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Doctrine - Page 6

  • « Que ta volonté soit faite sur la terre » ? À l’occasion de l’anniversaire de Quas Primas

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    De sur le CWR :

    « Que ta volonté soit faite sur la terre » ? À l’occasion de l’anniversaire de Quas Primas

    Beaucoup n'ont pas tenu compte des avertissements de Pie XI, mais une nouvelle édition d'un livre sur « Le Règne du Christ » par un éminent jésuite du XXe siècle vise à inspirer une nouvelle génération.

    « Le Règne du Christ » du Père Joseph Husslein, SJ, a été publié à l'origine en 1928, offrant un commentaire sur la thèse centrale de « Quas Primas », l'encyclique de 1925 du pape Pie XI, que l'on voit ici sur une photo du 6 février 1939, quatre jours seulement avant sa mort. (Images : Arouca Press et Wikipedia)

    « Ton règne est un règne éternel, et ta domination subsiste de génération en génération . » — Psaume 145 (144) : 13

    Saint Benoît ordonna à ses moines de prier le psaume ci-dessus pendant les vêpres du samedi. Bien que le livre des Psaumes fasse partie du culte chrétien depuis la Pentecôte (hérité des Hébreux), cette directive du patriarche du monachisme occidental fut l'un des premiers cas documentés où une période liturgique se terminait par une proclamation du règne de Dieu pour toute l'éternité et sur toutes les nations.

    Quatorze siècles plus tard, le 11 décembre 1925, juste avant la fin de la 24e année jubilaire, le pape Pie XI publia l’encyclique Quas Primas, qui renouvela hardiment cette proclamation en instituant la fête du Christ-Roi dans le rite romain, placée à cette époque vers la fin de l’année liturgique, le dimanche précédant la Toussaint (au lieu de la pratique actuelle du dernier dimanche de l’année liturgique).

    Le pontife a espéré que « la célébration annuelle et universelle de la fête de la Royauté du Christ attirera l’attention sur les maux que l’anticléricalisme [ou le laïcisme] a apportés à la société en éloignant les hommes du Christ, et contribuera également grandement à y remédier ». L’Église a célébré sa quatre-vingt-dix-huitième fête le 24 novembre. Il est intéressant de noter que la fête de cette année est tombée le lendemain de celle du martyr du XXe siècle, le bienheureux Miguel Pro, SJ, dont les derniers mots furent « Viva Cristo Rey ! » – « Vive le Christ Roi ! ».

    Le successeur de Pie XI, le pape François, devrait ouvrir la 32e année jubilaire avec l'ouverture de la Porte Sainte de la basilique Saint-Pierre la veille de Noël. L'Eglise marquera l'année par des pèlerinages (notamment à Rome) et des actes pénitentiels (dans le but d'obtenir des indulgences spécifiques à la célébration). En revanche, l'année centenaire de Quas Primas , qui commence deux semaines plus tôt, passera probablement inaperçue.

    Ce genre de négligence n’est pas nouveau pour cette encyclique. Hamish Fraser, un communiste écossais converti au catholicisme (cité par son compagnon de conversion Michael Davies), concluait sans détour en 1976 que la promulgation du document était le plus grand non-événement de toute l’histoire de l’Église (en dehors de l’institution d’une nouvelle fête dans le calendrier liturgique).

    Un éditeur catholique relativement récent, Arouca Press, tente de corriger cette erreur en réimprimant un titre du père Joseph Husslein, un  auteur et éditeur jésuite américain prolifique. Le père Husslein, dans son ouvrage The Reign of Christ (publié à l’origine en 1928), a développé l’appel de Pie XI pour que « des sermons… soient prêchés aux fidèles de chaque paroisse pour leur enseigner la signification et l’importance de cette fête, afin qu’ils puissent organiser leur vie de manière à être dignes de sujets fidèles et obéissants du divin Roi ».

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  • Ce que la décision du pape François au Synode révèle sur son style de gouvernance

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    D'Andrea Gagliarducci sur le NCR :

    Ce que la décision du pape François au Synode révèle sur son style de gouvernance

    ANALYSE : Le Saint-Père a suivi un mode opératoire familier lorsqu'il a accepté le document final du Synode sur la synodalité et a ensuite pris des mesures pour souligner qu'il fait désormais partie du magistère ordinaire de l'Église.

    Le 25 novembre, le pape François a publié une note réitérant – et dans un sens officiel, formalisant – sa décision de faire du document final du Synode sur la synodalité récemment conclu une partie du magistère ordinaire de l'Église. 

    Cela étant fait, a écrit le Saint-Père, les diocèses et les églises devraient commencer à mettre en œuvre les recommandations du document de 52 pages visant à apporter des changements structurels dans la gouvernance de l'Église et à accroître la participation des laïcs et des femmes dans l'Église, entre autres initiatives. 

    « [Le document final] participe au magistère ordinaire du successeur de Pierre, et comme tel, je demande qu'il soit accepté »,  a écrit François  dans la note. 

    François a marqué l'histoire et a surpris beaucoup de monde lorsqu'il a annoncé, le jour où il lui a été soumis, qu'il acceptait pleinement le document final du Synode, renonçant ainsi à la pratique habituelle d'exhortation de ses prédécesseurs.  

    Mais cette nouvelle note du Saint-Père est également très significative. Elle révèle, entre autres, trois points clés de son style de gouvernement. 

    Le premier point concerne la manière dont il interagit avec les documents qu'il perçoit comme étant déficients d'une certaine manière ou nécessitant un renforcement. Sa note est une reconnaissance du fait que le rapport final du Synode entre dans cette catégorie. 

    Qu’est-ce qui ne va pas exactement ? C’est un document faible, ce qui était inévitable puisqu’il est le produit de divers compromis. Mais une partie de la faute revient au pape lui-même, car c’est François qui a insisté depuis le début de son pontificat pour que les documents synodaux incluent le décompte des votes pour chacun de ses paragraphes (ou modi .). Bien que tous les paragraphes du document du Synode sur la synodalité aient obtenu une majorité, tous n’ont pas obtenu une majorité décisive. Les paragraphes sur le rôle des femmes dans l’Église (par. 60), sur la tâche des conférences épiscopales et leur éventuelle compétence doctrinale (par. 25) et sur ce qui est défini comme une « décentralisation saine » (par. 129) ont reçu le moins de votes en faveur. Par conséquent, si le document avait été laissé tel quel, il aurait été facile pour certains évêques de décider de ne pas suivre ces paragraphes. 

    En ajoutant cette note, le pape François intervient cependant pour préciser qu'une telle mise en œuvre à la sauvette n'est pas envisageable, puisque le document complet fait désormais partie du magistère officiel de l'Église.  

    On peut ici voir un parallèle avec l’intervention du pape en 2017, lorsque les évêques argentins ont interprété sa célèbre note de bas de page dans son exhortation apostolique post-synodale Amoris Laetitia comme signifiant que les catholiques divorcés et remariés peuvent dans certains cas recevoir la communion. François a rédigé une note avec le document disant qu’« aucune autre interprétation n’est possible » et l’a fait publier dans les Acta Apostolicae Sedis, un recueil des actes officiels du Saint-Siège, faisant également des directives argentines une partie du magistère officiel. 

    Cela souligne un deuxième point concernant le style de gouvernance du pape. Lorsqu'une controverse sur un document éclate, le pape François laisse ouverte la possibilité d'une interprétation traditionnelle. Mais il fait en sorte que l'interprétation non traditionnelle soit non seulement préférée mais aussi imposée, puisqu'elle figure dans les documents officiels

    L'avantage pour le pape, dans le cas du document du Synode sur la synodalité, est qu'il n'a pas à prendre la responsabilité de rédiger son propre document sur le sujet. Il a simplement accepté les recommandations de l'assemblée et leur a donné autorité lorsque cette autorité semblait faire défaut. 

    Le troisième point de la note est qu’elle illustre la manière non conventionnelle dont le pape François utilise les différents types de documents pontificaux à sa disposition. 

    Par exemple, le pape François a récemment publié une encyclique, Dilexit Nos, sur le Sacré-Cœur de Jésus, qui aurait plus justement été une lettre apostolique, à la manière de celle qu’il a écrite sur saint François de Sales en 2022, Totum Amoris Est. En revanche, Evangelii Gaudium, le document programmatique du pontificat, est une exhortation apostolique, mais il aurait plus probablement dû s’agir d’une encyclique. 

    Le pape François a utilisé plus de 80 fois différentes formes de lettres apostoliques pour donner un avis faisant autorité. Et en matière législative, notamment lorsqu'il s'agit de modifier le droit canonique, il préfère la forme du motu proprio, une décision plus spontanée et personnelle, qu'il a utilisée plus de 50 fois. 

    En bref, le pape François ne procède pas à de longs processus de consultation, nécessaires pour des documents plus « lourds » comme une encyclique ou une constitution apostolique dans le cas de la définition de formes de gouvernement. Il prend des décisions de manière autonome et les met immédiatement en pratique. Lorsque l’avis est controversé, il approuve les décisions des autres, comme il l’a fait pour le document final du synode. 

    En même temps, fidèle aux « processus d’ouverture », le pape François a souligné que le chemin synodal n’était pas terminé. Tout, même les choix les moins controversés, peut être remis en question. Mais cela signifie surtout que le pape peut prendre de nouvelles décisions, renversant de fait ce qui semble être des choix établis. 

    Le pape a dû donner autorité au synode, car sinon certaines de ses conclusions auraient pu être désavouées. Cette autorité repose cependant sur la volonté du pape.  

  • Speed ​​dating avec les nouveaux cardinaux : l'un d'entre eux pourrait-il être « l'élu » ?

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    D'Edgar Beltran sur The Pillar :

    Speed ​​dating avec les nouveaux cardinaux : l'un d'entre eux pourrait-il être « l'élu » ?

    9 décembre 2024

    Samedi, le pape François a célébré le 10e consistoire de son pontificat avec la création de 21 nouveaux cardinaux.

    Avec le nouveau consistoire, il y a désormais 140 cardinaux éligibles pour élire le prochain pape en cas de décès de François.

    Bien que les cardinaux ne soient pas tenus de choisir parmi leurs propres rangs le prochain pape, c'est une tradition, et presque une certitude, qu'ils le feront lors du prochain conclave.

    Cela signifie que n'importe lequel des 21 hommes à qui l'on a attribué un chapeau rouge au cours du week-end pourrait être choisi comme tel par ses frères cardinaux, et finalement émerger sur la loggia en tant que prochain pape.

    Mais, bien sûr, trouver cette personne spéciale parmi les rangées de chapeaux rouges nécessite beaucoup d'efforts pour vous connaître avant d'être prêt à lui remettre la rose finale - euh, la tiare papale.

    Et comme beaucoup de nouveaux venus viennent de milieux relativement calmes ou de régions où l’on ne voit généralement pas de nominations cardinalices, on voit apparaître beaucoup de nouveaux visages.

    Les cardinaux pourraient-ils choisir l'un de leurs nouveaux membres pour être cette personne spéciale au moment du conclave ? Nous ne pouvons pas le dire avec certitude, mais pour les aider – et aider les lecteurs – à mieux connaître les nouveaux venus, The Pillar a mené une série d'entretiens rapides avec sept des nouveaux cardinaux avant le consistoire, et pour voir comment ils pourraient se comporter lors d'un futur conclave.

    Les entretiens ont été édités pour des raisons de longueur et de clarté. Certains ont été traduits de la langue dans laquelle ils ont été menés.

    Cardinal Vicente Bokalic, CM, Évêque de Santiago del Estero et Primat d'Argentine

    Le cardinal Vicente Bokalic de Santiago del Estero, s'adressant à la presse le 6 décembre 2024. Crédit : Edgar Beltrán/The Pillar.

    Vous êtes l’évêque de Santiago del Estero, un petit diocèse qui est aujourd’hui le siège primatial de l’Argentine. De nombreux changements sont survenus dans votre vie et votre ministère ces derniers temps. Comment avez-vous réagi ?

    Avec surprise et joie, les habitants de Santiago del Estero sont très heureux d’avoir été officiellement proclamés siège primatial du pays, ce qui est une reconnaissance historique. C’est à Santiago del Estero que l’Église en Argentine a commencé, quand le pays n’était pas encore l’Argentine. Ce que François a fait, c’est reconnaître ces racines, comme cela arrive dans de nombreux pays où le siège primatial n’est pas la capitale. Pour nous, tout cela a été un choc et une incitation à travailler davantage.

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  • Les confidences du cardinal Ruini qui fête ses 70 ans de sacerdoce

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    D'Aldo Cazzullo sur Le Corriere della Sera :

    Cardinal Ruini : "Entre les livres et les amies, j'ai eu mes tentations. Prodi, Berlusconi, Meloni, Schlein (et le Pape) : voici ce que je pense"

    Entretien avec Camillo Ruini, qui fête ses 70 ans de sacerdoce : "Le pape François ? Je suis moins en phase mais je ne suis pas d'accord avec ceux qui ne voient rien de bon en lui. Berlusconi ? Kennedy n’était pas non plus un modèle de vie de famille. Et Meloni est l'architrave sur laquelle repose la politique italienne"

    Card. Ruini : « Entre les livres et les amis, j'ai eu mes tentations. En tant que conservateur, je croyais que Prodi était avec moi"

    Cardinal Ruini, pourquoi avez-vous décidé de devenir prêtre il y a soixante-dix ans ?

    J'ai décidé rapidement lorsque j'étais en dernière année de lycée. De cette façon, je pensais servir Dieu, en qui j'avais toujours cru, et lui consacrer toute ma vie.

    Durant ces soixante-dix années, n’avez-vous jamais douté de l’existence de Dieu, de la vie éternelle, de la résurrection de la chair ?

    Non, par un don du Seigneur. J'ai eu de nombreuses tentations contre la foi ; mais j'ai toujours résisté.

    Quelle est la différence entre le doute et la tentation ?

    Ce sont deux choses très différentes. Le doute suspend l’assentiment. La tentation est une poussée à ne pas croire, à laquelle on peut répondre : non, je crois, et je m'engage tête baissée pour vaincre cette tentation.

    Qui tente l’homme ? Satan?

    Pas nécessairement Satan. Les tentations venaient notamment de la lecture de livres. De mes études. Plus on connaît la théologie, plus on sait combien il y a de difficultés. Mais maintenant, en tant que vieil homme, les tentations n’existent presque plus.

    Enviez-vous la foi des simples ?

    J'en ai parlé un jour avec Ratzinger, il était encore cardinal. Il m'a dit que pour lui et pour moi qui connaissions la théologie, il était impossible d'avoir la foi des simples, il fallait élaborer davantage.

    En particulier, comment expliquer la résurrection de la chair ? Riccardo Muti dit: «Aujourd'hui, ils sont tous incinérés, recomposer un corps à partir de ses cendres sera difficile».

    « L'état de nos cadavres importe peu. La résurrection est l’œuvre de la toute-puissance de Dieu, qui ne trouve pour ainsi dire de limite que dans le principe de non-contradiction.

    Ça veut dire quoi ?

    Dieu ne peut pas faire ce qui est contradictoire, donc le néant. Le rien. Tout le reste, Dieu peut le faire. Vous conviendrez avec moi que, même sans crémation, ressusciter un mort est une œuvre au-delà de nos capacités, non seulement actuellement mais aussi dans le futur.

    Même Musk n’y parviendra pas.

    « Dieu seul ».

    Comment c'était d'être prêtre en Emilie rouge ?

    C'était magnifique. Je garde d'excellents souvenirs de mes vingt-neuf années de sacerdoce à Reggio Emilia.

    Le pays de Don Camillo et Peppone. Et aussi du triangle de la mort.

    Bien sûr, il y a eu une bagarre, mais je dirais, dans le respect mutuel. Les années au cours desquelles de nombreux prêtres ont été tués sont désormais révolues.

    Y a-t-il un épisode dont vous vous souvenez en particulier ?

    Ce qui m'a le plus frappé, c'est la réponse que m'a donnée une mère, à qui je devais annoncer la nouvelle du décès de son fils dans un accident de la route. Je suis entré dans une maison très modeste, j'ai vu cette femme du peuple. Elle a seulement dit : « Notre-Dame a souffert davantage ».

    Est-il vrai que vous étiez un prêtre progressiste qui a célébré le mariage de Prodi ? Avez-vous ensuite changé d’avis sur le progressisme et Prodi ?

    Je n'ai jamais été progressiste. Au contraire, si nous voulons utiliser ces catégories, je suis conservateur. J'étais très ami avec Romano Prodi et j'ai célébré son mariage. Dans nos relations, il y avait un malentendu, du moins de ma part : je pensais qu'il pensait comme moi. En tout cas, j'éprouve de l'amitié et de l'estime pour Prodi, et je sais que c'est réciproque.

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  • L'Immaculée Conception selon Jean-Paul II

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    Jean-Paul II lors de l'audience générale du 29 mai 1996 :

    L' Immaculée Conception

    Cher(e) ami(e)s ,

    1. Nous avons vu dans nos catéchèses précédentes que, dans la réflexion doctrinale de l'Église d'Orient, l'expression "pleine de grâce " fut interprétée dès le VIe siècle dans le sens d'une sainteté singulière qui saisit Marie dans toute son existence. Elle inaugure ainsi la création nouvelle.

    À côté du récit de l'Annonciation de saint Luc, la Tradition et le Magistère ont vu dans ce que l'on appelle le Protévangile (Gn 3, 15) une source scripturaire de la vérité de l'Immaculée Conception de Marie. Ce texte a inspiré, à partir de l'ancienne traduction latine : " Elle t'écrasera la tête ", de nombreuses représentations de l'Immaculée qui écrase le serpent sous ses pieds.

    Nous avons déjà eu l'occasion de rappeler que cette traduction ne correspond pas au texte hébreu, où ce n'est pas la femme, mais bien sa descendance, qui écrase la tête du serpent. Ce texte n'attribue donc pas à Marie, mais à son Fils, la victoire sur Satan. Cependant, puisque la tradition biblique établit une profonde solidarité entre celle qui engendre et sa descendance, la représentation de l'Immaculée qui écrase le serpent est cohérente avec le sens originel du passage : elle le fait non pas par sa propre force mais par grâce de son Fils.

    2. Dans ce même texte biblique, on proclame en outre l'inimitié entre la femme et sa descendance, d'une part, et le serpent et sa descendance, d'autre part. Il s'agit d'une hostilité expressément établie par Dieu, qui prend un relief singulier si nous considérons le problème de la sainteté personnelle de la Vierge. Pour être l'ennemie inconciliable du serpent et de sa descendance, Marie doit être exempte de toute domination du péché. Et cela dès le premier moment de son existence.

    À cet égard, l'Encyclique Fulgens corona, publiée par le Pape Pie XII en 1953 pour commémorer le centenaire de la définition du dogme de l'Immaculée Conception, propose cette argumentation : "Si, à un moment donné, la Bienheureuse Vierge Marie était restée privée de la grâce divine, parce que souillée dans sa conception par la tache héréditaire du péché, il y aurait eu entre elle et le serpent – du moins pendant cet espace de temps, si court qu'il eût été – non pas l'éternelle inimitié dont il est fait mention depuis la tradition primitive jusqu'à la définition solennelle de l'Immaculée Conception de la Vierge, mais bien plutôt un certain asservissement (AAS 45 [1953], 579) (DC 1953, no 1158, col. 1283. NDLR).

    L'hostilité absolue établie par Dieu entre la femme et le démon postule donc en Marie l'Immaculée Conception, c'est-à-dire une absence totale de péché, dès le début de sa vie. Le Fils de Marie a remporté la victoire définitive sur Satan et en a fait bénéficier par anticipation sa Mère, la préservant du péché. En conséquence, le Fils lui a accordé le pouvoir de résister au démon, réalisant ainsi dans le mystère de l'Immaculée Conception l'effet le plus notable de son oeuvre rédemptrice.

    3. L'appellation " pleine de grâce " et le Protévangile, en attirant notre attention sur la sainteté spéciale de Marie et sur sa complète exemption de l'influence de Satan, nous font comprendre, dans le privilège unique que le Seigneur a accordé à Marie, qu'un ordre nouveau commence, qui est le fruit de l'amitié avec Dieu et qui comporte, par conséquent, une inimitié profonde entre le serpent et les hommes.

    Comme témoignage biblique en faveur de l'Immaculée Conception de Marie, on cite souvent, aussi, le chapitre XII de l'Apocalypse, où l'on parle de " la femme revêtue de soleil" (12, 1). L'exégèse actuelle est d'accord pour voir en cette femme la communauté du Peuple de Dieu, qui engendre dans la douleur le Messie ressuscité. Mais, à côté de cette interprétation collective, le texte suggère une interprétation individuelle lorsqu'il affirme : "La Femme mit au monde un fils, un enfant mâle, celui qui sera le berger de toutes les nations, les menant avec un sceptre de fer" (12, 5). On admet ainsi, par cette référence à l'enfantement, une certaine identification de la femme revêtue de soleil avec Marie, la Femme qui a mis le Messie au monde (" à la lumière "). La femme-communauté est décrite en effet sous les apparences de la femme-Mère de Jésus.

    Caractérisée par sa maternité, la femme " était enceinte, et elle criait, torturée par les douleurs de l'enfantement" (12, 2). Cette annotation renvoie à la Mère de Jésus au pied de la Croix (cf. Jn 19, 25) où elle participe, le coeur transpercé par une épée (cf. Lc 2, 35), au travail de l'enfantement de la communauté des disciples. Malgré ses souffrances, elle est " revêtue de soleil " – c'est-à-dire qu'elle porte le reflet de la splendeur divine – et elle apparaît comme un " signe grandiose" du rapport sponsal de Dieu avec son peuple.

    Même si elles n'indiquent pas directement le privilège de l'Immaculée Conception, ces images peuvent être interprétées comme des expressions de l'amour du Père qui entoure Marie de la grâce du Christ et de la splendeur de l'Esprit.

    Enfin, l'Apocalypse invite à reconnaître plus particulièrement la dimension ecclésiale de la personnalité de Marie : la femme revêtue de soleil représente la sainteté de l'Église, qui se réalise pleinement dans la Sainte Vierge, en vertu d'une grâce singulière.

    4. À ces affirmations scripturaires auxquelles se réfèrent la Tradition et le Magistère pour fonder la doctrine de l'Immaculée Conception, paraissent s'opposer les textes bibliques qui affirment l'universalité du péché.

    L'Ancien Testament parle d'une contagion due au péché qui touche tout " petit né d'une femme " (Ps 50, 7 ; Jb 14, 2). Dans le Nouveau Testament, Paul déclare que, à la suite de la faute d'Adam, "tous ont péché " et que "la faute commise par un seul a conduit tous les hommes à la condamnation " (Rm 5, 12. 18). Donc, comme le rappelle le Catéchisme de l'Eglise catholique, le péché originel "affecte la nature humaine" qui se trouve ainsi " dans un état déchu ". Aussi le péché est-il transmis "par propagation à toute l'humanité, c'est-à-dire par la transmission d'une nature humaine privée de la sainteté et de la justice originelles" (n. 404). Paul admet cependant une exception à cette loi universelle : le Christ, celui " qui n'a pas connu le péché " (2 Co 5, 21) et qui a pu ainsi faire surabonder la grâce " là où le péché a abondé " (Rm 5, 20).

    Ces affirmations ne portent pas nécessairement à la conclusion que Marie a été impliquée dans l'humanité pécheresse. Le parallèle, établi par Paul, entre Adam et le Christ, est complété par celui qui existe entre Ève et Marie : le rôle, important, de la femme dans le drame du péché, l'est aussi dans la rédemption de l'humanité.

    Saint Irénée présente Marie comme la nouvelle Ève qui, par sa foi et son obéissance, a fait contrepoids à l'incrédulité et à la désobéissance d'Ève. Un tel rôle dans l'économie du salut requiert l'absence de péché. Il convenait que comme le Christ, nouvel Adam, Marie, nouvelle Ève, n'eût pas connu le péché et qu'elle fût ainsi plus apte à coopérer à la rédemption.

    Le péché qui traverse l'humanité comme un torrent, s'arrête devant le Rédempteur et sa fidèle Collaboratrice. Avec une différence substantielle : le Christ est totalement saint en vertu de la grâce qui, dans son humanité, découle de la personne divine ; Marie est toute sainte en vertu de la grâce reçue par les mérites du Sauveur.

  • L'Immaculée Conception, la réponse de Pie IX aux idoles de la modernité

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    De Stefano Fontana sur la NBQ :

    IMAGOECONOMICA - STEFANO CAROFEI

    L'Immaculée Conception, la réponse de Pie IX aux idoles de la modernité

    Le dogme proclamé en 1854 rappelle au monde que l'origine de tous les maux sociaux et politiques est le péché, dont seule Marie est immunisée. Une analyse approfondie de La Bussola Mensile de décembre.

    7_12_2024

    Nous publions de larges extraits de l'article L'Immacolata, la réponse de Pie IX à la modernité « sans tache » de Stefano Fontana dans le numéro de décembre de La Bussola Mensile. (Pour connaître et s'abonner à notre revue de formation apologétique : labussolamensile.it)

    Le 8 décembre est une grande solennité pour l'Église. Il célèbre l'immaculée conception de Marie la Très Sainte ; dans l'absence de péché de la Mère de Dieu, la Providence nous montre avec réalisme l'humanité rachetée. La proclamation du dogme de l'Immaculée Conception a été faite par Pie IX le 8 décembre 1854 par la bulle Ineffabilis Deus qui affirmait : « Nous déclarons, prononçons et définissons la doctrine révélée par Dieu, selon laquelle la Bienheureuse Vierge Marie, dès le premier instant de sa conception, par une grâce et un privilège singuliers de Dieu et en raison des mérites de Jésus-Christ Sauveur du genre humain, a été préservée de toute tache du péché originel, ce qui doit donc être l'objet d'une foi certaine et immuable de la part de tous les fidèles. (...)

    La proclamation du dogme de l'Immaculée Conception de la Bienheureuse Vierge Marie a certes une importance considérable du point de vue de la foi catholique et une signification profondément religieuse, mais elle doit également être considérée du point de vue de ses effets sociaux et politiques. La Doctrine sociale de l'Église, qui a précisément reçu sa formulation moderne et a été relancée au cours de ces décennies, a un caractère véritablement « marial ». L'Ineffabilis Deus est aussi une réponse aux idéologies perverses de la modernité, une réponse comme seule l'Église sait et peut le faire, c'est-à-dire de manière dogmatique. En effet, dans l'histoire du mouvement catholique, le 8 décembre a été l'occasion pour les membres de l'Action catholique de prononcer solennellement devant l'autel leur serment d'engagement catholique dans la société et la politique.

    Si l'on se reporte à l'année 1854 et que l'on essaie de reconstituer les menaces qui pesaient alors sur la société humaine et sur l'Église, on peut comprendre cette signification particulière du dogme de l'Immaculée Conception. Comme Rousseau avait décrété que l'homme naît bon et libre et que c'est la société qui le pervertit et l'enchaîne, le péché fut effacé de toute considération politique et le salut de l'humanité fut confié à des réformes ou à des révolutions. La philosophie politique moderne, qui aboutira plus tard à la Révolution française et aux soulèvements révolutionnaires du XIXe siècle, abolit le péché originel et l'idée même de péché, et ne considère plus qu'il faille le Fils de Dieu incarné, mort et ressuscité pour obtenir le salut.

    En cette année 1854, les révoltes de 1848 venaient d'avoir lieu, Marx avait publié le Manifeste du Parti communiste, proposant un salut terrestre apporté par la classe prolétarienne, nouveau sauveur de l'humanité, Ernest Renan avait écrit L'Avenir de la science, c'est-à-dire le manifeste de la libération de tous les maux grâce au développement scientifique, Auguste Comte, qui mourra quelques années plus tard en 1857, avait préfiguré un progrès historique qui déboucherait sur une nouvelle religion de l'humanité fondée sur la connaissance scientifique qui éliminerait toutes les illusions religieuses et philosophiques antérieures parce que les hommes s'en tiendraient enfin aux seuls faits, l'anarchisme de Bakounine prêchait l'élimination de toute autorité familiale, politique ou religieuse. Toutes ces idéologies qui ont donné naissance à des mouvements historiques se sont efforcées d'éliminer Dieu de la place publique. (...)

    L'Église a réagi à de nombreux niveaux à une attaque aussi articulée et profonde. Mais le principal de ces plans reste celui du dogme. Face à un monde qui péchait par orgueil en croyant se sauver tout en se condamnant à une atroce perdition, l'Église a proclamé l'Immaculée Conception, rappelant que l'origine de tous les maux sociaux et politiques était le péché, que l'injustice sociale n'était pas la cause première des difficultés pas plus que la révolution politique n'était la solution, que les autorités devaient leur légitimité à Dieu et, face à l'abjuration de la société contemporaine, elle a proposé des solutions divines plutôt qu'humaines. En Marie Très Sainte, Dieu avait proclamé sa propre grandeur providentielle, avait désigné le péché comme l'origine de tout mal, avait déclaré que sans la religion catholique et sans l'Église, la communauté humaine ne pouvait que se condamner elle-même. La renaissance de la Doctrine Sociale de l'Eglise avec Léon XIII est la fille de la proclamation par Pie IX du dogme de l'Immaculée Conception. (...)

    Réaffirmant dogmatiquement l'inconciliabilité entre Dieu et le péché du monde, Pie IX a réitéré que le but principal du monde et de l'histoire n'est pas la célébration du progrès humain mais la gloire de Dieu. Cet enseignement est encore très pertinent aujourd'hui, alors que nous assistons à une sécularisation progressive de la doctrine sociale de l'Église. Pour prouver que tel était le message contenu dans le dogme proclamé en 1854, je rappelle que la proclamation de l'Immaculée Conception doit être historiquement liée à l'encyclique Quanta cura et au Sillabo, ainsi qu'à l'ouverture du premier Concile du Vatican. Tous les événements rappelés ont eu lieu le 8 décembre : en 1854 la proclamation du dogme, en 1864 la Quanta cura et le Sillabo, et en 1870 le Concile. Ensemble, ils expriment la réponse de Pie IX au péché moderne.

    La proclamation d'un dogme a toujours des effets énormes, non seulement spirituels mais aussi historiques, sociaux et politiques. (...) On pense souvent que l'Eglise participe à l'histoire par son activisme social ou ses improvisations pastorales, alors qu'elle a façonné la civilisation par ses dogmes, définis dans ses conciles œcuméniques et ses définitions magistérielles. A titre d'exemple, rappelons la condamnation de l'arianisme et la définition de la nature humaine et divine du Christ contre le gnosticisme. Par ce combat dogmatique, l'Église a préservé l'humanité des catastrophes du catharisme, non seulement au Moyen Âge mais de tout temps, à savoir le rejet du mariage et de la procréation : si le catharisme l'avait emporté, l'humanité aurait disparu. Aujourd'hui, l'idéologie du genre est toujours l'enfant du catharisme gnostique, pour lequel le corps est un outil, et l'homosexualisme célèbre une sexualité stérile, selon ces mêmes préceptes. On est très frappé par le fait qu'aujourd'hui l'Eglise, face aux nouveaux problèmes de l'humanité, pense à créer des commissions et à organiser des conférences, ou commence à planifier de nouveaux plans pastoraux, alors qu'autrefois elle proclamait des dogmes. (...)

  • « Foi et raison, reprenons la leçon de saint Jean-Paul II ».

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    D'Antonio Tarallo sur la NBQ :

    « Foi et raison, reprenons la leçon de saint Jean-Paul II ».

    « Jean-Paul II soutenait que la raison sans la foi risque de tomber dans le nihilisme. Tandis que la foi sans la raison peut glisser vers le fanatisme ». La Bussola s'entretient avec le professeur Mariusz Kuciński, directeur du Centre d'études Ratzinger. La recherche de la vérité. Et le nœud IA.

    3_12_2024

    Du 26 au 29 novembre, les Journées de saint Jean-Paul II se sont tenues à Rome, organisées conjointement par la Fondation Jean-Paul II, l'Université pontificale de Cracovie et l'église et l'hospice Saint-Stanislas dans la Ville éternelle, sous le patronage du Dicastère du Saint-Siège pour la culture et l'éducation. Il s'agissait d'un moment de réflexion précieux et très actuel sur la pensée théologique du pontife polonais. L'événement s'est inspiré des Journées Jean-Paul II à Cracovie, où des conférences consacrées au magistère du pape Wojtyła sont organisées chaque année depuis près de vingt ans.

    Le thème de cette première édition « italienne » était : Foi et raison dans la pensée de saint Jean-Paul II. Quatre jours intenses de débats et de symposiums ont vu la participation de plusieurs universités pontificales telles que la Grégorienne, l'Angelicum (St. Thomas d'Aquin) et la Sainte-Croix. Parmi les intervenants figurait le professeur Don Mariusz Kuciński, directeur du Centre d'études Ratzinger et membre de l'Académie de Cuivie-Poméranie à Bydgoszcz. La Nouvelle Boussole l'a interviewé.

    Professeur Kuciński, quel était le sens de la foi pour Saint Jean-Paul II ?

    Saint Jean-Paul II considérait la foi comme le cœur battant de la vie humaine, non seulement comme un acte individuel de confiance en Dieu, mais aussi comme le fondement même de l'être humain. Dans son encyclique Fides et ratio, il souligne que la foi et la raison sont « les deux ailes avec lesquelles l'esprit humain s'élève à la contemplation de la vérité ». Cela montre à quel point la foi est profondément liée à la recherche humaine de la vérité. La foi est donc essentielle à l'épanouissement de l'homme.

    Et si l'on parle de foi, on ne peut pas ne pas parler de théologie.

    Oui, certainement. Pour Jean-Paul II, la théologie était étroitement liée à la pastorale et à l'évangélisation. Il voyait la théologie comme un instrument pour répondre aux questions profondes de l'homme contemporain. En lui, nous trouvons une théologie qui se devait d'être proche des gens. D'ailleurs, Jean-Paul II apportait le message théologique directement aux gens : on peut donc parler d'une théologie en action.

    Le rôle de la culture était très important pour le pape Wojtyła. Pourquoi joue-t-elle un rôle aussi fondamental dans le dialogue entre la foi et la raison ?

    La culture a été très importante dans le pontificat de Wojtyła : c'est en elle, selon Jean-Paul II, que l'homme peut exprimer son humanité et chercher le sens de la vie. Dans son magistère, nous avons la possibilité de comprendre comment la foi chrétienne peut enrichir chaque culture, et en même temps s'enrichir de la diversité culturelle. Jean-Paul II, dans Fides et ratio, un document magnifique et très actuel, a affirmé que la raison sans la foi risque de tomber dans le nihilisme. Tandis que la foi sans la raison peut glisser vers le fanatisme. Pour lui, la philosophie et la théologie doivent dialoguer pour répondre aux questions humaines fondamentales. En outre, il a abordé des questions morales complexes, telles que la bioéthique, la famille et la sexualité, en plaçant toujours la dignité de la personne au centre.

    Qu'est-ce que Jean-Paul II a donné à l'Église de tous les temps, au monde ?

    Jean-Paul II a offert au monde une vision profonde et multiforme de la relation entre la foi, la théologie et la culture. Il a beaucoup insisté sur la nécessité d'un dialogue sincère entre l'Église et le monde contemporain, afin de répondre aux défis de la modernité. Point central : la dignité humaine. Dans son magistère, nous trouvons un équilibre parfait entre la foi et la raison, entre la tradition et l'ouverture au dialogue, entre l'identité chrétienne et le respect des autres cultures et religions. Nous devons considérer tout cela comme une source d'inspiration pour les croyants et pour tous ceux qui cherchent des réponses aux grandes questions de l'existence humaine. 

    Nous vivons aujourd'hui une époque où divers aspects de la société semblent nier la vérité. Et nous savons combien Jean-Paul II a pris cette question à cœur. Comment l'encyclique Fides et ratio peut-elle nous aider dans ce moment historique ?

    Nous vivons une époque où la société nie la vérité. Je pense en particulier au milieu universitaire. On dit : la vérité, même si elle est là, nous ne pouvons pas la connaître en tant qu'hommes, et donc il ne sert à rien de la chercher. Je parlerais d'une certaine méfiance : « ça ne m'intéresse pas », dit-on aujourd'hui.  En ce moment de l'histoire, il semble vraiment que la science n'aide pas à la chercher : ces milieux ne veulent pas la chercher ! L'encyclique nous aide à voir que c'est Dieu qui fonde la dignité humaine, et pour cela nous avons besoin des deux ailes qui sont soulignées dans le document papal : la foi et la raison.

    Dans le contexte actuel, un certain débat sur l'intelligence artificielle (IA) est désormais répandu dans la société et dans l'Église. Fides et ratio peut-elle nous aider à comprendre les potentialités et les risques de l'IA elle-même ?

    Évidemment, l'encyclique n'a pas parlé de l'IA, mais elle parvient à nous donner une aide précieuse pour évoluer dans ce monde moderne qui apporte ces différentes possibilités de développement humain. Il existe un document sur les nouvelles technologies écrit par Jean-Paul II quelques mois avant sa mort, la lettre apostolique Le développement rapide (2005) : dans ce document, le pontife nous dit que les nouveaux médias sont des dons de Dieu. C'est vrai : ce sont des dons de Dieu. Le Seigneur nous donne la possibilité de vivre avec l'IA de différentes manières et cela peut, en principe, nous aider à mieux vivre. Mais pour pouvoir utiliser au mieux l'IA, il est important de connaître sa nature : nous devons apprendre à connaître ce don de Dieu que nous ne connaissons pas encore bien. Et il est nécessaire d'apprendre à utiliser l'IA de manière à ce qu'elle soit source de développement et non de destruction ou de préjudice, car elle pourrait en même temps comporter d'énormes risques. Fides et ratio nous donne la dignité humaine comme fondement : un moyen de développement technologique qui ne la reconnaît pas ne peut être que contre l'homme. Si nous avons une vision de l'homme comme un robot, alors nous enlevons la dignité humaine. Tout moyen qui enlève ou nie la nature humaine est un moyen qui va contre l'homme. Jean-Paul II nous a appris à toujours mettre l'homme au centre : il suffit donc d'être attentif aux développements de ce grand phénomène qu'est l'intelligence artificielle. L'Église peut et doit indiquer sa direction dans ce domaine. Et la direction est celle que Jean-Paul II nous a indiquée dans son Magistère pétrinien. L'œuvre de Jean-Paul II représente un trésor de sagesse et d'humanité, une invitation à ne pas craindre les défis du présent, mais à les affronter avec confiance, sachant que la foi éclaire la raison et que la culture enrichit l'expérience humaine de la recherche de Dieu.

  • Ce Jésus que l’homme d’aujourd’hui a perdu. Un entretien inédit de Joseph Ratzinger

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    De Sandro Magister sur Settimo Cielo (en français sur diakonos.be) :

    Ce Jésus que l’homme d’aujourd’hui a perdu. Un entretien inédit de Joseph Ratzinger

    (s.m.) Depuis quelques jours, le troisième tome du XIIIe volume de l’Opera Omnia de Joseph Ratzinger est disponible en librairie dans sa version italienne, sous le titre : « In dialogo con il proprio tempo ».

    Ce volume de plus de 500 pages rassemble 39 entretiens accordés par Ratzinger (sur la photo en compagnie du philosophe Jürgen Habermas) entre 1968 et 2004, dont un bon nombre n’ont jamais été publiées en une autre langue que l’allemand.

    Avec l’autorisation de la Librairie éditrice vaticane, nous publions ici pour la première fois l’un de ces entretiens en italien, en français et en anglais.

    Cet entretien dans son intégralité occupe vingt pages de l’ouvrage. Nous n’en reproduisons ici que les passages abordant trois questions essentielles : les raisons de la crise de la foi à notre époque, le conflit entre le Jésus des Évangiles et le Jésus « historique » et la mauvaise compréhension de la véritable réalité du sacrement de l’Eucharistie qu’est la messe.

    Il est intéressant de noter qu’à la fin de cet entretien, qui date de l’automne 2003, un an et demi avant son élection comme pape, Ratzinger annonce qu’il a commencé à rédiger un livre sur Jésus, et qu’il prévoit de devoir y travailler « pendant trois ou quatre ans ».

    Une annonce qui sera confirmée par les faits. Le premier volume de sa trilogie sur « Jésus de Nazareth » sortira en librairie en avril 2007, sous la double signature de Joseph Ratzinger et de Benoît XVI, et une préface s’achevant par ces lignes :

    « J’ai pu commencer à y travailler pendant les vacances d’été de 2003. En août 2004, j’ai ensuite donné leur forme définitive aux chapitres 1 à 4 […] et j’ai maintenant décidé de publier en première partie du livre les dix premiers chapitres, qui vont du baptême dans le Jourdain jusqu’à la profession de foi de Pierre et à la Transfiguration ».

    Vous trouverez ci-dessous une présentation de ce premier volume, avec la synthèse de chaque chapitre et deux extraits sur les tentations de Jésus au désert et sur l’origine de l’Évangile de Jean :

    > Et il apparut au milieu d’eux: “Jésus de Nazareth” en librairie (16.4.2007)

    Et voici la préface de Ratzinger à ce même volume :

    > La prochaine bataille pour et contre Jésus sera engagée à coup de livres (15.1.2007)

    Pour en revenir au volume à présent publié de l’Opera Omnia de Ratzinger, voici un extrait de l’interview qu’il a accordée à Guido Horst pour « Die Tagespost », à l’automne 2003.

    *

    « Le véritable Jésus reste le Jésus que nous offrent les Évangiles »

    de Joseph Ratzinger

    Q. – Il est toujours de « bon ton », entre catholiques soucieux de la tradition, de parler d’une crise de la foi dans l’Église. Mais n’en a‑t-il pas toujours été ainsi ?

    R. — Tout d’abord, je voudrais vous donner raison. La foi du croyant individuel a toujours connu ses difficultés et ses problèmes, ses limites et sa mesure. Nous ne pouvons pas en juger. Mais dans la situation spirituelle de base, pour ainsi dire, quelque chose de différent s’est produit. Jusqu’aux Lumières, et même ensuite, il n’y avait aucun doute sur le fait que le monde était empreint de Dieu, il était en quelque sorte évident que derrière ce monde il y avait une intelligence supérieure, que le monde, avec tout ce qu’il contient – la création avec sa richesse, sa raison et sa beauté – était le reflet d’un Esprit créateur. Et il y avait aussi, par-delà toutes les divisions, l’évidence fondamentale que, dans la Bible, c’est Dieu lui-même qui nous parle, qu’il nous a révélé son visage, que Dieu vient à notre rencontre dans le Christ. Alors qu’à l’époque, il y avait, disons, un présupposé collectif d’adhérer d’une manière ou d’une autre à la foi – toujours avec toutes les limites et faiblesses humaines – et qu’il fallait réellement un acte de rébellion intentionnelle pour s’y opposer ; après les Lumières, tout a changé : aujourd’hui, l’image du monde est exactement inversée.

    Tout est, semble-t-il, expliqué sur un plan matériel ; l’hypothèse de Dieu, comme le disait déjà Laplace, n’est plus nécessaire, tout s’explique à travers des facteurs matériels. L’évolution est devenue, pour ainsi dire, la nouvelle divinité. Il n’y a aucun passage qui semble nécessiter un Créateur. Au contraire, son introduction semble contredire la certitude scientifique, et c’est donc quelque chose d’indéfendable. De la même manière, la Bible nous a été arrachée des mains, et on nous a expliqué qu’il fallait la considérer comme un produit dont l’origine pouvait être expliquée historiquement, reflétant des situations historiques et qu’elle ne nous disait pas du tout ce que nous pensions pouvoir en tirer, qu’au contraire il s’agissait de tout autre chose.

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  • Pour en revenir à la question "tradi"

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    L'éditorial de Christophe Geffroy, numéro 375 de La Nef (décembre 2024) :

    Retour sur la question « tradi »

    Le cardinal Ratzinger, défenseur de « l’herméneutique de la réforme dans la continuité » (en 1992) © Domaine public

    ÉDITORIAL

    Christophe Geffroy revient ici sur deux points très sensibles dans un certain monde « tradi » : la réception du concile Vatican II et la réforme liturgique qui en est issue. Dans les débats qui ont cours et les légitimes discours critiques, tout l’enjeu est d’envisager le magistère sans rupture fondamentale. Quels garde-fous et quel état d’esprit devons-nous faire nôtres dans ces débats ?

    (...)

    Deux points fondamentaux

    La question « traditionaliste » tourne autour de deux points fondamentaux : celle du concile Vatican II et du magistère qui a suivi ; et celle de la réforme liturgique menée par Paul VI. Le concile marque-t-il une rupture dans l’enseignement traditionnel de l’Église, notamment sur la liberté religieuse ou l’œcuménisme ? Et la messe dite de Paul VI est-elle « déficiente » au point d’être un danger pour la foi ? Au point donc de ne pouvoir être célébrée par les prêtres et fréquentée sans dommages par les fidèles ? On sait que pour la Fraternité Saint-Pie X (FSPX), la réponse à ces deux questions est claire et nette : il y a une rupture doctrinale qui se produit avec le concile, lequel est ainsi rejeté ; et la messe réformée, qualifiée par Mgr Lefebvre de « messe de Luther », est jugée quasiment hérétique, « incélébrable », si bien que les fidèles sont appelés à rester chez eux le dimanche s’ils n’ont à disposition que cette liturgie réformée.

    Historiquement, Mgr Lefebvre ne s’est pas contenté de maintenir l’ancienne messe, il est parti en guerre contre le concile Vatican II et la réforme liturgique, c’est cela qui a braqué le pape Paul VI contre lui. Mgr Lefebvre a souvent soufflé le chaud et le froid, le « froid » atteignant parfois une violence inouïe. À maintes reprises, Paul VI a demandé à Mgr Lefebvre de rétracter sa sulfureuse déclaration du 21 novembre 1974 où il disait notamment : « Nous refusons… et avons toujours refusé de suivre la Rome de tendance néo-moderniste et néo-protestante qui s’est manifestée clairement dans le concile Vatican II et après le concile dans toutes les réformes qui en sont issues. » Et à propos de la réforme liturgique : « Cette Réforme étant issue du libéralisme, du modernisme, est tout entière empoisonnée ; elle sort de l’hérésie et aboutit à l’hérésie, même si tous ses actes ne sont pas formellement hérétiques. Il est donc impossible à tout catholique conscient et fidèle d’adopter cette Réforme et de s’y soumettre de quelque manière que ce soit. » Mgr Lefebvre a toujours refusé de retirer ses propos et ses successeurs, encore aujourd’hui, se réclament de cette déclaration.

    Le débat dans l’Église

    En Église, cette position ne relève pas d’un débat : le refus global d’un concile œcuménique, du magistère ordinaire universel depuis plus d’un demi-siècle et d’une réforme liturgique qui serait un poison donné aux fidèles est ecclésialement injustifiable et intenable, une telle attitude ne peut que jeter un doute sur l’indéfectibilité de l’Église (cf. Mt 16, 18). Cela ne signifie pas, toutefois, qu’il est interdit d’exprimer sa perplexité ou des critiques, l’Église n’est pas une caserne et n’impose pas une obéissance aveugle. Concrètement, l’obéissance à l’Église n’exclut pas un discernement éclairé sur la cohérence du magistère avec ses enseignements constants antérieurs. Mais le questionnement adressé à l’autorité n’est pas de même nature que celui qui régit les débats dans la sphère profane ou politique (1). Son esprit est censé être animé de bienveillance à l’égard du magistère, d’obéissance a priori acquise à l’autorité légitime, et finalement de confiance surnaturelle en l’Église qui est notre Mère, par-delà les incompréhensions parfois suscitées par certain personnel ecclésiastique du moment.

    Revenons au concile et à la messe. Les communautés traditionalistes en pleine communion avec Rome forment un monde qui est loin d’être uniforme ; néanmoins leur conception sur ces sujets n’est pas celle, extrême, de la FSPX. Elles reçoivent Vatican II avec plus ou moins d’enthousiasme et acceptent, soit de célébrer la messe actuelle, soit d’y communier lors de la messe chrismale. Sur la liberté religieuse, par exemple, le Barroux et la Fraternité Saint-Vincent-Ferrier ont mené des études poussées montrant la continuité du magistère. Seule, me semble-t-il, une minorité dans ce monde « tradi » tient encore une ligne proche de la FSPX en refusant le concile et la messe.

    Assurément, l’une des difficultés aujourd’hui est l’absence de culture du débat sur les questions doctrinales ouvertes : prétendre imposer de force l’acceptation du concile et de la messe réformée sans entendre les objections n’est pas la bonne méthode. Mais force est de constater que des réponses argumentées ont été apportées aux critiques des traditionalistes, aussi bien par des théologiens privés, comme on l’a vu à propos de la liberté religieuse, que par le magistère (sur le subsistit in de Lumen gentium, par exemple, ou l’œcuménisme et le dialogue interreligieux avec Dominus Jesus, sans parler du Catéchisme de l’Église catholique). Et des colloques théologiques ont été organisés par Rome entre des théologiens mandatés par l’Église et ceux de la FSPX. Le débat doctrinal existe donc bel et bien, mais il n’a rien résolu à ce jour, car l’enjeu est davantage une nécessaire conversion des cœurs, de part et d’autre, que l’acceptation d’une démonstration théologique.

    Continuité ou rupture ?

    La question n’est pas de faire ou non des « concessions doctrinales » à propos des réformes de Vatican II. La question est de savoir si l’Église est crédible et propose ainsi un magistère cohérent et sans rupture dans la durée sur ce qui relève de la foi et des mœurs, les autres aspects pouvant dépendre d’une contingence historique qui admet des discontinuités. La question posée par Benoît XVI de « l’herméneutique de la réforme dans la continuité » n’est pas anecdotique, elle est au cœur de toute la problématique actuelle. Car si l’on juge qu’il y a une rupture – pour le déplorer comme certains traditionalistes (qui estiment le magistère infidèle à la Tradition), ou pour s’en réjouir comme certains progressistes (qui abhorrent le passé forcément obscurantiste) –, il faut alors admettre que l’Église s’est trompée sur des points essentiels, soit hier, soit aujourd’hui. La seule ligne ecclésiale conforme à l’essence de l’Église est de ne voir aucune rupture magistérielle, tout en reconnaissant de réelles nouveautés s’inscrivant dans un développement doctrinal homogène, ainsi que saint John Henry Newman l’a explicité, les ruptures ne concernant alors que des points contingents de la doctrine. Cela laisse la porte ouverte à un questionnement sur tel ou tel aspect du concile, non à son rejet.

    Il en va de même pour la réforme liturgique, comme Benoît XVI l’avait affirmé dans sa magnifique lettre accompagnant le motu proprio Summorum Pontificum. Pour suivre ce pape, la défense – légitime – de la messe de saint Pie V doit être décorrélée du refus – illégitime – de la messe de Paul VI (et bien sûr du concile). Autrement dit, la défense de l’ancien Ordo ne doit pas signifier le rejet du nouvel Ordo et donc le refus de principe de le célébrer. Ces deux messes nous sont données par l’Église : il est compréhensible d’en préférer une, non d’écarter l’autre comme étant mauvaise.
    La nécessaire réconciliation liturgique est à ce prix.

    Christophe Geffroy

    (1) Cf. Congrégation pour la Doctrine de la foi, Donum Veritatis « Sur la vocation ecclésiale du théologien », le 25 mai 1990.

  • La thèse du pape illégitime, une fausse solution à la crise

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    De Mgr Athanase Schneider sur la NBQ :

    La thèse du pape illégitime, une fausse solution à la crise

    Les théories sur l'invalidité présumée de François proposent un faux diagnostic des maux de l'Église et un remède encore pire. Si elles étaient vraies, on aboutirait à une impasse avec de graves conséquences pour le salut des âmes, comme l'explique Mgr. Athanase Schneider dans cet écrit envoyé à La Bussola .

    28_11_2024

    Concernant la récente controverse sur la prétendue invalidité de la démission de Benoît XVI et de l'élection de François, nous publions une intervention, écrite pour La Bussola par Mgr. Athanasius Schneider, évêque auxiliaire de la Très Sainte Marie à Astana (Kazakhstan).

    ***

    Le principe directeur le plus sûr dans cette question cruciale pour la vie de l'Église devrait être la pratique dominante avec laquelle les cas de renonciation ou respectivement d'élection pontificale présumée invalide ont été résolus. En cela, le sensus perennis ecclesiae s'est manifesté.
    Le principe de légalité appliqué ad litteram ou de positivisme juridique n'était pas considéré comme un principe absolu dans la grande pratique de l'Église, puisque dans le cas de la législation sur l'élection papale, il s'agissait d'une question de droit humain et non divin.

    La loi humaine qui régularise l'accession à la charge papale ou la démission de la charge papale doit être subordonnée au plus grand bien de toute l'Église, qui dans ce cas est l'existence réelle du chef visible de l'Église et la certitude de cette existence pour le corps tout entier de l'Église, clergé et fidèles, puisque cette existence visible du chef et sa certitude sont exigées par la nature même de l'Église. L'Église universelle ne peut exister longtemps sans chef visible, sans successeur de Pierre, puisque de lui dépend l'activité vitale de l'Église universelle, comme par exemple la nomination des évêques et des cardinaux diocésains, nominations qui nécessitent l'existence d'un pape valide. Le bien spirituel des fidèles dépend à son tour d'une nomination valide d'un évêque, car dans le cas d'une nomination épiscopale invalide (dûe à un pape prétendument invalide), les prêtres manqueraient de juridiction pastorale (confession, mariage). De là dépendent aussi les dispenses que seul le Pontife Romain peut accorder, ainsi que les indulgences : tout cela pour le bien spirituel et le salut éternel des âmes.

    L'acceptation de la possibilité d'une période prolongée de sedisvacantia papalis conduit facilement à l'esprit de sédévacantisme, un phénomène sectaire et quasi-hérétique apparu au cours des soixante dernières années en raison des problèmes liés au Concile Vatican II et aux papes conciliaires et post-conciliaires.

    Le bien spirituel et le salut éternel des fidèles constituent la loi suprême du système régulateur de l’Église. C'est pour cette raison qu'il existe le principe de « supplet ecclesia » ou « sanatio in radice » : c'est-à-dire que l'Église complète ce qui était contraire à la loi, dans le cas des sacrements, par exemple la confession, le mariage, la confirmation ou la charge des intentions des messes.

    Guidé par ce principe véritablement pastoral, l'instinct de l'Église a appliqué le « supplet ecclesia » ou la « sanatio in radice » même en cas de doutes sur une renonciation ou une élection pontificale. Concrètement, la « sanatio in radice » d'une élection papale invalide s'est exprimée dans l'acceptation pacifique et moralement universelle du nouveau Pontife par l'épiscopat et le peuple catholique, du même fait que ce Pontife élu (prétendument invalide) a été nommé dans le Canon de la Messe par pratiquement le tout le clergé catholique.

    L'histoire de l'Église est un enseignement sûr sur cette questionLa plus longue sedisvacantia papalis a duré deux ans et neuf mois (du 29 novembre 1268 au 1er septembre 1271). Il y eut évidemment des élections papales non valables, c'est-à-dire des prises de possession non valables de la fonction papale : par exemple, Grégoire VI devint pape parce qu'il avait acheté la papauté avec une grosse somme d'argent à son prédécesseur Benoît IX en l'an 1045. L'Église romaine l'a toujours considéré comme un pape valide et même Hildebrand de Soana, qui devint plus tard le pape saint Grégoire VII, considérait Grégoire VI comme un pape légitime. Le pape Urbain VI avait été élu sous d'énormes pressions et menaces de la part du peuple romain. Certains cardinaux électeurs craignaient pour leur vie. Telle était l'atmosphère de l'élection d'Urbain VI en 1378. Lors du couronnement du nouveau pape, tous les cardinaux électeurs lui ont rendu hommage et l'ont reconnu comme pape au cours des premiers mois. Cependant, après quelques mois, certains cardinaux, en particulier les Français, commencèrent à douter de la validité de l'élection en raison des circonstances menaçantes et de la pression morale qu'ils devaient subir. C'est pourquoi ces cardinaux élurent un nouveau pape qui prit le nom de Clément VII, un Français qui choisit Avignon comme résidence. C'est ainsi que commença l'une des crises les plus désastreuses de toute l'histoire de l'Église, le Grand Schisme d'Occident, qui dura près de quarante ans, déchirant l'unité de l'Église et portant un grave préjudice au bien spirituel des âmes. L'Église romaine a toujours reconnu Urbain VI comme un pape valide, malgré les facteurs invalidants avérés de son élection.

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  • François : les résolutions du Synode mondial font partie du magistère ordinaire

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    Du Tagespost :

    François : les résolutions du Synode mondial font partie du magistère ordinaire

    Une note d'accompagnement du Pape confirme que les décisions du Synode mondial sont contraignantes au regard du droit canonique.

    25 novembre 2024

    Le document final du Synode mondial fait partie du magistère ordinaire de l'Église catholique : le pape François a confirmé sa force juridique dans une note d'accompagnement publiée lundi par le Vatican.

    Le pape a annoncé dans la lettre : « Le document final fait partie de la charge d'enseignement ordinaire du Successeur de Pierre » et « à ce titre, je vous demande de l'accepter », a cité l'agence de presse catholique (KNA).

    Les Églises sont déjà obligées de prendre des décisions

    Dans cette note, le pape François a clarifié ses propos antérieurs sur les décisions du synode : « Lors de l'adoption du document le 26 octobre, j'ai dit qu'il "n'est pas strictement normatif" et que "son application nécessitera plusieurs médiations". Cela ne veut pas dire que cela n’oblige pas déjà les Églises à prendre des décisions cohérentes avec les informations qu’elles contiennent. »

    Toutes les églises locales et associations d'églises sont désormais tenues de mettre en œuvre les résolutions pertinentes du document final et les processus qui l'accompagnent. Les connexions expliquées et les conditions préalables doivent être prises en compte.

    Pas de fin au processus synodal

    Néanmoins, le Pape a expliqué que ces mesures ne mettent pas fin au processus synodal. Il souhaitait particulièrement être informé de la mise en œuvre des résolutions lors des visites ad limina régulières des évêques locaux à Rome. Chaque évêque doit l'informer "quelles décisions ont été prises dans l'Église locale qui lui a été confiée au sujet des exigences du document final, quelles difficultés sont survenues et quels fruits elles ont porté", a déclaré François. Les autorités du Vatican et le Secrétariat du Synode du Vatican devraient jouer un rôle clé dans cette phase de mise en œuvre.

    Le Synode mondial, qui traitait essentiellement des nouvelles possibilités potentielles de participation de tous les croyants, s'est réuni au premier tour en octobre 2023, puis à nouveau à partir du 2 octobre de cette année. Avant les deux réunions, des assemblées dites continentales ont eu lieu dans toute l' Église catholique . Les délibérations synodales se sont terminées par de nombreuses résolutions destinées à ouvrir la voie à des réformes fondamentales de l'Église. Cela comprenait, entre autres, une décentralisation de l’Église catholique universelle avec une participation accrue de la base ecclésiale, c’est-à-dire des laïcs, aux décisions importantes. DT/jmo

  • La Royauté sociale de Notre Seigneur

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    Le Christ Roi des individus et des sociétés (source)

    Le Christ est roi de droit sur les individus comme sur les sociétés.

    Comme seconde Personne de la Sainte Trinité, le Christ possède en commun avec le Père et le Saint-Esprit l’empire souverain sur le monde.

    Mais c’est au Christ en tant qu’Il est homme qu’est attribué le titre de Christ-Roi car la notion de royauté est une notion liée à la nature humaine.

    C’est ce qui ressort de la vision du prophète Daniel : “Je regardais dans les visions de la nuit, et voici que sur les nuées vint comme un Fils d’homme. Il s’avança jusqu’au vieillard et on l’amena devant lui. Et celui-ci lui donna puissance, gloire et règne, et tous les peuples, nations et langues le servirent, sa domination est une domination éternelle qui ne passera point, et son royaume ne sera jamais détruit” [[Daniel, VII 13-14.]].

    Ainsi que des paroles de l’archange Gabriel à la Sainte Vierge Marie : “Tu vas concevoir et tu enfanteras un fils… Le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son Père. Il régnera à jamais sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin” [[Luc, I 31 et 33]].

    A Pilate qui le questionne à ce sujet, Jésus répondit sans hésitation : “Tu l’as dit, je suis roi”.

    A Saint Jean, il apparaît comme le “prince du roi de la terre” (Apocalypse I, 5) et le “Roi des rois et Seigneur des Seigneurs” (id. XIX, 16).

    Ce pouvoir royal du Christ découle de l’union de sa nature humaine avec sa nature divine à laquelle tout est soumis. Il découle de l’Incarnation.

    Et cette même union fonde également le second titre que le Christ a à être notre roi, à savoir le droit de conquête.

    Par son sacrifice rédempteur, Jésus a délivré les hommes de l’esclavage du démon.

    Le jour des Rameaux, Il avait annoncé : “Le prince de ce monde va être jeté dehors”.

    Ce qui conduit le Pape Pie XI à écrire dans son encyclique sur le Christ-Roi : “Le Christ nous commande non seulement par droit de nature, mais par un droit acquis, le droit de Rédempteur. Que les hommes oublieux se rappellent tous combien nous avons coûté à notre Sauveur : Vous n’avez pas été rachetés au prix de matières périssables comme l’or ou l’argent, mais par le sang précieux du Christ offert comme un agneau sans tache et sans défaut” [[Encyclique “Quas Primas”, I Pi I-18-19.]].

    Une royauté universelle

    Puisque par nature et par conquête le Christ possède la royauté sur le monte entier, c’est sur tous les hommes que s’étend sa royauté.

    “Son empire ne s’étend pas seulement aux nations catholiques ou seulement à ceux qui, purifiés par le saint baptême appartiennent de choix à l’Eglise, (…) il embrasse aussi tout ce qu’il existe d’hommes n’ayant pas la foi chrétienne, de sorte qu’en toute vérité l’universalité du genre humain est soumise à la puissance de Jésus-Christ” [[Léon XIII, encyclique “Annum Sacrum”.]].

    De plus, comme le Christ a dit : “Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre” (Mat XXVIII, 18), il possède le triple pouvoir : exécutif, législatif et judiciaire.

    Du fait que le pouvoir du Verbe incarné est illimité, il ressort également que sa royauté s’exerce non seulement sur l’homme privé ou sur l’homme en tant qu’il possède une dimension religieuse – privée ou publique – mais encore sur l’homme en tant qu’il est animal social dans les domaines familial et politique.

    Aussi “Sa royauté exige que l’Etat tout entier se règle sur les commandements de Dieu et les principes chrétiens aussi bien dans la législation que dans la façon de rendre la justice et que dans la formation de la jeunesse à une doctrine saine et à une bonne discipline des moeurs” [[Pie XI, encyclique “Quas Primas”.]].

    De même, le catéchisme de l’Eglise catholique rappelle l’existence de “la royauté du Christ sur toute la création et en particulier sur les sociétés humaines” (n° 2105).

    Citant Vatican II, ce catéchisme parle du devoir “d’éclairer et d’orienter toutes les réalités temporelles (…) de telle sorte qu’elles se fassent et prospèrent constamment selon le Christ et soient à la louange du Créateur et Rédempteur” (n° 696) et ajoute encore qu'”aucune activité humaine, fût-elle d’ordre temporel, ne peut être soustraite à l’empire de Dieu” (n° 912).

    Enfin, la royauté du Christ est de nature telle qu’elle engendre un devoir de culte public de la part des autorités temporelles.

    “Les gouvernants sont tenus, tout comme les citoyens, de rendre au Christ un culte public et de lui obéir” [[Pie XI, encyclique “Quas Primas”.]].

    D’ailleurs, pour les gouvernants, rendre un culte public à Dieu est déjà une exigence d’ordre naturel.

    En effet, la raison humaine peut découvrir que les sociétés comme les individus sont tributaires de Dieu pour tous les biens dont elles bénéficient. Ce qui implique de leur part un devoir public de louange, de demande, de reconnaissance, voire de réparation, puisque c’est en tant qu’autorités publiques qu’elles dépendent de Dieu pour ses bienfaits.

    C’est la raison pour laquelle nous voyons les gouvernants des sociétés anciennes rendre un culte public à Dieu.

    Et certainement qu’à cette réalité peuvent s’appliquer aussi ces lignes de Léon XIII :

    “Quant à la prétention de faire l’Etat complètement étranger à la religion et pouvant administrer les affaires publiques sans tenir plus compte de Dieu que s’il n’existait pas, c’est une témérité sans exemple, même chez les païens. Ceux-ci portaient si profondément gravées au plus intime de leurs âmes, non seulement une idée vague des dieux, mais la nécessité sociale de la religion, qu’à leur sens il eût été plus aisé à une ville de se tenir debout sans être appuyée au sol que privée de Dieu” [[Encyclique “Humani Generis”.]].

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