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Santé - Page 2

  • L'ère Paglia prend fin mais les références morales restent sous les décombres

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    De Tommaso Scandroglio sur la NBQ :

    L'ère Paglia prend fin, la moralité reste sous les décombres

    À 80 ans, le prélat et ami de Pannella dit au revoir à l'Institut théologique pontifical Jean-Paul II et à l'Académie pontificale pour la vie, après les avoir renversés tous les deux. Une gestion désastreuse qui a évincé Dieu des désirs et des besoins de l’homme pour marcher bras dessus bras dessous avec le monde.

    28_05_2025
    GIULIANO DEL GATTO - IMAGOÉCONOMIQUE

    La raison invoquée par le Vatican est formelle : avoir atteint la limite d'âge. Et c'est ainsi que Mgr. Vincenzo Paglia a quitté la direction de l'Institut théologique pontifical Jean-Paul II pour les sciences du mariage et de la famille et le cardinal Baldassare Reina a été nommé Grand Chancelier à sa place. Paglia quitte également la présidence de l'Académie pontificale pour la vie (APV) en faveur de Mgr Renzo Pegoraro.

    Quel est l’héritage que Mgr. Paglia nous a laissé ? Rappelons en résumé l’œuvre de destruction que Paglia a menée au détriment de la doctrine morale catholique sous le pontificat de François. Nous sommes en 2017 et l'APV organise une conférence avec l’Association médicale mondiale. La conférence a réuni des intervenants qui se sont prononcés ouvertement en faveur de l'avortement, comme Yvonne Gilli, représentante de la branche suisse du géant de l'avortement Planned Parenthood, et de l'euthanasie, comme René Héman, alors président de l'Association médicale allemande, Volker Lipp, professeur de droit civil à l'Université Georg-August de Göttingen, Heidi Stensmyren, ancienne présidente de l'Association médicale suédoise, Anne de la Tour, ancienne présidente de la Société française de soins palliatifs, et Ralf Jox, professeur à l'Université de Munich.

    Monseigneur Paglia congédie la vieille garde de l'APV et de l'Institut Jean-Paul II, trop attachée aux absolus moraux, et engage des personnalités plus enclines à une morale vouée au situationnisme, à la phénoménologie éthique et au proportionnalisme. Et ainsi, en 2017, Paglia a nommé comme membres du PAV Nigel Biggar – professeur de théologie morale et pastorale à l’Université d’Oxford – avorteur et pro-euthanasie, le professeur Katarina Le Blanc, professeure à l’Institut Karolinska, qui a utilisé des cellules souches embryonnaires dans son travail, et Don Maurizio Chiodi, professeur de bioéthique à la Faculté de théologie de l’Italie du Nord et favorable à l’insémination artificielleà la contraception et à l’homosexualité. En 2022, l'économiste Mariana Mazzucatoathée, militante pro-avortement et membre du Forum économique de Davos, a également rejoint l'APV en tant que membre. D'autres événements ont marqué la vie de l'APV au cours de ces années. En 2017, un séminaire international pour le trentième anniversaire de  Donum Vitae a été annulé : ce document de l’ancienne Congrégation pour la Doctrine de la Foi était clairement en contraste avec le nouveau cours. En février de la même année, Mgr. Paglia fait l'éloge du leader radical Marco Pannella, récemment décédé : « c'est une grande perte pour notre pays », « une histoire pour la défense de la dignité de tous », « un trésor précieux à préserver », « inspirateur d'une vie plus belle pour le monde qui a besoin d'hommes qui sachent parler comme lui ».

    Passons à 2018 : Paglia intervient dans le cas du petit Alfie Evans, vivant grâce au soutien d'une machine spéciale puis condamné à mort par la justice anglaise, et considère le maintien en vie de cet enfant comme une obstination thérapeutique, soutenant ainsi la thèse de l'euthanasie des juges de la Haute Cour de Londres.

    Nous sommes en août 2020 : le gouvernement a publié des directives pour accroître l’accès à l’avortement chimique au milieu de l’urgence Covid. L'APV publie une note critiquant ces directives, mais il manque une critique explicite de la loi 194 et du fait que le temps de prise de ces pilules a été prolongé, prolongeant ainsi également leur efficacité abortive.

    En octobre 2021, Mgr. Paglia est l'invité de  Rebus un talk-show sur Rai 3. A cette occasion, parmi d'autres « bévues », le président de l'époque de l'APV avait exprimé son soutien, bien qu'à contrecœur, à une loi sur le suicide assisté. En novembre de la même année, il intervient lors de la conférence Technologies et fin de vie : la primauté de l’accompagnement, où il se heurte à plusieurs difficultés sur des questions telles que le consentement, le DAT et l’indisponibilité de la vie. En avril 2023, lors d'un festival de journalisme, il revient sur le thème de la « légitimation du suicide assisté » et cette fois son soutien à une règle légitimante est clair, malgré une correction qui n'en est pas une car elle confirme le jugement initial.

    Nous arrivons en juin 2022. La Corsera interviewe Paglia sur le thème de l'avortement et sur la loi 194 (qui autorise le recours à l'IVG) : l'ancien président de l'APV ne profite pas de l'occasion en or pour affirmer que l'Église espère son abrogation, il semble en effet que Paglia ne veuille pas la remettre en question. Les doutes ont disparu après deux mois, lorsque Paglia a déclaré sur Rai 3 que la loi 194 est « un pilier de la société », ajoutant qu'elle n'est « absolument pas sujette à discussion ». En novembre de la même année, il a donné une interview à The Tablet dans laquelle, concernant la légalité de la contraception, le monseigneur s'est exprimé ainsi : « Je crois que le jour viendra où le pape François ou le prochain pape le fera. Mais que puis-je dire ? Bien sûr, nous devons en tenir compte. "

    Également en 2022, le volume de l'APV est publié (Éthique théologique de la vie. L'Écriture, une tradition) qui soutient la bonté de la contraception, pour surmonter les limites imposées par Humanae Vitae, la fécondation extracorporelle et l'euthanasie. Puis en 2024 a été publié le Petit lexique de la belle vie, dans lequel il est clair que l'APV est en faveur de l'euthanasie, la déguisant en refus de l'obstination thérapeutique et du suicide assisté. Le livre suscite une certaine désapprobation et Paglia tente alors de le rafistoler en donnant quelques interviews, mais le rafistolage s'avère pire que le trou.

    En ce qui concerne l’Institut Jean-Paul II, un motu proprio de 2017 du pape François bouleverse son identité, telle qu’elle a été conçue par Jean-Paul II, car le document de référence devient Amoris laetitia : la pastorale supplante la doctrine, les références morales sont données par des cas particuliers, le discernement personnel, la pratique, l’intention subjective, les circonstances, etc. Paglia, bien sûr, embrasse pleinement ce changement de paradigme. Une preuve parmi tant d'autres : la même année, il donne une interview dans laquelle il approuve la communion pour les divorcés remariés. En 2019, Paglia a publié les statuts de l'Institut : la Théologie morale a été supprimée, ce qui revient à supprimer l'examen de droit privé à la faculté de droit, et deux professeurs qui étaient des symboles de JPII et de l'orthodoxie doctrinale ont été torpillés : Monseigneur Livio Melina et le Père José Noriega. D'autres purges suivront, tandis que seront appelés à enseigner des professeurs qui soutiennent une orientation contraire aux enseignements de Jean-Paul II, comme le susmentionné Don Maurizio Chiodi, Don Pier Davide Guenzi, favorable aux comportements homosexuels, et Monseigneur Pierangelo Sequeri, le directeur de l'Institut. La meilleure synthèse de la nouvelle nature qui imprègne l'Institut Jean-Paul II se trouve peut-être dans un article, publié en janvier 2021 sur la page Facebook de l'Institut, qui disait : « défendre le droit à l'avortement ne signifie pas défendre l'avortement ».

    Venons-en à la morale de l'histoire, qui est que plus une histoire apparaît comme un drame, plus elle est complexe. L'APV et l'IJPII dirigés par Paglia sont passés d’une théologie morale fondée sur la Révélation et sur la métaphysique de l’être et de la personne, à une théologie historiciste et subjectiviste. Ce qui est mal en soi est devenu ce qui est mal à mon avis, l'intention subjective a effacé le sens moral objectif des actes, les circonstances se sont transformées en causes légitimant le mal, les phénomènes sociaux sont devenus des paradigmes éthiques de référence, la nature humaine a été supplantée par les coutumes, les conditionnements, les habitudes, les traits psychologiques individuels. En fin de compte, Dieu et ses exigences ont été évincés de tous les simples désirs et besoins de l’homme.

  • Face aux sirènes de l’euthanasie : répondre aux arguments de la souffrance, de l’autonomie et de la dignité

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    De Claves.org :

    Réponse aux trois (meilleurs) arguments pro-euthanasie

    Alors qu'en France, l’Assemblée Nationale se réunit aujourd’hui pour le vote solennel des lois sur la fin de vie, dont l’une consiste – sans le dire ouvertement – en une très grave violation de l’interdit de tuer, par la légalisation de l’euthanasie et du suicide assisté, Matthieu Lavagna s’apprête à publier un excellent ouvrage de débat, résumant brièvement et clairement les arguments majeurs de la position anti-euthanasie. De bonnes raisons de lire L’euthanasie en débat (sortie prévue le 30 mai, éditions Salvator).

    Face aux sirènes de leuthanasie : répondre aux arguments de la souffrance, de lautonomie et de la dignité

    Clair, informé, rigoureusement argumenté, l’ouvrage de Matthieu Lavagna s’adresse à tous ceux qui veulent comprendre ce qui est réellement en jeu dans la légalisation de l’euthanasie ou du suicide assisté. Dans une société où le débat public s’enlise souvent dans l’émotionnel, l’auteur s’attelle à une tâche difficile : montrer qu’une position rationnelle et cohérente demeure possible et nécessaire. Après avoir exposé l’argument central contre l’euthanasie (voir notre article précédent) – à savoir qu’elle constitue un homicide volontaire, donc intrinsèquement immoral et incompatible avec le droit –, Lavagna entreprend de répondre aux principales objections formulées par ses défenseurs. Trois arguments en particulier, souvent invoqués par les partisans de l’euthanasie, méritent selon lui une attention sérieuse et une réponse détaillée : celui de la souffrance, celui de l’autonomie corporelle et celui de la vie prétendument « indigne d’être vécue ». À chacun, il oppose une réfutation claire, solide et décisive.

    1. La souffrance : un drame humain, non une justification du meurtre

    Le premier argument, sans doute le plus fréquent, consiste à invoquer la souffrance – physique ou psychique – pour justifier le recours à l’euthanasie. Il s’agit, au nom de la compassion, d’abréger une agonie jugée insupportable. Cette rhétorique, puissamment émotionnelle et souvent appuyée par l’évocation de cas particulièrement douloureux (et complexes), peut faire passer les opposants à l’euthanasie pour des êtres cruels, insensibles à la douleur humaine. Or rien n’est plus faux, rétorque Matthieu Lavagna : la véritable compassion n’est pas d’éliminer le patient, mais de soulager sa douleur. Et la médecine contemporaine dispose justement aujourd’hui de moyens puissants et efficaces pour cela : antalgiques, anesthésiques, sédatifs… Selon un consensus médical relayé par le Comité Consultatif National d’Éthique, « Les experts s’accordent pour dire que toute douleur peut aujourd’hui être soulagée » [1]. Il est donc possible, sans avoir recours à l’euthanasie, de soulager les souffrances du corps et d’accompagner le malade jusqu’au terme naturel de sa vie, dans le respect de sa dignité.

    Matthieu Lavagna rappelle le principe du double effet (formulé par Jean de Saint-Thomas à partir des principes de saint Thomas d’Aquin), qui justifie moralement certaines pratiques médicales comme la sédation profonde (usage de traitements anti-douleurs dont un effet secondaire non désiré peut être d’accélérer la survenue de la mort) : on peut accepter un effet négatif (la mort anticipée) s’il n’est pas directement voulu, mais seulement toléré comme conséquence d’un acte bon (le soulagement de la douleur) qui ne peut être la conséquence de l’effet mauvais. Cette distinction est cruciale : le but du soin n’est pas de tuer, mais de soigner – tuer n’est jamais un soin.

    Il faut aussi souligner, avec l’auteur, que le sous-développement des soins palliatifs est un choix politique (ou un non-choix, ce qui revient au même) : en France, la sédation profonde ne concerne aujourd’hui qu’environ 3 % des décès. En renforçant cette offre médicale, nous pourrions faire reculer de manière décisive les demandes d’euthanasie et le mal-être des personnes en fin de vie. Matthieu Lavagna regrette toutefois que la loi Claeys-Leonetti de 2016 ait introduit une ambiguïté grave : en considérant désormais l’alimentation et l’hydratation d’une personne en état de dépendance comme des traitements (et non comme des soins), autorisant leur interruption dans certaines circonstances, ouvrant ainsi la voie à une euthanasie par omission. Il plaide pour un retour aux principes plus équilibrés de la loi de 2005 (dite loi Leonetti). En somme, la souffrance est un drame, jamais un argument suffisant pour justifier l’élimination délibérée d’un être humain.

    2. Lautonomie corporelle : un principe fondamental, mais non absolu

    Deuxième pilier du discours pro-euthanasie : l’autonomie corporelle. Pourquoi l’État interdirait-il à une personne de disposer librement de son propre corps ? Ne sommes-nous pas maîtres de notre vie – et donc de notre mort ? Cet argument, popularisé par des penseurs comme Peter Singer ou des personnalités comme Line Renaud, repose sur une vision individualiste – et fausse – de la liberté. L’ADMD (Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité – principal lobby pro-euthanasie, auquel appartient Line Renaud) revendique ainsi la possibilité de choisir « le moment et les modalités » de sa mort comme l’expression ultime de l’autonomie personnelle.

    Or cette conception absolutisée de la liberté ne résiste pas à l’analyse, souligne Matthieu Lavagna. D’abord, si l’on accepte ce principe, toute demande de mort devrait être recevable, y compris pour des raisons futiles : une peine de cœur, une dette, un échec professionnel… Ce que refusent tout de même les défenseurs de l’euthanasie, qui prétendent imposer des conditions, preuve qu’ils ne croient pas eux-mêmes à un droit illimité de se donner la mort.

    Matthieu Lavagne observe en outre que l’État ne reconnaît déjà pas un droit absolu de disposer de son corps : la vente d’organes, la gestation pour autrui, l’usage de drogues dures ou encore l’achat de services sexuels sont encadrés, voire interdits. La liberté corporelle connaît donc des limites, dictées par le respect du bien commun et de la santé publique.

    Enfin – et surtout – Matthieu Lavagna dénonce une équation fallacieuse : ce n’est pas parce qu’un patient demande à mourir que le médecin acquiert le droit de le tuer. Accepter cela reviendrait à dissoudre toute déontologie médicale : un médecin ne peut pas obéir aveuglément à des demandes objectivement contraires à la santé ou à la vie du patient, comme amputer sans raison un psychotique, ou affamer un anorexique, sous prétexte de respecter sa liberté ; certaines demandes sont moralement irrecevables. De plus, les droits fondamentaux – dont le droit à la vie – sont inaliénables : on ne peut y renoncer, même volontairement. La liberté ne consiste pas à faire ce que l’on veut, mais à choisir le bien ; l’autonomie ne saurait justifier la destruction volontaire de soi-même, encore moins impliquer autrui dans cet acte destructeur.

    3. La dignité : une réalité objective, non un ressenti subjectif

    Le troisième argument, plus insidieux et pourtant tellement « politiquement correct », postule qu’une vie gravement diminuée, marquée par la dépendance ou la souffrance, n’aurait plus de dignité – et qu’il serait alors plus « digne » de mourir que de vivre. Cet argument repose sur une vision subjective et utilitariste – en réalité terrible – de la dignité humaine. Pour Line Renaud, égérie de l’ADMD, « quand il n’y a plus de qualité de vie, il vaut mieux partir ». Matthieu Lavagna démasque la logique dangereuse d’une telle affirmation : si la valeur d’une vie dépend du ressenti individuel, alors il n’y a plus d’égalité entre les êtres humains. Que dire des personnes handicapées, des malades mentaux, des dépressifs ? Leur vie aurait-elle moins de valeur ? Leur droit à vivre serait-il conditionnel ? L’appréciation subjective que tout un chacun peut se faire de sa propre dignité crée-t-elle une distinction entre deux classes de personnes humaines ?

    En réalité, la dignité humaine ne dépend pas de la conscience, de la santé ou de l’autonomie : elle est inscrite dans l’être même de la personne ; toute vie humaine a une valeur intrinsèque, qu’elle soit jeune ou âgée, valide ou dépendante, consciente ou non. La fragilité en particulier mérite et demande un respect et une considération particuliers. Admettre le contraire reviendrait à diviser l’humanité en deux catégories : ceux qui méritent la vie, et ceux qu’on peut éliminer. L’argument de la « dignité » conduit ainsi à une régression éthique majeure. Lavagna rappelle ici le véritable héritage des droits de l’homme : le respect de la vie humaine, en toute circonstance, est le fondement même de notre civilisation, rappelé notamment dans la Déclaration Universelle de 1948, aux termes de laquelle « tous les membres de la famille humaine » ont des « droits égaux et inaliénables » qui constituent « le fondement de la liberté, de la justice et de la paix dans le monde » et ont donc également « droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne »[2]. L’abolir pour quelques cas-limites, aussi douloureux soient-ils, reviendrait à fragiliser la protection de tous et à introduire un terrible cheval de Troie dans l’édifice juridique dont la fonction même est la protection des personnes dans leurs droits les plus fondamentaux (le plus fondamental de tous n’est-il pas le droit à la vie, sans lequel aucun autre ne trouve de sens ?).

    Un livre pour réveiller les consciences

    Par son argumentation limpide, sa maîtrise des sources juridiques, médicales et philosophiques, Leuthanasie en débat s’impose comme une lecture indispensable pour tous ceux qui refusent de voir la compassion dévoyée en logique d’élimination. Matthieu Lavagna ne nie ni la complexité des situations, ni la profondeur des détresses, mais il démontre que la réponse juste ne saurait être la suppression du patient. En répondant avec clarté et précision aux trois principaux arguments pour la légalisation de l’euthanasie, il oppose un plaidoyer éclairé pour la vie, la vraie compassion, et une médecine fidèle à sa vocation première : soigner, toujours.

    Références
    1 CCNE, avis n°121, 30 juin 2013.
    2 Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, Préambule et Article 3.

    Lire également : L’argument majeur contre toute forme d’euthanasie

  • L'archevêque de Paris sur l’euthanasie : « La mort donnée ne peut pas être un soin ! »

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    D'Anne Van Merris sur zenit.org :

    21 Mai 2025

    La veillée de prière pour la Vie a rassemblé 2 000 fidèles le 21 mai 2025 © Marie-Christine Bertin / Diocèse de Paris

    La Veillée De Prière Pour La Vie A Rassemblé 2 000 Fidèles© Marie-Christine Bertin / Diocèse De Paris

    Mgr Ulrich sur l’euthanasie : « La mort donnée ne peut pas être un soin ! »

    Une grande veillée de prière pour la Vie a eu lieu mercredi 21 mai à Paris

    Alors que l’Assemblée nationale examine ces jours-ci la proposition de loi sur « l’aide à mourir », l’Église de France a organisé mercredi 21 mai 2025 sa 16e veillée de prière pour la Vie en la cathédrale Notre-Dame de Paris.

    Si l’édition 2024 s’était déroulée peu de temps après l’entrée dans la constitution de la loi sur l’avortement, la veillée de prière 2025 a coïncidé avec les discussions des parlementaires sur la possible légalisation de l’euthanasie et du suicide assisté.

    Près de 2 000 fidèles de tous les âges se sont rassemblés dans la cathédrale autour de plusieurs évêques de la province d’Île-de-France, dont l’archevêque de Paris, Mgr Laurent Ulrich ainsi que Mgr Antoine de Romanet, évêque aux Armées et Mgr Olivier Ribadeau-Dumas, recteur de Notre-Dame de Paris.

    « Nous prétendons que l’espérance n’est pas morte »

    La soirée a été ponctuée par des temps de prière, de louange et de témoignages parlant de la « beauté de la vie ». Les évêques ont lu chacun à leur tour des intentions de prière et les fidèles ont ensuite été invités à déposer leurs propres intentions devant l’autel.

    « La mort donnée n’est pas, ne peut pas être un soin » a déclaré Mgr Ulrich dans son homélie, « nous ne pouvons pas, sans réagir, laisser dire que l’espérance pour notre société réside dans ce que l’on veut appeler un progrès, celui prétendu d’une mort douce et choisie. » « Au contraire, nous prétendons que l’espérance n’est pas morte, nous croyons que l’amitié qui tend la main pour vivre jusqu’à la consommation de la vie entretient la paix et même la joie de celui qui meurt comme de celui qui l’accompagne » a-t-il ajouté.

    Les différents cultes ont réagi 

    Par la voix de plusieurs de ses évêques et de son porte parole, Mgr Pierre-Antoine Bozo, l’Église catholique en France ne cesse d’alerter sur cette proposition de loi qui pèse sur les plus fragiles et sur la mise en question du respect dû à toute vie humaine.

    Cette dignité donnée par Dieu à l’homme a d’ailleurs été réaffirmée en avril 2024 par le Dicastère pour la doctrine de la foi. « L’Église proclame l’égale dignité de tous les êtres humains, quelles que soient leur condition de vie et leurs qualités. Cette proclamation repose sur une triple conviction qui, à la lumière de la foi chrétienne, confère à la dignité humaine une valeur incommensurable et en renforce les exigences intrinsèques » est-il écrit dans Dignitas infinita, publiée le 2 avril 2024 par le Vatican.

    Mais l’Église catholique n’est pas toute seule à s’opposer à ce projet de loi. Le 15 mai dernier, la Conférence des responsables de culte en France (CRCF) – catholique, protestant, orthodoxe, juif, musulman et bouddhiste – a écrit un message pour alerter sur les graves dérives qui vont à l’encontre de la dignité de la vie humaine.

    Mgr Ulrich sur l’euthanasie : « La mort donnée ne peut pas être un soin ! » | ZENIT - Français

  • France : les députés adoptent le « droit à l’aide à mourir » : une « trajectoire vertigineuse »

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    De gènéthique.org :

    Les députés adoptent le « droit à l’aide à mourir » : une « trajectoire vertigineuse »

    19 mai 2025

    Samedi, les députés ont continué l’examen de la proposition de loi « relative au droit à l’aide à mourir ». Des séances ajoutées afin de tenir les délais d’examen du texte : le vote solennel est prévu le 27 mai.

    « Aide à mourir » : un oxymore, un euphémisme

    Alors qu’ils examinent l’article 2, les deux premières heures du débat ont été intégralement consacrées à des débats sémantiques, dans le prolongement de ceux de la veille. Christophe Bentz (Rassemblement National) souligne que le terme « aide à mourir » est en fait un oxymore, mêlant une notion positive (aide) et une notion négative (mourir). Ce qui donne une idée faussement positive de l’acte d’administrer une substance létale.

    C’est aussi un euphémisme qui engendre une confusion pointe Philippe Juvin (Droite Républicaine) : l’« aide à mourir » existe déjà dans les soins palliatifs où l’on accompagne le patient jusqu’à la mort. C’est « une offense faite aux soignants lesquels, précisément, aident les malades à mourir », abonde Annie Vidal (Ensemble pour la République).

    La députée comme Dominique Potier (Socialistes et apparentés) tente au moins d’insérer l’adjectif « active » pour dissiper un peu la confusion mais tous les amendements relatifs à la terminologie sont rejetés.

    Un « droit » affiché comme un « soin »

    Charles Rodwell (Ensemble pour la République) prévient : le terme de « droit » ouvre la voie à des élargissements inévitables. La ministre Catherine Vautrin, contrairement au rapporteur général Olivier Falorni (Les Démocrates), est très réservée sur l’usage de cette notion de « droit ». « Je suis en désaccord avec le vote de la commission sur la notion de droit à l’aide à mourir plutôt que d’aide à mourir, indique la ministre. Pour le gouvernement, il s’agit non pas d’un droit, mais d’une liberté encadrée par des conditions médicales strictes qui définissent l’éligibilité ; c’est ce qui était prévu dans le texte présenté l’année dernière et c’est pourquoi nous sommes défavorables à ce terme. »

    L’amendement 834 de Charles Sitzenstuhl (Ensemble pour la République) demande que le sujet de l’« aide à mourir » ne soit pas placé dans la première partie du Code de la Santé publique consacrée à la « Protection générale de la santé », mais dans une septième partie, à créer, pour éviter la confusion de l’administration d’une substance létale avec un soin. Son amendement est rejeté mais le débat sur cette question reviendra plus tard.

    L’euthanasie rétablie comme une « exception »

    Le rejet des amendements s’enchaine jusqu’à la proposition de rétablir l’euthanasie comme une exception et non plus une décision du patient. Ainsi, l’amendement 2650 du gouvernement qui est adopté prévoit que l’euthanasie ne sera pratiquée sur une personne que « lorsqu’elle n’est pas en mesure physiquement d’y procéder ». « La loi affirme que le dernier acte doit appartenir à l’individu. » Olivier Falorni plébiscitait, lui, le « libre choix ». Le rapporteur général « redoute » qu’un patient ne soit finalement pas en mesure de s’administrer une substance létale pour « des raisons diverses », telles que l’« angoisse » ou le « stress ».

    De multiples amendements dans les rangs de la droite et du centre allaient dans le même sens. Les amendements visant à introduire le volontariat du médecin ou le fait qu’il doive être en activité seront, eux, rejetés.

    Plus tard, des députés, nombreux, tenteront de supprimer complètement l’alternative euthanasique, « même si l’acte n’est pas moins grave sur le fond » souligne Christophe Bentz. « La légalisation de la mort provoquée n’est pas qu’une question individuelle », insiste de son côté Thibault Bazin quand Vincent Trébuchet (UDR) dénonce : « L’ouverture de l’euthanasie, ce serait revenir sur 2 500 ans de serment d’Hippocrate ». « Continuons à renouveler ces interdits qui sont porteurs d’une véritable fraternité, et qui sont des garde-fous indispensables à notre vivre ensemble » plaide-t-il. Tous ces amendements seront rejetés ; l’euthanasie demeurera une possibilité.

    Danielle Simonnet (Ecologiste et social) veut, quant à elle, que l’administration du produit létal puisse être effectuée par « un proche » (amendement 1858). Un « geste humaniste » pour Sandrine Rousseau du même groupe. Son amendement est rejeté mais Karen Erodi (LFI-NFP) lui succède en défendant l’amendement 2232 visant à autoriser cette fois une personne désignée par le patient. Philippe Juvin alerte contre les potentiels conflits d’intérêts mais pointe aussi la « charge psychologique », et parfois la « grande fatigue des aidants ». Les amendements sont rejetés.

    Une pratique supprimée du Code pénal

    Patrick Hetzel, entre autres députés, veut supprimer l’alinéa 7 de l’article 2 qui dispose : « Le droit à l’aide à mourir est un acte autorisé par la loi au sens de l’article 122‑4 du code pénal ». De nombreuses difficultés juridiques sont soulevées : comment distinguer de la non-assistance à personne en danger ? ou encore de l’incitation au suicide ?

    « Je considère que l’alinéa 7 de l’article 2 est la clé de voûte de ce texte. » Pour défendre son amendement Charles Sitzenstuhl emploie le terme d’« homicide », ce qui provoque un rappel au règlement de Nicolas Turquois (Les Démocrates). Le député refuse d’être placé dans une situation de complicité d’homicide.

    Le Code pénal est d’interprétation stricte, souligne Philippe Juvin, aussi souhaite-t-il que les termes de suicide assisté et euthanasie soient utilisés dans cet alinéa.

    Tous ces amendements sont rejetés.

    « Je suis convaincu que si ce texte reste solide et équilibré, il aura une majorité »

    La question des directives anticipées revient dans les échanges avec de nombreux amendements, issus des propositions de la MGEN (cf. « Aide à mourir » : une mutuelle propose des amendements aux députés) ou travaillés avec l’Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité (ADMD). L’objectif est d’introduire la possibilité de formuler une demande d’« aide à mourir », y compris indirectement.

    Le rapporteur Olivier Falorni remercie tous les députés ayant présenté ces amendements, mais invite toutefois ses collègues à les retirer… au moins pour le moment. « Je suis convaincu que si ce texte reste solide et équilibré, il aura une majorité », martèle t-il. « Si ces amendements étaient adoptés, ils rompraient l’équilibre de ce texte », craint le rapporteur général.

    Nicolas Sansu (Gauche Démocrate et Républicaine, amendement 1364) et Emeline K/Bidi (Gauche Démocrate et Républicaine, amendement 1384) obtempèrent pour permettre le vote de « l’aide à mourir ». Ceux de Danielle Simonnet, d’Océane Godard (Socialistes et apparentés) et de Marie-Noëlle Battistel (Socialistes et apparentés) ne le sont pas ; ils seront rejetés.

    A l’inverse, Christophe Bentz insiste pour que la demande soit « répétée » afin de sécuriser la procédure et de prévenir toute survenue d’un contentieux (amendement 1251). « Nous souhaitons graver dans le marbre un certain nombre de garde-fous, même si nous savons qu’ils sauteront malheureusement un à un dans le temps », explique le député. Son amendement est également rejeté, comme celui de Charles Rodwell (756) qui visait à préciser que la demande ne doit pas être faite « sous pressions extérieures ».

    L’article 2 est adopté, consacrant un « droit à l’aide à mourir », et les discussions se poursuivent sur l’article 3 qui veut introduire l’« aide à mourir » dans le Code de la santé publique.

    « Ce n’est pas de la médecine, c’est un choix de société »

    « Il ne s’agit en aucun cas d’un soin, affirme Sandrine Dogor-Such (Rassemblement National). Ce n’est pas de la médecine, c’est un choix de société. »

    « J’ai l’impression que l’introduction de cette loi vient bousculer l’éthique du soin, change le regard que les soignants auront sur eux-mêmes », appréhende Dominique Potier face à cette « trajectoire vertigineuse ».

    Quand Charles Sitzenstuhl interroge sur l’absence de données relatives au nombre de personnes qui seront concernées par le texte, Christophe Bentz insiste sur le fait que 180.000 Français meurent chaque année sans avoir eu accès à des soins palliatifs. « Y-a-t-il une liberté lorsque le choix c’est souffrir ou mourir ? »

    « Réussir sa vie c’est aussi réussir sa mort », défend de son côté Michel Lauzzana (Ensemble pour la République), invoquant la notion de dignité, une « notion personnelle » (cf. Fin de vie : « Députés de gauche, nous vous demandons de faire barrage à cette proposition de loi, par fidélité à ce que la gauche a de plus précieux : la défense indiscutable de la solidarité et de la dignité humaine »). « Parce quand on part dans une situation où on est très dégradé, où on ne veut pas se voir, je crois qu’on rate un petit peu de sa vie aussi ». Des vies vaudraient-elles moins que d’autres ?

    Dominique Potier interpelle : « Tout a été dit sur cet article L110-5 [NDLR : qu’il s’agit de modifier avec l’article 3 de la proposition de loi] qui a été façonné par des personnes qui, depuis les années 80, je pense à Bernard Kouchner et jusqu’à Claeys-Leonetti, ont progressivement créé un continuum législatif qui s’arrête à la limite que vous critiquez. » « Je vous demande simplement, pour le respect du monde des soins palliatifs et de ceux qui ont bâti ce continuum législatif : ne touchez pas à cet article. ». « Cela ne change rien au reste de la loi », appuie l’élu. « Ou alors vous montrerez que vous êtes dans une logique de bataille culturelle contre tout ce qui peut faire société et faire commun au nom des libertés individuelles. » Plus tard dans la soirée, l’article 3 sera adopté, modifiant le Code de la santé publique. CQFD.

  • Joseph Moscati, un saint médecin napolitain (12 avril)

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    Saint Joseph Moscati, médecin et saint de Naples (d'Evangile au Quotidien)

    Giuseppe Moscati naît à Bénévent (en Campanie), le 25 juillet 1880, du magistrat Francesco Moscati et Rosa De Luca, des marquis de Roseto. Il fut baptisé six jours après la naissance, le 31 juillet 1880. En 1884, la famille s’installa à Naples car Francesco Moscati fut nommé Président de la Cour d’Appel de cette ville.

    Giuseppe fit sa première communion le 8 décembre 1888 et reçut le sacrement de confirmation, par Monseigneur Pasquale De Siena, le 3 mars 1890. 

    En 1889 entre au lycée classique Vittorio Emanuele de Naples (votre serviteur a fréquenté le même lycée) où, en 1897, il obtient son baccalauréat avec mention.

    Ému par l'accident d'un de ses frères, il décide de se mettre au service des malades et s'inscrit à la faculté de médecine. Il soutient une thèse sur l'uréogenèse hépatique, le 4 août 1903, et obtient son doctorat en médecine avec les félicitations du jury.

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  • Dépistage prénatal, IVG et stérilisation forcées : l’ONU épingle les pratiques eugénistes de l’Europe

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    De Gènéthique Magazine :

    Dépistage prénatal, IVG et stérilisation forcées : l’ONU épingle les pratiques eugénistes de l’Europe

    5 avril 2025

    Après celles relatives au Canada (cf. Canada : l’ONU appelle à interdire l’euthanasie des personnes handicapées), le Comité des droits des personnes handicapées (CRPD) de l’Organisation des Nations unies (ONU) a publié ses observations finales concernant l’Union européenne. Son rapport a été examiné les 11 et 12 mars, soulevant de nombreuses inquiétudes.

    Des « comportements eugénistes discriminatoires » en matière de dépistage prénatal

    Dans ses observations, le Comité « note avec préoccupation » les « comportements eugénistes discriminatoires à l’égard des personnes handicapées en matière de diagnostic prénatal de déficiences, ce qui affecte en particulier les personnes souffrant d’un handicap intellectuel et/ou psychosocial et les personnes autistes » (cf. L’eugénisme : une pratique interdite… mais florissante). A l’heure actuelle, la trisomie 21 est en effet en particulier visée par les politiques de dépistage prénatal, notamment en France (cf. Les Nations Unies reprochent à la France sa politique de dépistage prénatal de la trisomie 21). D’autres « déficiences » pourrait bientôt en faire les frais. La HAS a récemment élargi ses recommandations en matière de dépistage prénatal non invasif (cf. DPNI : la HAS recommande d’élargir le dépistage, au-delà de la trisomie 21). L’autisme pourrait-il être bientôt concerné ?

    Dès lors, le CRPD recommande à l’Union européenne de prendre des mesures « durables » pour « lutter contre la stigmatisation, le capacitisme et la discrimination dans le diagnostic prénatal des déficiences », et de « fournir aux personnes handicapées et aux parents d’enfants handicapés un soutien adéquat pour élever leurs enfants au sein de la communauté ».

    Des prises en charge parfois « discriminatoires »

    L’ONU souligne également l’existence de protocoles médicaux « discriminatoires » et des taux de mortalité plus élevés en institutions, notamment durant la crise du Covid-19. Pour le Comité il s’agit de développer des préconisations et des normes assurant un égal accès aux traitements destinés à sauver des vies, en particulier en cas d’urgence médicale (cf. Trisomie 21 et Covid : six fois plus de probabilité de ne pas être réanimé).

    Le CRPD est également préoccupé par l’émergence de certaines technologies, dont l’intelligence artificielle et la prise de décision « automatisée ». Il appelle à assurer que les personnes porteuses de handicap aient un droit « effectif » à consentir ou non au traitement de leurs données et puissent contrôler leurs données de santé, à travers la mise en place d’interfaces adaptées.

    Protéger l’intégrité des personnes

    Autre sujet d’inquiétude du Comité des droits des personnes handicapées : l’intégrité des personnes. En effet, il dénonce le fait que des personnes porteuses d’un handicap intellectuel et/ou psychosocial subissent des « formes de traitement irréversibles, invasifs et nocifs ». Parmi les « traitements » évoqués par le CRPD, la stérilisation, l’avortement et la contraception forcés.

    L’ONU appelle à cesser ces pratiques non consenties.

    Dans ses conclusions le Comité souligne l’importance de toutes les recommandations contenues dans ses observations finales. Le prochain rapport est attendu le 23 novembre 2032. L’Union européenne prendra-t-elle les mesures qui s’imposent ?

  • Le vieillissement et la quête de l'immortalité

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    De Francis X. Maier sur First Things :

    Le vieillissement et la quête de l'immortalité

    Mais la longévité n'est pas sans précédent, même dans l'Antiquité. Dans de bonnes conditions, comme l'indiquaient les Écritures il y a plus de deux millénaires, les gens pouvaient vivre, et vivaient souvent, jusqu'à soixante-dix ou quatre-vingts ans. La question est de savoir si la nature possède une limite génétiquement programmée à la durée de vie humaine. Le bioéthicien Léon Kass, entre autres, a soutenu qu'une telle limite semble exister autour de cent ans. Des exceptions existent évidemment. La plus ancienne durée de vie humaine avérée est celle d'une Française, décédée en 1997 à l'âge de 122 ans. Mais tout objectif dépassant un siècle pour l'espèce humaine paraît biologiquement fantaisiste.

    Cela invite bien sûr les scientifiques à prouver le contraire, ou du moins à essayer. Et ils s'y emploient sérieusement.

    Comme le rapportait le Wall Street Journal fin mars, le mouvement anti-âge actuel a progressé à toute vitesse au milieu de débats acharnés, passant de la marge au cœur de la science. Une grande partie de la recherche anti-âge actuelle, et les entreprises qui cherchent à en tirer profit, se concentrent sur la famille de gènes qui régissent le vieillissement humain et sur les moyens de ralentir ou d'enrayer ce processus. Il en résulte un marché florissant de vitamines, de compléments alimentaires et de divers composés chimiques destinés à l'ingestion, qui visent à retarder la détérioration physique et mentale et à prolonger non seulement la durée de vie, mais aussi sa qualité. Les « débats acharnés » dans la recherche anti-âge ne remettent pas en cause l'objectif. La prolongation indéfinie de la vie est la quête du Saint Graal communément partagée par tous les scientifiques impliqués. Les débats portent plutôt sur l'efficacité réelle des médicaments actuels et sur la pertinence des promesses de progrès et des avancées imminentes dans ce domaine.  

    Le mouvement compte désormais des alliés influents à Washington. En janvier, le Wall Street Journal notait que plusieurs membres et alliés de l'administration Trump avaient « intégré le mouvement en faveur de la longévité », espérant que « la nouvelle administration facilitera le développement de traitements anti-âge et stimulera le financement de la recherche ». 

    Tout cela devrait être une bonne nouvelle pour les prophètes et les promoteurs vétérans du mouvement, parmi lesquels le futurologue de Google, Ray Kurzweil.

    Kurzweil, auteur de « La Singularité est proche  » (et plus récemment de « La Singularité est plus proche ») et lauréat de la Médaille nationale de la technologie et de l'innovation, soutient depuis longtemps que l'immortalité est non seulement atteignable, mais aussi que la « vitesse de libération de la longévité » – le point où « le progrès scientifique annule le passage du temps [afin] de ne pas le gaspiller en vieillissant » – est imminente. Aujourd'hui âgé de soixante-dix-sept ans et convaincu, il prend plus de quatre-vingts comprimés par jour (contre environ deux cents il y a quelques années) pour être sûr d'être là pour la grande découverte.

    Dans une interview accordée à Wired en 2024 , il a décrit l'horizon scientifique de cette manière :

    La mort n'a rien d'inévitable, et nous inventons des solutions pour l'enrayer. En gros, nous pouvons nous débarrasser de la mort grâce au vieillissement… Une fois la singularité dépassée [comme l'émergence de l'intelligence artificielle générale], nous pourrons intégrer des connexions d'IA à notre propre cerveau. Ce ne sera pas littéralement à l'intérieur du cerveau, mais connecté au cloud. L'avantage d'un cloud, c'est qu'il est entièrement sauvegardé… Nous allons combiner [avec diverses formes d'IA]. Les gens ressembleront toujours à des humains, avec une peau humaine normale. Mais ils seront une combinaison du cerveau avec lequel nous sommes nés, ainsi que de celui des ordinateurs, et ils seront beaucoup plus intelligents. Lorsqu'ils feront quelque chose, nous les considérerons comme des humains. Nous aurons tous des surhumains dans notre cerveau. 

    Que penser de tout cela ?  

    Ma femme et moi avons un fils atteint du syndrome de Down. Plusieurs de nos petits-enfants présentent des handicaps allant de modérés à sévères. Dans notre famille, la perspective d'implants neurologiques pour aider les personnes atteintes de troubles cognitifs ou remédier à une incapacité physique semble, tout compte fait, plus une bénédiction qu'une malédiction. La recherche génétique, bien menée, est assurément un cadeau. Et puisque nous aurons tous deux soixante-dix-sept ans cette année, la question de la mortalité n'est plus aussi abstraite qu'elle l'était autrefois. Vivre plus longtemps en bonne santé semble chaque jour plus attrayant.

    Et pourtant, je n'arrive pas à me sortir de la tête la question du « pourquoi ». Guérir les maladies et améliorer la qualité de vie servent évidemment la dignité humaine. Mais pourquoi moi , ou toute autre personne de mon âge et saine d'esprit, voudrais-je vivre dans ce monde divisé pendant encore soixante-dix ou sept cents ans ? Kurzweil a soutenu que nous ne nous lasserions jamais d'une vie terrestre sans fin, car les choses changeraient sans cesse. Elles s'amélioreraient et deviendraient plus intéressantes. Lorsque nos corps s'épuiseraient, nous téléchargerions simplement notre conscience dans de nouveaux modèles élégants du même vous et moi. Sauf que, bien sûr, nous ne serions plus vraiment les mêmes. Nous serions différents. Nous sommes des créatures fondamentalement charnelles, un mélange d'esprit et de chair, chacun essentiel à l'autre et pénétrant l'autre. Le corps est la clé de notre identité. Ce n'est pas un sandwich à la viande jetable. En bref : rien dans l'histoire du comportement humain ne suggère que les imaginations de Kurzweil soient plausibles.  

    La science produit des résultats, c'est pourquoi nous la vénérons. C'est un outil pour soumettre et manipuler la nature. Ainsi, inévitablement, selon les mots de Leon Kass, « la victoire sur la mortalité est l'objectif implicite mais non avoué de la science médicale moderne, et même de tout le projet scientifique moderne », y compris le mouvement anti-âge. Le problème est que la science, aussi bénigne soit-elle, ne peut produire de but. Et les humains ne peuvent vivre sans ce but supérieur qui donne un sens à la vie et rend ses fardeaux supportables. En conséquence, écrit Kass :

    Franchement, nous sommes à la dérive, sans boussole. Nous adhérons de plus en plus à la vision scientifique de la nature et de l'homme, qui nous confère un pouvoir immense et, en même temps, nous prive de toute possibilité de normes pour en guider l'utilisation. Sans ces normes, nous ne pouvons juger nos projets bons ou mauvais. Nous ne pouvons même pas savoir si le progrès est réellement un progrès ou un simple changement – ​​ou, d'ailleurs, un déclin.

    Une infinité de cela, une éternité de cela dans ce monde ou ailleurs, semble bien loin du paradis.

    JRR Tolkien a écrit un jour que nous, les humains, sommes « imprégnés du sentiment d'être exilés » de notre véritable demeure. Et « la mort – la simple brièveté de la vie humaine – n'est pas une punition pour la Chute, mais une part inhérente à la nature humaine. Tenter d'y échapper est à la fois pervers car “contre nature”, et absurde car la mort… est un don de Dieu » et « une délivrance de la lassitude du temps » ; une libération pour la demeure pour laquelle nous avons été créés.

    Je suppose donc que la leçon que j'ai apprise à soixante-dix ans est la suivante : nous avons tous, même si nous croyons profondément en un Dieu aimant et miséricordieux, tendance à craindre la mort. Mais une vie vide et dénuée de sens, aussi longue soit-elle, mérite d'être redoutée davantage.

  • Comment les choses vont-elles fonctionner si François est contraint à ne pas travailler ?

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    D' sur Monday Vatican :

    Le pape François et le gouvernement de l'Église

    La question devient alors : comment les choses vont-elles fonctionner, si François ne travaille pas (du moins pas tant que ça) ?

    Le cardinal-secrétaire d'Etat, Pietro Parolin, a laissé entendre à la presse que la machine curiale se mettait déjà en marche pour compenser l'absence du pape dans la routine quotidienne.

    D’autres anciens de la Curie ont dit à peu près la même chose.

    Le cardinal Fernando Filoni, actuellement Grand Maître de l'Ordre équestre du Saint-Sépulcre, mais mieux connu des Vaticaniens comme le talentueux diplomate de haut rang et olim substitut – en fait, le chef de cabinet papal – de la Secrétairerie d'État, a comparé le gouvernement de l'Église aujourd'hui à celui d'une famille dont le père est en difficulté et dans laquelle les enfants doivent subvenir aux besoins les plus urgents.

    Il y a très peu de choses qui n'aient jamais existé dans l'Église, qui est après tout une institution vieille de deux mille ans, et dans ce cas, il n'est pas nécessaire de remonter plus loin que le pontificat du pape saint Jean-Paul II.

    Les dernières années du saint pontife ont vu un homme affaibli et fragile, autrefois une véritable force motrice, et une machine curiale qui continuait à prendre des décisions et à vaquer à ses occupations quotidiennes. De fait, après la mort de Jean-Paul II, ses derniers choix ont même été remis en question, et les nominations épiscopales publiées dans le bulletin du 2 avril 2005, jour de sa mort, ont été entourées de suspicion : s'agissait-il seulement de décisions papales ?

    Benoît XVI a résolu le problème en reconfirmant presque tout presque immédiatement.

    Plus tard, il parviendra à résoudre le problème de l'absentéisme du leadership en abdiquant ses fonctions lorsqu'il se rendra compte que ses forces l'abandonnent .

    Il est inévitable d’établir un parallèle avec cette époque, mais il n’existe pas de symétrie parfaite dans la nature et, de toute façon, il existe plusieurs différences importantes entre cette époque et aujourd’hui.

    La première différence concerne le mode de gouvernance.

    Le pape François a centralisé toutes les décisions. Il a souvent agi instinctivement, rapidement et sans consultation. Dans d'autres cas, il s'est montré plus prudent. En effet, le fait qu'il ait gouverné avec plus de 70 motu proprio, c'est-à-dire des documents issus directement du testament papal, montre que le pape non seulement n'avait pas besoin que ses choix soient partagés, mais qu'il n'a même pas cherché à le faire.

    Jean-Paul II, en revanche, gouvernait de manière collégiale.

    Son ouverture d'esprit et ses intuitions n'étaient pas toutes appréciées et approuvées par ses collaborateurs. Des discussions intenses eurent lieu. Elles impliquaient les meilleurs amis et les plus fervents partisans de Jean-Paul II , mais – et c'est crucial – ces amis et alliés étaient de véritables conseillers qui, souvent, ne partageaient pas la vision du pape et n'hésitaient pas à l'exprimer.

    Par exemple, le cardinal Joseph Ratzinger n'a jamais été un grand partisan des rencontres de paix d'Assise, non pas à cause du thème ou du dialogue entre les religions, mais plutôt à cause du syncrétisme religieux qu'on risquait de respirer. Lorsque Jean-Paul II a décidé de demander pardon pendant le Jubilé – un autre exemple – cette décision a également été discutée et contestée.

    Cependant, ces débats ont conduit à des explications plutôt qu’à des fermetures ou des exclusions.

    Par exemple, la Congrégation pour la doctrine de la foi a publié un livret sur les demandes de pardon, les contextualisant et les expliquant . Finalement, le débat ne portait pas sur le pape, mais sur l'Église. Et chacune des décisions du pape devait être expliquée afin de préserver l'unité de l'Église, et non de s'opposer à ceux qui s'y opposaient.

    Le pape François a fait de l'inclusion radicale l'un des symboles de son pontificat . Son « Qui suis-je pour juger », prononcé à son retour de Rio de Janeiro, où il s'était rendu pour les Journées mondiales de la jeunesse, en a représenté les lignes directrices. Une radicalité inclusive pour les divorcés remariés – sur lesquels il n'existe pas de ligne doctrinale claire – mais aussi pour les bénédictions accordées aux couples irréguliers, toujours à la frontière entre doctrine et pratique , mais laissant toujours, au final, de côté ceux qui ont souligné les difficultés des choix.

    Ainsi, la radicalité inclusive pour tous devient une exclusion radicale lorsqu'on regarde au sein même de l'Église. Le pape François n'a pas manqué de qualifier de « rétrogrades » ceux qui ne partageaient pas sa vision , parfois sans se donner la peine d'aller au fond des choses, mais en attribuant à ces décisions une signification plus sociopolitique que religieuse.

    Cette exclusion radicale, combinée à une forte centralisation, devient une limitation significative de cette dernière partie du pontificat du pape François.

    Le pape est presque invisible ; il ne gouverne plus que pour les affaires les plus urgentes et, s'il se rétablit, il appliquera ses priorités à l'agenda de l'Église. Mais personne ne peut prétendre pouvoir l'aider à gouverner, car toute aide éventuelle pourrait un jour être considérée comme une trahison de la volonté du souverain .

    Pour un pontificat qui, ces dernières années, s'est appuyé sur la question de la « volonté papale », y compris pour prendre des décisions controversées, nous nous trouvons aujourd'hui dans une situation où la volonté papale ne peut être pleinement définie . Le pape, qui n'a jamais voulu de gardiens, se voit désormais contraint d'accepter que ceux qui surveillent sa santé à Sainte-Marthe puissent décider qui entre dans sa chambre et qui n'y entre pas.

    Entre-temps, plusieurs questions restent ouvertes, toutes à résoudre.

    On entend parler de lettres demandant d'accélérer les transitions par des choix soudains, de nommer de nouveaux responsables de commissions et de fournir de nouveaux points de référence dans cette transition difficile. Ces lettres font suite aux premières propositions du pape. Cependant, on ignore dans quelle mesure ces propositions ont été accélérées par le pape lui-même .

    Comparé à l'époque de Jean-Paul II, l'incertitude règne au sein du gouvernement, car rien ne peut être imputé au pape. Cela ne signifie pas que le pape doive être considéré comme incapable, et ce n'est certainement pas le moment d'envisager une éventuelle démission du pape.

    Le pape François est là, il est lucide, et entre autres, une éventuelle démission aujourd'hui serait soumise à l'examen de l'histoire : s'agit-il d'une démission volontaire ou dictée par les circonstances ? Dans le second cas, elle ne serait pas valable.

    Dans quelle mesure pouvons-nous vivre dans cette situation suspendue ?

    Dans quelle mesure les cardinaux, ignorant les véritables conditions du pape, dont aucune information n'est donnée en temps opportun, se sentiront-ils libres de prendre des décisions impliquant l'Église universelle ? Et dans quelle mesure les décisions suivantes appartiendront-elles au pape ?

    La question de la gouvernance de l'Église en ces temps est cruciale. Les cardinaux examineront également la manière dont l'Église a été gouvernée lorsqu'ils se réuniront un jour pour désigner le 266e successeur de Pierre.

  • Bruxelles, 30 mars : 700 personnes réunies pour une société plus humaine

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    CLARA Life

    COMMUNIQUÉ DE PRESSE

    Bruxelles, 30 mars 2025

    700 PERSONNES RÉUNIES POUR UNE SOCIÉTÉ PLUS HUMAINE

    Ce dimanche 30 mars, à l’appel de l’association CLARA Life, 700 personnes ont participé à la Marche pour la Vie dans les rues de Bruxelles. Dans une ambiance sereine et engagée, les manifestants ont voulu porter un message d’espérance et de solidarité : chaque vie mérite d’être accompagnée et soutenue, de sa conception à sa fin naturelle.

    Un hommage au courage et à l’engagement du Roi Baudouin

    Cette année, la Marche pour la Vie s’est tenue à une date hautement symbolique : il y a 35 ans, le Roi Baudouin rappelait, dans une lettre historique, l’importance du respect des plus vulnérables. Son message demeure d’actualité : une société juste est celle qui protège et accompagne plutôt que d’abandonner.

    Soutenir les femmes, protéger la vie

    Depuis 1990, plus de 500 000 enfants n’ont jamais vu le jour en Belgique. Pourtant, alors que certaines voix réclament un allongement du délai légal de l’avortement à 18 semaines, aucune proposition concrète n’émerge pour soutenir les femmes enceintes en difficulté. CLARA Life rappelle qu’un véritable choix repose sur un accompagnement bienveillant et des alternatives réelles.

    « Une femme ne devrait jamais se sentir seule ou contrainte face à une grossesse imprévue. Ensemble, nous devons bâtir une société qui lui offre écoute, aide et solutions concrètes », a déclaré Wouter Suenens, président de CLARA Life.

    Accompagner les plus fragiles avec dignité

    En 2023, plus de 3 400 euthanasies ont été enregistrées en Belgique. CLARA Life appelle à une réflexion apaisée sur le développement des soins palliatifs et de l’accompagnement des personnes en fin de vie. La dignité ne réside pas dans l’isolement mais dans une prise en charge empreinte d’humanité et de respect.

    Une mobilisation porteuse d’espérance

    « Nous voulons une société qui soutient, qui entoure, qui protège. Une société où chacun, quel que soit son parcours ou sa vulnérabilité, trouve un soutien et une présence bienveillante », a souligné la clôture de la Marche. Les participants ont rappelé l’importance de continuer ce dialogue avec bienveillance et conviction.

    L’événement s’est conclu par un appel à poursuivre cet engagement dans la vie quotidienne : « Chaque geste de solidarité compte. Chaque parole d’encouragement a du poids. Ensemble, nous pouvons faire grandir une culture du respect et du soutien. »

    La prochaine Marche pour la Vie aura lieu le dimanche 19 avril 2026 à Bruxelles.

    Pour CLARA Life
    Wouter Suenens
    Président
  • La survie miraculeuse d'un enfant en bas âge en Arizona attribuée à l'intercession du cardinal Pell

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    De Hannah Brockhaus sur le NCR :

    L'archevêque attribue la survie miraculeuse d'un enfant en bas âge en Arizona à l'intercession du cardinal Pell

    Mgr Hamilton a déclaré aux médias australiens que la famille avait rencontré le défunt cardinal lors de sa visite à Phoenix en décembre 2021 lors d'une tournée de promotion de son livre.

    Cardinal Georges Pell.
    Cardinal George Pell. (photo : Alexey Gotovskiy/CNA / EWTN)

    L'archevêque Anthony Fisher de Sydney a attribué cette semaine la survie apparemment miraculeuse d'un jeune enfant de l'Arizona à l'intercession du cardinal George Pell.

    Selon le journal The Australian , l'archevêque Fisher a déclaré lors d'une conférence de presse le 26 mars qu'il avait appris qu'un garçon de 18 mois avait été libéré d'un hôpital de Phoenix après être resté 52 minutes sans respirer suite à une chute dans une piscine.

    Le garçon, nommé Vincent, « a arrêté de respirer pendant 52 minutes », a déclaré l'archevêque Fisher lors du lancement australien d'une nouvelle biographie sur le cardinal George Pell au Campion College près de Parramatta.

    « Ses parents ont prié pour l'intercession du cardinal Pell », a-t-il poursuivi. « Le garçon a survécu et a été débranché sans aucun dommage au cerveau, aux poumons ou au cœur. Il va bien maintenant et ses médecins parlent de miracle. »

    L'oncle du garçon, un prêtre catholique, a contacté le père Joseph Hamilton, ancien secrétaire du cardinal Pell à Rome, pour demander des prières pendant l'hospitalisation d'environ 10 jours.

    Hamilton a déclaré à The Australian que la famille avait rencontré le défunt cardinal lors de sa visite à Phoenix en décembre 2021 pour promouvoir son Prison Journal en trois volumes , écrit pendant ses 13 mois d'emprisonnement pour abus sexuels historiques sur enfant, une condamnation plus tard annulée à l'unanimité par la plus haute cour d'Australie. 

    Le cardinal Pell avait également célébré une messe blanche pour les professionnels de la santé à Phoenix.

    Le cardinal est décédé d'un arrêt cardiaque à la suite d'une opération de remplacement de la hanche à Rome le 10 janvier 2023. Il avait 81 ans.

    L'Église catholique attend généralement au moins cinq ans après le décès avant d'envisager l'ouverture d'une cause de béatification. Une fois la procédure ouverte, qui peut prendre des années, des décennies, voire plus, un miracle avéré est nécessaire pour déclarer une personne « bienheureuse », dernière étape avant sa canonisation.

    L'Église soumet les miracles soumis dans une cause de béatification à un examen rigoureux par des professionnels de la santé afin d'exclure toute raison naturelle ou scientifique de guérison avant de les déclarer comme étant des miracles reçus grâce à l'intercession priante d'un homme ou d'une femme vertueux.

  • La doctrine contournée : le cardinal Fernández s'ouvre au « changement » de sexe

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    De Thomas Scandroglio sur la NBQ :

    La doctrine contournée : Fernández s'ouvre au « changement » de sexe

    Le préfet du Dicastère pour la Doctrine de la Foi publie un document avec « quelques éclaircissements » sur Dignitas infinita , introduisant une exception dangereuse à la déclaration originale du DDF. En bref, pour Fernández, « changer » de sexe est moralement acceptable, à condition que la soi-disant dysphorie soit sévère.

    27_03_2025 

    Lors d'une conférence organisée à la mi-février par la Faculté de théologie catholique de l'Université de Cologne en Allemagne, le préfet du Dicastère pour la doctrine de la foi, le cardinal Victor Manuel Fernández, est intervenu par vidéo avec sa contribution. Ce rapport a ensuite été intégré dans un document intitulé La dignité ontologique de la personne dans Dignitas infinita. Quelques précisions. Ce document vise à clarifier certaines questions conceptuelles présentes dans la Déclaration Dignitas infinita publiée par le même Dicastère en mars 2024.

    Le document de Fernández a été rédigé pour répondre à certaines critiques, mais il présente lui-même plusieurs points critiques. L’une d’elles concerne certainement la question des traitements médicaux visant à ce que l’on appelle le « changement » de sexe. Le document, dénonçant l'idéologie du genre, rappelle la condamnation de telles interventions déjà présente dans Dignitas infinita , mais si dans Dignitas la condamnation était absolue, c'est-à-dire qu'elle n'admettait pas d'exceptions, dans le récent document signé par Fernández, apparaît ici une condamnation décisive. Fernández écrit : « Nous ne voulons pas être cruels et dire que nous ne comprenons pas le conditionnement des personnes et la souffrance profonde qui existe dans certains cas de « dysphorie » qui se manifeste même dès l'enfance. Lorsque le document [ Dignitas infinita ] utilise l’expression « en règle générale », il n’exclut pas qu’il existe des cas hors norme, comme de fortes dysphories qui peuvent conduire à une existence insupportable ou même au suicide. « Ces situations exceptionnelles doivent être évaluées avec la plus grande prudence. »

    Concentrons notre attention sur l’endroit où le préfet fait référence à la Dignitas infinie en citant les deux mots « di norma ». Prenons le passage pertinent de Dignitas infinita : « Toute opération de changement de sexe risque, en règle générale, de menacer la dignité unique que la personne a reçue dès le moment de la conception. Cela n’exclut pas la possibilité qu’une personne affectée par des anomalies génitales déjà évidentes à la naissance ou qui se développent plus tard, puisse choisir de recevoir une assistance médicale afin de résoudre ces anomalies. Dans ce cas, l’intervention ne constituerait pas un changement de sexe au sens où nous l’entendons ici » (60).

    En substance, Dignitas infinita affirme à juste titre : non aux interventions sur le système reproducteur si le but est de tenter, sans succès, de changer l’identité sexuelle. Oui aux mêmes interventions si elles veulent confirmer l’identité sexuelle, c’est-à-dire si elles sont thérapeutiques en modifiant les systèmes reproducteurs pour les aligner sur les données génétiques, qui sont la référence principale pour comprendre à quel sexe appartient la personne. En effet, en raison de certaines pathologies, il peut arriver que les organes reproducteurs ne correspondent pas, morphologiquement et à des degrés divers, aux chromosomes XY ou XX de la personne. Ceci explique pourquoi Dignitas infinita utilise l’expression « en règle générale » : elle veut affirmer que dans la majorité des cas (en règle générale) de telles interventions sont à condamner, sauf précisément celles qui ont un caractère thérapeutique.

    Comme mentionné, Fernández rappelle dans son document l’expression « en règle générale » présente dans Dignitas infinita. Nous avons vu que cette expression est utilisée par Dignitas infinita en relation avec les interventions sur les organes génitaux. Il est donc justifié de croire que Fernández l’utilise également en référence aux mêmes personnes. Ainsi, si nous relisons le texte de Fernández, nous découvrons qu'il considère de telles interventions comme illicites, sauf dans les cas de dysphorie sévère et, implicitement, dans les cas de traitement thérapeutique. Le préfet considère donc que de telles interventions sont légales même dans le cas condamné par Dignitas infinita, c'est-à-dire lorsqu'elles servent à contredire l'identité sexuelle, à condition que la dysphorie soit forte et comporte des risques graves pour la personne. L’interdiction ne concerne donc pas, comme pour Dignitas infinita, la nature morale de l’acte – les traitements pour « changer » de sexe – mais seulement la condition qui motive l’intervention : non aux interventions où la dysphorie est légère. En bref : pour le préfet, « changer » de sexe est moralement acceptable, à condition que la dysphorie soit grave. Mais les interventions chirurgicales qui contredisent le sexe génétique sont intrinsèquement mauvaises et le restent quelles que soient les conditions qui les motivent. Le principe du « oui au changement de sexe » a donc été accepté par le cardinal Fernández. Une fois le principe accepté, par cohérence logique on passera des cas limites aux cas courants, de l'exceptionnel au normal.

    C'est pourquoi Fernández se réfère de manière indue au « normalement » contenu dans Dignitas infinita : en réalité, il s'y réfère pour légitimer le « changement » de sexe dans un sens qui est cependant opposé à celui indiqué par le document Dignitas infinita lui-même. Ce dernier stipule que les interventions sur les organes génitaux sont généralement répréhensibles, sauf lorsqu’elles sont effectuées à des fins thérapeutiques ; Fernández affirme que les interventions sur les organes génitaux sont généralement répréhensibles, sauf lorsque la dysphorie est accentuée (et lorsque le but est thérapeutique).

    Conclusion : le préfet du Dicastère pour la Doctrine de la Foi qualifie la condition transsexuelle de moralement acceptable.

  • Quand le pape a failli mourir

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    De Fiorenza Sarzanini sur le Corriere della Sera :

    Sergio Alfieri, médecin du pape François : « La situation était perdue : c'est arrivé comme un miracle.

    Entretien avec le chef d'équipe de Gemelli : « La pire nuit a été celle du 28 février. Il murmura : C'est mauvais. Ceux qui étaient à côté de lui avaient les larmes aux yeux.

    24 mars 2025
    "C'est moche." C'est l'après-midi du 28 février. Le pape François est hospitalisé à Gemelli depuis 14 jours. Soudain son état s'aggrave, il souffre de bronchospasme, de manque d'air. Il demande de l'aide.

    Professeur Alfieri, était-ce le pire moment ?

    « Oui, le pire. Pour la première fois, j'ai vu des larmes dans les yeux de certaines personnes autour de lui. Des gens qui, je l'ai compris durant cette période d'hospitalisation, l'aiment sincèrement, comme un père. Nous étions tous conscients que la situation s'était encore aggravée et qu'il y avait un risque qu'il ne s'en sorte pas .

    Et qu'avez-vous fait ?

    « Nous avons dû choisir entre arrêter et le laisser partir ou le forcer et essayer tous les médicaments et thérapies possibles, en courant le risque très élevé d'endommager d'autres organes. Et finalement nous avons pris ce chemin.

    Qui a décidé ?

    « C’est toujours le Saint-Père qui décide. Il a délégué tout type de décision en matière de santé à Massimiliano Strappetti, son assistant médical personnel qui connaît parfaitement les souhaits du Pape.

    Et qu'est-ce qu'il t'a dit ?

    «Essayez tout, n'abandonnez pas. C'est ce que nous pensions tous aussi. Et personne n'a abandonné.

    Au lendemain du retour du Pape à Santa Marta, le professeur Sergio Alfieri est de retour au travail au Gemelli. Coordinateur de l'équipe médicale qui a soigné le Pontife, il a toujours été à ses côtés pendant ces 38 jours d'hospitalisation, s'occupant également des communications entre l'intérieur et l'extérieur. « Un travail d’équipe avec plusieurs de mes collègues, je tiens à le dire et à le souligner ».

    Le pape François comprenait-il qu’il risquait de mourir ?

    « Oui, aussi parce qu’il était toujours en alerte. Même lorsque son état s’est aggravé, il était pleinement conscient. Cette nuit-là fut terrible, il savait, comme nous, qu'il ne survivrait peut-être pas à la nuit. Nous avons vu l’homme qui souffrait. Mais dès le premier jour, il nous a demandé de lui dire la vérité et il voulait que nous lui disions la vérité sur son état.

    Est-ce pour cela que les bulletins étaient si détaillés ?

    « Nous avons communiqué la partie médicale aux secrétaires et ils ont ajouté les autres informations que le Pape a ensuite approuvées, rien n'a jamais été modifié ou omis. Il a des gens qui sont maintenant comme sa famille, ils sont toujours avec lui.

    Quand avez-vous réalisé que la première crise était terminée ?

    « Pendant des jours, nous avons risqué d’endommager les reins et la moelle osseuse, mais nous avons continué, puis l’organisme a répondu aux traitements et l’infection pulmonaire s’est atténuée ».

    Mais il y a eu une autre crise.

    « Nous sortions de la période la plus difficile, alors que le pape François mangeait, il a eu une régurgitation et a respiré. C'était le deuxième moment vraiment critique car dans ces cas-là, si l'on n'intervient pas rapidement, il y a un risque de mort subite en plus de complications au niveau des poumons qui étaient déjà les organes les plus compromis. C'était terrible, on pensait vraiment qu'on n'y arriverait pas.

    Le savait-il ?

    « Oui, nous l’a-t-il dit. Il était toujours conscient de tout, mais je pense que sa conscience était aussi la raison qui le maintenait en vie.

    Qu'est-ce que ça veut dire?

    « Avant, quand on parlait, je lui demandais comment il faisait pour maintenir ce rythme et il répondait toujours : « J’ai une méthode et des règles ». Au-delà d’un cœur très fort, il possède des ressources incroyables. Je pense que le fait que le monde entier priait pour lui a également contribué à cela.

    Dites-vous cela en tant que croyant ?

    « Il existe une publication scientifique selon laquelle les prières donnent de la force aux malades, dans ce cas le monde entier s'est mis à prier. Je peux dire que deux fois la situation a été perdue et puis c'est arrivé comme un miracle. Bien sûr, c’était un patient très coopératif. Il a suivi toutes les thérapies sans jamais se plaindre.

    Revenons au 14 février. Comment s'est-il convaincu d'aller à l'hôpital ?

    « Il était malade depuis des jours, mais il résistait parce qu'il voulait probablement respecter les engagements du Jubilé. Quand il commença à respirer de plus en plus difficilement, il réalisa qu'il ne pouvait plus attendre. Il est arrivé à Gemelli dans une grande douleur, mais peut-être aussi un peu agacé. Mais en quelques heures, il a retrouvé sa bonne humeur.

    Et un matin, elle le salua avec un bonjour Saint Père, il répondit avec un bonjour Saint Fils.

    « C'est arrivé et c'était son humour, mais surtout la démonstration de son âme humaine. Il dit souvent : « Je suis toujours en vie » et ajoute immédiatement : « N’oubliez pas de vivre et de garder le moral. » Il a un corps fatigué, mais l’esprit est celui d’un quinquagénaire. Il l'a également démontré au cours de la dernière semaine de son hospitalisation.

    Ce qui s'est passé?

    « Dès qu’il a commencé à se sentir mieux, il a demandé à faire le tour de la salle. Nous lui avons demandé s'il voulait que nous fermions les chambres des patients, mais au lieu de cela, il a regardé autour de lui à la recherche du regard des autres patients. Il se déplaçait en fauteuil roulant, un jour il quitta la pièce cinq fois, peut-être même plus. Et puis il y a eu la soirée pizza.

    Dans quel sens ?

    « Il a donné l'argent à l'un des collaborateurs et a offert de la pizza à ceux qui l'avaient aidé ce jour-là. C'était une amélioration continue et j'ai compris qu'il avait décidé de retourner à Santa Marta quand, un matin, il m'a dit : « Je suis encore en vie, quand est-ce qu'on rentre à la maison ? ». Le lendemain, il regarda par la fenêtre, chercha le microphone et s'adressa à la dame aux fleurs jaunes . Cela m'a semblé être un signal clair pour dire que j'étais de retour et que j'étais complètement rétabli.

    Le pape savait-il que beaucoup le croyaient mort ?

    «Oui, il était toujours informé de ce qui se passait et il réagissait toujours avec son ironie habituelle».

    Y a-t-il un sentiment dont vous vous souvenez en particulier ?

    «Quand — dans la période la plus difficile — il m’a tenu la main pendant quelques minutes comme s’il cherchait du réconfort».

    Vous avez prescrit deux mois de convalescence « protégée », cela veut-il dire que le danger n’est pas passé ?

    « Certes, à ce stade, il y a des prescriptions à respecter, comme éviter le contact avec des groupes de personnes ou avec des enfants qui peuvent être un véhicule de nouvelles infections. Quand il est parti, nous avons discuté et promis de ne pas gâcher les efforts que nous avions faits. Mais c'est lui le Pape, ce n'est pas nous qui pouvons dicter les comportements.

    Y a-t-il un moment qui vous a marqué plus que d’autres ?

    «Quand je l'ai vu sortir de la chambre du dixième étage du Gemelli habillé en blanc. C'est l'émotion de voir l'homme redevenir Pape .