Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Doctrine

  • Italie : une Eglise à la dérive ?

    IMPRIMER

    D'InfoVaticana :

    Après le document du CEI… quelle est la direction que prend l’Église italienne ?

    L’Église en Italie a franchi une étape que beaucoup jugent déjà risquée. Avec 781 voix pour et 28 contre, la Conférence épiscopale italienne (CEI) a approuvé le document final de son processus synodal, intitulé « Levain de paix et d’espérance ». Selon une analyse publiée par le National Catholic Register (NCR), ce texte, loin de clore le processus, ouvre une nouvelle phase de tensions entre les partisans d’un « renouveau pastoral » et les défenseurs de la fidélité au Magistère.

    Lire aussi : L’Église italienne approuve un document synodal comportant de sérieuses ambiguïtés sur l’identité et la famille

    Un texte qui introduit les exigences du monde dans le langage de l'Église

    Le document synodal ne se limite pas aux questions pastorales. Comme le détaille le NCR, il exhorte les évêques italiens à soutenir les protestations contre « l’homophobie » et la « transphobie » et propose d’étudier la possibilité d’un diaconat féminin, sujet déjà abordé par deux commissions vaticanes sans résultat concluant. Bien que présenté comme un texte « pastoral », la publication souligne qu’il « semble vouloir inverser le rapport entre les évêques et les structures synodales » et, comme nous l’avons souligné à Infovaticana, « privilégie des interprétations contraires à la doctrine catholique sur la vérité de l’amour humain ».

    Résultat d'un processus divisé

    Ce document fait suite à des mois de désaccords internes. En avril, le premier projet a été rejeté par plus de mille délégués synodaux faute de consensus. Pour la première fois en cinquante ans, la Conférence épiscopale italienne (CEI) a reporté son assemblée générale afin de réécrire le texte et de parvenir à un accord minimal. Finalement, le 25 octobre, à huis clos, la nouvelle version a été approuvée. La CEI va maintenant constituer un groupe d'évêques chargé d'élaborer des priorités et des résolutions qui serviront de base à l'assemblée générale de 2025.

    Les votes les plus controversés

    Près de deux semaines après la publication du document, le NCR précise que la proposition visant à promouvoir les études sur le diaconat féminin a été approuvée par 625 voix pour et 188 contre , tandis que la motion appelant à « soutenir l’action civile contre la violence, l’homophobie et la transphobie » a recueilli 637 voix pour et 185 contre. Bien que toutes les motions aient été approuvées, les résultats des votes révèlent de profondes divisions parmi les délégués, mais témoignent également d’une forte tendance progressiste.

    Zuppi et Castellucci défendent le texte ; plusieurs évêques mettent en garde contre le risque doctrinal

    Le président de la Conférence épiscopale italienne (CEI), le cardinal Matteo Zuppi, a qualifié le processus d’« entreprise courageuse ». De même, l’évêque Erio Castellucci a appelé la CEI à « adopter le texte et à commencer à mettre en œuvre ses propositions ». Cependant,  l’évêque Giovanni Paccosi de San Miniato a mis en garde contre « toute pression visant à transformer ce qui n’est qu’une demande de quelques-uns en norme générale ». Pour sa part, l’évêque Antonio Suetta de Vintimille-Sanremo a rappelé à l’assemblée qu’il ne s’agissait pas d’un synode formel et a insisté pour que le texte soit « rectifié à la lumière du Catéchisme et du Magistère constant ».

    Un chemin qui s'éloigne de l'esprit catholique

    Le document final introduit une logique d’adaptation aux dynamiques sociales, allant jusqu’à proposer une révision du droit canonique, transformant les paroisses en « communautés énergétiques solidaires » et accordant un pouvoir délibératif aux laïcs. Sous couvert de renouveau, le texte pourrait mener à des changements doctrinaux insidieux .

    La Conférence épiscopale italienne (CEI) tiendra sa prochaine session plénière du 17 au 20 novembre à Assise , où le pape Léon XIV devrait rencontrer les évêques italiens à la clôture des travaux.

  • Co-Rédemptrice : les fidèles font pression en faveur du dogme

    IMPRIMER

    D'Ermes Dovico sur la NBQ :

    Co-Rédemptrice, les fidèles font pression en faveur du dogme

    Non seulement le titre marial auquel s'oppose désormais la DDF a été enseigné par des papes et des saints, mais le Saint-Siège a également reçu d'innombrables demandes concernant sa définition dogmatique. Étrange cas du titre Mediatrix gratiarum : même Léon XIV l'utilise, mais Fernández le conteste. La Bussola s'entretient avec le mariologue Mark Miravalle.

    8/11/2025

    Le fait qu'un titre nécessite une explication ne signifie pas qu'il faille le rejeter, surtout lorsqu'il a été utilisé par divers papes, saints et docteurs de l'Église, et lorsqu'un sensus fidelium a déjà été exprimé dans de nombreuses pétitions adressées au Saint-Siège. C'est ce que souligne le théologien Mark Miravalle, titulaire de la chaire Saint Jean-Paul II de mariologie à l'Université franciscaine de Steubenville (Ohio), où il enseigne depuis 1986. Conférencier, auteur et éditeur de plus de vingt ouvrages sur la mariologie et la théologie spirituelle, Miravalle est président de Vox Populi Mariae Mediatrici, un mouvement qui milite pour la reconnaissance dogmatique de Marie comme Mère spirituelle de l'humanité par la définition conjointe des titres de Corédemptrice, Médiatrice et Avocate.

    La Nuova Bussola a interviewé Miravalle au sujet de Mater populi fidelis, la note doctrinale publiée le 4 novembre 2025, dans laquelle le Dicastère pour la Doctrine de la Foi exprime son opinion critique sur l'utilisation du titre de Corédemptrice et Médiatrice de toutes les grâces.

    Professeur Miravalle, le Dicastère pour la Doctrine de la Foi (DDF) a publié une note doctrinale affirmant qu’« il est toujours inapproprié d’utiliser le titre de Corédemptrice » car « ce titre risque d’occulter la médiation unique du salut par le Christ ». Vous avez abordé cette objection, ainsi que d’autres, dans un essai que vous avez publié en 2001. Parler de Corédemptrice revient-il à assimiler Marie à Jésus ou à occulter le Rédempteur ?

    Je tiens tout d’abord à saluer le document du DDF pour son engagement à garantir la primauté absolue et infinie de Jésus-Christ comme notre seul Rédempteur et Médiateur divin, mais il convient également de reconnaître et d’honorer la participation humaine incomparable de Marie, Mère de Jésus, à la réalisation historique de la Rédemption.

    Compte tenu des nombreux exemples de papes, de saints, de bienheureux, de théologiens et de mystiques qui ont utilisé le titre de Corédemptrice pendant près d'un millénaire pour exprimer avec justesse le rôle subordonné et unique de la Vierge Marie auprès de Jésus dans la Rédemption, la qualification de ce titre comme « inapproprié » a suscité une grande confusion, notamment parmi les fidèles. S'il est toujours important de définir clairement les vérités concernant Marie, le titre de Corédemptrice n'a jamais été utilisé dans la tradition catholique ni dans l'enseignement pontifical pour placer Marie au même niveau que la divinité de Jésus. Une telle affirmation serait hérétique et blasphématoire.

    Nous ne pouvons affirmer que les sept utilisations de ce titre par le pape saint Jean-Paul II, par exemple, étaient inappropriées, sans parler des utilisations par saint Pio de Pietrelcina, sainte Thérèse de Calcutta, saint John Henry Newman, sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix, sainte Gemma Galgani, saint Maximilien Kolbe, sœur Lucie de Fatima, et tant d'autres saints et mystiques contemporains.

    Lire la suite

  • Le Vatican va publier un nouveau document sur la polygamie en Afrique

    IMPRIMER

    De Niwa Limbu sur le Catholic Herald :

    6 novembre 2025

    Le Vatican va publier un nouveau document sur la polygamie en Afrique

    Le Vatican va publier un nouveau document sur le mariage à la fin du mois, abordant la question de la polygamie en Afrique dans un contexte de débat pastoral et culturel continu.

    Le Dicastère pour la doctrine de la foi a annoncé que le texte, intitulé « Nous deux : Éloge de la monogamie. Note doctrinale sur la valeur du mariage, la communion exclusive et l'appartenance mutuelle », sera publié à la fin du mois de novembre.

    Le père Armando Matteo, secrétaire du dicastère, a déclaré mardi que ce document faisait suite à une demande spécifique formulée lors du Synode sur la synodalité, invitant les évêques africains à préparer une déclaration sur le sujet. Une conférence de presse aura lieu au Bureau de presse du Saint-Siège lors de la présentation de la note.

    Les discussions précédentes lors des synodes sur la famille de 2014 et 2015 ont été dominées par les questions du divorce et du remariage, plusieurs évêques africains évoquant les défis particuliers auxquels ils sont confrontés dans des régions où la polygamie reste très répandue.

    De nombreux commentateurs et observateurs du Vatican ont suggéré que, contrairement au récent document sur la corédemptrice publié par la DDF, qui a suscité la controverse en ligne et parmi les laïcs, la question de la polygamie permet une réponse plus directe. Elle nécessite un document simple, car la doctrine catholique sur le sujet est déjà clairement définie.

    L'Église a toujours enseigné que le mariage est une alliance à vie entre un homme et une femme, un partenariat fondé sur la fidélité, l'ouverture à la vie et le don mutuel de soi. Le Catéchisme décrit la polygamie comme une pratique « contraire à l'amour conjugal, qui est indivisible » et incompatible avec l'union exclusive voulue par Dieu.

    Dans la théologie catholique, le mariage reflète l'amour fidèle du Christ pour son Église, un lien de communion exclusive et d'appartenance mutuelle qui ne peut être rompu.

    Cependant, bien que rare à l'échelle mondiale, la polygamie reste profondément ancrée dans le tissu social de nombreuses sociétés africaines. Depuis des générations, les mariages multiples sont liés à la lignée, au statut social et à la survie économique. Un rapport publié en 2020 par le Pew Research Center révèle qu'environ 11 % de la population d'Afrique subsaharienne vit dans des foyers où au moins un membre a plus d'un conjoint ou partenaire. En réponse à cela, l'Église en Afrique développe activement des cadres pastoraux pour ceux qui vivent dans des unions polygames, tout en réaffirmant l'idéal chrétien du mariage monogame.

    Les dirigeants de l'Église ont expliqué que, bien que le mariage monogame reste la norme doctrinale, de nombreux convertis au catholicisme entrent dans l'Église après avoir vécu dans des contextes polygames. Dans de tels cas, les évêques et les prêtres ont cherché des moyens d'intégrer les familles dans la communauté religieuse sans compromettre l'enseignement de l'Église sur l'unité et l'exclusivité du mariage.

    Selon le Symposium des conférences épiscopales d'Afrique et de Madagascar (SECAM), six propositions pastorales ont été approuvées « pour l'accompagnement des personnes en situation de polygamie », mettant l'accent sur « l'écoute, la proximité et l'accompagnement » des hommes et des femmes dans ce type de relations. Ces propositions consistent notamment à accueillir les personnes en situation de polygamie dans l'Église, à leur faire sentir qu'elles font partie de l'Église, à prendre des initiatives en faveur des veuves, à mettre l'accent sur la conversion comme objectif premier, à passer d'une conception étroite de la fécondité comme descendance biologique à une conception plus large de la charité, et à promouvoir un apostolat familial caractérisé par la catéchèse sur l'Église et les sacrements.

    Le document à venir devrait réaffirmer ce principe tout en offrant des éclaircissements et des orientations pastorales aux évêques et aux fidèles des régions où la polygamie persiste. Sa publication à la fin du mois de novembre sera suivie de près dans toute l'Afrique et au-delà.

  • Une co-rédemption « inconvenante » ? Alors, il faut réprimander les saints et les docteurs...

    IMPRIMER

    De Luisella Scrosati sur la NBQ :

    Une co-rédemption « inconvenante » ? Réprimandez les saints et les docteurs.

    Pour le directeur de la Société mariologique allemande, le titre de « Co-rédemptrice » ne prête pas à confusion quant à la médiation unique du salut par le Christ. Si tel était le cas, il conviendrait de se référer aux écrits de Newman et de Jean-Paul II.

    6/11/2025

    Nous avons sollicité l'avis du Père Manfred Hauke, professeur de dogmatique à la Faculté de théologie de Lugano, membre de l'Académie pontificale mariale internationale et directeur de la Société mariologique allemande, sur certains points critiques de la Note doctrinale Mater Populi Fidelis.

    Cette note semble principalement souligner que certains titres mariaux, tels que Co-Rédemptrice et Médiatrice de toutes les grâces, occultent l'unicité de la médiation salvifique du Christ. À votre avis, ce risque est-il réel ?

    Selon moi, ce risque est inexistant dans un contexte catéchétique et théologique sain. Qui pourrait accuser, par exemple, saint Jean-Paul II, qui a employé à plusieurs reprises les deux titres mentionnés, d'être déséquilibré ? La Note elle-même rappelle qu'il a utilisé le titre de « Co-Rédemptrice » « à au moins sept reprises » (n° 18). Faut-il déchoir le cardinal John Henry Newman, proclamé docteur de l'Église par le pape Léon XIV le 1er novembre dernier, de son titre, car ce converti anglais a défendu le titre de « Co-Rédemptrice » contre l'anglican Edward Pusey ? Devrions-nous intervenir contre les écrits de saint Alphonse de Liguori, lui aussi docteur de l'Église ? Devrions-nous nous opposer à de nombreux saints, dont sainte Edith Stein et sainte Thérèse de Calcutta ? Les titres mariaux de « seconde Ève », « mère de la vie » et « Mère de Dieu », selon Newman, sont bien plus puissants que le titre critiqué (Lettre à Pusey) ? Ou bien devrions-nous blâmer le pape Léon XIII, loué par le Souverain Pontife régnant pour le choix de son nom pontifical, d'avoir accordé une indulgence à une prière utilisant le titre marial (en italien) de « Co-Rédemptrice du Monde » ( Acta Sanctæ Sedis 18, 93) ?

    Les malentendus sont plus susceptibles de surgir dans le monde protestant, qui nie la coopération de l'homme au salut par le principe de la sola gratia. C'est pourquoi la Commission théologique de Vatican II a omis « certaines expressions et certains termes employés par les Souverains Pontifes qui, bien que tout à fait vrais en eux-mêmes, ne pouvaient qu'être difficiles à comprendre pour les frères séparés (en l'occurrence, les protestants). Parmi ces termes… “Co-Rédemptrice du genre humain” » ( Acta synodalia , I, 99). Est-il juste de sacrifier une expression qui, en soi, est « tout à fait vraie » pour des raisons œcuméniques ? Quoi qu'il en soit, pour les protestants, se pose non seulement le problème du terme, mais aussi celui de la doctrine enseignée par Vatican II sur la coopération singulière de Marie à la rédemption. Un faux œcuménisme peut nuire à la doctrine catholique, qui doit être professée dans toute sa richesse. Si l'Église devait supprimer toutes les expressions qui déplaisent aux protestants, elle devrait également supprimer le titre de Mère de Dieu (Theotokos). Comme mentionné dans la Note (n° 9, 11, 15), ce titre pourrait prêter à confusion, notamment chez les personnes peu catéchisées.

    Aujourd'hui, presque tous les journaux, y compris catholiques, titrent que Marie n'est pas corédemptrice. Il est donc surprenant de constater que la Note déclare soudainement « inapproprié » et « inconvenant » un titre comme celui de corédemptrice, pourtant entré dans le vocabulaire théologique et l'enseignement des papes.

    Le titre de « corédemptrice » est l'expression la plus concise pour exprimer la coopération unique de Marie à la rédemption. Le risque de mettre Marie sur le même plan que Jésus est évité en précisant que sa coopération dépend entièrement du Christ et lui est subordonnée. Interdire un titre aussi bref, qui exprime une vérité centrale clairement exposée par Vatican II, serait une tâche ardue. Prenons toutefois en compte la précision apportée par le cardinal Fernández lors de la présentation initiale : « Il ne s’agit pas de corriger la piété du peuple fidèle de Dieu… ». Parmi les croyants, les expressions « Co-Rédemptrice du genre humain » sont répandues (par exemple dans les Appels au message de Fatima  de la Servante de Dieu, sœur Lucie) et plus encore « Médiatrice de toutes les grâces » ; cette dernière invocation reprend le titre de la fête liturgique instituée par le pape Benoît XV en 1921 et a même été utilisée par les papes Benoît XVI (Lettre du 10 janvier 2013 à l’archevêque Sigismondo Zimowski) et François : « L’un des titres anciens par lesquels les chrétiens ont invoqué la Vierge Marie est précisément “Médiatrice de toutes les grâces”. Confiez-lui vos aspirations et les bonnes intentions qui vous sont chères ; « Puisse-t-elle vous imprégner de la joie de suivre le Christ et de le servir avec humilité et docilité au sein de l’Église… » (Message à Mgr Gian Franco Saba, archevêque de Sassari, Sardaigne, 13 mai 2023).

    Selon vous, la Note visait-elle uniquement à rejeter le titre de Corédemptrice ou également des aspects importants de la coopération singulière de Marie à l’œuvre de Rédemption ?

    Malgré les observations critiques formulées à l’égard des deux titres, la Note rapporte la doctrine du magistère conciliaire et pontifical (n° 4-15), notamment concernant la « coopération singulière de Marie au plan du salut » (n° 3 ; voir aussi n° 36 et 42). Le document cite également le texte le plus clair sur ce point, la catéchèse mariale de saint Jean-Paul II du 9 avril 1997, qui distingue la participation de Marie à la rédemption objective accomplie par le Christ sur terre de notre coopération au processus de salut (n° 3, 37b).

    Saint Pie X ( Ad diem illum ) enseignait que la Vierge Marie, en vertu de sa sainteté singulière et de son association à l'œuvre de Rédemption, « nous obtient par mérite de convenance ( de congruo comme on le dit, ce que le Christ nous a acquis par le mérite de la justice ( de condigno ). Dans la Note, il semble y avoir un ralentissement, voire un revirement, à cet égard, lorsqu'il est affirmé que « seuls les mérites de Jésus-Christ […] sont appliqués à notre justification » (n° 47). Qu'en pensez-vous ?

    L'importante distinction de Pie X n'est pas citée, mais il semble y avoir une allusion – malheureusement presque voilée – à la distinction entre le mérite de la justice du Christ et celui de la justice de Marie (n° 47 et suivants). Pour parler d'une extension universelle de la médiation maternelle de Marie dans le Christ, une référence à ce type de mérite est essentielle.

    Dans les derniers paragraphes de la Note, un thème très controversé est de nouveau abordé : Marie, la Très Sainte, selon les paroles du pape François, « est plus disciple que mère » (n° 73). Quelle est la part de vérité dans cette affirmation et quels en sont les écueils ?

    Selon saint Augustin, Marie a conçu le Verbe de Dieu d'abord dans son cœur, puis dans son sein ( Sermon 215, 4). Par ailleurs, il est impossible de dissocier sa qualité de disciple de son ministère de Mère de Dieu, ainsi que de « Mère du peuple des fidèles ». La dignité spécifique de Marie découle précisément de sa mission de Mère de Dieu, qui a donné naissance à la nature humaine du Sauveur. C'est là aussi le fondement de toute son œuvre de salut.

  • "Sensus fidei", infaillibilité et synodalité

    IMPRIMER

    De l'abbé Claude Barthe sur Res Novae :

    Infaillibilité et synodalité

    Dans sa catéchèse du 27 septembre, le pape Léon XIV a tenu ces propos : « Les petits ont de l’intuition. Ils ont un sensus fidei, qui est comme un “sixième sens” des personnes simples pour les choses de Dieu. Dieu est simple et se révèle aux simples. Voilà pourquoi il y a une infaillibilité de la foi du Peuple de Dieu, dont l’infaillibilité du Pape est l’expression [c’est nous qui soulignons] et le service. » Quelle portée donner à ces paroles ?

    Il convient de jeter un regard dans le rétroviseur théologique sur ce qui était classiquement enseigné à propos des différentes instances de l’infaillibilité et aussi de considérer le contexte actuel de synodalité.

    L’infaillibilité de l’Église enseignante et de l’Église enseignée

    Les théologiens distinguaient traditionnellement l’Église enseignante (pape et évêques), Ecclesia docens, qui bénéficie d’une infaillibilité active, et l’Église enseignée (l’ensemble du peuple chrétien), Ecclesia discens, préservée de l’erreur par une infaillibilité dite passive : l’ensemble du peuple chrétien adhère à la doctrine que lui délivrent les successeurs des Apôtres sous la motion du même Esprit-Saint qui anime leur enseignement. Cette infaillibilité est dite in credendo, l’Église ne pouvant tomber dans l’erreur en croyant1.

    Cette infaillibilité de réception est souvent explicitée par le concept de sensus fidelium, instinct de foi des fidèles, ou bien, si on considère chaque croyant, de sensus fidei, instinct, flair quant à la foi de chaque fidèle, qui accompagne la vertu de foi. Toutes les vertus en effet procurent à l’âme une espèce d’instinct connaturel (par exemple un instinct de réserve et de pudeur, qui accompagne la chasteté) ; celui produit par la foi incline le croyant à poser des actes d’adhésion à la vérité révélée2.

    On peut dire aussi que l’usage du sensus fidei relève de la croissance de la foi dans celui qui l’a reçue : il porte le fidèle à croire, par développement de ce qui lui a été enseigné, au-delà même de ce qu’il est tenu de croire, par exemple l’Immaculée Conception a été crue bien avant que le dogme n’en soit proclamé. Mais justement c’est le dogme qui tranche : l’infaillibilité du peuple de Dieu est soumise au magistère du pape et des évêques.

    Sensus fidei et synodalité

    Le pape François a fondé sa doctrine de la synodalité sur le sensus fidei, sur lequel sa première encyclique, Evangelii Gaudium, du 24 novembre 2013, s’étendait largement. Il insistait sur le fait que le troupeau possède un « odorat » qui aide l’Église à trouver de « nouveaux chemins ».

    Puis, dans un discours du 17 octobre 2015, il allait plus loin : « Le sensus fidei empêche une séparation rigide entre Ecclesia docens [Église enseignante] et Ecclesia discens [Église apprenante], puisque le troupeau possède aussi son propre “flair” pour discerner les nouvelles routes que le Seigneur ouvre à l’Église. »3

    La séparation classique entre Église enseignante et Église enseignée est ainsi relativisée à partir de la vocation « pastorale » de l’ensemble du peuple de Dieu. Par le fait, implicitement, cela relativise la distinction entre pasteurs et troupeau, l’ensemble des fidèles, pasteurs compris, étant placé sous le sensus fidelium/fidei. Et le pape François expliquait à sa manière imagée, que l’évêque pouvait parfaitement se trouver en avant de son troupeau, ou bien au milieu, et même encore derrière, à le suivre.

    Le document de la Commission théologique internationale (CTI) de 2014, « Le sensus fidei dans la vie de l’Église »4, lui avait préparé le terrain, notamment en citant les papes Pie IX et Pie XII déclarant qu’avant de proclamer respectivement les dogmes de l’Immaculée Conception et de l’Assomption, ils s’étaient enquis de la piété des fidèles sur ces points et avaient conclu à un « accord remarquable des évêques catholiques et des fidèles ». À noter qu’ils parlaient d’un accord des évêques et des fidèles. D’ailleurs la CTI prenait soin de préciser que la constitution Pastor Aeternus du premier concile du Vatican affirme que les définitions doctrinales ex cathedra du pape en matière de foi et de mœurs sont irréformables « par elles-mêmes et non en vertu du consentement de l’Église », ce qui ne rend pas le consensus Ecclesiæ superflu, mais ce qui exclut, disait la CTI, « la théorie selon laquelle une telle définition réclamerait ce consentement, antécédent ou conséquent, comme condition pour faire autorité ».

    Un apport du pape Léon ?

    Peut-on considérer la petite phrase de Léon XIV – « l’infaillibilité du Pape est l’expression et le service [de l’infaillibilité du peuple de Dieu] » – comme un pas supplémentaire ? Il pourrait ne s’agir que d’une expression malheureuse à imputer au rédacteur de la catéchèse, et en tout cas il serait exagéré de l’assimiler à la proposition condamnée par le décret du Saint-Office, Lamentabili, du 3 juillet 1907 : « Dans la définition des vérités, l’Église enseignée et l’Église enseignante collaborent de telle façon qu’il ne reste à l’Église enseignante qu’à sanctionner les conceptions communes de l’Église enseignée » (Dz 3406).

    La phrase de Léon XIV évoque l’infaillibilité du pape : mais n’est-elle pas aujourd’hui en pause, le « magistère authentique » ou « pastoral » non infaillible (Lumen Gentium, n. 25 §1) ayant concrètement remplacé le magistère ordinaire et universel infaillible ? Qui peut penser par exemple que le chapitre 8 d’Amoris Laetitia, qui répugne au sensus fidei/fidelium, relève du magistère infaillible ? Et il est vrai que ce sensus presse, pour ainsi dire, le magistère infaillible du pape d’intervenir.

    _____________

    1. Jean-Marie Hervé, Manuale theologiæ dogmaticæ, Berche, Paris, 1957, vol. 1, n. 465.

    2. Saint Thomas, Somme théologique, IIa IIæ, q. 2, a. 3, ad. 2.

    3. Discours pour la Commémoration du 50e anniversaire de l’institution du Synode des Évêques.

    4. Sensus fidei nella vita della Chiesa (2014).

  • Newman et le nouvel ultramontanisme

    IMPRIMER

    De George Weigel sur le CWR :

    Newman et le nouvel ultramontanisme

    L'unité de l'Église est menacée par un nouvel ultramontanisme renaissant, un hybride combinant le progressisme catholique dans le domaine des idées et l'autoritarisme libéral dans la gouvernance de l'Église.

    5 novembre 2025

    La proclamation, le jour de la Toussaint, de saint John Henry Newman comme docteur de l'Église a été très bien accueillie, même si elle n'était pas sans une certaine ironie.

    Tout d'abord, la bonne nouvelle.

    Newman était l'un des esprits chrétiens les plus créatifs du XIXe siècle, un chercheur de vérité dont la quête permanente du visage du Christ l'a conduit de l'évangélisme à l'anglicanisme réformiste, puis au catholicisme. Au cours de ce parcours parfois semé d'embûches, Newman a été incompris et calomnié, frustré par la bureaucratie ecclésiastique et en proie à la jalousie du clergé.

    Pourtant, les vicissitudes de sa vie l'ont conduit à écrire plusieurs des livres les plus importants de son époque, des ouvrages qui conservent toute leur pertinence un siècle et demi plus tard : Apologia Pro Vita Sua (avec les Confessions d'Augustin, l'une des grandes autobiographies chrétiennes) ; The Idea of a University (lecture obligatoire pour ceux qui travaillent dans des établissements d'enseignement supérieur se réclamant du catholicisme) ; et An Essay in Aid of a Grammar of Assent (un chef-d'œuvre tant dans le domaine de la philosophie que dans celui de la psychologie de la foi). Ses Parochial and Plain Sermons sont des joyaux homilétiques et stylistiques, et ses Prayers, Verses, and Devotions constituent une lecture spirituelle riche.

    Et puis il y a An Essay on the Development of Christian Doctrine. Cette brillante explication de la manière dont la doctrine se développe organiquement de l'intérieur, sans jamais remplacer ou déformer les vérités de la révélation biblique ou de la tradition chrétienne, a non seulement conduit Newman à la pleine communion avec l'Église catholique. Au cours du siècle qui a suivi sa publication en 1845, l'Essai a contribué à créer les conditions théologiques permettant l'enseignement du Concile Vatican II sur l'Église, la révélation divine, la liberté religieuse, l'œcuménisme et les questions relatives à l'Église et à l'État.

    De plus, les critères de Newman pour distinguer les véritables développements de la doctrine des ruptures fallacieuses avec la tradition restent une réfutation puissante de ceux qui prétendent que, lors de Vatican II, l'Église a subi un « changement de paradigme ». Face à cette idée, je suis convaincu que notre tout nouveau docteur de l'Église répondrait (avec plus d'élégance que je ne peux en faire preuve) que de telles affirmations témoignent d'une ignorance de ce qu'est un « changement de paradigme », d'une ignorance de la manière dont la doctrine évolue, ou des deux.

    Pourtant, bien qu'il soit aujourd'hui une référence en matière d'orthodoxie catholique, Newman était, à son époque, objet d'une profonde méfiance de la part des ultramontains du XIXe siècle, dont la vision absurdement expansive de l'infaillibilité papale tendait à transformer le pape en un oracle qui prononçait une vérité divinement garantie sur pratiquement tous les sujets. La conception beaucoup plus précise de Newman sur la réalité et les limites de l'infaillibilité papale l'emporta lors du premier concile du Vatican, mais aggrava encore ses relations avec son compatriote anglais converti, le cardinal Henry Edward Manning, chef de file du parti ultramontain. Pourtant, c'est Newman, et non Manning, qui, dans sa Lettre au duc de Norfolk, offrit la défense la plus convaincante en Grande-Bretagne de ce que Vatican I avait enseigné sur le pape et la papauté.

    Le pape Léon XIII mit fin à la campagne anti-Newman menée par les ultramontains en nommant Newman cardinal, dans l'un des premiers actes historiques de l'un des pontificats les plus importants depuis des siècles. Il était donc vere dignum et iustum que le nouveau Léon, le quatorzième à porter ce nom papal, déclare Newman docteur de l'Église (même si je peux rapporter que Jean-Paul II a déclaré lors d'un dîner en décembre 1997 qu'il espérait que Newman serait un jour docteur de l'Église, un point de vue certainement partagé par Benoît XVI).

    L'ironie de voir Newman recevoir cet honneur rare à l'heure actuelle réside dans le fait que l'unité de l'Église est menacée par un ultramontanisme renaissant : non pas l'ancien modèle réactionnaire du XIXe siècle, mais un nouvel hybride combinant le progressisme catholique dans le domaine des idées et l'autoritarisme libéral dans la gouvernance de l'Église.

    C'est le genre d'ultramontanisme qui conduit les commentateurs à qualifier les désaccords respectueux avec certains aspects de l'enseignement du pape François de « non seulement dissidence, mais animosité envers le magistère papal du défunt pape ». Cette accusation ridicule – une calomnie, en réalité – n'était pas rare au cours des douze dernières années ; a-t-elle joué un rôle en août dernier lorsque trois éminents membres du corps professoral ont été sommairement démis de leurs fonctions au Grand Séminaire du Sacré-Cœur de Détroit ?

    Quoi qu'il en soit, l'ultramontanisme progressiste ressemble à son prédécesseur réactionnaire en ce qu'il tente de renforcer des arguments faibles en faisant appel à l'autorité papale.

    Les nouveaux ultramontanistes peuvent être aussi brutaux que les anciens et persécuter la théologie exploratoire, une pratique intellectuellement abrutissante et source de division au sein de l'Église, qui a été vivement critiquée lors du concile Vatican II. Saint John Henry Newman, docteur de l'Église, a été profondément déconcerté par l'ancien ultramontanisme. Il déplorerait certainement, avec élégance, son reflet dans le XXIe siècle.

    George Weigel est membre émérite du Centre d'éthique et de politique publique de Washington, où il occupe la chaire William E. Simon d'études catholiques. Il est l'auteur de plus de vingt ouvrages, dont Witness to Hope: The Biography of Pope John Paul II (1999), The End and the Beginning: Pope John Paul II—The Victory of Freedom, the Last Years, the Legacy (2010) et The Irony of Modern Catholic History: How the Church Rediscovered Itself and Challenged the Modern World to Reform. Ses ouvrages les plus récents sont The Next Pope: The Office of Peter and a Church in Mission (2020), Not Forgotten: Elegies for, and Reminiscences of, a Diverse Cast of Characters, Most of Them Admirable (Ignatius, 2021) et To Sanctify the World: The Vital Legacy of Vatican II (Basic Books, 2022).

  • "L'annonce pascale est la nouvelle la plus belle, la plus joyeuse et la plus bouleversante qui ait jamais résonné au cours de l'histoire" (Léon XIV)

    IMPRIMER

    LÉON XIV

    AUDIENCE GÉNÉRALE

    Place Saint-Pierre
    Mercredi 5 novembre 2025

    Cycle de catéchèse – Jubilé 2025. Jésus-Christ notre espérance IV. La résurrection du Christ et les défis du monde actuel 3. La Résurrection donne espérance à la vie quotidienne

    Chers frères et sœurs, bonjour, bienvenue !

    La Pâque de Jésus n'est pas un événement appartenant à un passé lointain, désormais ancré dans la tradition comme tant d'autres épisodes de l'histoire humaine. L'Église nous enseigne à actualiser la mémoire de la Résurrection chaque année, le dimanche de Pâques, et chaque jour, lors de la célébration eucharistique, au cours de laquelle s'accomplit pleinement la promesse du Seigneur ressuscité : « Et moi, je suis avec vous tous les jours, jusqu'à la fin du monde » (Mt 28, 20).

    C'est pourquoi le mystère pascal constitue le pivot de la vie chrétienne, autour duquel gravitent tous les autres événements. Nous pouvons donc dire, sans irénisme ni sentimentalisme, que chaque jour est Pâques. Comment ?

    Nous vivons heure après heure tant d'expériences différentes : douleur, souffrance, tristesse, mêlées de joie, d'émerveillement, de sérénité. Mais à travers chaque situation, le cœur humain aspire à la plénitude, à un bonheur profond. Une grande philosophe du XXe siècle, sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix, née Edith Stein, qui a beaucoup exploré le mystère de la personne humaine, nous rappelle cette dynamique de recherche constante de l'accomplissement.

    « L'être humain – écrit-elle – aspire toujours à recevoir à nouveau le don de l'être, afin de pouvoir puiser ce que l'instant lui donne et lui enlève en même temps » (Essere finito ed Essere eterno. Per una elevazione al senso dell'essere, Rome 1998, 387). Nous sommes plongés dans la limite, mais aussi portés à la dépasser.

    L'annonce pascale est la nouvelle la plus belle, la plus joyeuse et la plus bouleversante qui ait jamais résonné au cours de l'histoire. Elle est l’“Évangile” par excellence, qui atteste la victoire de l'amour sur le péché et de la vie sur la mort, et c'est pourquoi elle est la seule capable de satisfaire la demande de sens qui trouble notre esprit et notre cœur. L'être humain est animé par un mouvement intérieur, tendu vers un au-delà qui l'attire constamment. Aucune réalité contingente ne le satisfait. Nous tendons vers l'infini et l'éternel. Cela contraste avec l'expérience de la mort, anticipée par les souffrances, les pertes, les échecs. De la mort, « nul homme vivant ne peut échapper », chante saint François (cf. Cantique de frère Soleil).

    Tout change grâce à ce matin où les femmes, venues au tombeau pour oindre le corps du Seigneur, l'ont trouvé vide. La question posée par les mages venus d'Orient à Jérusalem : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? » (Mt 2,1-2), trouve sa réponse définitive dans les paroles du mystérieux jeune homme vêtu de blanc qui s'adresse aux femmes à l'aube de Pâques : « Vous cherchez Jésus de Nazareth, le Crucifié ? Il est ressuscité : il n’est pas ici » (Mc 16,6).

    Depuis ce matin-là jusqu'à aujourd'hui, chaque jour, Jésus portera également ce titre : le Vivant, comme il se présente lui-même dans l'Apocalypse : « Moi, je suis le Premier et le Dernier, le Vivant : j’étais mort, et me voilà vivant pour les siècles des siècles » (Ap 1,17-18). Et en Lui, nous avons la certitude de pouvoir toujours trouver l'étoile polaire vers laquelle orienter notre vie apparemment chaotique, marquée par des événements qui nous semblent souvent confus, inacceptables, incompréhensibles : le mal, sous ses multiples facettes, la souffrance, la mort, des événements qui concernent tout le monde et chacun d'entre nous. En méditant sur le mystère de la Résurrection, nous trouvons la réponse à notre soif de sens.

    Face à notre fragile humanité, l'annonce pascale devient soin et guérison, elle nourrit l'espoir face aux défis effrayants que la vie nous pose chaque jour, tant au niveau personnel que planétaire. Dans la perspective de Pâques, la Via Crucis - le Chemin de Croix se transforme en Chemin de Lumière - Via Lucis. Nous avons besoin de savourer et de méditer la joie après la douleur, de revivre dans une lumière nouvelle toutes les étapes qui ont précédé la Résurrection.

    Pâques n'élimine pas la croix, mais la vainc dans le duel prodigieux qui a changé l'histoire humaine. Notre époque également, marquée par tant de croix, invoque l'aube de l'espérance pascale. La Résurrection du Christ n'est pas une idée, une théorie, mais l'Événement qui est à la base de la foi. Lui, le Ressuscité, par l'Esprit Saint, continue de nous le rappeler, afin que nous puissions être ses témoins même là où l'histoire humaine ne voit pas la lumière à l'horizon. L'espérance pascale ne déçoit pas. Croire vraiment en la Pâques à travers le cheminement quotidien signifie révolutionner notre vie, être transformés pour transformer le monde avec la force douce et courageuse de l'espérance chrétienne.

  • Non à Marie Co-Rédemptrice, le Vatican sème la confusion

    IMPRIMER

    De Luisella Scrosati sur la NBQ :

    Non à Marie Co-Rédemptrice, le Vatican sème la confusion

    Il est inapproprié de parler de corédemption, déclare le Dicastère pour la doctrine de la foi. Ce titre, utilisé à plusieurs reprises par saint Jean-Paul II, risque selon Fernández « d'occulter la médiation salvifique unique du Christ ». Mais la seule chose obscure ici, c'est ce énième document qui sème la confusion au lieu d'apporter des éclaircissements, à commencer par une reconstruction incorrecte qui minimise la contribution des saints et des théologiens.

    5/11/2025

    Le mardi 4 novembre, le Dicastère pour la Doctrine de la Foi a publié une Note Doctrinale de 80 paragraphes , approuvée par le pape Léon XIV, dans laquelle il est expliqué que « compte tenu de la nécessité d'expliquer le rôle subordonné de Marie au Christ dans l'œuvre de la Rédemption, il est toujours inapproprié d'utiliser le titre de Corédemptrice pour définir la coopération de Marie » (§ 22, italiques dans le texte). Toujours inapproprié, nous dit le Dicastère ; du moins pour les lecteurs des principales langues dans lesquelles le document a été publié, car le texte anglais se limite à « il  ne serait pas approprié », omettant l'adverbe et préférant le conditionnel. Mais puisque quelqu'un a dû décider que les documents originaux de l'Église ne devaient plus être écrits en latin, il est laissé au choix du lecteur quant à la version à privilégier.

    Trois jours plus tôt seulement, le samedi 1er novembre, Léon XIV avait proclamé saint John Henry Newman Docteur de l'Église. Un détail important : Newman était parmi ceux qui avaient défendu la possibilité d’utiliser le titre de Corédemptrice. La proclamation du dogme de l’Immaculée Conception (1854) avait troublé, entre autres, le monde anglican. Edward B. Pusey, ami et compagnon de John Henry Newman au sein du Mouvement d’Oxford, formula les objections du monde anglican dans son Eirenicon, auquel Newman répondit par la célèbre Lettre au révérend E.B. Pusey au sujet de son récent Eirenicon, qui constitue son traité mariologique par excellence. Pusey déplorait que la corédemption ne soit pas affirmée « dans des passages isolés d’un auteur de dévotion […], mais dans les réponses officielles adressées par les archevêques et les évêques au pape concernant leurs souhaits quant à la déclaration de l’Immaculée Conception comme article de foi » ( An Eirenicon , Londres, 1865, p. 151-152). Et il ajouta avec déception que « cette doctrine, à laquelle il est fait allusion ici, est développée par les théologiens catholiques romains de toutes les écoles ».

    Newman était parfaitement conscient de la connaissance approfondie que Pusey avait de l'enseignement des Pères de l'Église. Il fut donc surpris de pouvoir accuser le monde catholique d’une « quasi-idolâtrie » envers la Vierge Marie, en raison de l’abondance de titres honorifiques et de la densité théologique qui lui sont attribués, car c’était précisément l’« Église indivise », à laquelle Pusey faisait appel, qui se montrait si généreuse en titres mariaux. « Quand on voit que vous, avec les Pères, donnez à Marie les titres de Mère de Dieu, Seconde Ève et Mère de tous les vivants, Mère de la Vie, Étoile du Matin, Nouveau Ciel Mystique, Sceptre de l’Orthodoxie, Mère Immaculée de Sainteté, et autres, on pourrait interpréter vos protestations contre ceux qui lui donnent les titres de Corédemptrice et de Grande Prêtresse comme une maigre compensation pour de tels propos. »

    Newman n’aurait jamais imaginé qu’un jour il devrait défendre le titre de Corédemptrice non pas devant un anglican, mais devant le préfet de l’ancien Saint-Office. Rien de moins. La raison pour laquelle le Dicastère supprime le titre de Corédemptrice est son potentiel à engendrer « confusion et déséquilibre dans l’harmonie des vérités de la foi chrétienne, car “il n’y a de salut en aucun autre, car il n’y a sous le ciel aucun autre nom donné parmi les hommes par lequel nous devions être sauvés” » ( Actes 4, 12). Et encore : « le danger d’obscurcir le rôle exclusif de Jésus-Christ […] ne serait pas un véritable honneur pour la Mère ». Ces affirmations ne sont pas originales, puisqu’elles sont typiques des objections protestantes, mais sont certainement très curieuses dans un document officiel qui vise à répondre à des questions qui « suscitent fréquemment des doutes chez les fidèles les plus simples » ; car, à l’époque de l’administration Fernández, les Notes doctrinales n’ont plus pour but de clarifier ce qui pourrait paraître confus, mais d’obscurcir ce qui était déjà clair.

    Logiquement, si un terme désormais largement employé – non seulement dans la dévotion des fidèles, mais aussi dans les interventions papales et épiscopales et dans les documents officiels de l’Église (pensons aux deux décrets du Saint-Office de 1913 et 1914) – est susceptible d’être mal compris et de ne pas être conforme à la doctrine, le Saint-Siège devrait intervenir pour clarifier et confirmer, et non pour alimenter davantage le malentendu et rejeter un titre déjà établi sur le plan théologique et magistériel.

    Car quiconque possède une connaissance même minimale de l’évolution de la réflexion théologique sur la corédemption mariale et de ses clarifications fondamentales sait pertinemment qu’elle ne soutient ni une rédemption parallèle à celle du Christ, ni une nécessité absolue de la collaboration mariale ( de condigno), ni que la Vierge Marie n'ait eu besoin d'être rachetée par le Verbe incarné, son Fils, ni que la Rédemption soit acquise. Autant de points déjà largement établis, mais que Tucho et ses collègues persistent à présenter comme sources de confusion et de danger.

    La note va même jusqu'à avancer un critère, tiré de nulle part, qui serait tout simplement risible s'il ne figurait pas tragiquement dans un document officiel du Saint-Siège : « Lorsqu'une expression requiert des explications nombreuses et continues pour éviter qu'elle ne s'écarte de son sens correct, elle ne sert pas la foi du Peuple de Dieu et devient inappropriée. » Il convient de demander au cardinal Fernández et à Mgr Matteo s'ils croient réellement ce qu'ils écrivent ; car, suivant ce principe, il faudrait abroger pratiquement tous les dogmes mariaux. Et ce n'est pas tout. Le titre de Théotokos n'a-t-il jamais exigé – et exige-t-il toujours – de telles explications ? Le dogme de l'Immaculée Conception ne nécessite-t-il pas d'être constamment expliqué pour éviter de penser que la Vierge Marie est exemptée de la rédemption du Christ ? Les formulations du dogme trinitaire ou christologique n'exigent-elles pas elles aussi de « nombreuses et continues explications » ? Seraient-elles pour autant « inappropriées » et nuisibles à la foi du Peuple de Dieu ? Le principe énoncé par cette note sonne le glas de toute définition dogmatique et de la théologie elle-même.

    La présentation de l'histoire de la doctrine de la corédemption est totalement erronée. L'extraordinaire contribution de nombreux saints et théologiens est balayée d'un revers de main en un seul paragraphe (§ 17), signe évident que l'intention de cette note n'était certainement pas de faire le point sur la situation, mais de s'attaquer à la corédemption. Un autre mépris se manifeste dans la maigre mention de l'enseignement des pontifes, en particulier celui de saint Jean-Paul II, avant de consacrer deux longs paragraphes à la position de Ratzinger (alors cardinal).

    La raison de ce choix est facile à comprendre : Ratzinger, de concert avec le pape François, auquel l’intégralité du paragraphe 21 est dédiée, serait l’ autorité compétente pour affirmer que le titre de Corédemptrice est inapproprié. À y regarder de plus près, dans son vote de 1996, en tant que préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Ratzinger ne rejetait pas le titre, mais estimait que la réflexion théologique n’était pas encore suffisamment mûre pour attribuer à la Vierge Marie le titre de Corédemptrice et Médiatrice ; son opposition à ce titre, cependant, se limite à une simple interview de 2002 (dans laquelle, entre autres, il se déclarait favorable à la doctrine sous-jacente, comme expression du fait que le Christ veut tout partager avec nous, même sa qualité de Rédempteur). Une opinion est privilégiée dans la Note plutôt que, par exemple, la présentation de l'enseignement plus systématique de Jean-Paul II sur la corédemption mariale ; le pontife polonais (comme ses prédécesseurs) n'avait pas hésité à employer à maintes reprises ce titre, que Tucho nous explique maintenant être inapproprié et malvenu. Jean-Paul II, de toute évidence, prenait plaisir à « obscurcir l'unique médiation salvifique du Christ ».

    Une fois de plus, le cardinal Fernández se confirme comme un instigateur de doutes et d'erreurs, comme ce fut déjà le cas avec les réponses à certaines questions soulevées par Amoris Lætitiaavec la bénédiction des couples homosexuelsavec la peine de mort et la dignité humaine. Il aurait dû être le premier préfet à être démis de ses fonctions avec le nouveau pontificat, et au lieu de cela, nous le voyons enhardi à poursuivre son œuvre de confusion. Le mal a encore le temps de mettre à l'épreuve la patience divine et de tester la foi des chrétiens.

  • « Un bon catholique est ferme dans la vraie foi » (cardinal Müller)

    IMPRIMER

    De Maike Hickson sur LifeSite News :

    Entretien exclusif avec le cardinal Müller : « Un bon catholique est ferme dans la vraie foi »

    Image mise en avantLe cardinal Müller encense l'autel lors d'une messe tridentine célébrée en novembre 2025 à Philadelphie.Maike Hickson/LSN

    LifeSiteNews ) — Le 1er novembre, jour de la Toussaint, LifeSite a rencontré le cardinal Gerhard Müller à l'Institut international de la culture de Philadelphie. Au cours de cet entretien d'une heure, le prélat allemand a livré un magnifique témoignage de la foi catholique, de Jésus-Christ, de la Sainte Trinité, des sept sacrements et de la grâce de Dieu dans nos vies. Il a affirmé avec force qu'« il n'y a qu'un seul Sauveur ; il ne peut s'agir que de Dieu fait homme ».

    Le cardinal Müller nous a rappelé les aspects essentiels de notre foi qui nous font tomber amoureux de Dieu.

    « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son propre Fils, le Fils de la Sainte Trinité », a-t-il insisté. Il a ajouté que Dieu nous aide tout au long de notre vie grâce aux sept sacrements, en accordant à nos âmes la grâce nécessaire.

    Modernisme

    Au cours de notre discussion, le cardinal Müller a exposé la nature des modernistes qui sapent les enseignements de l'Église sur, par exemple, le mariage et la sexualité.

    « Les modernistes ne sont pas modernes », a-t-il déclaré. Le cardinal a expliqué qu'ils ont ravivé des hérésies gnostiques et autres, vieilles de plusieurs millénaires, dans le but de renverser « les enseignements des Apôtres », qu'ils considèrent et rabaissent au rang de « simples pêcheurs ».

    Mais, a affirmé le cardinal, « un bon catholique est ferme dans la foi véritable, dans la vérité, donnée une fois pour toutes et présente en Jésus-Christ ». Il a souligné l'importance du Credo, récité à chaque messe. Un bon catholique est « ferme dans les Saintes Écritures, dans la Tradition apostolique », a-t-il ajouté. La foi catholique « nous appelle à une conversion de notre ancienne vie » à une vie nouvelle, a-t-il déclaré, citant saint Paul.

    Il nous a donc présenté la foi traditionnelle telle qu'elle a toujours été enseignée. Cet enseignement traditionnel affirme notamment que notre séparation d'avec Dieu est due à nos propres péchés. Nous sommes appelés à nous rapprocher de Dieu par la conversion.

    Cependant, la destruction du mariage à laquelle nous assistons aujourd'hui accroît la distance entre l'homme et Dieu, a déclaré le cardinal Müller. Le premier don du Logos aux êtres humains fut de les créer homme et femme, a-t-il ajouté. Les gnostiques cherchent à abolir cette création par une créature « unisexe ». Le cardinal a expliqué que cette hérésie s'attaque ainsi directement à la création divine.

    Les idées modernistes issues de la Révolution française et apparues au XIXe siècle, puis resurgissant aux alentours du Concile Vatican II, ont engendré une « injuste opposition au sein de la société », a affirmé le cardinal. Cependant, « nous sommes frères et sœurs en Jésus-Christ, nous sommes solidaires, nous devons être unis dans la vérité qui vient de Dieu, et les idéologues… divisent le peuple », a-t-il déclaré. Le cardinal Müller a décrit les idées des Jacobins, des marxistes et des communistes comme de simples variantes d'une même idéologie. « Et elles divisent les sociétés », a-t-il poursuivi. « Elles divisent l'Église. »

    Lire la suite

  • Marie, Mère du peuple fidèle, et non co-rédemptrice

    IMPRIMER

    De Vatican News :

    Note doctrinale sur les titres mariaux: Mère du peuple fidèle, et non co-rédemptrice

    Le document du dicastère pour la Doctrine de la foi approuvé par Léon XIV clarifie les titres à utiliser pour la Vierge Marie. Une attention particulière est également requise pour le titre «Médiatrice de toutes grâces».

    «Mater populi fidelis» est le titre de la note doctrinale publiée ce mardi 4 novembre, par le dicastère pour la Doctrine de la foi. Signée par le préfet, le cardinal Víctor Manuel Fernández, et par le secrétaire de la section doctrinale, Mgr Armando Matteo, la note a été approuvée par le Pape le 23 juin dernier. Elle est le fruit d'un long et minutieux travail collégial. Il s'agit d'un document doctrinal sur la dévotion mariale, centré sur la figure de Marie associée à l'œuvre du Christ en tant que Mère des croyants. La note fournit une base biblique significative pour la dévotion à Marie, en plus de rassembler différentes contributions des Pères, des Docteurs de l'Église, des éléments de la tradition orientale et de la pensée des derniers Papes.

    Dans ce cadre, le texte doctrinal analyse un certain nombre de titres mariaux; il en valorise certains et met en garde contre l'utilisation d'autres. Des titres tels que «Mère des croyants»«Mère spirituelle»«Mère du peuple fidèle», sont particulièrement appréciés, lit-on dans la note. En revanche, le titre de «co-rédemptrice» est considéré comme inapproprié et inconvenant. Le titre de «médiatrice» est considéré comme inacceptable lorsqu'il revêt une signification exclusive à Jésus-Christ, mais il est considéré comme précieux s'il exprime une médiation inclusive et participative, qui glorifie la puissance du Christ. Les titres de «Mère de la grâce» et «Médiatrice de toutes grâces» sont considérés comme acceptables dans certains sens très précis, mais une explication particulièrement large des significations qui peuvent présenter des risques est proposée.

    En substance, la note réaffirme la doctrine catholique qui a toujours bien mis en évidence que tout en Marie est orienté vers la centralité du Christ et son action salvifique. C'est pourquoi, même si certains titres mariaux peuvent être expliqués par une exégèse correcte, il est préférable de les éviter. Dans sa présentation, le cardinal Fernández valorise la dévotion populaire, mais met en garde contre les groupes et les publications qui proposent un certain développement dogmatique et suscitent des doutes parmi les fidèles, notamment à travers les réseaux sociaux. «Le principal problème dans l’interprétation de ces titres appliqués à la Vierge Marie est de comprendre comment Marie est associée à l’œuvre rédemptrice du Christ» (3).

    Co-rédemptrice

    En ce qui concerne le titre «co-rédemptrice», la note rappelle que certains Papes «ont utilisé ce titre sans trop s’attarder à l’expliquer. D’une manière générale, ils l’ont présenté de deux manières précises: par rapport à la maternité divine, dans la mesure où Marie, en tant que mère, a rendu possible la Rédemption accomplie dans le Christ, ou en référence à son union avec le Christ près de la Croix rédemptrice. Le Concile Vatican II a évité d’utiliser le titre de co-rédemptrice pour des raisons dogmatiques, pastorales et œcuméniques. Saint Jean-Paul II l’a utilisé à sept reprises au moins, en le rapportant en particulier à la valeur salvifique de nos souffrances offertes avec celles du Christ à qui Marie est unie avant tout sur la Croix» (18).

    Le document cite une discussion interne de l'ancienne Congrégation pour la doctrine de la foi qui, en février 1996, avait examiné la demande de proclamer un nouveau dogme sur Marie «co-rédemptrice ou médiatrice de toutes grâces». L'avis du cardinal Ratzinger n’était pas favorable: «La signification précise des titres n’est pas claire et la doctrine qu’ils contiennent n’est pas mûre. […] On ne voit pas clairement comment la doctrine exprimée dans les titres est présente dans l’Écriture et dans la tradition apostolique». Plus tard, en 2002, le futur Benoît XVI s'était également exprimé publiquement dans le même sens: «La formule “co-rédemptrice” est trop éloignée du langage de l’Écriture et de la patristique et provoque ainsi des malentendus... Tout procède de Lui, comme le disent surtout les Lettres aux Éphésiens et aux Colossiens. Marie est ce qu’elle est grâce à Lui». Le cardinal Ratzinger, précise la note, ne niait pas qu'il y avait de bonnes intentions et des aspects précieux dans la proposition d'utiliser ce titre, mais il soutenait qu'il s'agissait d'un «terme erroné» (19).

    Lire la suite

  • Saint Charles Borromée, un évêque à la mode du concile de Trente (4 novembre)

    IMPRIMER

    Carlo_Borromeo_0.jpg

    Lors de l'Angelus du 4 novembre 2007, Benoît XVI évoquait... 

    ... Charles Borromée, archevêque de Milan (fêté le 4 novembre). Sa figure se détache au XVI e s. comme modèle de pasteur exemplaire par sa charité, sa doctrine, son zèle apostolique, et surtout, par sa prière : « les âmes, disait-il, se conquièrent à genoux ». Consacré évêque à 25 ans, il mit en pratique la consigne du concile de Trente qui imposait aux pasteurs de résider dans leurs diocèses respectifs, et il se consacra totalement à l’Eglise ambrosienne : il la visita de long en large trois fois ; il convoqua six synodes provinciaux et onze diocésains ; il fonda des séminaires pour la formation d’une nouvelle génération de prêtres ; il construisit des hôpitaux et destina les richesses de sa famille au service des pauvres ; il défendit les droits de l’Eglise contre les puissants, renouvela la vie religieuse et institua une congrégation nouvelle de prêtres séculiers, les Oblats. En 1576, lorsque la peste dévasta Milan, il visita les malades et les réconforta et il dépensa pour eux tous ses biens. Sa devise tenait en un seul mot : « Humilitas ». L’humilité le poussa, comme le Seigneur Jésus, à renoncer à lui-même pour se faire le serviteur de tous.

    Saint Charles Borromée
    Archevêque de Milan (+ 1584) (source)

    Vie et œuvre
    «Cardinal et archevêque, restaurateur de la discipline ecclésiastique, né le 2 oct. 1538 au château d’Arona (Milanais), d’une illustre maison de Lombardie; mort le 3 nov. 1584; canonisé en 1610 par Paul V , fête le 4 novembre. Dès l'âge de douze ans, il était bénéficiaire d'une riche abbaye considérée comme héritage de sa famille; il en reçut une autre et un prieuré résignés en sa faveur par le cardinal de Médicis, son oncle maternel, qui devint le pape Pie IV (1559-1566). Il n'avait guère que vingt-deux. ans, lorsque ce pape le fit cardinal (1560); il fut chargé, en cette qualité, de l’administration des Romagnes et de la marche d'Ancone, de la protection des nations étrangères, Portugal, Suisse et Pays-Bas, et de l'inspection générale des franciscains, des carmélites et des chevaliers de Malte. Son influence sur son oncle fit accélérer les travaux du concile de Trente, retardés par la résistance que la cour de Rome opposait aux mesures destinées à la réformer un peu elle-même. Après le concile, il prit une part importante à la composition du célèbre catéchisme connu sous des noms divers, Catechismus Tridentinus, Catechismus Romanus, Catechisnaus ad parochos. Il institua au Vatican une académie composée d'ecclésiastiques et de laïques; il y faisait le soir des conférences, qui furent publiées sous le titre Noctes Vaticanae. En 1562, pressé par sa famille de se marier, il entra dans les ordres sacrés, reçut la prêtrise et se fit consacrer évêque; mais ce fut seulement en 1565 que le pape lui permit de résider dans son diocèse de Milan. Nommé archevêque de Milan en 1564, il se démit de toutes ses autres charges pour aller résider dans son diocèse ; il y donna l'exemple de toutes les vertus et rétablit partout la discipline. Il s'employa à y appliquer les mesures de réforme prises au concile. Depuis lors, il ne cessa jamais d'y demeurer et ouvrit un séminaire pour améliorer la formation du clergé.

    Lire la suite

  • Don Nicola Bux : « L’Église ne peut pas changer le catéchisme. »

    IMPRIMER

    De Marino Pagano sur la NBQ :

    Père Bux : « L’Église ne peut pas changer le catéchisme. »

    Il convient de rappeler aux pasteurs qui préconisent une modification de l'enseignement sur l'homosexualité et d'autres questions morales que « l'Église n'a pas l'autorité de changer "pas un iota, pas un point" » de la Révélation, dont le Catéchisme est un interprète fidèle. La Bussola s'entretient avec le père Nicola Bux.

    3/11/2025

    Le vendredi 24 octobre au soir, à Rome, dans la basilique San Lorenzo in Lucina, le cardinal Matteo Zuppi, président de la Conférence épiscopale italienne (CEI), a présidé les vêpres solennelles selon l'ancien rite dans le cadre du 14e pèlerinage jubilaire « Summorum Pontificum ad Petri Sedem », communément appelé « le jubilé des traditionalistes ».

    En marge de la célébration et de la troisième assemblée du Chemin synodal des Églises en Italie, nous avons recueilli quelques réflexions du Père Nicola Bux, théologien et ancien consultant de la Congrégation pour la doctrine de la foi, sur des questions ecclésiales et théologiques actuelles.

    Certains pasteurs ont soutenu que le Catéchisme pouvait être modifié. Est-il théologiquement et doctrinalement possible de changer l'enseignement de l'Église, par exemple sur l'homosexualité ou d'autres questions morales ?

    L'Église fonde son enseignement sur la Révélation faite par Dieu et accomplie en Christ, contenue dans l'Écriture Sainte. Qu'on se souvienne de Genèse 1, 27 : « Dieu créa l'homme à son image, il le créa à l'image de Dieu, il créa l'homme et la femme », et de Matthieu 19, 4 : « N'avez-vous pas lu que le Créateur, dès le commencement, les fit homme et femme ? » L'Église n'a pas l'autorité de changer « un iota, un trait de lettre » (Mt 5, 18) de ces paroles, mais seulement de les faire connaître et de les préserver : c'est le rôle du Catéchisme.

    Aujourd’hui, de nombreux courants culturels influencent le langage ecclésial. Y a-t-il un risque à se laisser influencer par des idéologies étrangères à la Tradition catholique ?

    Saint Paul propose un critère toujours valable : « Examinez toutes choses ; retenez ce qui est bon » (1 Th 5, 21). Cela signifie examiner chaque proposition, idée ou comportement et ne retenir que ce qui est bon et vrai. Pour le chrétien, le critère de vérité est le Christ lui-même : toute pensée ou théorie « se tient ou s’effondre » par rapport à lui. C’est pourquoi nous parlons d’une anthropologie « en Christ », et non simplement de conceptions humaines changeantes.

    Comment, selon la doctrine catholique, distinguer l’accueil d’une personne de l’approbation d’un comportement ?

    Le concept de personne, élaboré au concile de Chalcédoine pour exprimer le mystère du Christ, nous enseigne que l’être humain est créé à l’image et à la ressemblance de Dieu (CEC, 362). Être homme et femme est une réalité bonne, voulue par Dieu (CEC, 369). Accueillir une personne, c’est reconnaître cette vérité originelle. Mais accueillir ne saurait signifier approuver un comportement qui s’écarte du bien : de même que la médecine corrige ce qui est pathologique, la pastorale authentique vise à guérir, non à conforter l’erreur. L’idéologie du genre, comme l’a rappelé à plusieurs reprises le pape François, est une erreur de l’esprit humain : accueillir, c’est accompagner vers la vérité, non justifier le mensonge.

    La doctrine sur la sexualité est-elle compatible avec la pastorale de la miséricorde prônée par le pape François ?

    La véritable miséricorde ne consiste pas à laisser une personne dans le péché, mais à l’aider à se convertir et à redécouvrir la vérité. Là où la pensée genrée a engendré des souffrances, comme dans le phénomène des personnes qui regrettent d’avoir entrepris une transition de genre, nous voyons les blessures causées par un mensonge qui a touché le corps et l’âme. Le corps n’est pas à notre disposition, mais un don de Dieu. Aller à l’encontre de la réalité du corps, c’est s’opposer au Créateur lui-même : c’est une tromperie qui revêt les caractéristiques de l’Antéchrist, lorsqu’un pasteur de l’Église va jusqu’à la cautionner.

    À ceux qui accusent la doctrine catholique d’être « exclusive » ou « non inclusive », que répondriez-vous ?

    Je répondrais que oui, en un certain sens, elle l’est, car elle suit l’exemple de Jésus-Christ, qui a dit être venu « pour semer la division » (cf. Luc 12, 51). Le Christ ne recherche pas le consensus, mais la vérité : son « inclusion » est celle de ceux qui accueillent le salut dans la vérité. L’enseignement de l’Église n’est pas la conformité aux courants ou aux pouvoirs du monde, mais la fidélité à Celui qui a dit : « Celui qui n’est pas avec moi est contre moi » (Mt 12, 30). La liberté chrétienne consiste à suivre la vérité, même lorsqu’elle divise.

    Le Catéchisme qualifie les actes homosexuels d’« intrinsèquement désordonnés » : s’agit-il d’une expression linguistique surmontable ou d’un jugement irrémédiable ?

    Dieu est le Créateur de l’ordre, et l’ordre est la juste disposition des personnes et des choses en vue d’une fin. La source de tout ordre est la Sagesse divine. Le désordre moral est donc un reniement de Dieu lui-même. Le Catéchisme n’emploie pas ici un langage surmontable, mais exprime une vérité ontologique, enracinée dans l’être même des choses. Comme le rappelait Gustave Thibon, « la liberté est fille de l’ordre ». Et Sénèque écrivait : « Être libre, c’est obéir à Dieu ». Là où l’ordre fait défaut, le mensonge du Malin règne.

    L’archevêque Francesco Savino , vice-président de la Conférence épiscopale italienne et évêque de Calabre, a récemment célébré la messe du pèlerinage jubilaire de plusieurs groupes LGBT et a évoqué la nécessité d’une « Église en mutation » La Tradition permet-elle une réinterprétation des vérités en fonction de l’époque ? 

    Comme l’a rappelé Jean XXIII lors de l’ouverture du Concile Vatican II, le problème du monde est toujours le même : être avec le Christ ou contre lui et son Église. Le progrès doctrinal n’est pas un changement de substance, mais un développement organique, à l’image de la croissance d’un corps : en vieillissant, nous n’ajoutons pas un nouveau membre, mais ce qui existe déjà mûrit. Ce n’est pas l’Église qui doit changer pour s’adapter au monde, mais chaque chrétien qui doit se convertir à la vérité immuable qu’est le Christ, Seigneur.

    Comment l’autorité du Magistère contraint-elle les évêques dans l’enseignement de la foi ?

    Parce que leur autorité s’exerce in persona Christi. Comme le rappelait le pape Léon le Grand, devant le Christ, l’évêque doit « disparaître ». Le Magistère n’est pas au-dessus de la Parole de Dieu, mais il la sert, n’enseignant que ce qui a été transmis ( Dei Verbum , 10 ; Catéchisme de l’Église catholique, 86). Lorsqu’un pasteur propose un « Évangile accommodant et flexible », il cesse d’être un enseignant de la foi et devient un reflet du monde. La fidélité au dépôt de la foi est la véritable charité envers les âmes.