Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

islamisme - Page 42

  • Moyen-Orient : le salut viendra-t-il de la Russie ?

    IMPRIMER

    223046vladimir.jpgPour le site « aleteia », Olivier Hanne, islamologue, professeur aux Écoles militaires de Saint-Cyr Coëtquidan, décrypte en exclusivité pour Aleteia la ligne géopolitique de Vladimir Poutine :

    « Dans l’imbroglio qui a permis, en 2013-2014, l’essor de l’État islamique, la Russie de Vladimir Poutine est l’un des rares pays à avoir toujours maintenu sa ligne géopolitique, qui se résume à deux principes : Bachar el-Assad représente le gouvernement légitime de Syrie ; la seule réponse au terrorisme est la force. En Syrie, les Russes avaient averti dès 2011 les Occidentaux de ne pas armer les « rebelles modérés ». Refroidis par le précédent libyen, qui s’est terminé de façon catastrophique pour la sécurité de l’Afrique, les Russes ont empêché en 2013 à l’Onu la France et les États-Unis d’obtenir l’autorisation de bombarder le régime syrien.

    La collaboration active entre Moscou et Damas remonte à la Guerre froide, lorsque Hafez el-Assad, père du Président actuel, s’était rangé aux côtés des Soviétiques contre Israël et les États-Unis. Ces liens étroits, particulièrement dans le domaine militaire et économique, n’ont jamais été démentis. Au contraire, les Syriens ont même ouvert à la flotte russe le port de Tartous. Plus récemment, la Russie a équipé la Syrie en batteries anti-aériennes, en chars et en missiles sol-air, qui empêchent tout déploiement aérien de la coalition contre le régime. La présence des forces spéciales russes en Irak et en Syrie est un fait avéré depuis plusieurs mois. Dès les années 1960-1970, des conseillers militaires russes intervenaient auprès de l’armée syrienne, et notamment avec les supplétifs bédouins, si bien que dans de nombreux villages du désert syrien des femmes russes ont épousé des locaux.

    Comment expliquer l’engagement accru de la Russie en faveur d’Assad ? La lutte russe contre le terrorisme se justifie par les nombreux attentats survenus dans la Fédération depuis les deux guerres en Tchétchénie (1994-1996 et 1999-2000). De petits émirats djihadistes se sont constitués dans la région du Caucase et menaceraient le pays. Ces organisations seraient fédérées dans un émirat du Caucase, responsable des attentats du métro et de l’aéroport Domodedovo de Moscou. Plusieurs centaines de Caucasiens se battent depuis 2013 comme djihadistes de Daesh. En  septembre 2014, une vidéo tournée depuis la base aérienne de Taqba, en Syrie, appelait à la « libération du Caucase et la promotion du djihad ». Les images mettaient en évidence la prise de matériels russes livrés à Bachar. On ne peut s’empêcher de penser que Vladimir Poutine marche sur les traces du tsar Alexandre II, qui vint en aide aux chrétiens bulgares opprimés par l’Empire ottoman en déclenchant la guerre contre la Sublime Porte (1877-1878). Le rêve d’une Russie protectrice des chrétiens en terre d’islam n’est peut-être pas mort…

    Enfin, Moscou, qui ne croit pas à une action aérienne sans appui terrestre, continue de soutenir une seule solution : le retour en grâce de Bachar el-Assad pour faire face au djihadisme. Pour cela, la Russie a longtemps préféré l’envoi sur place de troupes sans uniforme, mi-mercenaires mi-volontaires. Au printemps, après un temps d’hésitation face aux brutalités de Bachar el-Assad (on parlait même d’un départ des diplomates russes de Syrie), Vladimir Poutine s’est fermement relancé dans le soutien au régime syrien, dont les défaites accumulées depuis avril 2015 sont devenues inquiétantes pour la survie des minorités et celle du régime. Si la forces terrestres russes deviennent significatives (au moins 10 000 hommes), la guerre contre Daesh peut se retourner. »

    Ref. Analyse. La Russie au secours de Bachar el-Assad

    JPSC

  • Record de conversions au christianisme de musulmans arrivant en Europe

    IMPRIMER

    Ces conversions en masse sont-elles sincères ou sont-elles une manière pour les immigrés d'augmenter leurs chances d'obtenir l'asile ? se demande le site « aleteia » :

    FCgK04nO24oRHZiEzi2mwUG9ZzA.jpg « Opportunisme ou intégration ? En plus des vagues historiques de réfugiés qui arrivent en Europe en provenance du Moyen-Orient et d’Afrique, le Vieux Continent connaît aujourd’hui une autre vague, moins médiatisée, mais qui interpelle : celle des conversions au christianisme.

    L’agence de presse internationale Associated Press (AP) s’est rendue à Berlin dans une église évangélique où « des centaines de demandeurs d’asile iraniens et afghans » font partie des fidèles de la paroisse.

    « Certes, on ne peut ignorer que cette décision améliore leurs chances d’obtenir l’asile : ils peuvent ainsi prétendre qu’ils seraient confrontés à la persécution religieuse en cas de retour dans leur pays d’origine », observe l’agence, soulignant que l’Allemagne traite les réfugiés en fonction de la gravité de la situation qui les a contraints à quitter leur patrie  : ceux qui fuient la guerre civile en Syrie, par exemple, ont davantage de chances d’obtenir l’asile.

    « La situation est plus compliquée pour les demandeurs d’asile en provenance d’Iran ou d’Afghanistan, car les conditions de vie dans ces pays sont plus stables qu’en Syrie », déclare l’AP. Au cours des dernières années, environ 40% à 50% des demandeurs issus de ces régions ont été autorisés à rester dans le pays, avec un permis de séjour temporaire pour la plupart.

    Lire la suite

  • Le cri du patriarche Gregorios III : « Restez en Syrie ! »

    IMPRIMER

    Le patriarche grec-melkite catholique Gregorios III résidant à Damas s’alarme du "tsunami" de l’émigration des jeunes et leur demande de rester. Lu sur le site « aleteia », sous la plume de Sylvain Dorient :

     000_nic6276691-c2a9-louai-beshara-afp.jpg« La vague presque générale d’émigration des jeunes, en particulier de Syrie, mais aussi du Liban et d’Irak, me brise le cœur, me blesse profondément et me porte un coup fatal. Compte tenu de ce tsunami d’émigration, (…) quel avenir reste-t-il à l’Église ? Qu’adviendra-t-il de notre patrie ? Qu’adviendra-t-il de nos paroisses et de nos institutions ? » La lettre du patriarche Grégorios III parvenue à l’Aide à l’Église en détresse (AED) ne fait pas l’impasse sur les difficultés que connaissent les chrétiens d’Orient, mais leur demande avec insistance de ne pas abandonner des paroisses déjà durement touchées.

    450 000 chrétiens déplacés

    Sur 1 170 000 chrétiens qui vivaient en Syrie avant la guerre, une « estimation prudente » de l’AED compte 450 000 déplacés intérieurs ou extérieurs. Pour convaincre les chrétiens de rester, le patriarche s’appuie sur l’histoire tumultueuse des chrétiens de cette région, qui ont connu des périodes de persécutions massives sans jamais disparaître : « Nos ancêtres ont subi de grandes difficultés, mais ils ont été patients, c’est pourquoi l’Église s’est maintenue, le christianisme a perduré et le nombre de chrétiens a même augmenté après 1860 ».

    La Syrie et l’Irak, terres d’asile des chrétiens

    L’ancien président de l’AED, Didier Rance, rappelle qu’un habitant sur trois de l’Empire ottoman de 1900 était chrétien, dans son ouvrage Chrétiens du Moyen-Orient(éditions bibliothèque de l’AED). Devant la terreur turque, les chrétiens se sont réfugiés au nord de l’Irak, notamment dans la plaine de Mossoul et en Syrie. À présent que la Syrie et l’Irak ne sont plus des refuges sûrs, certains tentent de revenir en Turquie, où il ne restait presque aucun chrétien (Aleteia). Beaucoup songent à émigrer en Occident, accablés par la succession de malheurs qui frappent leur peuple. Un mouvement facile à comprendre, mais fatal à leur identité.

    C’est l’âme des chrétiens d’Orient qui est en jeu

    Or, l’émigration met gravement en danger leur culture. D’abord parce que leurs édifices et leurs livres sont promis aux autodafés des islamistes radicaux (Aleteia). Ensuite parce que l’émigration s’accompagne le plus souvent de la dispersion des familles au sens large, et ce sont elles qui structurent la société. Didier Rance explique que pour ces chrétiens « la famille restreinte n’existe pas. Quand un chrétien parle de sa famille, c’est toujours de la famille élargie, de la parenté qu’il s’agit ». C’est par elle que se transmet le respect de la tradition, des « anciens », ces personnes âgées qui sont tenues pour des piliers de sagesse et de protection. Ils sont tenus pour indispensable. Un proverbe libanais dit : « Que celui qui n’a pas un ‘ancien’ s’en achète un ».

    Le clergé en première ligne contre l’émigration

    Les clergés irakiens et syriens sont les premiers opposants au mouvement d’émigration de leurs paroissiens. Ils sont souvent les derniers à partir, comme le père Pius Affas, à Mossoul, ou le père Yeghiche Elias Janji, à Alep. Ils tentent par tous les moyens de maintenir la vie de leur paroisse. Ils sont aussi les premiers à revenir : à Maaloula, ville syrienne conquise par les djihadistes puis reconquise par l’armée syrienne, les chrétiens exilés ont attendu que leurs prêtres réintègrent leur ville pour s’y réinstaller à leur tour. »

    Ref. Le cri du patriarche Gregorios III : « Restez en Syrie ! »

    JPSC

  • Crise migratoire : justice et charité sont indissociables

    IMPRIMER

    HNoyQ.jpgDans un communiqué en date du 10 septembre 2015, Monseigneur Marc Aillet, évêque de Bayonne, Lescar et Oloron, aborde la question de la crise migratoire sous le prisme de la justice et de la charité, deux vertus indissociables. Une réflexion lue sur le site de son diocèse mais a une vocation emblématique  pour nous tous : 

    1. L’appel du Pape François :

    Après la prière de l’Angélus du dimanche 6 septembre, le Pape François a évoqué le drame « des dizaines de milliers de réfugiés fuyant la mort, à cause de la guerre et de la faim, et qui sont en marche vers une espérance de vie » ; et il a appelé les paroisses, les communautés religieuses, les monastères et les sanctuaires de toute l’Europe « à manifester l’aspect concret de l’Evangile et à accueillir une famille de réfugiés ». Il a demandé à ses frères évêques d’Europe, que dans leurs diocèses « ils soutiennent son appel, rappelant que la miséricorde est le deuxième nom de l’amour : ‘Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait’ » (Mt 25,40).

    Je sais la générosité des fidèles de mon diocèse et je veux remercier ici les familles, souvent dans le cadre de leurs paroisses, qui accueillent déjà des réfugiés en provenance d’Irak et de Syrie et manifestent ainsi une vraie solidarité concrète envers les chrétiens d’Orient persécutés pour leur foi.

    Grâce à l’annonce faite par le gouvernement français, il y a un peu plus d’un an, d’ouvrir toutes grandes les portes de notre pays à ces chrétiens et autres minorités religieuses, expulsés par l’Etat Islamique de leurs villes de Mossoul et de la plaine de Ninive, sous menace de conversion à l’Islam ou de mort, ils se sont conformés aux règles administratives en vigueur en déposant leurs demandes de visa auprès des consulats de France. Force est de constater que les visas sont délivrés par Paris au compte-gouttes et qu’il s’agit, pour les plus chanceux d’entre eux, d’un parcours du combattant des plus éprouvants. Comme j’ai pu le constater en visitant ces réfugiés à Erbil, en octobre dernier, les moyens en personnels mis à la disposition des Consulats pour traiter ces dossiers manquent souvent cruellement, malgré la très bonne volonté des consuls et de leurs collaborateurs. Beaucoup de ceux qui répondent aux critères retenus – déplacement de Mossoul et de la plaine de Ninive l’an dernier et attestation d’une famille d’accueil en France – se découragent et prennent le chemin de l’exil vers le Liban, la Jordanie ou la Turquie… Aussi, qu’en est-il aujourd’hui du généreux effet d’annonce qui avait suscité tant d’espoir ?

    Tout en partageant la compassion causée par ces files de migrants jetées sur les mers et les routes, on ne peut s’empêcher de comparer le traitement concret qui est réservé aux réfugiés de Mossoul et de la plaine de Ninive, avec la volonté d’accueil universel affichée aujourd’hui à l’endroit des migrants qui forcent, souvent malgré eux, le passage !

    Dans son appel du 6 septembre, le Pape François se situe dans le registre du précepte évangélique de la charité, en se référant explicitement à la parabole du Jugement dernier : « J’avais faim et vous m’avez donné à manger, j’avais soif et vous m’avez donné à boire … j’étais un étranger et vous m’avez accueilli » (Mt 25). On reconnaît ici ce que la tradition de l’Eglise appelle les œuvres corporelles de miséricorde. Jésus n’a pas l’intention ici de promouvoir un programme politique qui s’imposerait tel quel aux Etats, mais exhorte les fidèles à l’exercice de la charité dans une situation concrète. Comme l’écrivait le Pape Benoît XVI dans son encyclique Dieu est amour : « La charité chrétienne est avant tout simplement la réponse à ce qui, dans une situation déterminée, constitue la nécessité immédiate » (n. 31). C’est que l’appel du Pape François ne saurait se réduire à une incantation in abstracto : « l’Evangile nous appelle, affirme-t-il, nous demande d’être ‘proches’ des plus petits et des laissés-pour-compte. De leur donner une espérance concrète. Leur dire « courage, patience !... » ne suffit pas » (Angelus du 6 septembre).

    On notera en effet qu’ici, le Pape ne s’adresse pas aux Etats et se garde bien de préconiser des solutions politiques au problème des migrants, comme il l’avait fait par contre en interpellant avec vivacité la Communauté internationale pour venir au secours des chrétiens et autres minorités religieuses d’Orient persécutés. Il évite de poser un jugement sur des gouvernements pris de cours par l’ampleur soudaine du problème.

    Le Pape demande aux paroisses catholiques d’Europe d’accueillir une famille de réfugiés « fuyant la mort, à cause de la guerre ou de la faim ». Dans un discours circonstancié, il ne parle pas des « migrants » en général mais des « réfugiés ». Certes il ne précise pas comment discerner s’il s’agit effectivement de réfugiés, même si son propos le suggère. Il ne dit rien non plus sur le caractère temporaire qui s’impose à un accueil concret qui nécessitera, en lien avec des organismes ad hoc, une inscription dans la durée : papiers administratifs, logement, apprentissage de la langue, travail, ce qui s’avère un nouveau parcours du combattant des plus difficiles.

    De même, l’accueil des étrangers, en particulier ceux qui ne sont pas chrétiens, ne nous dispense pas, sans prosélytisme et dans le respect de la liberté, de leur partager le trésor de la foi (cf. Règle de Saint Benoît à propos de l’hospitalité ; Instruction du Conseil pontifical pour la pastorale des migrants et des personnes en déplacement, Erga migrantes Caritas Christi, du 3 mai 2004, nn. 59-68).

    Nous ne pouvons donc pas rester insensibles à l’appel du Saint-Père et nous continuerons à accueillir les réfugiés d’Irak et de Syrie, en lien avec l’association chaldéenne de Pau. L’Oeuvre d’Orient, se tient à la disposition des diocèses, des paroisses et des familles qui souhaitent répondre positivement à l’appel du Pape pour accueillir unefamille de réfugiés (contact@oeuvre-orient.fr)

    2. Pour aller plus loin

    Il n’est pas interdit pour autant d’aller plus avant dans la réflexion et de se poser la question politique, non plus seulement de la charité, mais de la justice, en évitant de se laisser submerger par une vague d’émotion, suscitée par des images savamment diffusées par les médias au nom d’un moralisme culpabilisateur et manquant passablement de recul. D’aucuns ont souligné la différence de traitement qui a été faite entre la photo, il est vrai insupportable, du petit Aylan, qui a défrayé bien légitimement la chronique, et celle des 21 coptes égyptiens décapités par l’Etat Islamique en haine de la foi ! On ne gouverne pas avec des émotions, qui conduisent tout droit au risque du despotisme, qu’il soit celui des idées – la « pensée unique », qui peut être source de culpabilisation – ou qu’il soit celui des décisions précipitées et irréfléchies.

    L’accueil exprimé par l’Allemagne, à grands renforts de campagnes médiatiques, pour généreux qu’il soit, pourrait cacher des intentions moins altruistes qu’il n’y paraît : l’Economie-locomotive de l’Europe n’a-t-elle pas un besoin urgent de main d’œuvre pour faire fonctionner ses usines et ses entreprises, en raison du cruel déficit démographique ? Cet accueil largement relayé, pour donner un espoir légitime à tant de migrants en situation de détresse, pourrait avoir pour effet pervers d’encourager de nouveaux migrants à prendre des risques disproportionnés, en se jetant corps et âmes entre les mains de passeurs sans scrupules, qui exploitent cette vague migratoire à des fins mercantiles et parfois même de conquête idéologique inavouable.

    En corollaire de l’appel à la charité concrète faite par le Pape François, il me semble que de graves questions d’ordre politique s’imposent, pour que la vague d’émotion et l’authentique générosité suscitées par ce drame ne manquent pas d’un éclairage nécessaire.

    1. Les Etats occidentaux ne devraient-ils pas reconnaître, dans un beau geste de repentance, leurs erreurs de ces dernières années, en intervenant dans plusieurs pays et en y provoquant plus ou moins directement le chaos qui règne aujourd’hui dans ces pays (Irak, Libye, Syrie…) ?

    N’est-il est pas permis de douter de l’entière générosité des motifs avancés alors pour justifier ces interventions désastreuses : faire avancer la cause de la démocratie et des droits de l’homme, certes en s’attaquant à des Régimes forts, mais pour défendre des intérêts économiques, stratégiques, géopolitiques occidentaux, dans une région où les richesses pétrolières sont convoitées…

    2. Quels moyens sont mis en place pour lutter efficacement contre les passeurs ?

    3. Quelles résolutions de la Communauté internationale, quelle voie diplomatique sont mises en œuvre pour permettre aux migrants de demeurer chez eux ?

    Dans son message du 12 octobre 2012 pour la journée mondiale des migrants de 2013, le pape émérite Benoît XVI soulignait en effet qu'"avant même le droit d'émigrer, il faut réaffirmer le droit de ne pas émigrer, c'est-à-dire d'être en condition de demeurer sur sa propre terre, répétant avec le Bienheureux Jean-Paul II que le droit primordial de l'homme est de vivre dans sa patrie". C'est donc à juste titre que la déclaration du Conseil Permanent de la Conférence des évêques de France du 7 septembre 2015 souligne "l'importance de se préoccuper des causes de ces migrations. La communauté internationale, l'Europe, les gouvernements, ne peuvent ignorer la situation politique et économique des pays d'origine ou encore le rôle des filières qui exploitent la misère humaine".

    4. Quelle solution concrète pour secourir les chrétiens d’Orient et autres minorités religieuses, et nourrir leur espérance de recouvrer leurs maisons et leurs terres, injustement confisquées ?

    Une bonne part de la réponse à ces questions passe par la volonté de stopper l’avancée de l’Etat Islamique et de détruire cette organisation. Ce qui supposerait une coalition associant les Pays occidentaux et les pays arabes, la Russie et l’Iran, et qui ne semble pas pouvoir faire l’économie d’une opération terrestre.

    5. Enfin quelle politique mettre en œuvre en Europe pour répondre à cette vague migratoire sans précédent et qui ne saurait être déconnectée de la résolution des questions ci-dessus ?

    La Doctrine Sociale de l’Eglise ne dénie pas aux Etats la légitimité à réguler les flux migratoires au nom du Bien commun d’une nation, tout en réaffirmant le principe absolu du respect dû à la dignité de toute personne humaine.

    C'est ainsi que le Catéchisme de l'Eglise catholique affirme que "les nations mieux pourvues sont tenues d'accueillir autant que faire se peut l'étranger en quête de la sécurité et des ressources vitales qu'il ne peut trouver dans son pays d'origine" mais rappelle que "les autorités politiques peuvent en vue du bien commun dont ils ont la charge subordonner l'exercice du droit d'immigration à diverses conditions juridiques, notamment au respect des devoirs des migrants à l'égard du pays d'adoption" tout en précisant qu'en tout état de cause, "l'immigré est tenu de respecter avec reconnaissance le patrimoine matériel et spirituel de son pays d'accueil, d'obéir à ses lois et de contribuer à ses charges" (CEC n° 2241).

    Régulation des flux migratoires et accueil des réfugiés, justice et charité, ne sont pas inconciliables. Ils sont même inséparables.

    Quelle grande voix portera ces questions cruciales sans lesquelles on ne parviendra pas à endiguer les drames humanitaires et civilisationnels qui se préparent ? 

    + Marc Aillet  Évêque de Bayonne, Lescar et Oloron
    10 septembre 2015

    Ref. Crise migratoire : justice et charité sont indissociables

    JPSC

  • Une conférence sur le Moyen-Orient ? Pour quoi faire ?

    IMPRIMER

    logo-AED.gifLe directeur (France) de l’ AED (Aide à l’Eglise en Détresse), Marc Fromager, de retour de Syrie, s'interroge sur la pertinence de la position française sur la guerre que traverse un pays en proie à l'Etat islamique. Les gesticulations du président Hollande  (survol de Daesch par des avions militaires français, grande conférence internationale à Paris) ont-elle, en effet, quelque chose à voir avec la réalité de terrain ? Lu sur  le site « Figarovox » :

    « Je rentre de Syrie. Ce pays, qui fut merveilleux, le demeure un peu en dépit de plus de quatre années de guerre acharnée. Cette guerre, que l'on persiste à nous décrire comme étant civile, oppose l'Etat syrien à un conglomérat de milices djihadistes, pour la plupart composées d'étrangers (tchétchènes, soudanais, algériens, français, …) et largement financées par des pays étrangers.

    230 000 morts et 12 millions de déplacés plus tard, le pays est coupé en deux: l'est, principalement désertique, occupé par l'Etat islamique et l'ouest, encore ou à nouveau sous contrôle de l'Etat. A Homs, Yabroud ou Maaloula, villes «libérées» de la présence des «rebelles», la vie revient petit à petit après des destructions de grande ampleur. Aujourd'hui, cette partie du pays est en train de se reconstruire!

    Très majoritairement, la population syrienne n'aspire qu'à la fin des combats et donc à la défaite des djihadistes. Entre un Etat pérenne et le chaos irakien ou libyen où les milices islamistes se gavent sur les décombres d'un pays failli, le choix paraît en réalité assez simple.

    Toutes les communautés ont souffert pendant cette guerre et les chrétiens n'ont pas été épargnés. Il suffit de voir par exemple avec quelle rage les djihadistes ont mutilé les icônes dans les églises en détruisant systématiquement les yeux, comme s'ils ne voulaient pas être observés dans leur haine destructrice. J'ai rencontré la famille de Sarkis, Michel et Antoine, trois chrétiens de Maaloula, assassinés devant leur famille pour n'avoir pas voulu se convertir à l'islam.

    Plus de 40% des chrétiens ont déjà fui le pays mais si la guerre prenait fin, un certain nombre pourrait revenir. Les chrétiens y ont conservé une plus grande espérance que leurs frères irakiens sur lesquels les épreuves se sont appesanties depuis encore plus longtemps.

    Sur place, certains s'attendent à une amélioration de la situation avant la fin de l'année. Les cartes sont en train d'être redistribuées, les Russes et les Américains se seraient mis d'accord et le pays, peut-être, parviendrait à survivre à une destruction programmée. Pragmatiques, les Américains se rendent compte que l'opération est en train d'échouer et comme ils souhaitent maintenant se rapprocher de l'Iran, soutien de la Syrie, le panorama moyen-oriental est brusquement en train d'évoluer.

    Dans ce contexte, seule la France persiste ouvertement à réclamer l'élimination de Bachar el-Assad, ce qui démontre soit un entêtement totalement déconnecté de la réalité du terrain, soit une capitulation effective devant les intérêts de la péninsule arabique qui, elle, poursuit son rêve de renverser le régime syrien pour des raisons à la fois politiques et énergétiques.

    Nous sommes aujourd'hui plongés dans une guerre entre sunnites et chiites qui n'est pas réellement une dispute doctrinale mais bien plus une lutte entre l'Arabie saoudite et l'Iran pour la suprématie régionale. Pour briser l'arc chiite (Iran, Irak - majorité de chiites), Syrie (les alaouites au pouvoir) et Liban (Hezbollah) qui le menace, l'Arabie saoudite cible le «maillon faible», à savoir la Syrie dont la majeure partie de la population est sunnite.

    A cela se rajoute des considérations énergétiques avec un projet de gazoduc qatari contrarié qui devait passer par la Syrie pour alimenter l'Europe via la Turquie. Le refus syrien (pour ne pas nuire à son allié russe - dont l'Europe est très dépendante pour le gaz) aura été un des déclencheurs de cette guerre. Dans les deux cas, il fallait donc se débarrasser de Bachar el-Assad, d'où le soutien des milices, Etat islamique compris. »

    Veut-on vraiment en finir avec l'État Islamique? Si on voulait résoudre le problème, il faudrait exiger de la péninsule arabique, de la Turquie et de l'Occident qu'ils cessent de soutenir les djihadistes rassemblés dans le nord-est syrien et réunir autour de la table tous les acteurs de cette crise, y compris les Iraniens, les Russes et l'Etat syrien. Comme rien de tout cela n'est fait, la guerre devrait continuer, nos djihadistes vont continuer à y aller et en revenir, les chrétiens vont continuer à disparaître et l'ensemble de la population locale va continuer à souffrir!

    Alors, pourquoi une conférence sur le Moyen-Orient à Paris? Eh bien, on se le demande. La première image qui vient à l'esprit est celle de Dalida: «encore des mots, toujours des mots…» La France voudrait conserver un rôle dans cette région du monde mais force est de constater que sa diplomatie, autrefois diplomatique et dorénavant âprement partisane, aura du mal à se faire respecter. L'art ne consiste pas à exagérément choisir (ou se soumettre) aux sunnites contre les chiites ou aux américains contre les russes.

    Pour le moment, cela nous permet de vendre des armes à la péninsule arabique mais qu'en est-il de la sécurité du territoire national? La poursuite de cette stratégie du chaos au Moyen-Orient ne fait que rapprocher le cyclone de nos rives. »

    Ref. une conférence sur le Moyen-Orient ? Pour quoi faire 

    A noter:

    Aide à l’Église en Détresse-Belgique asbl
    Abdij van Park 5
    B-3001 Leuven
    horaires: 08h00 -16h00

    tel:+32 (0)16 39 50 50
    fax:+32 (0)16 39 50 60
    email:info@egliseendetresse.be ou info@egliseendetresse.lu 

     JPSC

  • Mgr Rey : «La peur de l'islamisation de l'Europe marque un déficit d'identité des chrétiens»

    IMPRIMER

    Interview sur Figarovox :

    Mgr-Rey-bis.jpgFIGAROVOX: Vous êtes le premier et le seul évêque français à vous être rendu en Syrie, aux côtés des Chrétiens persécutés. Qu'avez-vous vu là-bas? 

    MONSEIGNEUR REY: J'ai été accueilli en Syrie par le patriarche grec catholique Grégoire III du 22 au 26 août. Nous avons visité un certain nombre de sites où se trouvent les communautés chrétiennes. L'impression de base que m'a donné ce pays, c'est celle d'un double martyre: martyre de la pierre, martyre de la chair. Martyre de la pierre avec ces quartiers (chrétiens et musulmans) saccagés, ces rues impraticables, ces églises détruites… Martyre de la chair surtout, avec ces milliers de drames humains, de persécutions explicites, d'exodes forcés, de familles ayant vu les leurs massacrés sous leurs yeux.

    On a la vision d'un pays en ruines, sans avenir, d'une terre de désolation, qu'il faut fuir. Beaucoup de gens là-bas m'ont dit «aidez-moi à partir», même si les responsables religieux appellent à rester sur place. Parmi les chrétiens, certains, dont le martyre particulier s'ajoute au drame commun, ont décidé de rester, faisant preuve d'une résistance morale et spirituelle exemplaire. 

    S'il y a plus d'un an que l'exode des Syriens a commencé, le choc des photos a mobilisé le monde entier autour d'un enfant mort noyé. Que vous inspirent ces terribles images? L'émotion est-elle un piège ou au contraire un catalyseur nécessaire à l'action? 

    Ces images violentes et crues nous obligent à sortir de notre léthargie. Nous ne pouvons plus rester dans l'inaction, dans une inertie confortable qui nous tient lieu de politique depuis des mois. Notre stratégie ne peut se réduire à mettre en place des barbelés et multiplier les contrôles aux frontières! L'urgence humanitaire exige de mobiliser notre compassion mais aussi notre détermination dans l'action. Il y a un point d'équilibre à trouver, où le coeur et la raison doivent parler de concert. Le coeur doit nous engager à répondre à l'urgence humanitaire. La raison nous oblige à trouver des solutions de long terme. Notre devoir moral, surtout en tant que chrétiens, est d'accueillir toutes les personnes en souffrance, en particulier nos frères chrétiens, dont certains ont fui la persécution. Le pape François nous y invite avec force.

    Les frontières territoriales doivent rester essentielles pour protéger l'identité d'un pays. Les flux doivent être régulés. On ne peut pas accueillir dans n'importe quelles conditions. Nous ne voulons pas d'une globalisation brouillonne qui gommerait les identités. Il faut accompagner les nouveaux venus sur le chemin de l'intégration culturelle et sociale, afin qu'ils puissent intérioriser et enrichir aussi l'identité du pays qui les accueille.

    Que dites-vous à ceux qui agitent le spectre d'une «invasion» et craignent pour l'identité chrétienne de l'Europe?

    Que nous le voulions ou non, nous sommes dans un monde globalisé et ouvert. Nous ne pourrons pas empêcher l'arrivée de réfugiés et les brassages de population qui relèvent de facteurs économiques, géopolitiques, écologiques et religieux très complexes. Ces mouvements démographiques doivent être encadrés par une vraie politique migratoire. Par ailleurs l'altérité due à l'arrivée de personnes issues d'autres univers culturels interroge notre propre identité, et nous engage à nous réapproprier notre héritage national, marqué en Europe par ses racines judéo-chrétiennes. 

    Certains s'inquiètent d'une islamisation de la France, qui serait accélérée par la venue de ces nouveaux migrants. Tout en éradiquant les groupes islamistes fondamentalistes et le trafic d'êtres humains, il faut absolument mettre en oeuvre une culture du dialogue, qui favorise un modus vivendi avec les communautés d'origine musulmane. Il faut aussi déployer une démarche pastorale, qui conjugue accueil et annonce. Pour sortir ou de la confrontation belliqueuse, ou au contraire, de l'indifférence, nous nous devons comme chrétiens, de construire des liens humains de proximité et de solidarité pour que notre société ne devienne pas une nouvelle tour de Babel individualiste, fracturée entre communautés qui ne communiquent plus entre elles.

    Face à cette peur de l'islamisation de l'Europe, je constate souvent un déficit d'identité des chrétiens, ils ne doivent pas craindre d'affirmer avec conviction le témoignage de leur foi en Jésus-Christ, même auprès des musulmans. C'est une leçon que j'ai retenue de mon séjour en Syrie.

    Une conférence de l'ONU sur les minorités persécutées par l'Etat islamique se tient le 8 septembre à Paris. Qu'attendez-vous de la communauté internationale?

    J'attends beaucoup de cette conférence. La France et les grandes puissances doivent former une coalition internationale pour garantir durablement la paix. Le statu quo en Syrie et en Irak n'est plus tenable. La paix est la seule solution pour maintenir les populations sur place. 

    Mgr Rey : «La peur de l'islamisation de l'Europe marque un déficit d'identité des chrétiens»

    JPSC

  • Crise des migrants : pourquoi les Syriens ne se réfugient pas dans les pays du Golfe

    IMPRIMER

    Lu sur le site « aleteia » cette interview publiée par « Atlantico » :

    Face à l'Eldorado européen accueillant, l'Arabie saoudite et ses voisins présentent un visage violent et hostile à tout migrant, susceptible d'introduire avec lui des idées subversives et indésirables pour la stabilité de ces régimes.  Entretien avec Roland Lombardi, consultant indépendant, analyste chez JFC-Conseil et spécialiste des relations internationales, particulièrement de la région du Maghreb et du Moyen-Orient, ainsi que des problématiques de géopolitique, de sécurité et de défense.

    Moyen-Orient-carte-du-Moyen-Orient-Israel-Liban-Syrie-Jordanie-Iran-Iraq-Koweit-Barhain-Quatar-Oman-Arabie-Saoudite-Emirat-Arabe-Oman-Yemen-2 (1).jpgAtlantico : La crise des migrants que traverse l’Europe concerne en grande partie des populations venues de Syrie et d’Afghanistan. Les Syriens notamment prennent la route des Balkans après être passés par la Turquie. Pourtant, les pays du Golfe sont géographiquement bien plus proches. Comment expliquer ce choix ?


    Roland Lombardi : Tout d’abord, je tiens à apporter quelques précisions : dans la grave crise actuelle qui frappe l’Europe, il est vrai que les migrants syriens sont les plus nombreux. Viennent ensuite les Érythréens, puis les Somaliens, suivis des Afghans et des migrants de l’Afrique subsaharienne.

    Notons au passage que ces derniers, avec les Érythréens et les Somaliens, avaient il y a quelques années comme principales destinations la Libye, Israël et le Liban. Aujourd’hui, la Libye est dans le chaos, Israël a durci sa politique migratoire et le Liban est « saturé » et sous tension. C’est la raison pour laquelle ils se tournent à présent vers l’Europe.

    Ensuite, si ces derniers jours les médias occidentaux se focalisent sur ces arrivées massives de pauvres hères majoritairement syriens, irakiens et afghans dans les Balkans, il ne faut surtout pas oublier que le Sud de l’Italie et de l’Espagne connaissent, eux aussi, la même pression migratoire, tout aussi impressionnante et dramatique.

    Plus de 100 000 migrants sont arrivés clandestinement en Europe depuis le début de l’année 2015. Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), basée à Genève, environ 1 770 hommes, femmes et enfants sont morts ou ont disparus en tentant la traversée de la Méditerranée depuis janvier. Soit 52% du nombre total de morts sur l’année 2014, et, d’après les données du HCR citées par Frontex, 3 400 migrants ont perdu la vie ou ont disparu en Méditerranée au cours de l’année 2014. Pour la seule période allant de juillet jusqu’à la fin de l’année, le chiffre s’élève à 2 800 personnes.

    Alors pourquoi, comme le suggère votre question, tous ces malheureux, en grande majorité de confession musulmane, choisissent l’Europe plutôt que les États du Golfe ? Car, paradoxalement, malgré la proximité des cultures et des frontières entre les lieux de crises (Syrie et Irak) et les émirats, il est plus « facile » et surtout plus attirant de rejoindre l’Europe que les pétromonarchies du Golfe.

    Même si dans la réalité tout est bien relatif, l’Europe est toujours considérée comme un Eldorado, un pays de Cocagne. Un havre de prospérité, de sécurité et de paix. Les politiques migratoires laxistes de l’Union européenne depuis des années, les différentes aides sociales et médicales accordées aux réfugiés (certes disparates d’un État de l’Union à l’autre) le manque d’accord, de cohésion et de coordination dans la gestion de cette crise sans précédent, et enfin les dernières hésitations et le désarroi des responsables européens, complètement dépassés par les événements, n’ont fait qu’aggraver la situation.

    Certaines déclarations officielles, parfois irresponsables et déconnectées des réalités, ignorant les craintes légitimes des autochtones, les tensions internes naissantes et surtout les graves problèmes futurs de cohésions nationales au sein de l’Union, ne font qu’augmenter « les effets d’appel » aux conséquences catastrophiques. L’Allemagne, au mépris de l’avis de ses partenaires, frileux comme la France ou carrément hostiles comme la Hongrie, s’est même déclarée prête à accueillir près de 800 000 réfugiés… Lire la suite sur Atlantico

     Ref. Crise des migrants : pourquoi les Syriens ne se réfugient pas dans les pays du Golfe 

    JPSC

  • Syrie : Poutine, dernier rempart contre Daesch ?

    IMPRIMER

    Alors que la Syrie s’enfonce dans la confusion, le gouvernement de Vladimir Poutine se présente comme le dernier rempart contre Daesh. De Sylvain Dorient sur le site « Aleteia » : 

    Le conflit syrien dure depuis quatre ans, aggravant chaque jour la situation d’une population dont la moitié a déjà fui le pays. Les divers groupes rebelles opposés à Bachar el-Assad, se combattent régulièrement entre eux (Aleteia), simplifiant singulièrement la tâche d’une armée syrienne exsangue.

    Outre l’autoproclamé État islamique (EI), des forces comme le Front Al-Nosra bénéficient de soutiens internationaux puissants, qui entretiennent le conflit. L’un de nos confrères syriens, journaliste de l’édition Aleteia en langue arabe, confie : « Cette guerre ne pourra pas être résolue par les seuls Syriens, elle ne sera gagnée par l’un ou l’autre des camps, que s’il est massivement soutenu par des forces étrangères ».

    Des groupes terroristes milliardaires

    Or, l’armée arabe syrienne de Bachar el-Assad, donnée pour morte en 2012, s’est révélée plus résistante que prévu devant les assauts de l’Armée syrienne libre dans un premier temps, puis face aux groupes islamistes radicaux comme Al-Nosra, filiale d’Al-Qaïda, ou encore l’État islamique. Tous ces groupes ont bénéficié de soutiens officiels ou officieux considérables. Les chrétiens d’Alep, la ville syrienne assiégée, constatent que les rebelles disposent de moyens en artillerie qui semblent illimités (Aleteia).

    Malgré tout, la dispersion des groupes rebelles et la résistance du triptyque – armée arabe syrienne, milices pro-gouvernementales et Hezbollah – les ont jusqu’à présent privés de la victoire. De plus, la folie destructrice de l’organisation État islamique fédère contre elle de nouvelles forces, et en premier lieu « l’Ours russe » qui s’était bien gardé d’intervenir militairement jusqu’à présent.

    Bruit de bottes

    À plusieurs reprises cet été, une rumeur a prétendu que des avions et des pilotes russes étaient venus renforcer l’Armée arabe syrienne. D’abord démentie par le Kremlin, l’information peut être sérieusement étayée par des éléments incontestables, comme le passage du détroit du Bosphore par le Nikolai Filchenkov, navire de transport russe, manifestement chargé de matériel militaire (comme le rapporte le site d’informations américain le Daily Beast).

    Mais l’élément le plus déterminant qui plaide en faveur d’une action plus directe de la Russie en Syrie, c’est qu’elle est confortée par le silence de la diplomatie des États-Unis. Il n’y a plus d’appel à « renverser Assad », et le ton général serait plutôt de lutter en priorité contre l’État islamique.

    Poutine « défenseur des chrétiens d’Orient »

    Alors que la France a une tradition de la défense des chrétiens d’Orient qui remonte à l’époque Louis IX, c’est à présent Vladimir Poutine qui endosse ce rôle aux yeux des chrétiens de Syrie, malmenés, qui espèrent désormais une victoire d’el-Assad. Ils se réjouiraient donc d’une intervention militaire russe. Mais elle pourrait avoir des implications redoutables pour l’équilibre de la région. Israël notamment ne verrait pas d’un bon œil l’arrivée d’avions de chasse modernes, susceptibles de lui interdire l’accès au ciel syrien.

    Ref. La Russie à la manœuvre en Syrie

     JPSC

  • Califat de l’État islamique, un an de trop

    IMPRIMER

     Lu dans le quotidien de Beyrouth « l’Orient-Le Jour » :

    191321_76_910969_large.jpeg « État islamique ? Daech ? Organisation de l'État islamique ? Un an après la proclamation du califat par Abou Bakr al-Baghdadi, le débat sémantique n'est toujours pas tranché. Un indice révélateur de la difficulté qu'ont les différents observateurs à qualifier ce phénomène jihadiste.

    L'État islamique continue de prendre le monde entier de vitesse. Comme s'il avait systématiquement un temps d'avance. Il perd à Kobané pour mieux progresser dans la province d'al-Anbar en Irak. On le dit affaibli par les frappes quotidiennes de la coalition et la perte de certains de ses chefs, il s'empare de Ramadi et de Palmyre en une seule semaine. On le dit impopulaire et marginal, il continue d'attirer des milliers d'apprentis jihadistes à travers le monde et ouvre de nouvelles filiales au Sinaï, en Libye, en Afrique et même dans le Caucase. On le dit incapable de mener des attaques terroristes en dehors de son foyer originel, il fait trembler la planète par des attentats qui, commandités ou non, sont commis en son nom.

    L'État islamique ressemble à la fois à un déversoir et à un miroir. Le déversoir d'une grande partie des frustrations des sociétés arabes et occidentales, d'une géopolitique à géométrie variable, et d'une profonde injustice politique qui sévit dans tout le monde arabe. Il est le miroir d'une violence débridée et surtout consacrée, de l'utilisation pernicieuse des références religieuses pour légitimer les dictatures politiques et surtout des petits calculs politiciens de chacun des acteurs qui prétend le combattre.

    L'État islamique ressemble beaucoup plus à ce monde que ce monde ne veut bien le laisser croire. Il se nourrit de ses peurs, de ses frustrations, de ses incohérences, de ses discours essentialistes et de ses égoïsmes. Il ne descend pas du ciel, même s'il prétend combattre en son nom. Il est le produit des différentes sociétés à qui il a déclaré la guerre. Des sociétés dont il connaît et exploite les moindres failles pour créer un climat d'insécurité et de méfiance entre les différentes communautés.

    L'EI n'a pas inventé la barbarie. Il l'a juste machiavéliquement recyclée pour en faire une arme redoutable et adaptée au XXIe siècle. L'EI n'est pas non plus invincible. Comme tout mouvement idéologique extrémiste, il finira par s'essouffler de l'intérieur et par se fissurer à l'extérieur. Mais à défaut d'une profonde remise en cause des deux côtés de la Méditerranée, cela pourrait bien prendre encore des années.

    Ref. Califat de l’État islamique, un an de trop

    Quand ,de l’Orient islamique à l’Occident post-chrétien, deux sociétés déboussolées engendrent un monstre et le laissent courir jusqu’à plus soif…

     JPSC

  • 15 août : sonner les cloches pour ne pas oublier les chrétiens d'Orient

    IMPRIMER

    Rome suivra-t-elle le mouvement qui s’amplifie ? De Radio Vatican(RV):

     « Il y a un an, les chrétiens d'Irak étaient chassés de la plaine de Ninive par les djihadistes de l'État islamique. Pour ne pas les oublier, les cloches de la cathédrale Notre-Dame de Paris et de nombreuses églises en France sonneront le 15 août à midi en soutien aux chrétiens d'Orient. Une cinquantaine de diocèses français ont d'ores et déjà annoncé leur intention de participer à cette opération, qui est également en train de faire tache d'huile à l'étranger : l'initiative « Christian Bells » sera reprise dans plusieurs pays d'Europe.

    Deux diocèses espagnols, tous les diocèses de Belgique, ainsi que ceux de Luxembourg et de Genève-Lausanne-Fribourg, ont annoncé leur intention de s'associer à l'opération. A Rome, la basilique Sainte-Marie-in-Cosmedin, qui dépend du patriarcat grec-melkite catholique, fera elle aussi sonner ses cloches au même moment. Les cloches du diocèse catholique d’Islande, le plus nordique du monde, sonneront elles aussi, car, souligne l’évêque, « on ne peut rester insensible à ce qui se déroule en Terre Sainte ».

    « Il s’agira d’un appel à la prière, à l'amitié, à la fraternité », souligne le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, tandis que le cardinal André Vingt-Trois invite les fidèles parisiens à se souvenir que les douleurs anciennes des chrétiens d'Orient ont connu une aggravation. Il ne reste qu'environ 400 000 chrétiens en Irak, contre 1,4 million en 1987.

    Sesto Chouffot a recueilli la réaction de Mgr Jean-Clément Jeanbart, archevêque grec-melkite d’Alep en Syrie.  Voir ici :

    15 août : sonner les cloches pour ne pas oublier les chrétiens d'Orient

    JPSC

  • Assomption : les cloches des églises du diocèse de Liège sonneront pour les chrétiens d’Orient persécutés

    IMPRIMER

    Communiqué de Mgr Delville

    Face aux persécutions et massacres dont sont victimes les chrétiens d’Orient, le diocèse de Liège s’associe aux diocèses de France, à l’archidiocèse de Malines-Bruxelles et à d’autres diocèses du monde pour faire sonner les cloches des églises le 15 août à midi pendant une minute. Ces diocèses entendent ainsi exprimer leur solidarité avec ces chrétiens et prier pour eux.

     En ce jour de l’Assomption de Marie, nous sommes invités à prier la Vierge. Nous la prions comme le pape François, qui a découvert en Allemagne et introduit en Argentine la dévotion à Marie qui dénoue les nœuds. En effet, la Mère de l’Église dénoue les nœuds de la haine et de la violence qui étranglent souvent le cœur de l’homme. Elle fait tomber les murs de la violence qui séparent les peuples, les cultures et les religions. Le diocèse de Liège voue une reconnaissance particulière aux chrétiens d’Orient, puisque son premier évêque, saint Servais, était sans doute un chrétien syrien, appelé Sarbatios et venu comme missionnaire dans nos régions vers 340 ; il fut évêque de Tongres et a été enterré à Maastricht. C’est dans cet esprit de solidarité que j’invite les chrétiens du diocèse de Liège à s’associer à la prière pour les chrétiens d’Orient et à faire des gestes d’accueil à leur égard.

     

    + Jean-Pierre Delville, évêque de Liège

    Ref. Les cloches sonneront le 15 août à midi dans le diocèse de Liège pour les chrétiens d’Orient.

    Voir aussi:

    Belgique : les cloches sonneront le 15 août pour les chrétiens d’Orient

  • Imbroglio politico-militaire au moyen-orient : et les chrétiens dans tout cela ?

    IMPRIMER

    S’il s’attaque enfin à l’État islamique, le président turc Erdogan s’en prend aux Kurdes, pourtant ennemis de Daesh, en Syrie, en Irak, et sur le sol turc. C’est que la résistance des Kurdes à l’EI conforte également leur position  face à la Turquie dans le jeu de pouvoir au moyen orient. Et les chrétiens dans tout cela ? De Philippe Oswald sur le site « aleteia » :

    Ankara ne veut à aucun prix d’un Kurdistan indépendant dont le territoire serait à cheval sur le Kurdistan turc et le Nord de la Syrie. Erdogan profite de son entrée en guerre contre l’État islamique pour relancer l’offensive contre le PKK, le Parti des travailleurs du Kurdistan. Des tirs d’artillerie et de chars turcs postés à la frontière et des raids aériens visent les bases de Daesh et celles de leurs ennemis kurdes, le PYD, branche syrienne du PKK, ainsi que les monts Kandil, bastion du PKK en Irak. En Turquie, des vagues d’arrestations mêlent habilement quelques cellules djihadistes et une majorité d’activistes kurdes, mis devant l’opinion publique dans le même panier sous l’étiquette "terroristes" – non usurpée pour Daesh comme pour le PKK.

    Au nom de la lutte contre le terrorisme

    L’occasion, il est vrai, était à saisir : "La Turquie est confrontée à une flambée de violence depuis l’attentat, attribué à un kamikaze turc d’origine kurde ayant effectué des séjours en Syrie, qui a fait 32 morts lundi 20 juillet à Suruç (Sud-Est), non loin de la frontière avec la Syrie. Deux jours plus tard, le PKK se vengeait en assassinant deux policiers, complices selon lui de complaisance envers les djihadistes, à Ceylanpinar (Sud-Est)" (Le Monde).

    Erdogan compte bien ainsi affaiblir le Parti démocratique des peuples, le HDP, parti politique d’origine kurde dont le succès électoral a coûté au parti d’Erdogan, l’AKP, sa majorité le 7 juin dernier. "Le pouvoir cherche à délégitimer l'opposition et à redorer son blason", constate Le Point : "En créant un climat militariste et nationaliste, tout en donnant l'impression qu'il mène un combat global contre le terrorisme, le pouvoir en place espère s'assurer la victoire de l'AKP lors des élections anticipées".
    Un jeu dangereux, estime Ali Kazancigil, politologue et directeur de la revue de géopolitique Anatolie, interviewé par Radio Vatican : "On peut revenir à la situation catastrophique des années 90 avec des attentats et des assassinats" (le conflit aurait fait 40 000 victimes en 30 ans).

    "Changer l’équilibre dans toute la région"

    "La présence d'une Turquie susceptible d'utiliser efficacement la force peut permettre de changer l'équilibre en Syrie, en Irak et dans toute la région. Tout le monde doit en être conscient", a déclaré le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu (Le Figaro). Tel est le "deal" conclu ces dernières semaines entre Ankara et Washington.

    sources: Revue de presse

    Ref. Turquie : Erdogan frappe l’EI mais vise surtout les Kurdes

    JPSC