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Doctrine - Page 2

  • Newman, docteur de la conscience

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    Du Chanoine Christian Gouyaud sur le site de La Nef :

    Newman, le Docteur de la conscience : sa compréhension de la primauté de la conscience

    Newman a été déclaré le 1er novembre dernier « Docteur de la conscience ». La question de la primauté de la conscience est en effet centrale dans sa réflexion théologique. Explications.

    La vie et l’œuvre de Newman pourraient à juste titre être considérées comme « un vaste commentaire sur la conscience », écrivait Ratzinger. Sa vie : d’une part, les investigations du Mouvement d’Oxford en général se ramenaient à « un effort pour ramener l’Église à la conscience d’elle-même » (M. Nédoncelle), et Newman perçut la « tradition » justement comme la « conscience de l’Église », soit son identité fondamentale à travers le développement dogmatique ; d’autre part, au dire de saint John Henry lui-même, les impératifs de sa conscience se sont trouvés au cœur de la conversion à l’Église catholique qu’il comprit être divine, la conscience étant ici ce qui s’imposait à lui comme vérité, alors même que personne n’avait « une opinion plus défavorable que lui sur l’état des catholiques [de son temps] » ! Son œuvre : Newman étudie thématiquement la question de la conscience comme telle. C’est cet aspect que nous nous proposons de présenter ici, à partir de la fameuse Lettre au Duc de Norfolk (1875).

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  • Il y a 75 ans : la proclamation du dogme de l'Assomption de la Vierge Marie

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    D'Henri de Villiers sur le site de la Schola Sainte-Cécile :

    Proclamation du dogme de l’Assomption le 1er novembre 1950

    La Dormition (la mort paisible, tel un sommeil) et l’Assomption (la non corruption du corps et sa montée au ciel) de la Sainte Vierge sont unanimement célébrées dès l’époque patristique dans toutes les Eglises d’Orient & d’Occident. L’Église catholique a considéré que les traditions anciennes sur lesquelles ont été établies la célébration liturgique (outre le fait objectif qu’il n’y a jamais eu mention de reliques du corps de la Vierge Marie qu’une église aurait détenu) étaient conforme au dépôt de la Foi.

    A partir du XIXème siècle, des pétitions commencent à affluer à Rome pour que soit officiellement défini le dogme de l’Assomption. De 1854 à 1945, huit millions de fidèles écriront à Rome en ce sens ! Chiffre auquel il faut ajouter les pétitions de 1 332 évêques (représentant 80 % des sièges épiscopaux) et 83 000 prêtres, religieux et religieuses. Face à ces demandes répétées, Pie XII, par l’encyclique Deiparae Virginis, publiée en mai 1946, demande à tous les évêques du monde de se prononcer sur la question. La réponse est quasi unanime : 90 % des évêques y sont favorables. La plupart des 10 % restant s’interrogent sur l’opportunité d’une telle déclaration, seulement six évêques émettant des doutes sur le caractère « révélé » de l’Assomption de Marie. A la suite de ces réponse, le Pape décide de proclamer solennellement le dogme de l’Assomption en 1950 au cours de célébrations magnifiques & grandioses, dont voici ci-dessous quelques photographies d’époque.

    Notons que la proclamation dogmatique de l’Assomption reste à ce jour le seul & unique cas où l’infaillibilité pontificale, telle que définie au Concile de Vatican I, a été mise en oeuvre ; infaillibilité assise du reste sur la collégialité : tous les évêques du monde s’étaient prononcés sur la question, & la présence de 800 évêques autour du Pape lors de la proclamation ressemble à s’y méprendre à un concile.

    D’une tradition enseignée par la liturgie & professée par les Pères & Docteurs des premiers siècles (dès saint Ephrem au IVème siècle), et paisiblement continuée durant l’histoire de l’Eglise, l’Assomption devint donc dès lors un dogme de foi que doivent tenir les catholiques. C’est un avis tout à fait personnel, mais il est possible que l’apparition croissante au cours du XXème siècle de pseudo-théologies contestataires & modernistes, de plus en plus irrespectueuses de la grande Tradition de l’Eglise, ait joué un rôle dans cette prise de décision du vénérable Pie XII, finalement prophétique…

    La proclamation dogmatique ne se fit pas – comme on aurait pu s’y attendre – un 15 août mais le 1er novembre de l’Année Sainte 1950, jour de la Toussaint, situant ainsi Marie dans la communion de tous les saints.

    Plus discutable fut la refonte des textes liturgiques de la fête du 15 août qui fut alors décidée. On trouvait que ces textes liturgiques, pourtant vénérables (ils avaient traversés les siècles depuis l’institution de la fête de l’Assomption à Rome par le Pape Théodore (642 † 649), d’origine constantinopolitaine), n’exprimaient pas suffisamment le mystère célébré. A dire vrai, c’était surtout l’évangile de la messe qui étonnait les mentalités contemporaines. En effet, on y chantait Luc 10, 38-42, soit le Christ chez Marthe & Marie. Ce passage pourtant était appliqué à la Sainte Vierge dans l’exégèse patristique et est utilisé également dans les rits byzantin & mozarabe pour la fête du 15 août, il s’agissait donc d’un patrimoine vraiment antique. Quant aux nouvelles pièces du chant liturgique qui furent élaborées en place des anciennes, on peut même noter une régression dans l’affirmation du mystère célébré (comparez ainsi l’antique offertoire : « Assumpta est Maria in cœlum : gaudent Angeli, collaudantes benedicunt Dominum, alleluia » avec le moderne composé en 1950 pour prendre sa place : « Inimitias ponam inter te et mulierem, et semen tuum et semen illius »).

    Avant de laisser la place aux belles images des glorieuses cérémonies de 1950, rappelons que l’Assomption de la Vierge réaffirme « le caractère provisoire de notre mort corporelle qui, en style chrétien, prend le nom de sommeil et de dormition » (R.P. Martin Jugie (1878 † 1954), in « La mort et l’Assomption de la Sainte Vierge », chapitre « Opportunité et avantage de la définition solennelle de la doctrine de l’Assomption »), affirmation non négligeable à notre époque alors que ce développe une civilisation matérialiste qui nie le sens ultime de l’existence humaine.

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  • Vivre au milieu des saints (homélie pour le jour de la Toussaint 2022)

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    L'homélie de l'abbé Christophe Cossement pour la fête de la Toussaint (archive 2022) :

    Vivre au milieu des saints

    Quand on entend le Seigneur dire « votre récompense sera grande dans les cieux » (Mt 5,12), on est souvent un peu dépité, car on aimerait une récompense pour maintenant. Enfin, dans l’ambiance actuelle, c’est déjà quelque chose d’entendre qu’on peut se préparer à un grand avenir… L’avenir nous paraît de nos jours si compliqué… Tout à l’heure je me demanderai si ce bel avenir ne commence pas aujourd’hui, mais explorons d’abord de quoi sera fait cet avenir. Je ne le ferai pas par des suppositions, mais à partir de l’énumération que le Seigneur nous fait en promettant le bonheur.

    Nous vivrons avec des gens qui ont un cœur de pauvre, pas avec des orgueilleux, des râleurs, des mal-contents, des méprisants… Quel bonheur de vivre avec des gens qui cherchent à promouvoir l’autre plutôt qu’eux-mêmes ! Nous vivrons avec des doux, avec des miséricordieux qui ne font pas la liste de leurs griefs envers nous mais nous accueillent avec un grand cœur. Avec des personnes sensibles qui osent pleurer du mal qui frappe l’homme. Avec des pacifiques. Avec des amoureux de la justice — non pas seulement la justice sociale, mais aussi celle qui concerne Dieu : que Dieu soit honoré comme il convient, et le prochain servi comme il convient ! Nous vivrons avec des gens qui ont tant aimé le Seigneur qu’ils n’ont pas craint les insultes ou la persécution. Bref, quel paradis partagé avec de tels frères et sœurs, à contempler l’auteur de toute beauté, de toute joie, de tout amour : nous verrons Dieu tel qu’il est ! (1 Jn 3,2)

    Vous me direz : et pour tous ceux qui ne sont pas comme le dit Jésus, qu’y aura-t-il pour eux ? C’est pour eux que la méditation de l’Église, a partir des indications de l’Écriture qui parlent d’une purification possible après la mort, a imaginé qu’il y avait un Purgatoire : un lieu où l’âme trop tournée vers elle-même apprend à s’ouvrir, à devenir généreuse, à entrer dans le pardon et la louange. C’est pourquoi nous prions pour nos morts, afin de les soutenir dans ce processus de transformation qui introduit à la vie du ciel.

    Revenons à la question qui demande : est-ce seulement pour l’avenir ?  En réalité nous pouvons déjà commencer le paradis maintenant. Le Royaume des cieux est déjà présent. Regardez-vous : nous sommes entre saints ! Il n’y a pas que les saints canonisés, ni les saints inconnus que nous fêtons en cette fête de Toussaint qui méritent ce nom de saint. Saint Paul appelait souvent « saints » les chrétiens auxquels il s’adressait. Vous me direz : avec tous les défauts de l’Église, ce n’est pas trop ça… Mais qui donne la sainteté ? Le saint fait des efforts pour se corriger, pour devenir plus aimant et plus persévérant, mais ce ne sont pas ses efforts qui lui donnent la sainteté. Le saint n’est pas celui qui est irréprochable, mais celui qui se laisse purifier par Dieu. Plus déterminant que les efforts que nous faisons, ce sont les efforts que Dieu fait qui changent la donne. Ce qui nous rend saints, c’est d’accueillir sa miséricorde, c’est de se laisser animer par lui. Lui seul est capable de nous rendre purs, de redonner à notre âme sa beauté, son ardeur à aimer. En cette fête de tous les saints, désirons à notre tour être saints : désirons que Dieu nous transforme par son amour, et qu’ainsi nous allions de l’avant.

  • « Âmes errantes » ou mascarade démoniaque ? Pourquoi ce débat continue d’agiter exorcistes et théologiens

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    De Solène Tadié sur le National Catholic Register :

    « Âmes errantes » ou mascarade démoniaque ? Pourquoi ce débat continue d’agiter exorcistes et théologiens

    On s'interroge sur des questions ancestrales concernant la vie, la mort et le mystère qui les unit.

    La frontière entre cette vie et l'au-delà peut-elle s'estomper d'une manière que l'Église n'a pas pleinement définie ? Chaque année, la Toussaint et le mois de la Toussaint ravivent des questions ancestrales sur la vie, la mort et le mystère qui les unit.

    Dans la culture populaire, les fantômes sont souvent imaginés comme des esprits prisonniers entre deux mondes, errant parmi les vivants. Cette image diffère sensiblement du concept d’« âmes errantes » qui, selon les théologiens et les exorcistes, ne sont pas condamnées à errer indéfiniment, mais peuvent être des âmes au purgatoire, temporairement autorisées par Dieu à prier ou à se repentir.

    Le sujet des âmes errantes, qui fascine nombre d'internautes, est devenu source de malaise au sein de l'Église, révélant des divergences de points de vue entre exorcistes, théologiens et évêques. Sur le terrain, plusieurs exorcistes rapportent avoir rencontré ce qu'ils interprètent comme des âmes errantes : des entités qui paraissent humbles, repentantes et implorant la prière, plutôt que démoniaques.

    Les âmes des défunts pourraient-elles, par permission divine, s'attarder quelque temps sur terre durant leur purification au purgatoire ? Ou une telle affirmation remet-elle en cause l'immédiateté du jugement particulier après la mort ?

    Le débat a été relancé ces derniers mois lorsque l'Association internationale des exorcistes (AIE) a publié une note interne condamnant la théorie des « âmes errantes », citant notamment l'exorciste espagnol, le père Javier Luzón Peña, et son ouvrage Las seis puertas del Enemigo: Experiencias de un exorcista  (2017). Fuité dans la presse en avril 2025, ce document mettait en garde contre les opinions jugées incompatibles avec la doctrine catholique.

    Le point chaud espagnol

    Le débat s'est intensifié en Espagne avec la parution du Traité des âmes errantes (2021) du père José Antonio Fortea. Ces deux auteurs, exorcistes expérimentés, suggéraient que certaines âmes, sauvées mais non pleinement purifiées, pouvaient temporairement demeurer proches de la réalité terrestre pour solliciter des prières. Initialement bien accueillis dans certains milieux catholiques, leurs ouvrages ont ensuite suscité de vives inquiétudes chez les évêques et les théologiens, qui craignaient une confusion entre la prière d'intercession légitime pour les défunts et les formes interdites de spiritisme.

    Cette théorie des âmes errantes a été dénoncée par d'éminents théologiens et exorcistes, dont Mgr Rubens Miraglia Zani, membre de l'AIE à Rome, comme étant théologiquement intenable. Dans un entretien accordé au Register, Mgr Zani a rappelé que la « Lettre sur quelques questions d'eschatologie » de 1979 de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi rejetait explicitement l'idée d'un état intermédiaire où le destin de l'âme demeurerait indécis. Il a également cité les Prénotanda du Rite d'Exorcisme, qui enjoignent aux exorcistes de ne croire aucun esprit possesseur se faisant passer pour un défunt. Reprenant les idées de saint Thomas d'Aquin, il a souligné que les démons peuvent imiter les âmes des morts pour semer la confusion et l'erreur, et que la position de l'Église sur ce sujet repose sur l'Écriture, la Tradition et l'enseignement magistériel. « Quiconque n'est pas d'accord sur ce point », a-t-il insisté, « se situe en dehors de la foi catholique ». Fort de son expérience, Mgr Zani a affirmé que la véritable libération s'opère toujours par l'autorité du Christ dans les sacrements et la prière, et jamais par une prétendue communication avec les morts.

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  • Le Vatican se prononcera sur le rôle de Marie dans le salut par un document doctrinal le 4 novembre

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    De kath.net/news :

    Annonce du Vatican : Un nouveau document « Mater Populi Fidelis » sera publié le 4 novembre.

    31 octobre 2025

    Vatican : « Le Dicastère pour la Doctrine de la Foi publiera le 4 novembre le document « Mater Populi Fidelis », une note doctrinale sur certains titres mariaux en rapport avec la participation de Marie à l’œuvre du salut. » Par Petra Lorleberg

    Cité du Vatican (kath.net/pl) Cette nouvelle risque de faire sensation dans le monde catholique : « Le Dicastère pour la Doctrine de la Foi publiera le 4 novembre le document « Mater Populi Fidelis », une note doctrinale sur certains titres mariaux en rapport avec la participation de Marie à l’œuvre du salut. » Le Dicastère pour la Doctrine de la Foi l’a annoncé hier. Le blog « Silere non possum », proche du Vatican, a publié la lettre correspondante du Dicastère. « Mater Populi Fidelis » signifie « Mère fidèle du peuple ». 

    Parmi les participants à cette annonce, le 4 novembre, figureront le préfet du dicastère, Víctor Manuel Fernández, et le professeur Maurizio Gronchi, titulaire de la chaire à l'Université pontificale urbanienne de Rome et conseiller du dicastère. L'annonce sera animée par Mgr Armando Matteo, secrétaire du dicastère.

    Parmi les titres mariaux, on trouve Marie Reine, Théotokos et Mère de l'Église. Cependant, le titre de « Marie Corédemptrice » a longtemps fait l'objet de vifs débats au sein de l'Église catholique. Avant le concile Vatican II, environ 500 Pères conciliaires préconisaient de définir Marie comme « Médiatrice » (médiatrice des grâces). Une cinquantaine d'entre eux souhaitaient même la définir comme « Corédemptrice », c'est-à-dire « Co-Rédemptrice ». 

    Il est probable que la rédaction de la « note doctrinale » ait été commandée sous le pontificat du pape François. Un autre titre, tel que « Dénouer les nœuds », pourrait alors être envisagé, mais pour l’instant, cela reste incertain.

  • Nostra Aetate : un anniversaire opportun

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    De George Weigel sur le CWR :

    Un anniversaire opportun

    L'antisémitisme est une trahison du christianisme, car la haine des Juifs est une haine du Christ.

    Il y a soixante ans, le 28 octobre 1965, le concile Vatican II adoptait, et le pape Paul VI promulguait, la Déclaration sur les relations de l’Église avec les religions non chrétiennes, connue sous le nom de  Nostra Aetate  (De notre temps) dans le texte latin officiel. Je retrace le parcours parfois tumultueux de Nostra Aetate au sein de Vatican II dans mon ouvrage Sanctifier le monde : L’héritage essentiel de Vatican II .

    Il suffit de noter ici que le refus obstiné de certains États arabes de reconnaître la réalité et la permanence d'Israël en tant qu'État juif s'est immiscé dans les débats du Concile, engendrant des difficultés. Néanmoins, et en grande partie grâce au travail inlassable de l'ancien confesseur du pape Pie XII, le cardinal Augustin Bea, SJ, bibliste allemand,  la déclaration Nostra Aetate  a finalement été adoptée par le Concile – et Dieu merci, compte tenu de la résurgence actuelle du fléau culturel qu'est l'antisémitisme.

    Lors de la cérémonie commémorative de Charlie Kirk, Tucker Carlson a poursuivi sa descente aux enfers en attribuant la mort de Jésus aux « mangeurs de houmous ». Heureusement, l’Église catholique a solennellement déclaré, dans  Nostra Aetate, que « ni tous les Juifs sans distinction » au temps du Christ, « ni les Juifs d’aujourd’hui, ne peuvent être accusés des crimes commis pendant [la] Passion » – et a affirmé sans équivoque que l’Église « déplore toutes les haines, persécutions et manifestations d’antisémitisme, d’où qu’elles viennent et à quelque époque que ce soit, dirigées contre les Juifs ».

    Tout aussi important, nous avons la reconnaissance par le Concile de la dette religieuse que le catholicisme a envers le judaïsme :

    L’Église du Christ reconnaît que… les fondements de sa foi et de son élection se trouvent déjà parmi les patriarches, Moïse et les prophètes. Elle professe que tous ceux qui croient en Christ — les fils d’Abraham selon la foi (cf. Galates 3, 7) — sont inclus dans l’appel du même patriarche, et que le salut de l’Église est mystérieusement préfiguré par l’exode du peuple élu hors du pays d’esclavage. L’Église ne peut donc oublier qu’elle a reçu la révélation de l’Ancien Testament par le peuple avec lequel Dieu, dans son ineffable miséricorde, a conclu l’Ancienne Alliance. Elle ne peut oublier non plus qu’elle puise sa nourriture à la racine de cet olivier cultivé sur lequel ont été greffés les rejetons sauvages, les païens (cf. Romains 11, 17-24).

    L’Église garde toujours à l’esprit les paroles de l’Apôtre concernant ses frères : « à eux appartiennent l’adoption, la gloire, les alliances, la loi, le culte et les promesses… » (Romains 9, 4-5)… Elle rappelle également que les Apôtres, piliers et fondements de l’Église, ainsi que la plupart des premiers disciples qui ont proclamé l’Évangile du Christ au monde, étaient issus du peuple juif.

    En compagnie des Prophètes et de saint Paul, l’Église attend ce jour, connu de Dieu seul, où tous les peuples s’adresseront au Seigneur d’une seule voix…

    Comme je l'ai dit lors d'une conférence le mois dernier à l'Université du Colorado à Boulder, l'antisémitisme est une trahison du christianisme, car la haine des Juifs est une haine du Christ.

    Pourquoi ? Parce que Jésus de Nazareth n'a aucun sens sans le comprendre comme il se comprenait lui-même : comme un fils de l'alliance de Dieu avec le peuple juif qui, depuis la Croix, a évoqué le Psaume 22 et son affirmation triomphante que « la domination appartient au Seigneur », qui « règne sur les nations » et devant qui « tous les orgueilleux de la terre se prosternent ».

    De plus, le christianisme est incompréhensible sans son fondement juif, tout comme le Nouveau Testament chrétien est incompréhensible sans la Bible hébraïque. Sans son ancrage dans le judaïsme, le christianisme n'aurait été qu'un culte à mystères éphémère de l'Antiquité, avec Jésus de Nazareth comme version galiléenne thaumaturge du néopythagoricien Apollonius de Tyane, lui aussi thaumaturge au premier siècle. Les premiers chrétiens l'avaient compris. Ainsi, dès ses débuts, historiquement parlant, le catholicisme a rejeté avec fermeté l'hérésie du marcionisme, qui méprisait l'Ancien Testament et proposait une caricature répugnante du Dieu de la Bible hébraïque.

    L’antisémitisme est un fléau pour la société. Tout au long de l’histoire politique moderne, sa montée a été un signe indéniable de déclin culturel. Et comme la politique est le reflet de la culture, les conséquences publiques de ce déclin peuvent être draconiennes, comme l’histoire nous l’enseigne : des passions déchaînées lors de l’affaire Dreyfus sous la Troisième République française, à l’effondrement culturel de l’Allemagne de Weimar et ses conséquences politiques génocidaires, jusqu’à la barbarie démente du Hamas le 7 octobre 2023.

    Si nous imaginons le monde occidental du XXIe siècle immunisé contre ces passions politiques, nous nous leurrons et nous ne prêtons pas attention.

    Alors, célébrons le 60e anniversaire de  Nostra Aetate  en faisant taire, puis en clouant, la fenêtre d'Overton qui s'élargit sur l'antisémitisme.

    George Weigel est chercheur émérite au Centre d'éthique et de politique publique de Washington, où il occupe la chaire William E. Simon d'études catholiques. Il est l'auteur de plus de vingt ouvrages, dont * Témoin de l'espérance : Biographie du pape Jean-Paul II* (1999), *La fin et le commencement : Jean-Paul II – La victoire de la liberté, les dernières années, l'héritage* (2010) et *L'ironie de l'histoire catholique moderne : Comment l'Église s'est redécouverte et a interpellé le monde moderne sur la réforme *. Ses publications les plus récentes sont *Le prochain pape : Le ministère de Pierre et une Église en mission* (2020), *Inoubliables : Élégies et souvenirs d'une multitude de personnages, pour la plupart admirables* (Ignatius, 2021) et *Sanctifier le monde : L'héritage essentiel de Vatican II* (Basic Books, 2022).
  • Là où François s'est égaré

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    De sur The Catholic Thing :

    Où François a-t-il dévié ?

    29 octobre 2025

    Lorsque j'ai pris ma retraite après dix ans de service au Saint-Siège, la situation était loin d'être idéale. C'était en 2016. À vrai dire, elle l'était déjà sous Benoît XVI. La Curie romaine est un véritable chaos bureaucratique.

    Mais les erreurs commises par des magistrats sont encore pires, et une erreur massive s'est produite quatre ans après mon départ.

    Il ne s'agissait pas d'une remarque spontanée faite lors d'une conférence de presse improvisée. Il ne s'agissait pas d'une déclaration vague et ambiguë sur un sujet comme le mariage, les droits LGBTQ+ ou la peine de mort. Il s'agissait d'une vision théologique à part entière. Ou plutôt de son absence.

    Ce mois d'octobre marque le cinquième anniversaire de la plus grande erreur du pontificat de François. Malheureusement, elle est étroitement liée au nom même que Jorge Bergoglio a choisi lors de son élection au siège de Pierre. Interpréter saint François, son héritage et le charisme qu'il a légué à l'Église a toujours été difficile. Fratelli Tutti a considérablement aggravé cette difficulté.

    La plupart des critiques de l'encyclique du pape François de 2020 se concentrent sur un point précis de la longue liste de questions qu'il présente comme cruciales pour notre époque : le racisme, l'immigration, le dialogue interreligieux, la dignité de la femme, la peine de mort, etc. Mais j'ai constaté très peu de critiques concernant le principe fondateur du document.

    Bien que François lui-même ait décrit l'encyclique comme un assemblage disparate d'homélies, de discours et de catéchèses antérieurs, elle repose en réalité sur une entreprise très douteuse et risquée : à savoir, la mise entre parenthèses du Christ et du christianisme dans la tentative d'entamer un dialogue avec le monde sur le sens de la « fraternité et de l'amitié sociale ».

    « Bien que j’aie écrit ce texte à partir des convictions chrétiennes qui m’inspirent et me soutiennent, j’ai voulu en faire une invitation au dialogue entre toutes les personnes de bonne volonté », a-t-il écrit. (6) C’est ce « bien que » qui est crucial. François sous-entend que les convictions sur la fraternité et l’amitié sociale qui découlent de sa foi chrétienne peuvent être communiquées à autrui indépendamment de cette foi, puisqu’elles peuvent tout aussi bien provenir d’autres religions ou simplement de la condition humaine non évangélisée.

    François justifia sa démarche en faisant appel à l'engagement de saint François auprès du sultan d'Égypte, Al-Malik al-Kamil, en 1219 :

    Sans se soucier des difficultés et des dangers encourus, (saint) François alla à la rencontre du Sultan avec la même attitude qu'il avait inculquée à ses disciples : s'ils se trouvaient « parmi les Sarrasins et autres non-croyants », sans renoncer à leur propre identité, ils ne devaient pas « s'engager dans des arguments ou des disputes, mais être soumis à toute créature humaine pour l'amour de Dieu ».

    Saint François devant le sultan d'Égypte Malec-el-Kamal par Zacarías González Velázquez, v. 1787 [Prado, Madrid]

    Saint François enjoignit aux frères de s'abstenir de toute dispute et de tout conflit, non pas pour contourner le commandement du Christ de prêcher la Bonne Nouvelle, mais précisément pour l'accomplir. Saint François avait la ferme intention de convertir le sultan, et non de simplement partager avec lui une vision chrétienne de la fraternité et de l'amitié sociale, dénuée de toute dimension chrétienne.

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  • Les dommages causés à l'oecuménisme par Fiducia Supplicans

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    D'InfoCatolica :

    Koch : Nous voulions parler de Marie, mais les orthodoxes ont seulement demandé à parler de « Fiducia Supplicans »

    Cardinal Koch | © Capture d'écran d'une interview YouTube de mars 2025

    Le cardinal Koch revient dans une interview sur les succès et les échecs de l’œcuménisme.

    Koch : Nous voulions parler de Marie, mais les orthodoxes ont seulement demandé à parler de « Fiducia Supplicans »

    Les orthodoxes « étaient convaincus qu'ils ne pourraient pas poursuivre le dialogue si l'Église catholique enseignait une telle chose ». Le cardinal souligne à nouveau que cela constitue un obstacle majeur au dialogue lui-même.

    Il y a deux semaines, le cardinal Koch, préfet du Dicastère pour la promotion de l'unité des chrétiens, a accordé une interview au journal Katholisch dans laquelle il a parlé des succès et des revers des dernières années dans le domaine œcuménique, de la vision du pape Léon XIV pour l'unité des chrétiens et des raisons pour lesquelles, malgré de nombreux obstacles, il reste convaincu que le désir d'unité reste l'essence de la foi.

    Deux réflexions sur « l’échec » ont suscité beaucoup d’intérêt,

    • L’une est fondamentale, et c’est la conception différente de l’œcuménisme, qui pour un catholique est, même s’il ne le dit pas, la réintégration des autres Églises, tandis que pour les protestants c’est marcher ensemble vers quelque chose qui serait l’Église.
    • Et l'autre, un échec récent avec les orthodoxes, "Fiducia Supplicans" , fondamentalement parce qu'ils l'ont bien compris, comme tous les catholiques de rite non latin, ou ceux d'Afrique ou de nombreuses conférences épiscopales du monde et n'ont pas avalé les interprétations incroyables du cardinal Fernandez.

    La question des Fiducia Supplicans et des orthodoxes, ainsi que les références constantes du préfet à ce sujet, préoccupent les experts du dialogue œcuménique. Le cardinal l'avait déjà exprimé de manière quasi identique dans une interview accordée à Kath.net il y a deux mois, et notamment en mai, lorsque les orthodoxes se sont retirés du dialogue, attendant une explication sur les bénédictions qui ne sont pas des bénédictions pour les couples non mariésIl a ensuite raconté que, lors de l'assemblée plénière du groupe de dialogue avec les chrétiens orthodoxes orientaux, il avait sollicité une réponse du cardinal Victor Fernández concernant les préoccupations de ces derniers et l'avait même invité à une réunion avec la commission. « Cependant, il n'a pas pu y assister, l'assemblée plénière de son propre dicastère se tenant simultanément. Il a alors envoyé une réponse écrite », poursuit Koch, « mais les orthodoxes orientaux l'ont jugée insuffisante. J'ai donc de nouveau demandé au cardinal de répondre aux questions en suspens. »Il a déclaré dans l' interview  accordée à Katholisch :

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  • Qui est vraiment Léon XIV ?

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    D'Andrea Gagliarducci sur Monday Vatican :

    Pape Léon XIV : Qui est-il vraiment ?

    Le pape Léon XIV a prononcé un discours le 23 octobre devant les participants à la Rencontre mondiale des mouvements populaires, remettant ainsi en lumière une question centrale : qui est réellement Léon XIV ?

    C'est une question que presque tout le monde s'est posée, même insignifiante, depuis le début de son pontificat encore très jeune, et il est plus que juste de dire que les remarques de Léon à cette occasion le faisaient beaucoup ressembler à son prédécesseur controversé.

    Le discours aux mouvements populaires rappelait en tous points un discours du pape François . Tous les points forts du pape sud-américain y étaient présents, de l'idée que le centre est mieux perçu depuis les périphéries au soutien de l'Église aux luttes des mouvements populaires pour la terre, le logement et l'emploi, en passant par l'exaltation de la recherche de solutions par la base par les mouvements populaires, car les solutions ne peuvent être l'apanage des élites.

    C'est la deuxième fois en un mois que Léon XIV se fait l'écho du pape François . La première fois, c'était avec la publication de Dilexi Te, une autre exhortation au ton et à l'approche typiquement franciscains. À cette occasion, Léon XIV avait pourtant clairement indiqué qu'il avait hérité d'un projet de son prédécesseur et que tout devait être adapté à un climat, un environnement et une éducation différents.

    Dans le cas du discours aux mouvements populaires, cependant, les remarques étaient celles de Léon XIV – ou du moins de ses rédacteurs fantômes – qui émaillaient de plus en plus leurs discours de citations du pape François . L'auteur du discours, cependant, l'avait fait approuver et lire par le pape ; on peut donc supposer que Léon XIV en approuvait le contenu et le ton.

    Le fait est que l’adresse aux mouvements populaires est à la fois en continuité et en contradiction avec ce qu’a été jusqu’à présent le pontificat de Léon XIV.

    En abordant les mouvements populaires, Léon XIV a choisi de s'adresser à un monde sud-américain unique, que certains ont résumé comme « le Forum social apporté au Vatican ». Il l'a fait du point de vue d'un évêque missionnaire en Amérique du Sud. Il a néanmoins embrassé ces luttes, se réappropriant la culture originelle des peuples engagés dans les mouvements populaires.

    Dans un message adressé aux réseaux des peuples autochtones et aux théologiens de la théologie autochtone le 14 octobre dernier, Léon XIV avait certes affirmé l'importance des cultures originelles. Il avait cependant également souligné que « tout notre discernement historique, social, psychologique ou méthodologique trouve son sens ultime dans le mandat suprême de faire connaître Jésus-Christ ».

    Il manque une référence au Christ dans les discours aux mouvements populaires, ce qui est intéressant car Léon XIV a constamment réaffirmé la centralité du Christ dans ses écrits et ses remarques hors texte – voir par exemple son dialogue avec les participants au Jubilé des Équipes synodales . Il est fait référence à la civilisation de l'amour voulue par Jésus, mais cette civilisation de l'amour semble avoir une construction particulièrement sociale, plutôt que réelle.

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  • Foi et raison : le pape Léon XIV fait écho à Jean-Paul II

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    De Matthew Becklo sur le NCR :

    Le pape Léon XIV fait écho à Jean-Paul II sur la foi et la raison

    COMMENTAIRE : Comme son prédécesseur polonais, le premier pape américain souligne la complémentarité de la raison et de la foi.

    Un jeune Robert Prévost rencontre Jean-Paul II.
    Le jeune Robert Prévost rencontre Jean-Paul II. (photo : Vatican Media / VM)

    Le 14 septembre 1998, le pape saint Jean-Paul II – dont l'Église célèbre la fête le 22 octobre – publiait l'encyclique Fides et Ratio sur la relation entre foi et raison. Jean-Paul II ouvrait la lettre par l'une de ses citations les plus citées : « La foi et la raison sont comme deux ailes sur lesquelles l'esprit humain s'élève vers la contemplation de la vérité. »  

    Cette vision à la fois de la foi et de la raison n'était pas seulement proclamée par Jean-Paul II ; c'était une réalité vécue par lui. Homme de profonde foi catholique et de dévotion mariale, il fut aussi un brillant étudiant en philosophie, faisant dialoguer la phénoménologie de Max Scheler avec la métaphysique de Thomas d'Aquin et contribuant au mouvement du personnalisme chrétien avec des textes comme Amour et Responsabilité et L'Homme en action .  

    Aujourd’hui, près de 30 ans plus tard, le pape Léon XIV, un homme formé à la fois aux mathématiques et au droit canonique, a fait écho à Jean-Paul le Grand dans un récent message au Congrès international de philosophie à Asunción, au Paraguay.  

    Comme son prédécesseur, Léon XIV met en garde contre les dangers d'une foi qui déprécie la raison. Certains croyants, note-t-il, « ont perçu la réflexion rationnelle – née dans un environnement païen – comme une menace susceptible de “contaminer” la pureté de la foi chrétienne ». Léon XIV a sans doute en tête ici la célèbre complainte de Tertullien : « Qu'y a-t-il donc de commun entre Athènes et Jérusalem ? Quelle concorde y a-t-il entre l'Académie et l'Église ? » – mais il souligne en particulier la « méfiance envers la philosophie » du théologien réformé Karl Barth.  

    Contre cette tendance fidéiste de la foi chrétienne, Léon s'appuie sur son saint père Augustin : « Quiconque pense que toute philosophie est à éviter ne souhaite rien d'autre que que nous n'aimions pas la sagesse. » La raison, comme le dit résolument Léon, « est un don expressément voulu par le Créateur. »  

    Parallèlement, Léon XIV met en garde contre l'erreur inverse : une rationalité dépourvue de foi. Certains penseurs, comme le philosophe allemand du XIXe siècle G. W. Hegel, finissent par « subordonner la foi au développement rationnel de l'esprit » – un christianisme immanentisé. D'autres rejettent complètement la foi, causant ainsi de graves dommages à la raison : « N'oublions pas que la philosophie… peut aussi sombrer dans les abîmes du pessimisme, de la misanthropie et du relativisme, où la raison, fermée à la lumière de la foi, devient l'ombre d'elle-même. » La foi, souligne Léon XIV, est aussi un « don » ; un don bien plus important, car elle naît de la grâce divine et porte « la Bonne Nouvelle, le message du salut ».  

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  • « Redonnons à la maternité sa pleine dignité » et protégeons-la (Léon XIV)

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    DISCOURS DU SAINT-PÈRE LÉON XIV AUX ENSEIGNANTS ET ÉTUDIANTS DE L'INSTITUT THÉOLOGIQUE PONTIFICAL JEAN-PAUL II POUR LES SCIENCES DU MARIAGE ET DE LA FAMILLE

    Salle Clémentine
    Vendredi 24 octobre 2025

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    Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.
    Que la paix soit avec vous !

    Bonjour, buenos dias, good morning !

    Chers frères et sœurs,

    C'est avec joie que je vous souhaite la bienvenue, vous qui formez la communauté académique internationale de l'Institut théologique Jean-Paul II pour les sciences du mariage et de la famille. Je salue le Grand Chancelier, le Cardinal Baldassarre Reina, le Président, Mgr Philippe Bordeyne, les Vice-présidents des sections extra Urbe, les professeurs, les bienfaiteurs, vous tous, chers étudiants et étudiantes, ainsi que les anciens élèves venus de divers pays à l'occasion du Jubilé. Soyez tous les bienvenus !

    Dans les différents contextes sociaux, économiques et culturels, les défis qui nous interpellent sont différents : partout et toujours, cependant, nous sommes appelés à soutenir, défendre et promouvoir la famille, avant tout par un style de vie cohérent avec l'Évangile. Sa fragilité et sa valeur, considérées à la lumière de la foi et de la raison saine, engagent vos études, que vous cultivez pour le bien des fiancés qui deviennent époux, des époux qui deviennent parents, et de leurs enfants, qui sont pour tous la promesse d'une humanité renouvelée par l'amour. La vocation de votre Institut, né de la vision prophétique de Saint Jean-Paul II dans le sillage du Synode de 1980 sur la famille, apparaît ainsi encore plus clairement : constituer un corps académique unique réparti sur les différents continents, afin de répondre aux besoins de formation en étant le plus proche possible des couples et des familles. De cette manière, il est possible de mieux développer des dynamiques pastorales adaptées aux réalités locales et inspirées par la tradition vivante de l'Église et sa doctrine sociale.

    En participant à la mission et au cheminement de toute l'Église, votre Institut contribue à l'intelligence du magistère pontifical et à l'actualisation constante du dialogue entre la vie familiale, monde du travail et la justice sociale, en abordant des questions d'actualité brûlantes, telles que la paix, le soin de la vie et de la santé, le développement humain intégral, l'emploi des jeunes, la durabilité économique, l'égalité des chances entre les hommes et les femmes, autant de facteurs qui influencent le choix de se marier et d'avoir des enfants. En ce sens, votre mission spécifique concerne la recherche et le témoignage commun de la vérité : en accomplissant cette tâche, la théologie est appelée à se confronter aux différentes disciplines qui étudient le mariage et la famille, sans se contenter de dire la vérité à leur sujet, mais en la vivant dans la grâce du Saint-Esprit et à l'exemple du Christ, qui nous a révélé le Père par ses actions et ses paroles.

    L'annonce de l'Évangile, qui transforme la vie et la société, nous engage à promouvoir des actions organiques et concertées en faveur de la famille. La qualité de la vie sociale et politique d'un pays se mesure en effet notamment à la manière dont il permet aux familles de bien vivre, d'avoir du temps pour elles-mêmes, en cultivant les liens qui les unissent. Dans une société qui exalte souvent la productivité et la rapidité au détriment des relations, il devient urgent de redonner du temps et de l'espace à l'amour que l'on apprend dans la famille, où s'entremêlent les premières expériences de confiance, de don et de pardon, qui constituent le tissu de la vie sociale.

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  • Ce qu'enseignent les Pères et les Docteurs de l'Église au sujet de la mission d'annoncer l'Évangile

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    Une dépêche de l'Agence Fides (Marie Symington) :

    Ce qu'enseignent les Pères et les Docteurs de l'Église au sujet de la mission d'annoncer l'Évangile

    24 octobre 2025
     

    Wikipedia

    En l'an 40 après J.-C., le nombre de chrétiens était d'environ un millier. En 400 après J.-C., ce chiffre était passé à près de 40 millions. Comment le christianisme a-t-il pu se développer aussi rapidement dans un empire dominé par le paganisme ?

    L'auteur Bart Ehrmman soutient que le christianisme s'est développé grâce à sa singularité par rapport aux religions de l'époque : aucun autre groupe, selon lui, n'était à la fois missionnaire et exclusif comme le christianisme.

    Les instructions de Jésus à ses disciples soulignent ces deux aspects qui caractérisent la mission de l'Église. Elles le font dans l'Évangile de Matthieu (« Allez donc, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit », Mt 28,19) et dans l'Évangile de Jean (« Je suis le chemin, la vérité et la vie ; nul ne vient au Père que par moi », Jn 14, 6). Les chrétiens sont appelés à diffuser la Parole de Dieu afin que tous puissent croire véritablement et uniquement en Jésus-Christ, car pour être sauvés, on ne peut servir deux maîtres à la fois.

    Selon Ehrman, cette combinaison d'évangélisation et d'exclusion était propre au christianisme et s'est avérée décisive pour la croissance de l'Église à ses débuts.

    Cependant, comprendre la mission de l'Église en ces termes risque de miner l'esprit dans lequel les chrétiens diffusent et doivent diffuser la Parole de Dieu. Si l'Église exclut le culte de tout autre dieu - qu'il s'agisse de divinités païennes ou d'argent et de pouvoir - elle le fait parce qu'elle suit la Vérité révélée par Dieu, et si elle appelle les chrétiens à évangéliser, elle le fait par amour pour tous les enfants de Dieu.

    Comprendre comment les Pères et les Docteurs de l'Église ont encouragé la diffusion de la Bonne Nouvelle au cours des premiers siècles du christianisme peut aider tous les chrétiens dans leur mission aujourd'hui.

    Par la prédication et l'enseignement

    Comme l'enseigne Thomas d'Aquin dans son ouvrage Summa Theologiae, l'intellect et la volonté représentent deux pouvoirs distincts de l'âme humaine : tandis que l'intellect recherche la Vérité, la volonté poursuit le Bien. Cela ne signifie pas que ces deux pouvoirs soient isolés l'un de l'autre. L'intellect dirige la volonté vers le Bien dans la mesure où « l'objet de la volonté [le Bien] lui est proposé par la raison » (Summa Theologiae I-II, q.19, a.3). À la lumière de cela, persuader l'intellect de la vérité du christianisme représente un aspect important de la mission de l'Église qui consiste à diffuser la Parole.

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