Du Père Edouard-Marie Gallez sur Eecho.fr :
Islamisme 2016 : parler avec les extrémistes ?
P. Edouard-M. Gallez
Tandis qu’en ce début d’année 2016, on commémore les effroyables attentats de Paris de l’année 2015, en janvier et novembre, les réactions officielles semblent montrer bien davantage une politique fondée sur l’émotionnel que l’analyse froide et rationnelle des faits et de leurs causes. Elles reflètent toutes cette peur qui paralyse l’intelligence, qu’il s’agisse de celle qui affecte tout un chacun ou d’un calcul consistant à jouer sur l’effroi de la population.
Les manipulations de la peur
Le comble de la manipulation revient sans aucun doute aux nouveaux collaborateurs de Charlie Hebdo : la caricature de couverture du numéro du mois de janvier montre le Dieu des chrétiens en terroriste armé d’une kalachnikov – comme s’il était le responsable des attentats. La dénonciation de l’islamisme est devenue le prétexte d’un anti-christianisme primaire qui, il est vrai, constitue le commerce de fonds de cet hebdomadaire précédemment confidentiel mais aujourd’hui très médiatisé – et subventionné. Il est vrai aussi qu’ecclésiastiques et quantité de médiatiques « experts en religions » n’ont cessé de répéter au long de 2015 que le Dieu des chrétiens et celui des musulmans est le même. Il y a de quoi excuser la confusion d’esprit d’une large partie de la population.
Plus encore que la haine, la peur et l’ignorance font dire, faire et accepter n’importe quoi. La peur est précisément ce que le terrorisme veut susciter dans une population. Or, comment ne pas voir que ce qui s’est passé après les attentats du 13 novembre dernier relève d’une telle volonté – à ceci près qu’elle procède directement de nos régimes en place ? Pourquoi susciter et entretenir un psychodrame médiatique durant des semaines en France… et en Belgique où Bruxelles fut même à moitié paralysée durant quatre jours, alors qu’il n’y avait là pas la moindre menace d’attentat ? Pourquoi jouer ainsi avec la peur, en recourant à des mesures « sécuritaires » dont tous les vrais spécialistes disent qu’elles sont parfaitement inutiles pour prévenir des actions terroristes ? Était-ce dans le but de les institutionnaliser ? Et également de convaincre la population que ses gouvernants sont « en guerre contre le terrorisme » comme ils le clament dans les médias ?
De ce dernier point, ceux qui sont encore en état de réfléchir peuvent sérieusement douter. Des questions sérieuses de géostratégie se posent : nous les laissons à d’excellents sites américano-canadiens ou européens qui apportent les éclairages nécessaires sur les énormes ambiguïtés entourant nos régimes que l’on dit démocratiques et qui sont plus que jamais liés aux pourvoyeurs du terrorisme international que sont l’Arabie Saoudite, le Qatar ou la Turquie d’Erdogan [1]. Ce qui nous regarde ici est bien davantage le plan religieux, et en particulier ce qui concerne les représentations religieuses des islamistes.