appel à l'unité « entre toute l'Œuvre, et de l'Œuvre avec le Saint-Père et avec l'Église tout entière ».

    Le Motu Proprio Ad Charisma Tuendum

    Le pape François a publié, le 22 juillet 2022, la Lettre apostolique sous forme de Motu proprio du pape François  Ad charisma tuendum par laquelle certains articles de la  Constitution apostolique Ut sit ont été modifiés , avec laquelle Jean-Paul II a érigé l'Opus Dei en Prélature personnelle .

    Parmi les modifications introduites, le nouveau Motu Proprio a établi la dépendance de la Prélature de l'Opus Dei, qui est passée de la dépendance du Dicastère pour les Évêques au Dicastère pour le Clergé.

    De même, la fréquence avec laquelle l'Opus Dei doit présenter le rapport traditionnel sur la situation de la Prélature et le développement de son travail apostolique a changé, qui devient annuelle et non plus quinquennale. Un autre des points modifiés était le fait de déclarer, explicitement, que le prélat de l'Opus Dei ne recevra pas l'ordre épiscopal.

    Convocation du Congrès général extraordinaire

    Une fois le Motu Proprio Ad Charisma tuendum publié, en octobre 2022, le Prélat de l'Opus Dei a convoqué un Congrès général extraordinaire dans le "but précis et limité" d'adapter les Statuts de l'Œuvre aux indications du Motu proprio et, en tant que il avait été conseillé par le Saint-Siège d'envisager "d'autres ajustements possibles des Statuts, que nous jugeons opportuns à la lumière du Motu proprio".

    Dans cette même lettre dans laquelle il annonce la célébration de ce Congrès qui débutera dans les prochaines semaines, le Prélat demande aux membres de l'Œuvre des "suggestions concrètes" visant à adapter le travail et le développement de l'Œuvre aux besoins de l'Église. aujourd'hui.

    Congrès généraux de l'Opus Dei

    Les congrès généraux sont, avec le prélat qui les convoque et y assiste, la principale instance de gouvernement au sein de l'Opus Dei au niveau central.

    Selon les statuts actuels de la Prélature de l'Opus Dei au point 133, tous les huit ans doivent se tenir "des Congrès généraux ordinaires convoqués par le Prélat, pour exprimer son opinion sur l'état de la Prélature et pouvoir conseiller les normes appropriées pour l'action future du gouvernement ».

    Des congrès généraux extraordinaires peuvent également se tenir, comme celui qui se tiendra la semaine prochaine de Pâques, qui sont convoqués "lorsque les circonstances l'exigent de l'avis du prélat".

    Ref. L'Opus Dei présente son Congrès général extraordinaire à l'occasion de "Ad charisma tuendum"

  • Crise à la Commission de prévention des abus sexuels au Vatican

    IMPRIMER

    Du père Raymond J. de Souza sur le National Catholic Register :

    La démission du père Hans Zollner révèle la crise de la Commission de prévention des abus sexuels du Vatican

    COMMENTAIRE : Son conflit public avec le cardinal Seán O'Malley montre à quel point le programme de réforme du Saint-Père a échoué.

    31 mars 2023

    Le fait que la Commission pontificale pour la protection des mineurs, créée en 2014 et l'une des réformes phares du pape François, traverse une crise profonde s'est manifesté cette semaine par la façon dont ses deux figures les plus éminentes se sont affrontées.

    Le père jésuite allemand Hans Zollner, membre originel de la commission et son plus éminent, a démissionné mercredi. Dans un premier temps, le cardinal Seán O'Malley de Boston, président de la commission, a publié une déclaration indiquant que le père Zollner avait de nouvelles fonctions et qu'il démissionnait donc, tout en le remerciant pour les services exceptionnels qu'il avait rendus.

    Le père Zollner n'était pas du même avis. Il a publié sa propre déclaration, une dénonciation cinglante des échecs de la commission en matière de "responsabilité, de conformité, d'obligation de rendre compte et de transparence", qui "m'ont empêché de poursuivre mon travail".

    Le cardinal O'Malley a "mis à jour" sa déclaration jeudi pour dire qu'il était "surpris, déçu et en profond désaccord" avec l'évaluation du père Zollner sur la piètre performance de sa commission.

    Les deux hommes ont des antécédents exemplaires en matière de nettoyage de l'Église des abus sexuels, en particulier le cardinal O'Malley, qui s'occupe intensivement de la question depuis 30 ans. Le fait que les deux hommes aient des évaluations aussi radicalement différentes de leur travail commun montre à quel point le programme de réforme du Saint-Père a échoué.

    Rappelons l'histoire. En 2014, le pape François a créé la commission dans le même esprit de réforme que celui qui a présidé à la création du nouveau Secrétariat pour l'économie. Il a choisi deux membres de son cercle restreint - le "conseil des cardinaux" établi en 2013 - pour diriger ces initiatives. Le défunt cardinal George Pell a été chargé de la réforme financière, et le cardinal O'Malley s'est vu confier le dossier des abus sexuels. Les premières années ont été prometteuses.

    Cependant, après le voyage papal de 2018 au Chili, le plus catastrophique de l'histoire des voyages papaux, le cardinal O'Malley a perdu sa prééminence à la "cour papale". Le pape François s'était mis à dos une grande partie de la société chilienne en rejetant sèchement la crise des abus sexuels dans ce pays, et les gens sont restés à l'écart en masse. Après une dernière provocation au Chili, le cardinal O'Malley a pris la décision très inhabituelle de critiquer l'approche papale, qui avait alors dominé toutes les nouvelles en provenance du Chili.

    Plus tard dans l'année, les conséquences pour le cardinal O'Malley sont devenues évidentes : après les révélations sur Theodore McCarrick qui ont secoué le monde catholique cet été-là, le pape François a décidé d'organiser un sommet très médiatisé sur les abus sexuels au Vatican au début de l'année 2019. Il a nommé le père Zollner comme l'un des principaux organisateurs, mais pas le cardinal O'Malley, bien qu'il soit à la tête du bureau romain compétent.

    C'est le cardinal Blase Cupich, de Chicago, qui a été invité à prendre la direction des opérations. Le message était clair : le Saint-Père n'était pas satisfait de la correction du cardinal O'Malley. Le cardinal O'Malley était exclu et le cardinal Cupich était invité.

    En effet, ce que le cardinal Cupich a proposé à ses frères américains, connu sous le nom de "modèle métropolitain", est devenu une loi universelle pour l'Église en 2019 avec la promulgation de Vos Estis Lux Mundi, la législation signée par le Saint-Père pour tenir les évêques responsables de l'application des protocoles relatifs aux abus sexuels.

    En matière d'abus sexuels, le cardinal O'Malley et la commission n'étaient plus le moteur de la réforme. Le cardinal Cupich avait une place plus importante à la Curie. Il a été envoyé à Porto Rico avant que le pape François ne renvoie l'évêque Daniel Torres. C'est également le cardinal Cupich que le pape François a chargé d'enquêter sur le Dicastère pour le développement humain intégral, après quoi les cadres supérieurs ont été licenciés, y compris le cardinal Peter Turkson.

    Tout cela a affaibli le travail de la commission dont le père Zollner était le membre le plus éminent. Il était fréquemment consulté par les diocèses du monde entier dans lesquels il se rendait.

    Ces dernières années, il a tenté d'ancrer ses efforts de réforme en dehors de la commission, par exemple dans un nouvel institut de l'université grégorienne qui propose une formation diplômante dans le domaine de la protection de l'enfance. Plus récemment, il a accepté un poste de consultant auprès du diocèse de Rome.

    Entre-temps, la nouvelle constitution de la Curie romaine, Praedicate Evangelium, promulguée l'année dernière de manière quelque peu hâtive et négligée, a placé la commission au sein du Dicastère pour la Doctrine de la Foi. À la surprise générale, aucune disposition adéquate n'avait été élaborée à l'avance sur la manière dont la commission fonctionnerait dans ce cadre, ni sur la question de savoir si elle conserverait son autonomie. Le père Zollner a cité cette ambiguïté, et la priorité réduite qu'elle manifestait, comme l'une des raisons de son manque de confiance dans la commission.

    La démission du père Zollner montre clairement qu'après 2018 au Chili, le pape François s'est tourné vers de nouveaux fidèles pour mener ses efforts de réforme. Il s'est passé quelque chose de similaire avec les réformes financières, où le Saint-Père a retiré l'autorité qu'il avait précédemment accordée au cardinal Pell lorsque d'autres personnalités de la cour papale ont soulevé des objections.

    L'engagement du père Zollner et du cardinal O'Malley en faveur de la réforme et de la protection n'est pas remis en question. Cependant, la commission est aujourd'hui en crise, et ses dirigeants sont en profond désaccord sur la nature de cette crise.

    Le père Raymond J. de Souza est le rédacteur en chef fondateur du magazine Convivium.

  • Tous les pécheurs sont égaux, mais certains sont plus égaux que d'autres

    IMPRIMER

    De Stefano Chiappalone sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    Tous les pécheurs sont égaux, mais certains sont plus égaux que d'autres

    01-04-2023

    Le cardinal luxembourgeois minimise les actes homosexuels par peur de discriminer. Ce faisant, il discrimine tous les autres : pourquoi n'efface-t-il toujours que certains péchés et pas tous les autres ?

    Il semble qu'il s'agisse d'une fixation d'une certaine hiérarchie qui veut effacer certains péchés, dans le domaine sexuel et surtout homosexuel. On a cependant l'impression que pour ne pas discriminer certains, on finit par discriminer tous les autres, du moins à la lecture des récentes déclarations du cardinal Jean-Claude Hollerich, archevêque de Luxembourg, chef de file de l'establishment ecclésial actuel, en tant que rapporteur général du Synode et récemment aussi membre du C9, le groupe de cardinaux appelés à une collaboration plus étroite avec le souverain pontife.

    "Nous ne pouvons dicter aux gens que le comportement moral qu'ils peuvent tolérer dans leur monde. Si nous leur demandons l'impossible, nous les rejetterons. Si nous disons que tout ce qu'ils font est intrinsèquement mauvais, cela revient à leur dire que leur vie n'a aucune valeur", a déclaré le cardinal, interrogé par l'hebdomadaire croate Glas Koncila. Interrogé sur l'approche de l'Église à l'égard des homosexuels, il semble laisser entendre que pour eux - et seulement pour eux, évidemment - leur demander de suivre les commandements équivaut à leur "demander l'impossible". Soyons clairs : pour tous, et pas seulement pour eux, suivre le "chemin étroit" est si difficile que, pas par hasard, avant d'être absous dans le confessionnal, on dit - dans l'acte de contrition - "Je me propose, avec votre sainte aide, de ne plus jamais vous offenser". En effet, sans la "sainte aide" de Dieu, nous n'y parviendrions pas du tout. Cependant, on nous demande au moins de proposer et d'essayer, au moins avec la "pointe" de la volonté.

    Il existe une différence subtile mais substantielle entre difficile et impossible, comme l'enseigne l'histoire de ce pécheur notoire qui devint saint Augustin, et dont nous faisons tous l'expérience chaque fois que nous nous rendons au confessionnal et que nous réalisons que nous avons fait quelques pas en avant et peut-être même quelques pas en arrière. Mais la prévisibilité de la rechute (même si l'on est repentant) est substantiellement différente de la volonté de rechuter (qui exclut la repentance) dans tel ou tel péché (il n'y a pas que le sexe : il y a la colère, le blasphème, la calomnie, le mensonge...). A tel point qu'il y a sept péchés capitaux). Il peut arriver à beaucoup de confesser "les mêmes choses" encore et encore, tout en exprimant un "minimum syndical" de désir de s'en sortir. Parce que c'est difficile, justement, pas impossible. D'après les paroles du Card. Hollerich, il semble que pour certains, le "Va et ne pèche plus" soit remplacé par "Va et continue", "Va et prends ton temps", "Va et fais ce que tu penses". Et pourquoi seulement pour certains ?

    Le blasphémateur, le coléreux, le paresseux pourraient légitimement objecter : "Pourquoi ne pas déprécier aussi nos actes ?". D'autant que si l'Église condamne le péché et aime le pécheur, pour Hollerich, reconnaître quelque chose comme un péché, c'est automatiquement dévaloriser le pécheur. "Si nous disons que tout ce qu'ils font est intrinsèquement mauvais, cela revient à leur dire que leur vie n'a pas de valeur. Voilà pour les actes homosexuels. Mais selon l'équation - erronée - de Hollerich, il faudrait en conclure que pour lui, la vie des blasphémateurs, des envieux, des accidentés, des coléreux, et ainsi de suite, tous ceux qu'il considère peut-être aussi comme "intrinsèquement mauvais", n'a pas de valeur. Ou bien le cardinal trouvera-t-il également une issue pour ceux qui enfreignent tous les autres commandements ?

    Différent de Grégoire le Grand, Jean Chrysostome, Hildegarde de Bingen ou Thérèse de Lisieux. Différent de Thomas, Augustin ou - pas encore proclamé mais déjà acclamé - Benoît XVI. Aujourd'hui, le titre de docteur de l'Église reviendrait à l'avocat de Manzoni, Azzeccagarbugli : "À l'avocat, il faut dire les choses clairement : ensuite, c'est à nous de les tromper". En revanche, "si vous savez bien manier les cris, personne n'est coupable et personne n'est innocent", déclare l'avocat à un Renzo de plus en plus confus. Car après tout, c'est la confusion qui est la sensation la plus fréquente à la lecture des déclarations de certains pasteurs pour qui il semble que "personne n'est coupable, personne n'est innocent", ou plutôt : certains sont plus innocents que d'autres et ce qui était autrefois péché est aujourd'hui péché, mais peut-être plus, mais ce n'est pas valable pour tout le monde.

  • N'en déplaise à François qui abhorre le prosélytisme, voici comment la foi s'est répandue parmi les femmes en Chine au XVIIème siècle

    IMPRIMER

    De Sandro Magister sur Settimo Cielo :

    François déteste le prosélytisme. Mais voici comment la foi a été propagée parmi les femmes chinoises au 17e siècle

    Dans le déluge d'interviews qui a accompagné ses dix années de pontificat, Jorge Mario Bergoglio est revenu, comme il l'a fait mille fois, sur le "prosélytisme".

    Pour lui, évangéliser, c'est simplement témoigner. Il cite à l'appui Benoît XVI, qui déclarait à Aparecida en 2007 que l'Église "ne fait pas de prosélytisme, mais se développe par attraction". Il se réfère également à l'exhortation apostolique "Evangelii nuntiandi" de Paul VI, qui, il est vrai, attribuait également une "importance primordiale" au témoignage silencieux, mais ajoutait immédiatement après :

    "Toutefois, cela reste toujours insuffisant, car même le plus beau témoignage restera longtemps impuissant, s'il n'est pas éclairé, justifié - ce que Pierre appelait "donner les raisons de son espérance" -, explicité par une annonce claire et sans équivoque du Seigneur Jésus". La Bonne Nouvelle, proclamée par le témoignage de vie, doit donc tôt ou tard être proclamée par la parole de vie. Il n'y a pas de véritable évangélisation si le nom, l'enseignement, la vie, les promesses, le Royaume, le mystère de Jésus de Nazareth, Fils de Dieu, ne sont pas proclamés".

    Mais rien n'arrête le pape François dans son aversion. Lors de son voyage au Mozambique en septembre 2019, il confiait aux jésuites locaux : " Je l'ai dit plusieurs fois : le prosélytisme n'est pas chrétien. Aujourd'hui, j'ai ressenti une certaine amertume lorsqu'une dame s'est approchée de moi avec un jeune homme et une jeune femme et m'a dit : 'Votre Sainteté, je viens d'Afrique du Sud'. Ce jeune homme était hindou et s'est converti au catholicisme. Cette jeune fille était anglicane et s'est convertie au catholicisme". Elle m'a raconté cela d'une manière triomphante, comme si elle avait chassé avec le trophée. Je me suis sentie mal à l'aise et je lui ai dit : 'Madame, l'évangélisation oui, le prosélytisme non'".

    Même aux catholiques chinois persécutés, dans un message vidéo, François a enjoint de "ne pas faire de prosélytisme", comme s'il s'agissait de leur vice capital.

    Qui sait donc ce que le pape a dû penser en lisant le magnifique article du père Federico Lombardi dans le dernier numéro de "La Civiltà Cattolica", dans lequel il raconte comment les missionnaires jésuites ont propagé la foi chrétienne même parmi les femmes dans la Chine du XVIIe siècle, en dépit des préclusions inflexibles qui les maintenaient à l'écart et hors d'atteinte.

    Selon le décompte d'un jésuite de l'époque, en 1627, les missionnaires avaient fait 13 000 prosélytes en Chine, puis 40 000 en 1636, 60 000 en 1640 et 150 000 en 1651.

    Parmi les femmes, les premières baptisées furent en 1589 "quelques honorables matrones", épouses ou mères d'hommes instruits catéchisés par le Père Matteo Ricci à Zhaoqing, dans le sud de la Chine. Mais "le tournant" se situe en 1601, avec l'arrivée du Père Nicolò Longobardo à Shaozhou, où son premier catéchumène, un mandarin, se chargea d'enseigner aux femmes de sa parenté ce qu'il apprenait progressivement du missionnaire, jusqu'à ce qu'elles soient baptisées à leur tour et "aimaient se réunir avec d'autres femmes de statut social inférieur, même des paysannes, qui étaient également devenues chrétiennes, les traitant comme des sœurs, et c'était une occasion de grand émerveillement".

    Selon les rapports envoyés par les Jésuites à Rome, les femmes recevaient le baptême de la manière suivante : "Une fois l'instruction donnée par un membre de la famille, un autel était érigé dans l'une des pièces principales de l'une de leurs maisons, sur lequel l'image du Sauveur était exposée avec des bougies et de l'encens. Les parents et les connaissances affluaient. Puis vint le missionnaire qui, devant les maris et les parents, interrogea les femmes sur la doctrine chrétienne, qu'elles devaient connaître de fond en comble, et sur les principaux mystères du christianisme. Les femmes répondaient depuis l'appartement qui leur était réservé, sans s'étonner d'être vues et examinées par des étrangers, un spectacle très nouveau dans le monde féminin chinois.

    Lire la suite

  • Comment concilier une crise devenue chronique avec le maintien de l’idéologie progressiste ?

    IMPRIMER

    D'Olivier Rey sur le site du Figaro Vox via le blog "Pour une école libre au Québec" :

    16 mars 2023

    Impuissant face aux crises, le progressisme se réfugie dans les lois sociétales :

    Olivier Rey: «IVG dans la Constitution, euthanasie… Plus les crises s’aggravent, plus le progressisme invente des droits»

    Les Anciens concevaient le monde comme essentiellement statique (les changements n’étaient guère plus que des vaguelettes à la surface de la mer), ou comme animé d’un mouvement cyclique (sur le modèle des cycles astronomiques), ou encore comme allant se dégradant (âges d’or, d’argent, de bronze, de fer). S’il y a bien une idée qui leur était étrangère, c’était celle d’un monde en progrès. L’image des nains juchés sur les épaules de géants, apparue au Moyen Âge, a amorcé une transition : tout en préservant une supériorité des Anciens (les géants), elle accordait aussi une supériorité à leurs successeurs qui, juchés sur leurs épaules, voyaient plus loin qu’eux. La modernité, elle, n’a plus ces ménagements. L’esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain, rédigé par Condorcet à la fin du XVIIIe siècle, est emblématique du cadre progressiste dans lequel se trouve désormais pensée l’histoire humaine. Un mouvement général d’élévation, depuis les peuplades primitives jusqu’à une espèce humaine s’affranchissant une à une de toutes ses chaînes, de toutes ses limites, « soustraite à l’empire du hasard, comme à celui des ennemis de ses progrès, et marchant d’un pas ferme et sûr dans la route de la vérité, de la vertu et du bonheur ». Condorcet était versé dans les sciences, particulièrement les mathématiques, et le progressisme comme cadre général de pensée ne se serait sans doute pas imposé comme il l’a fait, au cours des derniers siècles, sans le développement des sciences mathématiques de la nature. Ainsi que l’a écrit Léo Strauss, « la science moderne est la colonne vertébrale de la civilisation moderne ». Ce sont les avancées de la science, nourrissant les avancées technologiques, qui ont solidement accrédité l’idée d’un monde en progrès.

    Voici cependant que la dynamique, d’abord promesse d’un monde toujours meilleur, revêt des aspects inquiétants. Avec le progrès scientifique, il s’agissait d’éclairer le monde. Le progrès technologique que la science nourrit, en accroissant sans cesse les puissances d’intervention, ne se contente pas, cependant, de répandre la lumière. Il s’est mis à dérégler la terre, à l’épuiser, à menacer de la rendre invivable. Emmanuel Macron lui-même, progressiste en chef, a été obligé d’en convenir : fin de l’abondance, fin de l’insouciance. Les dommages causés au monde, notons-le, ne sont pas seuls en cause : les dommages infligés aux cultures humaines sont également patents, dont le « progrès », au point où nous en sommes, semble moins favoriser l’épanouissement et la fructification qu’accélérer le délitement. Aragon, au sein du Comité central du PC, était manifestement moins convaincu que ses camarades des vertus libératrices de la technique. À ses yeux, le déferlement des nouveaux dispositifs réputés accroître notre puissance d’agir avait pour principal effet de nous vider de notre substance. « Ce progrès qui me prive d’une fonction peu à peu m’amène à en perdre l’organe. Plus l’ingéniosité de l’homme sera grande, plus l’homme sera démuni des outils physiologiques de l’ingéniosité. Ses esclaves de fer et de fil atteindront une perfection que l’homme de chair n’a jamais connue, tandis que celui-ci progressivement retournera vers l’amibe. Il va s’oublier. »

    Léo Strauss, quant à lui, ouvrait une conférence de 1952 (pour lui, la fin de l’insouciance a été plus précoce que chez notre président) par ces mots : « Le progrès est devenu un problème — il pourrait sembler que le progrès nous ait conduits au bord d’un abîme et qu’il soit par conséquent nécessaire d’envisager d’autres options. Par exemple, s’arrêter là où nous nous trouvons ou, si cela s’avérait impossible, revenir en arrière. » Dans la suite, Strauss nuance son propos, mais le constat est là.

    Lire la suite

  • Gestation pour autrui : il faut arrêter le marché international de l'exploitation reproductive

    IMPRIMER

    Une carte blanche d’Anne Schaub, psychologue – psychothérapeute pour enfants et adolescents, auteure de “Un cri secret d’enfant”, publiée sur le site de La Libre :

    GPA : arrêtons ce marché international de l’exploitation reproductive !

    Le 3 mars 2023 la Déclaration d’abolition universelle de la gestation pour autrui a été adoptée par des experts de 75 pays. Il faut en finir avec cet abandon organisé, programmé et monnayé sur ordonnance.

    29 mars 2023

    Ce 3 mars à Casablanca lors d’une convention internationale, La Déclaration internationale pour l’abolition universelle de la GPA (gestation pour autrui) a été adoptée par des experts de 75 pays. Y participaient des médecins, psychologues, juristes, philosophes, anthropologues, sociologues et parmi ceux-ci, en tant qu’observatrice indépendante, Suzanne Aho Assouma, ancienne -ministre togolaise de la santé et vice-présidente de l’ONU et Luis Ernesto Pedernera Reyna (Uruguay), ancien président du Comité des droits de l’enfant également à l’ONU. La déclaration est une claire condamnation de la GPA adressée aux États, afin de mettre un terme à ce fléau mondial. En effet il leur est demandé “de condamner la GPA dans toutes ses modalités et sous toutes ses formes, qu’elle soit rémunérée ou non, et d’adopter des mesures pour combattre cette pratique”.

    Premier jalon d’une conscientisation à réaliser auprès du grand public et des instances de pouvoir sur ce qu’est la gestation pour autrui, à savoir un marché de la procréation mondialisée qui cause des dommages humains imparables. L’objectif étant à terme de promouvoir un traité international visant à mettre fin à la pratique de la GPA partout dans le monde.
     

    Le sujet de la GPA, complexe et délicat, représente un enjeu majeur de société ainsi qu’en témoigne l’écho de la convention dans sa revue de presse. Pratique aujourd’hui internationale, elle vient bouleverser l’origine de la vie naissante du petit humain. Ce qui est bien occulté dans les débats de société où le principal intéressé est oublié : l’enfant, et l’évident lien d’attachement premier qui se crée avec la mère dès sa conception. “Les conséquences sont assez lourdes pour la mère et l’enfant selon les différents cas de figure : (perte de) dignité, violence, etc. Voilà les maîtres mots de cette pratique.” a déclaré en ouverture de la convention, Suzanne Aho Assuma.

    Mon intervention à la convention fut précisément consacrée à ce lien entre l’enfant et la mère dès la conception sous l’angle des besoins précoces et des mémoires d’attachement tissées dès le début de la conception. Le maillage corporel et relationnel intime qui se noue entre une mère et le petit qu’elle attend, n’est plus à démontrer. La conception, la période prénatale et la naissance vont constituer le socle de base sur lequel se construira une bonne part du devenir de tout être humain et coloriera ses relations futures. L’aube de la vie du tout-petit est à protéger et requiert de la part des adultes une attention préventive toute particulière.

    Lire la suite

  • ONU : le Saint-Siège contrecarre les pressions occidentales en faveur de l'avortement et de l'éducation sexuelle

    IMPRIMER

    De Stefano Gennarini, sur le Friday Fax :

    Le Saint-Siège contrecarre les pressions occidentales en faveur de l'avortement et de l'éducation sexuelle au sein de la Commission de l'ONU

    30 mars 2023

    NEW YORK, 31 mars (C-Fam) Les délégués ont applaudi à tout rompre lorsqu'un diplomate du Saint-Siège a accusé les pays occidentaux de se liguer pour imposer leurs vues sur l'avortement et d'autres sujets controversés à la Commission de la condition de la femme de l'ONU, qui s'est achevée il y a une semaine.

    Cette intervention lors de la dernière nuit de la commission a permis de bloquer une proposition controversée de dernière minute du gouvernement américain. Le diplomate du Saint-Siège a exprimé la frustration de nombreux délégués face aux tactiques malhonnêtes des pays occidentaux.

    Les pays occidentaux ont poursuivi les négociations sur l'éducation sexuelle complète, les conditions liées à l'avortement et les questions relatives aux homosexuels et aux transgenres jusque tard dans la nuit, bien au-delà de la date limite fixée à 18 heures le vendredi pour la conclusion d'un accord. En fait, les négociations se sont poursuivies jusqu'à 4 heures du matin et les déclarations finales ont été faites alors que le soleil se levait sur l'East River, dans le centre de Manhattan.

    Il s'agit de tactiques courantes pour briser l'opposition en combinant la pression politique, la fatigue et l'inconfort. L'idée est de rendre les choses si difficiles qu'au moment où l'accord est conclu, seuls les diplomates les plus dévoués et les plus tenaces restent dans la salle de négociation.

    Pour de nombreux diplomates qui sont entrés aux Nations unies lors de la pandémie de COVID-19, la commission de cette année a été la première véritable expérience de la dureté diplomatique sur les questions sociales, mais toute personne connaissant les négociations passées aurait trouvé la situation tout à fait familière.

    Les diplomates ont été contraints de négocier pendant plus de quarante-huit heures, sans pratiquement faire de pause, sans manger ni dormir. Ils ont été contraints de négocier et d'adopter un document controversé sans interprètes, qui quittent ponctuellement les négociations à 18 heures, quel que soit l'état d'avancement des négociations. Et ils ont été contraints de le faire, dans de nombreux cas, sans avoir le temps de consulter leur capitale pour formuler leurs positions.

    C'est après que tout cela se soit déroulé que les diplomates australiens et américains ont organisé une offensive coordonnée tard dans la nuit pour tenter d'imposer une formulation relative à "l'éducation sexuelle complète" dans l'accord annuel de la commission. Les États-Unis et l'Australie ont insisté sur le fait qu'ils n'étaient pas disposés à adopter l'accord sans cette formulation controversée.

    Un délégué américain a alors fait une nouvelle proposition concernant l'éducation sur "la santé et les droits sexuels et reproductifs" après 20 heures comme alternative à "l'éducation sexuelle complète". Les États-Unis ont gardé cette proposition dans leur manche jusqu'à la fin du dernier jour afin de semer la confusion dans les négociations et de rendre les objections plus difficiles à formuler.

    La frustration dans la salle a atteint un point d'ébullition lorsque le délégué du Saint-Siège a remis en question la bonne foi du président argentin des négociations et des pays occidentaux qui soutenaient les propositions australienne et américaine. Pourquoi l'ambassadeur d'Argentine a-t-il attendu si longtemps pour résoudre cette question controversée ? Pourquoi les États-Unis ne font-ils que maintenant une nouvelle proposition controversée ? Beaucoup d'autres se seraient exprimés par crainte de représailles de la part de l'administration Biden et de l'Union européenne.

    L'intervention du Saint-Siège a permis d'éviter que la proposition ne prenne de l'ampleur. Quelques heures plus tard, les pays occidentaux ont encore essayé de faire pression pour obtenir un compromis, mais sans succès. Lorsque l'accord a finalement été adopté à 4 heures du matin, il ne contenait pas les termes occidentaux relatifs à l'éducation sexuelle.

    La déléguée américaine n'a pas pu cacher sa frustration dans l'explication de position officielle après l'adoption des conclusions et a déclaré que les États-Unis étaient "profondément déçus"

  • D'après le Cardinal Hollerich, il est possible d'élargir l'enseignement de l'Église sur le sacerdoce masculin

    IMPRIMER

    D'Hannah Brockhaus sur le National Catholic Register :

    Le Cardinal Hollerich : Il est possible d'élargir l'enseignement de l'Église sur le sacerdoce masculin

    Dans une nouvelle interview, le cardinal a remis en question l'infaillibilité des documents papaux qui ont affirmé l'enseignement pérenne de l'Église selon lequel seuls les hommes peuvent être ordonnés aux ordres sacrés, ajoutant : "Mais pour l'instant, si le pape François me dit que ce n'est pas une option, ce n'est pas une option".

    28 mars 2023

    Le cardinal jésuite Jean-Claude Hollerich, archevêque de Luxembourg et l'un des principaux responsables du Synode sur la synodalité, a déclaré que l'enseignement de l'Église catholique sur le sacerdoce exclusivement masculin n'était pas infaillible et qu'un futur pape pourrait autoriser les femmes à devenir prêtres.

    Le cardinal, âgé de 64 ans, a abordé les questions de l'ordination des femmes, de l'homosexualité, des femmes dans l'Église, de l'obéissance au pape et de la voie synodale allemande dans un entretien avec Glas Koncila, un hebdomadaire catholique croate, publié le 27 mars.

    "Le pape François ne veut pas l'ordination des femmes et je lui obéis totalement. Mais les gens continuent à en discuter", a déclaré le cardinal Hollerich.

    Le cardinal a remis en question l'infaillibilité de documents papaux tels que l'Ordinatio Sacerdotalis de saint Jean-Paul II, qui affirme l'enseignement pérenne de l'Église selon lequel seuls les hommes peuvent être ordonnés aux ordres sacrés.

    "C'est le Saint-Père qui doit décider si les femmes peuvent être prêtres, a déclaré le cardinal Hollerich.

    Le cardinal a ajouté qu'"avec le temps", un pape pourrait aller à l'encontre de ce que Jean-Paul II a écrit dans Ordinatio Sacerdotalis, précisant qu'il n'était "pas sûr qu'on puisse le qualifier" d'infaillible.

    "Il s'agit certainement d'un véritable enseignement pour l'époque, et nous ne pouvons pas l'écarter d'un revers de main. Mais je pense qu'il y a une certaine marge de manœuvre pour élargir l'enseignement - pour voir quels arguments du pape Jean-Paul II pourraient être développés", a-t-il déclaré.

    "Mais pour l'instant, si le pape François me dit que ce n'est pas une option, ce n'est pas une option.

    Jean-Paul II a déclaré dans Ordinatio Sacerdotalis : "Bien que l'enseignement selon lequel l'ordination sacerdotale doit être réservée aux seuls hommes ait été préservé par la Tradition constante et universelle de l'Église [...], afin que tout doute soit levé sur une question de grande importance, une question qui concerne la constitution divine de l'Église elle-même, en vertu de mon ministère de confirmation des frères (Luc 22, 32), je déclare que l'Église n'a aucune autorité pour conférer l'ordination sacerdotale aux femmes et que ce jugement doit être définitivement tenu par tous les fidèles de l'Église".

    Le pape François a confirmé l'enseignement de Jean-Paul II sur un sacerdoce exclusivement masculin à plusieurs reprises au cours de son pontificat.

    "Sur l'ordination des femmes dans l'Église catholique, le dernier mot est clair : cela a été dit par saint Jean-Paul II, et cela demeure", a déclaré le pape François à des journalistes en 2016.

    Dans une interview accordée à Reuters en 2018, au sujet des femmes prêtres, François a déclaré : "Jean-Paul II a été clair et a fermé la porte, et je ne reviendrai pas là-dessus. C'était quelque chose de sérieux, pas quelque chose de capricieux. Cela ne peut pas se faire".

    Dans l'interview accordée à l'hebdomadaire croate, le cardinal Hollerich a déclaré qu'il n'encourageait pas l'ordination des femmes, mais qu'il était favorable à ce que les femmes aient davantage de responsabilités pastorales.

    "Si nous y parvenons, nous pourrons alors peut-être voir si les femmes souhaitent toujours être ordonnées", a-t-il déclaré, précisant qu'un tel changement nécessiterait le consentement de l'Église orthodoxe, car "nous ne pourrions jamais le faire si cela compromettait notre fraternité avec les orthodoxes ou si cela polarisait l'unité de notre Église".

    La semaine dernière, le cardinal Hollerich a été succédé à la présidence de la Commission des évêques d'Europe (COMECE), poste qu'il occupait depuis 2018. Le 7 mars, le pape François a nommé le cardinal Hollerich à son "conseil des cardinaux" conseillers.

    Dans l'interview, il a été demandé au cardinal si sa nomination était un signe de la confiance du pape François à son égard, à une époque où de nombreux catholiques ont du mal à faire confiance au pape.

    Le cardinal Hollerich a répondu : "Il est très difficile d'être catholique sans obéir au pape. Certaines personnes très conservatrices ont toujours prêché l'obéissance au pape - tant que le pape disait les choses qu'elles voulaient entendre. Le pape dit des choses qui sont difficiles pour moi aussi, mais je les vois comme une chance de conversion, de devenir un chrétien plus fidèle et plus heureux".

    Le cardinal luxembourgeois s'est également exprimé sur l'homosexualité : Lorsque l'enseignement de l'Église a été élaboré, le terme "homosexualité" n'existait même pas.

    Il a affirmé qu'à l'époque où saint Paul écrivait sur l'inadmissibilité de la sodomie, "les gens n'avaient aucune idée qu'il pouvait y avoir des hommes et des femmes attirés par le même sexe" et "la sodomie était considérée comme quelque chose de simplement orgiaque à l'époque, typique des personnes mariées qui entretenaient des esclaves pour leur plaisir personnel".

    "Mais comment condamner des personnes qui ne peuvent aimer que le même sexe ? Pour certains d'entre eux, il est possible d'être chaste, mais appeler les autres à la chasteté revient à leur parler en égyptien", a-t-il ajouté.

    Le cardinal Hollerich a ajouté que les personnes ne peuvent être tenues qu'à une conduite morale supportable "dans leur monde".

    "Si nous leur demandons des choses impossibles, nous les découragerons. Si nous disons que tout ce qu'ils font est intrinsèquement mauvais, cela revient à dire que leur vie n'a pas de valeur", a-t-il déclaré. "De nombreux jeunes sont venus me voir en tant que père et m'ont parlé de leur homosexualité. Et que fait un père ? Les met-il à la porte ou les accueille-t-il inconditionnellement ?

    Le cardinal a également déclaré qu'il trouvait "un peu douteuse la partie de l'enseignement qui qualifie l'homosexualité de 'intrinsèquement désordonnée'".

    "Néanmoins, nous devons accepter toutes les personnes et leur faire ressentir l'amour de Dieu. S'ils le ressentent, je suis sûr que cela changera quelque chose dans leur cœur", a-t-il ajouté.

    Le Catéchisme de l'Église catholique affirme que l'homosexualité "a pris des formes très diverses au cours des siècles et dans les différentes cultures". Il poursuit en disant que "s'appuyant sur la Sainte Écriture, qui présente les actes homosexuels comme des actes de grave dépravation, la tradition a toujours déclaré que "les actes homosexuels sont intrinsèquement désordonnés". Ils sont contraires à la loi naturelle" (2357).

    Le cardinal Hollerich a également été invité à commenter l'idée qu'il existe une spiritualité "efféminée" dans l'Église et qu'elle pourrait être responsable du déclin des vocations à la prêtrise qui dure depuis une décennie.

    Le cardinal a répondu : "Les garçons et les hommes disparaissent dans tous les systèmes qui ne tiennent pas compte des différences psychologiques.

    Il a ajouté : "Dans l'Église, si la plupart de nos catéchistes sont des femmes, elles catéchiseront d'une manière féminine, ce qui éloignera certains garçons. Si c'est trop doux, ils n'aimeront pas. Nous n'avons pas tenu compte de ces différences et, en ce sens, nous nous sommes beaucoup féminisés.

  • Pour les élections en RDC : un mauvais signal concernant la lutte espérée contre l’impunité et la corruption

    IMPRIMER

    Lu sur le site web « Afrikarabia » :

    Cela y est : Felix Tshisekedi s’offre Bemba (Equateur) et Kamerhe (Sud Kivu). L’hypothèse d’un renouveau aux mains propres, avec Fayulu, Katumbi et Mukwege, va-t-elle s’éloigner encore. Que va faire l’Eglise congolaise pour illustrer les bonnes paroles de la récente tournée du pape François ?

    Lu sur le site web « Afrikarabia » :

    « Le départ de ministres proches de Moïse Katumbi du gouvernement nécessitait un réaménagement de l’exécutif congolais et la nomination de nouveaux ministres. Depuis 3 mois, le projet était dans l’air. Mais plutôt qu’un simple remaniement technique ou un jeu de chaise musicale, Félix Tshisekedi a préféré frapper un grand coup, avec un remaniement plus large, très stratégique et très politique à l’approche de la présidentielle. Trois surprises composent le nouveau gouvernement Sama Lukonde, qui reste à son poste : la nomination de Jean-Pierre Bemba au ministère de la Défense, celle de Vital Kamerhe à l’Economie et enfin celle d’Antipas Mbusa Nyamwisi à l’Intégration régionale. Trois figures emblématiques de la politique congolaise, longtemps restés en réserve, font donc leur entrée au gouvernement.

    Un homme à poigne pour les FARDC

    Jean-Pierre Bemba sera en charge de la Défense, alors que l’armée congolaise peine à restaurer la sécurité à l’Est et que le M23 contrôle toujours de vastes territoires au Nord-Kivu. L’ancien seigneur de guerre du MLC, qui avant de se muer en parti politique était un groupe armé, prend donc les commandes d’une armée fantôme, qui n’est plus que l’image d’elle-même. Mal commandée, mal équipée et rongée par la corruption, l’armée doit profondément se réformer. Félix Tshisekedi, qui a échoué à ramener la paix à l’Est après la mise en place de l’état de siège, cherche donc un homme fort pour remettre de l’ordre dans les FARDC.

    Un geste vers l’Ouganda

    Du temps où Jean-Pierre Bemba était à la tête de sa milice, il avait pour parrain l’Ouganda voisin. Ce qui tombe plutôt bien pour Félix Tshisekedi, qui compte sur Kampala pour lutter contre les ADF, un groupe armé affilié à l’Etat islamique, qui sévit en Ituri. En faisant entrer Bemba au gouvernement, le chef de l’Etat espère donc relancer la collaboration sécuritaire avec l’Ouganda. La nomination de Mbusa Nyamwisi, nommé à l’Intégration régionale, acte également cette volonté de repositionnement de Kinshasa envers son puissant voisin. Félix Tshisekedi avait déjà appelé Kampala à la rescousse pour combattre les ADF, mais sans résultat. Pire, le dernier rapport de l’ONU soupçonnait l’Ouganda d’avoir laissé entrer les rebelles du M23 prendre le contrôle de la ville frontière de Bunagana. Les ex-chefs de guerre, Bemba et Mbusa Nyamwisi (un des fondateurs de la rébellion du RCD) auront donc la délicate mission d’améliorer la coopération ougando-congolaise.

    Bemba: la mauvaise réputation

    Rappeler deux ex-seigneurs de guerre pour régler l’insécurité endémique qui règne à l’Est du Congo est une veille recette qui n’a jamais restauré la paix dans cette région. D’autant que c’est un étrange signal qu’envoie Kinshasa aux défenseurs des droits humains concernant les nombreux crimes commis dans cette zone en toute impunité depuis bientôt 30 ans. L’ancien chef de guerre, Jean-Pierre Bemba, n’a jamais vraiment eu bonne réputation. Ses propres troupes ont souvent été laissées en déshérence et se sont livrées à de nombreuses exactions au début des années 2000. Jean-Pierre Bemba avait d’ailleurs été condamné à 18 ans de prison par la Cour pénale internationale (CPI) pour des crimes commis par ses miliciens en République centrafricaine, avant d’être acquitté en appel en 2018. On se souvient aussi de la tristement célèbre opération « effacer le tableau », menée par les troupes du MLC et du RCD-N en 2002 en Ituri. Une opération marquée par de nombreuses atrocités contre les civils.

    Des nouveaux ministres puissants dans leur province

    Le nouveau ministre de l’Intégration régionale, Mbusa Nyamwisi n’a guère meilleure réputation. L’Armée populaire congolaise (APC), la branche militaire du RCD est accusée, en 2000, d’avoir tué 1.500 personnes, principalement de l’ethnie Hema, dans la région de Bunia (Ituri). Sa milice prélèvait également des taxes aux commerçants voulant traverser sa zone de contrôle, selon un rapport de l’ONU de 2002. Les bons rapports entretenus par Mbusa Nyamwisi avec le président ougandais, Yoweri Museveni, et sa forte implantation politique dans la zone de Beni et Bunia, font pourtant de cet ancien rebelle un nouvel allié de poids pour le président Tshisekedi à la veille des élections. Jean-Pierre Bemba, toujours très puissant en Equateur, assure lui aussi le soutien de sa province au président sortant. Et il en va naturellement de même pour Vital Kamerhe, le nouveau ministre de l’Economie, très bien implanté dans le Sud-Kivu.

    Kamerhe,l’allié incertain

    La nomination du patron de l’UNC à un poste gouvernemental n’est pas une surprise, même si celui-ci lorgnait sur la Primature plutôt qu’un simple poste de vice-Premier ministre. Mais après sa mésaventure judiciaire dans l’affaire de détournement de fonds du « programme des 100 jours« , puis sa condamnation à 20 ans de prison et son blanchiment de dernière minute, on se demandait si Vital Kamerhe était toujours un allié fiable du président Tshisekedi ? Plusieurs contentieux planent en effet entre les deux hommes. L’accord de coalition électorale avec Félix Tshisekedi, signé en 2018, prévoyait que Vital Kamerhe occuperait la Primature en cas de victoire du patron de l’UDPS. Mais le nouveau président ne le nommera qu’au poste de directeur de cabinet. Et puis il y a bien sûr le passage par la case prison, qui reste en travers de la gorge à Vital Kamerhe.

    Du neuf avec du vieux

    L’arrivée du patron de l’UNC à un poste gouvernemental-clé remet en selle l’ancien président de l’Assemblée nationale. Comme pour Jean-Pierre Bemba, la nomination de Vital Kamerhe dans le nouvel exécutif permet à Félix Tshisekedi de renforcer sa majorité présidentielle, forte de l’UDPS, mais aussi maintenant du MLC et de l’UNC. Le candidat-président s’assure ainsi le soutien de deux poids lourd de la politique tout en les neutralisant pour le scrutin à venir. Le chef de l’Etat en profite également pour contrer un possible front « anti-Tshisekedi » qui est en train de se nouer dans l’opposition autour de Martin Fayulu, Augustin Matata Ponyo et Denis Mukwege. Avec ce remaniement, Félix Tshisekedi a l’air de faire du neuf avec du vieux. Le nouvel exécutif congolais ressemble à un énième partage du pouvoir, qui pourrait être payant pour Tshisekedi en cas de report des élections pour négocier une transition politique. Si le chef de l’Etat apparaît plus fort politiquement, marginalisant un peu plus ses concurrents en affichant une large coalition, ce tour de passe-passe peine à cacher les entailles aux deux principes défendus par le président Tshisekedi depuis des mois : la lutte contre la corruption et la promotion de la justice transitionnelle pour combattre l’impunité. Deux bonnes intentions qui restent des voeux pieux avec les nominations de Jean-Pierre Bemba, Mbusa Nyamwisi et Vital Kamerhe. »

    Christophe Rigaud – Afrikarabia

    Ref. Pour les élections en RDC : un mauvais signal concernant la lutte espérée contre l’impunité et la corruption

    A propos de l'auteur

    Journaliste, directeur du site Afrikarabia consacré à l'actualité en République démocratique du Congo (RDC) et en Afrique centrale.