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Doctrine - Page 5

  • Cardinal Eijk : « Voici les trois vérités sur l'homme qui permettent de vaincre la culture de la mort ».

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    D'Andrea Gagliarducci sur ACIStampa :

    Cardinal Eijk : « Voici les trois vérités sur l'homme qui permettent de vaincre la culture de la mort ».

    L'archevêque d'Utrecht, médecin et expert en bioéthique, explique comment le catholicisme peut venir à bout de la culture de la mort.

    2 juin 2025

    Il existe trois lignes directrices pour que la métaphysique et la philosophie chrétiennes puissent vaincre la vision séculière du monde, en particulier en termes de bioéthique. La première est une forte opposition au scientisme actuel et établit que l'homme peut être capable de définir et de penser la métaphysique même si cela n'est pas empiriquement démontrable. C'est ce qu'a souligné le cardinal Wilhelm Jacobus Eijk, archevêque d'Utrecht, dans un discours dense prononcé lors de la conférence « The Splendour of Truth in Science and Bioethics » organisée par la Fondation Jérôme Lejeune. Il s'agit de la troisième conférence internationale de bioéthique organisée par la Chaire Lejeune.

    Lejeune est le brillant scientifique français qui a isolé la trisomie 21, ami de Jean-Paul II, qui lui a d'ailleurs rendu visite le jour de la tentative d'assassinat de 1981, et dont la fondation poursuit la recherche sur la trisomie 21. Mais la conférence a aussi voulu rappeler, dès le titre, Veritatis Splendor, l'encyclique de 1993 voulue par Jean-Paul II et qui a aussi des conséquences dans le domaine de la bioéthique, même si l'on célèbre aussi le 30e anniversaire d'Evangelium Vitae, une autre encyclique de Jean-Paul II consacrée à la bioéthique.

    Pour comprendre l'importance de la conférence, il suffit de dire que le Pape Léon XIV a envoyé un message par l'intermédiaire de la Secrétairerie d'Etat du Vatican pour exprimer sa proximité avec les participants.

    Le cardinal Eijk a pointé du doigt la culture séculière actuelle qui a émergé dans le monde occidental depuis les années 1950. Celle-ci, a-t-il dit, « non seulement ne facilite pas le travail de la science et de la bioéthique au service de la vérité », mais elle progresse rapidement dans le monde entier, et pas seulement dans l'hémisphère occidental, notamment par le biais d'Internet et des médias sociaux.

    Trente ans après la publication d'Evangelium Vitae, déclare le cardinal Eijk, la description par Jean-Paul II de la culture d'aujourd'hui comme une culture de la mort « est encore poignante ».

    Ejik déplore que « les individus, ainsi que la société entière et le monde politique, soient impliqués dans cette conspiration contre la vie des êtres humains qui sont malades, handicapés ou incapables de se défendre. Il s'agit d'une culture de la mort, car la valeur intrinsèque de la vie humaine n'est pas reconnue et respectée ».

    Selon le cardinal, « trois facteurs » ont conduit à l'émergence de cette culture de la mort : « l'idée que la connaissance vraie, fiable et utile ne peut être obtenue que par des moyens empiriques et selon une mesure technico-scientifique » ; le fait que la culture actuelle est imprégnée de ce que l'on appelle « l'individualisme expressif » ; et « la vision dualiste de l'homme ».

    Ces trois facteurs sont « étroitement liés » et s'interpénètrent dans un monde où « la valeur de la vie humaine est comparée à d'autres valeurs et peut être plus lourde en fonction des circonstances ».

    En particulier, Eijk note que « l'individu qui se referme sur lui-même est moins susceptible de faire preuve de solidarité avec d'autres êtres humains qui sont faibles ou souffrent de handicaps et d'autres conditions. L'individu met l'accent sur son autonomie et considère non seulement comme un droit, mais aussi comme un devoir, de désigner sa propre religion et sa propre philosophie de vie et de choisir ses propres valeurs éthiques afin de se distinguer des autres et de s'exprimer - c'est pourquoi on parle d'individualisme expressif ».

    Ensuite, le cardinal Eijk note que l'homme, dans la culture actuelle, est perçu de manière dualiste, mais qu'il « ne reconnaît pas l'existence d'une âme immatérielle, mais identifie l'homme à son esprit, à sa conscience humaine, c'est-à-dire à la capacité de penser, de prendre des décisions autonomes et d'établir des relations sociales ».

    En ce sens, « le corps n'a qu'une valeur instrumentale et l'homme a largement le droit d'en disposer. Cela signifie qu'elle peut adapter son corps à ses goûts par la chirurgie esthétique ou par des traitements transgenres, et faire adapter son sexe biologique à l'identité génétique qu'elle a choisie ».

    Comment y remédier ? Le cardinal Eijk propose trois antidotes : considérer qu'il est essentiel de reconnaître que la raison humaine peut connaître des vérités métaphysiques ; que les êtres humains n'ont qu'une domination participative sur la vie ; que la vie humaine est une valeur intrinsèque.

    Le cardinal Eijk explique que « le corps est une fin en soi, et jamais un simple moyen, c'est-à-dire une valeur purement instrumentale. C'est pourquoi l'homme n'a qu'un droit très limité de disposer de son propre corps : il ne peut intervenir sur le corps que dans le but nécessaire de maintenir la vie de la personne dans son intégralité, conformément au principe thérapeutique, qui est le principe fondamental de l'éthique médicale ». Par conséquent, ajoute le cardinal, « l'homme n'a certainement pas le droit radical de disposer de sa vie et de sa mort, et encore moins de celles d'autres êtres humains ».

    En bref, ces trois prémisses sont les antidotes nécessaires. Mais ce sont des antidotes qui doivent à leur tour être nourris par la raison, en dépassant l'empirisme et en allant au-delà de la pensée scientifique actuelle.

    Par ailleurs, le cardinal Eijk, qui avait déjà demandé une encyclique sur le genre dans le passé, a souligné qu'il serait important que l'Académie pontificale pour la vie établisse aujourd'hui des études spécifiques précisément sur le thème du genre et du traitement des transsexuels, un sujet qui est devenu très populaire dans les médias.

  • Pour ou contre le Pape François ? Léon XIV sait comment agir, il a été à l’école des Pères de l’Église

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    De Settimo Cielo (en français sur diakonos.be) :

    Pour ou contre le Pape François ? Léon XIV sait comment agir, il a été à l’école des Pères de l’Église

    Le professeur Lugaresi, qui est l’auteur de l’article publié sur cette page, est un grand spécialiste des Pères de l’Église.

    Tout comme le Pape Léon XIV, qui par ses citations fréquentes des Pères de l’Église, à commencer par « son » Augustin, montre qu’il en comprend la pensée avec une rare profondeur.

    C’est justement cette familiarité du nouveau pape avec la grande « tradition » chrétienne qui est une clé décisive – selon le professeur Lugaresi – pour comprendre comment il entend remplir son rôle de successeur de Pierre, dans le sillage non seulement de ses derniers prédécesseurs mais de toute l’histoire de l’Église, reconduisant ainsi « toute chose à la vérité originelle ».

    L’article qui va suivre est extrait d’un texte plus long, que l’on pourra lire dans son intégralité sur le blog « Vanitas ludus omnis » du professeur Lugaresi.

    L’illustration représente la chaire de Saint Pierre flanquée des Pères de l’Église Ambroise, Augustin, Athanase et Jean Chrysostome, dans l’abside de la basilique Saint-Pierre, réalisée par le Bernin.

    *

    Du bon usage de la tradition. Une note sur le « style » de Léon XIV

    de Leonardo Lugaresi

    Dans la plupart des analyses de nombreux observateurs sur les premiers pas du pontificat de Léon XIV, l’usage des catégories de continuité et de discontinuité me semble prévaloir jusqu’ici, appliqué en comparaison avec le pontificat précédent.

    Cependant, ce critère me semble largement inadéquat pour comprendre le sens de ce qui est en train de se passer dans l’Église, et il n’aide pas particulièrement à comprendre l’un des aspects du style de pensée et de gouvernement du Pape Léon XIV, qui semble pourtant déjà se dessiner avec netteté, surtout sur le plan de la méthode.

    Dans toutes les premières interventions du nouveau pape, on est frappé par le naturel avec lequel il se fait constamment référence à la tradition de l’Église à travers de grands auteurs qui en sont témoins : d’Ignace d’Antioche à Éphrem le Syrien, Isaac de Ninive, Syméon le Nouveau Théologien, Benoît de Nursie, Léon le Grand, en passant à plusieurs reprises par « son » Augustin. Des références brèves, mais qui ne sont pas de pure forme, au contraire, elles sont toutes pertinentes pour les thèmes abordés par le pape. Ces références patristiques s’accompagnent constamment de renvois au magistère des papes modernes, en particulier de Léon XIII et de François.

    Et c’est justement sur ce dernier élément que je voudrais attirer l’attention. On pourrait facilement l’interpréter soit comme une preuve de continuité substantielle du nouveau pape avec son prédécesseur, duquel il ne se distinguerait qu’en surface par des différences de tempérament évidentes et manifestes ; soit, au contraire, comme une posture purement tactique et instrumentale visant à prévenir ou à désamorcer des réactions potentiellement hostiles envers une papauté qui ferait mine d’amorcer une rupture substantielle avec cette soi-disant « Église de François ».

    Je crois que ces deux approches sont erronées l’une comme l’autre. Ce que le Pape Léon a exprimé, dans chacun de ses actes et dans chacune de ses déclarations pendant ses premières semaines de pontificat n’est rien d’autre que la conception authentiquement catholique de tradition.

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  • Pape Léon : dans l’attente des faits. Sur la Curie romaine, le synode et la guerre « juste »

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    De Sandro Magister sur Settimo Cielo (en français sur diakonos.be) :

    Pape Léon : dans l’attente des faits. Sur la Curie romaine, le synode et la guerre « juste »

    Dans les réunions de pré-conclave, on a beaucoup discuté pour savoir s’il fallait poursuivre ou non les processus entamés par le Pape François concernant le gouvernement de l’Église. Et tout le monde est dans l’attente de voir ce que décidera le nouveau pape.

    La Curie vaticane fait partie de ces chantiers de transformation restés inachevés. Et c’est là que le pape Léon (photo, sur la cathèdre de la basilique Saint-Jean-de-Latran)  a donné un premier signal de continuité en nommant, le 22 mai, une femme comme secrétaire du Dicastère pour les instituts de vie consacrée et les sociétés de vie apostolique, ce même dicastère à la tête duquel le Pape François avait installé une autre sœur comme préfète le 6 janvier dernier, Simona Brambilla, toutefois flanquée d’un cardinal-gardien, l’espagnol Ángel Fernández Artime, affublé du titre anormal de pro-préfet.

    La nomination de la part de Léon XIV d’une simple baptisée à une fonction-clé de la Curie romaine a été accueille par les médias comme un pas supplémentaire vers la modernisation du gouvernement de l’Église. Mais ce serait négliger totalement une question capitale connexe, déjà débattue au Concile Vatican II mais restée sans solution claire.

    C’est le cardinal Stella, un vénérable octogénaire, qui a mis le feu aux poudres aux réunions de pré-conclave, avec une intervention qui a fait grand bruit par la sévérité des critiques adressées au Pape François.

    Le cardinal Stella, un diplomate au long cours expert en droit canon, figurait parmi les préférés de Jorge Mario Bergoglio en début de pontificat avant qu’il ne le mette à l’écart en raison de l’incompatibilité évidente de leurs visions respectives.

    Or, le cardinal Stella a non seulement contesté l’absolutisme monarchique avec lequel François avait gouverné l’Église, en violant systématiquement les droits fondamentaux de la personne et en modifiant selon son beau plaisir et de manière désordonnée les normes du droit canon. Mais il lui a également reproché d’avoir voulu séparer les pouvoirs d’ordre, c’est-à-dire ceux qui découlent du sacrement de l’ordination épiscopale, des pouvoir de juridiction, c’est-à-dire ceux qui sont conférés par une autorité supérieure, en optant pour les seconds afin de pouvoir nommer également de simples baptisés, hommes et femmes, à la tête de fonctions-clés de la Curie vaticane et donc du gouvernement de l’Église universelle, sur simple mandat du pape.

    En réalité, cette façon de faire, bien loin d’être un signe de modernisation constituait, au jugement du cardinal Stella et de nombreux experts en droit canon, un retour en arrière à une pratique discutable typique du Moyen-Âge et des Temps modernes, où il était fréquent qu’un pape confère à des abbesses des pouvoirs de gouvernement pareils à ceux d’un évêque, ou confie la charge d’un diocèse à un cardinal qui n’avait été ordonné ni évêque ni prêtre.

    En remontant un peu plus loin dans le temps, ces formes de transmission du pouvoir déconnectées du sacrement de l’ordre étaient totalement inconnues au premier millénaire. Et c’est précisément à cette tradition des origines que le Concile Vatican II a voulu revenir, dans la constitution dogmatique sur l’Église « Lumen gentium », en reprenant conscience de la nature sacramentelle, avant d’être juridictionnelle, de l’épiscopat et des pouvoir qui y son liés, non seulement ceux de sanctifier et d’enseigner, mais également celui de gouverner.

    Lors du Concile, seuls 300 Pères sur environ 3000 ont voté contre cette réforme. Mais avec le remodelage de la Curie entrepris par le Pape François, ce sont les opposants de l’époque qui sortent aujourd’hui gagnants. Et ce n’est pas un hasard si cela leur a valu les critiques des théologiens les plus progressistes et « conciliaires », comme l’a fait récemment le cardinal Walter Kasper.

    Il n’est donc pas étonnant que les critiques du cardinal Stella aient suscité une vague de réaction chez les défenseurs du pape François, dont certains, sous couvert d’anonymat, n’ont pas hésité à crier à la « trahison ».

    Avec la nomination de sœur Merletti comme secrétaire du Dicastère pour les religieux, le Pape Léon, lui aussi très compétent en droit canon, a montré qu’il ne voulait pas se détacher, sur cette question controversée, de l’option adoptée par son prédécesseur.

    Étant entendu que Léon n’entend nullement répliquer l’absolutisme monarchique effréné avec lequel François a gouverné l’Église, comme il a d’ailleurs tenu à en faire la promesse dans l’homélie de la messe inaugurale de son pontificat : « sans jamais céder à la tentation d’être un meneur solitaire ou un chef placé au-dessus des autres, se faisant maître des personnes qui lui sont confiées ».

    *

    Une autre « terra incognita » où l’on attend le Pape Léon concerne précisément celui d’un gouvernement de l’Église non plus monarchique à outrance mais collégial, synodal, conciliaire.

    Là encore, le Pape François a agi de façon contradictoire, avec un torrent de paroles et un synode non-concluant et inachevé pour soutenir la « synodalité », mais dans les faits avec un exercice ultra-solitaire du pouvoir de gouvernement.

    En particulier, dans les réunions de pré-conclave, on avait exhorté de toutes parts le futur pape à restituer aux cardinaux le rôle de conseil collégial du successeur de Pierre qui est le leur et que le Pape François avait complètement supprimé en ne convoquant plus aucun consistoire à proprement parler à partir de celui de février 2014 qui lui avait déplu, sur la question controversée de la communion aux divorcés remariés.

    Mais c’est surtout sur l’avenir du synode des évêques que le pape Léon est attendu au tournant.

    Lors les réunions de pré-conclave, plusieurs critiques ont été soulevées concernant le processus de transformation du synode mis en œuvre par le Pape François. C’est surtout l’intervention argumentée – et publiée par lui en italien et en anglais — du cardinal chinois Joseph Zen Zekiun, 93 ans, selon lequel le changement de nature imprimé au synode des évêques « risque de se rapprocher de la pratique anglicane », et qu’il reviendrait donc au futur pape « de permettre à ce processus synodal de se poursuivre ou bien de décider d’y mettre un terme », parce qu’« il s’agit d’une question de vie ou de mort de l’Église fondée par Jésus ».

    Et l’équipe dirigeante du synode a déjà commencé à mettre la pression sur Léon XIV en réalisant, pendant les derniers jours de vie de François, un agenda détaillé de la poursuite du synode, étape par étape, jusqu’à octobre 2028 et à une « assemblée ecclésiale » conclusive sans plus de précision.

    Cet agenda a été publié le 15 mars avec une lettre adressée à tous les évêques, signée par le cardinal Mario Grech, le secrétaire général du synode, présentée comme « approuvée par le Pape François » qui, à cette période, était hospitalisé dans un état très grave à la Polyclinique Gemelli.

    Et quatre jours après l’élection de Robert F. Prevost, une seconde lettre, cette fois signée également par les deux sous-secrétaires du synode, sœur Nathalie Becquart et l’augustinien Luis Marín de San Martín, a été adressée au nouveau pape avec l’intention non dissimulée de l’inciter à poursuivre le chemin entrepris.

    Mais il n’est pas dit que le Pape Léon – qui a reçu en audience le cardinal Grech le 26 mars – sera lié par cet agenda prévu d’avance, avec l’aval de son prédécesseur, par le groupe dirigeant du synode inachevé sur la synodalité.

    Il est au contraire possible qu’il décide de conclure de synode dans des délais plus brefs, en optant pour une forme de synodalité plus conforme à celle que Paul VI avait établie au lendemain du Concile Vatican II et qui soit cohérente avec la structure hiérarchique de l’Église.

    Ceci afin de permettre de revenir à la dynamique naturelle des synodes, qui est celle d’aborder et de résoudre à chaque fois une question spécifique, choisie pour sa pertinence sur la vie de l’Église.

    Le 14 et le 15 mais, l’Université pontificale grégorienne a hébergé une importante conférence sur le thème : « Vers une théologie de l’espérance pour et par l’Ukraine », dans laquelle une demande de ce genre a été adressée à Léon XIV : celle de convoquer « un synode extraordinaire des évêques pour éclaircir les questions doctrinale ambiguës et ambivalentes de la guerre et de la paix ».

    C’est le cardinal Secrétaire d’État Pietro Parolin et l’archevêque majeur de l’Église grecque catholique d’Ukraine, Sviatoslav Chevchouk qui ont été chargé d’introduire la conférence. Mais c’est le principal conférencier, le professeur Myroslav Marynovych, qui préside l’Institut « Religion et société » de l’Université catholique ukrainienne de Lviv, qui a explicité la demande au pape Léon XIV d’organiser un synode qui fasse la clarté sur ce thème crucial.

    Depuis saint Augustin, la doctrine sociale de l’Église a toujours admis que l’on puisse mener une guerre « juste », à des conditions bien précises.

    Mais tout le monde se rend bien compte aujourd’hui que cette question est en proie à la confusion au nom d’un pacifisme généralisé et capitulard mais aussi à cause du Pape François et de ses invectives incessantes contre toutes les formes de guerre, qu’il rejetait en bloc et sans exception (malgré qu’il ait rarement admis du bout des lèvres le bien-fondé d’une guerre défensive).

    Le discours qu’il a adressé le 17 mai à la Fondation « Centesimus annus » a démontré que Léon XIV était très sensible à la nécessité d’une mise à jour constante de la doctrine sociale de l’Église : une doctrine sociale – a‑t-il déclaré – qui ne doit pas être imposée comme une vérité indiscutable mais élaborée avec un jugement critique et une recherche multidisciplinaire, en confrontant sereinement « des hypothèses, des opinions, avec des pas en avants et des insuccès », à travers lesquels on pourra parvenir à « une connaissance fiable, ordonnée et systématique, sur une question déterminée ».

    La guerre et la paix constituent une matière dramatiquement actuelle pour une confrontation de ce genre, dans l’Église d’aujourd’hui. Et qui sait si le Pape Léon n’y consacrera pas vraiment un synode.

    ———

    Sandro Magister est le vaticaniste émérite de l’hebdomadaire L’Espresso.
    Tous les articles de son blog Settimo Cielo sont disponibles sur diakonos.be en langue française.

    Ainsi que l’index complet de tous les articles français de www.chiesa, son blog précédent.

  • L'ère Paglia prend fin mais les références morales restent sous les décombres

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    De Tommaso Scandroglio sur la NBQ :

    L'ère Paglia prend fin, la moralité reste sous les décombres

    À 80 ans, le prélat et ami de Pannella dit au revoir à l'Institut théologique pontifical Jean-Paul II et à l'Académie pontificale pour la vie, après les avoir renversés tous les deux. Une gestion désastreuse qui a évincé Dieu des désirs et des besoins de l’homme pour marcher bras dessus bras dessous avec le monde.

    28_05_2025
    GIULIANO DEL GATTO - IMAGOÉCONOMIQUE

    La raison invoquée par le Vatican est formelle : avoir atteint la limite d'âge. Et c'est ainsi que Mgr. Vincenzo Paglia a quitté la direction de l'Institut théologique pontifical Jean-Paul II pour les sciences du mariage et de la famille et le cardinal Baldassare Reina a été nommé Grand Chancelier à sa place. Paglia quitte également la présidence de l'Académie pontificale pour la vie (APV) en faveur de Mgr Renzo Pegoraro.

    Quel est l’héritage que Mgr. Paglia nous a laissé ? Rappelons en résumé l’œuvre de destruction que Paglia a menée au détriment de la doctrine morale catholique sous le pontificat de François. Nous sommes en 2017 et l'APV organise une conférence avec l’Association médicale mondiale. La conférence a réuni des intervenants qui se sont prononcés ouvertement en faveur de l'avortement, comme Yvonne Gilli, représentante de la branche suisse du géant de l'avortement Planned Parenthood, et de l'euthanasie, comme René Héman, alors président de l'Association médicale allemande, Volker Lipp, professeur de droit civil à l'Université Georg-August de Göttingen, Heidi Stensmyren, ancienne présidente de l'Association médicale suédoise, Anne de la Tour, ancienne présidente de la Société française de soins palliatifs, et Ralf Jox, professeur à l'Université de Munich.

    Monseigneur Paglia congédie la vieille garde de l'APV et de l'Institut Jean-Paul II, trop attachée aux absolus moraux, et engage des personnalités plus enclines à une morale vouée au situationnisme, à la phénoménologie éthique et au proportionnalisme. Et ainsi, en 2017, Paglia a nommé comme membres du PAV Nigel Biggar – professeur de théologie morale et pastorale à l’Université d’Oxford – avorteur et pro-euthanasie, le professeur Katarina Le Blanc, professeure à l’Institut Karolinska, qui a utilisé des cellules souches embryonnaires dans son travail, et Don Maurizio Chiodi, professeur de bioéthique à la Faculté de théologie de l’Italie du Nord et favorable à l’insémination artificielleà la contraception et à l’homosexualité. En 2022, l'économiste Mariana Mazzucatoathée, militante pro-avortement et membre du Forum économique de Davos, a également rejoint l'APV en tant que membre. D'autres événements ont marqué la vie de l'APV au cours de ces années. En 2017, un séminaire international pour le trentième anniversaire de  Donum Vitae a été annulé : ce document de l’ancienne Congrégation pour la Doctrine de la Foi était clairement en contraste avec le nouveau cours. En février de la même année, Mgr. Paglia fait l'éloge du leader radical Marco Pannella, récemment décédé : « c'est une grande perte pour notre pays », « une histoire pour la défense de la dignité de tous », « un trésor précieux à préserver », « inspirateur d'une vie plus belle pour le monde qui a besoin d'hommes qui sachent parler comme lui ».

    Passons à 2018 : Paglia intervient dans le cas du petit Alfie Evans, vivant grâce au soutien d'une machine spéciale puis condamné à mort par la justice anglaise, et considère le maintien en vie de cet enfant comme une obstination thérapeutique, soutenant ainsi la thèse de l'euthanasie des juges de la Haute Cour de Londres.

    Nous sommes en août 2020 : le gouvernement a publié des directives pour accroître l’accès à l’avortement chimique au milieu de l’urgence Covid. L'APV publie une note critiquant ces directives, mais il manque une critique explicite de la loi 194 et du fait que le temps de prise de ces pilules a été prolongé, prolongeant ainsi également leur efficacité abortive.

    En octobre 2021, Mgr. Paglia est l'invité de  Rebus un talk-show sur Rai 3. A cette occasion, parmi d'autres « bévues », le président de l'époque de l'APV avait exprimé son soutien, bien qu'à contrecœur, à une loi sur le suicide assisté. En novembre de la même année, il intervient lors de la conférence Technologies et fin de vie : la primauté de l’accompagnement, où il se heurte à plusieurs difficultés sur des questions telles que le consentement, le DAT et l’indisponibilité de la vie. En avril 2023, lors d'un festival de journalisme, il revient sur le thème de la « légitimation du suicide assisté » et cette fois son soutien à une règle légitimante est clair, malgré une correction qui n'en est pas une car elle confirme le jugement initial.

    Nous arrivons en juin 2022. La Corsera interviewe Paglia sur le thème de l'avortement et sur la loi 194 (qui autorise le recours à l'IVG) : l'ancien président de l'APV ne profite pas de l'occasion en or pour affirmer que l'Église espère son abrogation, il semble en effet que Paglia ne veuille pas la remettre en question. Les doutes ont disparu après deux mois, lorsque Paglia a déclaré sur Rai 3 que la loi 194 est « un pilier de la société », ajoutant qu'elle n'est « absolument pas sujette à discussion ». En novembre de la même année, il a donné une interview à The Tablet dans laquelle, concernant la légalité de la contraception, le monseigneur s'est exprimé ainsi : « Je crois que le jour viendra où le pape François ou le prochain pape le fera. Mais que puis-je dire ? Bien sûr, nous devons en tenir compte. "

    Également en 2022, le volume de l'APV est publié (Éthique théologique de la vie. L'Écriture, une tradition) qui soutient la bonté de la contraception, pour surmonter les limites imposées par Humanae Vitae, la fécondation extracorporelle et l'euthanasie. Puis en 2024 a été publié le Petit lexique de la belle vie, dans lequel il est clair que l'APV est en faveur de l'euthanasie, la déguisant en refus de l'obstination thérapeutique et du suicide assisté. Le livre suscite une certaine désapprobation et Paglia tente alors de le rafistoler en donnant quelques interviews, mais le rafistolage s'avère pire que le trou.

    En ce qui concerne l’Institut Jean-Paul II, un motu proprio de 2017 du pape François bouleverse son identité, telle qu’elle a été conçue par Jean-Paul II, car le document de référence devient Amoris laetitia : la pastorale supplante la doctrine, les références morales sont données par des cas particuliers, le discernement personnel, la pratique, l’intention subjective, les circonstances, etc. Paglia, bien sûr, embrasse pleinement ce changement de paradigme. Une preuve parmi tant d'autres : la même année, il donne une interview dans laquelle il approuve la communion pour les divorcés remariés. En 2019, Paglia a publié les statuts de l'Institut : la Théologie morale a été supprimée, ce qui revient à supprimer l'examen de droit privé à la faculté de droit, et deux professeurs qui étaient des symboles de JPII et de l'orthodoxie doctrinale ont été torpillés : Monseigneur Livio Melina et le Père José Noriega. D'autres purges suivront, tandis que seront appelés à enseigner des professeurs qui soutiennent une orientation contraire aux enseignements de Jean-Paul II, comme le susmentionné Don Maurizio Chiodi, Don Pier Davide Guenzi, favorable aux comportements homosexuels, et Monseigneur Pierangelo Sequeri, le directeur de l'Institut. La meilleure synthèse de la nouvelle nature qui imprègne l'Institut Jean-Paul II se trouve peut-être dans un article, publié en janvier 2021 sur la page Facebook de l'Institut, qui disait : « défendre le droit à l'avortement ne signifie pas défendre l'avortement ».

    Venons-en à la morale de l'histoire, qui est que plus une histoire apparaît comme un drame, plus elle est complexe. L'APV et l'IJPII dirigés par Paglia sont passés d’une théologie morale fondée sur la Révélation et sur la métaphysique de l’être et de la personne, à une théologie historiciste et subjectiviste. Ce qui est mal en soi est devenu ce qui est mal à mon avis, l'intention subjective a effacé le sens moral objectif des actes, les circonstances se sont transformées en causes légitimant le mal, les phénomènes sociaux sont devenus des paradigmes éthiques de référence, la nature humaine a été supplantée par les coutumes, les conditionnements, les habitudes, les traits psychologiques individuels. En fin de compte, Dieu et ses exigences ont été évincés de tous les simples désirs et besoins de l’homme.

  • Le départ de l'archevêque Paglia marque la fin d'un chapitre mouvementé à l'Institut Jean-Paul II

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    D'Edward Pentin sur le NCR :

    Le départ de l'archevêque Paglia marque la fin d'un chapitre mouvementé à l'Institut Jean-Paul II

    La nomination par le pape Léon XIV du cardinal Baldassare Reina comme grand chancelier inaugure une nouvelle ère pour l'institut qui s'était éloigné du magistère de Jean-Paul II pendant le pontificat du pape François.

    CITÉ DU VATICAN — Que signifie le remaniement de l’Institut théologique pontifical Jean-Paul II pour les sciences du mariage et de la famille ?

    La nomination cette semaine par le pape Léon XIV du cardinal Baldassare Reina, 54 ans, vicaire général de Rome, au poste de grand chancelier de l'institut, est accueillie comme une restauration partielle de l'ordre originel de l'institut, près d'une décennie après que le pape François a bouleversé de manière controversée le corps académique. 

    Dans un bref communiqué lundi, le Vatican a annoncé que le pape Léon XIV avait nommé le cardinal Reina pour remplacer l'archevêque Vincenzo Paglia, qui a eu 80 ans le 20 avril et dont le départ était attendu depuis longtemps.

    Le cardinal Reina, vicaire général du diocèse de Rome depuis 2024, est déjà grand chancelier de l'Université pontificale du Latran, siège de l'Institut Jean-Paul II.

    Jusqu'en 2016, le grand chancelier de l'Institut Jean-Paul II était traditionnellement le vicaire de Rome, maintenant un lien institutionnel étroit qui existait entre l'institut et l'Université du Latran depuis la fondation de l'institut par le pape saint Jean-Paul II en 1982. 

    Mais le pape François a fait une exception à cette norme en 2016 en nommant l'archevêque Paglia, qui a conduit des changements radicaux et impopulaires dans l'identité et la mission de l'institut. 

    La nomination précoce du cardinal Reina sous le règne de Léon XIV est révélatrice de la priorité du pape de corriger ces changements, mais la mesure dans laquelle le cardinal sera capable de restaurer l'institut à sa forme originale reste incertaine. 

    Bien que le retour à la tradition du vicaire de Rome comme grand chancelier rétablisse l'ancien ordre de l'institut, les nouveaux statuts stipulent que le pape ne nomme plus le président, et cela restera probablement le cas dans un avenir prévisible, selon certaines sources. 

    En conséquence, l'institut continuera à être privé de la proximité particulière avec le Pape dont il jouissait avant le pontificat de François, ce qui lui garantissait de pouvoir présenter la doctrine de l'Église sur le mariage et la famille en accord avec l'enseignement de l'Église. 

    En tant que grand chancelier, Reina jouera néanmoins un rôle central dans la gestion de l'institut, notamment en veillant à la fidélité à la doctrine catholique, en proposant des candidats aux postes clés et en assurant la liaison avec le Dicastère pour la culture et l'éducation. En bref, selon les statuts, il est le garant de l'orientation ecclésiale de l'institut et le promoteur de la communion et de l'unité académiques. 

    Élevé cardinal en décembre dernier seulement, le cardinal Reina a soutenu le caractère sacré de la vie, notamment grâce au témoignage héroïque pro-vie de Chiara Corbella Petrillo, une jeune laïque romaine candidate à la canonisation. Il aurait également résisté aux revendications LGBTQ+. 

    Mais il ne semble pas accorder une importance particulière à la doctrine et à la formation, et on ne s’attend pas à ce qu’il annule bon nombre des changements survenus au sein de l’institut, du moins à court terme, d’autant plus que de nombreux nouveaux professeurs sont titulaires. 

    « Étant donné que les opinions théologiques de Reina ne sont pas publiques, nous ne savons pas si l’institut retrouvera sa fonction originelle et extrêmement importante de promoteur de la vision de Jean-Paul II sur la personne humaine dans le contexte du mariage et de la famille », a déclaré la professeure Janet Smith, qui a enseigné la théologie morale au séminaire du Sacré-Cœur de Détroit et a pris la défense de l’institut en 2019. Mais elle a ajouté qu’elle espérait que le changement de direction se révélerait être « bien plus qu’une simple rectification d’une question de procédure irrégulière » et marquerait « le début d’une restauration complète d’un institut réorienté et mal dirigé ». 

    Cette réorientation est devenue évidente lorsque, sous l'autorité de l'archevêque Paglia, l'institut a été refondé en 2017 par le décret du pape François « Summa Familiae Cura » . Le nouvel Institut théologique pontifical Jean-Paul II pour les sciences du mariage et de la famille devait s'orienter vers ce que l'archevêque Paglia et ses alliés avaient décrit comme une « nouvelle théologie pastorale » axée sur la « réalité concrète des situations ». 

    Accent sur la sociologie et l'anthropologie laïque

    Cette nouvelle approche, qui s'appuyait largement sur la sociologie et l'anthropologie laïque, visait à faire progresser l'enseignement moral contenu dans Amoris Laetitia (La Joie de l'amour) , l'exhortation apostolique de 2016 du pape François sur les synodes sur la famille, et à le rendre irréversible. 

    Mais cette approche a été critiquée pour avoir dilué la clarté doctrinale de l’institut et sa fidélité à l’enseignement de l’Église. 

    Le cardinal Carlo Caffarra, président fondateur de l'institut, nourrissait de sérieuses inquiétudes concernant Amoris Laetitia, qu'il jugeait incompatible avec les enseignements de Jean-Paul II et le magistère de l'Église. Le cardinal italien, signataire des dubia demandant des éclaircissements sur le document, est décédé le 6 septembre 2017 ; quelques jours plus tard, le pape François a reconstitué l'institut. 

    L'archevêque Paglia a justifié ces changements en insistant sur la volonté d'élargir la mission de l'institut aux défis pastoraux et sociaux contemporains. Il a soutenu que les réformes visaient à faire évoluer l'institut au-delà de la simple prise en compte de conflits éthiques ou juridiques spécifiques, pour articuler une anthropologie plus globale. 

    Il a présenté cela comme une réponse aux souhaits du pape François, qui souhaitait que l'institut « élargisse son champ de réflexion », en s'assurant qu'il dispose des « outils pour examiner de manière critique la théorie et la pratique de la science et de la technologie dans leur interaction avec la vie, son sens et sa valeur ».

    Les problèmes se sont intensifiés lorsque de nouvelles lois sont entrées en vigueur en 2019, entraînant la suspension de cinq programmes de maîtrise, ainsi que le licenciement de professeurs titulaires respectés, dont aucun n'a reçu de préavis, ni aucun recours pour contester la décision. 

    Les nouveaux statuts ont également centralisé la prise de décision, réduisant le rôle de la gouvernance du corps professoral et de la liberté académique, ce qui a été perçu comme portant atteinte au caractère collégial et scientifique de l’institut.

    En réponse, les étudiants et les anciens élèves du corps académique ont publié une lettre ouverte en juillet 2019 exprimant leur « immense inquiétude face à la publication soudaine des nouveaux statuts et du nouveau règlement des études de notre Institut ». 

    Quelques mois plus tard, plus de 200 professeurs, dont d'éminents universitaires catholiques comme Robert George, Scott Hahn, Janet Smith et Jane Adolphe, ont ajouté leur voix dans une autre lettre ouverte exprimant leur « grande inquiétude » au sujet des licenciements et implorant que les professeurs dirigeants de l'institut soient réintégrés.

    Les changements apportés à l'institut ne concernaient pas le renouvellement, l'expansion ou même la réforme, mais plutôt sa dissolution et sa destruction, a déclaré le professeur Stanisław Grygiel, un ami proche du pape Jean-Paul II qui faisait partie des professeurs licenciés.

    Ces changements radicaux sont le point culminant d'un déplacement de l'accent mis sur la théologie morale de Jean-Paul II pendant le pontificat du pape François, observé par exemple dans la mise à l'écart des professeurs de l'institut lors du Synode sur la famille de 2014, et un mépris clair de l'encyclique de Jean-Paul II de 1993 sur la doctrine morale, Veritatis Splendor (La Splendeur de la Vérité), dans le magistère de François. 

    Les universitaires « progressistes » 

    Jane Adolphe, professeur de droit à la faculté de droit Ave Maria, a déclaré au Register le 21 mai que, comme cela avait été prédit à l'époque, le personnel licencié avait été remplacé par des « universitaires progressistes » ayant des opinions dissidentes sur l'homosexualité et la contraception . 

    Le nouveau corps professoral comprenait Mgr Gilfredo Marengo et le père Maurizio Chiodi, qui ont respectivement exprimé leur volonté de revisiter Humanae Vitae et ont remis en question la doctrine de l'Église sur l'homosexualité et la contraception artificielle - en opposition directe à l'enseignement de Jean-Paul II sur la théologie morale qui avait été précisément orienté vers le maintien de l'enseignement d' Humanae Vitae . 

    Les dirigeants de l'Institut de l'époque ont également adopté la même position dissidente, notamment le président de l'Institut, Mgr Pierangelo Sequeri , également nommé par l'archevêque Paglia. Le successeur de Mgr Sequeri, Mgr Philippe Bordeyne, a également été critiqué pour avoir préconisé la bénédiction liturgique des couples de même sexe sous certaines conditions. L'archevêque Paglia lui-même a été critiqué pour avoir porté atteinte à l'intégrité morale de l'Institut en tenant des déclarations incompatibles avec la doctrine de l'Église , notamment sur les questions de mariage et de vie. 

    « Le pape Léon XIV devrait être remercié d'avoir destitué l'archevêque Paglia », a déclaré Adolphe, tandis que Smith a déclaré que le départ de l'archevêque Paglia était « définitivement bienvenu », car il a plaidé pour des changements pastoraux sur les questions sexuelles telles que la communion pour les personnes vivant des unions irrégulières « qui n'étaient pas compatibles avec l'enseignement de l'Église ». 

    Smith a ajouté que beaucoup avaient espéré qu'un « changement de direction » de l'institut « serait l'une des premières actions du pape Léon XIV » et que l'institution universitaire devait « être restaurée dans sa vision originale puisque le renforcement de la famille est essentiel pour réformer ce monde perdu. »

    « Tout dépend désormais du cardinal Reina », a déclaré au Register une source proche de l'institut. 

    Certains observateurs estiment que le nouveau grand chancelier pourrait remplacer le président d'ici un an environ, et qu'un remplacement aussi crucial pourrait alors progressivement contribuer à une reconfiguration de l'institut. Adolphe souhaiterait que les anciens professeurs licenciés soient réintégrés et qu'une enquête soit menée sur les changements et les nouvelles embauches effectués sous l'archevêque Paglia. 

    Mais une révolution à l'envers - le licenciement soudain des personnes embauchées par l'archevêque Paglia et la réembauche de celles qu'il a licenciées - n'est pas attendue, selon certains initiés, en partie parce qu'elle serait considérée comme aussi injuste que les actions de 2019, mais aussi parce qu'elle serait considérée comme une mesure trop importante contre son prédécesseur. 

    L'arrivée du cardinal Reina pourrait cependant conduire les professeurs aux tendances plus libérales à devenir plus modérés dans leurs positions publiques, et les événements publics de l'institut à être plus en phase avec les directives du pape, sans qu'une intervention directe soit nécessaire. 

    Les observateurs estiment que cela ne présagerait pas de changements significatifs à court terme, mais cela marquerait probablement le début de la fin de ce qui était largement considéré comme une période très tumultueuse et destructrice, contraire à la mission et aux idéaux de l'institut fondé par le pape Jean-Paul II il y a près de 43 ans.

  • Cardinal Goh (Singapour) : Léon XIV peut apporter de la clarté à la doctrine

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    De Nico Spuntoni sur la NBQ :

    Cardinal Goh : Léon XIV peut apporter de la clarté à la doctrine

     

    C’est la confusion autour de l’enseignement de l’Église qui a semé la division et la polarisation. Le nouveau pape « ne sera pas ambigu et ne laissera pas à chacun l'interprétation de ce qu'il dit »,  a déclaré  l'archevêque de Singapour à La Bussola .

    22_05_2025

    photo de Cecilia Fabiano/ LaPress

    Plusieurs cardinaux nous avaient confié qu’une des interventions les plus appréciées lors des congrégations générales était celle du cardinal William Goh Seng Chye. Cela n’est pas surprenant car l’archevêque de Singapour est un pasteur connu pour sa clarté doctrinale, son zèle pastoral et sa sensibilité liturgique. Nous l'avons interviewé peu avant son départ de Rome. 

    Votre Éminence, pensez-vous que vous, cardinaux, avez élu l’homme qu’il faut ?
    Oui, je pense que Léon XIV est exactement le pape dont le monde a besoin en ce moment. François a renforcé la dimension missionnaire de l’Église, cherchant à apporter l’Évangile à toute l’humanité, y compris les pécheurs, les marginalisés et les vulnérables. Mais je pense que l’aspect le moins agréable de son pontificat était que, dans sa tentative d’atteindre tout le monde, en termes de doctrine et de morale, ses enseignements n’étaient pas articulés correctement, ou plutôt ils semblaient ambigus. 

    Cette circonstance a-t-elle déterminé les polarisations qui ont traversé l’Église ces dernières années ?
    Si nous ne comprenons pas clairement l’enseignement de l’Église, il est alors très difficile de travailler ensemble dans l’unité. Bien que la soi-disant « gauche » et la « droite » de l’Église soient toutes deux intéressées par la promotion de la mission d’évangélisation, il existe une division interne sur certaines questions telles que le mariage, les LGBTQ et les transgenres. Ce sont ces domaines qui ont divisé l’Église parce qu’à un certain moment, les gens n’étaient plus vraiment sûrs de ce qu’il fallait faire. Il y avait des gens qui venaient à l’église et disaient : « mais le pape a dit cela. » Mais être véritablement inclusif, c'est dire : « Oui, nous comprenons vos difficultés. Vous ne vivez pas l'Évangile. Nous vous aiderons, nous cheminerons avec vous. Cela peut prendre du temps. Nous vous aiderons à tomber progressivement amoureux de Jésus. Un jour, peut-être, vous comprendrez. » C’est une distinction importante. 

    Pensez-vous que Léon XIV sera capable de mettre de l’ordre dans les divisions doctrinales ?
    Oui, être augustinien, c’est avoir une base solide dans la tradition et la spiritualité de saint Augustin. D’autre part, il a travaillé au Pérou et connaît de première main des situations de pauvreté et de souffrance. De plus, il est à Rome depuis plusieurs années et connaît donc les défis de la Curie. De plus, ayant été prieur général de son ordre, il a déjà démontré des qualités de leader. Lors de ces premières sorties, il était sobre et prudent quant à ce qu'il disait et à ce qu'il faisait. Il me semble être un homme qui est conscient du fait que lorsqu’un pape fait certains commentaires, ces commentaires sont pris au sérieux et pour cette raison, il fait preuve de prudence et de prudence. C’est une chose à apprécier car cela aide les gens à ne pas être confus. Je pense donc qu’il sera en mesure d’apporter plus de clarté à la doctrine afin que la « gauche » et la « droite » ne se disputent pas. Il ne sera pas ambigu et ne laissera pas l’interprétation de ce qu’il dit à chacun. 

    A cet égard, vous savez que ces années n’ont pas été faciles pour les fidèles qui aiment la messe dite tridentine. Que deviendront-ils dans le nouveau pontificat ?
    Personnellement, je crois qu’il n’y a aucune raison d’arrêter ceux qui préfèrent la messe tridentine. Ils ne font rien de mal ni de péché. Bien sûr, l’unité de l’Église doit être préservée, mais d’un autre côté, nous avons même des rites différents comme celui syro-malabare. Nous pouvons très bien accepter différentes manières de célébrer l’Eucharistie et je crois donc que nous ne devons pas étouffer ceux qui préfèrent le rite tridentin. En fin de compte, ce n’est pas le rite ou la forme sous laquelle il est célébré qui compte, mais la manière dont on rencontre Dieu en profondeur. 

    Quelle expérience avez-vous avec les communautés qui aiment la liturgie ancienne dans votre diocèse ?
    Personnellement, je ne célèbre pas la messe tridentine, mais je ne suis pas contre ceux qui le font. Dans mon pays, nous avons un petit groupe d’environ 300 personnes et ce sont principalement des jeunes, souvent des professionnels. Parfois je leur demande : « Pourquoi préférez-vous cette liturgie ? » Ils me disent qu’ils se sentent plus réfléchis, contemplatifs et qu’ils trouvent que cela les rapproche de Dieu. Pourquoi devrais-je les arrêter ? Bien sûr, s’ils nient les enseignements du Concile Vatican II, c’est une autre histoire et ils devraient alors être sanctionnés. Mais ce n’est pas le cas, donc je pense que nous ne devrions pas discriminer ces personnes. Après tout, c'est la messe célébrée depuis des centaines et des centaines d'années, n'est-ce pas ?

    En Asie, les persécutions contre les chrétiens sont présentes – et même croissantes. Quelle est la situation de la liberté religieuse sur votre continent ?
    Les persécutions ne sont pas les mêmes dans toutes les nations. Certains sont très subtils, d’autres rendent la vie vraiment difficile. Mais je pense que tout dépend du pays. À Singapour, Dieu merci, nous n’avons pas ces problèmes. La liberté religieuse dépend donc, une fois de plus, du gouvernement. Le problème surgit lorsque la religion et la politique se mélangent. Dans mon pays, nous avons une ligne de démarcation claire. Notre Église n’interfère pas dans le gouvernement, ne favorise aucun parti politique particulier mais se limite à parler de questions morales et sociales. Ailleurs en Asie, là où il existe une religion d’État, qu’elle soit musulmane ou hindoue, la situation de la liberté religieuse devient difficile car les politiciens veulent défendre une religion particulière pour gagner des voix. Et bien sûr, la religion utilisera également la politique pour gagner du pouvoir. 

    Quels sont les problèmes urgents auxquels l’Américain, quelque peu péruvien Léon XIV, devra faire face à l’égard de l’Asie ?
    Léon XIV a déjà la perspective et l’expérience de ce que signifie atteindre un monde différent de celui d’origine. En particulier les zones pauvres et marginalisées qui sont très présentes en Asie. 
    La différence avec l’Amérique latine est qu’en Asie le christianisme est souvent minoritaire, mais les communautés catholiques sont très vivantes, tout comme en Afrique. L’Amérique latine, en revanche, lutte contre l’habitude de ce que l’on pourrait appeler une foi routinière et aussi contre les incursions des sectes. Ici, en Asie, il n’y a pas de tels problèmes, mais étant une minorité, Léon XIV devra prêter attention à la manière dont notre Église dialoguera et interagira avec les autres religions.  

    N’êtes-vous pas un peu déçu que le pape ne soit pas asiatique ?
    Non, je m’en fiche que le pape soit asiatique, européen ou de n’importe quelle nationalité. Je ne vote pas en fonction du continent ou de la culture. Je veux voter pour un pape véritablement inspiré par le Saint-Esprit. Une inspiration qui peut unir le monde et marcher dans la vérité et l’amour. Et je crois que Léon XIV est l’homme qu’il faut.

  • Réflexion sur Nicée 2025 (cardinal Pizzaballa)

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    Du Cardinal Pizzaballa, Patriarche latin de Jérusalem (source) :

    Réflexion sur Nicée 2025

    Jérusalem, Patriarcat latin, 20 mai 2025

    Chers frères et sœurs

    que le Seigneur vous donne la paix !

    (salutations d'ouverture)

    Aujourd'hui, dans le monde entier, les Églises commémorent et célèbrent l'anniversaire de l'événement peut-être le plus important de l'histoire de l'Église depuis sa naissance. Nicée, en effet, le Concile qui a réuni les évêques de l'Église de l'époque, expression des différentes âmes et visions du monde de l'époque, a façonné la foi chrétienne pour toutes les générations qui ont suivi. Depuis lors, sans interruption, dans toutes les églises, chaque chrétien, chaque croyant en Christ, prononce ces mêmes paroles et nourrit sa foi de ces mêmes expressions.

    La personne de Jésus n'a jamais cessé de fasciner le monde. Sa venue dans le monde a changé l'histoire, suscité des interrogations, voire des rejets et des oppositions. À tout moment, en somme, Jésus nous a en quelque sorte obligés à prendre position à son égard.

    Accepter Jésus comme le Fils de Dieu, et Dieu lui-même, était en effet une nouveauté dérangeante pour le monde culturel de l'époque. Comment un homme de chair et de sang, comme nous, peut-il appartenir à la divinité ? Comment pouvait-il être à la fois Fils de Dieu et Dieu lui-même, de la même substance ? Comment un homme peut-il mourir et ressusciter, être homme et Dieu ? C'était quelque chose de totalement inconcevable, mais en même temps quelque chose qui continuait à fasciner les croyants du monde entier. Dès le début, les hypothèses et les propositions sur l'identité du Fils de Dieu se sont succédées et multipliées, toutes nées de la tentative de concilier la figure bouleversante de Jésus, Fils de Dieu et Dieu, avec notre petit entendement humain. Les mots n'existaient même pas pour exprimer un tel mystère. C'est pourquoi, déjà à l'époque, les divisions, parfois vives, entre les différents courants de l'Église ne manquaient pas.

    Il y a 1700 ans, à Nicée précisément, l'Église réunie dans la figure de ses évêques, dans un contexte religieux, culturel et politique non moins problématique qu'aujourd'hui, a eu le courage et l'audace de donner enfin une forme à la foi, commune à tous, mais en même temps claire, inventant également une nouvelle terminologie, capable d'enfermer, autant que possible, dans ces mots, le mystère de l'Incarnation.

    Depuis lors, comme je l'ai évoqué, Nicée reste pour chacun d'entre nous une référence indispensable pour la vie de nos Eglises respectives : de la compréhension et de la définition de la foi à la date de Pâques, et bien d'autres choses encore. Nicée, en somme, a été le moment où l'Église a pu interpréter la nécessité de dire la foi, de l'exprimer selon les catégories culturelles de l'époque. Dans la mesure où le langage humain le permettait, l'Église a pu exprimer le mystère du Verbe fait chair qui a habité parmi nous et de sa présence continue dans l'Église.

    Certes, l'histoire a marqué la vie de nos Églises respectives depuis lors. Nous avons connu des divisions, même douloureuses. Nous avons tous dû faire face à nos petites et grandes infidélités, qui ont blessé l'unique Corps du Christ, l'Église. Il n'est pas rare que nous nous abandonnions à notre logique de pouvoir plutôt qu'au service du Corps mystique du Christ.

    Mais malgré notre petitesse, Nicée est resté pour tous un point de référence indispensable jusqu'à aujourd'hui. Églises orthodoxes, catholiques, anglicanes, protestantes... tout chrétien, à quelque Église qu'il appartienne, ne peut éviter de se confronter à ce que les évêques de l'Église d'il y a 1700 ans ont pu élaborer, certainement sous l'action de l'Esprit Saint.

    Nous vivons aujourd'hui à une époque qui n'est pas très différente de celle d'il y a 1700 ans. D'une part, les complexités politiques et les logiques du pouvoir terrestre, assujettissant des peuples entiers, remettent fortement en question la vie des Églises. D'autre part, le monde culturel et les différentes manifestations de ce que nous appelons aujourd'hui la « modernité » interpellent la vie de toutes nos Églises respectives : l'idée de l'homme, la famille, le besoin de communauté, le rôle de la technologie dans la vie personnelle et sociale, les modèles économiques et sociaux qui se dessinent, la migration de peuples entiers, les sociétés qui sont de plus en plus plurielles sur le plan religieux et culturel... la liste des manifestations que le monde moderne suscite est longue et fait date.

    Dans ce contexte, nous sommes tous appelés, en tant qu'unique Église du Christ, à donner une réponse aux questions que l'humanité se pose aujourd'hui.

    Notre réponse est toujours la même et ne changera jamais. Le Christ est la réponse. Mais tout comme il y a 1700 ans, nous sommes appelés aujourd'hui à être capables de dire notre foi dans le Christ d'une manière audacieuse et courageuse, compréhensible et claire.

    Il n'est pas question de réécrire le Credo de Nicée. Ce texte restera encore et toujours la référence pour la vie de tous les croyants en Christ. Il s'agit plutôt de rendre ces mots et expressions crédibles et compréhensibles pour le monde culturel d'aujourd'hui. Nous devons certainement continuer à dire que le Christ est le Fils unique de Dieu, engendré et non créé, de la même substance que le Père, que l'Esprit nous a donné. Et que dans l'Église, Corps du Christ, une, sainte, universelle et apostolique, nous pouvons encore le rencontrer aujourd'hui.

    A ces expressions apparemment éloignées de la vie de l'homme d'aujourd'hui, il n'y a qu'une seule façon de donner un sens concret, de la vitalité, de la compréhension et de la crédibilité : le témoignage.

    L'Église d'aujourd'hui est appelée non seulement à dire le Credo, mais à le rendre vivant et crédible par le témoignage de ses membres. Lorsque l'homme moderne rencontre des communautés qui ne sont pas parfaites, mais dans lesquelles la vie circule et dans lesquelles il peut se retrouver, lorsqu'il voit des chrétiens heureux malgré les difficultés de la vie, lorsqu'il rencontre des bergers prêts à donner leur vie pour leur troupeau, lorsqu'en somme, l'Église sait encore faire la différence par rapport à la vie et aux critères du monde, alors les questions se posent : pourquoi êtes-vous ainsi ? Où puisez-vous cette force ?

    Notre réponse sera celle de l'Église d'il y a 1700 ans. Alors ces mots et ces expressions, d'abord si obscurs, deviendront lumineux et continueront à éclairer la vie du monde à venir.

    C'est ce que je souhaite à chacun d'entre nous.

    Bon anniversaire !

    * Traduit par le Bureau média du LPJ

  • Il y a 1700 ans : le premier concile œcuménique universel était convoqué à Nicée

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    Du site de l'Eglise catholique en France :

    Le concile de Nicée

    image du Concile de Nicée

    Du 20 mai au 25 juillet 325, le premier concile œcuménique universel a été convoqué à Nicée, ville de Bithynie par l’empereur Constantin (280-337), converti au christianisme. C’est un moment important dans l’histoire de la chrétienté. Ce concile a rassemblé environ 300 évêques venus de toutes les provinces de l’Empire romain. En 2025, l’Église catholique célébre le 1700ᵉ anniversaire du Concile de Nicée.

    Le premier Concile de Nicée est un concile général des évêques qui s’est tenu à Nicée (aujourd’hui Iznik, en Turquie), en Bythinie, du 20 mai au 20 juillet 325, dans l’Empire romain, sous l’égide de l’empereur Constantin le Grand. Il est considéré par les historiens comme le premier empereur chrétien. Quelques années après avoir été proclamé empereur (306), il se convertit au christianisme, et se fait baptiser la veille de sa mort en 337. Durant son règne, il favorise l’essor de la religion via l’édit de Milan en 313 qui permet aux chrétiens de pratiquer leur culte au grand jour.

    Le Concile de Nicée est le premier concile œcuménique de l’histoire qui rassemble environ 300 évêques venus de toutes les provinces de l’Empire.

    L’empereur Constantin qui souhaite unifier l’empire romain condamne l’arianisme, une doctrine professée par Arius, prêtre d’Alexandrie (250-336) et ses disciples, dans laquelle ils professaient que, dans la Trinité, le Fils n’est pas égal au Père.

    Lors de ce concile, les fondements du christianisme sont définis. Les pères de l’Église établissent le dogme de la consubstantialité du Christ au Père et fixent la date de la célébration de Pâques.

    Sous le règne de l’Empereur Théodose 1er (379-395), par l’édit de Thessalonique (380), le christianisme devient religion d’État (conformément aux doctrines du concile de Nicée de 325). Cet édit marque un tournant dans l’histoire religieuse de l’Empire romain.

    Importance et héritage

    Le Concile de Nicée a joué un rôle central dans la formation de l’orthodoxie chrétienne et a marqué le début des conciles œcuméniques. Il a établi des bases doctrinales toujours reconnues par de nombreuses confessions chrétiennes, notamment le catholicisme, l’orthodoxie et une grande partie du protestantisme.

    Cependant, bien que l’arianisme ait été condamné, il est resté influent pendant plusieurs décennies, notamment parmi certains peuples barbares comme les Goths.

    Le Concile de Nicée reste un jalon essentiel dans l’histoire du christianisme, tant pour ses implications théologiques que pour son rôle dans la structuration institutionnelle de l’Église.

    Les autres conciles

    Le concile de Nicée en 325 a été le premier concile œcuménique de l’histoire chrétienne. Plusieurs autres conciles importants ont suivi, s’appuyant sur les fondements établis à Nicée :

    1. Le concile de Constantinople (381) : Deuxième concile œcuménique qui a complété le symbole de Nicée, donnant naissance au Symbole de Nicée-Constantinople.
    2. Le concile d’Éphèse (431) : Troisième concile œcuménique qui a traité de la nature du Christ et de la Vierge Marie.
    3. Le concile de Chalcédoine (451) : Quatrième concile œcuménique qui a défini la doctrine des deux natures du Christ.
     
    du Concile de Nicée, on retient aussi le Symbole de Nicée

    Le Concile de Nicée, convoqué en 325 par l’empereur Constantin, a joué un rôle crucial dans la formulation du Credo, également connu sous le nom de Symbole de Nicée. Il a été promulgué lors du Concile de Nicée en 325, puis complété lors du Concile de Constantinople en 381, d’où l’appellation « Symbole de Nicée-Constantinople ».

     

    Credo : symbole de Nicée-Constantinople

    Le Symbole de Nicée est une profession de foi commune aux trois grandes confessions chrétiennes, le catholicisme, l'orthodoxie et le protestantisme. C'est une des formes usuelles du Credo.

  • Paglia remplacé à l'Institut Jean-Paul II

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    Du Pillar :

    Paglia remplacé à l'institut JPII

    L'archevêque controversé reste à la tête de l'Académie pontificale pour la vie

    Archevêque Vincenzo Paglia. Photo d'archives du Pillar.

    Cette annonce marque l'un des changements de personnel les plus importants des premières semaines du pontificat du pape Léon XIV.

    Avant que le pape François ne désigne Paglia à ce poste en 2016, le grand chancelier de l'Institut était le cardinal vicaire de Rome, car le vicaire est également le grand chancelier de l'Université du Latran, où l'Institut a été fondé à l'origine.

    Bien que le pape Léon n'ait pas annulé la réforme juridique de 2019 qui donnait au pape l'autorité directe de nommer le grand chancelier de l'institut, son choix de Reina rétablit effectivement la structure antérieure.

    Le grand chancelier ne supervise pas le fonctionnement quotidien de l'institut, mais son rôle n'est pas purement cérémoniel. Il propose le président, le vice-président et les professeurs de l'institut au Dicastère pour l'Éducation catholique et accorde et révoque la mission canonique des professeurs, à savoir leur autorisation d'enseigner dans une faculté catholique.

    Paglia, 80 ans, reste à la tête de l'Académie pontificale pour la vie.


    Le mandat de Paglia à l’Institut JPII et à l’Académie pontificale pour la vie a été entaché de controverses.

    L'arrivée de l'archevêque à l'institut a conduit à sa restructuration, avec de nouveaux statuts promulgués en 2019, et de nombreux professeurs et administrateurs licenciés tandis que le programme était réorienté autour de ce que Paglia et ses alliés décrivaient comme une « nouvelle théologie pastorale » - un cadre qui, selon les critiques, s'appuyait davantage sur la sociologie et l'anthropologie laïque que sur la théologie morale.

    L’un des principaux changements apportés aux statuts a concentré l’embauche des professeurs au sein du bureau du chancelier, écartant ainsi les professeurs titulaires du processus.

    Ces changements ont profondément réorienté l'institution. Autrefois institution théologique catholique phare étudiant la théologie du corps de Jean-Paul II, elle s'est vue conférer une identité moins claire, hormis son orientation apparente vers la sociologie. Selon plusieurs sources, les inscriptions ont stagné après sa restructuration.

    Paglia a embauché des professeurs controversés à l'institut, dont le père Maurizio Chiodi, qui a déclaré en 2018 que le recours à la contraception artificielle pourrait, dans certains cas, « être reconnu comme un acte de responsabilité qui est accompli, non pas pour rejeter radicalement le don d'un enfant, mais parce que dans ces situations, la responsabilité appelle le couple et la famille à d'autres formes d'accueil et d'hospitalité ».

    En avril 2023, Paglia s'est adressé au Festival international du journalisme de Pérouse, prononçant un bref discours dans le cadre d'un débat sur le thème « Le dernier voyage — Vers la fin de la vie ».

    Paglia a expliqué que « personnellement, [il] ne pratiquerait pas le suicide assisté, mais [il pourrait] comprendre que la médiation juridique peut constituer le plus grand bien commun concrètement possible dans les conditions dans lesquelles nous nous trouvons. »

    En août 2022, Paglia a provoqué une tempête médiatique similaire lorsqu'il a déclaré à un journaliste italien qu'une loi de 1978 dépénalisant l'avortement est un « pilier » de la « vie sociale » italienne et n'est « absolument pas » sujette à discussion dans le pays.

    Paglia a fait l'objet d'une enquête en 2022 à la suite d'informations selon lesquelles il aurait détourné des centaines de milliers d'euros de dons reçus par le Conseil pontifical pour la famille sous sa direction .

    Des responsables du Vatican ont déclaré à The Pillar que, dans une note de mai 2015, Paglia affirmait avoir remplacé l'argent détourné de ses œuvres caritatives. Mais des sources ont indiqué que si 600 000 euros avaient été transférés sur le compte concerné, ils provenaient de nouveaux dons collectés par le Conseil pontifical, et non de Paglia.

    Après avoir initialement refusé de commenter, Paglia a ensuite nié avoir utilisé des fonds caritatifs pour des dépenses personnelles.

    Son assistant personnel a finalement déclaré à The Pillar par courriel que l'archevêque « a chargé un avocat basé aux États-Unis d'engager des poursuites contre votre journal pour la grave diffamation représentée par une partie de vos écrits ». Aucune plainte n'a été déposée.


    Alors que la controverse semble suivre Paglia — et ses déclarations sur des sujets brûlants pendant son mandat à l’Institut et à l’Académie pontificale pour la vie — le cardinal Reina est resté discret tout au long de son ascension rapide à Rome.

    Reina est passé du poste de recteur du séminaire de l'archidiocèse sicilien d'Agrigente à celui de cardinal vicaire de Rome en un peu moins de trois ans.

    Il a rejoint le personnel du Dicastère pour le clergé début 2022, pour être nommé évêque auxiliaire de Rome en mai 2022.

    Sa promotion suivante eut lieu en janvier 2023, lorsqu'il fut nommé vice-régent du diocèse de Rome. Après l'éviction du cardinal Angelo De Donatis en avril 2024, Reina assuma temporairement cette fonction ; il fut ensuite nommé vicaire général en octobre 2024 et créé cardinal en décembre 2024.

    Reina a rarement donné des interviews et s'est tenu à l'écart des projecteurs, à l'instar du pape Léon XIV à la curie et au Pérou, mais Reina est largement considéré comme un choix moins controversé sur le plan théologique que Paglia.

    Dans une interview accordée à The Pillar lors du consistoire de 2024, Reina a déclaré que l'antidote à la sécularisation était « une nouvelle évangélisation, comme Jean-Paul II l'avait déjà appelé il y a plus de deux décennies maintenant ».

    Interrogé sur la nécessité pour l'Église d'adapter son enseignement à son époque, Reina a répondu : « L'Église est toujours à l'écoute de la vie humaine. Pourtant, les enseignements moraux reposent sur un fondement solide : les enseignements de l'Écriture Sainte et ce que Dieu a toujours révélé. »

    « L’Église n’a donc pas besoin de s’adapter aux temps, mais doit agir de telle manière que les temps s’adaptent à la logique de l’Évangile », a-t-il ajouté.

  • Léon XIV, le retour de la thématique de la vérité

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    D' sur Monday Vatican :

    Léon XIV, le retour du thème de la vérité

    Paix, justice et vérité. C'est par ces trois mots que Léon XIV a indiqué les lignes directrices de l'activité diplomatique lors de la réunion des ambassadeurs accrédités près le Saint-Siège, vendredi dernier. Elles constitueront également les lignes directrices de la doctrine diplomatique de ce pontificat.

    Il est trop tôt pour porter un jugement sur Léon XIV, ses œuvres et l’orientation qu’il veut donner à l’Église.

    Il n'est cependant pas trop tôt pour observer un changement substantiel de direction, qui s'est produit depuis que le pape est apparu de la loggia de bénédiction en soutane blanche et mozette rouge, comme tous les papes avant lui, à l'exception du pape François.

    C'était un signe de discontinuité assez évident, qui fut suivi d'autres signes de discontinuité. De l'utilisation des croix pectorales – la simple en argent pour les événements privés et la plus précieuse, ornée des reliques des saints augustins, pour les événements publics – à celle de la férule ayant appartenu à Benoît XVI lors de la première messe avec les cardinaux à la chapelle Sixtine, tout chez Léon XIV indique qu'il cherche à reconnecter l'Église à son histoire.

    Jamais auparavant le pontificat de François n'avait autant ressemblé à une histoire interrompue, à une parenthèse (belle pour certains, moins pour d'autres) dans l'histoire de l'Église, qui ne rompait peut-être pas avec la doctrine, mais avec la manière d'être du Vatican. Celui du pape François ne fut pas une révolution. Il fut plutôt l'irruption d'un nouveau point de vue, aimé par certains, mal toléré par d'autres, en tout cas perturbateur au sein de l'Église catholique.

    Léon XIV est appelé à instaurer l'harmonie, et il y est parvenu jusqu'à présent en suivant deux axes. D'une part, il a tenté de préserver tout ce qu'il y avait de bon dans le pontificat de son prédécesseur. Il a relancé la synodalité, cité François sur le thème de la Troisième Guerre mondiale en morceaux et sur le changement d'ère, et n'a pas manqué de lancer ses appels à la paix dans le monde, en recentrant son attention sur l'Ukraine et la Terre Sainte.

    En même temps, il a montré sa direction. Il n'y a pas eu d'appels improvisés ni de sailles personnelles. Léon XIV prépare ses discours, étudie les dossiers, demande conseil et (jusqu'à présent) les écoute. Un exemple clair en a été l'appel à une paix juste et durable en Ukraine lors du Regina Coeli du 11 mai dernier.

    Léon se rendit également, à l'improviste, au sanctuaire de la Madonna del Buon Consiglio à Genazzano. Il alla ensuite déjeuner à la Curie des Augustins, comme il le faisait déjà en tant que cardinal. Cependant, il ne le fit pas de manière impromptue ; il le fit dans une voiture de représentation, sans trop d'hystérie ni de désir d'être vu.

    Tout le monde remarque que Léon XIV refuse de prendre des selfies – un seul a été publié lors de son premier retour au Palais Sant'Uffizio après les élections – et qu'il tient plutôt à maintenir une distance institutionnelle appropriée. Il plaisante et se fait connaître, mais il n'exagère pas et ne recherche pas les applaudissements faciles. Ce n'est pas un adepte du culte de la personnalité.

    Parmi tous les signes de discontinuité, le retour du thème de la vérité dans les discours est cependant particulièrement marquant. Benoît XVI avait centré sa doctrine diplomatique sur la vérité, à tel point que son premier message pour la Journée mondiale de la paix était « Dans la vérité, la paix ». Le pape François avait opéré un changement de perspective. François demandait de se concentrer sur des situations concrètes plutôt que sur de grands concepts. Il utilisait une méthode inductive plutôt que déductive, et il s'intéressait aux questions pratiques plutôt qu'aux questions théoriques.

    Laudato si', la première grande encyclique sociale du pape François, est consacrée à un thème spécifique, l'écologie, et regorge de données sur la pollution qui n'auraient jamais figuré dans une encyclique, car il s'agit de données variables. Le pape a ensuite dû actualiser cette encyclique, et il l'a fait avec une exhortation, Laudate Deum. Laudato si' a été rédigée pour la COP21 à Paris. Le Laudate Deum a été prononcé lors de la COP28 à Dubaï. Ces deux documents ont un objectif précis et ressemblent davantage à des documents de travail pour les institutions internationales, malgré leurs connotations claires de doctrine sociale catholique.

    Il est peu probable que cela se produise avec Léon XIV.

    Non seulement il a relancé le thème de la diplomatie de la vérité, mais il a aussi opéré un renversement copernicien par rapport à ce qui était jusqu'ici le précepte général. Le pape a affirmé que cette vérité est celle de la foi des chrétiens en l'homme et que l'Église ne se lassera jamais de dire la vérité sur Dieu et sur l'homme, même si cette franchise peut être mal interprétée.

    Il s’agit d’un changement de paradigme substantiel, qui fait suite à la tentative de changement de paradigme sous le pape François et sous sa direction, telle qu’elle a été.

    Le pape François a demandé de parler aux hommes de son temps, avec le langage de son temps. La réforme de l'Académie pontificale de théologie ou des programmes des universités catholiques s'appuyait également sur ce principe. Un langage transdisciplinaire était demandé, ce qui impliquait avant tout d'abandonner le langage de l'identité, mais de s'ouvrir au monde pour être compris par lui.

    Léon XIV demande de prêcher la vérité et d'accepter que le monde puisse ne pas la comprendre. En bref, il dessine un monde dans lequel la présence chrétienne doit se profiler à partir de l'annonce de la vérité. Il ne s'agit pas de trouver un langage pour parler à tous. Il s'agit de s'expliquer à tous afin que chacun puisse comprendre ce langage.

    Cela semble abstrait, mais ce n’est pas le cas.

    Ce changement de paradigme modifiera également la manière dont les discours sont rédigés au Vatican, qui est encore très liée au style du pape François et à sa philosophie du « voir, juger et agir » qui s’est matérialisée en Amérique latine.

    Léon XIV est le premier pape à ne pas s'être formé lors des débats du Concile Vatican II, mais après. Il est le pape d'une nouvelle génération. Le langage doit changer, et les anciennes catégories ne permettront plus de comprendre le pontificat. En bref, nous sommes confrontés à un changement d'époque qui reste à déchiffrer.

  • Les perspectives du nouveau pontificat selon George Weigel

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    De George Weigel sur son site :

    Lettres de Rome 2025 — Un nouveau pontificat

     
    Après un mois intense à Rome 

    ⇒ Le nom 

    J'ai été très satisfait du choix du nom de règne du nouveau pape. Comme je l'ai suggéré dans L'ironie de l'histoire catholique moderne et  Sanctifier le monde : l'héritage vital de Vatican II le pape Léon XIII a créé la papauté moderne et la grande stratégie catholique visant à s'engager auprès du monde moderne afin de le convertir. Léon XIII prenait également au sérieux l'Église des États-Unis, la considérant comme une nouveauté dans l'expérience catholique : une Église locale florissante, institutionnellement séparée de l'État et ne cherchant qu'à être elle-même. Il y avait là matière à réflexion, et cette réflexion a finalement porté ses fruits dans la Déclaration sur la liberté religieuse de Vatican II,  Dignitatis Humanae, qui a permis à son tour la transformation de l'Église catholique en ce que l'historien d'Oxford Sir Michael Howard a décrit comme le plus grand défenseur institutionnel des droits humains fondamentaux au monde.   

    En nommant John Henry Newman cardinal, Léon XIII a clairement démontré qu'il n'existait pas de modèle unique pour faire de la théologie dans un esprit authentiquement catholique. En donnant le sceau papal à l'œuvre de Newman, Léon XIII a souligné sa brillante méthode, qui lui permettait de distinguer les véritables développements doctrinaux, d'une part, et les ruptures avec la vérité établie, déguisées en « changements de paradigme » (pour reprendre une expression courante ces douze dernières années), d'autre part. 

    Il y avait aussi la dévotion de Léon XIII à la pensée de saint Thomas d'Aquin, qu'il remit au cœur de la vie intellectuelle catholique. Ce faisant, il réaffirma la conviction catholique selon laquelle la foi et la raison sont, comme le dirait le pape Jean-Paul II un siècle plus tard, les deux ailes sur lesquelles l'esprit humain s'élève vers la contemplation de la vérité. Et, bien sûr, Léon XIII fut le père de la doctrine sociale catholique moderne, dont la lignée classique s'étend de son encyclique Rerum Novarum de 1891 à l' encyclique Centesimus Annus  de Jean-Paul II   en 1991.

    Mais n'oublions pas le pape saint Léon Ier, « Léon le Grand ». Maître homéliste et homme qui a tranché la question lors du concile crucial de Chalcédoine en fournissant la formule permettant à l'Église de comprendre les deux natures (humaine et divine) en l'unique personne du Christ, Léon fut aussi un courageux défenseur de son peuple contre ces ancêtres « barbares » envahisseurs, connus sous le nom de Huns. En cela, il a établi un modèle d'intervention papale dans « le monde », qui allait être déployé avec succès au cours des siècles suivants.

    Il y a donc un noble héritage « léonin » que le nouveau pape s’est attribué par le choix de son nom de règne. 

    ⇒ Mercerie papale 

    La quantité d'encre (et de pixels) dépensée sur la tenue du pape Léon XIV lors de sa présentation à l'Église et au monde, immédiatement après son élection, était frappante. Au lieu de se concentrer sur sa magnifique salutation biblique et son message centré sur le Christ, une attention démesurée a été portée sur la mozzetta, l'étole et la croix pectorale qu'il portait.

    Qu'est-ce que tout cela signifie ? Permettez-moi une réponse simple : cela signifie que nous avons un pape qui saisit la nature de l'office pétrinien – et qui comprend que cet office ne doit pas être soumis à des idiosyncrasies personnelles. 

    ⇒  Mais où se situe-t-il ?

    Signe des profondes inquiétudes suscitées par cet interrègne et ce conclave papaux – inquiétudes créées en partie par les ambiguïtés du pontificat précédent –, les catholiques, d'une certaine sensibilité, ont immédiatement tiré la sonnette d'alarme jeudi soir dernier, tandis que les médias tentaient de coincer le nouveau pape, ou de le manipuler, sur diverses questions controversées. L'infatigable William Doino Jr., l'un des plus grands chercheurs de l'Église, a eu l'obligeance de diffuser un florilège de textes sur lesquels le 267e évêque de Rome s'était exprimé sur certains de ces sujets avant son accession au pape. Avec gratitude envers Bill, je suis heureux de les partager ici :

    Robert Prevost sur les aspects intrinsèquement contre-culturels de la Nouvelle Évangélisation :

    1)  https://www.youtube.com/watch?v=WttXvZt3m6k 

    2)  https://www.youtube.com/watch?v=uLkGBu0y1pQ

    Prevost sur le droit à la vie à toutes les étapes et dans toutes les conditions :

    Prevost sur la cléricalisation des femmes dans les débats sur l'ordination :

    https://www.catholicnewsagency.com/news/255823/cardinal-at-synod-on-synodality-clericalizing-women-will-not-solve-problems

    Prevost sur l'euthanasie, republiant cet article :

    https://www.catholicnewsagency.com/news/33863/dont-go-there-%E2%80%93-belgians-plead-with-canada-not-to-pass-euthanasia-law

    Comme le suggère cet article du New York Post, le nouveau pape ne rentre pas facilement dans les cases idéologiques habituelles. 

    Cependant, comme le suggèrent ses commentaires sur le fait que les catholiques évangéliques sérieux sont nécessairement contre-culturels, je pense qu'il est juste de dire que le pape Léon sait que la crise civilisationnelle fondamentale du moment est la crise anthropologique : la crise de l'idée même de personne humaine. Sommes-nous des accidents cosmiques ou des créations ? Existe-t-il des vérités inscrites dans le monde et en nous, des vérités qui, reconnues, conduisent à l'épanouissement humain, au bonheur personnel et à la solidarité sociale ? Ou le sens est-il quelque chose que nous imposons à la réalité par des actes de volonté ? Notre destinée est-elle l'oubli ou la gloire ? 

    ⇒  Réparation des rouages

    Lors de sa rencontre avec les cardinaux samedi dernier, le nouveau pape s'est entendu dire – à un moment très dramatique – que les dysfonctionnements et l'esprit de vengeance qui avaient trop marqué la vie du Vatican et de Rome ces dernières années devaient être traités, car ils détruisaient des vies. Le pape Léon devait avoir connaissance de certaines de ces horreurs, de par ses années à la tête du dicastère. Mais lorsqu'un cardinal de haut rang supplie, les larmes aux yeux, le nouvel évêque de Rome de s'attaquer à tout cela, les problèmes deviennent inévitables. 

    Comme toujours, le personnel est une question de politique, et le nouveau pape nous en dira long sur sa vision de l'avenir par la manière dont il reconfigurera la haute direction de l'Église de Rome. Parallèlement, les cardinaux ont clairement indiqué, lors des Congrégations générales pré-conclave, qu'il était grand temps d'achever la réforme financière du Vatican, avant que les déficits annuels actuels ne conduisent à un désastre et que le passif non capitalisé des retraites ne s'aggrave encore – un risque de défaut de paiement futur qui serait particulièrement ressenti par les petites gens du Vatican.

    Un pape paulinien, grand évangéliste et témoin public, est un atout. Cependant, l'essence de la fonction de Pierre n'est pas paulinienne. Elle est pétrinienne, et pas seulement par sa terminologie. Dans Actes 15, Paul s'adresse à Pierre pour une décision. Pierre est là pour une prise de décision ordonnée, réfléchie, prudente et conforme à la loi, après une consultation appropriée. Et la mise en œuvre des réparations indispensables au mécanisme censé soutenir la prise de décision pétrinienne – qui nécessite dans plusieurs cas des changements de personnel – contribuera au succès de ce nouveau pontificat. 

    ⇒  Un retour remarquable . . .

    Lors de l'émission diffusée sur NBC le soir de l'élection du nouveau pape, j'ai fait remarquer que l'attention mondiale extraordinaire accordée à cette transition papale marquait un grand retour historique. 

    Lorsque le dernier vestige des États pontificaux fut absorbé par le nouveau Royaume d'Italie en 1870 et que le pape Pie IX disparut derrière le mur léonin, se qualifiant lui-même de « prisonnier du Vatican », plus d'un, parmi les grands de ce monde européen, déclara que la papauté était une force historique épuisée. Pourtant, 155 ans plus tard, les empires britannique, français, allemand, russe, japonais et austro-hongrois n'existent plus ; et l'attention du monde était rivée sur une cheminée de fortune au sommet de la chapelle Sixtine, attendant l'identité du douzième successeur de Pie IX, qui dirigerait la plus grande communauté chrétienne du monde. Aucune autre élection – réelle, comme dans les démocraties, ou truquée, comme en Russie et en Chine – n'aurait pu susciter une telle attention internationale. 

    Quiconque aurait prédit cela en 1870 aurait été considéré comme un romantique, un fantaisiste, ou les deux.

    ⇒ . . .  Mais une focalisation trop serrée ?

    L'inconvénient du tsunami médiatique qui s'abat sur Rome depuis trois semaines est qu'il renforce l'idée fausse selon laquelle le pape est la seule chose qui se passe dans l'Église catholique, ou du moins la seule chose à laquelle il faut prêter attention – ce qui est tout simplement faux. Lors d'une rencontre hier avec quelque six mille journalistes, le pape Léon XIV a gentiment suggéré d'élargir son champ de perception, d'observer l'Église mondiale et de raconter d'autres histoires que celles du Vatican. 

    Ce rétrécissement du champ de vision n'est cependant pas seulement un problème médiatique. Trop de catholiques sont obsédés par ce qui se passe à Rome – ou par ce qu'ils pensent qu'il s'y passe, filtré et déformé par les préjugés des médias et d'Internet. C'est mon troisième conclave, et je suis plus que jamais convaincu que la réalité du Vatican et celle des médias grand public sont souvent différentes ; et la situation est bien pire en ligne et sur les réseaux sociaux, deux outils qui nous rappellent pourquoi Dieu a créé les rédacteurs en chef.

    Pie IX, mentionné plus haut, qui régna de 1846 à 1878, fut le premier pape dont les catholiques affichèrent le portrait chez eux ; avant cela, la plupart des catholiques ignoraient qui était l'évêque de Rome ni quel rôle, s'il en était, il jouait dans leur vie. Comme l'a si bien écrit Matthew Franck dans ces  Lettres, nous aurions besoin d'un pape auquel nous n'aurions pas à penser tous les jours : prier pour chaque jour, certes, mais sans être obsédés par chaque jour. Dans le contexte américain, nous en avons déjà assez de la part de la Maison-Blanche, dont l'attention excessive tend à déformer le reste de la situation dans le pays. 

    Alors peut-être qu’une papauté réduite par les médias est de mise ? 

    ⇒  I Giornali Italiani  frappe à nouveau

    En août 1978, les journaux italiens annonçaient le cardinal Sergio Pignedoli comme prochain pape, s'ils ne faisaient pas de même pour le cardinal Sebastiano Baggio ; aucun des deux n'obtint de soutien significatif lors du conclave qui élut Albino Luciani. 

    Lors du deuxième conclave de 1978, les cardinaux Giovanni Benelli ou Giuseppe Siri furent pré-élus ; tous deux perdirent, et Karol Wojtyła gagna. 

    C'est au tour du cardinal Carlo Maria Martini d'être pré-élu par les médias italiens en 2005 ; le vainqueur écrasant est Joseph Ratzinger. 

    Le cardinal Angelo Scola a été « élu » par les journaux italiens en 2013 ; Jorge Mario Bergoglio a été élu par les vrais électeurs. 

    Et cette année, la presse italienne a élu le cardinal Pietro Parolin avant même que le pape François ne soit enterré.

    Il semblerait qu’il y ait ici quelque chose ressemblant à une loi d’airain de la pséphologie papale à l’œuvre. 

    ⇒  Leadership catholique du futur

    Au milieu de tout ce qui se passait ici à Rome ces trois dernières semaines, l'Église de demain se précisait, tandis que les cardinaux des nouvelles Églises d'Afrique et d'Asie se faisaient connaître et apportaient leurs idées. Il en était de même pour l'avenir du leadership catholique. Parmi les personnalités périphériques qui ont fait forte impression, on trouve le cardinal William Goh de Singapour, le cardinal Virgilio do Carmo da Silva du Timor oriental et le cardinal Peter Okpaleke du Nigéria. Ce sont tous des hommes d'une orthodoxie dynamique, engagés dans la Nouvelle Évangélisation et capables de défendre avec éloquence la clarté de l'enseignement doctrinal et moral de l'Église. 

    Ils devraient continuer à être entendus, et continueront à l’être. 

    ⇒  Sagesse de Trondheim

    Je m'attendais à passer la semaine de Pâques et quelques jours plus tard avec l'évêque Erik Varden de Trondheim, lorsque le décès du pape François et diverses autres obligations m'ont immédiatement conduit à Rome. L'évêque Varden a eu la gentillesse d'organiser une manifestation au cours de laquelle il a contribué à la présentation de l'édition norvégienne de mon livre sur Vatican II,  Sanctifier le monde. Il a ensuite redoublé de générosité en envoyant à Rome, avec un séminariste américain présent à Trondheim pour la Semaine Sainte et Pâques, un cadeau d'Aquavit – même si j'avoue avoir reporté ma découverte de l'eau-de-vie scandinave jusqu'à ce que la situation se soit un peu calmée dans la Ville Éternelle !

    Quoi qu'il en soit, je n'ai pas été surpris que l'auteur de l'indispensable blog Coram Fratribus ait produit une réflexion très approfondie sur un conclave et une élection papale dans une interview avec Luke Coppen. J'en ai repris certains thèmes sur NBC le soir des élections, mais je voudrais conclure ces réflexions en citant ici l' intégralité du texte :

    Le fait est qu'il ne s'agit pas ici de savoir si quelqu'un gagnera. Pensons-nous au poids qui pèsera sur les épaules du futur pape dès son acceptation ? Pensons-nous aux comptes qu'il devra un jour rendre au Juge de tous ? 

    Si vous lisez Dante, ou si vous contemplez n'importe quelle peinture médiévale du Jugement dernier, vous ne manquerez pas de têtes mitrées dans les royaumes inférieurs. En tant qu'évêque, c'est une chose que j'envisage avec tremblement. L'enjeu est immense.

    La force et la foi exigées du Pontife romain défient l'imagination : ce pauvre homme doit être à la fois très fort et très souple ; il doit être intensément présent aux affaires de ce monde tout en menant une vie tout à fait surnaturelle ; il doit pratiquer la dépossession avec héroïsme, sans un instant de répit ; il doit consentir du plus profond de son cœur à l'appel pétrinien : « Quand tu seras vieux, tu étendras les mains, et un autre te ceindra et te mènera là où tu ne veux pas aller » (Jean 21, 18). Qui peut être à la hauteur ?

    Au lieu de considérer le collège des cardinaux comme une écurie et de faire la queue aux paris, je pense que nous devrions penser et prier en ces termes : En ce moment même, la Providence prépare un homme choisi par Dieu à assumer une part suprêmement privilégiée de l'oblation pascale du Christ, à vivre cette charge intime jusqu'à la mort, sous le regard scrutateur d'un monde indiscret dont l'attitude est changeante, qui, dans un instant, passera du cri « Hosanna ! » au sifflement : « Crucifie !

    Habemus papam! Oremus pro eo ferventer ac véhémenter. 

    George Weigel est chercheur principal distingué au Centre d'éthique et de politique publique de Washington. Cet article a été initialement publié dans la collection « Lettres de Rome », éditée par Xavier Rynne II, dans First Things.

  • "Léon XIV, ou la rupture avec la confusion": l'éclairage de Jeanne Smits

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    De Jeanne Smits sur Réinformation TV :

    Habemus papam ! Léon XIV, ou la rupture avec la confusion

    Léon XIV rupture confusion

    La première apparition du pape Léon XIV au balcon de Saint-Pierre, après la proclamation de l’Habemus papam, nous a d’abord convaincu d’une chose, presque surprenante : nous avons un pape ! Le cardinal Robert Prevost s’est coulé dans la fonction – une fonction restaurée – avec une gravité empreinte de bienveillance, habillé comme un pape, parlant comme un pape, et ouvrant son discours par ces mots qui renvoient immédiatement au Christ : « La paix soit avec vous. » Notre Seigneur n’a-t-il pas envoyé ses disciples en mission en leur enjoignant de dire, dans quelque maison qu’ils visitent : « La paix soit sur cette maison » ? Et ce sont les premiers mots que Jésus a prononcés – comme l’a aussitôt rappelé Léon XIV – lui, le Bon Pasteur après sa résurrection.

    Léon XIV a aussi rappelé que « l’humanité a besoin de Lui comme le pont qui lui permet d’être atteinte par Dieu et par son amour ». Lui, le Christ, le Dieu fait homme, est en effet en tant qu’homme « l’unique médiateur » entre Dieu et l’humanité. Il n’y en a pas d’autre. Il n’y a pas d’autre religion qui puisse ainsi relier l’homme à Dieu.

    Lire la suite sur RéinformationTV