D'Annie Laurent sur le site de l'association Clarifier, cette étude qui éclaire les faits qui viennent de se produire en France avec la décapitation d'un enseignant à Conflans-Sainte-Honorine (région parisienne) :
Petite Feuille Verte n°69 : Islam et blasphème
(Une première étude avait été publiée précédemment)
1°/ En 2001, un procès a été intenté par la Grande Mosquée de Paris et la Ligue des droits de l’homme contre le romancier Michel Houellebecq pour avoir déclaré que la nature de l’islam est « de soumettre » (Lire, septembre 2001). Il fut relaxé en 2002 au motif que la critique d’une religion ne constitue pas un appel à la haine contre ses fidèles.
2°/ En 2004, le film Soumission, considéré comme blasphématoire, a valu à son réalisateur, le cinéaste hollandais Théo Van Gogh d’être assassiné par des islamistes.
3°/ En 2005, le quotidien danois Jyllands-Posten publia par solidarité une dizaine de dessins représentant Mahomet. Suite au tollé qui s’ensuivit, le gouvernement regretta cette publication puis le directeur du journal présenta des excuses, promettant de ne plus recommencer.
4°/ En 2006, France-Soir reproduisit les caricatures, ce qui valut à son directeur d’être licencié.
5°/ Puis, Charlie-Hebdo édita un numéro spécial reprenant les caricatures complétées par d’autres (février 2006). L’hebdomadaire fut relaxé en 2007, décision confirmée en appel en 2008. Mais, le 7 janvier 2015, 11 personnes travaillant à Charlie-Hebdo ont été assassinées par deux djihadistes.
La justice française a certes tranché en faveur de la liberté d’expression, mais depuis lors une partie des musulmans se mobilise en faveur de la reconnaissance du délit du blasphème telle qu’elle se pratique dans les pays islamiques (cf. PFV n° 68).
L’EUROPE TERRE D’ISLAM
L’accroissement démographique des musulmans établis en Europe modifie leur rapport au Vieux Continent. Traditionnellement considérés comme faisant partie du Dar el-Harb (Domaine de la guerre) ou du Dar el-Ahd (Domaine du témoignage), ses territoires appartiennent désormais au Dar el-Islam (Domaine de l’Islam) pour une partie des musulmans concernés (cf. Sélim Jahel, « Charia et Convention européenne des droits de l’homme », Editions du Juris-Classeur, 2 juin 2004, p. 355).
En vertu de cette conception, ces musulmans, devenus citoyens occidentaux, aspirent à s’organiser en communautés islamiques régies par les règles de la charia. Il s’agit d’obtenir « une intégration canonique de l’islam » en application du concept de « charia de minorité », selon la formule conçue par Tareq Oubrou, l’imam de Bordeaux (cf. Michel Younès, dir., La fatoua en Europe. Droit de minorité et enjeux d’intégration, éd. Profac, Lyon, 2010).