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Doctrine - Page 5

  • Synode sur la synodalité à Prague : des voix discordantes

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    De Courtney Mares sur Catholic News Agency :

    Les catholiques européens débattent du résultat final de l'assemblée du Synode sur la synodalité à Prague

    9 février 2023

    Les catholiques européens ont débattu jeudi matin du contenu d'un document final qui influencera les discussions du Synode des évêques au Vatican à l'automne.

    Lors de la dernière journée de discours publics à Prague le 9 février, il a été demandé aux 200 délégués de l'Assemblée continentale européenne si le document final de l'assemblée - rédigé par un comité de six membres - était fidèle à ce qui avait été discuté lors des trois jours précédents de l'assemblée.

    L'évêque ukrainien Oleksandr Yazlovetskiy, évêque auxiliaire latin de Kiev, a été l'un des premiers à prendre la parole, soulevant une objection à l'utilisation répétée du terme LGBTQ sur "une page sur deux" dans le document, suggérant plutôt qu'il serait préférable de couvrir le sujet dans un seul paragraphe.

    L'archevêque Stanisław Gądecki s'est opposé à l'utilisation de l'expression "conservateur et libéral" pour décrire l'Église, suggérant plutôt de préciser si certaines déclarations sont en accord ou en désaccord avec l'Évangile. Le prélat polonais a ajouté que le document ne communique pas la position de l'Eglise dans ses références aux personnes "LGBT".

    L'évêque Georg Bätzing, président de la conférence épiscopale allemande, a déclaré que l'Église ne se trouve pas encore dans une "nouvelle Pentecôte" comme le prétend le document.

    L'archevêque Felix Gmür de Bâle, en Suisse, a noté que certaines parties du texte semblaient "trop vagues" et pourraient être plus claires, notamment en soulignant les points de tension.

    S'exprimant en français, allemand, italien, polonais et anglais, les délégués ont fait des suggestions sur la façon dont le texte pourrait être amélioré.

    L'évêque Brian McGee a déclaré que la délégation écossaise a été surprise de voir comment le document "présentait plusieurs fois l'étiquetage ou la caractérisation de divers groupes dans une seule phrase". "Nous ne sommes pas du tout opposés à cette inclusion, mais nous pensons qu'elle pourrait être traitée de manière plus sensible", a-t-il déclaré.

    L'archevêque Eamon Martin a déclaré que "nous étions un peu gênés" parce que "la voix des pauvres" n'était pas plus importante dans le document, malgré les contributions pendant l'assemblée de Caritas International et d'autres organisations caritatives catholiques. "J'aimerais simplement que le cri des pauvres, le cri de la Terre et le cri de la paix soient un peu plus mis en avant", a-t-il déclaré.

    L'évêque Aliaksandr Yasheuskiy, auxiliaire de Minsk, en Biélorussie, a recommandé que le texte soit clarifié pour noter que les commentaires sur l'ordination des hommes mariés et l'ordination des femmes ne reflétaient pas l'opinion commune de l'assemblée.

    Si la majorité des intervenants qui ont choisi de donner leur avis sur le texte étaient des évêques, plusieurs femmes se sont également adressées à l'assemblée. Anna Diouf, une jeune femme représentant l'Observatoire de l'intolérance et de la discrimination envers les chrétiens en Europe, a demandé comment le texte pouvait souligner le rôle important des femmes dans l'Église sans mentionner la Sainte Vierge Marie.

    En raison des contraintes de temps, les délégués n'ont pas pu lire et réfléchir sur le document final avant d'entrer dans le débat. Au lieu de cela, le Père Jan Nowotnik a lu à haute voix le projet de document qui résume et synthétise les contributions offertes par les catholiques de tout le continent au cours des trois derniers jours.

    La sécularisation, les abus cléricaux, les tensions autour de la liturgie et le dialogue œcuménique figurent parmi les nombreux thèmes mis en avant dans le projet de document encore non publié, qui cherche à fournir une perspective européenne sur une Église synodale.

    Le texte mentionne que l'ordination des femmes au diaconat a été évoquée comme une possibilité lors de l'assemblée et ajoute : "D'autre part, il existe en Europe un net clivage sur l'ordination des femmes au sacerdoce, non seulement entre l'Est et l'Ouest, mais aussi au sein des différents pays occidentaux."

    Le document mentionne également que de nombreux délégués européens ont exprimé leur crainte que le Synode sur la synodalité n'entraîne une "dilution" de la doctrine catholique. "Certains ont souligné que dans un processus comme celui-ci, il y avait un risque de se soumettre à l'esprit du monde. Ces craintes ont également été exprimées au cours de notre réunion, l'inquiétude concernant une éventuelle dilution de la doctrine ou l'utilisation d'expressions sociologiques dans les groupes de travail a été soulignée", indique le document.

    Il n'y a pas eu de vote sur le texte final de la première moitié de l'assemblée. Les organisateurs de l'assemblée ont plutôt demandé si quelqu'un avait des objections à ce que le projet de texte soit rendu public. Le cardinal Jean-Claude Hollerich a assuré les délégués que leurs commentaires et suggestions lors du débat de la matinée seront pris en compte dans la formation du projet final.

    À partir du 10 février, les évêques européens se réuniront en privé pendant trois jours à Prague pour la seconde moitié de l'assemblée afin de réviser collectivement le document, d'écouter les discours du président de la conférence épiscopale de chaque pays et de produire leur propre second document final pour le processus continental du synode.

    L'assemblée de Prague est l'une des sept assemblées continentales du synode qui se tiendront à travers le monde en février et mars. Mgr Hollerich a indiqué que lui-même et le cardinal Mario Grech se rendront aux assemblées continentales de Beyrouth, Bangkok et Bogota, en Colombie, dans les semaines à venir.

    Courtney Mares est correspondante à Rome pour la Catholic News Agency. Diplômée de l'Université de Harvard, elle a effectué des reportages dans des bureaux de presse sur trois continents et a reçu la bourse Gardner pour son travail avec les réfugiés nord-coréens.

  • L’Église est bien malade, mais les remèdes proposés ne sont pas au niveau

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    Une tribune parue dans La Croix :

    « L’Église catholique et ses médecins imaginaires »

    7/2/2023

    Pour le frère Jean-Thomas de Beauregard o.p., l’Église est bien malade, mais les remèdes proposés ne seraient pas au niveau, car « fabriqués à une autre époque où les problèmes étaient tout différents ».

    Le catholicisme occidental est malade : la pratique religieuse en chute libre, les vocations sacerdotales au plus bas, l’accumulation d’affaires d’abus sexuels et spirituels, et la perte de confiance dans les autorités ecclésiastiques… Si le malade est loin d’être imaginaire, l’abondance de médecins à son chevet relève de la comédie de Molière : « C’est le rein ! », s’exclame tel sociologue ; « Mais non, c’est l’estomac ! », rétorque telle religieuse ; « Vous n’y pensez pas, c’est le poumon ! », conclut un théologien tout étonné et flatté qu’on s’intéresse à lui.

    Autour du malade, les médecins de tout poil s’agitent, dans l’indifférence de la foule pour qui le malade est déjà mort, enterré, et surtout oublié, depuis longtemps. Le peuple de Dieu, quant à lui, réduit à peau de chagrin, détourne les yeux, entre indignation et incrédulité devant cette lamentable pantomime.

    Prédire une saignée

    Le malade n’est pas imaginaire, mais les médecins qui lui prescrivent une saignée ressemblent assez aux Diafoirus père et fils de la pièce : ils ont l’âge avancé du père, souvent, la science incertaine du fils, plus encore, et l’inefficacité de l’un comme de l’autre. S’il y a d’ailleurs un miracle scientifique en la matière, c’est de constater que dans et autour du cadavre de l’Église, les fossiles se reproduisent.

    Le bataillon des médecins patentés tient de la farce : des théologiens qui se veulent subversifs mais ne sont que subventionnés par l’institution chantent le vieux refrain du progressisme en imitant les derniers marxistes ou ultralibéraux : « Si nos remèdes ne guérissent pas encore, c’est qu’il faut doubler la dose » ; des religieux de congrégations qui n’ont pas accueilli une vocation depuis trente ans claironnent leurs recettes infaillibles pour retrouver une vie religieuse authentique et des effectifs pléthoriques ; des sociologues ou historiens qui assortissent un diagnostic souvent correct de remèdes hors de leur champ de compétence. La liste des remèdes prescrits vaut la peine d’être examinée.

    Des femmes ordonnées ?

    L’ordination des hommes mariés ou bien des femmes pour relancer les vocations ? Un regard même superficiel sur l’état du protestantisme libéral suffit à en dénoncer l’inanité, comme d’ailleurs pour l’alignement de la foi ou de la morale sur les idées du monde contemporain.

    Plus de femmes et de laïcs dans le gouvernement de l’Église ? Le pape François y exhorte. C’est en effet mieux fondé. Mais l’effet de cette évolution souhaitable sera limité, comme l’illustre la situation des paroisses – où les femmes et les laïcs tiennent le manche – et celle des congrégations féminines – où les abus spirituels et les problèmes de gouvernance existent aussi.

    Plus de démocratie dans la gouvernance ? Oui, bien sûr. L’autorité a besoin d’être éclairée. Mais gare à la manipulation des processus démocratiques par des minorités agissantes, comme on le voit dans le chemin synodal allemand.

    Indécence

    Il y a d’ailleurs quelque indécence à instrumentaliser le drame terrible vécu par tant de victimes d’abus pour refourguer une marchandise périmée fabriquée à une autre époque où les problèmes étaient tout différents. Le médecin qui prétend guérir toutes les maladies de tous les temps avec le même remède se dénonce comme charlatan. En réalité, on ressort le même vieil agenda idéologique en l’habillant des oripeaux de l’urgence et de la compassion. Un rideau de fumée pour mieux camoufler l’abandon de la substance de la foi et de la morale.

    Si la maladie de l’Église se nomme cléricalisme, c’est au sens large que Julien Benda donnait à ce terme lorsqu’il parlait de « trahison des clercs » pour qualifier l’attitude des élites françaises avant et pendant la Deuxième Guerre. Le résultat, c’était la collaboration avec le mal absolu. Prêtres, laïcs, hommes, femmes, théologiens ou sociologues, le cléricalisme est la chose du monde la mieux partagée. Et la trahison des clercs est le dénominateur commun de toutes les crises.

    Une communauté unie par la foi

    Dans l’Évangile, on parle d’une femme hémorroïsse « qui avait beaucoup souffert du fait de nombreux médecins et avait dépensé tout son avoir sans aucun profit, mais allait plutôt de mal en pis » (Mc 5, 25). L’Église est cette femme-là. Le seul qui peut la guérir est Jésus lui-même. Et les remèdes sont connus, efficaces parce qu’ils viennent de Dieu et non pas de l’expertise humaine gonflée au vent de l’époque : les sacrements, l’Écriture sainte, la prière, et la conversion personnelle. Et le courage des décideurs. Sans cela, les ajustements institutionnels, s’il y en a de légitimes, sont voués à l’échec.

    L’Église est une communauté unie par la foi en vue de la sainteté. Toute maladie grave qui l’atteint porte donc sur la foi et la sainteté. Les médecins qui ne croient plus à la gravité du péché ni à la puissance de la grâce, encore moins à un Jugement au terme duquel deux issues sont réellement possibles – le Ciel et l’Enfer –, se rendent incapables de comprendre l’importance de la sanction, de la pénitence et de la conversion.

    L’Église en est là. Mère Teresa avait tout compris, qui répondait à un journaliste qui l’interrogeait sur ce qu’il fallait changer : « Vous, et moi. » Le reste est de la mauvaise littérature et de la mauvaise médecine.

  • Mgr Léonard : "Les enseignements fondamentaux de l'Église sont actuellement menacés"

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    De Solène Tadié sur le National Catholic Register :

    Archevêque belge : Les enseignements fondamentaux de l'Église sont actuellement menacés

    À l'occasion de la sortie de son livre autobiographique retraçant les 50 dernières années de l'histoire de l'Église, Mgr André-Joseph Léonard, archevêque retraité, évoque les grands défis de notre temps.

    Archbishop André-Joseph Léonard
    9 février 2023

    Mgr André-Joseph Léonard, archevêque émérite de Bruxelles-Malines et ancien primat de Belgique, vient de publier un livre qui ne passera sans doute pas inaperçu dans le monde catholique.

    L'Eglise dans tous ses états : 50 ans de débats autour de la foi" se présente comme un récit autobiographique à travers lequel son auteur livre une analyse sans concession des événements qui se sont déroulés dans l'Église au cours des cinq dernières décennies - des dérives théologiques et pastorales qui ont marqué l'après-Vatican II aux débats actuels autour du Synode sur la synodalité et des différents scandales d'abus sexuels qui ont surgi au cours de ces années. 

    Né en 1940 et ordonné prêtre en 1964, Mgr Léonard a été nommé évêque de Namur en 1991, puis archevêque de l'archidiocèse de Bruxelles-Malines en 2010. Il a pris sa retraite en 2015. 

    Ses opinions réputées orthodoxes sur les questions de foi et son franc-parler lui ont souvent valu les foudres de la presse belge. En 2013, des militantes féministes du groupe Femen l'ont pris pour cible lors d'une conférence pour avoir assimilé l'homosexualité à un "blocage du développement psychologique normal" dans une interview de 2007. Les images de l'archevêque en prière silencieuse tout en étant copieusement arrosé par les manifestantes Femen aux seins nus sont devenues virales.

    Auteur d'une trentaine de livres traduits en plusieurs langues, cet éminent philosophe et théologien a également été membre de la Commission théologique internationale de 1987 à 1991, ce qui l'a conduit à de nombreuses rencontres avec son président de l'époque, le cardinal Joseph Ratzinger - le futur pape Benoît XVI. Il a également été chargé de la rédaction de l'encyclique Fides et Ratio (Foi et Raison) de Jean-Paul II en 1998. 

    Dans cet entretien avec le Register, il livre son diagnostic personnel sur les maux qui frappent aujourd'hui l'Église et le monde chrétien, revient sur certains des événements qui ont marqué sa vie d'ecclésiastique et évoque l'héritage des papes Jean-Paul II et Benoît XVI. 

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  • Bruxelles (Stockel), 12 février : "Etre prêt" (repères spirituels), une conférence de l'abbé Grosjean

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    L'abbé Grosjean, curé de la paroisse de Montigny-Voisin, fondateur du Padre blog et des universités d'été, responsable des questions d'éthique et de politique pour son diocèse de Versailles, viendra le dimanche 12 février 2023 à 20 h., nous parler de son 3e livre : "Être prêt, repères spirituels".

    Être prêt et pour cela vivre pleinement et sans attendre sa vie, c'est la thématique que l'Abbé Grosjean se propose d'explorer pour nous.

    L'Abbé Grosjean nous fournira 10 repères pour éclairer et accompagner cette aventure rude et magnifique qu'est notre vocation d'homme, de femme, de chrétien.  Dix méditations qui nous donneront lumière, force, consolation et confiance.

    Par ce livre spirituel concret, simple et incarné, l'Abbé Grosjean nous encourage ; il partage avec nous les fruits de son ministère, de ses rencontres, de son expérience.

    Il s'adresse à toutes les générations à partir de 15 ans et à tous les états de vie et nous enthousiasme par son franc-parler et son enthousiasme.  Oui, nous sommes faits pour la Joie, la Joie vraie !

    Nous vous attendons donc nombreux le dimanche 12 février 2023 à 20h à l'église Notre-Dame-de-Stockel.  La participation aux frais est libre. Les 3 livres de l'Abbé Grosjean vous seront proposés à la vente avant et après la conférence.

  • Une nouvelle Constitution apostolique pour repousser l'enseignement traditionnel et son rite hors de la vie de l'Église

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    Des informations publiées par le site Summorum-Pontificum.de à prendre avec précaution en attendant d'autres confirmations (traduction "de travail") :

    Plus que de simples rumeurs - des nouvelles du marais

    4 février 2023

    Notre source romaine s'est exprimée avec de nouvelles informations et des éclaircissements sur la Constitution apostolique attendue pour repousser l'enseignement traditionnel et son rite hors de la vie de l'Église.

    Selon cela, l'objet du document est l'interdiction expresse d'administrer les sacrements et les sacramentaux sous la forme traditionnelle, telle que réglementée dans le rituel romain traditionnel ou le pontifical. Baptême, mariage, confirmation - uniquement dans le nouveau rite, et en latin uniquement dans la mesure où ils sont célébrés en latin dans le cadre d'une célébration du Nouvel Ordo. Notre source n'a pas pu dire dans quelle mesure un permis spécial est requis pour ces derniers, comme c'est déjà le cas dans certains diocèses américains.

    Cette interdiction s'applique également expressément à l'ordination des diacres et des prêtres – à l'avenir, même dans les communautés fidèles à la tradition, elles ne pourront avoir lieu que selon la liturgie réformée. L'administration des sacramentaux traditionnellement appelés "consécrations mineures" - pour lesquelles il n'existe pas de nouveau rite - est interdite.

    La "liberté" des prêtres des communautés traditionnelles pour la célébration de la messe d'après le missel enregistré sans autorisation spéciale est limitée à l'utilisation dans les maisons "canoniquement établies" de ces communautés.

    Cette information actuelle, qui dépasse apparemment le statut de simples rumeurs, désigne également la Semaine Sainte comme date de publication du document - c'est-à-dire probablement l'anniversaire de la Constitution Missale Romanum de Paul VI. le 3 avril.

    Le "croyant normal" ne devrait plus entrer en contact avec ce qui est catholique depuis deux mille ans - et s'il le fait, alors avec la mauvaise conscience de faire quelque chose "d'interdit". Un abus spirituel au plus haut niveau; le Pape comme un meurtrier des âmes ?

    La deuxième cible de l'attaque est les communautés de tradition, qu'il s'agit d'attaquer au plus profond de leur être par l'interdiction ou la restriction la plus stricte de leur travail pastoral et en particulier par l'interdiction de la consécration dans le rite traditionnel. Ses membres doivent également être contraints de comprendre l'histoire de deux mille ans de l'Église du Christ comme un chapitre dépassé, voire fermé, et de prêter serment d'allégeance à l'Église du Zeitgeist (de l'air du temps), qui a été revivifiée par le "l'esprit de Vatican II" et nouvellement fondé par le Pistolero de la Pampa. Les effets concrets que cela aura sur les séminaires et la situation des jeunes talents des instituts devraient bientôt se faire sentir.

    Deux observations récentes confirment la tendance et justifient les pires craintes. D'une part, dans un récent discours, l'actuel occupant du Siège de Pierre a déclaré qu'il avait des réserves morales sur l'homosexualité. Cela lui a valu un "Dubium" réprimandant de la part de son frère James Martin. François y répondit immédiatement par une lettre manuscrite dans laquelle il s'excusa diligemment et suggéra une lecture de ses déclarations qui agréerait davantage au Père Martin.

    Le second est peut-être encore plus typique : avec des décrets détaillés au début du mois, François a fondé un "Centre d'éducation Laudato Si pour la conversion écologique" plus orienté vers la pratique et un "Centre d'étude Laudato Si pour la réorientation écologique" plus théorique. Les deux institutions ont été dotées de privilèges institutionnels et financiers étendus et ont été affectées à la résidence d'été de Castel-Gandolfo, utilisée par les papes précédents, comme locaux pour leurs activités sans aucun doute extrêmement bénéfiques. D'importants travaux de rénovation auraient déjà commencé dans ce Borgo Laudato-Si, qui s'appelle désormais ainsi.

  • L'assemblée continentale synodale de l'Europe va-t-elle adopter les objectifs de la "voie synodale" allemande ?

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    De Luke Coppen sur The Pillar :

    Les dirigeants allemands plaident en faveur de la "voie synodale" lors de la réunion synodale de l'Europe

    Les évêques Georg Bätzing et Irme Stetter-Karp ont pris la parole lors de la première journée complète de l'assemblée synodale continentale de l'Europe à Prague.

    6 février 2023

    Les dirigeants catholiques allemands ont exhorté lundi les participants à l'assemblée continentale synodale de l'Europe à envisager d'adopter les objectifs de la "voie synodale" controversée du pays."

    L'évêque Georg Bätzing, président de la conférence épiscopale allemande, et Irme Stetter-Karp, présidente du Comité central laïc des catholiques allemands (ZdK), ont déclaré aux délégués réunis à Prague le 6 février que l'Église avait besoin de changements structurels en réponse aux abus systémiques.

    S'exprimant lors de la première journée complète de la réunion, ils ont insisté sur le fait que l'Église en Allemagne voulait poursuivre les réformes dans l'unité avec les catholiques des autres pays européens, plutôt que d'emprunter un "chemin spécial" (Sonderweg) qui, selon les critiques, pourrait mener au schisme.

    L'évêque Bätzing a déclaré : "Nous avons commencé un chemin synodal en 2019 parce qu'une enquête scientifique sur les abus dans notre Église nous a montré : il y a une grave culpabilité individuelle ; beaucoup trop de clercs ont abusé de leur pouvoir et les responsables, notamment les évêques, ont couvert les méfaits. Mais il y a aussi des causes systémiques de l'abus de pouvoir. Nous ne pouvons pas les nier. Nous sommes déterminés à en tirer les conséquences : spirituelles et structurelles."

    "Les situations dans lesquelles nous vivons en Europe sont différentes. Nous avons besoin de réponses convaincantes sur la façon dont nous pouvons redécouvrir et proclamer l'Évangile dans ces situations. Mais nous ne devons pas emprunter des chemins particuliers. Nous marchons ensemble sur le chemin que l'Esprit de Dieu conduit notre Église : dans de nombreux endroits, avec de nombreuses personnes, sous de nombreuses formes. C'est un kairos [moment opportun] de l'Église pour découvrir et façonner sa synodalité."

    Mgr Bätzing a ensuite exposé six priorités, en réponse à une question du Document pour l'étape continentale (DCS), le texte de travail pour l'étape actuelle du processus synodal mondial, qui demande "quelles intuitions résonnent le plus fortement avec les expériences vécues et les réalités" de l'Église locale.

    L'évêque allemand a déclaré : "Nous entendons que les femmes attendent plus de participation et d'implication - et que c'est une préoccupation de toute l'Église. Nous entendons que les fidèles veulent avoir leur mot à dire lorsque leurs affaires sont délibérées et décidées. Nous entendons que de nouvelles formes sont recherchées pour façonner la fonction sacerdotale."

    "Nous entendons que le renforcement de l'œcuménisme est une préoccupation sincère de toute l'Église catholique. Nous entendons que l'Église doit être ouverte aux personnes dont le style de vie n'est pas conforme aux normes du Catéchisme, y compris les personnes homosexuelles."

    Il a ajouté : "Nous entendons et comprenons ces préoccupations. Je les partage personnellement. Je considère que ma tâche en tant que président de la conférence épiscopale allemande est de les faire entrer dans le processus mondial destiné à renouveler l'Église."

    Dans son discours, Irme Stetter-Karp a noté qu'une "guerre meurtrière" fait rage en Europe.

    "Nous avons besoin ici à Prague d'un signe de solidarité avec les victimes des guerres, d'un signe d'espoir pour la paix. Nous n'en avons pas seulement besoin sous forme de déclarations. Nous en avons besoin dans la manière dont nous sommes l'Église", a-t-elle déclaré.

    "Nous avons besoin de moyens pour confesser sincèrement notre culpabilité et renforcer notre unité. Nous avons besoin de moyens pour parvenir à l'égalité des sexes. Nous avons besoin de moyens pour accueillir les gens. Notre objectif est de surmonter le cléricalisme et de renforcer notre responsabilité commune de proclamer l'Évangile. Nous n'avons pas besoin d'uniformité. Nous avons besoin d'unité dans la diversité. Cherchons ensemble les meilleures réponses."

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  • L'inclusivité ? - "Tous sont les bienvenus, mais aux conditions du Christ, pas aux leurs"

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    De kath.net/news :

    L'inclusivité ? - "Tous sont les bienvenus, mais aux conditions du Christ, pas aux leurs".

    7 février 2023

    L'évêque américain Barron fait part de ses inquiétudes concernant le prochain Synode mondial des évêques et les notions d'inclusivité et de culture de l'accueil - Barron : Jésus a vécu une culture de l'accueil radicale, mais cela a été "systématiquement accompagné de son appel à la conversion".

    Vatican (kath.net) Il se sent de plus en plus mal à l'aise avec deux mots qui jouent un rôle important dans le contexte du synode mondial du Vatican et d'un document du Vatican y afférent, à savoir "inclusivité et culture de l'accueil". C'est ce que reconnaît l'évêque Robert Barron de Winona-Rochester dans une contribution pour le projet évangélique "Word on Fire" qu'il a fondé.

    L'évêque Barron explique dans son article : "Nous entendons régulièrement que l'Eglise doit devenir un lieu plus inclusif et plus accueillant pour une multitude de groupes : pour les femmes, pour les personnes LGBT+, pour les divorcés remariés civilement, etc. Mais je n'ai pas encore trouvé de définition précise de ces deux termes. À quoi ressemblerait exactement une Église accueillante et inclusive ? S'adresserait-elle toujours à tous dans le sens d'une invitation ? Si oui, la réponse devrait évidemment être oui". Mais l'Église validerait-elle ainsi "les choix de comportement et de style de vie de chacun" ? Il espère qu'il est clair que la réponse est "non".

    Car Jésus-Christ a vécu une attitude d'accueil radical de manière extrêmement claire dans sa pratique de la "communion ouverte à la table", non seulement avec les justes, mais de manière "extrêmement contre-culturelle" "avec les pécheurs, les pharisiens, les collecteurs de taxes et les prostituées". Toutefois, "cette inclusivité du Seigneur a été accompagnée sans ambiguïté et de manière conséquente par son appel à la conversion. En effet, le premier mot qui sort de la bouche de Jésus dans son discours inaugural dans l'évangile de Marc n'est pas "Bienvenue !" mais "Repentez-vous !" À la femme surprise en flagrant délit d'adultère, il dit : "Va et ne pèche plus !". "Dans l'action pastorale de Jésus, il y a un équilibre remarquable entre acceptation et défi, entre atteindre tout le monde et appeler au changement. C'est pourquoi je ne qualifierais pas simplement son approche d''inclusive' ou d''accueillante', mais plutôt d'aimante.

    L'évêque Barron a rappelé que "mon propre mentor, le cardinal Francis George, s'est vu demander un jour pourquoi il n'aimait pas l'ambiance derrière la chanson 'All Are Welcome' [Tout le monde est le bienvenu]. Il a répondu qu'elle avait négligé le simple fait que, même si tout le monde est le bienvenu dans l'Eglise, c'est 'aux conditions du Christ, pas aux leurs'".

    Barron conclut par les considérations suivantes : "Une préoccupation générale que j'ai est très fortement liée à l'utilisation conséquente des termes 'culture de l'accueil' et 'inclusivité'. A savoir avec l'écrasement de la doctrine, de l'anthropologie et de l'argumentation théologique authentique par des sentiments ou, pour l'exprimer un peu différemment, la tendance à psychologiser les faits considérés. L'Église n'interdit pas les actes homosexuels parce qu'elle aurait une peur irrationnelle des homosexuels. Elle ne refuse pas non plus la communion dans les mariages irréguliers parce qu'elle s'amuserait à être un club exclusif. Elle n'interdit pas non plus l'ordination des femmes parce que des vieillards grincheux au pouvoir ne supportent tout simplement pas les femmes. Mais elle formule pour chacune de ces positions des arguments basés sur l'Écriture, la philosophie et la tradition théologique, et chacune a été ratifiée par l'enseignement faisant autorité des évêques en communion avec le pape. Remettre en question tous ces enseignements établis parce qu'ils ne correspondent pas aux canons de notre culture contemporaine entraînerait l'Église dans une véritable crise. Honnêtement, je ne crois effectivement pas que le pape François avait en tête ces secousses sur les fondements lorsqu'il a convoqué un synode sur la synodalité".

  • Le sens de la communion : un inédit de Benoît XVI

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    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso (traduction de Diakonos.be)

    La messe catholique comme personne ne l’avait jamais expliquée. Un inédit du Pape Benoît

    Des quinze textes rédigés par Benoît XVI après sa renonciation à la papauté et dont il a souhaité la publication après sa mort, dans le volume édité chez Mondadori « Che cos’è il cristianesimo. Quasi un testamento spirituale », quatre sont inédits et l’un d’entre eux se distingue de tous les autres.

    Il se compose de 17 pages et s’intitule « Il significato della communione ». Il a été achevé le 28 juin 2018, au moment même où un conflit faisait rage entre l’Église allemande et celle de Rome sur la question de donner ou pas la communion eucharistique aux époux protestants, dans le cas de mariages interconfessionnels, avec un Pape François confus, qui dit tantôt oui, tantôt non, et parfois même oui et non à la fois.

    Dans ce texte, Joseph Ratzinger remonte à la racine de la question. Si même les catholiques réduisent la messe à un repas fraternel, comme le font les protestants, alors tout est permis, et même que l’intercommunion – écrit-il – devienne le sceau politique de la réunification allemande après la chute du Mur de Berlin, comme cela advint effectivement « sous l’œil des caméras de télévision ».

    Mais la messe n’est pas un repas, même si elle est née au cours de la dernière Cène de Jésus. Pas plus qu’elle n’est issue des repas que Jésus a pris avec les pharisiens. Depuis les origines, elle est réservée à la communauté des croyants, soumise « à de rigoureuses conditions d’accès ». Son vrai nom est « Eucharistie » et en son centre, il y a la rencontre avec Jésus ressuscité. Davantage que bien des liturgistes – rappelle Benoît – ce sont ces jeunes qui adoraient en silence le Seigneur dans l’hostie consacrée, au cours des JMJ de Cologne, Sydney et Madrid qui en ont bien compris l’essence.

    Nous reproduisons ci-dessous la première partie de l’essai du Pape Benoît. Docte et fluide à la fois. Avec des éclairs de souvenirs personnels et des allusions rapides et suggestives à des questions telles que les fondements du célibat sacerdotal ou le sens du « pain quotidien » invoqué » dans le Notre Père.

    La publication a été autorisée par Piergiorgio Nicolazzini Literary Agency, PNLA – © 2023 Mondadori Libri S.p.A., Milan, et © 2023 Elio Guerriero pour la direction.

    *

    Le sens de la communion

    de Joseph Ratzinger / Benoît XVI

    Au cours des derniers siècles, la célébration de la Cène n’a pas vraiment occupé une place centrale dans la vie ecclésiale des Églises protestantes. Dans bon nombre de communautés, la Sainte Cène n’était célébrée qu’une fois par an, le Vendredi saint. […] Il est évident que, face à une pratique de ce genre, la question de l’intercommunion n’a aucune pertinence. Seul un conformisme sensible à la forme actuelle de vie en commun catholique est susceptible de rendre cette question humainement urgente.

    Dans l’Église antique, étonnamment, la célébration quotidienne de la Sainte Messe fut très tôt considérée comme étant évidente. Pour ce que j’en sais, il n’y eut aucune discussion autour de cette pratique, qui s’est imposée pacifiquement. Ce n’est qu’ainsi que l’on peut comprendre la raison pour laquelle [dans le « Notre Père »] le mystérieux adjectif « epiousion » ait été presque naturellement traduit par « quotidianus ». Pour le chrétien, le « supersubstantiel » est le quotidiennement nécessaire. La célébration eucharistique quotidienne s’est révélée nécessaire surtout pour les presbytres et les évêques en tant que « prêtres » de la Nouvelle Alliance. En cela, l’état de vie célibataire a joué un rôle important. Le contact direct, « corporel » avec les mystères de Dieu déjà à l’époque de l’Ancien Testament jouait un rôle significatif dans l’exclusion de la pratique conjugale les jours où le prêtre préposé exerçait sa charge. Toutefois, étant donné que le prêtre chrétien traitait avec les saints mystères non plus seulement de manière temporaire, mais qu’il était responsable pour toujours du corps du Seigneur, du pain « quotidien », s’offrir complètement à lui devint une nécessité.

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  • Rebâtir la pratique sacramentelle de la pénitence ?

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    De l'abbé Claude Barthe sur Res Novae :

    Pour une renaissance du sacrement de pénitence

    Une des conséquences peu soulignée du grand chambardement qui a suivi le concile Vatican II est l’effondrement de la pratique de la confession. Le phénomène en dit long sur l’effacement du sens du péché et plus généralement sur la mutation du catholicisme, au moins quant à sa perception par ceux qui y adhèrent. Le retour sera sur ce point aussi nécessaire que difficile pour la pastorale qu’aura à mettre en œuvre une vraie réforme de l’Église.

    Brève histoire de la « seconde pénitence » après le baptême

    L’avertissement Sancta sanctis, « Les choses saintes pour ceux qui sont saints ! », qu’on trouve dans le chapitre VIII des Constitutions apostoliques, rédigées vers la fin du IVe siècle, existe aujourd’hui dans la plupart des liturgies orientales (et aussi dans la liturgie mozarabe), rappelant l’obligation de la pureté de conscience pour approcher de la communion.

    Il convient bien sûr de replacer l’analyse de ce phénomène dans une histoire de ce sacrement. Elle montre une tension continuelle entre la nécessité du sérieux de la conversion, et donc la vérification par le prêtre, autant qu’il est possible, de la véracité du ferme propos (c’est-à-dire la ferme intention de ne pas retomber) pour donner l’absolution, d’une part, et l’importance pastorale d’y faire accéder le grand nombre des chrétiens pour les faire bénéficier de cette purification, d’autre part. Ce qui s’est manifestée par le passage de la confession rarissime à sa multiplication au cours de l’existence, de la pénitence publique à la pénitence privée.

    En effet, la « seconde pénitence » (Tertullien, De pænitentia), pour être purifié des péchés commis après le baptême s’opérait par l’onéreuse pénitence publique, long temps d’expiation des péchés graves (adultère, crime, reniement de la foi), s’achevant par une réconciliation opérée par l’évêque. Mais au VIe siècle, les moines irlandais débarquant sur le continent y importèrent la pratique de la pénitence privée, fréquemment renouvelable, version pour des laïcs d’un usage de monastère, avec pénitences ascétiques ou commutations (messes par exemple). Un mouvement spirituel d’intériorisation de la religion, notamment dans des ordres mendiants, fut un terrain favorable à la diffusion de la confession fréquente, accompagnée pour les fidèles les plus fervents d’une direction spirituelle, sachant cependant que la communion fréquente, à cette époque, restait rare.

    Le IVe concile de Latran, en 1215, imposa à tous les laïcs parvenus à l’âge de discrétion ou âge de raison (l’âge auquel on distingue le bien du mal), la confession annuelle et la communion pascale annuelle dans sa propre paroisse. De fait, cela revenait à imposer une confession au temps de Pâques suivie de la communion – actes sacramentels décrits par l’expression « faire ses Pâques » – le concile de Latran consacrant la confession auriculaire (à l’oreille du prêtre) en remplacement de la confession publique, qui garda cependant longtemps des partisans. Le concile de Trente confirma la discipline de Latran IV, dans le climat de contestation du sacrement de pénitence provoquée par le protestantisme.

    Après le concile de Trente et jusque dans le premier XIXe siècle, la longue querelle entre rigoristes et molinistes, déployée notamment en France et en Italie, témoigne à nouveau de la tension entre ces deux pôles pastoraux. Les maximes gallicanes et janséniste prescrivaient d’user souvent du report d’absolution pour s’assurer de la contrition du pénitent récidiviste (après avoir avoué des péchés graves au confesseur, il devait s’efforcer de ne plus commettre ces péchés et revenir plus tard devant lui pour recevoir l’absolution). Saint Alphonse de Liguori, au XVIIIe siècle, formé par les jésuites, peut être considéré comme le grand représentant de la morale romaine, qui sans être laxiste se gardait d’un rigorisme qui faisait fuir le sacrement. Au XIXe siècle, la morale rigoriste perdit d’ailleurs du terrain, au sein d’un vaste mouvement favorable à l’ultramontanisme (ecclésiologie, liturgie, bientôt philosophie néo-thomiste, et morale). Ainsi le Curé d’Ars, confesseur par excellence, évolua-t-il durant sa carrière pastorale de la sévérité à la française au liguorisme. Si le délai imposé pour l’absolution devint rare, les refus d’absoudre existaient. Des lieux et temps de confessions s’organisaient, comme les missions paroissiales et les sanctuaires de pèlerinage.

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  • Synode : quand le chat est sorti du sac

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    Du Père Raymond J. de Souza  sur le National Catholic Register :

    A présent, avec le Synode sur la synodalité, le chat est sorti du sac

    Les commentaires du Cardinal Robert McElroy la semaine dernière, soutenant que le synode est l'endroit approprié pour renverser les enseignements catholiques fondamentaux, ont mis en lumière la façon dont les dirigeants du Synode sur la Synodalité manipulent eux-mêmes le processus dans la poursuite de ce même objectif.

    1er février 2023

    La récente lettre aux évêques du monde entier du cardinal Mario Grech, chef du secrétariat du synode du Vatican, et du cardinal Jean-Claude Hollerich, rapporteur général du synode sur la synodalité, montre que la gestion d'un synode n'est plus aussi facile qu'avant.

    Les précédents synodes sous le pape François étaient relativement faciles à gérer par rapport au processus synodal actuel sur la synodalité pour une Église synodale. À l'époque, les responsables du synode, après avoir entendu tout le monde, se contentaient d'insérer dans les rapports intermédiaires ou finaux ce qu'ils souhaitaient. 

    Origines du processus synodal sur la synodalité

    C'est ainsi qu'a débuté le processus synodal sur la synodalité pour une Église synodale. Il culminera avec non pas une, mais deux réunions synodales planétaires à Rome, l'une cet automne et la seconde en octobre 2024. 

    Mais cela a commencé en 2018 au Synode sur les jeunes, lorsque le père jésuite Giacomo Costa - l'un des principaux gestionnaires du synode - a simplement inséré du matériel sur les processus synodaux dans le rapport de ce synode. 

    Il serait difficile de penser à quelque chose de moins attrayant pour des jeunes normaux que des réunions interminables sous la direction d'animateurs de groupe. Néanmoins, le secrétariat du synode devait lancer le processus synodal local à planétaire en plusieurs étapes, et il a donc "rapporté" que les pères synodaux souhaitaient que les jeunes catholiques du monde entier s'engagent dans la synodalité.

    Le cardinal Oswald Gracias de Bombay, membre du "conseil des cardinaux" du Saint-Père et proche conseiller du pape, a fait savoir que le secrétariat du synode avait conçu ce texte et a suggéré que le père Costa lui-même en était peut-être l'auteur. 

    Le Cardinal McElroy entre en scène

    Le processus synodal sur la synodalité pour une Église synodale a été quelque peu secoué la semaine dernière lorsque le cardinal Robert McElroy de San Diego a vendu la mèche, ou tiré le rideau, ou simplement dit tout haut ce que beaucoup soupçonnaient. Il a fait valoir que le Synode sur la Synodalité était exactement le bon moment pour approuver l'ordination des femmes diacres, reconsidérer l'ordination des femmes prêtres, mettre de côté l'enseignement scripturaire de Saint Paul sur la non réception de la Sainte Communion en état de péché mortel, et, au moins pour certaines pratiques sexuelles, abandonner complètement le défi de la chasteté.

    Le cardinal McElroy est de loin le plus intelligent, le plus éloquent et le plus instruit - Stanford, Harvard, Berkeley, Gregorian - des cardinaux américains que le pape François a créés, et les gens ont donc pris note.

    Les gens ont donc pris note. Un peu trop, semble-t-il, car on s'est inquiété du fait que le processus synodal d'"élargissement de la tente" comprenait apparemment l'invitation des renards dans le poulailler doctrinal. Il s'agit d'une "inclusion radicale" d'une grande portée, proposant des idées - l'admission ouverte à l'Eucharistie pour tous les baptisés - jamais enseignées dans toute l'histoire de l'Église. 

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  • "L'héritage de Benoît" : un nouveau livre de Peter Seewald

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    De Petra Lorleberg sur Kath.Net/News :

    "Pape Benoît, qu'est-ce qui vous console ?" - "Que Dieu garde tout entre ses mains".

    2 février 2023

    Interview kath.net de Peter Seewald à propos de la parution aujourd'hui du nouveau livre "L'héritage de Benoît" -

    Benedikts Vermächtnis: Das Erbe des deutschen Papstes für die Kirche und  die Welt : Seewald, Peter: Amazon.de: Bücher

    Monsieur Seewald, votre nouveau livre est en quelque sorte un compendium de votre biographie de Joseph Ratzinger/ Pape Benoît XVI. Avec votre ouvrage de base sur la vie de ce pape et notamment grâce à vos recueils d'entretiens avec lui, vous avez ouvert une fenêtre sur un regard intense sur le devenir et l'action de ce pape.

    Peter Seewald : "L'héritage de Benoît" est en effet un compendium ; un livre pour les lecteurs qui veulent s'informer de manière compacte sur le parcours, la personne et l'importance du pape allemand. En fait, je ne voulais rien faire de plus. Mais Tim Jung, l'éditeur de Hoffmamn und Campe, m'a convaincu de l'idée d'atteindre d'autres cercles de lecteurs avec un livre moins volumineux, sous forme de dialogue narratif, après ma grosse biographie du pape. C'est important. Dans le débat sur l'interprétation de Benoît XVI, il faut de la compétence matérielle.

    Avec votre travail de journaliste, vous vous placez sur un pied d'égalité avec des historiens de l'Eglise comme Ludwig von Pastor et Hubert Jedin, malgré certaines différences. Est-ce que ce sont des spécialistes comme vous qui ouvrent aujourd'hui aux gens ce que les théologiens faisaient autrefois ?

    Peter Seewald : Oh là là, c'est beaucoup trop ambitieux. Je ne suis qu'un journaliste à qui l'on a confié une tâche précise. Le défi est de transmettre les choses de la foi à partir de la compréhension de la foi, et de le faire sous une forme que l'on comprend, qui soit lisible et passionnante.

    Les théologiens sont indispensables s'ils font vraiment de la théologie. Une théologie à l'écoute, qui transmet la parole de Dieu dans le langage et avec les connaissances de l'époque, mais aussi fidèlement à la doctrine. Aujourd'hui, la plupart des théologiens qui se pressent sur la scène publique ne voient le mystère chrétien que comme un projet académique, comme l'a fait remarquer un jour Benoît XVI, qui n'a rien à voir avec leur vie. Ratzinger a passionné ses étudiants pour les mystères et la vérité de la foi. Je doute qu'on puisse en dire autant de son successeur actuel à son ancienne chaire de Münster. Cela devient particulièrement gênant lorsque de telles personnes reprochent à quiconque s'exprime ne serait-ce qu'une seule fois en faveur du pape allemand de vouloir construire des légendes et un mythe, alors qu'elles n'ont elles-mêmes rien fait d'autre que de peindre au public une image hideuse de l'ennemi en ce qui concerne Benoît.

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  • Catholicisme et "inclusion"

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    De George Weigel sur First Things :

    L'"INCLUSION" ET LE CATHOLICISME

    1er février 2023

    Dans le temps, les petits catholiques ont appris que l'Église avait quatre "qualités" : L'Église est une, sainte, catholique (comme dans "universelle") et apostolique. Ces qualités découlent du Credo de Nicée-Constantinople, que nous récitons à la messe du dimanche et des solennités liturgiques. Le Catéchisme de l'Église catholique enseigne que l'Église "ne possède pas" ces caractéristiques "inséparablement liées" "d'elle-même" ; plutôt, "c'est le Christ qui, par l'Esprit Saint, fait son Église une, sainte, catholique et apostolique, et c'est lui qui l'appelle à réaliser chacune de ces qualités" (CEC 811).

    Vous noterez que le terme "inclusif" n'est pas une des qualités de l'Église donnée par le Christ, alors que le terme "universel" l'est. Les distinctions, comme toujours, sont importantes.

    L'universalité doit caractériser la mission évangélique de l'Église, car le Seigneur nous a ordonné d'aller "faire de toutes les nations des disciples" (Mt 28,19). Et un certain type d'inclusivité dénote une réalité ecclésiale cruciale : " Car tous ceux d'entre vous qui ont été baptisés dans le Christ ont revêtu le Christ. Il n'y a ni Juif ni Grec, il n'y a ni esclave ni homme libre, il n'y a ni homme ni femme ; car tous, vous ne faites qu'un dans le Christ Jésus" (Ga 3,28). De plus, l'Église est appelée par le Seigneur à servir tout le monde, et pas seulement les siens ; comme l'a souligné le sociologue historique Rodney Stark, les soins paléochrétiens apportés aux malades qui n'appartenaient pas à la communauté croyante ont attiré des convertis dans l'Antiquité classique, alors que les malades étaient généralement abandonnés, même par leur propre famille.

    Ces expressions de l'inclusivité ecclésiale (ou de la catholicité, ou de l'universalité) ne sont toutefois pas ce que la culture occidentale contemporaine entend par "inclusion". Tel qu'il est typiquement utilisé aujourd'hui, le terme "inclusion" est un code pour accepter la définition de soi de chacun comme si cette définition de soi était manifestement cohérente avec la réalité, était intrinsèquement incontestable, et commandait donc l'affirmation.

    Dans ce contexte, il convient de noter que le Seigneur Jésus a parfois pratiqué une sérieuse exclusion. Ainsi, il a exclu de la béatitude un type de pécheur : "Celui qui blasphème contre le Saint-Esprit n'a jamais le pardon" (Marc 3,29). Et sa condamnation de l'impitoyable : " Retirez-vous de moi, maudits, dans le feu éternel préparé pour le diable et ses anges " (Mt 25, 41). Et le sort de celui qui scandalise l'innocent : "Il vaudrait mieux pour lui qu'on lui attache au cou une meule de moulin et qu'on le jette dans la mer" (Luc 17,2). Et sa détermination à jeter "le feu sur la terre" (Luc 12,49) et à brûler tout ce qui est contraire au Royaume de Dieu.

    La question de l'"inclusion" et de l'auto-compréhension de l'Église a été récemment soulevée par un article publié en Amérique par le cardinal Robert McElroy, car la sensibilité exposée dans l'article du cardinal n'est pas celle de la Bible, des Pères de l'Église, du Concile Vatican II ou du Catéchisme. C'est la sensibilité de l'obsession de la culture woke pour l'"inclusion".

    L'article suggère, bien qu'elliptiquement, qu'en raison des préoccupations concernant l'inclusion, l'ordination des femmes au sacerdoce ministériel et l'intégrité morale du sexe gay sont des questions ouvertes. Mais ce n'est pas l'enseignement établi de l'Église catholique. Comment un homme très intelligent qui a prêté des serments solennels dans lesquels il a accepté cet enseignement et promis de le faire respecter peut-il penser autrement ?

    Comme la culture woke contemporaine, l'article du cardinal semble considérer la théorie du genre comme une forme séculaire de vérité révélée. En fait, les théories du "genre" construit culturellement et de la "fluidité du genre" contredisent carrément la révélation divine : "Il les créa mâle et femelle" (Gen. 1:27).

    L'article fait des affirmations extravagantes (et sans source) sur l'"animosité" généralisée contre "les communautés LGBT", jugeant ces attitudes "viscérales" "démoniaques". Mais le cardinal McElroy n'a rien à dire sur les pressions culturelles, professionnelles et légales sévères (et facilement documentables) qui s'exercent sur ceux qui refusent de participer à la culture woke concernant l'ordre propre à l'amour humain.

    L'hymne de la woke inclusion-mania est le concept enfantin de liberté de Frank Sinatra : "Je l'ai fait à ma façon." Brûler de l'encens sur l'autel d'un tel infantilisme ne va pas amener des hommes et des femmes au Christ qui a lié la liberté à la vérité : "vous connaîtrez la vérité et la vérité vous rendra libres" (Jean 8:32). L'Église catholique est une communion d'hommes et de femmes, qui luttent tous contre la faiblesse humaine face aux vicissitudes de la condition humaine. Mais cette communion de disciples a également reçu du Seigneur lui-même les vérités qui libèrent vraiment, des vérités qui ne sont pas sujettes à être affirmées ou niées par des groupes de discussion. Comme l'auteur biblique l'a rappelé à ses lecteurs (et à nous), "ne vous laissez pas égarer par toutes sortes d'enseignements étranges" (Héb. 13:9), qui mettent en péril l'évangélisation.

    L'"inclusion" woke n'est pas une authentique catholicité.                

    George Weigel est Distinguished Senior Fellow du Ethics and Public Policy Center de Washington, D.C., où il est titulaire de la chaire William E. Simon en études catholiques.