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Doctrine - Page 8

  • La Babel synodale va reprendre de plus belle

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    De Stefano Fontana sur la NBQ :

    La Babel synodale continue

    (...) Le concept de synodalité est vague et théologiquement imprécis ; il est même erroné lorsqu'on affirme que « l'Église est synodale » ; la synodalité est considérée comme un « processus » et une « méthode à apprendre », mais cela l'expose à des malentendus dus à la primauté de la praxis sur la doctrine ; la synodalité actuelle est en net contraste avec celle de Paul VI ; le concept de « peuple de Dieu » subit une distorsion horizontale ; le sensus fidei des fidèles est compris comme un « nez » qui doit guider les Pasteurs eux-mêmes ; le « souffle » de l'Esprit est conçu comme un vent de nouveauté ; on ne distingue plus l'Église enseignante de l'Église apprenante ; on adopte des méthodes « démocratiques » et d'assemblée, empruntées aux pratiques du monde, tant politiques que corporatives ; on utilise des expressions à caractère psychologique, sentimental ou sociologique, telles que « conversion relationnelle » ou « conversation dans l'Esprit », comme on peut le lire également dans l'Instrumentum laboris préparé pour la deuxième session du Synode actuellement en cours.

    La nature et la structure du Synode sont modifiées par le nouveau concept de synodalité. À son tour, le Synode, ainsi transformé, diffuse la nouvelle synodalité dans tous les aspects de la vie de l'Église. (...) Certes, des questions comme le diaconat féminin, le célibat des prêtres ou l'évolution de la morale sexuelle sont très pertinentes, mais le vrai problème se situe en amont de ces sujets et d'autres sujets brûlants et réside précisément dans la nouvelle conception de la synodalité. Il se peut que cela ne se traduise pas à court terme par des déclarations bouleversantes sur les questions limites que nous venons d'évoquer, que les tactiques permettent de gérer les choses sans compromis clairs, que les questions épineuses soient diluées ou reportées... mais si la nouvelle conception de la synodalité demeure, la bombe reste amorcée, ses fragments se répandront dans les pratiques quotidiennes, les sensibilités des pasteurs et des fidèles changeront réellement par inertie ou par assimilation aux comportements dominants.

    La nouvelle synodalité se propagera par mille ruisseaux d'en bas, au fur et à mesure que de nouvelles pratiques se multiplieront, comme les bénédictions de couples homosexuels, les célébrations syncrétistes avec d'autres religions, les synodes diocésains avec un pouvoir délibératif ou avec des propositions indécentes auxquelles, cependant, l'évêque ne dira pas non par esprit synodal, de nouveaux rôles pour les laïcs, en particulier les femmes, à l'autel pendant la messe, même en prétextant un manque de prêtres, la contestation des nominations de curés au nom de la démocratie synodale, la création de conseils et d'agrégations diocésains avec la présence d'athées, etc. Sans parler de l'action de groupes et d'associations catholiques de contestation et de lutte, comme l'« Alliance pour l'égalité catholique » suisse, qui agissent pour imposer de nouvelles pratiques sur des questions cruciales.

    Ces observations nous ramènent à l'image de Babel. Beaucoup se plaignent de la confusion qui, même un an plus tard, continue à planer autour du synode et ne se rendent pas compte que cette confusion est fonctionnelle à la nouvelle synodalité. Le 16 février 2024, François a inopinément retiré des travaux synodaux la compétence sur dix macro-sujets, qui ont été confiés à dix groupes d'étude extérieurs au synode qui devront conclure leurs travaux d'ici juin 2025. On pourrait penser qu'en retirant ces patates chaudes, il a affaibli le synode, mais il l'a au contraire rendu plus libre, plus agile et plus efficace. C'est l'un des nombreux aspects de la Babel synodale : le cadre est constamment révisé et d'autres acteurs interviennent au fur et à mesure de l'avancement des travaux. Le Synode lui-même n'est qu'un des acteurs de la nouvelle synodalité qui se déroule désormais « à plusieurs voix », comme un processus diffus et donc plus pénétrant. Outre les dix nouveaux groupes d'étude et les interventions quasi quotidiennes de François en faveur des communautés homosexuelles et LGBT, qui influencent indubitablement les travaux du synode, il convient de rappeler le mouvementisme des dicastères du Saint-Siège. L'Académie pontificale pour la vie, dirigée par Mgr Vincenzo Paglia, a donné de nombreuses preuves de la manière « synodale » de traiter les questions épineuses de bioéthique... La Déclaration Fiducia supplicans (18 décembre 2023) du Dicastère pour la doctrine de la foi, avec son admission de la bénédiction des couples homosexuels, a certainement montré au Synode un nouveau chemin pour « marcher ensemble ». Il en va de même pour Dignitas infinita (8 avril 2024), qui étend le concept de synodalité à l'ensemble de la fraternité humaine.

    (...) Il est difficile de nier que nous sommes en présence de « coups de grâce » par des interventions ciblées de multiples acteurs qui dictent l'ordre du jour du Synode et inhibent la pensée autonome des synodes. Il est également difficile de nier que la nouvelle synodalité est plus large et plus profonde que le Synode lui-même. De cette manière, cependant, la Babel se révèle être une Babel ordonnée. Les acteurs sont nombreux, mais il y a une direction. (...)

    La majorité des fidèles ne connaît pas ou peu ces questions, mais ce n'est pas un obstacle à la mise en œuvre du synodalisme, car les masses inconscientes peuvent être conduites (dans leur bonne foi) vers des formes révolutionnaires de religiosité sans qu'elles s'en rendent compte. La gestion « à plusieurs voix » permet ensuite des choix tactiques articulés : en cas de controverse, le pape n'intervient pas mais nomme une commission, comme dans le cas du diaconat féminin ; de nombreuses questions seront finalement tranchées par François, peut-être même atténuées, mais entre-temps les processus auront avancé ; les positions extrêmes seront attribuées à l'intempérance de l'assemblée et non à ceux qui ont mené les travaux, sauf pour les reprendre dans de nouveaux contextes. De cette manière, les responsabilités se diluent, de sorte que le « peuple de Dieu » ne sait plus où donner de la tête et suivre le courant. La synodalité est comme un poisson qui échappe aux mains de ceux qui veulent l'attraper et qui, en même temps, produit ses effets.

  • Un texte inédit de Benoît XVI sur une question capitale que le synode sur le point de s’ouvrir ignore totalement

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    De Sandro Magister sur Settimo Cielo (diakonos.be) :

    Un texte inédit de Benoît XVI sur une question capitale que le synode sur le point de s’ouvrir ignore totalement

    (s.m.) Le texte inédit que nous reproduisons ci-dessous est la partie finale d’un des écrits autographes que Joseph Ratzinger / Benoît XVI n’a souhaité voir publiés qu’après son décès. Il l’a rédigé entre Noël et l’Épiphanie de l’hiver 2019-2020 avant de le confier le 9 janvier à Don Livion Melina, qui a dirigé avec José Granados l’ouvrage « La verità dell’amore. Tracce per un cammino », qui sortira prochainement en librairie aux éditions Cantagalli, qui le publie pour la première fois intégralement.

    Le titre de cet ouvrage est également le titre de « Veritas Amoris Project », un plan de recherche théologique et pastorale imaginé et fondé en 2019 par ces deux mêmes chercheurs, le premier est par ailleurs l’ancien président de l’Institut pontifical Jean-Paul II pour les études sur le mariage et la famille et ils sont tous deux professeurs de théologie dogmatique et morale dans ce même institut jusqu’à sa décapitation, en 2019 justement, et la chasse aux sorcières qui s’en est suivie pour éliminer les chercheurs les plus éminents avant de changer la finalité de l’Institut, sur ordre du Pape François qui avait mandaté pour cette besogne le Grand Chancelier Vincenzo Paglia.

    À l’époque, plusieurs professeurs s’étaient en vain opposés à cette purge, en partie les mêmes, issus de plusieurs pays, qui collaborent aujourd’hui au « Veritas Amoris Project » et signent les douze thèses qui le développement, à travers autant de chapitres de l’ouvrage.

    Benoît XVI lui-même « considérait que cette mesure était injuste et inacceptable et avait cherché par plusieurs moyens de faire en sorte que les responsables se ravisent », écrit Melina dans l’introduction au texte inédit du pape disparu. Ce dernier « avait accueilli avec grand enthousiasme l’idée de regarder vers l’avenir et d’entreprendre de nouvelles initiatives de recherche et de formation dans le cadre du projet ‘Veritas amoris’ qui mûrissait et prenait forme dans notre groupe de collègues et d’amis ‘Ein nuer Anfang’ : un nouveau départ ! »

    Entre le mois d’août 2019 et janvier 2020, Benoît XVI a accueilli à sept reprises Melina dans sa résidence située dans les jardins du Vatican (voir photo), pour discuter avec lui de ce projet en phase de démarrage.

    Ce projet part de la réalité que la crise actuelle de la foi chrétienne est dans une large mesure une perte de la vérité de cet amour suprême que Dieu a révélé en offrant le Fils fait homme, et donc également de l’amour entre les êtres humains. Le drame d’aujourd’hui c’est que l’amour n’a que la vérité très fragile que chacun de nous veut bien lui attribuer.

    Le fait que l’archevêque Gerg Gänswein, son ancien secrétaire, ait rédigé la préface de cet ouvrage montre à quel point « le rapport entre vérité et amour était central dans tout l’enseignement de Benoît XVI ».

    Mais laissons à présent la parole au pape disparu. Ce qui va suivre est la partie finale des douze pages manuscrites de sa contribution au « Veritas Amoris Project ».

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  • Abus, Baudouin, UCL... : dans l'avion qui le ramenait à Rome, le pape a mis les points sur les i

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    Lors de son retour de Belgique en avion, le pape n'a pas mâché ses mots (source) :

    Valérie Dupont, RTBF: Saint-Père, merci pour votre disponibilité. Excusez ma voix mais la pluie m'a un peu touchée. Vos propos sur la tombe du roi Baudouin ont suscité un peu d'étonnement en Belgique....

    Mais vous savez que l'étonnement est le début de la philosophie et c'est très bien...

    Peut-être… Certains y ont également vu une ingérence politique dans la vie démocratique de la Belgique. Le processus de béatification du roi est lié à ses fonctions. Et comment concilier le droit à la vie, la défense de la vie, et aussi le droit des femmes à avoir une vie sans souffrance?

    Toutes ces vies... Le roi a été courageux parce que face à une loi de mort, il n'a pas signé et a démissionné. Il faut du courage, non? Il faut un homme politique «avec un pantalon» pour faire cela. Il faut du courage. Lui aussi a fait passer un message en agissant de la sorte et il l'a fait parce que c’était un saint. Il n'est pas encore saint, mais le processus de béatification va avancer, car nous en avons eu la preuve.

    Les femmes. Les femmes ont droit à la vie: à leur vie, à la vie de leurs enfants. N'oublions pas de dire ceci: un avortement est un homicide. La science nous dit que le mois de la conception, tous les organes sont déjà là... Vous tuez un être humain. Et les médecins qui s'y prêtent sont -permettez-moi le mot- des tueurs à gages. Ce sont des tueurs à gages. Et sur ce point on ne peut pas discuter. On tue une vie humaine. Et les femmes ont le droit de protéger la vie. Les méthodes anti-contraceptives sont autre chose. Il ne faut pas confondre. Je ne parle maintenant que de l'avortement. Et cela ne peut pas être débattu. Pardonnez-moi, mais c'est la vérité.

    Je vous remercie. Sur ce dernier point... Il y a déjà un département au Vatican. Il y a une structure, dont le président est un évêque colombien, pour les cas d'abus. Il y a une commission mise sur pied par le cardinal O'Malley. Cela fonctionne! On reçoit tous les dossiers au Vatican et on en discute. Moi aussi, j’ai reçu des victimes d'abus au Vatican et j’insiste avec force que les choses avancent. C'est le premier point. Deuxièmement,

    J'ai écouté les victimes. Je crois que c'est un devoir. Certains disent: les statistiques disent que 40-42-46% des abus sont commis dans la famille et le voisinage, et seulement 3% dans l'Église. Tout ça m’importe peu, je m'occupe des victimes dans l'Église! Nous avons la responsabilité d'aider les victimes d'abus et de prendre soin d'elles. Certaines ont besoin d'un traitement psychologique, nous devons les aider. On parle aussi d'indemnisation, parce qu'en droit civil, il y en a une. En droit civil, je pense que le montant est de 50 000 euros en Belgique, ce qui est trop faible. Je crois que c'est le chiffre, mais je n'en suis pas certain. Ce n'est pas quelque chose d’utile. Mais nous devons nous occuper des personnes maltraitées et punir les agresseurs, car la maltraitance n'est pas un péché d'aujourd'hui qui n'existera peut-être plus demain... C'est une tendance, une maladie psychiatrique et c'est pourquoi nous devons les placer sous traitement et les contrôler de cette manière. On ne peut pas laisser un abuseur libre vivre une vie normale, avec des responsabilités dans les paroisses et les écoles. Après leur procès et la condamnation, certains évêques ont donné à des prêtres ayant commis de tels abus une activité, par exemple, dans une bibliothèque, mais sans contact avec les enfants dans les écoles et les paroisses. Nous devons poursuivre dans cette voie. J'ai dit aux évêques belges de ne pas avoir peur et de continuer, d’avancer. La honte, c’est de couvrir. C'est ça la honte.

    (...)

    Tout d'abord, cette déclaration a été faite au moment où j'ai pris la parole. Elle a été faite à l'avance et ce n'est pas moral. Je parle toujours de la dignité des femmes et j'ai dit quelque chose que je ne peux pas dire au sujet des hommes: l'Église est «femme», elle est l'épouse de Jésus. Masculiniser l'Église, masculiniser les femmes, ce n'est pas humain, ce n'est pas chrétien. Le féminin a sa propre force. En effet, les femmes -je le dis toujours- sont plus importantes que les hommes, parce que l'Église est femme, l'Église est l'épouse de Jésus. Si cela semble conservateur à ces dames, alors je suis Carlo Gardell (célèbre chanteur de tango argentin, ndlr)., parce que… je ne comprends pas... Je remarque qu'il y a un esprit obtus qui ne veut pas entendre parler de cela. La femme est l'égale de l'homme, et même, dans la vie de l'Église, la femme est supérieure, parce que l'Église est femme. En ce qui concerne le ministère, la mystique de la femme est plus grande que le ministère. Un grand théologien a fait des études à ce sujet: lequel est le plus grand, le ministère pétrinien ou le ministère marial? Le ministère marial est plus grand parce que c'est un ministère d'unité, engageant, tandis que l'autre est un ministère de guide. La maternité de l'Église est une maternité de femmes. Le ministère est un ministère très mineur, donné pour accompagner les fidèles, toujours dans le cadre de la maternité. Plusieurs théologiens ont étudié cette question et disent que c'est une réalité, je ne dis pas moderne, mais réelle. Ce n'est pas dépassé. Un féminisme exagéré qui veut que les femmes soient machistes ne fonctionne pas. Il y a d’un côté un machisme qui ne va pas, et de l’autre un féminisme qui ne va pas non plus. Ce qui fonctionne, c'est l'Église «femme», qui est supérieure au ministère sacerdotal. Et parfois, on n'y pense pas.

    Mais je vous remercie pour cette question. Et merci à vous tous pour ce voyage, pour le travail que vous avez accompli. Je regrette que le temps soit compté. Mais merci, merci beaucoup. Je prie pour vous, vous priez pour moi. Priez pour moi!

  • Le discours du pape à l'Aula magna de Louvain-la-Neuve

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    Un discours qui a fait grincer des dents, notamment celles de la rectrice de l'UCL qui n'apprécie pas que l'on rappelle la différence entre les sexes ni la vocation respective de chacun d'entre eux et qui considère que ces propos du pape relèvent d'un insupportable conservatisme...

    VOYAGE APOSTOLIQUE DE SA SAINTETE FRANCIS
    AU LUXEMBOURG ET EN BELGIQUE
    (26-29 septembre 2024)

    RENCONTRE AVEC DES ÉTUDIANTS UNIVERSITAIRES 

    DISCOURS DU SAINT-PÈRE

    Aula Magna de l'Université Catholique de Louvain
    Samedi, 28 Septembre 2024

    ___________________________

    Chers frères et sœurs, bonjour !

    Merci, Madame la Rectrice, pour vos aimables paroles. Chers étudiants, je suis heureux de vous rencontrer et d'écouter vos réflexions. Dans ces mots, j'entends la passion et l'espoir, un désir de justice, une recherche de la vérité.

    Parmi les questions que vous abordez, j'ai été frappé par celle de l'avenir et de l'angoisse. Nous voyons combien le mal qui détruit l'environnement et les peuples est violent et arrogant. Il semble ne connaître aucune limite. La guerre est son expression la plus brutale - vous savez que dans un pays, que je ne nommerai pas, les investissements les plus générateurs de revenus sont aujourd'hui des usines d'armement, c'est moche ! - et ne semble pas connaître de limites à cet égard : la guerre est une expression brutale, tout comme la corruption et les formes modernes d'esclavage. La guerre, la corruption et les nouvelles formes d'esclavage. Parfois, ces maux polluent la religion elle-même, qui devient un instrument de domination. Attention ! Mais c'est un blasphème. L'union des hommes avec Dieu, qui est l'Amour sauveur, devient alors un esclavage. Même le nom du Père, qui est une révélation d'attention, devient une expression d'arrogance. Dieu est Père, pas maître ; il est Fils et Frère, pas dictateur ; il est Esprit d'amour, pas dominateur.

    Nous, chrétiens, savons que le mal n'a pas le dernier mot - et sur ce point nous devons être forts : le mal n'a pas le dernier mot - qu'il a, comme on dit, ses jours comptés. Cela n'enlève rien à notre engagement, au contraire : l'espérance est notre responsabilité. Une responsabilité à assumer parce que l'espoir ne déçoit jamais, ne déçoit jamais. Et cette certitude a raison de la conscience pessimiste, du style de Turandot... L'espoir ne déçoit jamais !

    Et maintenant, trois mots : gratitude, mission, fidélité.

    La première attitude est la gratitude, parce que cette maison nous est donnée : nous n'en sommes pas les maîtres, nous sommes des hôtes et des pèlerins sur la terre. Le premier à en prendre soin est Dieu : nous sommes avant tout pris en charge par Dieu, qui a créé la terre - dit Isaïe - « non pas comme une contrée affreuse, mais pour qu'elle soit habitée » (cf. Is 45, 18). Le huitième psaume est plein de gratitude émerveillée : « Quand je vois tes cieux, œuvre de tes doigts, / la lune et les étoiles que tu as fixées, / qu'est-ce que l'homme pour que tu te souviennes de lui, / le fils de l'homme pour que tu prennes soin de lui ? » (Ps 8, 4-5). La prière du cœur qui me vient est : Merci, ô Père, pour le ciel étoilé et pour la vie dans cet univers !

    La seconde attitude est celle de la mission : nous sommes dans le monde pour en préserver la beauté et le cultiver pour le bien de tous, en particulier de la postérité, celle qui suivra dans l'avenir. C'est le « programme écologique » de l'Église. Mais aucun plan de développement ne réussira si l'arrogance, la violence, la rivalité demeurent dans nos consciences, voire dans notre société. Il faut aller à la source du problème, qui est le cœur de l'homme. C'est aussi du cœur de l'homme que vient l'urgence dramatique de la question écologique : de l'indifférence arrogante des puissants, qui privilégient toujours l'intérêt économique. L'intérêt économique : l'argent. Je me souviens de ce que me disait ma grand-mère : « Fais attention dans la vie, car le diable vient dans tes poches ». L'intérêt économique. Tant qu'il en sera ainsi, tout appel sera réduit au silence ou ne sera pris en compte que dans la mesure où il convient au marché. Cette « spiritualité » est donc celle du marché. Et tant que le marché restera premier, notre maison commune souffrira d'injustice. La beauté du don exige notre responsabilité : nous sommes des hôtes, pas des despotes. À cet égard, chers étudiants, considérez la culture comme la culture du monde, et pas seulement des idées.

    C'est là que réside le défi du développement intégral, qui requiert la troisième attitude : la fidélité. Fidélité à Dieu et fidélité à l'homme. Ce développement concerne en effet toutes les personnes dans tous les aspects de leur vie : physique, morale, culturelle, sociopolitique ; et il s'oppose à toute forme d'oppression et de mise à l'écart. L'Eglise dénonce ces abus, s'engageant avant tout à la conversion de chacun de ses membres, de nous-mêmes, à la justice et à la vérité. En ce sens, le développement intégral fait appel à notre sainteté : c'est une vocation à une vie juste et heureuse, pour tous.

    Alors maintenant, l'option à faire est entre manipuler la nature et cultiver la nature. Une option comme celle-ci : soit manipuler la nature, soit cultiver la nature. En commençant par notre nature humaine - pensez à l'eugénisme, aux organismes cybernétiques, à l'intelligence artificielle. L'option entre manipuler ou cultiver concerne également notre monde intérieur.

    La réflexion sur l'écologie humaine nous amène à une question qui vous tient à cœur et, avant cela, à moi et à mes prédécesseurs : le rôle des femmes dans l'Église. J'aime ce que vous avez dit. La violence et l'injustice pèsent lourd ici, ainsi que les préjugés idéologiques. C'est pourquoi nous devons redécouvrir le point de départ : qui est la femme et qui est l'Église. L'Église est la femme, elle n'est pas « l'Église », elle est « l'Église », elle est l'épouse. L'Église est le peuple de Dieu, pas une multinationale. La femme, dans le peuple de Dieu, est fille, sœur, mère. Comme je suis fils, frère, père. Telles sont les relations qui expriment notre être à l'image de Dieu, homme et femme, ensemble et non séparément ! En effet, les femmes et les hommes sont des personnes et non des individus ; ils sont appelés dès le « commencement » à aimer et à être aimés. Une vocation qui est une mission. Et c'est de là que vient leur rôle dans la société et dans l'Église (cf. saint Jean-Paul II, Lettre apostolique Mulieris Dignitatem, 1).

    Ce qui caractérise la femme, ce qui est féminin, n'est pas consacré par des consensus ou des idéologies. Et la dignité est assurée par une loi originelle, non pas écrite sur le papier, mais dans la chair. La dignité est un bien inestimable, une qualité originelle, qu'aucune loi humaine ne peut donner ou enlever. À partir de cette dignité, commune et partagée, la culture chrétienne élabore toujours à nouveau, dans des contextes différents, la mission et la vie de l'homme et de la femme et leur être mutuel, en communion. Non pas l'un contre l'autre, ce qui serait du féminisme ou du machisme, et non pas dans des revendications opposées, mais l'homme pour la femme et la femme pour l'homme, ensemble.

    Rappelons-nous que la femme est au cœur de l'événement salvifique. C'est à partir du « oui » de Marie que Dieu lui-même vient au monde. La femme est accueil fécond, attention, dévouement vital. C'est pourquoi la femme est plus importante que l'homme, mais il est mauvais que la femme veuille être homme : non, elle est femme, et c'est « lourd », c'est important. Ouvrons les yeux sur les nombreux exemples quotidiens d'amour, de l'amitié au travail, de l'étude à la responsabilité sociale et ecclésiale, de l'union conjugale à la maternité, à la virginité pour le Royaume de Dieu et pour le service. N'oublions pas, je le répète : l'Église est femme, elle n'est pas masculine, elle est femme.

    Vous êtes ici pour grandir en tant que femmes et en tant qu'hommes. Vous êtes en voyage, en formation en tant que personnes. C'est pourquoi votre parcours académique englobe différents domaines : la recherche, l'amitié, le service social, la responsabilité civile et politique, l'expression artistique...

    Je pense à l'expérience que vous vivez chaque jour, dans cette Université catholique de Louvain, et je partage avec vous trois aspects simples et décisifs de la formation : comment étudier ? pourquoi étudier ? et pour qui étudier ?

    Comment étudier : il n'y a pas seulement une méthode, comme dans toute science, mais aussi un style. Chacun peut cultiver le sien. En effet, l'étude est toujours un chemin vers la connaissance de soi et des autres. Mais il y a aussi un style commun qui peut être partagé dans la communauté universitaire. On étudie ensemble : avec ceux qui ont étudié avant moi - les professeurs, les camarades plus avancés - avec ceux qui étudient à mes côtés, dans la salle de classe. La culture comme soin de soi implique de prendre soin les uns des autres. Il n'y a pas de guerre entre les étudiants et les professeurs, il y a un dialogue, parfois un peu intense, mais il y a un dialogue et le dialogue fait grandir la communauté universitaire.

    Deuxièmement, pourquoi étudier ? Il y a une raison qui nous pousse et un objectif qui nous attire. Il faut qu'ils soient bons, car le sens des études en dépend, la direction de notre vie en dépend. Parfois, j'étudie pour trouver ce type de travail, mais je finis par vivre en fonction de cela. Nous devenons la « marchandise », nous vivons en fonction du travail. Nous ne vivons pas pour travailler, mais nous travaillons pour vivre ; c'est facile à dire, mais il faut s'engager à le mettre en pratique de manière cohérente. Et ce mot de cohérence est très important pour tout le monde, mais surtout pour vous, les étudiants. Vous devez apprendre cette attitude de cohérence, être cohérent.

    Troisièmement : pour qui étudier ? Pour vous-mêmes ? Pour rendre des comptes aux autres ? Nous étudions pour pouvoir éduquer et servir les autres, avant tout avec le service de la compétence et de l'autorité. Avant de nous demander si nous étudions pour quelque chose, préoccupons-nous de servir quelqu'un. Une bonne question à se poser pour un étudiant universitaire : qui est-ce que je sers, moi ? Ou ai-je le cœur ouvert à un autre service ? Le diplôme universitaire témoigne alors d'une capacité à servir le bien commun. J'étudie pour moi, pour travailler, pour être utile, pour le bien commun. Et cela doit être très équilibré, très équilibré !

    Chers étudiants, c'est une joie pour moi de partager ces réflexions avec vous. Ce faisant, nous percevons qu'il existe une réalité plus grande qui nous éclaire et nous dépasse : la vérité. Qu'est-ce que la vérité ? Pilate a posé cette question. Sans vérité, notre vie perd son sens. L'étude a un sens lorsqu'elle cherche la vérité, lorsqu'elle essaie de la trouver, mais avec un esprit critique. Mais la vérité, pour la trouver, a besoin de cette attitude critique, pour pouvoir avancer. L'étude a du sens quand elle cherche la vérité, ne l'oubliez pas. Et en la cherchant, elle comprend que nous sommes faits pour la trouver. La vérité se fait trouver : elle est accueillante, elle est disponible, elle est généreuse. Si nous renonçons à chercher ensemble la vérité, l'étude devient un instrument de pouvoir, de contrôle sur les autres. Et je vous avoue que cela m'attriste de trouver, partout dans le monde, des universités qui ne préparent les étudiants qu'à acquérir ou à détenir le pouvoir. C'est trop individualiste, sans communauté. L'alma mater est la communauté universitaire, l'université, ce qui nous aide à faire société, à faire fraternité. L'étude sans (recherche de la vérité) ensemble n'est pas utile, elle domine. Au contraire, la vérité nous rend libres (cf. Jn 8,32). Chers étudiants, voulez-vous la liberté ? Soyez des chercheurs et des témoins de la vérité ! Essayez d'être crédibles et cohérents à travers les choix quotidiens les plus simples. C'est ainsi qu'elle devient, chaque jour, ce qu'elle veut être : une université catholique ! Et allez-y, allez-y, et n'entrez pas dans les luttes avec des dichotomies idéologiques, non. N'oubliez pas que l'Église est une femme et que cela nous aidera beaucoup.

    Merci pour cette rencontre. Merci d'être bons ! Je vous bénis de tout cœur. Je vous bénis de tout cœur, vous et votre chemin de formation. Et je vous demande de prier pour moi. Et si quelqu'un ne prie pas ou ne sait pas prier ou ne veut pas prier, envoyez-moi au moins de bonnes ondes, qui sont nécessaires ! Je vous remercie !

    Traduit de l'italien avec deepl

  • Les Belges "libéraux" donnent du fil à retordre à François

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    Du Catholic Herald :

    Les Belges libéraux donnent du fil à retordre à François

    28 septembre 2024

    ROME – Au début de son week-end prolongé au Luxembourg et en Belgique, le pape François a annoncé aux journalistes qu'il ne saluerait pas chacun d'entre eux, se disant trop fatigué. Cette décision intervient après que François a annulé deux audiences en début de semaine en raison d'un rhume, selon le Vatican.

    Il y a fort à parier que ce vendredi en Belgique n'a pas non plus beaucoup remonté le moral du pontife, car c'était l'une des journées les plus difficiles qu'il ait eues sur son chemin depuis un certain temps.

    Le Premier ministre belge Alexander De Croo a réprimandé le pape François pour les scandales d'abus sexuels dans l'Eglise. Le recteur de l'Université catholique de Louvain, Luc Sels, a lancé un appel à la création de prêtres femmes, une proposition à laquelle le pape a déjà fermement répondu par un « non », et a également exhorté l'Eglise à être encore plus ouverte à la communauté LGBTQ+.

    Et, dans des remarques aux journalistes, Benedict Lemley, le doyen de la faculté de théologie de Louvain, a déclaré avec désinvolture que l'attachement de l'Église aux « vérités universelles » peut être un problème dans une université catholique qui cherche à être « critiquement loyale » à la foi.

    Même la rencontre du pape vendredi soir avec un groupe de survivants d'abus sexuels, censée être un geste de sensibilité pastorale, a suscité la colère d'un groupe de défense qui a qualifié la session de simple « limitation des dégâts ».

    Dans l’ensemble, ce n’était pas une journée facile pour représenter la religion institutionnelle dans l’une des sociétés les plus laïques de la planète – et tout cela s’ajoutait au fait que c’était une journée froide et pluvieuse à Bruxelles, ce qui ajoutait à l’ambiance légèrement morose.

    Tout au long de cette période, François a maintenu son message, insistant sur le fait que l’Église « ne doit jamais se conformer à la culture prédominante, même lorsque cette culture utilise, de manière manipulatrice, des valeurs dérivées de l’Évangile, en en tirant des conclusions inauthentiques qui provoquent souffrance et exclusion ».

    La journée a commencé par la rencontre de François avec le roi Philippe et la reine Mathilde, suivie de sa rencontre avec De Croo, qui assure actuellement l'intérim jusqu'à ce qu'un nouveau gouvernement puisse être formé. Si c'était là son chant du cygne, De Croo semblait déterminé à en profiter au maximum. « Nous ne pouvons pas ignorer les blessures douloureuses qui existent dans la communauté catholique et dans la société civile », a-t-il déclaré au pape. « De nombreux cas d’abus sexuels et d’adoptions forcées ont miné la confiance. » « Vous vous êtes engagés à adopter une approche juste et équitable, mais le chemin est encore long », a déclaré De Croo au pape. « Les ministres de l'Église travaillent avec conviction et charité, mais si quelque chose ne va pas, les dissimulations sont inacceptables. »

    La Belgique a été particulièrement touchée par les scandales d'abus ecclésiastiques, notamment le cas notoire de l'ancien évêque Roger Vangheluwe, qui a démissionné après avoir admis avoir abusé de mineurs, dont deux de ses propres neveux.

    « Aujourd’hui, les mots ne suffisent plus », a déclaré De Croo. « Il faut prendre des mesures concrètes. Les victimes doivent être entendues et occuper une place centrale. Elles ont droit à la vérité et les injustices doivent être reconnues. » « Pour pouvoir regarder vers l’avenir, l’Église doit d’abord faire la lumière sur son passé », a-t-il déclaré.

    François n'a pas esquivé le sujet, qualifiant les abus de « fléau auquel l'Église s'attaque avec fermeté et détermination en écoutant et en accompagnant ceux qui ont été blessés, et en mettant en œuvre un programme de prévention dans le monde entier ».

    Mais la réaction négative aux scandales d'abus n'a pas été la seule note amère entendue par le pape, puisque Sels, le recteur de Louvain, l'a également bousculé sur le rôle des femmes dans l'Église. « L’autorité de l’Église dépend aussi de la mesure dans laquelle elle accueille la diversité dans la société », a déclaré Sels, demandant à haute voix pourquoi le catholicisme « tolère cet énorme fossé entre les hommes et les femmes, dans une Église qui est de facto souvent dirigée par des femmes ? » « L'Eglise ne serait-elle pas plus cordiale si elle accordait aux femmes une place plus importante, y compris dans le sacerdoce ? » a-t-il demandé, sachant pertinemment que le pape avait déjà donné sa réponse, et qu'il s'agissait donc plutôt d'une question rhétorique.

    Sels a également appelé à une position plus ouverte sur les questions LGBTQ+, affirmant que « l’Église dans le monde entier est appelée à mettre les récentes découvertes scientifiques en dialogue avec la théologie », et a ajouté que le catholicisme devrait se méfier des réponses « une fois pour toutes ».

    Enfin, Lemley, doyen de la faculté de théologie et d’études religieuses de Louvain, a informé le pape que si l’université est « au service de notre Église », cet engagement s’exprime de manière « critique et loyale ». « Un véritable ami ne vous dit pas toujours ce que vous aimez entendre », a déclaré Lemley. « Il vous dit aussi… ce que vous devez améliorer. »

    Lemley a offert au pontife un livre intitulé L’évêque de Rome et les théologiens de Louvain, qui comprend, entre autres, un chapitre consacré à « repenser les normes de l’Église en matière de sexualité ». Le livre commence par un aveu honnête : « Cette visite papale n’est pas sans controverse, en partie à cause des nombreux scandales entourant les abus sexuels, émotionnels et spirituels dans l’Église », peut-on lire dans l’introduction. « Ceux qui s’associent à elle ne peuvent pas compter sur beaucoup de bonne volonté de la part de la société et de la culture. »

    Lemley a suggéré que l’Église devrait peut-être repenser certains principes fondamentaux. « Je pense qu’un problème auquel l’Église est confrontée aujourd’hui est qu’elle a tendance à essayer de trouver des vérités universelles, vous savez, des dogmes universels, des points de vue universels… c’est en quelque sorte un problème parce que nous avons tellement de pays différents avec tellement de cultures différentes, et certains sont sécularisés, d’autres ne le sont pas. » « Et donc, tant que nous essayons d’avoir une vérité universelle et intouchable pour tous et chacun, cela est difficile », a-t-il déclaré, créant une fois de plus un casse-tête pour un pape qui représente une Eglise qui prétend proclamer de telles vérités universelles.

    A sa manière, François n'a pas reculé devant le défi, déclarant vendredi après-midi aux professeurs de Louvain que « c'est une belle chose de considérer les universités comme des génératrices de culture et d'idées, mais surtout comme des promotrices de la passion pour la recherche de la vérité, au service du progrès humain ».

    François a déploré ce qu’il a appelé la « fatigue intellectuelle » de ceux qui refusent de chercher la vérité et restent ainsi dans un « état permanent d’incertitude, dépourvu de toute passion, comme si la recherche de sens était inutile et la réalité incompréhensible ».

    Cela constituait un puissant contre-point à la fin d’une journée difficile – une journée au cours de laquelle François lui-même aurait pu être excusé de ressentir un peu de lassitude, sinon intellectuelle, du moins physique et, peut-être même pastorale.

  • Saint Thomas d'Aquin : dispensateur de la vérité catholique

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    De kath.net/news :

    Le Triomphe de saint Thomas d'Aquin de Benozzo Gozzoli, vers 1450-1475 [Louvre Paris]. Thomas d'Aquin, entouré d'Aristote et de Platon, renverse à ses pieds l'érudit musulman Averroès, qu'il respectait mais qu'il rejeta finalement.

    Thomas d'Aquin : dispensateur de la vérité catholique

    26 septembre 2024

    « Dans le christianisme, il n'y a pas de place pour l'abattement, le fatalisme et le nihilisme, car nous sommes tous , entre les mains de Dieu ». Par Gerhard Card. Müller

    Kath.net documente les explications du cardinal Gerhard Ludwig Müller, préfet émérite de la Congrégation pour la doctrine de la foi, sur saint Thomas d'Aquin dans l'original en langue allemande et remercie S.E. de son aimable autorisation de republication :

    Annoncer à tous les hommes « l'Évangile de Dieu... et de son Fils... Jésus-Christ notre Seigneur » (Rm 1,-1-4) est la mission essentielle de l'Église.

    Pour qu'elle puisse accomplir sa mission divine, « l'Esprit Saint l'introduit dans toute la vérité, l'unit dans la communion et le service, la prépare et la dirige par les divers dons hiérarchiques et charismatiques, et l'orne de ses fruits ». (Lumen gentium 4).

    C'est l'expression de leur constitution hiérarchique et sacramentelle lorsque les apôtres et leurs successeurs épiscopaux exécutent le mandat de Jésus, qui leur a dit par autorité divine : « Allez vers toutes les nations... et enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit ». (Mt 28, 19).

    Et en même temps, la capacité d'enseigner est aussi l'un des charismes libres par lesquels l'Esprit Saint rassemble et construit l'unique corps du Christ dans la diversité de ses membres : « Si quelqu'un est appelé à enseigner, qu'il enseigne ! » (Rm 12, 7) - dit l'apôtre Paul aux chrétiens de Rome, afin que chacun contribue, avec le don qui lui a été attribué, à l'édification de l'Église dans l'amour.

    La théologie chrétienne est une fonction essentielle de l'Eglise du Logos incarné - qu'elle soit représentée par des professeurs de rang sacerdotal ou laïc. Et elle ne doit jamais oublier cette double référence, qu'elle est à la fois ancrée dans la mission du Christ et de l'Église apostolique, et qu'elle ne sera préservée d'un rationalisme froid et d'un positivisme sans humour que si elle n'oublie pas son élément charismatique. « Car personne ne peut dire 'Jésus est le Seigneur' - s'il ne parle pas dans l'Esprit Saint... Car à chacun est donnée la révélation de l'Esprit pour qu'elle soit utile aux autres,... (par exemple) le charisme de communiquer la sagesse et d'apporter la connaissance ». (1 Co 12, 3.7.8).

    La théologie est en effet la troisième forme d'enseignement dans l'Église, après la présentation officielle de la foi révélée par le magistère et après sa médiation catéchétique et homilétique dans la vie liturgique et sociale des fidèles. La théologie fait appel aux méthodes scientifiques et à l'argumentation logique. En effet, toute personne qui s'interroge sur le « Logos de notre espérance » (1 P 3, 15) mérite une réponse rationnelle. Celle-ci ne doit certes pas soumettre les vérités de la révélation au pouvoir de compréhension limité de la raison naturelle. Mais la raison de la foi (ratio fidei) participe, par la lumière du Saint-Esprit, au Logos de Dieu qui, en Jésus-Christ, s'est placé dans l'horizon de compréhension de l'homme, l'a élargi et élevé. « Car la vraie lumière, celle qui éclaire tout homme, est venue dans le monde... et à tous ceux qui l'ont reçue, elle a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu ». (Jn 1, 9.12).

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  • Que des théologiens progressistes dans l'équipe du cardinal Fernandez

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    De Stefano Fontana sur la NBQ :

    les nouveaux consultants

    Changer la morale : seuls des théologiens progressistes dans l'équipe de Fernandez

    Les nouveaux Consulteurs du Dicastère pour la doctrine de la foi appartiennent à la théologie progressiste et promettent de changer la doctrine de l'Église sur la contraception, l'homosexualité, le mariage, la théologie du corps, de changer substantiellement la morale catholique en général.

    25_09_2024

    Les nouveaux Consulteurs du Dicastère pour la doctrine de la foi ont été nommés et le choix des noms s'est fait principalement dans le sens d'une théologie progressiste. L'épine dorsale des nouveaux Consulteurs est constituée de théologiens qui ont toujours contesté l'encyclique Veritatis splendor de Jean-Paul II, ont préparé et soutenu les innovations d' Amoris laetitia , veulent changer ce que dit l'Église sur le mariage et la sexualité, affirment que les Humanae vitae est réformable, ils comprennent l'amour au sens large et comme un processus qui accueille chacun en tenant compte du fait que quelqu'un peut être plus en avance et d'autres plus en retard mais que personne n'est en dehors, ils sont parfaitement en phase avec les besoins synodaux de la nouvelle Église , ils parlent beaucoup de conscience et de discernement, leur attribuant la même importance que la loi naturelle et divine a dans la vie morale, ils rejettent le concept de loi naturelle, la considérant tout au plus comme une sédimentation des nombreux actes de discernement historiquement ultérieurs. .

    Il existe des figures historiques du progressisme théologique, notamment en théologie morale , comme Aristide Fumagalli . Maurizio Chiodi est également nominé. En 2022, dans un article publié dans une revue dehoniens, il disait que l'enseignement de Humanae vitae pourrait être modifié . Le nom de Chiodi est très significatif car il est étroitement lié aux événements de l'Institut Jean-Paul II d'études sur le mariage et la famille, où il a déménagé pour enseigner de Milan à Rome. On peut dire qu'il est comme l'emblème de cette opération de Francesco et Paglia visant à liquider définitivement l'enseignement de Jean-Paul II sur ces thèmes, transformant fondamentalement la physionomie de l'Institut qu'il voulait et qui portait son nom.

    Ceux qui ont suivi ces événements n'ont certainement pas été surpris par sa nomination comme Consulteur du Dicastère du Préfet Fernández. Viennent ensuite bien d'autres, de Pier Davide Guenzi , théologien moral qui préside l'association professionnelle, à Antonio Staglianò qui préside par contre l'Académie pontificale de théologie, à Giacomo Canobbio qui voudrait une Église démocratique au sens de démocratie politique, jusqu'à quelques gloires historiques comme Basilio Petrà. Nous n'avons pas l'intention de faire une liste, mais force est de constater que le choix a été très prudent. On peut déjà savoir d'avance qu'un nombre important de Consulteurs vont changer la doctrine de l'Église sur la contraception, l'homosexualité, le mariage, l'amour conjugal, la théologie du corps, et changer substantiellement la morale catholique en général. Nous le savons parce qu’ils l’ont déjà fait et écrit et c’est précisément pour cela qu’ils ont été nominés.

    Chacun de nous, en entendant l’expression Dicastère pour la Doctrine de la Foi, imagine quelque chose qui ressemble à l’ancien Saint-Office. Bien sûr, nous savons tous qu'elle ne s'appelle plus ainsi et qu'elle ne s'appelle même plus Congrégation, mais nous imaginons qu'elle a conservé quelque chose qui a à voir avec la tradition et l'autorité, quelque chose qui a trait à la défense de la doctrine, à la dénonciation des déviations, les fidèles étant mis en garde contre les falsifications de la vérité tant dans le domaine de la loi naturelle que dans celui de la vérité révélée.

    Prenons par exemple la vie de ce Dicastère pendant le pontificat de Jean-Paul II et sous la direction du cardinal Ratzinger. Au total, les condamnations directes ont été peu nombreuses par rapport au passé, mais de nombreux documents officiels ont été produits pour clarifier des questions délicates. Les fidèles pensent encore à quelque chose comme ceci : peu importe les condamnations des théologiens et les publications qui diffèrent de la doctrine, mais au moins les clarifications doctrinales devraient continuer à être là. Mais aujourd’hui, ce n’est plus le cas et quiconque pense encore que c’est le cas se trompe. Le sens de cette ancienne Congrégation a été changé, maintenant transformé en un stimulant pour la recherche théologique orientée vers le changement.

    François l'avait dit dans la lettre personnelle envoyée au cardinal Víctor Manuel Fernández à l'occasion de sa nomination comme préfet du Dicastère : il fallait éviter les « méthodes immorales » de condamnation utilisées dans le passé, ne plus poursuivre les erreurs doctrinales mais promouvoir la recherche théologique, stimuler le charisme des théologiens non selon une « théologie de bureau », pour utiliser toutes les philosophies sans exception. Personne ne doit donc plus attendre du Dicastère un dernier mot sur une question controversée, mais bien le contraire : le rejet des certitudes et l’ouverture de questions controversées. En fait, si nous examinons tous les documents signés jusqu’à présent par Fernández (et par François), nous constatons qu’ils visent à déplacer et non plus à confirmer, qu’ils sont provocateurs et parfois scandaleux. Le nouveau Dicastère pour la doctrine de la foi nous invite à ne pas croire ce qu'il dit mais à être en désaccord et pour ce faire, il nomme comme consulteurs ceux qui, jusqu'à hier, étaient des théologiens de la dissidence. Il semble que la contestation des années 70 soit montée jusqu'au Palais du Saint-Office et prétende de là devenir (contradictoirement) la norme.

    Nous ne pensons pas que les consultants ne soient pas importants. Ils le sont plus que les membres eux-mêmes, tout comme les théologiens l’étaient plus que les Pères conciliaires de Vatican II. Bien sûr, pas tous les Consulteurs, mais ceux qui connaissent les salles secrètes savent bien qu'il y a les Consulteurs qui ne sont pas consultés et ceux qui sont consultés. Il ne fait aucun doute que ce dernier cas est le cas du groupe de théologiens progressistes nouvellement nommés.

  • Le pape François nomme des consultants au bureau de doctrine du Vatican, dont un théologien controversé

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    D'Hannah Brockhaus sur ACIPrensa :

    Le pape François nomme des consultants au bureau de doctrine du Vatican, dont un théologien controversé

    23 septembre 2024

    Le pape François a nommé 28 nouveaux consultants auprès du Dicastère pour la doctrine de la foi (DDF) du Vatican, parmi lesquels le théologien moral Maurizio Chiodi, qui a exprimé des opinions contraires aux enseignements de l'Église catholique.

    Chiodi, un théologien moraliste, a fait l'objet d'une attention médiatique ces dernières années pour avoir suggéré que l'utilisation de contraceptifs dans le mariage pourrait être moralement permise dans certaines circonstances.

    Lors d’une conférence à Rome en 2017, le prêtre a également déclaré que les relations homosexuelles « sous certaines conditions » pourraient être « le moyen le plus fructueux » pour ceux qui ont des attirances pour le même sexe de « jouir de bonnes relations ».

    Chiodi a été nommé professeur de théologie à l'Institut théologique pontifical Jean-Paul II pour les sciences du mariage et de la famille en 2019 suite à sa refondation par le pape François. Il est également membre de l'Académie pontificale pour la vie depuis 2017.

    Le Dicastère pour la Doctrine de la Foi, le bureau du Vatican chargé des questions d'orthodoxie doctrinale dans l'Église catholique et des enquêtes et poursuites concernant les abus sexuels commis par des prêtres, est sous la direction du cardinal Víctor Manuel Fernández depuis septembre 2023.

    Au cours de l'année écoulée, le DDF a été aux prises avec les conséquences internes et œcuméniques de la Fiducia supplicans , la déclaration du dicastère autorisant les bénédictions non liturgiques pour les couples de même sexe. Elle a également publié un document sur la dignité humaine , Dignitas Infinita , qui aborde les préoccupations croissantes concernant la théorie du genre, les changements de sexe, la maternité de substitution et l'euthanasie, ainsi que l'avortement, la pauvreté, la traite des êtres humains et la guerre.

    En mai, le dicastère a également publié de nouvelles normes pour juger les prétendues apparitions mariales, approuvant par la suite la dévotion mariale dans plusieurs lieux spirituels, et récemment à Medjugorje .

    Les près de trois douzaines de nouveaux consultants externes, experts en théologie, droit canonique et Écriture, rencontreront les consultants existants du DDF pour conseiller les dirigeants et les membres du dicastère à intervalles réguliers.

    Les 28 nouvelles nominations sont pour la plupart des prêtres-théologiens italiens, mais comprennent également six femmes – deux religieuses et quatre théologiens laïcs – et deux théologiens laïcs.

    La liste complète des nouveaux consultants ci-dessous :

    Mgr Antonio Staglianò, président de l'Académie pontificale de théologie.

    P. Giovanni Ancona, professeur de théologie.

    P. Giacomo Canobbio, directeur scientifique de l'Académie catholique de Brescia.

    P. Carlo Dell'Osso, secrétaire de l'Institut Pontifical d'Archéologie Chrétienne de Rome.

    Père Basilio Petrà, théologien.

    Père Bruno Fabio Pighin, canoniste.

    P. Mario Stefano Antonelli, recteur du Séminaire Pontifical Lombard des Saints Ambrogio et Carlo à Rome.

    Père Pasquale Bua, théologien.

    Père Maurizio Chiodi, théologien.

    Père Massimo Del Pozzo, canoniste.

    P. Aristide Fumagalli, théologien.

    P. Federico Giuntoli, bibliste.

    P. Pier Davide Guenzi, théologien moral.

    Père Franco Manzi, théologien.

    P. Massimo Regini, théologien.

    Père Raffaele Talmelli, supérieur général de la Congrégation des Serviteurs du Paraclet et exorciste.

    P. Denis Chardonnens, OCD, théologien.

    Père Armando Genovese, MSC, théologien.

    P. Juan Manuel Granados Rojas, SJ, bibliste.

    P. Dominic Sundararaj Irudayaraj, SJ, bibliste.

    Mario Bracci, théologien.

    Sœur Giuseppina Daniela Del Gaudio, SFI, directrice de l'Observatoire des Apparitions et Phénomènes Mystiques de la Vierge Marie dans le Monde.

    Sœur Benedetta Rossi, Missionnaires de Marie, bibliste.

    Donatella Abignente, théologienne.

    Claudia Leal Luna, théologienne.

    Sandra Mazzolini, théologienne.

    Ignazia Siviglia, théologienne.

    Emanuele Spedicato, canoniste.

  • Toutes les religions se valent, c’est le Pape qui l’a dit

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    De Sandro Magister sur Settimo Cielo (Diakonos.be) :

    Toutes les religions se valent, c’est le Pape qui l’a dit

    « Understood ? », « Capito ? », a fini par demander en anglais le Pape François aux jeunes de différentes religions qui l’entouraient, le 13 septembre à Singapour, à la dernière étape de son récent voyage en Asie et en Océanie (voir photo).

    La réponse (à la minute 44’42’’ de l’enregistrement vidéo du Vatican) a été accueillie par des éclats de rire et des applaudissements, comme s’ils avaient apprécié ce qu’il venait de dire, mais sans trop le prendre au sérieux.

    Et qu’est-ce que le Pape avait donc bien pu dire juste avant, en italien traduit en anglais phrase par phrase ? Voici la transcription de ses déclarations, enregistrées dans les actes officiels de son pontificat :

    « L’une des choses qui m’a le plus frappé chez vous, les jeunes, ici, c’est votre capacité de dialogue interreligieux. Et c’est très important, parce que si vous commencez à vous disputer : ‘Ma religion est plus importante que la tienne… ‘, ‘La mienne est la vraie, la tienne n’est pas vraie… ‘. Où cela mène-t-il ? Où ? Quelqu’un répond : où ? [quelqu’un répond : ‘La destruction’]. C’est ainsi. Toutes les religions sont un chemin vers Dieu. Elles sont – je fais une comparaison – comme des langues différentes, des idiomes différents, pour y parvenir. Mais Dieu est Dieu pour tous. Et parce que Dieu est Dieu pour tous, nous sommes tous fils de Dieu. ‘Mais mon Dieu est plus important que le vôtre !’ Est-ce vrai ? Il n’y a qu’un seul Dieu, et nous, nos religions sont des langues, des chemins vers Dieu. Certains sont sikhs, d’autres musulmans, d’autres hindous, d’autres chrétiens, mais ce sont des chemins différents. Understood ? ».

    Dix jours se sont déjà écoulés depuis que François a fait cette déclaration, et pourtant rien ne s’est passé, comme si même à l’intérieur de l’Église, personne ne prend plus ses déclarations au sérieux, peut-être dans l’espérance que « ce qu’il a dit ne soit pas exactement ce qu’il voulait dire », comme l’a écrit Charles Chaput, l’archevêque émérite de Philadelphie dans « First Things ».

    Alors qu’en fait, il y a quelques décennies à peine, les thèses formulées à Singapour par le Pape François avait déclenché dans l’Église l’une des crises les plus radicales sur l’identité même de la foi chrétienne, une crise tranchée – mais visiblement pas résolue – par la déclaration « Dominus Iesus » promulguée en août 2000 par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi présidée à l’époque par Joseph Ratzinger, en accord total et public avec le pape de l’époque, Jean-Paul II.

    Pour bien comprendre la gravité des enjeux, il est bon de relire ce que disait Giacomo Biffi, un cardinal et théologien de grande valeur, à ses collèges cardinaux à la veille du conclave de 2005 qui allait élire Ratzinger pape :

    « Je voudrais signaler au nouveau pape l’affaire incroyable de la déclaration ‘Dominus Iesus’. Jamais, en 2 000 ans – depuis le discours de Pierre après la Pentecôte – on n’avait ressenti la nécessité de rappeler cette vérité : Jésus est l’unique et indispensable Sauveur de tous. Cette vérité est, pour ainsi dire, le degré minimum de la foi. C’est la certitude primordiale, c’est pour les croyants la donnée la plus simple et la plus essentielle. Jamais, en 2 000 ans, elle n’a été remise en doute, pas même pendant la crise de l’arianisne ni à l’occasion du déraillement de la Réforme protestante. Qu’il ait fallu rappeler cette vérité à notre époque montre à quel point la situation est grave aujourd’hui ».

    Mais lisons ce que déclare « Dominus Iesus ». Le danger auquel cette déclaration entendait réagir était le « relativisme », c’est-à-dire le fait de considérer que toutes les religions se valent, ce qui revient par conséquence à vider de son sens la mission évangélique :

    « La pérennité de l’annonce missionnaire de l’Église est aujourd’hui mise en péril par des théories relativistes, qui entendent justifier le pluralisme religieux, non seulement de facto mais aussi de iure (ou en tant que principe). »

    Un relativisme qui considère comme dépassées « des vérités comme l’unicité et l’universalité salvifique du mystère de Jésus-Christ », professées très fermement depuis la période apostolique.

    Par Pierre :

    « Dans son discours devant le sanhédrin, pour justifier la guérison de l’impotent de naissance réalisée au nom de Jésus (cf. Ac 3,1-8), Pierre proclame : ‘Il n’y a pas sous le ciel d’autre nom donné aux hommes, par lequel nous devions être sauvés’ (Ac 4,12) »

    Et par Paul :

    « S’adressant à la communauté de Corinthe, Paul écrit : ‘Bien qu’il y ait, soit au ciel, soit sur la terre, de prétendus dieux – et de fait il y a quantité de dieux et quantité de seigneurs –, pour nous en tous cas, il n’y a qu’un seul Dieu, le Père, de qui viennent toutes choses et vers qui nous allons, et un seul Seigneur, Jésus-Christ, par qui viennent toutes choses et par qui nous allons’ (1 Co 8,5-6) ».

    Sans pour autant que cela ne porte préjudice à un dialogue respectueux entre les religions :

    « Cette vérité de foi n’enlève rien à la considération respectueuse et sincère de l’Église pour les religions du monde, mais en même temps, elle exclut radicalement la mentalité indifférentiste imprégnée d’un relativisme religieux qui porte à considérer que ‘toutes les religions se valent’. […] La parité, condition du dialogue, signifie égale dignité personnelle des parties, non pas égalité des doctrines et encore moins égalité entre Jésus-Christ – Dieu lui-même fait homme – et les fondateurs des autres religions ».

    La déclaration « Dominus Iesus » a connu une réception tourmentée. Ses détracteurs répandirent pendant des années la fake news prétendant qu’elle aurait été écrite par des prélats de seconde zone de la Congrégation pour la Doctrine de la foi, et que le cardinal Ratzinger et le Pape Jean-Paul II les auraient laissé faire par embarras et par indolence, sans se soucier de nuire aux ouvertures du Concile Vatican II et à l’« esprit d’Assise » prophétique des rencontres interreligieuses.

    Ces fausses rumeurs circulaient encore au début du pontificat de François. À tel point qu’en mars 2014, un mois après sa démission du pontificat, Ratzinger/Benoit XVI avait publié une note de clarification sur la manière dont les choses s’étaient vraiment passées.

    Il commence tout d’abord par reconnaître le « courage de la vérité » du Pape Karol Wojtyla :

    « Jean-Paul II ne recherchait pas les applaudissements et il n’a jamais regardé autour de lui avec inquiétude en se demandant comment ses décisions allaient être accueillies. Il a agi en fonction de sa foi et de ses convictions et il était même prêt à recevoir des coups. Le courage de la vérité est, à mes yeux, un critère de premier ordre de la sainteté ».

    Et il poursuit par cette reconstruction inédite expliquant à quel point Jean-Paul II partageait pleinement la déclaration « Dominus Iesus » :

    « Face au tourbillon qui s’était développé autour de ‘Dominus Iesus’, Jean-Paul II m’annonça qu’il avait l’intention de défendre ce document de manière tout à fait claire lors de l’Angélus. Il m’invita à rédiger pour l’Angélus un texte qui soit, pour ainsi dire, étanche et qui ne permette aucune interprétation différente. Il fallait montrer de manière tout à fait indiscutable qu’il approuvait inconditionnellement le document.

    Je préparai donc un bref discours. Toutefois je n’avais pas l’intention d’être trop brusque ; je cherchai donc à m’exprimer avec clarté mais sans dureté. Après l’avoir lu, le pape me demanda encore une fois : ‘Est-ce que c’est vraiment assez clair ?’. Je lui répondis que oui. Mais ceux qui connaissent les théologiens ne seront pas étonnés d’apprendre que, malgré cela, il y a eu par la suite des gens qui ont soutenu que le pape avait pris prudemment ses distances par rapport à ce texte ».

    L’Angélus au cours duquel le Pape Jean-Paul II a lu les phrases écrites pour lui par Ratzinger était celui du 1er octobre 2000, deux mois après la publication de « Dominus Iesus ».

    Il est bon de la relire :

    « Avec la Déclaration ‘Dominus Iesus’ – ‘Jésus est le Seigneur’ – que j’ai approuvée sous une forme particulière, j’ai voulu inviter tous les chrétiens à renouveler leur adhésion à Lui dans la joie de la foi, en témoignant de façon unanime qu’il est, également aujourd’hui et demain, ‘le chemin, la vérité et la vie’ (Jn 14, 6). Notre confession du Christ comme unique Fils, à travers lequel nous voyons nous-mêmes le visage du Père (cf. Jn 14, 8), n’est pas l’arrogance de celui qui méprise les autres religions, mais une reconnaissance joyeuse car le Christ s’est montré à nous sans que nous n’en ayons aucun mérite. Et, dans le même temps, Il nous a engagés à continuer à donner ce que nous avons reçu, et également à communiquer aux autres ce qui nous a été donné, car la Vérité donnée et l’Amour qui est Dieu appartiennent à tous les hommes.

    Avec l’Apôtre Pierre, nous confessons qu’ ’il n’y a pas d’autre nom donné aux hommes par lequel nous devions être sauvés’ (Ac 4, 12). La Déclaration ‘Dominus Iesus’, dans le sillage de Vatican II, explique que cela ne signifie pas que le salut est nié aux non-chrétiens, mais qu’on en indique la source ultime dans le Christ, en qui Dieu et l’homme sont unis. Dieu donne la lumière à tous de façon adaptée à leur situation intérieure et à leur environnement, en leur accordant la grâce salvifique à travers des voies qu’il connaît (cf. ‘Dominus Iesus’ VI, 20-21). Le document apporte un éclaircissement sur les éléments chrétiens essentiels, qui ne font pas obstacle au dialogue, mais montrent ses bases, car un dialogue sans fondement serait destiné à dégénérer en paroles vides de sens.

    Cela vaut également pour la question œcuménique. Si le document, avec le Concile Vatican II, déclare que ‘l’unique Église du Christ subsiste dans l’Église catholique’, il n’entend pas exprimer par cela une considération moindre à l’égard des autres Églises et communautés ecclésiales. Cette conviction s’accompagne de la conscience que cela n’est pas dû au mérite humain, mais est un signe de la fidélité de Dieu qui est plus forte que les faiblesses humaines et les péchés, que nous avons confessés de façon solennelle devant Dieu et les hommes au début du Carême. L’Église catholique souffre – comme le dit le document – du fait que de véritables Églises particulières et communautés ecclésiales possédant de précieux éléments de salut soient séparées d’elle.

    Le document exprime ainsi encore une fois la même passion œcuménique qui se trouve à la base de mon encyclique ‘Ut unum sint’. J’ai espoir que cette Déclaration qui me tient à cœur, après tant d’interprétations erronées, puisse finalement jouer son rôle de clarification et, dans le même temps, d’ouverture. »

    *

    Pour en revenir à ce que le Pape François a dit aux jeunes de Singapour, de toute évidence le fossé abyssal avec l’enseignement de « Dominus Iesus » et celui des deux papes qui l’ont précédé sur la chaire de Pierre.

    Mais le fossé est encore plus dramatique si ces déclarations sont mises en rapport avec les raisons d’être de l’Église depuis toujours et avec la « priorité suprême et fondamentale de l’Église et du successeur de Pierre aujourd’hui », mises en lumière par Benoît XVI dans ce mémorable passage de sa lettre aux évêques du monde entier du 10 mars 2009 :

    « À notre époque où dans de vastes régions de la terre la foi risque de s’éteindre comme une flamme qui ne trouve plus à s’alimenter, la priorité qui prédomine est de rendre Dieu présent dans ce monde et d’ouvrir aux hommes l’accès à Dieu. Non pas à un dieu quelconque, mais à ce Dieu qui a parlé sur le Sinaï ; à ce Dieu dont nous reconnaissons le visage dans l’amour poussé jusqu’au bout (cf. Jn 13, 1) – en Jésus Christ crucifié et ressuscité.

    En ce moment de notre histoire, le vrai problème est que Dieu disparaît de l’horizon des hommes et que tandis que s’éteint la lumière provenant de Dieu, l’humanité manque d’orientation, et les effets destructeurs s’en manifestent toujours plus en son sein. Conduire les hommes vers Dieu, vers le Dieu qui parle dans la Bible: c’est la priorité suprême et fondamentale de l’Église et du successeur de Pierre aujourd’hui. »

    On ne manquera pas de constater que le Pape François a prononcé ces paroles dans l’une des rares régions du monde où l’élan missionnaire de l’Église catholique est le plus vivace, sans réaliser qu’en mettant toutes les religions sur un même pied d’égalité, il vidait de son sens le mandat de Jésus ressuscité de faire « de toutes les nations des disciples » (Matthieu 28,18-20).

    ———

    Sandro Magister est le vaticaniste émérite de l’hebdomadaire L’Espresso.
    Tous les articles de son blog Settimo Cielo sont disponibles en langue française sur diakonos.be.

    Ainsi que l’index complet de tous les articles français de www.chiesa, son blog précédent.

  • Le pontificat du pape François est-il un retour aux débats des années 1970 et 1980 ?

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    D'Andrea Gagliarducci sur le NCR :

    Le pontificat du pape François est-il un retour aux débats des années 1970 et 1980 ?

    COMMENTAIRE : Le récent hommage du Saint-Père au regretté père jésuite Pedro Arrupe, le controversé père général de son ordre religieux pendant cette période tumultueuse, suggère l'influence formatrice d'événements survenus il y a longtemps

    Au cours de ses voyages à l’étranger, les rencontres entre le pape François et les membres locaux de son ordre jésuite ont fourni des indices révélateurs sur l’orientation de son pontificat – y compris lors de sa récente visite à Singapour.

    Les commentaires du Saint-Père laissent entrevoir un désir pontifical permanent de revisiter les débats ardents de l'Église des années 1970 et 1980, qui semblaient avoir été réglés au cours des pontificats précédents des papes Jean-Paul II et Benoît XVI.

    Nous ne disposons pas encore de la transcription complète de la rencontre du pape François avec les jésuites de Singapour, mais nous savons – grâce à un reportage de Vatican News qui comprend un témoignage du père jésuite Antonio Spadaro – que le pape a parlé de deux jésuites : Pedro Arrupe, qui a dirigé la Compagnie de Jésus dans les années turbulentes qui ont suivi le concile Vatican II, et Matteo Ricci, le missionnaire en Chine de la fin du XVIe et du début du XVIIe siècle. Ces deux personnages sont très appréciés et toujours très controversés.

    Le mandat du père Arrupe en tant que « pape noir » – le surnom officieux donné au chef des jésuites, officiellement appelé Père général – fut turbulent et polarisant. Jean-Paul II plaça brièvement les jésuites dans une sorte de tutelle ecclésiastique alors que le père Arrupe était encore nominalement à la tête de l’ordre. En tant que général, le père Arrupe avait également inquiété le pape saint Paul VI en raison de sa dérive progressiste à la tête de la Compagnie de Jésus.

    Il existe deux écoles de pensée concernant la relation entre le pape François et le père Arrupe.

    La première affirme que le pape François n'a pleinement compris la réalité d'être pape que lorsqu'il a décidé, au début de son pontificat, de rendre hommage à la tombe du père Arrupe. Car pendant son mandat de père général, Arrupe n'aimait pas le père Jorge Mario Bergoglio, alors provincial des jésuites en Argentine, et le futur pape n'aimait pas Arrupe. Après tout, Bergoglio, après son mandat de provincial, a été exilé à Córdoba, puis envoyé étudier pour un doctorat en Allemagne qu'il n'a jamais terminé, et a ensuite été nommé évêque auxiliaire de Buenos Aires non pas sur la liste des jésuites mais sur proposition du cardinal Antonio Quarracino, un prélat orthodoxe profondément opposé à la ligne du père Arrupe.

    La deuxième école de pensée considère que le père Pedro Arrupe a été le mentor et le maître de Jorge Mario Bergoglio, en développant l’idée de la théologie du peuple comme une alternative plus orthodoxe à la théologie de la libération et en choisissant les thèmes qu’il a abordés lors de la 32e Congrégation générale – l’organe suprême de la Compagnie de Jésus – en 1974, et que le pape François a souvent cités.

    Cette Congrégation a marqué le début d'un nouveau chapitre dans l'histoire des Jésuites : les décrets approuvés parlent d'immigration, de justice sociale, de nouvelle pastorale familiale, de dialogue avec les athées, de rupture de toutes les barrières avec les autres religions, d'inculturation et de protection de l'environnement.

    Ce sont autant de thèmes que le pape François a fait siens et qui sont aujourd'hui au centre de son pontificat. On peut donc penser que François, qui était l'un des 237 délégués de cette Congrégation, s'inspire en réalité jusqu'au plus profond de lui-même de l'exemple et du leadership d'Arrupe.

    Avec cette histoire à l’esprit, on peut voir le pontificat de François comme un retour aux débats des années 1970 et 1980.

    Le débat entre progressistes et conservateurs qui a dominé ces décennies a trouvé une solution sous Jean-Paul II et Benoît XVI, en partie par opposition et en partie par supposition.

    Jean-Paul II était un penseur courageux et un génie philosophique qui a fait de la piété populaire et de l'« orthodoxie créative » les caractéristiques d'un pontificat réfléchi qui a su canaliser les énergies libérées par le Concile et les diriger vers des voies orthodoxes. Benoît XVI — qui a contribué plus que jamais à faire en sorte que les déclarations officielles de Jean-Paul II restent dans les limites de l'enseignement établi — a également été le premier à être appelé « le pape vert » pour son engagement écologique , et a centré tout son travail avant et après son accession au pape sur la vérité et l'unité de l'Église.

    Après le pontificat de Benoît XVI, François reprit l'idée d'un retour en arrière. Des événements comme le « Pacte des Catacombes » de Vatican II refirent surface , la réception du Concile redevint un enjeu crucial et les ouvertures entreprises sous Jean-Paul II et Benoît XVI vers le monde catholique plus traditionnel furent effacées ou neutralisées.

    Le pontificat du pape François est-il donc un pontificat de restauration ?

    Si l’on considère les détails, on doit se poser cette question. Du regard porté vers le passé avec la volonté de réécrire l’histoire, des points de référence tous ancrés dans l’Église des années 1970 et de la présence de « cardinaux de la remédiation » dans pratiquement tous les consistoires convoqués jusqu’à présent, on assiste à une tentative du pape de récupérer l’histoire passée ou de s’excuser pour de prétendues exclusions pour des raisons politiques.

    La question n’est pas, en fin de compte, de savoir si le pape François considère Arrupe comme un ami ou un ennemi, s’il fait partie de l’histoire récente des jésuites ou non. Le fait est que le pape nous fait regarder en arrière et nous empêche donc de voir les défis qui nous attendent aujourd’hui.

  • Le cardinal Müller : il n'y a pas de péché contre l'enseignement de l'Eglise, prétendument utilisé comme une arme

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    Du cardinal Gerhard Müller sur kath.net/news :

    Le cardinal Müller : il n'y a pas de péché contre l'enseignement de l'Eglise, prétendument utilisé comme une arme

    21 septembre 2024

    Le catalogue des « péchés » lors de la célébration pénitentielle d'ouverture du synode se lit « comme une check-list de l'idéologie du woke et du gender, un peu laborieusement travestie sous une apparence chrétienne » - « Il n'y a pas non plus de péché contre une sorte de synodalité qui ... » Par le cardinal Gerhard Müller

    Vatican (kath.net) Au début du synode sur la synodalité, qui n'est plus seulement un synode d'évêques mais une assemblée mixte, mais qui ne représente en aucun cas toute l'Eglise catholique, il doit y avoir une célébration avec un acte de pénitence qui culmine dans la contrition de péchés nouvellement inventés (par des hommes !).

    Dans son intention, le péché est le fait de détourner l'homme de Dieu et de le tourner vers des biens créés qui sont vénérés à sa place ou de manière réelle comme des idoles païennes. Nous pouvons également pécher contre notre prochain si nous ne l'aimons pas comme nous-mêmes pour l'amour de Dieu. Cela inclut aussi une exploitation égoïste des biens naturels de la terre, que Dieu met à la disposition de tous les hommes comme base de vie. C'est pourquoi nous pouvons aussi pécher si nous utilisons les matières premières, l'argent et les données exclusivement à notre avantage et au détriment des autres.

    Il suffit de penser aux oligarques ou aux « philanthropes » multimilliardaires qui exploitent d'abord sans vergogne les larges masses populaires pour se laisser ensuite célébrer comme leurs bienfaiteurs avec quelques aumônes. Le pape et les évêques ne devraient pas se laisser prendre en photo avec ces gens-là . Toute impression de copinage avec eux doit être évitée, tout comme lorsqu'on se prend pour Robin des Bois, comme si l'on prenait quelque chose aux riches pour le donner aux pauvres.

    Les représentants de l'Eglise du Christ, qui a donné sa vie pour nous en tant que bon berger, devraient plutôt se présenter comme leurs critiques prophétiques, à l'instar de Jean-Baptiste qui, risquant sa tête, a dit à Hérode : « Il ne t'est pas permis.... ». Le Christ est mort pour nos péchés et nous a réconciliés avec Dieu par sa croix et sa résurrection, afin que nous puissions aussi vivre en bonne intelligence avec notre prochain, dans la paix et l'amour. Dieu notre Père nous a donné le Décalogue et son Fils a proclamé les Béatitudes du Sermon sur la montagne, afin que nous puissions, à sa lumière, reconnaître et faire le bien et éviter le mal.

    Le catalogue présenté des péchés supposés contre la doctrine de l'Eglise, utilisée comme projectile, ou contre la synodalité, quoi que l'on entende par là, se lit comme une check-list de l'idéologie du woke et du gender, un peu laborieusement travestie sous une apparence chrétienne, à part quelques méfaits qui crient vers le ciel.

    Pour tromper la bonne foi, on y trouve aussi des méfaits dont l'abstention est une évidence pour tout chrétien. Ceux qui sont naïfs peuvent se laisser aveugler par la compilation arbitraire de péchés réels contre le prochain et par la critique justifiée des inventions théologiques absurdes des personnes motivées par le synode.

    Mais il n'y a pas de péché contre l'enseignement de l'Église, qui est soi-disant utilisé comme une arme, parce que l'enseignement des apôtres dit que le salut ne se trouve en aucun autre nom que celui du Christ (Actes 4, 12). Et c'est pourquoi Luc, par exemple, a écrit son évangile (Lc 1, 1-4), afin que nous puissions nous « convaincre de la fiabilité de la doctrine » dans laquelle nous avons été instruits dans la foi salvatrice en Jésus le Messie, le Fils de Dieu. Et Paul décrit la tâche des évêques en tant que garants de l'enseignement transmis par les apôtres (1 Tm 6). L'enseignement de l'Église n'est pas, comme le pensent certains anti-intellectuels de l'épiscopat qui, en raison de leur manque de formation théologique, aiment invoquer leurs talents pastoraux, une théorie académique sur la foi, mais la présentation rationnelle de la Parole révélée de Dieu (1 Tm 3, 15), qui veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité par l'intermédiaire d'un seul médiateur entre Dieu et les hommes : l'homme Christ Jésus, la Parole incarnée de Dieu son Père (1 Tm 2, 4s).

    Il n'y a pas non plus de péché contre une sorte de synodalité utilisée comme moyen de lavage de cerveau pour discréditer les soi-disant conservateurs en les traitant de passéistes et de pharisiens déguisés, et pour faire passer les idéologies progressistes qui ont conduit au déclin des Églises en Occident dans les années 1970 pour l'aboutissement des réformes de Vatican II, qui auraient été freinées par Jean-Paul II et Benoît XVI. La collaboration de tous les croyants au service de l'édification du Royaume de Dieu est dans la nature même de l'Église, peuple de Dieu, corps du Christ et temple du Saint-Esprit. Mais on ne peut pas relativiser le ministère épiscopal en fondant la participation au synode des évêques sur le sacerdoce commun de tous les fidèles et une nomination pontificale, écartant ainsi implicitement la sacramentalité du ministère ordonné (l'ordo de l'évêque, du prêtre, du diacre) et relativisant finalement la constitution hiérarchique et sacramentelle de l'Église de droit divin (Lumen gentium 18-29), que Luther avait niée par principe.

    Dans l'ensemble, les grands agitateurs des voies synodales et du synodalisme galopant sont plus préoccupés par l'acquisition de postes influents et par l'imposition de leurs idéologues non catholiques que par le renouvellement de la foi en Christ dans le cœur des gens. Le fait que les institutions ecclésiastiques se désagrègent dans des pays autrefois entièrement chrétiens (séminaires vides, communautés religieuses mourantes, mariages et familles brisés, départs massifs de l'Eglise - plusieurs millions de catholiques en Allemagne) ne les ébranle pas au plus profond d'eux-mêmes. Ils poursuivent obstinément leur agenda, qui se résume à la destruction de l'anthropologie chrétienne, jusqu'à ce que le dernier éteigne la lumière et que les caisses de l'Eglise soient vides.

    Il n'y aura de renouveau de l'Église dans l'Esprit Saint que si le pape, au nom de tous les chrétiens, confesse courageusement et à haute voix sa foi en Jésus et lui dit : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ». (Mt 16, 16).

    Traduit avec DeepL.com

  • "Nihil obstat" pour Medjugorje

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    "Le document du dicastère pour la Doctrine de la foi approuvé par le Pape François ne se prononce pas sur le caractère surnaturel mais reconnaît l'abondance des fruits spirituels liés au sanctuaire paroissial de la Reine de la Paix et formule un jugement globalement positif sur les messages, avec cependant quelques précisions." (Vatican News)

    DICASTÈRE POUR LA DOCTRINE DE LA FOI 

    “La Reine de la Paix”

    Note sur l’expérience spirituelle liée à Medjugorje

     Avant-propos

    1. Le moment est venu de conclure une histoire longue et complexe relative aux phénomènes spirituels de Medjugorje. Histoire au cours de laquelle se sont succédées des opinions divergentes d’Évêques, de théologiens, de commissions et d’analystes.

    Les conclusions exprimées dans cette Note s’inscrivent dans le contexte de ce qui est déterminé dans les actuelles Normes procédurales pour le discernement de phénomènes surnaturels présumés (Dicastère pour la Doctrine de la Foi, 17 mai 2024 ; désormais Normes). Par conséquent, la perspective de l’analyse est assez différente de celle utilisée dans de précédentes études.

    Il est important de préciser d’emblée que les conclusions de cette Note n’impliquent pas un jugement sur la vie morale des présumés voyants. D’autre part, il faut rappeler que lorsqu’on reconnaît une action de l’Esprit pour le bien du Peuple de Dieu “au milieu” d’une expérience spirituelle depuis ses origines jusqu’à nos jours, les dons charismatiques (gratiae gratis datae) – qui peuvent y être liés – ne requièrent pas nécessairement la perfection morale des personnes impliquées pour pouvoir agir.

    2. Bien que dans l’ensemble des messages relatifs à cette expérience spirituelle nous trouvions bien des éléments positifs qui aident à saisir l’appel de l’Évangile, certains messages – selon l’opinion de quelques-uns – présenteraient des contradictions ou seraient liés aux désirs ou aux intérêts des voyants présumés ou d’autres personnes. Il n’est pas exclu que cela ait pu se produire pour quelques messages, et ce fait nous rappelle ce que disent les Normes de ce Dicastère : que de tels phénomènes « semblent parfois liés à des expériences humaines confuses, à des expressions théologiquement imprécises ou à des intérêts qui ne sont pas entièrement légitimes » (Normes, n. 14). Cela n’exclut pas la possibilité de « quelque erreur d’ordre naturel qui n’est pas due à une mauvaise intention, mais à la perception subjective du phénomène » (Ibid., art. 15.2). Comme exemple de ce langage mystique imprécis et finalement théologiquement incorrect, nous pouvons mentionner – parmi les messages liés à Medjugorje (cf. Raccolta completa dei messaggi della Regina della Pace. «Vi supplico: convertitevi!», Camerata Picena [AN] 2024 ; dans certains cas, la traduction a été améliorée en la rapprochant du texte original) – l’expression isolée de « mon Fils, un et trine, vous aime » (02.11.2017). Il n’est pas rare que des textes mystiques, qui cherchent à exprimer la présence de toute la Trinité dans le mystère du Verbe incarné, utilisent des mots inadaptés comme ceux-ci. Dans ce cas, il faut comprendre que dans le Fils fait homme se manifeste l’amour du Dieu un et trine (cf. Dicastère pour la Doctrine de la Foi, « Trinité Miséricorde ». Lettre à l’Évêque de Côme à propos de l’expérience spirituelle liée au sanctuaire de Maccio (Villa Guardia), 15 juillet 2024). En outre, le lecteur doit garder à l’esprit que chaque fois qu’il est fait référence dans cette Note à des “messages” de la Vierge, cela s’entend toujours de “messages présumés”.

    Pour le discernement des événements liés à Medjugorje, nous considérons fondamentalement l’existence de fruits clairement vérifiés et l’analyse des messages mariaux présumés.

    Les fruits

    3. Un effet immédiat du phénomène de Medjugorje a été le nombre important et croissant de dévots dans le monde entier et les nombreuses personnes qui s’y rendent en pèlerinage en provenance des horizons les plus divers.

    Les fruits positifs se révèlent avant tout dans la promotion d’une pratique saine de la vie de foi, conformément à ce qui est présent dans la tradition de l’Église. Dans le contexte de Medjugorje, cela concerne aussi bien ceux qui étaient éloignés de la foi que ceux qui l’avaient pratiquée jusqu’alors de manière superficielle. La spécificité du lieu consiste en un grand nombre de ces fruits : les conversions abondantes, le retour fréquent à la pratique sacramentelle (Eucharistie et réconciliation), les nombreuses vocations à la vie sacerdotale, religieuse et conjugale, l’approfondissement de la vie de foi, une pratique plus intense de la prière, de nombreuses réconciliations entre époux et le renouveau de la vie conjugale et familiale. Il convient de mentionner que ces expériences se produisent principalement dans le cadre de pèlerinages sur les lieux des événements originaux plutôt que lors de rencontres avec les “voyants” pour assister aux apparitions présumées.

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