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Doctrine - Page 7

  • L'homélie percutante du cardinal Sarah à Sainte-Anne-d'Auray

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    De Mathilde de Robien sur Aleteia.org :

    “Lois barbares”, “terre sacrée de Bretagne”… L’homélie du cardinal Sarah à Sainte-Anne-d’Auray

    Cardinal Robert Sarah au sanctuaire de Sainte-Anne-d'Auray à l'arrivée de la Troménie de Sainte Anne le 25 juillet 2025.

    26/07/25

    À l’occasion de la célébration du Grand Pardon de Sainte-Anne-d’Auray, marqué cette année par le jubilé des 400 ans des apparitions de sainte Anne, une messe pontificale a été célébrée ce samedi 26 juillet au mémorial du sanctuaire, présidée par le cardinal Robert Sarah, envoyé spécial du pape Léon XIV. Aleteia retranscrit ici son homélie dans sa quasi intégralité.

    Envoyé spécial du pape Léon XIV pour présider les célébrations du Grand Pardon de Sainte-Anne-d'Auray ces 25 et 26 juillet, le cardinal Robert Sarah, préfet émérite de la Congrégation du Culte Divin et de la Discipline des Sacrements, n'a pas mâché ses mots lors de l'homélie de la messe pontificale ce samedi 26 juillet. Devant près de 30.000 fidèles réunis devant le mémorial du sanctuaire breton, le cardinal guinéen a vivement exhorté à retrouver le chemin de la foi et de l'adoration eucharistique. Rappelant que la France, et plus précisément la Bretagne en ce lieu dédié à sainte Anne, avait été choisie par Dieu pour en faire une terre sacrée, il a vivement encouragé les fidèles à mettre Dieu à la première place, aussi bien dans la sphère privée que politique. "Ne profanez pas la France avec vos lois barbares et inhumaines qui prônent la mort alors que Dieu veut la vie", a-t-il affirmé, faisant référence au débat actuel autour du projet de loi sur l'euthanasie.

    Il a ensuite redéfini les contours d'une véritable spiritualité, qui se définit non pas à l'aune de projets humanitaires mais qui se nourrit en premier lieu de l'adoration. Empruntant une intuition chère aux Pères du désert, il a exhorté à prendre soin de son âme, lieu intérieur où Dieu parle à chacun. Enfin, le cardinal Sarah a eu une pensée particulière pour tous les couples en espérance d'enfant, et plus largement pour tous les fidèles confrontés à la souffrance, et les a encouragés à se tourner vers sainte Anne, choisie pour être la mère de la Vierge Marie. Voici son homélie dans sa quasi intégralité :

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  • Le 25 juillet de l’an 325 fut conclu le premier concile de Nicée

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    Du Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur sur le blog du Mesnil-Marie :

    2025-108. Le 25 juillet de l’an 325 fut conclu le premier concile de Nicée.

    25 juillet

           Ce texte est, à l’origine, la lettre mensuelle aux membres et amis de la Confrérie Royale pour le 25 juillet 2025, à l’occasion du dix-septième centenaire de la clôture du concile de Nicée.

    20 mai – 25 juillet 325 :

    le concile de Nicée

           Du 20 mai au 25 juillet 325, pendant trois mois et cinq jours donc, dans la ville de Nicée, au nord-ouest de l’Anatolie – aujourd’hui occupée par la Turquie d’Asie -, dans les locaux du palais d’été de l’empereur Saint Constantin 1er le Grand, se tint le premier concile œcuménique de l’Eglise : un concile absolument déterminant pour l’histoire chrétienne, un concile essentiel pour la foi chrétienne.

       Ce sont quelque trois-cents évêques (trois-cent-dix-huit selon une ancienne tradition, mais ce chiffre semble avoir été retenu pour faire référence aux trois-cent-dix-huit serviteurs d’Abraham, cf. Gen. XIV, 14) qui y prirent part : ces évêques étaient pour une écrasante majorité les chefs de communautés chrétiennes du pourtour de la moitié est de la Méditerranée ; il ne s’y trouvait que cinq évêques de l’Eglise latine, venus d’Occident, et le premier d’entre eux, le Pontife romain – qui était alors Saint Sylvestre 1er – en fut absent.

       Du mot latin concilium, qui signifie « assemblée », le mot concile désigne une assemblée d’évêques réunis pour délibérer et statuer sur des questions dogmatiques et de discipline ecclésiastique.
    L’historien Yves Chiron écrit que le but d’un concile est de « définir, préciser ou réaffirmer la doctrine de la foi, et de redresser ou réformer la discipline de l’Eglise ». On entend par « discipline de l’Eglise » toute l’organisation ecclésiastique ainsi que tout ce qui doit régler ou régir le comportement des fidèles, des clercs ou des évêques.
    Les conciles produisent des textes, plus ou moins longs, qui contiennent le résultat de leurs décisions, et ces actes doivent être validés par le pape pour être promulgués. Les canons d’un concile sont les règles qu’il a édictées.

       Tous les premiers conciles de l’Eglise furent convoqués par les empereurs à la suite de Saint Constantin 1er qui convoqua celui de Nicée.

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    Icône de facture moderne (probablement XVIIème siècle – auteur inconnu)
    avec la représentation traditionnelle du concile de Nicée dans l’iconographie des Eglises d’Orient :
    au centre, l’empereur Saint Constantin 1er le Grand ; il est entouré des Pères du concile,
    et ils tiennent le texte du symbole de Nicée (le Credo) écrit en grec.

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  • Quand sainte Brigitte défendait le célibat des prêtres

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    Du Père Simon Noël sur son blog :

    Sainte Brigitte et le célibat des prêtres

    Les controverses sur le célibat des prêtres ne datent pas d'aujourd'hui. Elles avaient déjà cours au Moyen-Âge. Devant la triste réalité de la dépravation de certains clercs, concubinaires ou sodomites, certaines personnes de bonne volonté émettaient l'idée qu'il eût été préférable que les prêtres puissent être mariés. J'ai donc trouvé intéressant de vous offrir ce qu'écrit sur le sujet sainte Brigitte de Suède, co-patronne de l'Europe, dans le livre des Révélations, livre qui rapporte les extases et les locutions de cette grande mystique, livre approuvé par le concile de Bâle et par trois papes. Il s'agit du chapitre 10, du livre 7, dans la traduction de la comtesse de Flavigny :

    Défense que les prêtres soient mariés.

    Réjouissez-vous éternellement, ô précieux corps de Dieu, en un honneur perpétuel, en continuelle victoire, en éternelle puissance, avec votre Père et le Saint-Esprit, avec la Vierge Marie, votre très-digne Mère, et avec toute la cour céleste! Louange vous soit, ô Dieu éternel, et actions de grâces infinies, parce qu’il vous a plu de vous faire homme, et avez voulu que le pain fût transubstantié en votre corps, par vos saintes paroles, et l’avez donné en viande comme par un excès d’amour pour le salut de nos âmes!

    Il arriva une fois à une personne qui était profondément plongée en l’oraison, qu’elle ouït une voix qui lui disait : O vous à qui sont faites les faveurs d’ouïr et de voir les choses spirituelles, écoutez maintenant ce que je vous veux manifester de cet archevêque qui a dit que, s’il était pape, il donnerait licence à tous les prêtres de se marier, croyant et pensant que cela serait plus agréable à Dieu que de voir les prêtres vivre avec tant de dissolution; il disait encore que, par ce mariage, s’éviteraient tant de péchés charnels; et bien qu’en cela il n’entendît pas la volonté de Dieu, néanmoins il était ami de Dieu. Or, maintenant, je vous déclarerai la volonté de Dieu sur cela, car j’ai engendré le Dieu même, et vous signifierez cela à cet archevêque, lui parlant en ces termes : A Abraham fut donnée la circoncision longtemps avant que la loi fût donnée à Moïse, et au temps d’Abraham, les hommes étaient gouvernés selon qu’ils entendaient et selon qu’ils voulaient, et néanmoins plusieurs étaient lors amis de Dieu.

    Mais après que la loi fut donnée à Moïse, lors il plut plus à Dieu que les hommes vécussent selon la loi que selon leur volonté. Il en fut de même du précieux corps de mon Fils, car quand il eut institué le saint Sacrement de l’autel, qu’il fut monté au ciel, lors cette loi ancienne était encore gardée, savoir, les prêtres de Jésus-Christ vivaient en un mariage charnel, et néanmoins plusieurs d’iceux étaient amis de Dieu, d'autant qu’ils croyaient en simplicité que cela était agréable à Dieu, comme il lui fut agréable au temps des Juifs, et cela fut observé plusieurs années par les apôtres chrétiens. Mais cette coutume et observance était abominable et odieuse à toute la cour céleste, et à moi, qui ai engendré le corps de mon Fils, de voir que des mariés touchassent de leurs mains le corps précieux de mon Fils au saint Sacrement, car les Juifs, en leur ancienne loi, n’avaient que l’ombre et la figure de ce sacrement; mais les chrétiens ont maintenant la vérité même, savoir, Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme en ce sacrement sacro-saint.

    Mais après quelque temps que les prêtres anciens observaient cela, Dieu, par l’infusion de son Esprit, le versa au cœur du pape, pour qu’il ordonnât que désormais les prêtres qui consacreraient le corps précieux de Jésus-Christ ne seraient point mariés ni ne jouiraient des délices infâmes de la chair. Et partant, par l’ordonnance divine et par son juste jugement, il a été justement ordonné que les prêtres vivraient en la chasteté et continence de la chair, autrement qu’ils seraient maudits et excommuniés devant Dieu, et dignes d’être privés de l’office de prêtres, néanmoins que ceux qui s’amenderaient véritablement avec résolution de ne plus pécher, obtiendraient miséricorde de Dieu.

    Sachez aussi que si quelque pape donne aux prêtres licence de se marier charnellement, lui-même sera damné de Dieu par la même sentence, comme celui qui aurait grandement péché, à qui on devrait, selon le droit, arracher les yeux couper les lèvres, le nez et les oreilles, les pieds et les mains, et le corps duquel devrait être tout ensanglanté et congelé de froid; et d’ailleurs qu’on devrait donner ce corps mort aux oiseaux et aux bêtes sauvages : il en arriverait de même à ce pape qui voudrait donner licence aux prêtres de se marier, contre la susdite ordonnance divine, car ce pape serait soudain privé de la vue et ouïe spirituelle, de la parole, des œuvres spirituelles, et toute sa sapience spirituelle défaudrait spirituellement; et d’ailleurs, son âme descendrait en enfer pour y être éternellement tourmentée et être la proie des démons. Voire si saint Grégoire le pape eût établi cette loi, il n’eût jamais obtenu miséricorde de Dieu, s’il n’eût révoqué une telle sentence.

    Les papes ont toujours défendu le célibat sacerdotal. Le pape François a lui aussi récemment manifesté sa haute estime pour ce trésor de l’Église latine, en citant Paul VI : « Je voudrais donner ma vie pour le célibat des prêtres ! ». S'il y a des exceptions, il s'agit toujours d'hommes déjà mariés au moment de leur ordination, comme les prêtres catholiques-orientaux ou les prêtres anglicans devenus catholiques. Tout au plus, le pape envisagerait d'autres exceptions de ce type pour des régions manquant cruellement de prêtres, par exemple en appelant au sacerdoce des diacres mariés. Mais rien n'est encore décidé. Prions pour le Saint-Père afin que Dieu l'éclaire et qu'il discerne ce que Dieu veut, dans la ligne de la Tradition multiséculaire de l’Église romaine. Gageons cependant que l’Église, si elle adopte ces exceptions, prendra aussi toutes les mesures pour que le niveau spirituel du clergé ne soit pas menacé. Enfin, j'aimerais citer le cas d'un grand saint russe orthodoxe, Jean de Kronstadt, un prêtre marié, qui dans son évolution spirituelle vers la sainteté, en vint à la fois à célébrer quotidiennement la divine liturgie et à choisir une stricte continence dans sa vie conjugale. Cet exemple est à méditer dans le contexte actuel.

  • Le Christ Roi doit être couronné à nouveau pour sauver le monde

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    D'Andrew Pollard sur le site The Remnant sous le titre : « Christ the King must be recrowned to save the world  » via le Forum Catholique :

    18 juillet 2025

    LE CHRIST-ROI A ÉTÉ DÉCOURONNÉ

    Le plus grand désastre qui ait frappé le monde a été le découronnement du Christ-Roi : l’abandon par une grande partie du monde de la croyance en Jésus-Christ comme Roi de tous les individus et de toutes les autorités civiles. Cette rébellion des individus et des gouvernements contre le Christ-Roi a conduit au rejet des vraies croyances et à l’acceptation d’idées et d’idéologies fausses. Plus grave encore, elle a conduit à la mort du monde.

    Par le passé, la doctrine du Christ-Roi était une croyance catholique fondamentale, qui enseignait que Jésus-Christ est le Roi de tous les individus du monde – la Royauté Individuelle – incluant les catholiques, les non-catholiques et les non-chrétiens. Le Christ est également le Roi de toutes les autorités civiles – la Royauté Sociale ou Collective.

    Non seulement le monde a rejeté le Christ-Roi, mais il a également nié les enseignements de la sainte Église du Christ – l’Église catholique – et l’a exclue de la vie active des pays – une erreur grave et destructrice. Tragiquement, dans le monde moderne, l’homme s’est couronné lui-même à la place de Jésus-Christ. « l'État-Dieu » et « l'Homme-Dieu » ont remplacé le Christ-Roi et l'enseignement de son Église catholique par de fausses idées laïques. Les résultats sont effroyables. Les êtres humains détruisent leurs pays et leurs civilisations.

    Le monde a rejeté l'enseignement du Christ selon lequel « tout pouvoir m'a été donné au ciel et sur la terre. Allez donc, faites de toutes les nations du monde des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et enseignez-leur à observer tous les commandements que je vous ai donnés. » (Mt 28, 18-20).

    L'exclusion du Christ de la vie quotidienne remonte à des siècles, avec la Réforme et la Révolution française. La Déclaration des Droits de l'Homme a rejeté le Règne social de Notre Seigneur Jésus-Christ et l'a remplacé par l'hérésie selon laquelle tout pouvoir réside dans le peuple. Elle rejetait les paroles de saint Paul selon lesquelles « il n'y a d'autorité que de Dieu seul. » (Rm 13, 1).

    Le pape Pie XII espérait que la nouvelle fête du Christ-Roi renforcerait la foi des hommes en Jésus-Christ et en sa sainte Église catholique, le Royaume du Christ sur terre. La doctrine du Christ-Roi met l'accent sur la vérité de la foi catholique et sur la fausseté des autres religions. Pourtant, le pape, s'il était encore en vie aujourd'hui, serait horrifié de découvrir que, depuis 1925, le pouvoir et l'autorité du Christ et de sa sainte Église ont considérablement décliné.

    De nombreux commandements du Christ et de son Église sont ignorés et remplacés par de fausses croyances laïques et des politiques gouvernementales contraires à l'enseignement catholique et à la réalité objective, malgré l'avertissement du Christ à ses disciples : « Si vous m'aimez, gardez mes commandements. »

    Le Christ-Roi a même été découronné par une partie de l'Église catholique elle-même, qui a largement tourné le dos à la doctrine catholique traditionnelle concernant le Christ-Roi. Dans certaines parties de l'Église catholique, l'enseignement du Règne social de Jésus-Christ a même été interdit.

    Pie XI a institué la fête du Christ-Roi, célébrée le dernier dimanche d'octobre. Pourtant, en 1969, moins de cinquante ans après la promulgation de Quas Primas, le pape Paul VI a remplacé la fête du Christ-Roi par une solennité intitulée « Jésus-Christ Roi de l'Univers », célébrée à la fin de l'année liturgique de l'Église, vers la fin novembre.

    Paul VI a également remplacé de nombreuses prières et hymnes de la messe originale du Christ-Roi et du bréviaire. Auparavant, ces prières étaient axées sur l'ici et maintenant [hic et nunc] ; mais dans la nouvelle solennité, l'accent est mis sur la fin des temps. Par exemple, dans l'hymne des Vêpres de la traditionnelle fête du Christ-Roi, on pouvait lire :

    « La foule des impies vocifère : “Nous ne voulons pas du Christ-Roi !”.
    Mais nous, nous vous acclamons comme Roi suprême & universel. »

    Ces deux vers ont été abandonnés en 1969. Ont également été abandonnés des couplets d'autres hymnes qui avaient clairement énoncé la doctrine traditionnelle de la royauté du Christ et que les autorités des années 1960 considéraient comme obsolètes.

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  • Saint Laurent de Brindisi (21 juillet)

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    Lors de l'audience générale du 23 mars 2011, le pape Benoît XVI a consacré sa catéchèse à saint Laurent de Brindisi (source) :

    Parrocchia San Lorenzo da Brindisi - Brindisi - Sant'Elia

    Chers frères et sœurs,

    Je me souviens encore avec joie de l’accueil festif qui m’a été réservé en 2008 à Brindisi, la ville où, en 1559, naquit un éminent docteur de l’Eglise, saint Laurent de Brindisi, nom que Giulio Cesare Rossi prit en entrant dans l’Ordre des capucins. Dès son enfance, il fut attiré par la famille de saint François d’Assise. En effet, orphelin de père à l’âge de sept ans, il fut confié par sa mère aux soins des frères conventuels de sa ville. Quelques années plus tard, toutefois, il s’installa avec sa mère à Venise, et c’est précisément en Vénétie qu’il connut les capucins qui, à cette époque, s’étaient placés généreusement au service de l’Eglise tout entière, pour approfondir la grande réforme spirituelle promue par le Concile de Trente. En 1575, Laurent, à travers la profession religieuse, devint frère capucin, et en 1582, fut ordonné prêtre. Dès l’époque de ses études ecclésiastiques, il révéla les éminentes qualités intellectuelles dont il était doté. Il apprit facilement les langues anciennes, comme le grec, l’hébreu et le syriaque, et modernes, comme le français et l’allemand, qui s’ajoutaient à sa connaissance de la langue italienne et de la langue latine, à l’époque couramment parlée par tous les ecclésiastiques et hommes de culture.

    Grâce à la connaissance de tant de langues, Laurent put accomplir un intense apostolat auprès de diverses catégories de personnes. Prédicateur efficace, il connaissait de façon si profonde non seulement la Bible, mais également la littérature rabbinique, que les rabbins eux-mêmes en étaient stupéfaits et admiratifs, manifestant à son égard estime et respect. Théologien expert de l’Ecriture Sainte et des Pères de l’Eglise, il était en mesure d’illustrer de façon exemplaire la doctrine catholique également aux chrétiens qui, surtout en Allemagne, avaient adhéré à la Réforme. A travers une présentation claire et douce, il montrait le fondement biblique et patristique de tous les articles de la foi mis en discussion par Martin Luther. Parmi ceux-ci, le primat de saint Pierre et de ses successeurs, l’origine divine de l’épiscopat, la justification comme transformation intérieure de l’homme, la nécessité des bonnes œuvres pour le salut. Le succès dont Laurent bénéficia nous aide à comprendre qu’aujourd’hui aussi, en poursuivant avec tant d’espérance le dialogue œcuménique, la confrontation avec la Sainte Ecriture, lue dans la Tradition de l’Eglise, constitue un élément incontournable et d’une importance fondamentale, comme j’ai voulu le rappeler dans l’Exhortation apostolique Verbum Domini (n. 46).

    Même les fidèles les plus simples, dépourvus d’une grande culture, tirèrent profit de la parole convaincante de Laurent, qui s’adressait aux personnes humbles pour rappeler à tous la cohérence de leur vie avec la foi professée. Cela a été un grand mérite des capucins et d’autres ordres religieux, qui, aux XVI° et XVII° siècles, contribuèrent au renouveau de la vie chrétienne en pénétrant en profondeur dans la société à travers leur témoignage de vie et leur enseignement. Aujourd’hui aussi, la nouvelle évangélisation a besoin d’apôtres bien préparés, zélés et courageux, afin que la lumière et la beauté de l’Evangile prévalent sur les orientations culturelles du relativisme éthique et de l’indifférence religieuse, et transforment les diverses façons de penser et d’agir en un authentique humanisme chrétien. Il est surprenant que saint Laurent de Brindisi ait pu accomplir de façon ininterrompue cette activité de prédicateur apprécié et inlassable dans de nombreuses villes d’Italie et dans divers pays, alors qu’il occupait d’autres charges lourdes et de grandes responsabilités. Au sein de l’Ordre des capucins, en effet, il fut professeur de théologie, maître des novices, plusieurs fois ministre provincial et définiteur général, et enfin ministre général de 1602 à 1605.

    Parmi tant de travaux, Laurent cultiva une vie spirituelle d’une ferveur exceptionnelle, consacrant beaucoup de temps à la prière et, de manière particulière, à la célébration de la Messe, qu’il prolongeait souvent pendant des heures, absorbé et ému par le mémorial de la Passion, de la Mort et de la Résurrection du Seigneur. A l’école des saints, chaque prêtre, comme cela a souvent été souligné au cours de la récente Année sacerdotale, peut éviter le danger de l’activisme, c’est-à-dire d’agir en oubliant les motivations profondes de son ministère, seulement s’il prend soin de sa propre vie intérieure. En s’adressant aux prêtres et aux séminaristes dans la cathédrale de Brindisi, la ville natale de saint Laurent, j’ai rappelé que «le moment de la prière est le plus important dans la vie du prêtre, celui où la grâce divine agit avec le plus d’efficacité, en donnant sa fécondité au ministère. Prier est le premier service à rendre à la communauté. Les temps de prière doivent donc avoir une véritable priorité dans notre vie... Si l’on n’est pas intérieurement en communion avec Dieu, on ne peut rien donner non plus aux autres. Dieu est donc la première priorité. Nous devons toujours réserver le temps nécessaire pour être en communion de prière avec notre Seigneur». Du reste, avec l’ardeur incomparable de son style, Laurent exhorte chacun, et pas seulement les prêtres, à cultiver la vie de prière car au moyen de celle-ci nous parlons à Dieu et Dieu nous parle: «Oh, si nous considérions cette réalité! — s’exclame-t-il — C’est-à-dire que Dieu est vraiment présent à nous quand nous lui parlons en priant; qu’il écoute vraiment notre prière, même si nous prions seulement avec le cœur et avec l’esprit. Et que non seulement il est présent et nous écoute, mais qu’il peut même et qu’il désire volontiers répondre, et avec le plus grand plaisir, à nos questions».

    Un autre trait qui caractérise l’œuvre de ce fils de saint François est son action pour la paix. Les Souverains Pontifes, ainsi que les princes catholiques lui confièrent à plusieurs reprises d’importantes missions diplomatiques pour résoudre des controverses et favoriser la concorde entre les Etats européens, menacés à cette époque par l’empire ottoman. L’autorité morale dont il jouissait faisait de lui un conseiller recherché et écouté. Aujourd’hui, comme à l’époque de saint Laurent, le monde a un grand besoin de paix, il a besoin d’hommes et de femmes pacifiques et pacificateurs. Tous ceux qui croient en Dieu doivent toujours être des sources et des agents de paix. Ce fut précisément à l’occasion d’une de ces missions diplomatiques que Laurent conclut sa vie terrestre, en 1619 à Lisbonne, où il s’était rendu auprès du roi d’Espagne, Philippe III, pour défendre la cause de ses sujets napolitains, opprimés par les autorités locales.

    Il fut canonisé en 1881 et, en raison de son activité vigoureuse et intense, de sa science vaste et harmonieuse, il mérita le titre de Doctor apostolicus, «Docteur apostolique», que lui donna le bienheureux Pape Jean XXIII en 1959, à l'occasion du quatrième centenaire de sa naissance. Cette reconnaissance fut accordée à Laurent de Brindisi également parce qu'il fut l'auteur de nombreuses œuvres d'exégèse biblique, de théologie et d'écrits destinés à la prédication. Il y offre une présentation organique de l'histoire du salut, centrée sur le mystère de l'Incarnation, la plus grande manifestation de l'amour divin pour les hommes. En outre, étant un mariologiste de grande valeur, auteur d'un recueil de sermons sur la Vierge intitulé «Mariale», il met en évidence le rôle unique de la Vierge Marie, dont il affirme avec clarté l'Immaculée Conception et la coopération à l’œuvre de la rédemption accomplie par le Christ.

    Avec une fine sensibilité théologique, Laurent de Brindisi a également mis en évidence l'action de l'Esprit Saint dans l'existence du croyant. Il nous rappelle qu’avec ses dons, la Troisième Personne de la Très Sainte Trinité, éclaire et aide notre engagement à vivre dans la joie le message de l'Evangile. «L'Esprit Saint — écrit saint Laurent — rend doux le joug de la loi divine et léger son poids, afin que nous observions les commandements de Dieu avec une très grande facilité, et même avec plaisir».

    Je voudrais compléter cette brève présentation de la vie et de la doctrine de saint Laurent de Brindisi en soulignant que toute son activité a été inspirée par un grand amour pour l'Ecriture Sainte, qu'il savait presque par cœur, et par la conviction que l'écoute et l'accueil de la Parole de Dieu produit une transformation intérieure qui nous conduit à la sainteté. «La Parole du Seigneur — affirme-t-il — est lumière pour l'intelligence et feu pour la volonté, pour que l'homme puisse connaître et aimer Dieu. Pour l'homme intérieur, qui au moyen de la grâce vit de l'Esprit de Dieu, il est pain et eau, mais un pain plus doux que le miel et une eau meilleure que le vin et le lait... C'est un maillet contre un cœur durement obstiné dans les vices. C’est une épée contre la chair, le monde et le démon, pour détruire tout péché». Saint Laurent de Brindisi nous enseigne à aimer l'Ecriture Sainte, à croître dans la familiarité avec elle, à cultiver quotidiennement le rapport d’amitié avec le Seigneur dans la prière, pour que chacune de nos actions, chacune de nos activités ait en Lui son commencement et son achèvement. Telle est la source à laquelle puiser afin que notre témoignage chrétien soit lumineux et soit capable de conduire les hommes de notre temps à Dieu.

  • Le pape Léon XIV et la question des femmes dans les ordres sacrés

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    De

    Le pape Léon XIV et la question des femmes dans les ordres sacrés

    Le pape Léon, en tant que cardinal Prévost, a exprimé une préoccupation constante quant à la tendance à formuler les débats ecclésiaux – en particulier ceux entourant le rôle des femmes dans le ministère ordonné – en termes sociopolitiques.

    Le pape Léon XIV, anciennement cardinal Robert Prévost, a accédé à la papauté durant une période de profonde réflexion théologique et d'introspection institutionnelle intense au sein de l'Église. Son élection s'est déroulée dans le contexte du processus synodal mondial de l'Église, initié par le pape François, un processus qui invitait le peuple de Dieu tout entier à discerner les inspirations de l'Esprit Saint concernant la vie et la mission de l'Église dans le monde moderne.

    Au fil du cheminement synodal, de nombreuses aspirations, préoccupations et questions théologiques ont été exprimées, dont beaucoup ont touché à des débats ecclésiaux anciens et sensibles. Parmi ceux-ci, l'un des plus importants sur le plan théologique a été la question de l'admission des femmes au sacrement de l'Ordre, notamment sous la forme de l'ordination diaconale.

    Dans ce qui suit, cette analyse examine l'orientation probable du pape Léon XIV sur cette question, en prenant en compte ses déclarations publiques antérieures, son expérience pastorale, sa vision théologique et ses responsabilités curiales ayant conduit à son élection au siège de Pierre. Bien que le pape Léon n'ait, à ce jour, émis aucune déclaration définitive sur la question, il est néanmoins possible de se livrer à une spéculation théologique rigoureuse fondée sur son parcours historique.

    Le but de cette étude n'est donc pas de prédire avec certitude le cours futur de l'enseignement ou de la politique papale, mais d'analyser les modèles de leadership ecclésial du cardinal Prevost qui peuvent donner un aperçu de sa disposition à l'égard du débat en cours concernant les femmes et les ordres sacrés.

    Dans ce contexte, le pape Léon XIV apparaît comme une figure de continuité et de discernement. Sa formation théologique au sein de la tradition augustinienne, combinée à des décennies d'expérience pastorale en Amérique latine et à son leadership curial en tant que préfet du Dicastère pour les évêques, ont façonné un homme profondément attaché à l'intégrité de la doctrine catholique, tout en restant attentif aux besoins et à la voix des fidèles. Son parcours témoigne d'une fidélité indéfectible au Magistère de l'Église, notamment dans les domaines touchant à l'économie sacramentelle et à la structure des ordres sacrés. Parallèlement, il a fait preuve d'une ouverture pastorale à l'exploration de voies légitimes pour accroître la participation des femmes à la vie ecclésiale, à condition que ces développements restent dans les limites de la révélation divine, de la Sainte Tradition et de l'anthropologie théologique de l'Église.

    Cette double fidélité – à l'intégrité doctrinale et à l'engagement pastoral – caractérise la vision ecclésiologique plus large du pape Léon XIV. Elle définit également le prisme interprétatif à travers lequel cette étude examine la question des femmes et des ordres sacrés sous son pontificat. Par conséquent, cette brève analyse est proposée dans un esprit de communion ecclésiale et de recherche académique, sachant que toute solution définitive à cette question appartient en dernier ressort au Saint-Père lui-même, guidé par l'Esprit Saint au service de la vérité confiée à l'Église.

    Formation théologique et trajectoire ecclésiale

    Avant son accession au pape, le cardinal Prevost a été prieur général de l'Ordre des Augustins, puis évêque de Chiclayo, au Pérou. Ces expériences, notamment en Amérique latine, ont développé en lui une sensibilité aux besoins des Églises locales et un profond attachement au ministère collaboratif. Sa nomination ultérieure comme préfet du Dicastère pour les évêques sous le pape François l'a placé au cœur du discernement et de la réforme épiscopale.

    Son orientation théologique reflète un équilibre entre innovation pastorale et stabilité doctrinale. À cet égard, Léon peut être considéré à la fois comme l'héritier et le gardien de l'héritage théologique et ecclésial du Concile Vatican II, en particulier de ses enseignements sur la collégialité, le  sensus fidei et la coresponsabilité de tous les baptisés.

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  • Les catholiques et « Sodome et Gomorrhe »

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    De John M. Grondelski sur le CWR :

    Les catholiques et « Sodome et Gomorrhe »

    Malheureusement, trop de gens aujourd'hui finissent par considérer le mal comme le bien et le bien comme facultatif.

    14 juillet 2025

    Au cours de cette longue période du temps ordinaire, les célèbres villes de Sodome et Gomorrhe sont mentionnées à plusieurs reprises dans les lectures de la messe.

    Lorsque les catholiques d'aujourd'hui entendent « Sodome et Gomorrhe », qu'est-ce qui leur vient à l'esprit ? Je crains que, pour beaucoup, il s'agisse d'une phrase vide de sens. Sa signification morale et théologique est perdue. Tout comme le fait d'appeler « Hitler » tout politicien désagréable, l'étiquette « Sodome et Gomorrhe » peut avoir un poids émotionnel mais peu de contenu réel.

    Au début de son ministère, Jésus a envoyé ses disciples devant lui pour « préparer le chemin » en prêchant et en guérissant. Il leur a demandé de s'aventurer simplement, en s'en remettant à la Providence et à la bonne volonté de leurs auditeurs potentiels. Ceux qui étaient réceptifs devaient recevoir une bénédiction.

    Mais qu'en est-il des villes qui n'étaient pas réceptives ? Nous lisons :

    Quiconque ne vous reçoit pas et n'écoute pas vos paroles -
    - sortira de cette maison ou de cette ville et secouera la poussière de ses pieds.
    Amen, je vous le dis : au jour du jugement,
    le pays de Sodome et de Gomorrhe sera plus supportable
    que cette ville-là". (Mt 10, 14-15)

    Si l'on considère que Sodome et Gomorrhe ont été incinérées par le feu et le soufre venus du ciel, il ne s'agit pas là d'une menace mineure.

    L'ignorance historique permet de transformer en Hitler un personnage public dont les politiques vont de la fermeté à la coercition. Cela se produit même si, en réalité, très peu de personnes s'approchent de la manie génocidaire programmatique qu'Adolf Hitler a incarnée. La lâcheté théologique fait de « Sodome et Gomorrhe » des lieux que l'on ne voudrait pas visiter, même si les raisons de leur châtiment semblent souvent entourées d'un voile de silence.

    La tradition chrétienne attribue la destruction de Sodome et Gomorrhe à leurs péchés. Le récit commence par la rencontre d'Abraham avec ses trois visiteurs après leur arrivée dans sa tente, et la promesse que Sarah serait mère dans l'année. Au moment du départ, le Seigneur dit à Abraham :

    La clameur contre Sodome et Gomorrhe est si grande, et leur péché si grave, qu'il faut que je descende pour voir si leurs actions sont aussi mauvaises que la clameur qui vient à moi contre elles. (Gn 18, 20-21).

    Un marchandage s'engage alors entre Abraham et Dieu sur le nombre minimum de « justes » pour lesquels Dieu épargnerait la ville. Ils se mettent d'accord sur dix, ce qui, nous le verrons plus tard, dépasse encore la population des bons de Sodome.

    Et quel est, selon la tradition chrétienne, le péché pour lequel Sodome et Gomorrhe ont été détruites ? La sodomie, le péché qui a pris le nom du lieu. Pour une grande partie de la tradition chrétienne, le lien entre Sodome et la sodomie était évident.

    Bien entendu, cela ne correspond pas aux efforts contemporains visant à réhabiliter l'activité homosexuelle comme étant compatible avec la morale catholique. Ceux qui sont prêts à s'engager dans cette contradiction adoptent généralement l'une des deux voies suivantes : redéfinir le péché ou l'ignorer.

    Redéfinir le péché signifie généralement que Sodome a été punie non pas pour la sodomie mais pour son « inhospitalité » - ses habitants n'étaient pas aimables avec leurs invités. Mais le texte biblique est clair. Lorsque les trois anges ayant l'apparence d'hommes qui ont rendu visite à Abraham se rendent à Sodome et logent dans la maison de Lot, les Sodomites exigent de les maltraiter. Sensible au droit à la sécurité de ses hôtes, l'hospitalité étant une question de vie ou de mort dans l'ancien Proche-Orient, Lot offre même ses filles pour satisfaire les désirs des Sodomites. (Je ne le défends pas, mais je cite simplement ce que dit l'Écriture et ce que l'esprit d'il y a environ 4 000 ans considérait comme un moindre mal). Ils refusent, fixés sur leurs désirs homosexuels au point que, sans intervention divine, ils auraient envahi la maison de Lot.

    Oui, les Sodomites n'étaient pas gentils avec leurs invités, mais leur manque de « gentillesse » avait un contour spécifique et sexuel.

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  • Léon XIV et sa première encyclique à venir

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    D'Andrea Gagliarducci sur Monday Vatican :

    Léon XIV et l'encyclique à venir

    Le père Alejandro Moral, supérieur des Augustins, a annoncé la semaine dernière, dans une interview accordée à  Il Messaggero, que Léon XIV travaillait à la structure de sa première encyclique. La grande question est de savoir si le pape suivra l'inspiration qui lui vient de son nom, et consacrera donc la première encyclique de son pontificat aux questions sociales, ou s'il suivra la ligne de ses premiers mots au début de son pontificat, lorsqu'il a affirmé avec force la nécessité de disparaître pour laisser la place au Christ.

    En bref : s’agira-t-il d’une encyclique sociale ou spirituelle ? Les deux ne s’excluent pas mutuellement et peuvent être liées. Cependant, beaucoup dépendra de la structure précise que Léon XIV donnera au document et de la manière dont il présentera ses priorités.

    Les deux premiers mois du pontificat de Léon XIV nous ont appris que certains processus initiés par le pape François sont irréversibles. Ils peuvent être repensés, mais irréversibles. L'un de ces processus est son attention portée aux questions environnementales.

    Or, le pape François n'a rien inventé en mettant l'accent sur la protection responsable de la création. L'Église s'en est toujours préoccupée. Benoît XVI a d'ailleurs été surnommé « le pape vert » par les médias catholiques et laïcs en raison de son intérêt pour les questions écologiques. Le travail théologique préparatoire était déjà fait lorsque François a donné une impulsion pastorale à cette question.

    Le pape François a porté l'attention écologique de l'Église à un niveau supérieur. L'encyclique Laudato Si' et l'exhortation Laudate Deum s'appuyaient toutes deux sur une série de données, de chiffres et de statistiques provenant d'agences des Nations Unies. En pratique, le pape François avait lié la préoccupation écologique aux enjeux politiques et multilatéraux. Laudato Si', en tant qu'encyclique, incluait un cadre nécessaire de doctrine sociale. Cependant, les passages les plus cités dans les forums internationaux étaient précisément ceux qui confirmaient les positions dominantes, tandis que les positions en faveur de l'écologie intégrale étaient affaiblies.

    Par exemple, peu de gens se souviennent que Laudato Si' défend la vie, de la conception à la mort naturelle, qu'il s'attaque à la culture du jetable, y compris en termes de rejet de vies humaines, et qu'il adopte une approche écologique intégrale qui place l'être humain au centre. Laudate Deum, en tant qu'exhortation, a plutôt été présenté comme une mise à jour de données scientifiques, ce qui était normal, car les Nations Unies actualisent toujours ces mêmes données. Mais c'était précisément là le problème : un document papal pouvait-il être lié uniquement à des données contingentes ?

    Il ne s'agissait pas, après tout, d'un document répondant à une situation grave et doté d'une structure théorique solide (pensons à l'encyclique de Pie XI contre le nazisme, Mit Brennender Sorge, ou aux messages radiophoniques de Pie XII pendant la Seconde Guerre mondiale ). Il s'agissait plutôt d'un document adoptant le point de vue des organisations internationales, qui relient rarement le problème écologique à l'être humain. En effet, l'être humain est souvent considéré comme le problème.

    Cependant, douze années de pontificat ont donné naissance à un mouvement écologiste qui semble parfois adopter un écologisme sans retenue, coupé de l'essence même de l'humanité que François a finalement voulu lui donner, se limitant aux questions les plus politiques et médiatiques. Parmi les initiatives liées à cet écologisme figure une messe spéciale pour la protection de la création.

    Léon XIV maintint ce processus, l'approuva et célébra la première messe avec cette formule spéciale en privé au Borgo Laudato Si de Castel Gandolfo. Dans son homélie, il déclara que « Dieu nous a donné la création comme un don à protéger, et non comme une proie à exploiter ». Il demanda ensuite à Dieu d'accorder la conversion à ceux qui ne voient pas le problème écologique.

    Le Pape a également rappelé l'appel des chrétiens à prendre soin de la création. « Quand nous contemplons la beauté de la terre, nous comprenons que Dieu l'a créée non par nécessité, mais par amour. La création naît de sa bonté débordante, et chaque créature porte en elle un reflet de sa gloire », a déclaré le Pape.

    Et il a ajouté : « Aujourd'hui, cependant, cette gloire est blessée par nos choix irresponsables. La création souffre et gémit, comme le dit saint Paul, et les personnes en situation de pauvreté souffrent avec elle. Nous ne pouvons plus ignorer le cri de la terre et le cri des pauvres, car ils sont un seul cri qui monte vers Dieu. »

    En bref, l'homélie du pape François n'a pas mis de côté son auteur, et de nombreuses références à Laudato Si' ont été faites à l'occasion de son dixième anniversaire . Cependant, elle a également mis l'accent sur la question de la création, plutôt que sur l'acte de création lui-même. Léon XIV a adopté une approche prudente sur ces questions : il n'a pas rompu avec le pontificat de François, mais il a renoué avec un courant profond de la pensée catholique. Il a rompu avec l'idée que le pontificat de François était une rupture.

    La question est donc la suivante : la révolution écologique du pape François est-elle un processus irréversible ? Léon XIV ne semble pas prêt à revenir sur cette question, mais il a également cherché à en renouveler l'orientation spécifiquement catholique et anthropologique. Il convient également de noter que le formulaire de messe a été utilisé lors d'une célébration privée, et on ignore si cette célébration sera répétée en public.

    La manière dont Léon XIV articule sa première encyclique sera donc très révélatrice. Après deux mois, son pontificat demeure un équilibre entre continuité et discontinuité. Ce n'est pas un pontificat de restauration, et pourtant il restaure beaucoup de choses. Ce n'est pas un pontificat de rupture avec son prédécesseur, et pourtant il a renoué avec la tradition.

    Certains processus déjà en cours resteront inchangés, mais il reste à voir comment ils seront redéfinis, repensés et réinterprétés par Léon XIV. Sa première encyclique constituera un signal clair à cet égard.

  • Collégialité apostolique et « mentalité synodale » : le pape Léon commence à remettre les choses en place

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    De Leonardo Lungaresi sur son blog :

    Collégialité apostolique et « mentalité synodale » : le pape Léon commence à remettre les choses en place.

    En conclusion de son discours, après avoir indiqué aux évêques les priorités pastorales qui doivent inspirer leur mission (« annonce de l'Évangile, paix, dignité humaine, dialogue »), Léon leur a adressé trois exhortations, dont la première concerne l'unité. « Avant tout : avancez dans l'unité, en pensant spécialement au Chemin synodal. Le Seigneur – écrit saint Augustin – « pour garder son corps bien composé et en paix, s'adresse ainsi à l'Église par la bouche de l'Apôtre : L'œil ne peut pas dire à la main : Je n'ai pas besoin de toi ; ni la tête aux pieds : Je n'ai pas besoin de toi. Si le corps n'était que yeux, où serait l'ouïe ? Si le corps n'était que ouïe, où serait l'odorat ? » ( Exposé sur le Psaume 130 , 6). Restez unis et ne vous défendez pas des provocations de l'Esprit. Que la synodalité devienne une mentalité, dans le cœur, dans les processus de décision et dans les manières d'agir » (italiques ajoutés).

    Le placement de ces deux références, placées non par hasard l'une au début et l'autre à la fin du discours, avec la combinaison de collégialité et de synodalité qui en découle, me semble vouloir transmettre un message fort et très significatif.

    La collégialité était un mot clé de Vatican II et, comme le souligne Léon XIV dans une citation de Lumen gentium, elle représentait, avec la notion de « peuple de Dieu », une pierre angulaire de l'ecclésiologie développée par ce concile. Parmi les raisons de sa convocation figurait en effet la nécessité de remédier au déséquilibre créé dans l'Église depuis que les travaux de Vatican I, qui, près d'un siècle plus tôt, avaient mené à leur terme la réflexion sur l'autorité du pape, avaient été interrompus sans qu'une étude aussi approfondie du thème étroitement lié du ministère épiscopal ne soit menée. Les quatre-vingt-dix années écoulées entre les deux conciles, du pontificat de Pie IX à celui de Jean XXIII, avaient vu, en revanche, une croissance constante, et parfois impétueuse, du rôle du pape dans la vie de l'Église, avec un « écrasement » correspondant de celui des évêques. La redécouverte de la dimension ecclésiale de la collégialité apostolique – naturellement cum Petro et sub Petro – fut donc l'une des demandes les plus fortement avancées lors de la phase préparatoire, puis rappelées au cours du Concile. Le troisième chapitre de la Constitution dogmatique sur l'Église Lumen gentium, dans la partie consacrée à l'épiscopat (nn. 18-27), reprend cette exigence, en situant précisément la discussion du ministère épiscopal dans la perspective de la collégialité. Dans les années qui ont immédiatement suivi la célébration du Concile, le problème était encore au premier plan et les deux principales institutions ecclésiastiques destinées à y apporter une réponse remontent à cette époque : le Synode des évêques, institué comme organisme permanent en 1965, et les Conférences épiscopales nationales, déjà instituées dans de nombreux pays mais étendues à toute l’Église en 1966. On pourrait se demander si et dans quelle mesure la théologie de ces années désormais lointaines et les innovations institutionnelles qui se sont alors dessinées ont vraiment favorisé le développement d’une collégialité apostolique correctement comprise, ou si elles n’ont pas fini par mortifier parfois le rôle des évêques individuels, comme par exemple, selon certains, cela s’est produit en raison de la croissance hypertrophiée des Conférences épiscopales et de leur bureaucratie ecclésiastique, mais c’est un fait – aussi paradoxal que difficile à nier – qu’aujourd’hui, soixante ans après la conclusion de Vatican II, on ne parle presque plus de collégialité. Le mot lui-même donne l’impression d’avoir presque disparu du langage ecclésiastique, désormais totalement absorbé et remplacé par l’ineffable et omniprésente synodalité, véritable mantra qui est continuellement répété et inséré dans chaque discours clérical, opportune et importune, sans toutefois être défini avec suffisamment de clarté, mais en conservant des marges d'ambiguïté si larges qu'elles incluent également des phénomènes, comme le Synodaler Weg allemand, qui sont antithétiques à la collégialité épiscopale parce qu'ils tendent à dissoudre l'autorité des évêques comme un ingrédient parmi d'autres dans une forme d'assembléisme (pseudo)démocratique qui délibère sur la foi et la morale au moyen de majorités et de minorités parlementaires.

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  • Le bureau du synode du Vatican reporte les rapports sur les questions controversées

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    D'Hannah Brockhaus sur CNA :

    Le bureau du synode du Vatican reporte les rapports sur les questions controversées

    Les participants au Synode sur la synodalité posent pour une photo de groupe, le 26 octobre 2024.

    Les participants au Synode sur la synodalité se sont réunis pour une photo de groupe le 26 octobre 2024. | Crédit : Vatican Media

    7 juillet 2025

    Le bureau du synode du Vatican a déclaré que les rapports finaux des groupes d'étude du synode sur la synodalité - y compris les opinions sur les femmes diacres et les questions doctrinales controversées telles que l'inclusion LGBT - ont été reportés jusqu'à la fin de l'année.

    Les groupes d'étude, formés par le pape François pour examiner les sujets qu'il a retirés de la table des discussions lors de la deuxième session du Synode sur la synodalité, tenue en octobre 2024, auront jusqu'au 31 décembre pour soumettre leurs résultats finaux - une prolongation de six mois du mandat initial du 30 juin, selon le Secrétariat du Synode.

    Entre-temps, les dirigeants du synode publieront de brefs rapports intermédiaires des groupes d’étude en juillet.

    Un porte-parole du secrétariat du synode a déclaré à CNA que la plupart des dix commissions avaient demandé plus de temps pour finaliser leurs rapports suite aux retards dus au décès du pape François et à la « vacance du siège ». En juin, elles ont reçu le feu vert du pape Léon XIV pour poursuivre leurs travaux.

    Les commissions d’étude sont composées de cardinaux, d’évêques, de prêtres et d’experts laïcs du Vatican et de l’extérieur.

    Les dix groupes d'étude ont été créés à la demande du pape François en février 2024, sur des thèmes abordés en octobre 2023 lors de la première session du Synode sur la synodalité. Dans sa lettre de demande, le pape a déclaré que ces questions « nécessitent une étude approfondie », pour laquelle il ne serait pas possible de consacrer du temps lors de la deuxième session, en 2024.

    La décision de François a effectivement déplacé la discussion sur les sujets les plus controversés de l'assemblée synodale - tels que les femmes diacres et l'inclusion LGBT - des plus de 200 participants au synode vers de petits panels d'experts.

    L'un des groupes d'étude les plus suivis porte sur les ministères dans l'Église, et plus particulièrement sur la question du diaconat féminin. Ce groupe, dont la composition n'a pas été publiée, est placé sous la direction du Dicastère pour la doctrine de la foi.

    Selon le Secrétariat du Synode de l’année dernière, « c’est dans ce contexte que la question de l’accès éventuel des femmes au diaconat peut être posée de manière appropriée ».

    Un autre groupe a été chargé d’aborder les approches pastorales des sujets éthiques et anthropologiques qui n’étaient pas spécifiés publiquement.

    Le rôle des groupes est consultatif. Le pape Léon XIV peut utiliser les rapports finaux pour prendre des décisions au nom de l'Église sur les sujets abordés.

    Le secrétariat du synode, chargé de coordonner les travaux des groupes d’étude, a publié lundi le texte « Pistes pour la phase de mise en œuvre du synode ».

    La brochure, adressée aux évêques diocésains et aux équipes synodales locales, indique que le pape Léon a ajouté des groupes d'étude sur deux sujets - « la liturgie dans une perspective synodale » et « le statut des conférences épiscopales, des assemblées ecclésiales et des conseils particuliers » - aux groupes existants.

    Le document ne précise pas si les deux groupes d'étude supplémentaires devront produire des rapports et à quelle date, et un porte-parole du secrétariat a déclaré qu'il ne pensait pas qu'ils fourniraient des rapports avant la même date limite du 31 décembre.

    « Il est également de la responsabilité du secrétariat de veiller à ce que les décisions du pape, élaborées également sur la base des conclusions de ces groupes, soient ensuite intégrées harmonieusement dans le cheminement synodal en cours », indique le document.

    Le document, destiné à servir de lignes directrices aux évêques pour mettre en œuvre la synodalité dans leurs diocèses, décrit également ce à quoi on peut s'attendre lors de la prochaine phase du synode, qui culminera avec une assemblée de l'Église en octobre 2028.

    Selon les responsables du synode, la période de juin 2025 à décembre 2026 sera consacrée aux « chemins de mise en œuvre » de la synodalité dans les Églises locales et les groupements d’Églises.

    En 2027, le secrétariat du synode organisera des assemblées d’évaluation au niveau diocésain puis national avant de tenir des évaluations continentales au cours de la première partie de 2028.

    « Il est utile de rappeler que l’évaluation n’est pas une forme de jugement ou de contrôle, mais plutôt une occasion de nous demander où nous en sommes dans le processus de mise en œuvre et de conversion, en soulignant les progrès réalisés et en identifiant les domaines à améliorer », indique le document d’orientation.

    Le cardinal Mario Grech, secrétaire général du synode, a déclaré dans l’introduction que « l’intention est de garantir que le processus avance avec un profond souci de l’unité de l’Église ».

    Hannah Brockhaus est correspondante principale au Vatican pour l'Agence de presse catholique. Après avoir grandi à Omaha, dans le Nebraska, elle a obtenu une licence d'anglais à l'Université Truman d'État du Missouri. En 2016, elle s'est installée à Rome, en Italie, où elle aime, pendant son temps libre, lire et partir à l'aventure avec son mari et son fils.

  • Qui a peur des saints catholiques ? Une étrange campagne contre Carlo Acutis

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    De Massimo Introvigne sur Bitter Winter :

    Qui a peur des saints catholiques ? Une étrange campagne contre Carlo Acutis

    Carlo Acutis (1991-2006). Crédits.
    Carlo Acutis (1991-2006). Crédits .

    Le pape Léon XIV a officiellement annoncé la canonisation du bienheureux Carlo Acutis, un adolescent décédé d'une leucémie à l'âge de 15 ans en 2006. La cérémonie est désormais prévue pour le 7 septembre 2025. Initialement, le pape François avait prévu la canonisation pour le 27 avril 2025, mais la cérémonie a été reportée en raison de son décès.

    L'annonce a été accueillie avec un enthousiasme considérable en Italie, où Acutis jouit d'une grande popularité. Cependant, une campagne contre sa canonisation a vu le jour, relayée par les médias nationaux et internationaux. Cette campagne a débuté en mars 2025, à l'initiative de « The Economist », un magazine peu favorable à l'Église catholique romaine. Comme souvent, cette nouvelle controverse a été largement alimentée par des critiques catholiques, notamment par un théologien libéral italien du nom d'Andrea Grillo, et a depuis été reprise par les médias laïcs.

    Je trouve la campagne contre la canonisation de Carlo Acutis inquiétante, voire menaçante pour la liberté religieuse. Cela apparaît clairement lorsqu'on examine les arguments avancés contre sa canonisation.

    Une objection à laquelle je souscris partiellement concerne l'exposition du corps d'Acutis après sa béatification. Ses restes ont été enrobés de cire pour être exposés au public à Assise, ce que certains ont critiqué comme étant de mauvais goût et s'apparentant à une forme d'abus posthume, comparable à un abus sexuel. Bien que je pense qu'il s'agit d'une nette exagération, j'ai trouvé la manière d'exposer son corps légèrement troublante lors de ma visite à son autel à Assise. Cependant, à la réflexion, je peux comprendre le lien avec une tradition séculaire que l'Église catholique entretient pour les saints, contrastant avec la tendance sociétale moderne à dissimuler la mort.

    Corps de Carlo Acutis dans l'église Santa Maria Maggiore d'Assise. Crédits.
    Corps de Carlo Acutis dans l'église Santa Maria Maggiore d'Assise. Crédits .

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  • Quelle sera l'attitude de Léon XIV à l'égard du monde traditionaliste ?

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    D'Andrea Gagliarducci  sur Monday Vatican :

    Léon XIV et le monde traditionaliste

    7 juillet 2025

    La publication de deux rapports internes de la consultation mondiale des évêques du pape François sur la réception de la messe latine traditionnelle a ravivé une série de controverses au cours de la semaine dernière, toutes centrées sur la place des anciennes formes de culte dans la vie de l'Église et sur la place des personnes qui se consacrent à ces formes.

    La manière dont le Pape Léon XIV décidera d'aborder ces controverses - ou plutôt les questions qui les animent - en dira long sur la manière dont il entend gouverner l'Église. Le pape Benoît XVI avait libéralisé l'utilisation des livres liturgiques plus anciens en 2007, par un motu proprio appelé Summorum Pontificum. Son objectif était de combler un fossé créé dans le sillage du nouveau rite de la messe de Paul VI, promulgué pour l'ensemble de l'Église latine en 1969 et essentiellement imposé à l'ensemble de l'Église - prêtres et laïcs - avec une véhémence particulière et sans précédent.

    Le pape François, préoccupé par la montée en puissance du sentiment dit « traditionaliste », qui ne se contente pas d'apprécier les formes anciennes mais se montre activement hostile aux nouvelles, s'est convaincu de la nécessité de faire reculer la réforme libéralisante de Benoît XVI.  

    Avant d'ordonner l'abrogation effective de la réforme de Benoît et la restriction sévère de l'utilisation des anciennes formes, François a demandé l'avis des évêques du monde entier pour évaluer l'état des choses dans leurs diocèses. François a demandé à la CDF - comme on l'appelait à l'époque - de préparer une enquête à laquelle les évêques ont répondu. C'est soi-disant sur la base des réponses à l'enquête que François a décidé de restreindre l'utilisation des anciens livres, ce qu'il a fait au moyen de son propre motu proprio, Traditionis custodes, et d'une décision de suivi encore plus restrictive sur certaines des dispositions du TC de la Congrégation/Dicastère pour le Culte Divin.

    C'était en 2021 et 2022.

    La semaine dernière, la journaliste Diane Montagna a obtenu et publié des parties de deux rapports qui n'ont jamais été publiés officiellement, en tout ou en partie, par le pape François ou le Vatican sous sa direction, et qui compliquent le récit officiel du Vatican.

    Les deux rapports démontrent qu'en réalité, les évêques auraient été en faveur du maintien de la libéralisation de la messe latine traditionnelle, telle que définie par le motu proprio de Benoît XVI, Summorum Pontificum. Selon le Vatican, les rapports divulgués étaient incomplets et partiels. Certains ont souligné que les rapports ne contredisaient pas les raisons invoquées par le pape François pour justifier sa décision, puisqu'il n'a jamais nié le fait qu'il y avait aussi de bons catholiques parmi ceux qui voulaient la messe traditionnelle, mais qui ne pouvaient néanmoins pas ne pas remarquer certaines caractéristiques para-schismatiques de ceux qui s'étaient attachés à l'ancien rite.

    La publication des documents divulgués relance le débat et risque de faire pression sur Léon XIV pour qu'il prenne une décision à ce sujet. Que fera donc Léon XIV ? La question mérite une réponse plus large, qui ne concerne pas seulement la possibilité de célébrer dans l'ancien rite.

    Léon XIV est un pape d'une nouvelle génération. Il a toujours célébré dans le Novus Ordo. Son entrée en formation dans l'Ordre de Saint-Augustin, son ordination, ses premières affectations et ses études supérieures ont coïncidé avec la controverse sur la Société sacerdotale Saint-Pie X fondée par Mgr Marcel LeFebvre, qui a abouti à l'excommunication de Mgr Lefebvre et de quatre autres évêques qu'il avait illégalement consacrés, ainsi que de tout le clergé rattaché à la SSPX. Ce n'est que sous le pape Benoît XVI que les excommunications des évêques survivants ont été levées - non sans de sérieuses controverses et une mauvaise gestion de la communication - et la FSSPX continue d'être en état « canoniquement irrégulier » avec l'Église.

    Benoît XVI avait lié la guérison du schisme à un préambule doctrinal que les Lefebvriens accepteraient, dans le cadre du Concile Vatican II. Ils ne sont jamais allés plus loin. Il était donc clair que la question liturgique n'était qu'une partie d'un problème plus complexe.

    Le pape François a suivi une ligne plus ambiguë. Il a appelé les Lefebvriens à être membres des tribunaux, leur a étendu la validité de leurs confessions et de leurs mariages, et a même reconnu leurs confessions à l'occasion de l'Année extraordinaire de la miséricorde. Mais en même temps, il a combattu l'ancien rite, pointé du doigt ceux qu'il appelait les « rétrogrades » et rendu beaucoup plus difficile la célébration selon l'ancien rite.

    En bref, le pape François est revenu au modèle préconciliaire. Au lieu d'essayer de résoudre la crise dans l'harmonie, le pape François a créé la situation en prenant des décisions qui, d'une certaine manière, ont semé la discorde. Bien qu'il ait également souligné dans la constitution Praedicate Evangelium la primauté du Concile Vatican II en termes de liturgie, le Pape François a agi comme un Pape préconciliaire, certainement pas de manière synodale et pas selon une forme de gouvernement partagé.

    La liturgie traditionnelle n'est qu'un exemple des nombreuses offres du pontificat. D'une manière générale, le pape François n'a pas choisi le dialogue. Il a choisi l'exercice du pouvoir.

    Léon XIV est appelé à trouver son modèle de décision. La messe à l'ancienne est un thème dépassé, en ce sens qu'il ne concerne qu'un petit groupe de fidèles, et qu'il ne nuit finalement à personne. Il n'est pas illogique de penser que Léon XIV, qui a également envoyé un message de salutation au pèlerinage traditionaliste Paris-Chartres, revienne à un libéralisme pratique, sans changer les règles, mais en demandant aux évêques locaux de ne pas les renforcer.

    Mais de ce choix, il faut aussi comprendre le ou les modes de gouvernement que Léon XIV décidera de mettre en œuvre. Jusqu'à présent, ses gestes symboliques ont subtilement fait un clin d'œil au monde traditionnel (sans jamais acquiescer), ses choix politiques ont plutôt regardé vers le monde progressiste (tout en découlant principalement des décisions prises sous le pontificat précédent).

    Cependant, ces catégories ne servent plus vraiment d'applications pratiques aux problèmes réels, ni donc d'outils d'analyse.

    Léon XIV est au contraire appelé à recréer l'harmonie, et il ne peut le faire en prenant des décisions impopulaires sans tenir compte de la complexité des questions en jeu. Le débat interne à l'Église a atteint une sorte de carrefour, et c'est sur la voie qu'il décidera d'emprunter que l'on pourra juger le gouvernement de Léon XIV.

    Pour l'instant, le pape est à l'abri des pressions. Il pèse ses décisions, cherche une forme personnelle de gouvernement et écoute le plus grand nombre. Il n'est pas facile d'imaginer que la question de la messe selon le rite traditionnel est au premier rang des préoccupations du Pape. Il n'est pas difficile d'imaginer qu'il se prononcera tôt ou tard sur la question.

    Cette décision dira si le Pape recherche l'équilibre ou s'il veut prendre une direction idéologique spécifique. Cependant, l'action du Pape ne peut être jugée uniquement à l'aune de cette décision. L'avenir dira si l'impression initiale d'un pape qui aime célébrer la messe et être au premier plan de chaque procession et événement public est confirmée par des faits concrets et des décisions en ce sens.

    Cependant, il ne faut pas s'attendre à un pape idéologiquement aligné sur les groupes qui ont mené le débat dans l'Église pendant des décennies. Il est le pape d'une nouvelle génération et, en tant que tel, il abordera ces questions.