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La basilique Notre-Dame de Bon-Secours, désormais « patrimoine exceptionnel »
Quel est le point commun entre le château de Belœil, la Tour Henri VIII de Tournai, l’orgue de l’église Saint-Martin d’Enghien et la basilique Notre-Dame de Bon-Secours? Ils font tous partie du patrimoine exceptionnel de Wallonie…
Le Gouvernement wallon a arrêté la nouvelle liste des biens classés considérés comme «patrimoine exceptionnel de Wallonie». Cette liste intègre aujourd’hui quatre nouveaux témoins majeurs du XIXe ou du début du XXe siècle, portant ainsi le nombre de biens classés repris sur cette liste à 218.
La Wallonie compte plus de 4.000 monuments, sites et ensemble architecturaux classés. Une partie d’entre eux sont considérés comme éléments majeurs du patrimoine wallon et estampillés «Patrimoine exceptionnel de Wallonie» en raison de leurs qualités patrimoniales mais aussi de leur potentiel en tant moteur de développement culturel et touristique.
Ce statut permet notamment aux propriétaires publics ou privés de monuments classés de bénéficier d’un soutien plus important de la Wallonie pour le financement des travaux de restauration. La subvention peut ainsi se situer entre 55% et 85%, en fonction de différents critères.
Tous les trois ans, la liste reprenant les biens inscrits est actualisée.
Et la basilique Notre-Dame de Bon-Secours (à Péruwelz), œuvre totale de style néogothique et lieu de pèlerinage actif à la frontière franco-belge, est désormais considérée comme «patrimoine exceptionnel de Wallonie».
LE PROCHAIN SYNODE DES ÉVÊQUES EN 2018 SUR LES JEUNES, LA FOI ET LES VOCATIONS Vatican -le 06/10/2016
Le XVe Synode des évêques décidé par le pape François se déroulera en octobre 2018, sur le thème : “Les jeunes, la foi et le discernement des vocations“. L’information a été rendue public le 6 octobre 2016 par le Bureau de presse du Saint-Siège. (source)
En 2018, un Synode sur les jeunes et les vocations
Une nouvelle assemblée synodale se tiendra en octobre 2018 à Rome sur « la jeunesse, la foi et le discernement vocationnel ».
Le pape François a annoncé jeudi 6 octobre la convocation, en octobre 2018, d’une nouvelle assemblée générale du Synode des évêques sur le thème de « la jeunesse, la foi et le discernement vocationnel ».
Ce thème, « expression de la sollicitude pastorale de l’Église pour les jeunes », se situe « en continuité avec les conclusions des dernières assemblées synodales sur la famille et avec le contenu de l’exhortation post-synodale Amoris laetitia », souligne le Saint-Siège dans un communiqué.
La question de l’éducation affective des jeunes avait en effet été souvent abordée lors des deux dernières assemblées du Synode sur la famille.
Les débats du Synode viseront notamment à « accompagner les jeunes dans leur chemin existentiel vers la maturité de sorte que, à travers un processus de discernement, ils puissent découvrir leur projet de vie et le réaliser dans la joie, l’ouverture de la rencontre avec Dieu et avec les hommes, et participer activement à l’édification de l’Église et de la société »
Cette assemblée générale du Synode des évêques sera la 15e réunie depuis la création de cet instrument de collaboration entre le pape et les évêques.
Le communiqué du Saint-Siège signale d’ailleurs que le thème de la rencontre de 2018 a été choisi « après consultation, comme il est d’usage » de l’épiscopat et des supérieurs généraux, ainsi qu’après « avoir écouté les suggestions des Pères de la dernière assemblée synodale ».
Dans "Le Soir", (6/10) p. 8 (via la Revue de Presse de l'archevêché) :
Le réseau libre a son cours de citoyenneté (On finirait par l’oublier, mais l’éducation à la philosophie et à la citoyenneté (EPC) s’applique aussi au libre catholique. Une différence : dans l’officiel, l’EPC fait désormais l’objet d’un cours à part entière. Dans le libre catholique, l’EPC ne fera pas l’objet d’un cours distinct mais se dispersera dans la grille horaire – au primaire dès ce mois d’octobre, au secondaire à la rentrée 2017. Les écoles fondamentales du libre viennent de recevoir leur programme d’EPC. Le Soir a pu le lire. Il a été mis au point par la Fédération de l’enseignement fondamental de l’enseignement catholique (Fédéfoc), organe lié au Secrétariat général de l’enseignement catholique (Segec). Il couvre les années allant des maternelles à la sixième primaire. Il prévoit des activités que l’instituteur logera, librement, dans son horaire. … Bien des enseignants du libre se disent/se diront que le programme d’EPC leur propose des activités qu’ils menaient déjà, au cours de religion ou dans le cadre de la vie quotidienne de la classe (établir les règles d’une vie en commun, les règles à respecter au cours d’un débat, à la cour de récréation, etc.). Anne Wilmot, secrétaire générale adjointe de la Fédéfoc, l’admet volontiers : « Ce que propose le programme, c’est transformer quelque chose d’intuitif – qui se faisait spontanément – en quelque chose d’organisé, de structuré. En tout état de cause, ce sera un enrichissement. »)
Mgr Bonny, évêque d'Anvers, veut un rituel pour les gays et les cohabitants dans un passage significatif du livre "Puis-je ? Merci. Désolé", un dialogue en toute liberté sur les relations, le mariage et la famille publié par Lannoo et qui paraîtra ce 11 octobre. L'évêque d'Anvers s'y exprime, pensant à haute voix, à propos de nouveaux rituels religieux. Bonny a écrit le livre avec Roger Burggraeve et Ilse Van Halst. "la question est de savoir si nous devons tout englober dans un modèle unique", dit Bonny. "Ne devrions-nous pas évoluer vers une diversité de rituels dans lesquels nous pourrions reconnaître les relation entre les homosexuels à partir d'une perspective ecclésiale et croyante ? " De même, l'attitude à l'égard des personnes divorcées engagées dans une nouvelle relation nécessiterait une approche différente. Bonny estime que l'Eglise, dans certains cas, pourrait bénir une seconde relation." De longue date, l'Église orthodoxe pratique la confirmation d'une nouvelle relation pour des raisons de miséricorde, ce qui vous permet en tant que nouveau couple de retrouver une place dans la communauté. Cependant, cette nouvelle bénédiction n'est pas la répétition ou le substitut du premier mariage sacramentel. Lequel fut et reste unique.
(Via la Revue de presse succincte de l'archevêché de Malines-Bruxelles)
"Lode Aerts, (aurait été désigné) évêque plus tôt que prévu (Le choix du pape n’en est pas moins longuement mûri et n’est certainement pas fait par défaut : il nous revient que Lode Aerts figurait bien dans la "terna" - entendez, la liste de trois noms remise à Rome par le nonce apostolique sortant, Mgr Giacinto Berloco. Il semble en fait qu’à l’ombre de la basilique Saint-Pierre, on le gardait encore un peu "en réserve" afin de le nommer comme évêque de… Gand quand Luc Van Looy y aura définitivement tiré sa révérence. C’est que Lode Aerts connaît comme sa poche le diocèse de Gand où il était vicaire épiscopal depuis près d’un quart de siècle, d’abord de Mgr Luysterman puis de Mgr Van Looy. Cela dit, il est évident aussi que le diocèse de Bruges, toujours sous le coup des agissements scandaleux de Roger Vangheluwe, ne fourmillait pas de candidats susceptibles de parachever la remise en ordre entreprise par celui qui préside aujourd’hui à la destinée de l’Eglise belge. Plusieurs candidats potentiels apparaissaient à tort ou à raison proches de l’évêque démis. … L’archevêque Jozef de Kesel a précisé qu’il était "un bon théologien qui communique bien". Il a aussi rendu hommage à ses compétences pastorales qu’il a exercées à bien des niveaux dans l’Eglise et à son expertise dans la gestion d’un diocèse. Mais par dessus tout,"c’est un homme fondamentalement bon qui a un grand cœur et qui est très accessible". Un profil qui ressemble à s’y méprendre à celui que le pape veut pour ses évêques. Plutôt Danneels et De Kesel que Léonard…)"
Et dans "De Tijd", p. 8, le nouvel évêque de Bruges, répondant à la question de savoir s'il appartient au "camp progressiste", affirme ne pas souhaiter renouer avec "l'Eglise d'hier"; il se sent bien dans un "vivre ensemble et une culture moderne et pluraliste"...
"Op de vraag of hij tot het progressieve kamp behoort, antwoordde Aerts: 'Het is juist dat ik me niet wil identificeren met de kerk van vroeger. Ik ben blij dat ik in een moderne, pluralistische samenleving en cultuur leef. Het is ook in zo'n tijd dat je kunt zien wat het geloof precies vermag.' Aerts vindt dat de kerk nog vooruitgang kan boeken door 'de vrouwen meer verantwoordelijkheid te geven in het instituut kerk'. 'Wat betekent samenleven vandaag de dag?', vroeg Aerts zich nog af. 'Samenleven met anderen betekent zeker niet meer uw mening of uw wil opdringen aan de anderen. We hebben geen monopolie op een project voor de samenleving. Wat het dan wel betekent? Met een open blik naar de wereld kijken en anderen een teken geven dat open, vrij en uitnodigend is. Dat heb ik geleerd door veel met jongeren te werken.')
Après le succès de Dieu ou rien (Fayard, 2015), le cardinal Robert Sarah publie début octobre un nouveau livre avec Nicolas Diat (1); livre magnifique d’une hauteur spirituelle remarquable qui nous fait entrer dans le cœur du mystère de Dieu : le silence, nécessaire pour toute rencontre avec le Seigneur, dans la vie intérieure comme dans la liturgie. Rencontre avec un homme habité par Dieu. Extrait de l’interview du cardinal par Christophe Geffroy, rédacteur en chef du mensuel « La Nef », à propos du silence intérieur qui doit habiter tout acte liturgique :
« (…) Vous évoquez « la réforme de la réforme » que vous appelez de vos vœux (n°257) : en quoi devrait-elle consister principalement ? Et concernerait-elle les deux formes du rite romain ou seulement la forme ordinaire ?
La liturgie doit toujours se réformer pour être plus fidèle à son essence mystique. Ce que l'on appelle « réforme de la réforme », et que nous devrions peut-être appeler « enrichissement mutuel des rites », pour reprendre une expression du magistère de Benoît XVI, est une nécessité spirituelle. Elle concerne donc les deux formes du rite romain.
Je refuse que nous occupions notre temps en opposant une liturgie à une autre, ou le rite de saint Pie V à celui du Bienheureux Paul VI. Il s'agit d'entrer dans le grand silence de la liturgie ; il faut savoir se laisser enrichir par toutes les formes liturgiques, latines ou orientales. Pourquoi la forme extraordinaire ne s'ouvrirait-elle pas à ce que la réforme liturgique issue de Vatican II a produit de meilleur ? Pourquoi la forme ordinaire ne pourrait-elle retrouver les anciennes prières de l'offertoire, les prières au bas de l'autel, ou un peu de silence pendant certaines parties du Canon ?
Sans un esprit contemplatif, la liturgie demeurera une occasion de déchirements haineux et d'affrontements idéologiques, d’humiliations publiques des faibles par ceux qui prétendent détenir une autorité, alors qu’elle devrait être le lieu de notre unité et de notre communion dans le Seigneur. Pourquoi nous affronter et nous détester ? Au contraire, la liturgie devrait nous faire parvenir tous ensemble à l’unité dans la foi et la vraie connaissance du Fils de Dieu, à l’état de l’Homme parfait, à la plénitude de la stature du Christ… Ainsi, en vivant dans la vérité de l’amour, nous grandirons dans le Christ pour nous élever en tout jusqu’à Lui, qui est la Tête (cf. Ep 4, 13-15).
Dans le contexte liturgique actuel du monde latin, comment peut-on surmonter la méfiance qui demeure entre certains adeptes des deux formes liturgiques du même rite romain qui refusent de célébrer l’autre forme et la considère parfois avec un certain mépris ?
Abîmer la liturgie, c'est abîmer notre rapport à Dieu et l'expression de notre foi chrétienne. Le Cardinal Charles Journe t affirmait : « La liturgie et la catéchèse sont les deux mâchoires de la tenaille par laquelle le démon veut arracher la foi au peuple chrétien et s'emparer de l’Église pour la broyer, l'anéantir et la détruire définitivement. Aujourd'hui encore, le grand dragon est aux aguets devant la femme, l’Église, prêt à dévorer l'enfant. » Oui, le diable veut nous opposer les uns aux autres au cœur même du sacrement de l'unité et de la communion fraternelle. Il est temps que cessent le mépris, la méfiance et la suspicion. Il est temps de retrouver un cœur catholique. Il est temps de retrouver ensemble la beauté de la liturgie, comme nous le recommande le Saint-Père François, car, dit-il, « la beauté de la liturgie reflète la présence de la gloire de notre Dieu resplendissant en son peuple vivant et consolé » (Homélie de la Messe chrismale du 28 mars 2013).
(1) Cardinal Robert Sarah, avec Nicolas Diat, La force du silence.& 8200;Contre la dictature du bruit, Fayard, 2016 (à paraître le 3 octobre), 378 pages, 21,90 €
Et pratiquement ? Sous le règne de Benoît XVI, il s’est passé quelque chose d’inachevé. Mais depuis ? C’est le pape émérite lui-même, Joseph Ratzinger, qui répond, dans ses "Dernières conversations" (Fayard 2016) avec Peter Seewald : "Institutionnellement et juridiquement on ne peut pas faire énormément de choses. Il faut plutôt développer une vision, que les gens découvrent de l’intérieur ce qu’est la liturgie, ce qu’elle signifie réellement. C’est bien pour cela que j’ai aussi écrit des livres. Malheureusement, certains groupes de prétendus spécialistes restent crispés sur leurs positions : en considérant que leurs théories ont une valeur absolue, ils passent à côté de l’essentiel. Il faut que la liturgie de l’Eglise soit accomplie et célébrée de l’intérieur. Mais c’est une chose qui ne se commande pas."
Le pape nomme le chanoine Lode Aerts comme nouvel évêque de Bruges
Le pape François a nommé le chanoine Lode Aerts comme nouvel évêque de Bruges, a indiqué mercredi Mgr Jozef De Kesel, primat de Belgique lors d'une conférence de presse dans les locaux de la conférence épiscopale à Bruxelles. Le siège brugeois était vacant depuis la nomination de Mgr De Kesel à la tête de l'archevêché de Malines-Bruxelles en novembre 2015.
Le nouvel évêque, âgé de 57 ans, a été ordonné prêtre le 7 juillet 1984 et est titulaire d'un doctorat en sciences bibliques de l'Université pontificale grégorienne.
Mgr Lode Aerts a été successivement professeur de philosophie au séminaire de Gand (1988-1992), professeur en théologie dogmatique et directeur spirituel du séminaire de Gand (1992-2002), vicaire épiscopal pour la pastorale des jeunes (1992-2002) puis vicaire épiscopal pour les vocations ecclésiales et la formation (2002-2016).
Depuis 2002, il est également chanoine titulaire de la cathédrale Saint-Bavon de Gand et doyen de Gent-Stad depuis août 2016.
Le père Louis-Marie de Blignières, fondateur de la Fraternité Saint-Vincent-Ferrier, a réalisé de son côté une étude critique sur le chapitre 8 de l’Exhortation apostolique Amoris Laetitia.
Bérénice Levet : «Le système scolaire tout entier est imprégné des fondements de la théorie du genre
FIGAROVOX/ENTRETIEN - Le pape François a dénoncé la présence de la théorie du genre dans les manuels scolaires, ce qui a provoqué la «colère» de Najat Vallaud-Belkacem. Pour la philosophe Bérénice Levet, cette idéologie est bien présente à l'école.
Bérénice Levet est docteur en philosophie et professeur de philosophie au Centre Sèvres. Son dernier livre La théorie du genre ou le monde rêvé des anges, publié chez Grasset en novembre 2014, vient de sortir dans une version «Poche» chez Hachette avec une préface inédite de Michel Onfray.
FIGAROVOX. - Dimanche 2 octobre, le pape s'en est pris «au sournois endoctrinement de la théorie du genre» que propageraient les manuels scolaires. La théorie du genre existe-t-elle en tant qu'idéologie?
Bérénice Levet. - La théorie du genre? Ça n'existe pas, nous tympanise-t-on, à commencer par Najat Vallaud-Belkacem. La seule expression légitime serait «études de genre» qui aurait pour avantage de respecter la pluralité des travaux. Mais pour qu'il y ait des études de genre, encore faut-il que ce petit vocable de genre ait été conceptualisé, théorisé. Or, lorsque nous parlons de théorie du genre, nous n'affirmons rien d'autre. Judith Butler se définit elle-même comme théoricienne du genre. Il a été forgé afin d'affranchir l'identité sexuelle du sexe biologique. Au commencement est la neutralité, en quelque sorte, et seule la machine sociale vous «assigne» à une identité - ce que l'on retrouve dans les manuels.
Il faut bien comprendre que le vocable de «genre» ne sert pas simplement à distinguer le donné naturel et les constructions culturelles, mais à les dissocier. Simone de Beauvoir est restée, aux yeux des promoteurs du genre, comme en retrait par rapport à sa propre intuition. Lorsqu'elle dit «On ne naît pas femme, on le devient», le Genre lui réplique, puisqu'on ne naît pas femme, pourquoi le deviendrait-on? En l'absence de tout étayage dans la nature, on doit se jouer de toutes les identités sexuées et sexuelles. «Le travesti est notre vérité à tous», dit Judith Butler. Ce petit vocable de genre soutient en outre - et c'est là qu'il est instrument de lutte - que les différences sexuelles sont construites mais construites par des mâles blancs hétérosexuels donc selon un ordre exclusivement inégalitaire.
Voilà le message qui est délivré à la jeunesse. «Le sexe biologique nous identifie mâle ou femelle, ce n'est pas pour autant que nous pouvons nous qualifier de masculin ou de féminin»,apprennent les lycéens dans le manuel Hachette. Pour aiguiser leur rage, les convertir à la cause de la déconstruction, il convient de les convaincre que ces représentations inégalitaires.
On raille le Pape, parce qu'il ne suffirait pas d'apprendre ces axiomes pour ipso facto aspirer à changer de sexe. Sans doute et la différence des sexes ayant un fondement dans la nature, contrairement à ce que soutient le Genre, tout comme l'hétérosexualité, quand même on cherche à les chasser, elles reviennent au galop, mais l'enfant ou l'adolescent est un être fragile, si on le persuade que tout est construit, alors la tentation est grande de s'essayer à toutes les identités et toutes les sexualités. La question dans les cours de lycées est désormais: «Alors, tu es bi, hétéro, homo?». Je rapporte dans mon livre des paroles d'adolescents qui nourrissent un véritable sentiment d'infériorité de se sentir «désespérément» hétérosexuels.
Le Pape a raison de dire que l'endoctrinement se fait sournoisement, car le Genre avance toujours masqué: c'est au nom de l'égalité, du respect des différences, que s'opère la déconstruction du masculin et du féminin. C'est au chapitre «l'égalité homme-femme», ou plutôt selon l'injonction de Najat Vallaud-Belkacem, «l'égalité femme-homme» , que l'élève apprend que le masculin et le féminin sont de pures conventions, et qu'il lui appartient de s'en délier. Le Genre se veut notre nouvel Évangile, il vient nous annoncer la bonne nouvelle que les identités sexuées et sexuelles n'étant que des constructions, elles peuvent être déconstruites. L'enseigner dans les établissements scolaires, c'est fabriquer une armée de soldats de la déconstruction.
Les propos du pape François sont forts. Il parle notamment de «guerre mondiale pour détruire le mariage» et de «colonisation idéologique» destinée à «changer les mentalités». Comprenez-vous ces mots historiquement lourds de sens?
Ils ont une vérité. Le projet de «changer les mentalités» définit le programme des progressistes depuis la décennie soixante-dix.
Le Genre travaille à disqualifier les représentations du masculin et du féminin qui sont des significations partagées, héritées, et qui cimentent une société. Le Genre est le dernier avatar de cette grande offensive menée contre la civilisation occidentale depuis les années soixante par le structuraliste Michel Foucault ou Jacques Derrida. La filiation est d'ailleurs revendiquée par les adeptes du Genre.
Les formulations du Pape sont sans doute excessives mais là encore il y a une certaine vérité. Le genre est un militantisme, et la gauche y est acquise ainsi qu'une bonne partie de la droite. En étendant le mariage à des couples de même sexe, la loi Taubira en destituait le sens, qui n'est pas de consacrer l'amour mais la procréation et la filiation. Et dessinait le cadre pour une reconnaissance de la «filiation»aux homosexuels.
Quant à la colonisation idéologique, les promoteurs du Genre entendent bien investir les esprits à travers le monde, semer le trouble dans le Genre, c'est-à-dire dans les identités sexuées, et défaire le Genre - pour reprendre les titres programmatiques de deux ouvrages de Judith Butler - et bon nombre de pays d'Amérique du Sud se laisse séduire.
Le souverain Pontife a également déclaré: «La théorie du genre continue à être enseignée, alors que c'est contre les choses naturelles». Cette évocation d'une nature humaine est-elle devenue un tabou aujourd'hui?
En effet. La rébellion contre le donné naturel et le consentement comme fondement de la légitimité définissent le projet moderne. L'homme doit «se rendre comme maître et possesseur de la nature» et les seuls liens légitimes sont ceux que le sujet contracte volontairement. Or, l'identité sexuelle n'est pas choisie par le sujet, elle est donc perçue comme oppressive. Naître, c'est recevoir, recevoir un corps, une histoire, un passé hypertrophie de la volonté. Nous sommes endettés par nature, dit magnifiquement l'anthropologue Marcel Hénaff.
Cette récusation de toute forme de donné naturel nous voue à une abstraction dont Merleau-Ponty nous invitait à méditer les conséquences pour la condition humaine: «Une ontologie qui passe sous silence la Nature s'enferme dans l'incorporel et donne, pour cette raison même, une image fantastique de l'homme, de l'esprit et de l'histoire».
La nature ne décide pas de tout cependant. «On naît femme et on le devient».
Najat Vallaud-Belkacem a réagi au micro de France Inter. Elle s'est dite «peinée» et «très en colère» par ces paroles «légères et infondées». Elle a précisé qu'il n'y avait pas de «théorie du genre - qui d'ailleurs n'existe pas - dans ces livres». Que pensez-vous de la réaction du ministre de l'Éducation nationale?
Comme toujours avec Najat Vallaud-Belkacem, justifiant par là même le surnom de Pimprenelle que lui a donné François Hollande, elle croit endormir les consciences en pratiquant la dénégation systématique.
Elle sait parfaitement que les postulats du Genre sont enseignés dans les établissements scolaires. Elle aurait même pu se défausser en incriminant un de ses prédécesseurs, Luc Chatel. C'est en effet sous la présidence de Nicolas Sarkozy, en 2011, que l'enseignement du Genre a été introduit dans les manuels de «Sciences de la Vie et de la Terre» des classes de Premières.
Les spécialistes du déni nous objectent que le Genre n'est pas enseigné à l'école primaire, au collège puisque le mot ne figure nulle part. Peut-être, mais là n'est pas la question, ce qui est bel et bien diffusé, ce sont les postulats du Genre, et pas seulement dans et par les manuels. Les livres lus dès le Primaire, dont les élèves doivent rédiger une fiche de lecture, en sont les émissaires. C'est d'ailleurs, ce qui m'avait conduite à me pencher sur cette question du Genre, lorsqu'en 2012, mon neveu qui était alors en classe de CM1, est rentré de l'école avec pour devoir la rédaction d'une fiche de lecture consacrée à un ouvrage de David Wallians, Le Jour où je me suis déguisé en fille. Cet ouvrage d'une indigence littéraire qui aurait dû suffire à l'écarter d'une institution censée transmettre la langue et l'art d'écrire - mais les lectures scolaires n'ont plus d'autres finalités que de former des indignés et surtout pas des héritiers -, véhiculait un des axiomes majeurs du Genre: l'identité sexuée, le masculin et le féminin ne sont que des conventions, des normes imposées, travaillant précisément à «normaliser» les individus. Le Genre et la gauche s'emploient ainsi à déconstruire, à défaire les représentations, les significations qui cimentent une société. Sans doute le masculin et le féminin sont-ils, en partie, dans la continuité du donné naturel cependant, construits - chaque civilisation compose sa propre partition sur cet invariant - mais ces représentations constituent un lieu commun au sens littéral, les membres d'une même société s'y retrouvent, elles tissent un lien. Observons que cette même gauche n'a qu'un mot à la bouche «créer du lien social».
Najat Vallaud-Belkacem invite le Pape à consulter les manuels scolaires, non seulement il vérifiera que l'idéologie du Genre imprègne bien les chapitres consacrés à l'égalité des sexes, mais surtout, lorsqu'il parle de manuels, il entend assurément les programmes scolaires dans leur entier. Bon nombre de professeurs n'ont guère besoin de directives ministérielles pour inscrire à leur programme des ouvrages qui sont les vecteurs de cette idéologie. Les spectacles destinés aux écoles sont également édifiants.
Najat Vallaud-Belkacem a rappelé qu'elle avait déjà rencontré le pape et qu'elle était pleine de «respect» à son endroit. Comment comprenez-vous cette ambivalence de la gauche qui admire le pape François sur les sujets sociaux, économiques, migratoires et écologiques, mais le condamne sur les questions sociétales?
Ambivalence du Pape non moins, si vous me le permettez. Le Genre et l'idéologie sans-frontiériste, à laquelle le Pape demande aux nations européennes de se convertir en matière d'immigration, relèvent de la même logique: le combat contre le principe de limite, de frontière - frontière entre les nations comme entre les sexes, refus des limites que nous fixe la nature.
Toutefois, les déclarations du Pape contre le Grand Capital séduisent assurément la gauche mais l'accord se fait sur l'écume, non sur les fondements. L'anthropologie chrétienne est une anthropologie de la finitude. L'homme est créature de Dieu, pour le chrétien, il n'est pas, comme le sujet moderne, au fondement de lui-même. L'individu comme absolu est étranger à la philosophie vaticane.
Le magazine trimestriel « Vérité & Espérance – Pâque Nouvelle » édité par l’association « Sursum Corda » (responsable de l'église du Saint-Sacrement à Liège) a publié sa livraison d'été. Tiré à 4.000 exemplaires, ce magazine abondamment illustré parcourt pour vous l’actualité religieuse et vous livre quelques sujets de méditation (les articles mentionnés ci-dessous en bleu sont disponibles en ligne sur le blog de l’église du Saint-Sacrement: cliquez sur le titre de l’article).
Ludovine de La Rochère : « Les propos du pape sur le gender sont un encouragement »
De retour de son voyage en Géorgie et en Azerbaïdjan, le pape François a dénoncé avec virulence la « colonisation idéologique » de la « théorie du genre », citant l'exemple d'un « papa français » qui s'est « rendu compte que dans les livres du collège, on enseignait la théorie du genre ». Ludovine de la Rochère, présidente de la Manif pour tous1, revient sur ces déclarations.
C'est un encouragement très fort qui vient récompenser le combat que nous menons depuis des années. Nous savons bien qu'en France, nous sommes confrontés à une politisation et une idéologisation des programmes scolaires, en particulier sur la question du genre. Elles sont manifestes et ont pris une ampleur stupéfiante. Dans les manuels de Première, il y a un chapitre intitulé « Devenir homme ou femme », mis en place par Luc Chatel. Les éditeurs ont traité le sujet non pas du point de vue de l'étude de l'aspect social – le genre – et de l'aspect biologique de l'identité sexuelle, mais en installant une confusion très grande entre les deux.
On connaît tous l'insistance de Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l'Éducation nationale, sur l'égalité homme-femme qui est en fait confondue avec l'idéologie du genre. Cette idéologie explique qu'hommes et femmes ne sont pas différents. Sous prétexte d'égalité, on efface les différences. Or nous sommes égaux mais différents.
Selon vous, le livre dont parle le pape François est celui de Première ?
Je pense que c'est plus large. Il a aussi été mis en place l'ABCD de l'égalité, auquel a succédé le Plan égalité. Sur le site internet vigi-gender.fr, vous avez un très grand nombre de photos de manuels, de recommandations diverses et variées de certains enseignants à l'attention de leurs élèves qui sont surprenantes. Par exemple, en éducation morale et civique, on trouve dans les ouvrages recommandés pour les enfants, une très forte remise en cause qui consiste schématiquement à dire aux enfants : « Es-tu sûr que tu es un garçon ou une fille ? Ce n'est pas parce que tu as un zizi que tu es un garçon ». Nous nous battons contre ça. Au lieu d'aider l'enfant à se construire, on remet en doute ce qu'il est.
Par ailleurs, on voit une obsession à parler aux enfants des comportements sexuels. Cela fait partie des objectifs officiels des associations LGBT. Je vous donne cette revendication sidérante que l'on peut trouver sur leur site internet : « Mettre en place une éducation à la sexualité prenant en compte la question du genre et de l'homosexualité féminine, masculine, ainsi que de la bisexualité et une éducation à la vie affective dès l'école primaire, adaptée à l'âge des élèves, et prenant en compte les multiples champs de cette question : affective, sociale, culturelle, éthique… ». Vous voyez bien qu'on est là dans une hypersexualisation de la société, avec un objectif d'imprégnation des enfants.
Sur France Inter, Najat Vallaud-Belkacem a dénoncé les « intégristes » qui ont « embarqué le pape dans leur folie mensongère ». Que lui répondez-vous ?
C'est l'éternel et unique argument de Najat Vallaud-Belkacem. C'est une défense qui emploie les méthodes d'extrême gauche. Madame Vallaud-Belkacem, au lieu de répondre sur le fond du débat, est dans le déni absolu de l'idéologie du genre. L'autre technique utilisée consiste à jeter l'anathème, traiter les autres de radicaux, de violents, d'extrémistes. C'est le refus du débat, l'absence d'arguments. Elle a toujours refusé de débattre avec moi. Elle ne peut pas assumer d'ouvrir un manuel et commencer une analyse.
Le pape François a parlé samedi de « guerre mondiale » contre le mariage. Vous partagez ses propos ?
Oui ! Il y a une guerre contre le mariage et nous la vivons quotidiennement. Ce n'est pas une guerre où on assassine mais une guerre des idées. C'est un combat où les victimes sont des enfants mis en doute dans leur identité et qui ne peuvent qu'en être troublés. Au lieu d'être sereins sur ce qu'ils sont et avancer à la découverte du monde, ils risquent d'être centrés sur des questions existentielles et infiniment difficiles.
Le pape François rappelle également que la question du genre et ce qu'elle implique – des mariages et des procréations déconnectés de la sexualité – est un combat qui concerne beaucoup de pays. Je pense que depuis quatre ans, la France a un rôle important, celui d'encourager les autres pays pour se défendre, comme on le voit avec le Mexique ces dernières semaines.
Historien, Olivier Hanne consacre son dernier livre, paru aux Éditions de L’Homme Nouveau, à revisiter l’Histoire de l’Église pour la confronter aux accusations qu’elle subit périodiquement. Œuvre très personnelle, Le Génie historique du catholicisme surprendra par la ligne de crête qu’il essaie de tenir. Entretien avec l'auteur.
Vous venez de publier Le Génie historique du catholicisme, pourquoi ce livre ?
Olivier Hanne: J'ai donné des cours d'histoire de l'Église pendant dix ans dans des séminaires, des sanctuaires et des instituts catholiques. Et j'ai toujours été surpris par l'ignorance sur les grandeurs apportées par l'Église dans la civilisation européenne. Il semblait souvent pour les gens que le catholicisme avant le XXe siècle n'était qu'une forme de totalitarisme sournois. On négligeait tous ses apports pour la pensée, l'équilibre des pouvoirs, la place de la personne, des femmes, etc.
Quels sont les grands thèmes abordés dans votre livre ?
J’aborde cinq thèmes qui ont tous, de près ou de loin, rapport avec la contrainte qu’a – ou qu’aurait – exercé l’Église par le passé. Le premier chapitre aborde donc la violence physique et militaire au service de l’Église, et notamment la question des croisades et des guerres de religion. Le second s’intéresse à la violence intellectuelle que le clergé aurait exercée contre les savants et toute forme de rationalité, au profit du dogmatisme et de la manipulation doctrinale. La troisième partie aborde l’intolérance catholique à l’égard des autres religions ou des groupes minoritaires, avec la question inévitable de l’Inquisition. La quatrième partie traite du caractère antidémocratique de l’Église, à la fois dans son organisation interne et dans sa préférence pour les régimes monarchiques ou autoritaires. Enfin, le cinquième point traite de son mépris pour les libertés individuelles, qu’il s’agisse des femmes, de la sexualité et, plus généralement, de sa conception de la personne humaine, que l’on juge souvent obscurantiste.
Avez-vous écrit ce livre parce que vous êtes croyant ?
Je n’ai pas écrit ce livre parce que je suis croyant. Je l’ai écrit pour rétablir un certain équilibre dans le récit qui est fait de l’Histoire de l’Église, non pas d’abord dans les universités, parce que l’on trouve dans les ouvrages scientifiques toute une série de nuances, mais dans le vocabulaire médiatique, dans lequel on trouve rarement d’équilibre argumentatif à ce sujet. Ce n’est donc pas une défense de l’Église, c’est une argumentation équilibrée sur l’Histoire de l’Église.
Ni polémique ni apologie, la démarche de votre livre se veut autre. Est-ce à dire que l'apologie et la polémique sont deux écueils pour la pensée ?
Ce sont deux écueils et un même excès dans la réflexion : l'excès critique ou l'excès de conviction qui ne sait plus hiérarchiser les informations ni aborder une question sans distance personnelle. La théologie catholique, au contraire, a toujours traité le contenu des Écritures et de la doctrine avec une empathie spirituelle mais aussi une acuité rationnelle, double attitude parfaitement incarnée par saint Thomas d'Aquin, mais aussi par Jean-Paul II qui, pour le jubilé du nouveau millénaire, avait voulu que l'Église regarde son histoire avec lucidité, sans concession.
Comment définiriez-vous le « génie historique du catholicisme » ?
C’est cette capacité absolument extraordinaire et permanente qu’a eue l’Église de se remettre en question, d’avancer et de faire croître son acquis théologique, social et culturel et cette croissance ne s’est jamais interrompue malgré ce que l’on a pu dire. Il y a des avancées permanentes, et notamment, lorsqu’un contexte pose une question majeure à l’Église, celle-ci non seulement y répond, mais élargit toujours le débat bien au-delà, pour aller se poser des questions fondamentales que la société n’a pas voulu se poser.
Pouvez-vous donner un exemple concret dans l’Histoire de ce que vous appelez le génie du catholicisme ?
Ce génie est frappant dans le rapport à la personne et à la conscience. Dans l’analyse contemporaine, notamment celle de Heidegger, l’homme ne devient un sujet que dans la mesure où le monde est pour lui une image, une représentation que son esprit crée et reconnaît. Chez les moines du XIIe siècle, le monde était une création perceptible par l'intelligence, mais surtout par le corps, car le monde était macrocosme et l'homme microcosme. Une sympathie de nature les unissait, malgré leurs distinctions. Et c’est dans le constat de ces différences que l’homme se découvrait lui-même. La chair était un véhicule de connaissance du réel. Quant à Dieu, la foi et l’intelligence étaient les moyens privilégiés pour le connaître. Contrairement à la philosophie moderne, l’homme ne s’identifiait pas lui-même en faisant de Dieu une image extérieure, mais en reconnaissant en lui-même l’image intérieure de Dieu. La pensée catholique était unifiante et déifiante ! N'est-ce pas le reflet d'un génie historique ?
Pourquoi l’Église est-elle si fréquemment l’objet de polémiques ?
Je me permettrais de citer Jeanne d'Arc : « De Jésus-Christ et de l'Église, m'est avis que c'est tout un ». On attaque l'Église comme on le fait du Christ, mais avec plus de facilité toutefois, car l'Église a une incarnation de deux millénaires, elle est une « personne morale » unifiant des milliards de personnes physiques à travers l'histoire, dont elle assume les fautes. Chacun de nos péchés compromet donc la communauté entière aux yeux du monde. Mais ces polémiques sont bien le signe - rassurant d'une certaine manière - que l'Église complète la passion du Christ par son histoire et sa vie.
À qui s’adresse ce livre ?
Vraiment à tout amateur d'Histoire, et à tout chrétien qui veut comprendre le sens catholique de l'Histoire : comment l'Église a-t-elle incarné dans le temps les appels de la Providence ? C’est un ouvrage qui se veut un ouvrage de vulgarisation historique et argumentatif pour le grand public.
Vous avez écrit ce livre d’abord comme historien et non comme croyant, ainsi que vous nous l’avez déjà expliqué. Mais comme croyant, justement, que vous a apporté la rédaction de ce livre ? Ce travail a-t-il changé votre regard sur l’Église ?
La rédaction de ce livre a fait grandir en moi l'affection pour l'Église, mais aussi une certaine tristesse de la savoir si méconnue, si mal comprise, parfois par ses propres membres...
Y a-t-il un personnage de l’Histoire de l’Église, pontife, saint, etc., que vous ayez découvert ou redécouvert par votre travail et qui vous ait particulièrement marqué ?
J'ai fait ma thèse sur Innocent III, et je suis toujours frappé par la profondeur intellectuelle et spirituelle de ce pontife qui, malgré ses erreurs dans le domaine politique, fut un grand personnage, capable de s'opposer aux princes et au roi Philippe Auguste au nom des principes de l'Évangile, ainsi sur le mariage...
Quelle vous semble être l’attitude juste du croyant par rapport à ce que l’on peut objectivement considérer comme étant des erreurs ou excès de l’Église ?
La seule attitude légitime sur le plan intellectuel face à l'Histoire est de n'employer que les critères de jugement des hommes du passé : on ne peut poser de jugement moral qu'en fonction des mœurs d'antan. J’ai voulu proposer un ouvrage qui associerait les méthodes scientifiques de critique et d’étude des sources, et une bienveillance envers les phénomènes religieux propres à mieux comprendre les réalités vécues par nos prédécesseurs. Peut-être naïf, je voulais regarder le passé avec un scrupule universitaire mais une empathie assumée pour mes frères et sœurs dans la foi, morts il y a des siècles. Il ne s’agissait pas de taire les épisodes douloureux comme les fameuses croisades, mais de tenter de cerner à chaque situation scandaleuse pour nos mœurs du XXIe siècle la logique spirituelle qui avait conduit l’Église, le clergé ou les croyants à faire des choix incompréhensibles, voire condamnables. Il fallait donc dépasser la morale pour aborder l’Histoire, se débarrasser des a priori, des anachronismes, du manichéisme si cher à nos sociétés, afin de mieux interroger le passé et ses iniquités, et répondre à nos soupçons actuels : l’Église a-t-elle été une « maîtresse d’intolérance », comme je l’ai parfois entendu ? Une telle approche, sans doute illusoire, avait un leitmotiv : l’Histoire est amorale. Ni immorale, ni puritaine, ni européocentrée, ni laïciste : amorale.