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Idées - Page 38

  • La liberté de consommation doit-elle l'emporter sur la dimension spirituelle et relationnelle ?

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    De Valerio Aversano, enseignant, en opinion sur le site de la Libre :

    Le besoin de sens à l'époque du coronavirus : n’est-ce pas essentiel ?

    Actuellement, seules 4 personnes sont autorisées à assister aux mariages, tandis que les funérailles doivent être limitées à 15 personnes. Dans le même temps, nos supermarchés restent ouverts et accueillent quotidiennement beaucoup plus de monde, quoique dans le respect des règles sanitaires. Cette prévalence apparente de la liberté de consommation sur la dimension spirituelle et relationnelle, de l’être humain doit nous faire réfléchir.

    "La situation liée au Covid est pire que ce que rapportent les médias." C’est du moins ce que me disait ma sœur, médecin dans un hôpital de Milan, en février dernier. J’avoue que j’avais alors réagi avec scepticisme à cette annonce, la jugeant exagérée. Je me suis cependant vite rendu compte que j’avais tort. Entre-temps, notre vie a changé. Après neuf mois, nous vivons un second confinement. Les nouvelles mesures prises pour faire face à l'urgence sanitaire semblent moins restrictives en termes de mobilité, mais les conséquences en sont tout aussi dramatiques pour tout un chacun. Cette situation d’exception nous amène à nous interroger quant au choix des bien jugés "essentiels" en ces temps de confinement.

    Dans un article publié sur le site de la VRT, le théologien de la KULeuven Hans Geybels soulève certaines questions quant à l’interdiction des services religieux. Actuellement, seules 4 personnes sont autorisées à assister aux mariages, tandis que les funérailles doivent être limitées à 15 personnes. Dans le même temps, nos supermarchés restent ouverts et accueillent quotidiennement beaucoup plus de monde, quoique dans le respect des règles sanitaires. Cette prévalence apparente de la liberté de consommation sur la dimension spirituelle et relationnelle, de l’être humain doit nous faire réfléchir. Peut-être avons-nous oublié que l’"homme ne vit pas que de pain", comme le rappelle si justement Hans Geybels dans son article. Les gens vivent de relations, aiment et essaient d’être heureux. Il ne s’agit donc pas de comparer les églises et les Colruyt, mais plutôt de comprendre qu’en cette époque marquée par l’incertitude quant à l’avenir, "les églises - et tout ce qu’elles représentent - sont tout aussi nécessaires que les Colruyt".

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  • La santé érigée en valeur suprême : du nihilisme sanitaire ?

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    Une synthèse de presse de gènéthique.org :

    « Faire de la santé la valeur suprême, c’est du nihilisme sanitaire »

    26 novembre 2020

    « La santé est-elle devenue une valeur suprême à la faveur de la pandémie, et faut-il s’en alarmer ? » Cela ne fait aucun doute pour le philosophe André Comte-Sponville qui dénonce dans une tribune pour le journal Le Point ce qu’il appelle le « panmédicalisme », c’est-à-dire « l’idéologie qui fait de la santé la valeur suprême, et qui tend dès lors à tout soumettre à la médecine ». Pour le philosophe, il s’agit là d’une double erreur. La santé « est un bien plutôt qu’une valeur », estime-t-il. « Un bien, c’est quelque chose qui est désirable ou enviable. Une valeur, quelque chose qui est estimable ou admirable. Richesse et santé sont des biens. La générosité, le courage ou l’amour sont des valeurs. » « Quand on sacrifie les valeurs aux biens, on est déjà dans le nihilisme, dénonce André Comte-Sponville. Faire de la richesse la valeur suprême, c’est du nihilisme financier. Faire de la santé la valeur suprême, c’est du nihilisme sanitaire. »

    La santé, le plus grand bien ?

    Pour le philosophe, la deuxième erreur consiste à considérer la santé comme le plus grand bien à l’échelle de la société. « Le pays le plus enviable, ce n’est pas forcément celui qui a le meilleur système de santé ! s’exclame-t-il Ce peut-être aussi bien le plus démocratique, ou le plus prospère, ou le plus écologique, ou le plus juste, ou le plus indépendant, ou le plus cultivé, ou le plus fraternel… ». Faut-il sacrifier tout cela à l’ordre sanitaire ? Non, répond André Comte-Sponville. « J’aime mieux attraper le Covid-19 dans une démocratie que ne pas l’attraper dans une dictature ! » Ainsi, « quand tous nos politiques répètent qu' »il n’y a rien au-dessus de la santé » », le philosophe considère qu’il s’agit d’« une rupture à la fois philosophique et politique », qu’il juge « inquiétante ». André Comte-Sponville appelle à relire Montaigne qui « nous apprend à ne pas sacrifier l’amour de la vie à la peur de la mort ». « La mort fait partie de la vie. Comment aimer celle-ci, si on n’accepte pas celle-là ? »

    Remettre la science à sa place

    « Nous ne sommes pas un peuple de patients ; nous sommes un peuple de citoyens libres ! » affirme le penseur. « Ce ne sont pas les médecins qui gouvernent ; ce sont nos élus ! À eux de prendre leurs responsabilités, au lieu de se cacher perpétuellement derrière le « comité scientifique » ! ».

    Yves Bréchet, membre de l’Académie des sciences et ancien Haut-Commissaire à l’énergie atomique, ne lui donnerait pas tort. « Quand le gouvernement, pendant la crise du Covid, utilise la science comme un parapluie pour justifier l’organisation d’élections ou l’ouverture des écoles, il y a fondamentalement quelque chose qui ne va pas », estime le scientifique. « La science donne des éléments de compréhension d’une situation afin d’aider les politiques à prendre une décision rationnelle », mais « elle ne décide pas, elle n’a pas de légitimité politique pour décider ». Alors, « laisser croire l’inverse est pervers, car toute mauvaise décision discréditera la science », craint Yves Bréchet.

    L’ancien Haut-Commissaire déplore que les scientifiques ne sachent « parfois pas résister à la tentation de survendre leurs résultats pour décrocher des financements ». Il constate que « d’une certaine manière, on vit un retour de balancierPendant très longtemps, on a porté une image de la science infiniment bonne, dont toutes les applications ne faisaient qu’améliorer notre existence, toute aussi absurde que l’idéologie qui postule aujourd’hui que toute science est mauvaise dès lors qu’elle a des applications » (cf. Le progrès technique «libère autant qu’il aliène»). Yves Bréchet insiste : « La science n’est qu’une manière de comprendre le monde et de le maîtriser. Il ne faut pas lui demander de servir une morale ! »

    Sources : Le Point, Propos recueillis par Marion Cocquet (25/11/2020) – Propos recueillis Géraldine Woessner (25/11/2020)

  • Une épidémie récurrente : « Ils » ne croient plus dans la sainte eucharistie

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    Lu sur le site web du bimensuel « L’Homme Nouveau » :

    « L’interdiction actuelle d’assister à la messe, les manifestations pour demander son rétablissement, les réactions de certains évêques, révèlent une crise beaucoup plus profonde sur ce qu’est réellement la messe et la sainte eucharistie. Une crise qui n’est pas nouvelle et dont les manifestations les plus fortes sont apparues après le Concile Vatican II et qui sont le fruit d’une mauvais enseignement de la foi, d’une conception moderniste et de ce que Benoît XVI a dénoncé sous le terme de relativisme.

     Dans le Figaro (23 novembre), Jean-Marie Guénois constate que cette crise touche jusqu’au plus haut de la hiérarchie de l’Église :

    « Il existe une division plus profonde dans l’Église. Elle n’est pas tactique, mais théologique. Elle porte sur la foi en « l’eucharistie », à savoir l’hostie consacrée donnée lors de la communion.

    Les catholiques - on le constate avec cette crise, tous n’y croient pas vraiment - sont avec les orthodoxes et certains protestants luthériens [point à nuancer, ndlrHN], les seuls à croire dans « la présence réelle ». C’est-à-dire en la « présence du Christ », sous « les espèces consacrées » du pain et du vin, par le prêtre, lors de la messe. Ce sont ces « hosties consacrées » qui sont données comme une nourriture lors de la communion et qui sont ensuite conservées dans le tabernacle. Selon leur foi, « l’eucharistie », c’est « Dieu qui est présent ».

    Un évêque très au fait des débats internes à l’épiscopat quand il s’est agi, pour l’Église catholique, d’aller ou non plaider le retour de la messe en public au Conseil d’État, ou de se déterminer pour les manifestations de rue, s’est dit « douloureusement » étonné de constater « une foi catholique eucharistique théologiquement divergente » jusque chez les évêques. Un état de fait qui reflète un débat tabou dans l’Église catholique : une partie des théologiens, prêtres, évêques et certains cardinaux, a épousé les thèses du protestantisme qui considère la « présence » eucharistique du Christ comme « symbolique » et non « réelle ». Donc non absolument « sacrée » au point de se battre pour elle.

    La grande surprise, dans ce registre, est venue de Rome cette semaine. Et d’un futur cardinal - il le deviendra le 29 novembre - choisi par le pape François pour piloter l’important synode des évêques. Mi-novembre, il a taxé ceux qui se plaignaient de ne pouvoir accéder à la messe « d’analphabétisme spirituel » dans la revue jésuite de référence mondiale, La Civilta Cattolica. Il a demandé à l’Église de profiter de cette crise pour rompre avec une pastorale visant à « conduire au sacrement » pour passer, « par les sacrements, à la vie chrétienne ».

    Un cardinal très proche du pape, relativisant l’importance de la messe… Ces propos ont choqué beaucoup d’évêques mais pas tous. Une partie de l’Église catholique doute sur la foi eucharistique, qui est pourtant l’un de ses fondements ».

    Ref.« Ils » ne croient plus dans la sainte eucharistie

    Une vieille tentation qui émerge avec le nominalisme au XIIe siècle, enflamme la Réforme protestante au XVIe et repasse les plats avec la crise moderniste contemporaine : une sorte d’épidémie récurrente qui n’a pas encore trouvé son vaccin.

    JPSC

  • Derrière la liberté du culte, l’enjeu des libertés publiques

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    Sur le site web « aleteia », ce billet de Guillaume de Prémare, à méditer aussi par les évêques joséphistes, au nord de Quiévrain et ailleurs…

    Liberté du culte FR322783A.jpg« Alors que certaines mesures sanitaires s’installent dans le temps long, les demandes persistantes en faveur de la liberté du culte montrent que c’est l’ensemble des libertés publiques qui est en jeu.

    Dimanche 15 novembre, l’Agence France Presse mettait à la Une l’information suivante : « Les restrictions pour faire face à la pandémie de Covid-19 pourraient durer plusieurs mois dans les pays européens. De l’Allemagne à la France, les gouvernements se préparent à des mesures sur le long terme malgré des mouvements de contestation. » Certes, le texte est au conditionnel, mais chacun perçoit que cette crise ne constitue plus une simple parenthèse. Elle pourrait inaugurer en quelque sorte un « nouvel état du monde » pour une assez longue période. Si tel est le cas, les gouvernements ont raison de préparer des mesures de long terme.

    Menaces de restrictions durables

    Cependant, ces mesures ne pourront raisonnablement constituer une simple continuité, en quelque sorte renforcée, des mesures actuelles, ou la poursuite d’un cycle un peu erratique de resserrage et de desserrage de vis. En effet, les restrictions sanitaires mettent en jeu des libertés publiques fondamentales. S’il est acceptable de mettre entre parenthèse quelques libertés fondamentales sur un temps court, cela ne peut se concevoir sur une longue durée. Ainsi, entre les mois de mars et mai, les différentes mesures restrictives n’avaient pas été exemptes de critiques mais elles avaient été globalement admises, au motif même qu’il s’agissait de dispositions provisoires et de courte durée.

    C’est ainsi, notamment, que la suspension du culte public le 17 mars dernier n’avait pas entraîné de manifestations. Pendant trois mois, cette privation a donc été supportée comme un effort coûteux mais inévitable, jusqu’au recours devant le Conseil d’État au mois de mai, lors du déconfinement partiel. Cette fois, la crainte s’installe de vivre dans un pays où le culte public pourrait être atteint durablement. Il est toutefois important de préciser qu’il ne s’agit pas uniquement de la liberté de culte : celle-ci est l’une des libertés publiques essentielles, dont le Conseil d’État avait rappelé en mai le caractère constitutionnel, mais elle n’est pas la seule.

    L’ensemble des libertés publiques

    C’est donc probablement une défense plus large des libertés publiques qui est nécessaire. Cependant, en demandant la messe, les catholiques montrent d’une certaine manière un bon exemple à la société tout entière. Le chemin à suivre est de demander au gouvernement que les mesures de long terme qui se profilent soient compatibles avec les libertés publiques dans leur ensemble. À défaut, nous pourrions vivre un point de bascule historique qui fragiliserait l’état de droit.

    Ce n’est donc pas un caprice de demander le rétablissement de la messe dans des conditions permettant d’assurer un certain niveau de sécurité sanitaire, mais c’est un premier pas pour mettre sur le tapis la question des libertés publiques dans leur ensemble. Cette demande n’est pas non plus une revendication purement catégorielle des catholiques : si le culte est rétabli — ce qui est envisagé pour le début du mois de décembre — ce sera pour toutes les confessions religieuses. L’Église de France ne demande pas une exception catholique.

    Au nom du bien commun

    Il y a parfois une mauvaise compréhension des manifestations pour la messe. Par exemple, Gilles Clavreul, membre du Printemps républicain, y voit « une instrumentalisation identitaire de la religion » qui participe « d’une remise en cause du commun ». C’est une erreur de perspective : défendre une liberté publique essentielle, comme la liberté de culte, ne constitue pas une remise en cause du commun, mais au contraire protège le commun, c’est-à-dire cet état de droit qui demeure l’un des rares « communs » à faire encore consensus dans la société.

    Chronique publiée en partenariat avec Radio Espérance, 18 novembre 2020.

    Ref. Derrière la liberté du culte, l’enjeu des libertés publiques

    JPSC

  • Un pacte d'Assise purement horizontal, sans référence au Christ ?

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    De Riccardo Cascioli sur le site de la Nuova Busssola Quotidiana :

    Dans le "pacte d'Assise", il n'y a pas de place pour le Christ

    22-11-2020

    Les trois journées virtuelles à Assise consacrées à l'"Économie de François" se sont terminées entre de nombreux slogans et la décision d'entamer un processus qui conduirait à trouver de nouveaux outils pour surmonter les distorsions économiques et sociales dans le monde. Une perspective entièrement horizontale, réitérée également dans le message vidéo final du pape François, qui renverse la vision du développement humain intégral définie par Paul VI dans 'Populorum Progressio' et par Benoît XVI dans 'Caritas in Veritate'.

    Entre l'invitation à rêver d'un avenir heureux avec une "nouvelle" économie et les propositions de solutions déjà largement vues, les trois jours de "l'Économie de François", rencontre virtuelle à Assise voulue par le Pape François avec la participation d'environ 2 000 jeunes économistes et chercheurs de 115 pays, s'est terminée hier. Et c'est précisément le pape François qui a clôturé l'événement par un long message vidéo dans lequel il a voulu souligner ce qu'il attend de cette rencontre qui, bien sûr, "est l'impulsion initiale d'un processus" ("n'oubliez pas ce mot : lancer des processus - tracer des chemins, élargir des horizons, créer des appartenances...").

    L'avenir à construire, comme s'il y avait une feuille blanche pour le dessiner, était sans aucun doute le fil conducteur des trois jours, au cours desquels il a été considéré comme acquis que le monde actuel est à jeter, en effet il est déjà au bord du précipice ; et où la pandémie actuelle semble providentielle car elle facilitera les changements nécessaires, déjà prévus en raison de l'alarme climatique.

    "Nous avons besoin de changement, nous voulons le changement, nous cherchons le changement", a déclaré le pape en citant son discours de 2015 aux mouvements populaires. À Assise, de nombreux slogans ont fait écho - mort au PIB, pensons au bonheur, la lutte contre les inégalités, le rêve est un droit de l'homme, etc. - et diverses propositions qui reprennent celles déjà à la mode pour l'écologisme climatique : transition énergétique, économie verte, etc. "Zéro émission de carbone, zéro concentration de richesse, zéro chômage", invoque Muhammad Yunus, le "banquier des pauvres", inventeur du micro-crédit au Bangladesh. Et l'infaillible Jeffrey Sachs, économiste de carrière à l'ONU, aujourd'hui directeur de l'Institut de la Terre à l'Université de Columbia et conseiller principal du Saint-Siège, propose le modèle des démocraties sociales d'Europe du Nord, "les sociétés les plus heureuses" parce qu'"elles ont les plus faibles inégalités" : beaucoup d'impôts et de nombreux services pour tous.

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  • L'interdiction du culte public est illégale et profite de l'éclipse du pouvoir spirituel

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    Nous publions à nouveau cette tribune de Benoît Schmitz, historien, publiée sur le Figaro Vox durant le premier confinement car elle n'a rien perdu de son actualité :

    L'éclipse du pouvoir spirituel et le sort des libertés publiques

    19 mai 2020

    FIGAROVOX/TRIBUNE - L’historien replace la question de l’autorisation du culte public dans la longue histoire des relations entre l’Église et l’État dans les pays occidentaux. Benoît Schmitz est normalien, agrégé d’histoire et ancien membre de l’École française de Rome. Sa thèse de doctorat, soutenue en 2013, porte sur «Le Pouvoir des clefs au XVIe siècle. La suprématie pontificale et son exercice face aux contestations religieuses et politiques». Dans ses recherches, il s’est intéressé au rôle joué par la papauté dans l’Europe du XVIe siècle en examinant l’usage qu’elle fit du pouvoir d’excommunier et de déposer les princes.

    Le maintien par le gouvernement de l’interdiction du culte public après la fin du confinement, que le Conseil d’État vient de juger illégal, a suscité de nombreuses protestations de la part des autorités ecclésiastiques et des fidèles catholiques. Mais, même s’il y eut quelques exceptions - certains évêques relevant, en substance, que l’Église n’est pas soumise à l’État dans les choses spirituelles, qu’«il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes» (Actes des Apôtres 5, 29) et que le gouvernement s’inspire, dans ses autorisations et prohibitions, d’une anthropologie pour le moins réductionniste -, la ligne dominante, exprimée par la Conférence des évêques de France et son président, ne s’en est pas moins cristallisée très rapidement en un appel à l’apaisement et à l’obéissance au pouvoir civil. Certes, beaucoup de bonnes raisons justifiaient la plus grande prudence: la nocivité d’un virus encore mal connu, l’incurie des autorités publiques, la fragilité d’une société d’autant plus exposée au mal qu’elle se croyait devenue invulnérable aux épidémies, une opinion publique tenaillée par la peur et acquise au sacrifice de certaines libertés pourvu que l’État protégeât les citoyens de la mort, tout invitait sans doute à poursuivre loyalement l’effort national pour endiguer la propagation de la maladie.

    Les arguments qui ont été avancés mais aussi ceux qui ont été passés sous silence ne laissent toutefois pas de surprendre l’historien qui étudie, dans la longue durée, les relations entre l’Église et l’État. En premier lieu, la communication officielle des instances ecclésiales a mis l’accent sur la blessure que le mépris du gouvernement aurait infligée aux croyants. Selon une pente propre au catholicisme contemporain, enclin au sentimentalisme, les décisions du pouvoir n’ont pas été considérées politiquement et juridiquement, mais affectivement, comme si l’Église devait, comme d’autres groupes et minorités, voir d’abord en l’État une sorte de mère dont il faudrait rechercher désespérément la reconnaissance et l’approbation. De surcroît, une bonne part des réactions épiscopales semble avoir été dictée par le refus de tout conflit avec le pouvoir civil. Aucune condamnation formelle de l’atteinte portée à la liberté de l’Église n’a été prononcée, ce qui pouvait se faire même sans appeler les fidèles à la désobéissance civile. Les voies de recours qu’autorise le droit positif et que viennent de suivre avec succès certaines associations de prêtres ou de citoyens, ainsi qu’un parti politique, n’ont pas même été tentées par les évêques. Enfin, si on a rappelé, à juste titre, la tradition chrétienne de soumission aux pouvoirs publics, on a mis sous le boisseau la doctrine tout aussi chrétienne qui fixe de justes limites au pouvoir de l’État et distingue le pouvoir spirituel du pouvoir temporel.

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  • "Philo à Bruxelles", 24 novembre : De la sensation aux passions avec Stéphane Mercier

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    De la sensation aux passions

    De la sensation aux passions

    Après avoir rétabli les droits du bon sens en mettant l’accent sur l’origine sensible de la connaissance humaine (conférence d’octobre 2020), il s’agit à présent de mieux comprendre l’organisation particulière  de notre sensibilité : les sens externes sont connus de tous ; moins connus, mais tout aussi indispensables, les sens dits « internes » nous permettent d’assimiler les données transmises par les sens externes.

    L’imagination, la mémoire, l’estimative (ou plus précisément, la cogitative) et le sens commun… ne correspondent pas exactement au sens habituel que ces mots véhiculent dans le langage courant.

    Après avoir précisé la signification de ces différents termes ainsi que le fonctionnement de la sensibilité interne, nous verrons comment l’homme réagit à ces impressions sensibles : c’est-à-dire  par des émotions ou plus exactement, selon la langue scolastique, des passions. Il faudra alors voir comment se structure la réponse « passionnelle » aux données issues de la sensibilité.

    Voici les sujets & les dates des prochaines conférences :

    • Mardi 24 novembre : De la sensation aux passions.
    • Mardi 15 décembre : Raison, immortalité et liberté.
    • Mardi 12 janvier : Volonté, intention et choix.
  • Coronavirus : une révolution sanitariste

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    Synthèse de presse publiée sur gènéthique.org :

    Covid-19 : une « révolution sanitariste » ?

    10 novembre 2020

    « Ils ont disparu de ma vie mais je n’arrive pas à réaliser qu’ils sont morts. C’est irréel. Parfois, j’ai l’impression que si je me retourne je les verrai derrière moi », raconte Corinne. Ses parents sont décédés de la Covid-19 il y a six mois, dans un Ehpad de l’Isère. Aujourd’hui, alors que l’Académie de médecine recommande « le maintien des visites en Ehpad, dans le respect des règles sanitaires, ainsi que la facilitation d’une présence familiale lorsque le pronostic médical prévoit une issue proche », elle « ressasse ces adieux qu’elle n’a pas pu leur faire ». « Hantée », littéralement. « On ne sait même pas comment ils sont morts (…) Parfois, cela m’empêche de dormir », confesse-t-elle.

    Un deuil impossible ?

    « De nombreuses familles qui ont perdu un proche durant cette période n’arrivent pas à faire leur deuil car ils ne comprennent pas comment on a pu les laisser mourir », explique Olivia Mokiejewski, présidente du Collectif 9471, qui regroupe plusieurs familles ayant décidé de porter plainte contre des Ehpad. « Leurs derniers instants auprès d’un être cher leur ont été volés. Certains ne savaient même pas que leur proche était malade et ont appris leur décès par les pompes funèbres, s’insurge-t-elle. Une partie d’entre eux sont pris en charge psychologiquement ».

    Pour la députée LREM Bénédicte Pételle qui a perdu son père du Covid-19 en mars, « il n’y a rien de pire qu’une nation où la mort est taboue. Malheureusement, c’est encore le cas en France, estime-t-elle. Nous avons parlé de la mort de manière déshumanisée, comptable, en égrenant les chiffres des décès. » Un avis partagé par le sociologue Tanguy Châtel : « Les pays occidentaux sont très mal préparés à intégrer cette question car ils ont mis beaucoup d’énergie à l’évacuer ».

    Une « révolution sanitariste »

    De son côté, le philosophe Robert Redeker, auteur notamment de L’Éclipse de la mort, dénonce une « révolution sanitariste ». « Le confinement et la kyrielle d’interdictions, mis en place pour répliquer à l’épidémie de Covid-19, ont les apparences du bon sens, de la générosité, de la bienveillance, de l’humanitaire. Ils tiennent le discours de l’évidence, de l’allant de soi et du naturel. » Cependant il n’en est rien. Auparavant, « les parents se saignant « aux quatre veines » travaillaient et vivaient orientés vers un avenir se déployant dans l’au-delà de leur existence propre ». Mais aujourd’hui, « pour préserver la survie des plus âgés, voilà que l’on décide d’arrêter la vie », dénonce le philosophe. « On réduit la vie de tous – en allant jusqu’à limiter la coexistence familiale – à cette vie simplement biologique ». Une vie biologique au nom de laquelle « on ordonne aux générations actives une série de sacrifices ; celui de la vitalité (l’économie, le sport, les spectacles, les rencontres entre amis, le lèche-vitrines, la flânerie dans les rues), celui de la prospérité, celui de l’humanité (les relations sociales qu’il faudrait réduire au minimum), celui de la famille, sans oublier ceux des voyages, de la créativité , des cafés et des restaurants, des libertés les plus élémentaires (jusqu’à imposer l’obligation grotesque de remplir une autorisation pour « prendre l’air une heure par jour ») ».

    Un avant et un après

    Et c’est une révolution. « Nous ne vivrons plus après comme nous vivions avant », affirme Robert Redeker. « Nos façons d’être avec les autres auront été profondément transformées, ne serait-ce que parce que l’on nous aura fait faire l’expérience déshumanisante de la peur du prochain, « la peur moléculaire » ». Et d’autre part, « tout se passe comme si une partie de notre société ne voulait plus du remplacement des générations ». Un « renversement anthropologique » pour le penseur.

    « La gestion de la crise du Covid-19 tient d’une expérimentation utopique, estime le philosophe, celle d’un régime politique n’autorisant, sous prétexte de danger de maladie, qu’un degré minimum de liberté. La révolution sanitariste pourrait transformer la société en laboratoire du parc humain futur ».

    Sources : Le Figaro, Robert Redeker (08/11/2020), Agnès Leclair (08/11/2020) – Hospimedia, Jérôme Robillard (06/11/2020)

  • La question de l’islam ne peut être résolue par une approche laïciste

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    Du Figaro via la revue de presse de l'Homme Nouveau ("Au quotidien" 81):

    Dans le Figaro du 30 octobre dernier, le philosophe Rémi Brague réagissait à l’attentat de Nice, non seulement en chrétien mais en bon connaisseur de l’islam, démontrant ainsi, par l’exemple, que la question de l’islam ne peut être résolue par une approche laïciste.

    Le philosophe Rémi Brague souligne l’opposition entre le système de normes des pays occidentaux, fondé sur la raison et la conscience, et celui des sociétés musulmanes, basé sur le respect de la loi dictée par le Coran.

    LE FIGARO.- Quelques jours après la décapitation de Samuel Paty, l’islamisme fait trois nouveaux morts à Notre-Dame de Nice. Que vous inspire ce nouvel attentat?

    Rémi BRAGUE.- La même chose qu’à beaucoup de monde, hormis bien entendu les menteurs aux larmes de crocodile, voire ceux pour qui l’assassin est un «martyr»: du chagrin et de la compassion envers les victimes et leurs proches, de la rage envers les meurtriers, davantage envers ceux qui les manipulent, et encore plus envers ceux qui leur trouvent des excuses, de la honte devant la lâcheté de discours martiaux qu’aucun effet ne suit.

    En tout cas, guère de surprise. Les causes étant là, comment s’étonner de ce qu’elles produisent des effets? Parmi ces causes, une immigration sans contrôle, des réseaux sociaux et des prêcheurs qui attisent la haine. Et maintenant des chefs d’État étrangers qui en profitent pour laisser le mécontentement de leurs sujets se déchaîner sur des cibles sans risque pour eux. (…) Pour ces gens, la France est fondamentalement une nation chrétienne, et peu importe que beaucoup parmi nous rejettent cet ancrage avec dégoût. De même que nous appelons «musulmans» tous ceux qui vivent dans des pays islamisés ou qui en proviennent, de même ceux-ci perçoivent comme «chrétiens» tous ceux qui vivent en terre chrétienne ou ex-chrétienne. Or le christianisme est depuis le début de la part de l’islam l’objet d’une haine mêlée de mépris. Celui-ci est pour lui une religion dépassée, qui a trahi le message d’Issâ (Jésus), qui a trafiqué l’Évangile (au singulier) pour en effacer l’annonce de la venue de Mahomet, qui associe au Dieu unique deux créatures, par exemple Jésus et Marie. Dans la cité musulmane d’autrefois, le christianisme, comme le judaïsme, était toléré tant que c’était dans l’intérêt de l’islam dominant. Les chrétiens y versaient un impôt spécial et devaient se soumettre à des règles destinées à les humilier (Coran, IX, 29) afin qu’ils comprennent qu’il serait dans leur avantage de passer à la religion «vraie». (…)

    Il est révélateur qu’aujourd’hui on décide de fermer les lieux de culte, qui sont surtout des églises, jusqu’à nouvel ordre. On peut en comprendre les raisons, qui relèvent de la santé publique. Reste que, ironiquement, cette fermeture provisoire correspond tout à fait à ce que souhaitent les «islamistes» sur le long terme. Même si ce n’est certainement pas pour leur plaire que la décision a été prise, ils n’auraient pas rêvé mieux… (…)

    L’islamisme et l’islam sont en effet différents, mais j’y vois une différence de degré plus que de nature. L’islamisme est l’islam pressé, bruyant, brouillon ; l’islam est un islamisme patient, discret, méthodique. L’islam a pour but avoué, dès le début, non pas la conversion du monde entier, mais sa conquête - pas nécessairement militaire. Il cherche à établir des régimes dans lesquels une forme ou une autre de la loi islamique sera en vigueur, de sorte qu’en un second temps leurs sujets auront intérêt, à long terme, à se convertir.

  • Du jamais vu depuis le début de l'humanité

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    De Damien Le Guay sur Atlantico.fr :

    1er novembre 2020

    FACE À LA MORT

    Toussaint : l’année 2020 est-elle en train de changer notre rapport à la mort ?

    L’Occident s’est ingénié à masquer le plus possible la mort et le tragique, voire à les nier. Mais le Covid-19 et le terrorisme font bouger les lignes.

    Atlantico : Avec le coronavirus, les bilans des décès sont devenus quotidiens, affichés et communiqués. Est-ce un changement de paradigme qui s’annonce alors que la tendance en France, et plus largement en occident, semblait plutôt jusqu’alors de masquer la mort ? Est ce le début d’une tendance de long terme ?

    Damien Le Guay : Changement de paradigme ? Oui, de toute évidence. Avant,ce genre de pandémie passait sous les radars médiatiques. Les virus passaient, tuaient des millions de personnes et (pour le dire vite) personne ne s’en apercevait, sinon après coup. Quant à l’idée d’arrêter quoi que ce soit, personne n’y pensait. La vie continuait avec son lot de tragédies – une de plus ou une de moins, l’humanité avait l’habitude. Certes, pour la peste, tout était différent. Mais, pour le reste, les hommes se savaient fort peu protégés, fragiles, entre les mains de Dieu, de la Fatalité ou de la Nature. Et même si on prend « la grippe espagnole » (qui n’est ni espagnole ni une grippette  ; pour être, nous dit Chloé Maurel1, d’origine chinoise et avoir une mortalité élevée) et qui fut cause de la mort de 50 millions de morts, en trois vagues, on est en droit de dire que son étendue, sa dangerosité de part le monde, ses vagues et sa mortalité, ne furent vus que bien des années plus tard, pour ne pas dire des décennies, au point d’avoir réévalué, dernièrement, le nombre de morts.

    Et là, en 2020, tout change. Ce qui était acceptable ne l’est plus. Ce qui était ignoré ne l’est plus. Tout se sait, se voit, se vit en temps réel. Et cette sur-information, cette sur-visibilité, cette sur-sensiblité conduisent à une maximalisation du principe de précaution – avec le risque, aussi, inédit jusqu’alors, de procès contre les dirigeants pour défaillance et manque de réactions. Alors, il est permis de bloquer le temps social, d’arrêter l’économie, de suspendre les libertés publiques fondamentales, d’instaurer une méfiance vis-à-vis des autres. Tout cela est inédit. Cela ne s’est jamais vu depuis le début de l’humanité. N’ayons pas peur des mots.

    Regrettons non pas cette attention puissante, mais une certaine mise en scène anxiogène : le décompte tous les soirs, des discussions à l’infini sur les chaînes d’information, une suspension de toutes les autres actualités. On avait l’impression d’être dans une mauvaise série de télé-réalité avec à chaque jour un nouveau rebondissement et des discussions oiseuses sans fin pour plomber encore plus le moral des Français.

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  • Apprivoiser la mort avec Monseigneur Aupetit

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    De Bosco d'Otreppe sur le site de La Libre :

    "Regarder la mort en face, c’est aussi contempler la beauté de la vie"

    Opinions

     
     
    La pandémie mondiale qui nous a touchés nous a fait "prendre conscience d’une réalité que nous avions occultée", d’une réalité "devenue insupportable dans une société hédoniste" : la mort. Tel est le constat de l'Archevêque de Paris, Mgr Michel Aupetit. Mais pourquoi devrions-nous la réintégrer dans nos vies? Et comment?

    Est-ce parce qu’il préférait, enfant, les aventures de Popeye aux vies des saints, comme le notait Le Monde, que Mgr Michel Aupetit reste un adepte des punchlines efficaces et des passes d’armes intellectuelles, notamment sur les questions de bioéthique ? Qui sait. Fils de cheminot, né en 1951, médecin généraliste pendant onze ans, désormais archevêque de Paris, Mgr Aupetit a terminé durant la pandémie un ouvrage sur la mort. Au regard de la "terreur absolue" que provoque le Covid, la question centrale qu’il y pose est celle-ci : pourquoi avons-nous peur de la mort, celle que nous n’avons cessé de cacher ces dernières décennies pour cesser d’en faire "un mystère familier" ? Si son livre prend racine dans le confinement, son propos se déploie et présente une large réflexion sur la manière de penser cette mort et, par là, notre vie.

    Après avoir pris des mesures sanitaires pour les églises, Mgr Aupetit ne critique pas le confinement en tant que tel. Il redoute cependant que le dernier mot soit donné à de telles mesures. Le "Protégez-vous les uns des autres" est une injonction à manier avec prudence, sous peine de mettre notre humanité entre parenthèses, fait-il comprendre. Car c’est bien dans le don de soi, dans le risque de la rencontre, que grandit cette humanité. Par ces réflexions, son ouvrage préface adéquatement les fêtes de la Toussaint et de la Commémoration des morts que célèbrent les catholiques ce week-end.

    L'entretien

    La pandémie mondiale qui nous a touchés nous a fait "prendre conscience d’une réalité que nous avions occultée", d’une réalité "devenue insupportable dans une société hédoniste" : la mort. Et la réponse que nous avons eue fut "de nous protéger de la mort par tous les moyens . En réalité, nous nous sommes protégés de la vie. La vie est un risque, mais un risque magnifique. Le fameux principe de précaution désormais inscrit dans la Constitution revient, au fond, à refuser de vivre vraiment pour ne pas risquer de mourir". Tels sont les mots par lesquels Mgr Aupetit ouvre son ouvrage. Des mots qui soulignent une conviction profonde : c’est en acceptant sereinement sa mort, sans en faire ni une obsession ni un tabou, qu’elle devient une "condition essentielle de la présence à sa propre vie". Non pas qu’il faille se dérober aux soins, ni à la médecine, mais "s’y préparer paisiblement quand elle arrive", car "l’obsession permanente de la mort, même enfouie, empêche de vivre pleinement". Tout son ouvrage, sous-titré "Méditation pour un chemin de vie", s’attache à ce défi de donner à la mort sa juste place, pour que ce moment du départ devienne un acte d’abandon, de don et de communion.

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  • KTO : la solitude, un sujet qui tombe à point nommé pour la foi prise au mot.

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    Dans ce nouveau numéro de La Foi prise au mot, KTO s'intéresse à un mot : la solitude. Tout dans la Bible et dans la tradition chrétienne recommande la prise de distance envers la communauté : que l’on songe au désert de l’Exode qui constitue le peuple hébreu, à Élie au Carmel, à Jean Baptiste et à la longue tradition des ermites, moines, religieux. Pourtant, quelle épreuve quand cet isolement n’est pas choisi, et qu’il vient après un veuvage, des difficultés sociales, voire un travail trop absorbant qui coupe toutes les relations. Qu’est-ce qu’il y a de bon dans la solitude ? Y a-t-il une bonne et une mauvaise solitude ? Et comment transformer une solitude subie en solitude fructueuse ? Ce sont les questions que Régis Burnet poser ici à ses deux invités, Sandrine Caneri, bibliste orthodoxe, et Nathalie Nabert, universitaire, écrivain et poète.

    Le sujet tombe aussi à point nommé en ces temps étranges où surgit une pandémie inconnue qui, à la vitesse de l’éclair, submerge aujourd'hui la terre entière, laissant plus que jamais notre humanité livrée à sa double nature incontournable :  solidaire et solitaire sous un ciel énigmatique. JPSC