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Doctrine - Page 121

  • Prêtres mariés : la lucarne des diacres permanents

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    Lu sur le site web de bimensuel « L’Homme Nouveau » ce billet rédigé par l'abbé Claude Barthe* le 27 octobre 2019 dans Res Novae 

    diacres-permanents.png« Personne ne le conteste : le Pape François est un politique génial. Le document final de l’assemblée du Synode sur l’Amazonie le montre une fois encore.

    Tout le monde attendait que le document demande simpliciter que soit désormais possible l’ordination sacerdotale d’hommes mûrs et éprouvés, des viri probati. Il n’en est rien, du moins apparemment : comme si les critiques très fortes venues de toute part avaient été entendues, l’assemblée, guidée d’une main sûre, ne s’est pas engagée en ce sens.

    Elargissement

    En revanche, elle propose, au n. 111 du document, l’ordination sacerdotale de diacres permanents, éventuellement mariés : il est demandé que l’autorité compétente établisse des critères pour ordonner prêtres des « hommes idoines et reconnus par la communauté, qui exercent un diaconat permanent fécond », lesquels pourront avoir une « famille stable légitimement établie ». Lucarne fort astucieuse par laquelle va pouvoir passer l’ordination des prêtres mariés, sans en avoir trop l’air.

    On pourra même se prévaloir du fait que l’on se calque sur la discipline des Eglises orientales, qui font du diaconat une sorte de cliquet : les candidats au sacerdoce qui entendent se marier doivent l’être avant le diaconat, sinon, ils seront tenus au célibat sacerdotal.

    Mesure « libératrice »

    Ainsi donc, on pourra désormais ordonner prêtres ces presque prêtres que sont les diacres mariés. Et pour accéder au sacerdoce, les candidats mariés pourront d’abord être ordonnés diacres « permanents ». L’étape du diaconat étant au reste une obligation disciplinaire rigoureuse.

    Du coup, la mesure « libératrice » n’aura aucun mal à devenir universelle. On devine que les évêques de nos régions, aussi pauvres en prêtres que l’Amazonie, à Langres, à Rodez, à Auch, ne vont pas tarder à demander à pouvoir ordonner prêtres leurs diacres permanents. Le célibat sacerdotal à l’imitation du Christ, gloire ascétique de l’Eglise romaine, aura vécu. »

    Ref.Prêtres mariés : la lucarne des diacres permanents

    Génial? Il y a de bons et de mauvais génies.  Le diaconat permanent restauré à la suite du concile Vatican II peine déjà aujourd’hui à trouver sa propre voie. Une telle mesure lui porterait un coup mortel …

    JPSC

    * L'abbé Claude Barthe dirige la lettre mensuelle internationale (français, anglais et italien)d'analyse et de prospective Res Novae, proposée en version papier et en version numérique.

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  • En Amazonie, le jeu dangereux du pape

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    pape bergoglio SIPA_SIPAUSA30185924_000021_0.jpg

    Sous la signature d’Edouard Husson, sur le site de « Valeurs actuelles », ce 3 novembre 2019 :

    « À force de mépriser les plus fidèles soutiens de l'Église, François prend le risque de voir se nouer une “ convergence des luttes ” au sein de laïcs catholiques plus fidèles au catholicisme qu'au Saint-Père lui-même, analyse Edouard Husson, historien.

    Le synode pour l'Amazonie s'est terminé le 27 octobre, au terme de trois semaines de débats sur un résultat prévisible. Les “ pères du synode ” ont voté en faveur de l'ordination d'hommes mariés, demandé au pape de rouvrir le dossier de l'ordination de femmes au diaconat, réclamé la création d'une liturgie amazonienne spécifique.

    Le document de travail préparatoire au synode avait inquiété par ses références néo païennes et son enracinement dans la vieille théologie marxiste dite “ de la libération ”. Le document final est plus soigné. On y a réintroduit du langage d'Église. On a remis la communion eucharistique au centre : le document préparatoire lui substituait un peu trop visiblement une très rousseauiste communion avec la nature. Le document n'est pas moins jargonnant pour autant. Mais c'est une caractéristique des documents ecclésiastiques depuis qu'existent des conférences épiscopales bureaucratisées. Et puis, rassurez-vous, il y a bien un peu de politique encore : on propose un fonds pour l'Amazonie, on suppose une taxe pour l'alimenter. Au total, même s'il y a eu des débats, plus nourris que prévu, dans la salle du synode, les promoteurs de la réunion, qui ont grandi dans le marxisme, avaient projeté d'utiliser les bonnes vieilles méthodes : suffisamment d'opposants pour qu'il y ait débat ; mais pas assez pour empêcher les points les plus controversés de passer à la majorité des deux tiers.

    Des provocations poussées trop loin ?

    À présent, c'est au pape de dire quelles conclusions il retient. Aussi progressiste soit-il, le Saint-Père sait que son prestige ne subsiste que parce que les catholiques modérés à travers le monde continuent à respecter l'autorité pontificale. François va donc faire en sorte d'apparaître comme un modéré par rapport aux propositions les plus audacieuses du synode : attendons-nous par exemple à ce que l'ordination d'hommes mariés soit limitée strictement à l'Amazonie, à titre d'expérimentation, dans l'exhortation apostolique à venir. Cela n'empêchera pas que les évêques d'Allemagne poussent à la multiplication des expériences. Libre à François de céder, un jour, à la pression de telle ou telle conférence épiscopale…

    Le pape s'adonne donc à son sport favori : rouler sur la ligne blanche, au milieu de la route. Régulièrement il fait lancer des ballons d'essai, puis il reprend la main en modérant la proposition qui lui a été faite, tout en morigénant les catholiques des générations Jean-Paul II et Benoît XVI. En trois semaines, François aura réussi à s'en prendre à trois reprises aux plus fidèles soutiens de l'Église : les opposants résolus au synode sur l'Amazonie auront été traités de « rigides », d'« élitistes » et de « pharisiens ». C'est à se demander si le pape ne roule pas de plus en plus à gauche de la ligne blanche, au risque d'une grave collision. Lui-même a eu du mal à se dépêtrer de l'image désastreuse laissée par la procession et l'exposition de statuettes d'une idole païenne, Pachamama, à Saint-Pierre de Rome puis à Santa Maria in Traspontina. Le 23 octobre, des catholiques fidèles au premier commandement ( « Tu n'auras pas d'autre Dieu que moi ») se sont emparés des Pachamama et les ont jetées dans le Tibre. Le pape s'est fendu d'un petit discours d'excuses vis-à-vis des sensibilités amazoniennes blessées, avant de se lancer dans un récit abracadabrantesque selon lequel les idoles avaient été repêchées dans le Tibre et les  carabinieri les protégeaient en attendant leur éventuelle procession lors de la messe de clôture du synode. Devant le lancement d'une pétition, sur LifeSiteNews.com, pour refuser un nouveau geste d'idolâtrie dans la basilique Saint-Pierre, le pape n'a pas insisté.

    François a-t-il poussé les provocations trop loin ? Au point de devoir se trouver pour la première fois devant une opposition laïque ? La vraie nouveauté des semaines du synode est en effet la “ convergence des luttes ”, sur les réseaux sociaux, entre des laïcs qui ont grandi dans le sillage de Jean-Paul II et Benoît XVI, et d'autres issus de la mouvance traditionaliste. Tous pensent que les évêques, même conservateurs, ne sont pas assez engagés pour admonester fraternellement le Saint-Père. Ils ont désormais un ennemi commun : le modernisme. Et un hashtag pour se retrouver : #unitetheclans. Parti d'Amérique du Nord, autour de personnalités comme John-Henry Westen, Taylor Marshall, Michael J. Matt, ce mouvement fait des émules en Amérique latine, où un certain nombre de catholiques apprécient peu un synode qui, disent-ils, va les affaiblir un peu plus face au succès des prédicateurs évangélistes, et en Europe, où la lecture des ouvrages du Canadien Michael O'Brien est en train de devenir un signe de ralliement : en particulier le roman  Père Elijah, publié en 2008, extraordinaire anticipation d'une apostasie dans l'Église. Sans mauvais jeu de mots, il se pourrait que François ait mangé son pain blanc. En effet, si son autorité sur la hiérarchie épiscopale semble inentamée, au-delà de quelques voix dissidentes, il lui sera beaucoup plus difficile de contrôler des laïcs, rebelles à son autorité au nom de la fidélité au catholicisme.

    Ref. En Amazonie, le jeu dangereux du pape

    JPSC

  • Retour sur "le pacte des catacombes"

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    Sur le site "Smart Reading Press", Aline Lizotte revient sur "le pacte des catacombes" :

    LE PACTE DES CATACOMBES

    31 Oct 2019

    Le 20 octobre, dans les catacombes de Sainte-Domitille, plusieurs dizaines de participants au synode sur l’Amazonie ont renouvelé le «Pacte des Catacombes» signé en 1965 par une quarantaine de participants au concile Vatican II, qui s’engageaient à changer de style de vie et de pastorale pour mieux évangéliser les pauvres. Quel est le contenu de ce nouveau pacte ? Aline Lizotte nous le présente, en le resituant dans le contexte ecclésial latino-américain.

    Le synode sur l’Amazonie s’est terminé le dimanche 27 octobre par la messe de clôture. Nous ne savons pas grand-chose de ce synode, excepté trois paragraphes du document final : les numéros 103, 111 et 119.

    Dans le numéro 103 est exprimé le souhait que le Saint-Père se prononce sur un ministère stable accordé aux femmes «dont le rôle fondamental […] dans l’Église de l’Amazonie et ses communautés a été reconnu et souligné» et «compte tenu des multiples services qu’elles fournissent». Cette reconnaissance ministérielle pourrait être «un diaconat permanent» ou un autre ministère stable. Le vote a été de 137 placet contre 30 non placet.

    Le vote du numéro 111 – le plus mal voté –, portant sur la possibilité d’ordonner à la prêtrise des diacres permanents, fait apparaître diverses tendances. «À cet égard, certains étaient favorables à une approche plus universelle du sujet et proposaient d’ordonner à la prêtrise des hommes appropriés et estimés de la communauté (viri probati). D’autres s’en tiennent à ceux qui ont eu un diaconat permanent fécond et reçoivent une formation adéquate pour le sacerdoce, ayant une famille légitimement constituée et stable pour soutenir la vie de la communauté chrétienne à travers la prédication de la Parole et la célébration des sacrements dans les régions les plus reculées de la région amazonienne». Le vote étant de 128 placet contre 41 non placet – la majorité des 2/3 étant de 121 –, la proposition est passée sans que l’on sache si les votes négatifs sont une protestation par rapport au choix restrictif des diacres permanents ou par rapport au principe même d’ordonner des hommes mariés.

    Enfin, le numéro 119 porte sur la création et l’acception d’un rite amazonien : le nouvel organisme de l’Église en Amazonie doit constituer une commission compétente «pour étudier et dialoguer, selon les us et coutumes des peuples ancestraux, en vue de l’élaboration d’un rite amazonien, qui exprime le patrimoine liturgique, théologique, disciplinaire et spirituel amazonien, avec une référence spéciale à ce que Lumen gentium affirme pour les Églises orientales». Le vote exprime un large consensus : 140 placet contre 19 non placet.

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  • Des prêtres mariés en continence parfaite : la leçon des premiers siècles de l'Eglise

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    De Sandro Magister en traduction française sur le site diakonos.be :

    Des prêtres mariés ? Oui, mais en continence parfaite. La leçon des premiers siècles de l’Église

    Le frère Thomas Michelet, un dominicain, enseigne la théologie à Rome à l’Université pontificale saint Thomas d’Aquin « Angelicum ». Il n’a pas pris part au synode sur l’Amazonie mais il en a suivi les débats, en particulier en ce qui concerne l’ordination au sacerdoce d’hommes mariés.

    Il ne se déclare ni pour ni contre. Mais il a remarqué une amnésie historique monumentale chez la quasi-totalité des hommes d’Église qui se sont attelés à cette question.

    Presque tous oublient – ou n’ont jamais su – qu’au cours des nombreux siècles pendant lesquels on a ordonné prêtre et évêque des hommes mariés, la réception des Ordres sacrés a toujours été liée à l’engagement d’une continence parfaite entre époux. Et ce célibat « second ou conséquent » n’était pas considéré comme un lien purement disciplinaire que l’Église aurait la faculté de dissoudre de sa propre volonté.  Il remonte à l’époque apostolique et donc à une règle dont l’Église ne peut disposer.  Parce que si elle en disposait selon son gré, « elle ne serait plus l’Église des apôtres ».

    Le Père Michelet a donc pris une plume et du papier pour expliquer comment sont les choses dans cette brève note publiée le 29 octobre dans l’édition française du quotidien catholique en ligne « Aleteia » :

    > Ordonner des “viri probati”. Oú est la difficulté?

    *

    Pour commencer, le P. Michelet rappelle que l’Église catholique latine a continué à ordonner des hommes mariés d’âge mûr « au moins jusqu’au XIIe siècle ».  Mais à une condition: qu’au moment de l’ordination, ceux-ci s’engagent « en présence de leur épouse à vivre désormais avec elle en frère et sœur, c’est-à-dire dans la continence parfaite « .

    Cependant, tous ne respectaient pas fidèlement cette forme de vie et nous avons des témoignages d’évêques déposes de leur charge parce qu’ils étaient retournés vivre « more uxorio » avec leur épouse.  Ce fut donc pour protéger cette règle de ses violations trop fréquentes qu’au XIIe siècle, l’Église décida de ne plus ordonner que des prêtres célibataires.

    C’est ainsi qu’il y eut deux types de célibats.  Avec le premier, le célibat « conséquent » des époux, qui a finit par être supplanté et masqué par le second, le célibat « antécédent » des non-mariés.

    Et étant donné que ce second régime était une institution tardive de l’Église, on a fini par réduire le célibat du clergé à « une simple question de discipline », que l’Église pouvait changer quand et comme elle le souhaitait.

    Mais de cette manière, « ce qui a été décidé au XIIe siècle, pour protéger le célibat en le renforçant, a plutôt fini par le fragiliser par une sorte de perte de mémoire ».

    Si donc aujourd’hui nombreux sont ceux qui veulent revenir au régime de l’ordination des « viri probati », conclut Michelet, il faudrait également qu’ils reviennent à la continence parfaite qui était associée à une telle ordination depuis les origines de l’Église.

    Et de citer en guise de conclusion quelques lignes du discours mémorable que Benoît XVI avait justement dédié au célibat lors de la présentation des vœux de Noël à la Curie romaine le 22 décembre 2006.

    ————

    Pour situer la citation de Benoît XVI du 22 décembre 2006 avec laquelle le P. Michelet conclut sa note:

    > Eunuques pour le Royaume des Cieux. Le débat sur le célibat (28.5.2010)

    > Le pape « repense » le célibat du clergé. Pour le renforcer (15.6.2010)

    *

    Le jésuite français Christian Cochini (1929-2017), grand spécialiste de la langue chinoise et de l’histoire de la Chine et qui a été missionnaire pendant des dizaines d’années à Taiwan, en Chine continentale et chez les chinois émigrés au Japon, est l’auteur de la reconstruction historique la plus complète de la norme du célibat dans l’Église catholique.

    On trouvera sur cette autre page de Settimo Cielo un guide de lecture détaillé de son livre, rédigé par Agostino Marchetto ;

    > Le origini del celibato sacerdotale

    *

    Cet autre article en revanche contient le texte intégral, traduit en italien, de l’exposé sur le sens théologique du célibat sacerdotal présenté par la théologienne allemande Marianne Schlosser au symposium sur les « Défis actuels pour l’Ordre sacré » organisé à Rome par la « Ratzinger Schülerkreise » le 28 septembre 2019.

    > “Trópoi kyríou”, il modo di vivere del Signore

    Le 21 septembre dernier, dans un geste de protestation, Marianne Schlosser a démissionné du synode prévu en Allemagne où elle avait été invitée en tant qu’experte au forum sur le rôle de la femme dans l’Église, un forum ostensiblement biaisé dans le but de conférer les ordres sacrés également aux femmes.

    *

    Sur deux livres publiés récemment par un cardinal, le canadien Marc Ouellet et par un évêque, le missionnaire italien Cesare Bonivento, qui prennent la défense du célibat sacerdotal, le premier adoptant une approche plus théologie et le second une approche plus historique :

    > Même un cardinal proche du pape Bergoglio dénonce les dangers des synodes d’Amazonie et d’Allemagne

    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso.

  • François : un pape contesté

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    De "Chrétiens dans la Cité" (blog de la lettre d'information de Denis Sureau) :

    Un pape contesté

    Jamais un pape contemporain n'aura été autant critiqué à un si haut niveau que le pape François.

    Tous les papes ont été critiqués à un moment ou à un autre par une partie des fidèles ou des théologiens (comme Paul VI après la condamnation de la contraception), plus rarement par des évêques (on pense à Mgr Marcel Lefebvre). Or sous le pontificat présent, même des cardinaux dénoncent publiquement des déclarations ou décisions du pape François – et tous ne sont pas aussi conservateurs que le cardinal Raymond Burke ; le cardinal Gerhard Ludwig Müller, ancien préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, et spécialiste de la théologie de la libération, est peu suspect d'intégrisme. Les contentieux sont nombreux et variés.

    Le trouble provoqué par Amoris laetitia sur l'accès des divorcés-remariés à l'eucharistie a suscité les dubia (doutes sous forme de questions) de quatre cardinaux. Doutes restés sans réponses.

    Il y a eu aussi l'affaire Viganò, cet ancien nonce aux États-Unis qui a accusé le pape François d’avoir couvert le cardinal américain pédophile Theodore McCarrick. 

    L'été dernier, l'épuration de l'Institut pontifical Jean-Paul II pour le mariage et la famille, purgé brutalement de la théologie morale du saint pape polonais et des professeurs qui l'enseignaient, a provoqué de violents remous en Italie, et une lettre ouverte a été signée par 200 théologiens (comme Dom Jean-Charles Nault, le père abbé de l’abbaye bénédictine de Saint-Wandrille, ou l'Australienne Tracy Rowland, membre de la Commission théologique internationale)... et le soutien discret de Benoît XVI.

    Dans un autre domaine, le cardinal Zen, archevêque émérite de Hong Kong, a protesté contre les Orientations pastorales pour le clergé de Chine publiées le 28 juin dernier par le Saint-Siège, qu'il juge grosses de dangers pour les fidèles de l'Eglise clandestine.

    Et le déroulement du récent synode sur l'Amazonie a suscité aussi des réactions de trois cardinaux et trois évêques, qui ont exprimé séparément leur opposition au paganisme lors de cérémonies religieuses au Vatican autour des statuettes indiennes Pachamama – « qui étaient là sans intentions idolâtriques », a riposté la pape François.

    A ces contentieux s'ajoute la gestion calamiteuse des finances vaticanes, dont le déficit passerait de 32 millions d'euros en 2017 à 95,3 millions en 2019.

    Contrastant à l'image bonhomme transmise par les grands médias, le pape François a la réputation d'être « très autoritaire », comme le rapporte le vaticaniste Jean-Marie Guénois (Le Figaro, 20/9). A Rome, même certains de ses partisans commencent à douter. 

    A titre d'exemple de cette contestation, on pourra lire ceci : https://www.diakonos.be/synode-sur-lamazonie-le-pape-du-coup-de-bonneteau/

  • Exhortation post-synodale : 6 points écrits d'avance

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    De Sandro Magister en traduction française sur le site Diakonos.be :

    Des paroles aux faits.  Les six points sur lesquels l’exhortation post-synodale est déjà écrite

    Le synode sur l’Amazonie étant à présent derrière nous, il ne reste qu’à attendre ce que le Pape François va décider, sur base des votes qui lui ont été remis dans le document final.

    À en juger par le discours improvisé que Jorge Mario Bergoglio a prononcé en espagnol dans la salle du synode au terme des travaux l’après-midi du samedi 26 octobre, ses décisions ne tarderont pas.  Et elles sont déjà écrites en bonne partie.

    Pour les trouver, il suffit d’analyser morceau par morceau le discours du Pape, dans sa transcription littérale.

    *

    Avant tout, le Pape François a fait comprendre que pour le prochain synode, son thème de prédilection sera la synodalité :

    « L’un des thèmes qui a été voté, qui a eu la majorité – trois thèmes on eut la majorité pour le prochain synode -, c’est celui de la synodalité.  Je ne sais pas encore si c’est ce thème qui sera retenu ou pas, je n’ai pas encore décidé, j’y réfléchis et j’y pense mais je peux déjà vous dire que nous avons fait beaucoup de chemin et que nous devrons cheminer encore davantage sur ce chemin de la synodalité. »

    *

    Deuxièmement, le Pape a dit que le document dans lequel il établira comment mettre en pratique les votes du synode sur l’Amazonie ne tardera pas à arriver, probablement déjà en décembre :

    « L’exhortation post-synodale qui – ce n’est pas obligatoire que le Pape la fasse – la chose la plus probable, non excusez-moi, la chose la plus simple serait : ‘Bien, voici le document, débrouillez-vous’, quoi qu’il en soit, un mot du Pape sur ce que le synode a vécu pourrait être le bienvenu.  Je voudrais la rédiger avant la fin de l’année, de sorte à ne pas laisser passer trop de temps, tout dépend du temps que j’aurai pour penser. »

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  • Selon Messori, tant d'évêques en désaccord avec François auraient peur de le dire

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    De LifeSiteNews.com, en traduction rapide :

    L'intervieweur papal: Il y a tant d'évêques qui ne sont pas d’accord avec François mais qui ont "peur" de le dire

    28 octobre 2019

    Vittorio Messori, célèbre converti italien, journaliste et intervieweur de deux papes, a accusé le pape François d'avoir «touché à la doctrine», d'avoir «mis la main sur ce que le pape devrait plutôt défendre». "Cela a été dit dans une interview plus large, lundi, dans le média italien 'La Verità' à l'occasion de la réédition du livre qu'il a écrit après sa conversion 'Jesus Hypotheses'. En septembre dernier, dans un entretien similaire sur 'La Fede Quotidiana', il a déclaré: «L'Église n'est pas de Bergoglio ou des évêques, mais seulement du Christ.»

    Une interview avait été accordée avant le Synode Amazonien, soulignant les préoccupations déjà exprimées concernant l’agenda du Synode. L’autre est parue après trois semaines de terribles nouvelles en provenance de Rome, mais n’a enregistré aucune réaction de Messori face aux événements plus spectaculaires entourant le synode, tels que le culte de la «Pachamama» dans les jardins du Vatican.

    Il a évoqué l'incapacité du pape François à "défendre la doctrine" en le désignant comme "le premier pape qui semble souvent donner une lecture de l'Évangile qui ne respecte pas la Tradition".

    Vittorio Messori a toutefois rappelé que «l'Église ne faillira pas».

    Messori est bien connu en Italie et dans le monde pour son entretien avec le pape Jean-Paul II (Crossing the Treshold of Hope). Avec le futur pape Benoît XVI, il a publié un autre entretien complet, le 'rapport Ratzinger'.

    Né dans une famille rationaliste et agnostique, il a connu une conversion stupéfiante en lisant le Nouveau Testament lorsqu'il était un jeune homme de 23 ans. Il est devenu un journaliste respecté qui écrit fréquemment sur des questions religieuses. Il a déclaré à 'La Fede Quotidiana' qu'il n'était pas permis de critiquer le pape François dans «l'Église de la miséricorde», après avoir personnellement fait l'objet de pressions auprès du Corriere della Sera pour qu'il cesse sa collaboration après un tel article.

    Voici la partie de l'interview de Messori accordée à 'La Verità' du 28 octobre où il parle du pape François:

    «Aujourd'hui, avec Bergoglio, nous avons l'impression qu'ils veulent mettre la main sur la doctrine d'une manière ou d'une autre. Le pape est le gardien du depositum fidei. Après le Concile, les trois grands papes, Paul VI, Jean-Paul II et Benoît XVI, ont considérablement modernisé l'esprit avec lequel lire et vivre l'Évangile, mais ils ne se sont jamais permis de toucher à la doctrine », a-t-il déclaré.

    Interrogé sur le pape François, il a répondu:

    «On a l'impression que Bergoglio met la main sur ce que le pape devrait plutôt défendre. La doctrine, telle qu'elle s'est développée en 2 000 ans d'études, a été confiée au pape qui doit la défendre et non la changer. Aujourd'hui, nous avons l'impression que c'est précisément ce qui se passe et que cela inquiète particulièrement les croyants. Le même Bergoglio a récemment reconnu que certaines personnes méditaient un schisme. Il déclare également qu'il n'a pas peur de cela. "

    Interrogé sur son "sentiment personnel" à ce sujet, il a déclaré:

    "Certes, il n'y aura pas de schisme, mais l'inquiétude est forte car nous sommes confrontés au premier pape qui semble souvent donner une lecture de l'Évangile qui ne suit pas la Tradition."

    Le 17 septembre, Vittorio Messori a confié à La Fede Quotidiana:

    «Je vois que beaucoup de catholiques sont concernés; certains sont même désespérés. En tant que croyant, cependant, je me souviens que l'Église n'est pas une entreprise, une multinationale ou un État. En bref, elle ne peut pas échouer. Bien sûr, il y a des raisons d’alarme: je pense, par exemple, au prochain Synode Amazonien et aux erreurs qui y sont liées. Je ne sais pas ce qu'ils veulent réaliser, probablement le mariage de prêtres. Cependant, je suis inquiet, mais pas désespéré, car l’Église n’est ni de Bergoglio ni des évêques, mais seulement du Christ et il la gouverne avec sagesse. Les forces du mal ne l'emporteront pas. "

    «Pensez-vous qu'il existe une certaine confusion fondamentale?» A demandé le journaliste Bruno Volpe.

    «Oui, c'est présent, et cela attriste et déroute. Mais je pense qu'à la fin, le Père interviendra. Dieu dépasse notre capacité limitée de voir les choses. "

    A la question: "Pensez-vous qu'il existe une sorte de conformisme, même dans les médias, à propos du pape François?", Messori répond :

    «Le conformisme auquel vous faites référence existe bel et bien. Mais c'est palpable même au sein de l'Eglise. Il est déconcertant que seuls deux ou trois cardinaux nonagénaires s’expriment et protestent. Il y a tellement d'évêques et même de cardinaux avec qui je parle en privé qui lèvent la main pour montrer leur désaccord, mais ils ont peur, ils ne disent rien, ils se taisent. Nuire au pape est découragé depuis 2000 ans, mais cette tendance s’accentue aujourd’hui et l’on peut clairement en faire l’expérience directe. Ils disent que c'est l'Eglise de la miséricorde, mais l'est-ce vraiment? Ceux qui commandent ne tolèrent aucune voix critique. Dans le Corriere, j’ai écrit un article poli dans lequel je posais des questions, formulais des réflexions, et j’ai été couvert d’insultes, notamment de la part de certains médias catholiques. Un comité a été formé pour demander au Corriere de mettre fin à ma collaboration. Ce comité ressemble - pour utiliser une expression à la mode - au "lys magique" [équipe de proches supporters de l'ancien Premier ministre italien Matteo Renzi] du pape. Où est la cohérence avec l'affirmation selon laquelle il s'agit de l'Eglise de la miséricorde, du dialogue ouvert et loyal, de la parresia? Je suis inquiet, comme je l'ai dit, mais pas désespéré. Le Christ n'abandonne pas son Eglise.

  • La fin de l'Eglise tridentine ou la fin du catholicisme tout court ?

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    De l'abbé Guillaume de Tanoüarn sur Metablog :

    Réponse à Isabelle de Gaulmyn sur l'Amazonie

    C'est la fin des saints prêtres... Le responsable de Tradinews a repris sur son site un article de La Croix, signé Isabelle de Gaulmyn, envoyée permanente de ce journal dans la bonne ville de Rome, sur la signification du synode pour l'Amazonie, dont la clôture en grande pompe a eu lieu dimanche. On sait que cette nouvelle institution du synode consiste avant tout à être une courroie de transmission entre le pape et l'épiscopat mondial. Même s'il porte sur l'Amazonie, il a lieu à Rome, avec 250 évêques triés sur le volet et c'est le pape qui en a supervisé les projets (instrumentum laboris) et qui va en écrire la conclusion. Il est donc peut-être un peu tôt pour en parler.

    Mais on sait depuis le Concile Vatican II que, dans le gouvernement de l'Eglise, les impressions, le vécu, les recensions journalistiques sont plus importantes que les écrits. En ce sens l'article d'Isabelle de Gaulmyn indique d'ores et déjà la direction herméneutique que j'appellerais volontiers "conciliaire" pour ce synode. Elle reprend d'ailleurs, sans en donner les référence, une expression qui a déjà servi pour le concile Vatican II : "C'est la fin du tridentinisme". Giuseppe Alberigo, instigateur d'une massive Histoire de Vatican II en plusieurs volumes, définissait ainsi son approche de Vatican II ; le Père Congar a souvent repris cette formule. Isabelle de Gaulmyn réutilise, à son tour, l'expression en la présentant comme toute nouvelle, en tout cas sans nous en offrir la traçabilité. La réémergence de ce tridentinisme, qui, si l'on comprend bien Isabelle de Gaulmyn, ne serait pas mort à Vatican II, comme le voulait Alberigo et Congar, mais bien au récent synode sur l'Amazonie, indique quelque chose comme une révolution à l'oeuvre.

    Quelle révolution ? "la révolution silencieuse". Laissons Isabelle de Gaulmyn nous en parler. Mais surtout laissons lui dire ce qu'a été le concile de Trente (1545-1575) pour elle...

    "Nous sommes encore, consciemment ou pas, largement tributaires de ce Concile, qui date pourtant du XVIe siècle. Visant à conforter une religion mise à mal par les pouvoirs des princes et la Réforme de Luther, le concile de Trente a en effet structuré le catholicisme autour de la figure du prêtre. Le clerc, célibataire, devient alors le pivot central. Il concentre sur sa personne toutes les fonctions sacrées, à partir de l’Eucharistie et de la confession. Cet imaginaire du prêtre idéal, le «  saint prêtre  » identifié au Christ, placé au-dessus des fidèles, condamnés eux à n’être qu’un simple troupeau de brebis bien dociles, a profondément marqué les mentalités de tous les catholiques, et largement favorisé le «  cléricalisme  » ambiant, y compris chez les laïcs."

    Si l'on comprend bien notre journaliste, grâce au synode nous touchons enfin à "la fin des saints prêtres", ces personnes enveloppées de leur saint étui, vêtues de noir et qui ont engendré le cléricalisme partiout où elles passent. Décidément "la cléricalisme, voilà l'ennemi". Le prêtre "célibataire, pivot central de la communauté" a enfin dit son dernier mot : merci l'Amazonie. Quant aux laïcs, ils ne sont plus condamnés à être les moutons du bon pasteur (cf. Jean 10). Ils vont pouvoir commander à leur tour. Commander quoi ? Pour aller où ? Ce n'est pas dit. Mais ce qui apparaît dans le discours d'Isabelle de Gaulmyn, c'est une Eglise dans laquelle enfin le peuple commande. Avec un peu de retard à l'allumage l'Eglise fait sa Révolution de 89. Le "tiers-état des fidèles" va pouvoir prendre sa revanche. Le cardinal Suenens, en ce temps là, souhaitait que Vatican II fut 89. En réalité, il aura fallu attendre les Amazoniens, nouveaux sans culotte, pour que le déclic se produise partout dans l'Eglise et qu'on enterre en grande pompe le tridentinisme.

    Le tridentinisme ? Et si ce terme qui sent bon l'universitaire en mal d'inspiration ne signifiait pas tout simplement le catholicisme ? Isabelle de Gaulmyn nous donne envie de conclure ainsi. Jugez-en :

    "En demandant la possibilité pour l’Amazonie d’ordonner prêtres des hommes mariés, en envisageant la création de nouveaux «  ministères  » (c’est-à-dire de responsabilités au sein des paroisses ou diocèses), avec même la reconnaissance d’un ministère pour «  les femmes qui dirigent les communautés  », en exigeant enfin de rouvrir le débat si explosif sur le diaconat féminin, les évêques du Synode ont clairement signé la fin d’un modèle, celui qui est issu du concile de Trente et de près de cinq siècles de catholicisme".

    Couper avec "cinq siècles de catholicisme", en créant une nouvelle structure, de nouveaux ministères, en mettant des femmes aux commandes et en limitant le rôle du prêtre autant que le rôle des sacrements dont il ne serait que le distributeur : la vision est audacieuse. Elle consiste à doubler ce que le pseudo-Denys appelait la hiérarchie ecclésiastique, en inventant toutes sortes de chaînes de commande humaines, fondées sur tous les charismes imaginables. Au fond, le projet est celui d'une Eglise plurielle, dans laquelle chacun et chacune pourront se vanter d'être les chefs, en revendiquant "un ministère". On confondra ainsi la chaîne ministérielle instituée par le Christ et les chaînes charismatiques, souvent humaines, trop humaines. L'Eglise née d'un tel bazar aura coupé non seulement avec cinq siècles de catholicisme mais avec le Christ lui-même, en perdant sa légitimité.

    Je crois qu'il faut bien distinguer cette "Eglise bazar", dans laquelle l'autorité n'est plus quelque chose de sacré, de hiérarchique, mais une invention du peuple en quête de représentants d'avec l'Eglise catholique, la nôtre, qui, maronite, uniate ou convertie de l'anglicanisme, ordonne déjà prêtres des viri probati et s'apprête à en ordonner d'avantage, tant le manque de prêtres a été une conséquence assurément non souhaitée mais tragique du concile Vatican II. Autant la vision d'avenir d'Isabelle de Gaulmyn n'a aucune légitimité chrétienne, autant l'ordination sacerdotale des viri probati a eu lieu à un moment dans l'Eglise latine. Souvenez vous ces hommes d'âge mûr qui avaient élevé leurs enfants et qui, hauts fonctionnaires à la retraite, devenaient prêtres, puis évêques, ils ont sauvé la chrétienté romaine face aux barbares ariens.

    Qui dit que l'Eglise, essorée par la terrible crise post-conciliaire, n'aura pas besoin un jour, en Amazonie ou en Europe, de semblables acolytes, rendus plus nombreux par l'allongement de la durée de vie ? Mais encore faut-il que cette ouverture, que cette possibilité à la fois ancienne et nouvelle ne signifie pas la disparition du célibat ecclésiastique, la désacralisation du sacerdoce, la naissance d'une nouvelle hiérarchie non sacrée (non christique) dans l'Eglise, bref le grand bazar décrit avec lyrisme par Isabelle de Gaulmyn et qui représenterait, pour l'Eglise du Christ, non seulement une nouveauté mais une chimère, au sens génétique du terme : un être né du croisement impossible entre l'Eglise et le monde, qui serait vraisemblablement un mort-né. Précisons-en l'image : quelque chose comme un évangélisme catholique...

  • L'Eglise face à une révolte des élites ?

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    Avec Edouard Husson sur Atlantico :

    Synode pour l’Amazonie : l’Eglise confrontée à son tour à sa "révolte des élites"

    Le phénomène de révolte, de sécession des élites, vient d’atteindre l’Eglise catholique, comme en témoigne la préparation, le déroulement et les conclusions du synode pour l’Amazonie.

    Dans un livre publié en 1994, peu après sa mort, Christopher Lasch avait forgé l’expression de « révolte des élites ». Il y anticipait ce que nous avons sous les yeux dans tous les pays occidentaux: la tentative des démocrates de renverser Donald Trump, le désir d’une partie des parlementaires britanniques de repousser sine die le Brexit, le déchaînement sur ordre de la police française contre les Gilets Jaunes, les manoeuvres parlementaires italiennes pour faire quitter le pouvoir à Matteo Salvini, sont autant d’exemples d’une oligarchisation de nos sociétés. Des dirigeants économiques devenus de plus en plus riches obtiennent le soutien d’une partie du personnel politique, des journalistes, des intellectuels pour organiser une absence d’alternative politique et une gouvernance transnationale, qui ne voit plus les élections que comme des plébiscites - une partie des classes moyennes supérieures, qui profite du système, est encore prête à jouer le jeu.

    De manière inattendue, le phénomène de révolte, de sécession des élites, vient d’atteindre l’Eglise catholique, comme en témoigne la préparation, le déroulement et les conclusions du synode pour l’Amazonie. 

    Synode pour l’Amazonie?

    Rapppelons pour commencer les faits, de manière succincte.

    1. Au milieu des années 1980, le courant marxiste dit de la « théologie de la libération » avait été condamné par la Congrégation pour la doctrine de la Foi. Les deux esprits lucides à l’origine de cette mesure de bon sens - pouvait-on laisser enseigner le marxisme dans des universités catholiques? - étaient le pape Jean-Paul II (1978-2005) et son successeur Benoît XVI (2005-2013). Cette théologie de la libération était le fruit d’une contamination d’une partie de l’épiscopat  et du clergé latino-américain par les mouvements révolutionnaires latino-américains. La figure emblématique en était Dom Helder Camarra, un prélat courageux mais ouvertement marxiste donc apostat. L’autorité de Jean-Paul II était telle que la condamnation de 1986 fut un coup très dur pour les activistes; ils durent entrer dans la clandestinité; et ceci d’autant plus que les régimes communistes s’effondraient à travers le monde. Les théologiens de la libération se cachèrent mais ils ne disparurent pas. Ils se recyclèrent: Leonardo Boff et d’autres, soucieux de ne pas manquer une nouvelle mode de révolte et de ressentiment intellectuel, se mirent à l’écologie. La théologie de la libération devint celle de la « Terre-Mère » et le nouveau prolétariat, ce furent les Indiens d’Amazonie.

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  • Synode amazonien : un document conclusif sans surprise(s)

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    De Sandro Magister en traduction française sur diakonos.be :

    Les prêtres mariés passent difficilement.  Les femmes diacres recalées.  Les critiques d’un Père synodal

    Le Synode sur l’Amazonie a terminé ses travaux aujourd’hui 26 octobre avec le vote point par point du document conclusif.  Mais ce document n’a aucun effet normatif.  Il a été simplement remis au Pape François afin qu’il décide lui-même quoi faire et qu’il le mette par écrit dans une exhortation post-synodale.

    Les lecteurs trouveront ci-dessous une anthologie des points principaux du documents avec les votes respectifs pour et contre.

    Mais comme guide de lecture, il est conseillé de d’abord jeter un œil au bilan de ce synode publié hier en plusieurs langues – y compris en chinois – par « Asia News », l’Institut pontifical des missions étrangères.

    L’auteur est un missionnaire Uruguayen invité au synode par le Pape François, Martín Lasarte Topolanski, que les lecteurs de Settimo Cielo connaissent déjà et dont ils ont pu apprécier le précédent commentaire.

    Il dresse, pour ce synode, la liste des dix choses qui lui ont plu et des neuf choses qui lui ont déplu.

    On trouvera le texte intégral de ce double « vote » sur « Asia News ».  Nous reproduisons ci-dessous une synthèse abrégée de ses commentaires critiques :

    *

    Les neuf choses qui ne m’ont pas plu dans ce synode

    par Martín Lasarte

    1. Une énergie excessive gaspillée sur des problèmes intra-ecclésiaux, en particulier sur celui des « viri probati » et des « diaconesses ». Ce sujet, qui ne faisait pas totalement consensus, a consommé beaucoup de forces au détriment de la qualité des autres aspects qui eux faisaient consensus.
    2. Une auto-référentialité régionale. Synodalité avec ceux qui pensent comme moi.  Autonomie et pluralisme avec ceux qui pensent autrement, comme dans le cas des Églises sœurs en Asie, en Europe et en Afrique.  Je pense que le thème de la synodalité avec l’Église universelle aurait dû être davantage présent en ce qui concerne les ministères ordonnés.
    3. Il a manqué un plus sens plus profond d’autocritique ecclésial. Je fais référence à la faible incidence pastorale de ces cinquante dernières années dans les diverses réalités ecclésiales d’Amazonie.  Quelles sont les causes de cette pauvreté pastorale et de son infertilité ?  À mon avis, on n’a pas suffisamment abordé les thèmes de l’idéologisation sociale du ministère pastorale et du manque d’un témoignage crédible, cohérent et resplendissant de sainteté des ministres (phénomène de nombreux abandons de la vie religieuse et sacerdotale, ou de vue ambigüe).
    4. De nouvelles pièces sur un vieux vêtement. À mon avis, on n’a pas abordé les problèmes les plus profonds de l’évangélisation.  Quelles sont les nouveaux chemins proposés par le synode ?  Uniquement de nouvelles structures et les ordinations de « viri probati ».  Il me semble de ces nouveautés soient extrêmement pauvres.  De mon point de vue, les nouveaux vêtements que nous devrions endosser avec une nouvelle ferveur consistent en un problème de foi : revêtir le Christ.
    5. On parle d’un « rite amazonien » pour la liturgie. On risque de tomber dans une expérimentation théorique de laboratoire.  Il ne fait aucun doute que l’inculturation de l’Évangile dans la liturgie et dans la vie des communautés amazoniennes soit indispensable mais cela devrait être fait dans la vie concrète et petit à petit, avec une adaptation raisonnable et en prenant le temps de décanter ce qui est réellement authentique dans la culture et de ce qui est vraiment susceptible de transmettre le mystère chrétien avec des symboles et des expressions originales, en évitant une « folklorisation » superficielle et générique.
    6. La cléricalisation des laïcs. Il aurait été possible de résoudre le problème des éventuelles ordinations au sacerdoce des hommes mariés par les voies ordinaires déjà possibles et praticables dans l’Église.  Mais, malheureusement, « le » thème du synode a été l’ordination des hommes mariés, tandis que les autres thèmes sont restés dans l’ombre.
    7. Une vision sécularisée des ministères, en particulier de celui de femmes en tant que « diaconesses ordonnées. » Quand ce thème a été abordé, ce sont uniquement des motivations civiles qui sont mises en avant […] sous la forte pression de la culture dominante.  Il m’a semblé qu’’un certain sens parlementaire a été assez présent : « nous sommes les représentants des peuples d’Amazonie et nous devons porter leurs revendications ».
    8. Le danger d’une église transformée en ONG. On réduit le mystère, la vie et l’action de l’Église à des activités de « conseil » et de service social.  Cette réduction me semble être très présente dans la sensibilité de plusieurs participants au Synode.
    9. L’atmosphère du synode a été assez sereine, fraternelle et respectueuse, mais à la fin certains ont présenter les choses de façon assez clivante. D’une part un club de pharisiens qui serait attaché à la doctrine et effrayé par la nouveauté, et donc fermé à l’Esprit Saint et de l’autre ceux qui écoutent le « sensus fidei » du peuple, sans avoir peur, ouvert à la nouveauté et donc dociles à l’Esprit Saint.  Nous ne pouvons qu’admirer cet Esprit Saint venu si bien préparé et si bien organisé.

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  • Le synode sur l’Amazonie, un sujet local à portée universelle ?

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    Le site web « Aleteia » fait le point dans cet excellent « décryptage » :

    « Trois semaines après le début du synode sur l’Amazonie, les pères synodaux prendront connaissance ce samedi 26 octobre du document final résumant leurs travaux. « Le synode apparaît comme une synthèse du pontificat de François qui pose le paradoxe d’une vision locale, tout en prétendant avoir une vocation universelle », assure à Aleteia l’historien Christophe Dickès.

    Prêtrise et viri probati, femme et diaconat, dialogue interculturel et inculturation… Les sujets abordés par les évêques du monde entier lors du synode consacré au thème « L’Amazonie : de nouveaux chemins pour l’Église et pour une écologie intégrale » ont dépassé les frontières du Vatican. Journaliste, historien et auteur de plusieurs ouvrages dont Le Vatican, vérités et légendes et L’héritage de Benoît XVI, Christophe Dickès revient pour Aleteia sur cet événement.

    Aleteia : Que retenir de ces trois semaines de réflexion ?


    Christophe Dickès : Pour pouvoir répondre pleinement à cette question, il faudra attendre l’exhortation apostolique du pape François qui complètera ce long processus. Mais, comme l’écrivait très bien Marie-Lucile Kubacki, le synode apparaît comme une synthèse du pontificat de François qui pose le paradoxe d’une vision locale, tout en prétendant avoir une vocation universelle. La question est de savoir si les décisions du synode puis du Pape, profondément ancrées dans une culture latino-américaine, doivent s’imposer aux églises européennes, africaines ou asiatiques sans qu’elles aient été consultées. De mon point de vue, le synode est représentatif du règne de François : de sa spécificité dans l’exercice du pouvoir, de ses aspirations idéologiques mais aussi de ses limites pratiques et culturelles. Voire donc de ses paradoxes. Sans chercher l’affrontement direct, le Pape et son entourage utilisent le synode pour développer une ecclésiologie inspirée d’une culture locale, ouvrir de nouveaux débats théologiques sans, à mon sens, en mesurer l’ensemble des conséquences. On le voit dans beaucoup d’autres dossiers comme la gestion des crimes de pédophilies ou des réformes financières : il existe des aspirations mais la mise en pratique pose de nombreuses difficultés d’applications, notamment sur le plan du droit canon.

     Lire aussi : Synode pour l’Amazonie : un défi anthropologique et spirituel

    En Amazonie comme ailleurs, « l’Évangile doit s’inculturer », a estimé le pape François. Il a ainsi mis en garde contre les dangers de nouvelles formes de colonisations. Dans cette région, les peuples doivent recevoir l’Évangile avec leur propre culture. Est-ce là le sens de la proposition de certains des groupes de travail du synode pour l’Amazonie de créer un rite amazonien ?


    L’inculturation est loin d’être un nouveau débat dans l’église. Que l’on pense au dominicain Bartholomeo Las Casas qui prit la défense des Indiens au tournant des XVe-XVI siècles ou encore à Mgr Lavigerie, archevêque d’Alger qui affirmait au XIXe siècle qu’il fallait éviter de transformer les populations africaines en « Européens à la peau noire ». Du point de vue du rite, contrairement aux idées reçues, le rite tridentin s’est imposé tardivement dans l’Église. Au XIXe siècle, il y avait par exemple encore en France un rite artésien, franc-comtois, etc. Il existe d’ailleurs toujours des spécificités rituelles dans l’église comme par exemple pour l’église melkite. La question est davantage de savoir si ce rite amazonien, s’il est créé, respecte la nature et la finalité du sacrement de l’eucharistie. S’il évite de sombrer dans le panthéisme et une désacralisation qui transpiraient dans le document préparatoire – l’instrumentum laboris– du synode. Cependant, et pour revenir à la question de l’inculturation, je ne vois pas comment enlever au christianisme sa part grecque. L’Évangile est un texte rédigé en grec dans une culture judaïque, avec une vocation universaliste. Le lien de la Foi et de la raison grecque, admirablement transposé dans l’encyclique de Jean Paul II et dans les textes majeurs du pontificat de Benoît XVI est indissociable du christianisme. L’apport romain juridique sera plus tardif mais, à la base, il y a bien une culture gréco-judaïque. Celle-ci est associée elle-même à la pensée européenne occidentale et orientale qu’il ne me semble pas possible d’écarter, au risque précisément de dénaturer l’Évangile et de lui faire dire des choses qu’il ne dit pas.

    Les « charismes » des laïcs, en particulier des femmes, pourraient être reconnus comme un « travail ministériel », ont espéré des participants au Synode pour l’Amazonie. Qu’est-ce que cela signifie ?


    Cheville ouvrière du Synode, l’évêque autrichien émigré au Brésil Mgr Erwin Kraütler n’a jamais caché sa volonté de voir un jour des femmes accéder au sacerdoce. Il ne parle même pas de Viri probati (mot masculin) mais de personae probatae parce que l’expression ne spécifie pas le sexe de la personne. Cependant, comme pour le synode sur la famille avec la publication mi-août 2015 du motu proprio Mitis Iudex Dominus Iesus sur les nullités de mariage, le Pape a tenté d’anticiper la demande en publiant le motu proprio Aperuit illis, juste avant le Synode sur l’Amazonie. Par ce texte, il crée un dimanche de la Parole de Dieu et évoque un ministère spécifique de proclamation de la parole ouvert aux femmes. Même si certains veulent aller plus loin, je ne pense pas que le pape travaillera dans ce sens. Faut-il le rappeler, dans l’Église antique, comme l’a montré notamment l’historienne Marie-Françoise Baslez, le ministère des femmes n’existait pas. Il est au mieux très localisé en Orient et encore, sur des communautés marginales et même hétérodoxes.

     Lire aussi : Pourquoi n’y a-t-il pas de femmes prêtres dans l’Église catholique ?

    Quant à l’ordination de laïcs mariés et à la création d’un ministère spécifique – qui ne serait qu’un ministère de sanctification alors que le prêtre a trois devoirs : celui de gouverner, d’enseigner et de sanctifier –, des voix se sont élevées pour mettre en garde contre les conséquences d’une telle décision : le père François Glory des Missions étrangères de Paris a expliqué par exemple que l’ordination d’hommes mariés pouvait « renforcer le cléricalisme » et créer l’effet inverse recherché, à savoir la cléricalisation des laïcs. Mgr Gerardo Anton, vicaire apostolique de San Ramon au Pérou, a dit quant à lui que ce n’était pas là le plus urgent. Quant au cardinal Sarah, il a rejeté l’idée « théologiquement absurde » de la création d’une « double classe de prêtres ». Or, comme on le sait, cette question a dominé les débats du synode. Dans les faits, une frange minoritaire portée par les évêques allemands, souhaite imposer un rythme idéologique qui n’est absolument pas représentatif de l’Église. Alors que le Pape lui-même disait à la veille du synode que cela ne devait pas être le point central du synode.

    Les décisions prises à l’issue du synode pour l’Amazonie ont-elles vocation, à moyen terme, à s’appliquer pour tous les pays ?


    Si l’on en croit Mgr Overbeck, évêque d’Essen, « le synode pour l’Amazonie sera un tournant pour l’Église. » Certains, oui, le souhaitent. Plusieurs évêques allemands veulent résolument tourner la page des pontificats de Jean Paul II et Benoît XVI en imposant, sans concertation et comme l’a montré leur volonté de créer leur propre structure synodale, les mêmes réformes que les protestants. Incapables de répondre à la crise que vit l’Église nationale allemande, ils veulent changer les structures, réformer l’ecclésiologie et même la théologie. Et ils font mine de ne pas savoir que la crise du protestantisme perdure en dépit de ces réformes… Si vous me permettez l’expression, on nous rejoue le « concile des médias » ou encore « l’esprit du concile » ; on évoque « la tradition revivifiée de Vatican II » avec une course à l’innovation sous le prétexte qu’il est « urgent de trouver de nouveaux chemins » comme l’a dit un responsable de la DBK, la conférence des évêques allemands. Mais on ne voit pas pourquoi l’Église allemande donnerait des leçons à l’Église occidentale dans son ensemble. En la visitant, Benoît XVI a dit aux évêques allemands que ce ne sont pas de réformes structurelles dont l’Église a besoin, mais de saints. Ce que le pape François a répété partiellement en disant qu’il ne fallait pas que « les réformes soient déconnectées de la spiritualité sans visée évangélisatrice. »

    Qu’est-ce que ce synode pourrait changer à la notion d’Église universelle ?
    Votre question engage l’avenir et pose en filigrane celle du pouvoir des conférences épiscopales qui, je le rappelle, à la différence de l’épiscopat, n’a pas de fondement évangélique. Cela revient à se demander si, demain, ces dernières vont pouvoir légiférer elles-mêmes, quitte à prendre des libertés vis-à-vis du dogme, du droit canon et de la tradition comme le fait l’Église allemande sur les divorcés remariés. Dernièrement, le cardinal Ouellet a retoqué les évêques allemands sur la question d’un synode national en soulignant que leur positionnement portait précisément atteinte à l’universalité de l’Église.

    Dans l’Histoire, là encore, le rôle des églises nationales est loin d’être inexistant. Que l’on songe au gallicanisme en France, à l’anglicanisme en Angleterre ou au joséphisme en Autriche. Les églises nationales ont aussi un rôle essentiel par exemple dans l’orthodoxie. Il y a naturellement un risque dans ces aspirations. Et ce risque à un nom : celui du schisme et/ou de la division. Ce que, là encore, le pape François a critiqué : « Chaque fois que la communauté ecclésiale a essayé de résoudre ses problèmes seule, faisant confiance à ses forces ou à ses méthodes, à son intelligence, à sa volonté ou à son prestige, elle finissait par accroître les maux qu’elle tentait de résoudre. » D’autant que l’Église possède un principe, celui de subsidiarité, qui a pour vocation de donner un pouvoir à l’Église locale. Tant il est vrai que Rome ne peut tout gérer seule.

     Lire aussi : Qu’est-ce que l’infaillibilité pontificale ? »

    Ref. Le synode sur l’Amazonie, un sujet local à portée universelle ?

    Vers une confusion grandissante dans l’indifférence générale? Un pronostic qui reste à confirmer après avoir pris connaissance du texte conclusif des travaux de cette assemblée (consultative) "ad hoc" qui suivra sans aucun doute, à la majorité requise des deux tiers, les volontés de son maître.

    JPSC

  • Le Club des Hommes en Noir revient pour s'entretenir du Synode amazonien et des inquiétudes qu'il suscite

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    Le Club des Hommes en Noir, deuxième saison : Synode pour l'Amazonie, des inquiétudes !

    Rédigé par La rédaction le  dans Religion

    Le Club des Hommes en Noir, deuxième saison : <br>Synode pour l'Amazonie, des inquiétudes !

    Après l'interruption estivale, Le Club des Hommes en Noir revient pour une deuxième saison et un nouveau format. Cette émission fondée en 2012, sur une radio bien connue, par Philippe Maxence, a un concept simple : l'actualité de l'Église décryptée par des prêtres et un laïc, sans langue de buis ! Vous pouviez les entendre, grâce au studio vidéo de L'Homme Nouveau vous pouvez maintenant les voir ! Désormais les nouveaux épisodes seront disponibles chaque vendredi.

    Cette semaine, c'est le synode pour l'Amazonie qui est au programme. 

     

    Pour commander le livre de Guilhem Golfin : Babylone et l'effacement de César, aux Éditions de L'Homme Nouveau, rendez-vous sur notre boutique en ligne.