De Matthew Becklo sur le NCR :
Le pape Léon XIV fait écho à Jean-Paul II sur la foi et la raison
COMMENTAIRE : Comme son prédécesseur polonais, le premier pape américain souligne la complémentarité de la raison et de la foi.

Le 14 septembre 1998, le pape saint Jean-Paul II – dont l'Église célèbre la fête le 22 octobre – publiait l'encyclique Fides et Ratio sur la relation entre foi et raison. Jean-Paul II ouvrait la lettre par l'une de ses citations les plus citées : « La foi et la raison sont comme deux ailes sur lesquelles l'esprit humain s'élève vers la contemplation de la vérité. »
Cette vision à la fois de la foi et de la raison n'était pas seulement proclamée par Jean-Paul II ; c'était une réalité vécue par lui. Homme de profonde foi catholique et de dévotion mariale, il fut aussi un brillant étudiant en philosophie, faisant dialoguer la phénoménologie de Max Scheler avec la métaphysique de Thomas d'Aquin et contribuant au mouvement du personnalisme chrétien avec des textes comme Amour et Responsabilité et L'Homme en action .
Aujourd’hui, près de 30 ans plus tard, le pape Léon XIV, un homme formé à la fois aux mathématiques et au droit canonique, a fait écho à Jean-Paul le Grand dans un récent message au Congrès international de philosophie à Asunción, au Paraguay.
Comme son prédécesseur, Léon XIV met en garde contre les dangers d'une foi qui déprécie la raison. Certains croyants, note-t-il, « ont perçu la réflexion rationnelle – née dans un environnement païen – comme une menace susceptible de “contaminer” la pureté de la foi chrétienne ». Léon XIV a sans doute en tête ici la célèbre complainte de Tertullien : « Qu'y a-t-il donc de commun entre Athènes et Jérusalem ? Quelle concorde y a-t-il entre l'Académie et l'Église ? » – mais il souligne en particulier la « méfiance envers la philosophie » du théologien réformé Karl Barth.
Contre cette tendance fidéiste de la foi chrétienne, Léon s'appuie sur son saint père Augustin : « Quiconque pense que toute philosophie est à éviter ne souhaite rien d'autre que que nous n'aimions pas la sagesse. » La raison, comme le dit résolument Léon, « est un don expressément voulu par le Créateur. »
Parallèlement, Léon XIV met en garde contre l'erreur inverse : une rationalité dépourvue de foi. Certains penseurs, comme le philosophe allemand du XIXe siècle G. W. Hegel, finissent par « subordonner la foi au développement rationnel de l'esprit » – un christianisme immanentisé. D'autres rejettent complètement la foi, causant ainsi de graves dommages à la raison : « N'oublions pas que la philosophie… peut aussi sombrer dans les abîmes du pessimisme, de la misanthropie et du relativisme, où la raison, fermée à la lumière de la foi, devient l'ombre d'elle-même. » La foi, souligne Léon XIV, est aussi un « don » ; un don bien plus important, car elle naît de la grâce divine et porte « la Bonne Nouvelle, le message du salut ».





