De Paul Sugy sur le site du Figaro Vox :
Jean-Pierre Denis: «Le christianisme n'est pas là pour décorer!»

Jean-Pierre Denis est «un catholique libéré»: dans son dernier essai*, il raconte comment il a peu à peu pris conscience que le discours de l'Église perdait parfois de vue l'essentiel. Si la culture chrétienne est selon lui indissociable de la culture française, il appelle toutefois les chrétiens à regarder davantage vers l'avenir que vers le passé. Devenus aujourd'hui minoritaires, affaiblis qui plus est par la terrible crise des abus sexuels dans l'Église, les croyants peinent parfois à trouver leur place dans une société qui paraît n'avoir plus besoin d'eux. Faux, répond le journaliste: si le christianisme s'attache à répondre aux questions les plus essentielles, alors le sens et l'espoir qu'il peut apporter aux hommes de son temps sont plus que jamais nécessaires. Et de joindre le geste à la parole, car dans un texte magnifiquement illustré par les peintures de François-Xavier de Boissoudy, le journaliste se fait aussi poète et propose une belle méditation du chemin de croix (éd. Corlevour, mars 2019).
*Un catholique s'est échappé , éditions du Cerf, 192 p., 18 €.
Jean-Pierre DENIS.- Je me souviens en effet d'un vieux prêtre des Pyrénées qui m'avait dit un jour: «heureusement que les gens meurent encore, ça me permet de les voir!» Cela me semble logique: l'ensevelissement des morts et le culte qui leur est rendu sont la marque l'hominisation et de l'humanisation: l'homme est un animal spirituel qui accompagne vers le grand passage les défunts. La mort pose aujourd'hui encore à tous les hommes une question essentielle et existentielle, car en réalité elle les interroge sur le sens de la vie. Et la seule vraie question qui compte devient alors celle que m'a posée mon père sur son lit de mort: «quel est le chemin?» Le christianisme n'a pas à répondre à grand-chose d'autre! Quel est le chemin? Où est l'amour? Pourquoi la mort? Ce sont des questions toutes simples, mais l'Église touche le cœur des hommes quand elle y répond, bien plus que quand elle fait la morale ou qu'elle parle de politique. Non qu'elle ne doive pas le faire aussi ; mais ce n'est pas là qu'elle atteint le cœur des gens.





