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Débats - Page 96

  • Cannes : l'enlèvement soudain mis en scène par Bellocchio est un faux historique

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    D'Ermes Dovico sur le site de la Nuova Bussola Quotidiana :

    L'affaire Mortara, des vérités tues pour frapper l'Eglise

    23-05-2023

    A Cannes, c'est le jour du film de Bellocchio (Rapito) sur l'affaire Mortara, l'enfant juif baptisé in articulo mortis puis séparé de ses parents. Dès la bande-annonce, la mystification des faits est évidente. Des faits qu'Edgardo Mortara lui-même, mort en odeur de sainteté, a effectivement reconstitués dans un mémoire indigeste pour les ennemis de la vérité.

    Edgardo Mortara nel 1873 (da novizio)

    Le Festival de Cannes accueille aujourd'hui Abducted, le film de Marco Bellocchio centré sur l'affaire Mortara, l'enfant qui, en 1858, a été séparé de sa famille juive d'origine à la suite d'un baptême qui s'est déroulé dans des circonstances exceptionnelles. Le film est librement inspiré d'un livre de Daniele Scalise (Il caso Mortara, Mondadori, 1996), qui a contribué à relancer la légende noire contre l'Église catholique. Au-delà du titre du film, la bande-annonce permet déjà de deviner le type de mystifications qui seront diffusées sur les écrans.

    Dans la bande-annonce, on voit un messager ecclésiastique qui se rend en pleine nuit, accompagné de quelques gardes, à la maison des Mortara pour leur annoncer pour la première fois que leur petit Edgardo a été baptisé et qu'il y a un ordre de "l'emmener". On voit alors le père prendre brusquement l'enfant dans ses bras et se diriger vers la fenêtre en criant : "Ils veulent nous l'enlever ! On dira qu'il s'agit d'une version romancée, mais la déformation sensationnelle des faits - pour un film qui prétend pourtant se référer à une histoire vraie - demeure. Comme restera le conditionnement dans l'esprit de ceux qui verront des scènes similaires, ignorant précisément les nombreuses vérités non dites, au détriment de l'Église.

    Il suffirait pourtant de lire les mémoires exhaustives que le protagoniste de l'affaire, Edgardo Mortara, a écrites à la fleur de l'âge, en 1888, alors qu'il avait 37 ans. Un mémoire écrit en castillan pendant son apostolat en Espagne et conservé ensuite dans les archives romaines des chanoines réguliers du Très Saint Sauveur de Latran, l'ordre dans lequel Don Pio Maria Mortara, son nom en religion, avait librement et fermement souhaité entrer dès que son âge le lui avait permis. Traduit en italien, le mémorial a été publié intégralement en 2005 dans un livre présenté par Vittorio Messori ("Io, il bambino ebreo rapito da Pio IX. Les mémoires inédites du protagoniste de l'affaire Mortara", Mondadori), qui démonte pièce par pièce la légende noire et rend compte de manière exemplaire des raisons de la foi. Il est donc curieux que certaines élites culturelles continuent à privilégier les reconstructions partielles pour propager leur idéologie. Regardons donc les faits.

    Nous sommes à Bologne, puis dans les États pontificaux. Edgardo, neuvième des douze enfants de Marianna et Salomone Mortara, a un peu plus d'un an lorsqu'il est frappé par une terrible maladie accompagnée de violentes fièvres. La maladie évolue avec de tels symptômes qu'en quelques jours les médecins le donnent pour mort. La mort semble imminente. C'est dans ces circonstances que la jeune Anna Morisi, la servante catholique des Mortara, se souvient de ce que l'Eglise enseigne sur le baptême de nécessité, c'est-à-dire in articulo mortis. Secrètement, un verre d'eau à la main, elle baptise l'enfant par aspersion, pensant que ce geste donnera bientôt le Paradis au petit Edgardo. Seulement, la mort attendue ne vient pas. Peu à peu, en effet, l'enfant se rétablit complètement. Anna panique, réalisant les conséquences possibles de sa révélation. Et elle décide de se taire.

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  • François, Poutine et Xi : les déboires de la « diplomatie parallèle »

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    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso (traduction de diakonos.be) :

    François, Poutine et Xi. Les déboires de la « diplomatie parallèle »

    L’attribution au cardinal Matteo Zuppi d’une « mission » de paix en Ukraine sans davantage de précisions constitue la dernière initiative personnelle prises par le Pape François au nez et à la barbe des diplomates de la Secrétairerie d’État.

    En plus d’être archevêque de Bologne et président de la Conférence épiscopale italienne, Mgr Zuppi est également l’un des membres historiques de la Communauté de Sant’Egidio, universellement connue pour la « diplomatie parallèle » qu’elle exerce depuis de nombreuses années dans plusieurs parties du globe.

    Mgr Zuppi sait qu’il n’est pas aimé en Ukraine, ni par le gouvernement de Kiev, ni par l’Église grecque catholique locale. Dans le flot ininterrompu de ses déclarations sur la guerre, il s’est toujours gardé d’approuver avec clarté aussi bien le droit de l’Ukraine à prendre les armes pour se défendre contre l’invasion russe que les livraisons d’armes de la part de nombreuses nations occidentales. « Le chrétien – a-t-il déclaré – est un homme de paix qui choisit une autre manière de résister : la non-violence ».

    Évidemment, ces paroles sont du pain bénit pour Russie, et plus encore celles du fondateur de Sant’Egidio, Andrea Riccardi, monarque tout-puissant de la Communauté.

    Dès le premier jour de l’agression Russe, Riccardi a milité pour la reddition de l’Ukraine et a même lancé un appel pour que Kiev soit déclarée « ville ouverte », c’est-à-dire occupée par l’armée de l’envahisseur sans opposer de résistance.

    Et c’est encore ce même Riccardi qui a prononcé le 5 novembre dernier le discours de clôture de l’imposant cortège pacifiste qui a traversé les rues de Rome jusqu’à Saint-Jean-de-Latran pour réclamer le cessez-le-feu, avec des dizaines de bannières de Sant’Egidio mais évidemment pas un seul drapeau ukrainien.

    On ne peut qu’être frappé par la distance entre les positions de Zuppi et Riccardi et celles du ministre des Affaires étrangères du Vatican, l’archevêque Paul Gallagher, qui défend quant à lui sans réserve le droit de l’Ukraine à se défendre par les armes.

    Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Le Pape François semble également affectionner tout particulièrement la « diplomatie parallèle » de Saint’Egidio avec un autre pays, la Chine.

    *

    En effet, de nouveaux événements sont récemment venu saper l’accord secret sur la nomination des évêques passé en 2018 entre le Saint-Siège et la Chine et renouvelé pour la deuxième fois pour deux années supplémentaires en octobre dernier.

    Depuis la signature de cet accord, il n’y a eu à ce jour que six nominations à peine : en 2019 à Jining et Hanzhong (mais dans ces deux cas, les candidats avaient déjà été approuvés des années auparavant, respectivement en 2010 et en 2016) ; en 2020 à Qingdao et à Hongdong ; en 2021 à Pingliang et à Hankou-Wuhan.

    Ensuite, pendant plus d’un an, plus rien. Jusqu’à ce que le Saint-Siège communique, le 24 novembre 2022, avoir appris « avec étonnement et regrets » la « cérémonie d’installation » de John Peng Weizhao, ancien évêque de Yujiang, en tant qu’« évêque auxiliaire de Jiangxi » également.

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  • 27 mai à l'abbaye de Brialmont (Tilff) : "Eclairage sur la fin de vie et son accompagnement" avec Constance du Bus (Institut Européen de Bioéthique)

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    Peut être un dessin de texte qui dit ’ÉCLAIRAGE SUR LA FIN DE VIE SON ACCOMPAGNEMENT Par Constance du Bus (Institut Européen de Bioéthique) TÉMOIGNAGES ÉCHANGES Déclaration anticipée Personne de confiance Soins palliatifs Acharnement thérapeutique Euthanasie... 12 11 10 2 9 3 8 4 5 6 Samedi 27 mai 2023 de 14h à 17h30 ABBAYE DE BRIALMONT (TILFF) Réservation obligatoire Mail l:pascal2lecocq@gmail.com Participation libre aux frais Tél. 0473 19 71 Vicariatde iocèse Liège couples familles Institut Européen de Bioéthique’

  • Humanae Vitae : audacieuse, prophétique et toujours plus pertinente

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    Du site de la Nuova Bussola Quotidiana :

    Humanae Vitae : audacieuse, prophétique et toujours plus pertinente

    20-05-2023

    Des relations sexuelles excluant les enfants aux enfants générés, ou plutôt "produits", excluant le sexe, à un avenir qui, à force de manipulations, fera disparaître non seulement la dualité homme-femme, mais l'homme lui-même. Seule une anthropologie intégrale nous sauvera de la dérive post-humaine : telle est la validité permanente de l'encyclique de Paul VI, selon les mots du cardinal Ladaria Ferrer.

    Nous publions Humanae Vitae comme une encyclique audacieuse et prophétique. Le cardinal Luis Francisco Ladaria Ferrer, qui s'est exprimé lors de la conférence "Le corps est à moi", en a souligné l'importance aujourd'hui. Humanae Vitae, l'audace d'une encyclique sur la sexualité et la procréation organisée par la Chaire internationale de bioéthique Jérôme Lejeune (Rome, 19-20 mai). 

    Salutations aux participants

    Je tiens à saluer cordialement la présidente de la Fondation en Espagne, le Dr. Mónica López Barahona, et à la remercier pour l'invitation à participer à ce congrès international consacré à Humanae Vitae, organisé par la Chaire internationale de bioéthique Jérôme Lejeune. Je salue également tous les participants et leur souhaite un bon séjour à Rome.

    Introduction

    L'encyclique Humanae Vitae aborde les questions de la sexualité, de l'amour et de la vie, qui sont intimement liées. Ce sont des questions qui touchent tous les êtres humains, à toutes les époques. C'est pourquoi son message est toujours valable et pertinent aujourd'hui. Le pape Benoît XVI l'a exprimé en ces termes : "Ce qui était vrai hier reste vrai aujourd'hui. La vérité exprimée dans Humanae Vitae ne change pas ; au contraire, précisément à la lumière des nouvelles découvertes scientifiques, son enseignement devient plus actuel et provoque une réflexion sur sa valeur intrinsèque" (Discours aux participants au congrès international sur le 40e anniversaire de l'encyclique Humanae Vitae, 10 mai 2008).

    Le pape François lui-même nous a invités, dans son exhortation post-synodale Amoris Laetitia, à revenir en arrière et à redécouvrir "le message de l'encyclique Humanae Vitae de Paul VI" (n° 82), comme une doctrine non seulement à préserver, mais qu'il nous est proposé de vivre. Une norme qui transcende la sphère de l'amour conjugal et constitue un point de référence pour vivre la vérité du langage de l'amour dans toutes les relations interpersonnelles.

    L'audace d'Humanae Vitae

    On a insisté sur l'audace de Paul VI qui a résisté aux pressions pour approuver l'utilisation des contraceptifs hormonaux dans les relations sexuelles au sein du mariage catholique. Toutefois, à mon humble avis, la véritable audace de l'encyclique est bien plus profonde. Elle est de nature anthropologique, et c'est en ce sens que cette encyclique peut nous aider aujourd'hui à relever les défis anthropologiques auxquels notre société est confrontée.

    En répondant au problème de l'utilisation des contraceptifs, l'encyclique situe son jugement moral dans une large perspective anthropologique, avec une vision intégrale de l'homme et de sa vocation divine (cf. n. 7). L'encyclique fonde sa doctrine sur la vérité de l'acte d'amour conjugal dans le "lien inséparable, que Dieu a voulu et que l'homme ne peut rompre de son propre chef, entre les deux significations de l'acte conjugal : la signification unitive et la signification procréative" (n. 12). Sur cette base, elle s'oppose à l'anthropologie dominante qui considère l'être humain comme un constructeur de sens en vertu de ses actes. Dans le domaine de la sexualité, cela se traduit par l'affirmation que l'homme ne peut se limiter à être un sujet passif des lois de son corps, mais que c'est lui-même qui donne un sens à sa sexualité. C'est l'anthropologie qui place la liberté avant la nature, comme s'il s'agissait de deux éléments inconciliables. Paul VI avertit cependant qu'avant la liberté, il y a certaines significations, que l'homme peut saisir grâce à la raison, et qu'il n'a pas choisies, qui règlent et orientent son comportement. Si l'homme est capable de reconnaître et d'interpréter les sens unitif et procréatif de l'acte conjugal, il réalisera correctement sa propre existence, en la portant à sa plénitude. Selon l'encyclique, la nature n'est pas en tension avec la liberté, au contraire, elle confère à la liberté les significations qui rendent possible la vérité de l'acte conjugal d'amour et permettent sa pleine réalisation. C'est là, à mon avis, la véritable audace d'Humanae Vitae, qui donne à l'encyclique son actualité radicale.

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  • À droite, à gauche et au centre, pourquoi aucun cardinal n'est-il assez bon pour être papabile ?

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    D'Ed. Condon sur The Pillar :

    À droite, à gauche et au centre, pourquoi aucun cardinal n'est-il assez bon pour être papabile ?

    18 mai 2023

    Passé un certain point dans le cours d'un pontificat, le handicap des candidats à la succession du pape devient une partie inévitable du bavardage quotidien entre les employés curiaux et les journalistes du Vatican.

    Mais le champ actuel des prétendants est étonnamment mince et, compte tenu de la couverture de plus en plus critique que tout papabile potentiel semble attirer, il peut y avoir un risque réel pour tout cardinal perçu comme volant trop haut.

    Bien que cela puisse être attribué en partie au désir de certains de s'assurer un héritier fiable et efficace du pontificat de François, le résultat pourrait bien être un vote largement ouvert pour lui succéder.

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    Lorsqu'un pape dépasse un certain âge ou qu'il est victime d'un problème de santé majeur, les articles sur les trois, cinq ou dix premiers candidats à un conclave commencent à fleurir de manière saisonnière, comme des plantes vivaces dans le monde du journalisme.

    De manière inhabituelle, étant donné que François a maintenant 86 ans et qu'il a survécu à un récent séjour urgent à l'hôpital, le champ des successeurs probables ne comporte pas de leaders évidents - et ceux qui pourraient être considérés comme des candidats probables semblent de plus en plus être dans le collimateur des médias.

    Ces dernières semaines, après avoir été démis de ses fonctions de président de Caritas International, le cardinal Luis Antonio "Chito" Tagle a vu son étoile pâlir considérablement. 

    Avant même d'être amené à Rome par le pape François en 2019, le cardinal philippin avait été largement salué comme un "François asiatique" et un successeur potentiel évident du pape, se faisant remarquer lors du synode sur les jeunes en 2018.

    Mais après que Tagle a été démis de la présidence de Caritas, l'organisation caritative de l'Église, la couverture médiatique, auparavant favorable, a tourné à l'aigre, notant des problèmes financiers et de personnel au sein du groupe caritatif, et même des cas d'échec dans la gestion des clercs abusifs. 

    Des citations de proches de Tagle ont commencé à apparaître dans la presse, le décrivant comme "l'un des bons éléments" mais un mauvais gestionnaire et organisateur qui "ne sait pas comment prendre des décisions". 

    Certains pourraient considérer le changement de ton sur Tagle, et la nouvelle évaluation négative de ses compétences de dirigeant, comme une réponse raisonnable aux rapports faisant état d'un dysfonctionnement généralisé au sein de Caritas. Mais il convient de noter que les questions récentes concernant l'aptitude de Tagle à exercer ses fonctions ont été universellement limitées à sa viabilité en tant que futur pape - pratiquement personne n'a remis en question sa position actuelle de pro-préfet du département le plus important de la curie romaine, le Dicastère pour l'évangélisation.

    Un examen similaire a récemment été appliqué au cardinal Péter Erdő à la suite du voyage du pape François en Hongrie - largement salué comme un succès diplomatique et un exercice de rapprochement avec le premier ministre du pays, Victor Orban.

    En tant qu'archevêque d'Esztergom-Budapest, Erdő a souvent semblé délibérément timide face à l'attention des médias alors qu'il navigue dans ses relations avec le gouvernement hongrois, tout en soulignant constamment son soutien au pape François. 

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  • Le ré-ensauvagement est-il une bonne idée ?

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    De Jacques Lucchesi sur La Sélection du jour :

    Le ré-ensauvagement : une fausse bonne idée

    Jusqu'où doit-on aller pour préserver la nature ? La question mérite d'être posée en cette époque qui remet en question la place de l'humain dans la hiérarchie naturelle et dénonce les ravages qu'il exerce sur la biodiversité. Le discours écologique imprègne à ce point les esprits que beaucoup s'alarment de la disparition d'espèces animales – principalement des oiseaux et des insectes – dont ils ne connaissent même pas les noms. Qu'importe ! Puisque les médias se font à l'unisson l'écho de mystérieux experts qui annoncent – comme d'autres l'apocalypse – une sixième extinction de masse, celle-ci étant selon eux entièrement imputable à l'action humaine. La bonne nouvelle, c'est qu'il y en a eu cinq avant et que la vie n'en continue pas moins de proliférer sur la Terre.

    C'est ainsi que sont nés, aux USA, dans la seconde moitié du XXeme siècle, les concepts de wilderness puis de rewilding qu'on traduit en français par ré- ensauvagement. Pour ces apôtres de la biodiversité, il faut relancer, partout où c'est possible, le processus de la vie sauvage, quitte à bouleverser des équilibres naturels et sociaux depuis longtemps établis. Et de toujours citer l'exemple du parc Yellowstone (dans le Wyoming) où des loups ont été massivement réintroduits en 1995, pour réduire la population des herbivores, ce qui a permis à la flore de se régénérer en quelques années. Si les wapitis pouvaient parler, je doute fort qu'ils apprécieraient ce ré-ensauvagement entièrement dirigé par la main de l'homme, négation même du projet de laisser agir la nature qui en est à l'origine.

    Le problème est encore plus aigu quand ces initiatives, depuis exportées dans 27 pays européens, mettent les êtres humains en présence d'animaux potentiellement très dangereux.

    L'ours brun est de ceux-là. On connaît sa capacité à s'aventurer dans des zones d'habitation pour chercher de la nourriture. Et on ne sera pas étonné d'apprendre que ses agressions, souvent mortelles, sont en hausse dans le monde (664 entre 2000 et 2015). La dernière en date, le 5 avril dans le Trentin, a été mortelle pour un jeune joggeur de 26 ans. En Italie elle a relancé – avec quelle passion ! – le débat sur la réintroduction de ces plantigrades dans des régions montagneuses. La France n'est pas moins concernée, avec quelques 76 ours slovènes qui se baladent dans les forêts pyrénéennes, au grand dam des randonneurs et des chasseurs. Il n'y a qu'Alain Reynes, président de l'association Le pays de l'ours ADET, pour penser que leur nombre en augmentation est une bonne nouvelle.

    Quant au loup, dédouané de sa mauvaise réputation par ses modernes avocats, il prolifère lui aussi dans des régions où il avait depuis longtemps disparu – comme dans le Calvados. En 2022, un millier d'individus étaient répartis sur l'ensemble de l'Hexagone. Et si le loup ne croque plus les petits enfants égarés, il continue allègrement d'attaquer des troupeaux d'ovins partout où ceux-ci vont paître. Espèce désormais protégée – tout comme l'ours – il peut néanmoins être chassé et abattu selon un quota annuel fixé par l'Office Français de la Biodiversité (174 en 2022). Evidemment les agriculteurs, qui voient régulièrement leurs troupeaux décimés, ne s'en privent pas. Ce qui ne manque pas de susciter la colère de tous les défenseurs de la vie sauvage – pour la plupart des citadins qui n'en connaissent rien. À Marseille, en février dernier, c'est une meute de 7 charmants canis-lupus qui a pris ses quartiers dans le parc des Calanques de Luminy. Sans qu'on ait demandé leur avis aux nombreux promeneurs qui arpentent ces sentes toute l'année. Mais puisque de belles âmes ont décrété que le loup n'était pas dangereux pour l'homme...

    Bisons, cougars, lynx ou castors : on pourrait multiplier les exemples d'espèces animales réintroduites dans des territoires nouvellement ensauvagés où leur proximité menace, peu ou prou, les activités humaines (cf. mon livre : Ces animaux qui nous rendent bêtes, éditions de Paris, 2021). Et c'est sans même parler des zoonoses que des animaux sauvages peuvent toujours transmettre à l'homme. La redynamisation de nos contemporains implique-t-elle ce naïf romantisme naturaliste ? N'est-ce pas oublier un peu vite le combat que nos ancêtres ont dû livrer, pendant des millénaires, pour tenir la nature à distance avant de la contrôler et de parvenir à l'état de civilisation ? Le seul dans lequel l'être humain puisse développer toutes ses facultés naturelles.

    Pour aller plus loin :

    Ré-ensauvagement d'animaux sauvages : principe et limites

    >>> Lire sur : Ouest France

  • Après la rencontre entre Zelensky et le pape : la diplomatie vaticane mise en pièces

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    Un article de Sandro Magister sur Settimo Cielo (traduction de Diakonos.be) :

    Diplomatie vaticane en miettes après la rencontre entre Zelensky et le Pape

    De tous les leaders rencontrés par Volodymir Zelensky à Washington et dans les capitales d’Europe, c’est certainement le Pape François qui a les positions les plus éloignées, voire divergentes par rapport aux siennes.

    Le samedi 13 mai après-midi, dans un communiqué inhabituel publié peu après la fin de l’entretien entre eux deux à Rome, le Pape François a tenu à souligner qu’il n’y avait qu’un seul point sur lequel ils étaient tombés d’accord : les « efforts humanitaires » pour les victimes de la guerre, en particulier – comme a ensuite précisé Zelensky dans son communiqué – pour la libération des prisonniers et le rapatriement des enfants ukrainiens déportés en Russie.

    En effet, le Pape avait déjà annoncé sa coopération pour la libération des prisonniers en septembre dernier, lors de la rencontre au Kazakhstan des jésuites de cette région. Il avait révélé qu’un « chef militaire qui s’occupe de l’échange des prisonniers » était venu le rencontrer au Vatican « en compagnie d’un conseiller pour les questions religieuses » de Zelensky, et que lui, François, avait immédiatement appelé « l’ambassadeur russe pour voir si on pouvait faire quelque chose ». Ce qui a été le cas avec l’échange le 22 septembre de plus de 200 combattants et de plusieurs autres par la suite. Et à présent avec l’engagement du Pape à faire ce qui était possible également pour les enfants.

    Mais c’est en revanche le Président ukrainien qui aura mis en évidence le principal point de divergence entre eux deux après leur entretien du 13 mai : « Avec tout le respect pour le Pape, nous n’avons pas besoin de médiateurs », a-t-il dit. « Étant donné que la guerre se déroule sur le territoire de l’Ukraine, le plan de paix ne peut qu’être ukrainien », en référence au plan en dix points diffusé par Zelensky en février dernier.

    La « médiation » vaticane entre Moscou et Kiev rejetée par Zelensky est celle qui a été à plusieurs reprises attribuée à la volonté du Pape, la dernière fois après les déclarations de François lui-même à bord du vol de retour de son voyage à Budapest le 30 avril, quand il avait annoncé qu’une « mission était en cours » pour la paix en Ukraine « mais qu’elle n’était pas encore publique » et que « quand elle sera publique, j’en parlerai ».

    Après cette annonce sibylline, le professeur Stefano Zamagni, qui était jusqu’au 31 mars le président de l’Académie pontificale pour les sciences sociales et promoteur en octobre dernier d’un plan de paix en sept points – immédiatement très critiqué pour son déséquilibre en faveur de la Russie – avait relancé son plan en insistant sur le fait qu’il était plus actuel que jamais et qu’il l’avait en son temps confié aux bons soins de la Secrétairerie d’État. Sans cependant aucune confirmation de la part de cette dernière.

    À Moscou comme à Kiev, personne ne semble être au courant de l’initiative annoncée par le Pape, alors que le Secrétaire d’État Pietro Parolin a en revanche confirmé que quelque chose était en train d’avancer. Mais il ne s’agirait pas de « médiation » mais de « mission », du mot latin « missio », qui signifie envoi. Le Pape François aurait en fait l’intention d’envoyer à Moscou et à Kiev deux cardinaux, chacun avec un appel écrit du Pape pour un cessez-le-feu, exactement comme Jean-Paul II avait envoyé les cardinaux Pio Laghi et Roger Etchegaray à Washington et à Bagdad en 2003, avec la demande écrite du Pape d’arrêter le conflit imminent en Irak.  Sans trouver d’oreille attentive, comme on s’en rappelle.

    Parmi les différents cadeaux échangés à l’occasion de la rencontre du 13 mai, le Pape François a offert à Zelensky un livre contenant un recueil de ses interventions sur la paix en Ukraine. Dans l’une d’entre elles, le Pape prononce des paroles claires en faveur de la lutte armée des Ukrainiens contre les Russes. Il s’agit de la « Lettre du Saint-Père aux peuple ukrainien » publiée le 24 novembre 2022, dans laquelle le Pape écrit à un certain moment : « Je pense à vous, jeunes, qui, pour défendre courageusement votre patrie, avez dû prendre les armes au lieu de réaliser des rêves que vous aviez cultivés pour l’avenir ».

    Et plus loin : « Je suis impressionné par votre bonne ardeur. Malgré l’immense tragédie qu’il subit, le peuple ukrainien ne s’est jamais découragé et n’a jamais cédé à l’apitoiement. Le monde a reconnu un peuple audacieux et fort, un peuple qui souffre et prie, pleure et lutte, résiste et espère : un peuple noble et martyr. Je continue à vous être proche”. »

    Cette lettre était le fruit, notamment par son style de rédaction, de la rencontre survenue à Rome le 7 novembre entre le Pape François et l’archevêque majeur de l’Église grecque catholique ukrainienne Sviatoslav Shevchuk, fortement solidaire avec la guerre patriotique combattue notamment par ses fidèles. Sa publication avait d’ailleurs marqué un tournant dans les prises de position du pape, qui n’avait jamais déclaré jusque-là approuver sans réserve la défense par les armes de l’Ukraine contre l’agression russe.

    Mais cette première intervention du Pape pour soutenir la guerre de résistance ukrainienne aura également été la dernière. Refroidissant encore un peu plus les relations entre Kiev et le Vatican sans obtenir pour autant la moindre amélioration des rapports avec Moscou.

    Depuis le début de la guerre, en effet, le Pape François n’a pas encore réussi à établir un contact direct avec Vladimir Poutine. Le 6 novembre dernier, pendant le vol de retour de son voyage au Bahreïn, le Pape a déclaré avoir demandé dès les premiers jours, via l’ambassadeur russe près le Saint-Siège, de pouvoir se rendre à Moscou pour rencontrer Poutine. Ce qui lui valut une fin de non-recevoir de la part du ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, qui lui a répondu que « pour le moment, ce n’était pas nécessaire ». La demande et la réponse qui s’en suivit se firent par courrier et depuis lors Poutine a continué à demeurer inaccessible. Une dernière lettre de François à Poutine aurait été remise le 11 mai dernier encore une fois à l’ambassadeur russe Alexander Avdeev, reçu par le Pape en visite au terme de sa mission. On ignore avec quel résultat, pendant que l’on attend la nomination de son successeur.

    Et pourtant, les prises de position très compréhensives des « raisons » du Kremlin n’ont pas manqué dans le chef de François, en particulier ces « aboiements de l’OTAN aux portes de la Russie » plusieurs fois pointés du doigt par le Pape comme étant la cause qui aurait déclenché l’agression contre l’Ukraine, « sans comprendre que les russes sont impériaux et craignent l’insécurité à leurs frontières ».

    Cette affirmation du Pape François, comme d’autres, ont contribué à faire émerger la thèse selon laquelle le Pape actuel marque un réalignement géopolitique de l’Église de Rome, non plus avec l’Occident solidaire avec Kiev, mais avec le reste du monde, avec l’Amérique latine, avec l’Afrique, avec l’Asie, avec des États tous très réticents à s’opposer à la Russie.

    C’est notamment la thèse du célèbre vaticaniste américain John L. Allen qui a fait remarquer dans la revue « The Atlantic » que, sur la guerre en Ukraine, le Pape se trouvait dans les faits plus proche des positions de l’Inde et de la Chine que des positions européennes et atlantistes.

    Avec pour conséquence de se retrouver très à la marge et désormais privé de toute capacité à influer sur les décisions de New Dehli et encore moins de Pékin, une superpuissance qui, de plus, ne craint pas d’opprimer les catholiques et d’humilier la papauté, encore dernièrement avec la nomination unilatérale à la tête du diocèse de Shanghai d’un évêque issu de l’appareil du régime de Xi Jinping.

    Mais certains tirent une autre thèse concernant l’Ukraine des libres faits et gestes du Pape François.

    Dans la revue « Il Regno », un autre vaticaniste renommé, Luigi Accattoli, après avoir énuméré quelques-unes des plus téméraires sorties de François, des « aboiements de l’OTAN aux portes de la Russie » à « l’enfant de chœur de Poutine » en parlant de Cyrille, le patriarche de Moscou, loin de les critiquer, y voit le signal d’une bienfaisante « sortie de la tradition étatique et diplomatique » du Vatican, faisant partie intégrante du plus général « projet d’Église en sortie que François a érigé en devise de son pontificat ».

    Selon Accattoli, « les premiers pas ne peuvent se faire qu’à tâtons », mais « c’est quand même un bien que l’entreprise soit tentée. Ce sera l’œuvre de plusieurs pontificats ».

    Une thèse hardie s’il en est. Quoi qu’il en soit, pendant ce temps, cette diplomatie vaticane tant vantée vole en éclats notamment à cause de François et ce ne sera certainement pas la Chine, qui est ces derniers jours très active sur le front russe et européen avec son envoyé spécial Li Hui, qui pourra lui servir de nouveau modèle à suivre.

    Lire également : le Pape médiateur, une opération ratée et mal gérée

  • Peut-on assimiler un animal de compagnie à un enfant ? L'agacement du pape

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    D'Eugenio Capozzi sur le site de la Nuova Bussola Quotidiana :

    Enfants et animaux, pourquoi le monde ne comprend pas le Pape

    16-05-2023

    Les médias ont fait grand cas de l'anecdote racontée par le Pape François condamnant l'assimilation des enfants aux animaux domestiques. C'est le symptôme d'une culture triste, égoïste et non plus générative, dans laquelle l'Eglise apparaît comme un corps étranger.

    En marge du discours du pape François aux États généraux de la naissance, il y a quelques jours, une grande clameur médiatique et polémique s'est élevée autour de l'épisode, raconté par lui, du reproche adressé à la fidèle qui lui demandait de bénir son chien en l'appelant "mon bébé". L'importance obtenue par ce passage du discours du pontife, relatif à un raisonnement beaucoup plus large sur la nécessité de revenir à une culture qui promeut la vie et la famille comme des aspects naturels de la société, est cependant très symptomatique, car il a manifestement touché une corde sensible dans notre culture répandue, comme pratiquement chaque fois que l'on se réfère aux relations entre les êtres humains et les animaux, sans adhérer parfaitement à la rhétorique "politiquement correcte" imprégnée de sentimentalisme à l'égard de ces derniers.

    La phrase du pape a suscité d'innombrables critiques et commentaires furieux dans les médias et sur les réseaux sociaux, parce qu'elle exprime un mépris pour les "animaux de compagnie", qu'elle considère comme sans valeur et non dignes d'être bénis. Or, comme il est évident pour quiconque a écouté ou lu le discours, François n'a absolument rien voulu dire de tel.

    D'autre part, il n'aurait jamais pu le faire, car l'Église, dans son histoire millénaire, a une longue et incontestable tradition d'amour des animaux, de leur association non pas fortuite mais constante avec le divin, et en particulier avec la figure du Christ, et, plus spécifiquement, de bénédictions d'animaux, liées à des aspects de son culte et de la vénération de nombreux saints. Il aurait été absurde et contradictoire de la part d'un pontife de prétendre que les animaux ne sont pas dignes d'être bénis. Et en fait, le pape Bergoglio n'a manifestement pas dit cela.

    Au contraire, son amère réprimande du croyant en question lui a servi à souligner combien il est faux et inadmissible, d'un point de vue chrétien, d'assimiler un animal de compagnie à un enfant, d'annuler toute différence de nature et de valeur entre la créature animale dont on est responsable et à laquelle on peut certainement être lié par une profonde affection, et un enfant ; et même la tendance de plus en plus marquée dans nos sociétés à renoncer à la maternité et à la paternité tout court, en les remplaçant par la cohabitation avec des animaux domestiques, en se berçant d'illusions et en prétendant qu'il s'agit de la même chose, et qu'une ou deux personnes avec des chiens et/ou des chats peuvent être considérées comme une "famille".

    Un substitut qui, selon le pontife, représente un symptôme et une composante importante de la "tristesse", du dépérissement, de l'égoïsme inextricablement liés à des sociétés qui ne sont plus génératives. Une tristesse à laquelle il est urgent d'opposer une espérance qui ne soit pas abstraite, mais fondée sur des "choix concrets", dont celui de fonder des familles solides et fécondes, capables de faire regarder l'avenir avec joie.

    L'alarme sur la perception déformée de l'amour et de la famille véhiculée par la substitution psychologique d'animaux aux enfants n'est pas un motif nouveau dans les interventions publiques du pape François. En janvier 2022, il avait notamment souligné avec inquiétude que beaucoup préféraient avoir des chiens et des chats plutôt que des enfants, alors que les deux types de liens ne sont pas comparables, car "avoir des enfants est une plénitude dans la vie d'une personne". En août de la même année, il avait défini cette préférence comme la recherche d'une affection "sans problèmes".

    Chaque fois que le pontife réitère cette idée, il provoque régulièrement le scandale. Mais ce sont précisément les réactions négatives, et leur origine, qui montrent clairement comment, sous la forme brute et sans prétention qu'il tend à utiliser dans ses discours, Bergoglio saisit un noyau central de la culture de la "tristesse", c'est-à-dire essentiellement la tendance à l'autodestruction et à la décadence qu'il a identifiée dans les sociétés occidentales.

    Il s'agit d'un anti-humanisme radical désormais fermement ancré dans la vision du monde non plus seulement des élites, mais d'une partie substantielle des masses dans les sociétés d'abondance, de consommation, de "droits" et de liberté apparemment illimitée.

    Un anti-humanisme qui se présente comme une hydre à deux têtes. D'une part, une déclinaison fanatique de l'environnementalisme, combinée à la dégénérescence du féminisme et de l'idéologie de la protection des minorités sexuelles, qui condamne ouvertement la génération d'enfants dans des familles "traditionnelles" (ou plutôt authentiques), ou la génération d'enfants tout court, comme un choix dangereux pour l'équilibre de l'"écosystème" ou fonctionnel pour maintenir les femmes dans une position subalterne. D'autre part, l'animalisme, en tant qu'idéologie qui présuppose l'assimilation des animaux aux êtres humains et, inversement, la réduction des êtres humains à de simples animaux ; la négation radicale de l'anthropocentrisme, inséparable au contraire de l'humanisme occidental ; l'attribution aux animaux de "droits" fantômes ; la stigmatisation de l'alimentation à base de viande et de l'utilisation des animaux eux-mêmes.

    Les classes dirigeantes de l'Occident sécularisé et déchristianisé, et les masses involontaires qui les suivent, adoptent largement comme religions de substitution, d'une part, celle de l'"écosystème", du climat, d'un univers déshumanisé ; d'autre part, la vénération panthéiste, idolâtre et indistincte des formes de vie non humaines, avec leur élévation indue au rang de "personnes". L'Église catholique qui, par son chef, préserve "obstinément" l'anthropocentrisme sous-jacent au message du Christ ainsi que la rationalité héritée de millénaires d'histoire européenne, apparaît comme un corps étranger dans "l'hiver" d'une civilisation aliénée et tristement repliée sur elle-même, quand elle ne cherche pas activement à s'autodétruire. Comme l'"étranger" dont Thomas Eliot parlait de manière prophétique il y a 90 ans, dans les chœurs de "The Rock".

  • Regard évangélique sur le relativisme de François

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    De Francis-George Sarpédon sur "Christianisme aujourd'hui" (magazine chrétien évangélique suisse) :

    Le pape François contesté au Vatican pour son relativisme

    © Youtube
    Évangéliques et catholiques se sont souvent regardés en chiens de faïence. Précurseur de l’ouverture, le pape tente des rapprochements. Au détriment de la foi elle-même?

    Lors de sa visite en Allemagne en 2011, Benoît XVI avait reproché aux luthériens de n’être «pas assez fidèles à la pensée originale de Martin Luther, en mettant de côté la question du péché et en ayant oublié son inquiétude envers le salut», selon le journaliste de La Vie, Jean Mercier. François se montre bienveillant envers les protestants traditionnels et évangéliques. Il a notamment visité une congrégation pentecôtiste «à titre privé» en juillet 2014. Et pourtant…

    Son refus d’évangéliser

    Les évangéliques ont longtemps affiché une distance, parfois hautaine, par rapport au catholicisme, souvent sans le connaître. Toutefois, on assiste aujourd’hui à un changement sans qu’ils connaissent la théologie de François. Ses gestes envers les évangéliques et autres protestants s’accompagnent pourtant de vues parfois radicalement différentes des leurs sur des points où ils sont censés s’accorder, comme le salut en Christ.

    En janvier 2016 déjà le Vatican avait présenté une vidéo avec le pape et quatre religieux – un catholique, une bouddhiste, un musulman et un juif – assurant tous croire en l’amour et être «tous enfants de Dieu», chacun montrant un symbole religieux, une poupée représentant Jésus nourrisson pour le prêtre. Ce premier message vidéo du pape quant à ses intentions de prière mensuelles appelait les croyants à collaborer, sans inciter à témoigner de la foi chrétienne.

    La polémique des statuettes de la déesse-Terre

    Dans cette veine, s’est tenue en 2019 une cérémonie en présence du pape autour de cinq statuettes de la déesse-terre andine Pachamama déposées dans les jardins du Vatican, avant le Synode sur l’Amazonie. Les représentations ont ensuite été placées devant l’autel principal à Saint-Pierre et «transportées en procession dans la salle du Synode». Des catholiques ont dénoncé «un acte d’adoration idolâtre de la déesse païenne», ce qu’a nié François par la voix de Paolo Ruffini, préfet du Dicastère pour la Communication. Selon ce dernier, «ces statuettes représentent la vie, la fertilité, la terre-mère». Pas de quoi les rassurer.

    Cette approche diffère radicalement de celle de Benoît XVI, violemment critiqué en 2007. Il avait – maladroitement, mais avec un souci évangélique – déclaré que les Amérindiens, «sans le savoir, cherchaient [le Christ] dans leurs riches traditions religieuses. Le Christ était le sauveur auquel ils aspiraient silencieusement.» Divers prélats ont critiqué les positions exprimées par le Synode. L’évêque Athanasius Schneider accusait même l’exhortation «Amazonie bien-aimée» du pape de soutenir implicitement «une spiritualité panthéiste et païenne», ajoutant que cet angle affaiblissait le mandat d’évangélisation de l’Eglise.

    Alors que Benoît XVI gardait une certaine distance non complaisante par rapport aux évangéliques, ses positions en matière de christologie et d’évangélisation étaient plus proches des leurs que ne le sont celles de François. Au-delà des apparences. Jusque sur les sujets sociétaux, le pape innove, nommant même l’activiste pro-avortement Maria Mazzucato à l’Académie pontificale pour la vie en 2022. Si François a nommé des cardinaux conservateurs, ils avaient dépassé l’âge limite pour voter (80 ans). En revanche, il multiplie les nominations de cardinaux électeurs sur sa ligne afin de pérenniser voire accentuer les mutations théologiques, «pas très catholiques».

  • Charles III "défenseur de la foi", oui, mais laquelle ?

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    De Pierre Banister sur La Sélection du Jour :

    Le roi Charles III : défenseur de quelle foi ?

    Dans les mois qui ont précédé le couronnement du roi Charles III le 6 mai, la question de son attitude à l'égard de l'un des titres les plus paradoxaux du monarque britannique, « défenseur de la foi », a fait l'objet de nombreuses discussions. Ironiquement, cette appellation, historiquement associée à celle du gouverneur de l'Église d'Angleterre fondée par le roi Henri VIII en opposition à Rome, est en fait d'origine catholique, accordée à ce même roi par le pape Léon X en 1521 en reconnaissance de l'opposition du jeune Henri aux thèses de Luther promulguées en 1517. Le titre est resté malgré la rupture avec la Papauté en 1536, mais accompagné plus tard d’un serment farouchement anticatholique récité par les monarques britanniques entre 1701 et 1910, jurant de défendre la religion protestante réformée et qualifiant les pratiques du catholicisme de « superstitieuses et idolâtres ».

    Lors d'un entretien controversé en 1994, Charles, alors prince de Galles, avait suscité beaucoup de commentaires en exprimant sa préférence pour une modification de la formulation « défenseur de la foi » en faveur de l'expression plus large « défenseur de foi(s) ». En 2015, s'adressant à la BBC, le futur monarque a précisé qu'il souhaitait être « perçu comme un protecteur des croyances », respectant « l'inclusion de la foi des autres et leur liberté de culte dans ce pays ». Dans une certaine mesure, on pourrait lire ces propos comme une simple reconnaissance de l'évolution de la démographie religieuse dans le Royaume-Uni contemporain, pays de plus en plus laïc et pluraliste. Des chiffres récents indiquent que le pourcentage de Britanniques se décrivant comme « chrétiens » a fortement diminué en dix ans (de 59,3% en 2011 à 46,2% en 2021), les personnes « sans religion » passant de 25,2% à 37,2%. Dans le même temps, les religions non-chrétiennes sont devenues de plus en plus visibles dans la vie publique : le Premier ministre actuel Rishi Sunak (qui a lu un passage de la Bible lors de la cérémonie de couronnement) est hindou pratiquant, tandis que le nouveau Premier ministre écossais, Humza Yousaf, est musulman. 29,9% de la population de la deuxième ville d'Angleterre, Birmingham, est islamique, et il n'est pas rare au R.-U. de voir des églises désaffectées transformées en mosquées.

    Toutefois, un examen plus approfondi semble indiquer que le souhait exprimé par Charles d'être un « protecteur des croyances » serait plus qu'un constat de la nature post-chrétienne de la société britannique. Bien qu'il ait affirmé son appartenance à l'église anglicane, il est clair que ses propres intérêts spirituels sont assez éclectiques. On a par exemple noté son penchant pour l'Orthodoxie : son père, le prince Philip, avait été baptisé grec orthodoxe, et sa grand-mère, la princesse Alice de Battenberg, est devenue religieuse orthodoxe (avec quelques accents fort ésotériques). Très critique à l'égard du sécularisme moderne, Charles s'intéresse vivement aux religions non-chrétiennes, non seulement au niveau sociologique mais aussi en raison de son engagement en faveur de la philosophie pérenne d'auteurs tels que René Guenon (1886-1951), selon laquelle toutes les religions seraient les expressions diverses d'une vérité primordiale. Charles est notamment perçu comme islamophile (avec une prédilection pour le mysticisme soufi), convaincu que l'islam a conservé une vision holistique de la relation entre l'humanité et la nature que le christianisme aurait largement perdue. Le lien est évident ici avec l'environnementalisme de Charles, qui remonte à l'influence personnelle de l'écrivain sud-africain Laurens van der Post, disciple mystique de Carl Jung, sur le jeune prince.

    Si le roi Charles s'en est finalement tenu à la formule traditionnelle de « défenseur de la foi » lors de son couronnement, sa vision très large de la spiritualité, en tension évidente avec le christianisme historique de sa mère, la Reine Élisabeth II, soulève une série de questions intrigantes. Dans quelle mesure le roi Charles, en tant que monarque, continuera-t-il à poursuivre ses propres intérêts philosophiques et son activisme environnemental, et avec quel impact sur la vie publique britannique ? Voyant l’inclusivité de la cérémonie anglicane de couronnement non seulement par rapport à d’autres confessions chrétiennes mais aussi d’autres religions, il sera intéressant de voir si le roi Charles (et l’Église d'Angleterre dont il reste techniquement le gouverneur) s’orientera désormais vers le dialogue interreligieux à partir d'un point de vue expressément chrétien, ou plutôt vers une vision syncrétiste. Et peut-être plus inquiétant encore pour certains, il y a la question d'un rapport éventuel entre le programme globaliste du Forum économique mondial et l'éco-spiritualité œcuménique de Charles, qui a proclamé la nécessité d'une « Grande Réinitialisation » en 2020 à côté de Klaus Schwab, président du Forum de Davos. Seul l'avenir nous dira si le « défenseur de la foi » britannique deviendra de facto l'apôtre d'un gouvernement mondial unique, avec la philosophie pérenne fusionnée avec l'écologie comme religion mondiale.

    Pour aller plus loin :

    Charles III et le rapport de la monarchie britannique au pluralisme religieux

    >>> Lire l'article sur : Observatoire international du religieux

  • La résolution de l'ONU sur la soi-disant "éducation sexuelle complète" des enfants a été bloquée

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    De kath.net/news :

    La résolution de l'ONU sur la soi-disant "éducation sexuelle complète" des enfants a été bloquée

    14/05/2023

    22 pays d'Afrique, d'Asie, du monde arabe et d'Europe de l'Est ont exposé avec succès leurs objections à un projet poussé par le gouvernement américain et l'UE, selon lequel les enfants devraient être initiés, entre autres, à l'idéologie transgenre.

    New York (kath.net/mk) 22 Etats d'Afrique, d'Asie, du monde arabe et d'Europe de l'Est ont empêché la Commission de la population et du développement de l'ONU d'adopter une résolution demandant une "éducation sexuelle complète" pour les enfants, comme le rapporte LifeSiteNews. Ce concept comprend l'encouragement des enfants à la masturbation ainsi qu'au choix autonome de leur propre sexe. En outre, les enfants devraient avoir accès à l'avortement et aux moyens de contraception sans le consentement des parents. La résolution a été poussée par le gouvernement américain et l'Union européenne et a finalement été présentée à la Commission par l'ambassadeur moldave. Après des heures de débat initié par les 22 Etats, il a dû retirer le projet.

    La déléguée pakistanaise a condamné les pays occidentaux pour avoir lié l'aide au développement à l'adoption de tels concepts idéologiques. Alors que l'ONU fait de l'éducation sexuelle un thème majeur, 263 millions d'enfants n'ont pas accès à l'éducation de base et aux soins de santé. L'émissaire égyptien a souligné le refus de l'Occident de reconnaître le droit prioritaire des parents à éduquer leurs enfants. En d'autres occasions, la ministre hongroise de la Justice Judit Varga a récemment déclaré que la Hongrie ne ferait aucun compromis sur ses lois favorables à la famille et qu'elle resterait ferme sur la législation de protection de l'enfance la plus stricte d'Europe. La présidente hongroise Katalin Novák s'est également exprimée dans ce sens.

  • Zelensky tue dans l'œuf la médiation du Pape

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    De Nico Spuntoni sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    Zelensky tue dans l'œuf la médiation du Pape

    15-05-2023

    Lors de la rencontre de samedi au Vatican, le président ukrainien a répété au pape François qu'il n'était pas intéressé par une médiation car la seule paix possible est la reddition des Russes. Le seul point partagé est l'appel à un effort d'aide humanitaire.

    Guerre et paix. Dans les cadeaux qu'ils ont échangés samedi après-midi, il y a symboliquement toute la distance entre François et Volodymyr Zelensky. Le premier a offert une sculpture en bronze représentant un rameau d'olivier, tandis que le second a opté pour une icône de la Vierge peinte sur la plaque d'un gilet pare-balles. Cet échange suffit à donner une idée de l'issue de l'audience attendue depuis deux jours.

    On imagine l'état d'esprit de Bergoglio, qui considère les ventes d'armes comme "le plus grand fléau du monde", face aux hommes de la délégation ukrainienne en uniforme vert militaire, pistolets de service en vue.

    Le pape a accueilli le président à l'entrée de la salle Paul VI pour un entretien de quarante minutes au cours duquel, selon le Bureau de presse du Saint-Siège, ils ont discuté de la "situation humanitaire et politique" en Ukraine et se sont mis d'accord sur la "nécessité de poursuivre les efforts humanitaires en faveur de la population". Les points qu'ils ont partagés se sont toutefois arrêtés là, comme l'a expliqué plus tard M. Zelensky lui-même, interrogé sur Raiuno par Bruno Vespa.

    L'ancien acteur a critiqué la mission de paix menée par le Saint-Siège. Pour moi, ce fut un honneur de rencontrer Sa Sainteté", a déclaré le président ukrainien, "mais il connaît ma position : la guerre est en Ukraine et le plan doit être ukrainien. Avec tout le respect que je lui dois, nous n'avons pas besoin de médiateurs, mais nous avons besoin d'une paix juste".

    Des mots qui confirment combien la visite au Vatican était une étape obligée du voyage à Rome sur lequel Kiev avait misé pour solliciter le soutien militaire du gouvernement italien. Dans le cas contraire, on aurait pu parler d'un manque de courtoisie à l'égard du Pape de la part de la plus haute autorité d'un pays où les catholiques représentent près de 8% de la population. 

    Zelensky a confié à Telegram le récit de sa rencontre avec François, expliquant encore sa distance avec lui : "J'ai demandé au Pape de condamner les crimes russes en Ukraine, car il ne peut y avoir d'égalité entre la victime et l'agresseur". Une description qui suggère presque une réprimande de visu au pontife pour la manière dont ont été réalisées les deux Via Crucis qui avaient tant irrité Kiev pour la présence d'une femme russe à côté d'une ukrainienne. Mais l'image d'un pape réticent quant à sa responsabilité dans la guerre ne correspond pas à la vérité, contrairement à ce qui a souvent été rapporté dans les médias, peut-être même en transmettant ce message aux chancelleries internationales. Dans une interview accordée au magazine America, François a déclaré sans hésitation que "l'envahisseur est l'État russe, c'est très clair", s'attirant par la même occasion les critiques de Moscou pour ses propos sur les Tchétchènes et les Bouriates. 

    La distinction entre victime et agresseur est parfaitement connue du pape, qui a toutefois une idée très différente de celle de Kiev sur la manière de résoudre le conflit. Je crois que la paix se fait toujours en ouvrant des canaux, on ne peut jamais faire la paix en les fermant", a-t-il récemment déclaré lors d'une conférence de presse dans l'avion qui le ramenait de Hongrie. La même conférence au cours de laquelle il a rendu publique l'existence d'une mission de paix du Saint-Siège sur laquelle Zelensky, à la toute fin de sa visite au Vatican, a semblé suggérer de ne pas trop compter lorsqu'il a révélé qu'il avait parlé à Bergoglio de "notre formule de paix comme étant la seule formule efficace pour parvenir à une paix juste".

    Traduction : la paix passe par une victoire militaire ukrainienne et une capitulation russe. Vous ne pouvez pas servir de médiateur avec Poutine, aucun pays au monde ne peut le faire", a déclaré le président ukrainien à Vespa. Ce n'est pas l'avis de François, qui a déclaré à plusieurs reprises qu'il était prêt à rencontrer Poutine. Et c'est précisément au locataire du Kremlin qu'il a adressé une lettre remise il y a quelques jours à l'ambassadeur russe sortant auprès du Saint-Siège, Alexandre Avdeev. Bref, en quarante minutes au Vatican, le pape a joué le pape et le président d'une nation lésée a joué le président d'une nation lésée. Mais il ne fait aucun doute qu'après la conversation de samedi après-midi, la route de la mission de paix du Saint-Siège est devenue plus ardue.