Né en 1927, Jean-Pierre Torrell, dominicain, a pris son doctorat en théologie aux Facultés dominicaines du Saulchoir (Paris), en 1961. Par la suite, il a étendu ses recherches au Moyen Âge et complété sa formation à l’Institut d’études médiévales de l’Université de Montréal. Professeur de théologie fondamentale et d’ecclésiologie au Studium dominicain de Toulouse, il a également enseigné ces matières à l’Université Grégorienne, à Rome, et à St Michael’s College, à Toronto. Devenu professeur d’ecclésiologie et de christologie à la Faculté de théologie de l’Université de Fribourg (Suisse) en 1981, il y a enseigné diverses autres matières. Ancien membre de la Commission léonine pour l’édition critique des œuvres de saint Thomas d’Aquin, il est l’un des principaux promoteurs d’une méthode renouvelée pour lire l’œuvre de Thomas. (https://www.youtube.com/watch?v=Uscqj3uzzek)
Idées - Page 70
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Pourquoi Dieu s'est fait homme
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Dans ses voeux de Noël: le pape François fustige à nouveau la Curie Romaine
De Marie-Lucile Kubacki sur le site de l’hebdomadaire « La Vie » :
« Lors de la traditionnelle audience de la Curie pour les vœux de Noël, le pape François a une nouvelle fois adressé une mise en garde aux membres de la Curie. Dans ce long discours, il a appelé à lutter contre le cancer de l’auto-référentialité et du complotisme et à préférer aux logiques délétères la loyauté au pape et l’ouverture au monde et aux Églises locales afin de mieux annoncer l’Évangile.
Ce n’est pas la première fois que le pape adresse des vœux en forme de mise en garde à la Curie lors de ses vœux de Noël. Cette année, François n’a pas rompu avec la tradition qu’il a lui même instaurée depuis le cinglant discours de 2014. Il a même commencé par une pointe d’humour, en faisant référence à l'expression de Mgr Frédéric-François-Xavier de Mérode : « Faire des réformes à Rome, c'est comme nettoyer le Sphinx d'Égypte avec une brosse à dents ».
Discours complet des vœux du pape à la Curie
« Cela montre combien de patience, de dévouement et de délicatesse sont nécessaires pour atteindre cet objectif, car la Curie est une institution ancienne et complexe, composée d'hommes issus de différentes cultures, de langues et de constructions mentales et qui, structurellement et depuis toujours, est liée à la fonction primatiale de l'évêque de Rome dans l'Église, c'est-à-dire à l'office "sacré" voulu par le Christ lui-même pour le bien du corps de l'Église, (ad bonum totius corporis) », a-t-il expliqué. Derrière l’humour, le ton était donné : l’intention du pape étant de rappeler le bien fondé de ses réformes en interne mais aussi et surtout en termes de rapport au monde extérieur. Enfin, dans un contexte tendu, où les critiques ouvertes à son égard s’expriment avec de moins en moins de retenue, il a voulu rappeler à ses détracteurs, le sens du mot « fidélité ».
Faire des réformes à Rome, c'est comme nettoyer le Sphinx d'Égypte avec une brosse à dents.
À nouveau, donc, il a fustigé « la logique déséquilibrée et dégénérée des complots et des petits cercles qui – nonobstant leurs justifications et leurs bonnes intentions – représentent en réalité un cancer qui porte à l’auto-référentialité, qui contamine les organismes ecclésiastiques eux-mêmes, et particulièrement les personnes qui y travaillent. » « Quand cela arrive, a-t-il poursuivi, la joie de l'Évangile est perdue, la joie d’annoncer le Christ et d'être en communion avec lui ; la générosité de notre consécration est perdue. »
Le pape s’en est également pris aux « traîtres à la confiance » et à « ceux qui profitent de la maternité de l'Église, à savoir ceux qui sont soigneusement sélectionnés pour renforcer le corps et la réforme, mais qui – ne comprenant pas leur responsabilité – se laissent corrompre par l'ambition ou la vaine gloire et, quand ils sont doucement éloignés, se proclament faussement des martyrs du système, du "pape mal informé", de la "vieille garde"... au lieu de faire leur mea culpa. » Une allusion aux cardinaux Burke et Brandmüller, deux auteurs des Dubia ? Ou au cardinal Müller, « doucement éloigné » de la Congrégation pour la Doctrine de la foi dont il était préfet et qui, dans une interview récente, a évoqué des « divisions profondes » dans l’Église, enjoignant François à répondre aux critiques qui lui sont adressées ? À ceux-là, il a opposé « l’écrasante majorité » des fidèles qui y travaillent avec un engagement louable, de la loyauté, de la compétence, du dévouement et même de la sainteté.
Le pape s'en est pris à ceux qui « se laissent corrompre par l'ambition ou la vaine gloire et, quand ils sont doucement éloignés, se proclament faussement des martyrs du système, du "pape mal informé", de la "vieille garde"... »
Après ce volet critique, le pape a fait une piqûre de rappel sur les fondements et le sens de son autorité. « Le mot "fidélité", pour ceux qui travaillent au Saint-Siège, "assume un caractère particulier, du moment qu’ils mettent au service du Successeur de Pierre une bonne partie de leurs énergies, de leur temps et de leur ministère quotidien, a-t-il ainsi poursuivi. Il s’agit d’une grave responsabilité mais aussi d’un don spécial, qui, avec le temps, développe un lien affectif avec le Pape, de confiance intérieure, un sentir avec naturel, qui est bien exprimé par la parole “fidélité” "».
Pour le pape cette communion et cette fidélité en interne sont indispensables à la mission de l’Église vers l’extérieur. Les dicastères, la Curie et ceux qui travaillent au service de l’Église, a-t-il poursuivi, doivent être l'oreille et la bouche de l'évêque, son cœur et son âme, mais aussi ses antennes, à l’écoute du monde extérieur, afin de « saisir les enjeux, les questions, les demandes, les cris, les joies et les larmes des Églises et du monde pour les transmettre à l'évêque de Rome ». Et ceci « afin de lui permettre d'exercer plus efficacement » sa mission de garant de l’unité et de la communion.
Une foi qui ne nous met pas au défi est une foi en crise (...) ; une foi qui ne nous bouleverse pas est une foi qui doit être bouleversée.
Cette capacité à palper le pouls du monde et à discerner les signes des temps, a ajouté le pape, est en outre indispensable au bon fonctionnement de la diplomatie vaticane. Revenant sur la création récente d’une nouvelle section pour le personnel diplomatique du Saint-Siège à la Secrétairerie d’État, il a rappelé la spécificité de ces diplomates qui, en plus d’être des diplomates classiques, doivent être des pasteurs, « au service des Églises particulières et des pays où ils travaillent ». « La relation entre la Curie et les diocèses et les Éparchies est d’une importance primordiale, a-t-il ajouté. Ces derniers doivent trouver dans la Curie romaine le soutien dont ils ont besoin. C'est une relation basée sur la collaboration, la confiance et jamais sur la supériorité ou l'adversité. »
Insistant sur la nécessité d’un dialogue franc et sans arrière-pensées, il a ainsi conclu : « Une foi qui ne nous met pas au défi est une foi en crise ; une foi qui ne nous fait pas grandir est une foi qui doit grandir ; une foi qui ne nous interroge pas est une foi sur laquelle nous devons nous interroger ; une foi qui ne nous anime pas est une foi qui doit être animée ; une foi qui ne nous bouleverse pas est une foi qui doit être bouleversée. »
Ref. Le pape adresse une nouvelle mise en garde à la Curie
Vers de nouvelles purges ?
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Tous les maîtres à penser de Bergoglio, qui pourtant n’en fait qu’à sa tête
Lu sur le site « diakonos.be »
Après les nombreuses biographies qui ont déjà été publiées sur le Pape François, en voici une qui pour la première fois se pare à bon escient du titre de « biographie intellectuelle ». Son auteur, Massimo Borghesi, est professeur de philosophie morale à l’Université de Pérouse et très proche de Jorge Mario Bergoglio depuis bien avant qu’il soit élu pape, à l’instar de ce cercle d’amis, dont le nom le plus connu est celui du vaticaniste Andrea Tornielli, qui appartiennent tous à la branche romaine de Communion et libération sous la houlette du Père Giacomo Tantardini.
Derrière la plume de Borghesi, ce livre est donc issu de la parole vive du Pape François lui-même qui à quatre reprises – les deux dernières fois le 13 mars 2017 à l’occasion du quatrième anniversaire de son pontificat – a remis à l’auteur autant d’enregistrements audio, qui sont d’ailleurs cités à plusieurs reprises dans le texte, dans le but d’indiquer les sources de sa formation.
Cette biographie est donc en partie également une autobiographie. Et elle part justement d’une révélation que Bergoglio fait ici pour la première fois en personne. Selon lui, c’est le théologien jésuite Gaston Fessard – génial spécialiste de Hegel sans être lui-même hégélien – et son livre de 1956 sur la « dialectique » des « Exercices spirituels » de Saint Ignace qui se trouve à l’origine de sa pensée.
C’est en fait surtout de Fessard – soutient et argumente Borghesi – que Bergoglio tiendrait cette pensée particulièrement antinomique affectionnant les contradictions. D’autres penseurs célèbres ont ensuite contribué à consolider sa pensée, Erich Przywara et Henri de Lubac, jésuites eux aussi. Alberto Methol Ferré, philosophe uruguayen et puis surtout, mais plus tardivement, Romano Guardini, et son essai de jeunesse daté de 1925 intitulé « Der Gegensatz », en français « La Polarité », sur lequel Bergoglio avait voulu rédiger sa thèse de doctorat pendant les derniers mois qu’il avait passé en Allemagne en 1986, une thèse rapidement abandonnée et jamais rédigée.
Borghesi illustre de façon remarquable la pensée de ces grands théologiens et philosophes. Il ajoute au nombre des inspirateurs dont Bergoglio lui-même se déclare redevable d’autres célébrités de premier ordre telles que Michel de Certeau et Hans Urs von Balthasar. Et il fait tout pour montrer comment on retrouve dans les écrits de Bergoglio, les plus anciens comme les plus récents, aussi bien avant qu’après son élection comme pape, la vitalité du génie de ses maîtres illustres.
Mais c’est précisément quand il passe des maîtres au disciple que la reconstruction de Borghesi devient plus discutable.
On peinera par exemple à retrouver le fruit de la « dialectique » de Fessard ou de « l’opposition polaire » de Guardini dans les quatre « postulats » que le Pape François a mis au centre du texte contenant le programme de son pontificat, l’exhortation « Evangelii gaudium », réaffirmés dans l’encyclique « Laudato sii » ainsi qu’au début de son autre exhortation « Amoris laetitia ».
Il est vrai que le même François avait révélé il y a trois ans aux auteurs argentins d’une autre biographie sur lui que le chapitre d’ « Evangelii gaudium » contenant les quatre postulats était la retranscription d’un fragment de sa thèse de doctorat inachevée sur Guardini.
Mais à voir comment cet exercice datant de l’époque où il était étudiant – un exercice aujourd’hui élevé au rang de magistère pontifical – vole en éclats dès qu’il est soumis à une analyse élémentaire, on peut penser que l’écart entre Bergoglio et ses illustres maîtres soit vraiment profond.
> Les quatre clous auxquels Bergoglio accroche sa pensée
> Bergoglio a lui aussi ses principes non négociables
Le premier des quatre postulats, celui selon lequel « le temps est supérieur à l’espace » signifie plus simplement que le Pape François souhaite que les « processus » d’évolution qui lui sont chers finissent par l’emporter contre l’appareil statique du pouvoir, ecclésiastique ou autre.
Tandis que le troisième postulat, celui selon lequel « la réalité est supérieure à l’idée » n’est qu’une réédition du lieu commun pseudo-conciliaire du primat de l’orthopraxie sur l’orthodoxie, ou en d’autres mots de la priorité donnée à la « pastorale » sur la doctrine.
Quant à la nature de l’Eglise comme « complexio oppositorum », c’est-à-dire comme à la fois institution et événement, de mystère sacramentel et de parole, de singularité et de communauté, d’intériorité et de culte public, le pontificat de François montre combien il n’apprécie que peu cet enrichissement réciproque entre les contraires et comment il veut au contraire abattre ou ignorer ce qu’il estime statique et dépassé dans l’une ou l’autre opposition. Sa froideur envers la liturgie est de notoriété publique, tout comme son insensibilité à la catégorie du beau et son mépris de la doctrine et de l’institution.
Il faut dire – et Borghesi le reconnaît – que Bergoglio n’a jamais étudié ni assimilé l’œuvre entière de ses maîtres et qu’il n’en a lu que quelques passages isolés, recueillant à sa façon quelques extraits ici et là.
Cela explique le manque d’homogénéité de ses écrits, notamment magistériels, dans lesquels il assemble les éléments les plus divers.
Mais cela explique encore davantage le gouffre abyssal qui sépare ses maîtres à penser et les personnages concrets sur lesquels François s’appuie en tant que confidents de rédacteurs anonymes : du jésuite Antonio Spadaro, un beau parleur affabulateur, à l’argentin Víctor Manuel Fernández, un théologien de réputation moins que médiocre qui s’est surtout fait connaître grâce à une œuvre au titre éloquent : « Sáname con tu boca. El arte de besar », ce qui n’a pas empêché son ami devenu pape de l’encourager à transposer dans « Amoris laetitia » des passages entiers d’articles confus qu’il avait rédigés une douzaine d’années auparavant sur la morale familiale.
La « prédilection » que François réserve à deux théologiens qu’il affectionne tout particulièrement, de Lubac et de Certeau, constitue un autre signe de confusion et montre qu’il ignore que de Lubac avait rompu avec son ancien élève de Certeau et qu’il lui avait adressé des critiques très dures : il l’avait accusé d’être un « joachimite » exalté, à l’instar du frère visionnaire du Moyen Âge à l‘âge d’or présumé du pur esprit, détaché de tout lien d’institution ecclésiastique.
En outre, la « biographie intellectuelle » de Bergoglio rédigée par Borghesi comporte quelques omissions notables. Silence total sur Walter Kasper, malgré que François ait déclaré qu’il figurait parmi ses lecteurs et admirateurs dès le premier « Angelus » après son élection pontificale et qu’il ait été intarissable en éloges sur lui, louant sa capacité à faire de la « théologie à genoux », en plus de l’avoir nommé théologien-guide des réformes en matière de mariage et de divorce et de primat des Eglises locales sur l’Eglise universelle.
Pas un mot non plus sur Rodofo Kusch, l’anthropologue argentin auquel François a récemment déclaré avoir emprunté son concept de peuple. Et cela malgré qu’on trouve dans le livre de Borghesi de nombreuses pages sur le « populisme » de Bergoglio.
Et naturellement, on ne peut qu’être frappé par l’absence dans les lectures de Bergoglio du théologien Joseph Ratzinger, même en tant qu’auteur des livres sur Jésus. Mais il s’agit là d’un vide qui nous aide à mieux comprendre.
Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso.
Ref. Tous les maîtres à penser de Bergoglio, qui pourtant n’en fait qu’à sa tête
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Philo à Bruxelles le 12 décembre : 2e séance à la découverte de saint Thomas avec Stéphane Mercier
La première conférence fut un vrai succès. La petite salle était remplie : 50 personnes dont une bonne proportion d'étudiants et de jeunes professionnels... -
Comprendre l'anthropologie chrétienne avec Cyril Brun
D'InfoCatho.fr :
Dans un entretien présentant deux de ses ouvrages, Cyril Brun revient sur l’anthropologie chrétienne.
30 minutes pour comprendre…
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Bruxelles, à partir du 28 novembre : Stéphane Mercier propose des cours d'initiation à la philosophie de saint Thomas d'Aquin
Avec Stéphane Mercier, venez (re)découvrir saint Thomas d’Aquin. C’est une occasion unique de parcourir les grands domaines de la philosophie en compagnie du saint Docteur.Rendez-vous dans la grande salle : Bienvenue à notre première rencontre !Boissons et petite restauration, avant et après, dans un cadre unique, au cœur de Bruxelles. -
L'Université de la Vie 2018 : c'est parti !
Alliance VITA lance une nouvelle session de formation bioéthique sur le thème :
Que faire du temps ? Défi bioéthique, défi d’écologie humaine
Après avoir attiré près de 7000 personnes à chacune de ses 4 premières éditions, l’Université de la Vie d’Alliance VITA se déroulera les lundis 15, 22, 29 janvier et le 5 février, avec un tout nouveau programme, consacré à la question du temps, et plus particulièrement celle du nouveau rapport de l’Humanité au temps.
C’est à la fois une question personnelle qui concerne chacun dans son rapport à la technologie, au travail et à sa vie quotidienne, et un défi biopolitique : affranchir l’homme du temps est un rêve prométhéen plus que jamais d’actualité, une entorse à l’écologie humaine.
Car le temps est de plus en plus malmené, paraissant tour à tour :
- « suspendu » pour des êtres humains congelés in vivo à l’état embryonnaire…
- « contourné » par des multinationales qui incitent leurs collaboratrices à congeler leurs ovocytes pour prolonger la carrière…
- « défié » par les grossesses tardives, l’insémination post-mortem, les filiations bricolées…
- « escamoté » » quand on occulte la durée, celle du deuil, de la grossesse, de la fin de vie, de l’engagement…
- « accéléré » par la frénésie consumériste, l’obsolescence programmée, la révolution technologique…
- Et finalement « menacé » par le grand fantasme transhumaniste qui promet d’abolir toute limite, jusqu’à pronostiquer la mort de la mort…
Ce cycle de formation s’articulera autour de 4 thématiques :
- « Vivre avec son temps », pour situer le débat dans la société post-moderne,
- « Etre présent » pour s’ajuster aux personnes qui souffrent,
- « Se donner le temps » pour adopter une posture de recul,
- « Conserver, progresser » pour choisir une attitude équilibrée.
L’édition 2018 de l’Université de la Vie donnera chaque soir la parole à de grands témoins qui interviendront tous pour la première fois : Philippe Pozzo di Borgo, Gaultier Bès et Marianne Durano, Jean-Baptiste et
Séverine-Arneld Hibon. Ils nous partageront leur propre rapport au temps et la manière dont ils tentent de vivre en harmonie avec leur temps. Interviendront cette année les philosophes Martin Steffens et François-Xavier Bellamy, l’économiste Pierre-Yves Gomez, plusieurs centaines de « témoins locaux », ainsi que les intervenants d’Alliance VITA : Tugdual Derville, François-Xavier Pérès, Caroline Roux, Valérie Boulanger, Henri de Soos, Blanche Streb et le docteur Xavier Mirabel.
Cette formation est ouverte à tous, dans plus de 100 villes en France et à l’étranger.
Pour s’inscrire, rendez-vous sur le site http://www.
universitedelavie.fr/ -
Vittorio Messori : le « discernement » situationiste du pape François favorise une société liquide
Lu sur le site de notre confrère « diakonos.be »:
« De son célèbre Entretien sur la Foi avec le Cardinal Ratzinger en 1984 au livre-interview avec Jean-Paul II à l’occasion des quinze ans de son pontificat en passant par ses livres d’investigation sur l’historicité des évangiles et sur Marie, sans cesse réédités, Vittorio Messori est aujourd’hui l’un des auteurs catholiques les plus lus et les plus célèbres et, à ce titre, il a toujours eu un certain poids dans l’opinion publique des catholiques. Considéré comme un vaticaniste se tenant à bonne distance de la lutte doctrinale qui se joue entre les traditionnalistes critiques de Bergoglio et les « gardiens de la révolution » du Pape, il fait dans cet article publié dans la revue italienne Il Timone un constat sans concession sur l’état actuel de l’Eglise à partir de la théorie de la « société liquide » de Zygmunt Bauman.
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Selon la célèbre formule du sociologue juif polonais Zygmunt Bauman, ce qui caractérise notre époque, que nous appelons post-moderne, c’est la création d’une « société liquide ». Autrement dit, une société dans laquelle tout est instable et changeant : pensons au travail qui a vu le « poste fixe » se muer en un inquiétant emploi précaire. Pensons aux migrations des peuples avec souvent des unions sponsales entre ethnies différentes, à la famille qui a laissé la place aux unions sans liens légaux ni religieux, au changement rapide des habitudes sexuelles en vertus desquelles on voudrait entre autres aller jusqu’à rendre incertaine l’appartenance au sexe masculin ou féminin. Pensons à la classe politique qui a renoncé aux plans et aux projets à long terme pour gouverner – quand ils y arrivent encore – à vue, si pas au jour le jour.
Voilà pour ce qui est de la société. D’autre part, d’un point de vue religieux, le croyant s’inquiète du fait que même l’Eglise catholique – qui était un exemple millénaire de stabilité – semble elle aussi vouloir devenir « liquide ». Au cours d’une interview déconcertante, le général des jésuites, le Sud-Américain Arturo Sosa, a « liquéfié » l’Evangile lui-même : il a en effet déclaré au cours d’un entretien que nous n’avions aucun enregistrement des paroles de Jésus sur cassette ou sur disque et que nous ne savons pas exactement ce qu’Il a dit. On peut donc « adapter » l’Evangile au gré des époques, des besoins et des personnes. Le même Sosa déclare qu’il n’aime pas le mot « doctrine » et donc les dogmes non plus parce que « ce sont des mots qui rappellent la dureté des pierres » tandis que la foi chrétienne doit être élastique et adaptable. En fait elle doit elle aussi devenir « liquide ». N’en déplaise au Christ qui a voulu que son Eglise soit fondée sur la pierre. Mais un autre jésuite, sud-américain lui aussi, qui n’est nul autre que le pape en personne, a répété dans l’une des nombreuses interviews qu’il accorde aux personnes les plus diverses dans les lieux les plus divers – en avion, place Saint-Pierre ou en rue – ce qui constitue l’un des pivots de sa stratégie d’enseignement et de gouvernement : « Il faut dépasser la tentation catholique de l’uniformité des règles, de leur rigidité, alors qu’il faut au contraire juger et se comporter au cas par cas ». Le terme que le pape François emploie c’est « discernement » : il s’agit d’une vieille tradition de la Compagnie de Jésus qui cependant, jusqu’à aujourd’hui, n’allait pas jusqu’à « interpréter » librement le dogme lui-même en fonction des situations. Comme cela s’est produit dans certains documents officiels signés par lui et qui ont suscité la perplexité (pour utiliser un euphémisme) même de certains cardinaux.
Eh bien, avec toute l’humilité requise, il me semble qu’un pareil choix soit erroné pour l’Eglise et pour la foi. Il me semble en fait qu’il faudrait faire exactement le contraire. Dans un monde « liquide » où tout devient incertain, précaire, provisoire, c’est justement de la stabilité et de la fermeté de l’Eglise catholique dont non seulement les croyants mais l’humanité toute entière auraient besoin. Ces dogmes comme la pierre auxquels le Général de la Compagnie de jésus est allergique pourraient et devraient devenir pour beaucoup un havre sûr dans une société qui s’effrite et qui tend à se déliter dans le chaos. Ce n’est pas un hasard si de tout temps mais plus particulièrement aujourd’hui, quand ils sont malmenés par les flots, les hommes cherchent un port sûr où les eaux sont tranquilles. C’est de certitudes réaffirmées et défendues dont nous avons besoin et non d’innombrables opinions changeantes. L’un des symboles de l’Eglise catholique était un chêne vigoureux, solidement ancré dans le sol par de robustes racines. Est-ce vraiment rendre service à la foi que de remplacer ce chêne par un roseau qui ploie dans tous les sens au moindre souffle de vent au gré des désirs et des modes humaines ? Peut-être le moment est-il venu de redécouvrir et d’appliquer à toute l’Eglise l’ancienne et belle devise des chartreux : « Stat crux dum orbitur volvit », la croix demeure stable tandis que le monde change. Plus que jamais, c’est de la clarté solide du catéchisme dont nous avons besoin plutôt que des innombrables et changeants « selon moi » et des opinions infinies dont le monde est rempli. Le protestantisme a suivi cette route et l’histoire nous a montré où elle menait. Mais malheureusement, comme toujours, l’histoire n’est pas magistra vitae.
Un article de Vittorio Messori publié en italien dans la rubrique « Il Vivaio » de la revue Il Timone d’octobre-novembre 2017 et traduit avec l’autorisation de l’auteur."
Ref. Une Eglise solide dans une société liquide
JPSC
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La dictature du relativisme et ses idoles
De Bertrand Vergely sur le site de l'Institut Montalembert (6 novembre) :
La dictature du relativisme
Bertrand VERGELY nous apporte, dans ce magnifique texte, un éclairage sur le mensonge et la tyrannie du relativisme.
Le relativisme vient du terme relation et signifie le fait pour la pensée de relier une réalité posée comme absolue à un contexte matériel et historique afin de montrer que celle-ci n’a rien d’absolu. Pour ses défenseurs, le relativisme est un progrès majeur, l’absolu étant synonyme de fanatisme et donc de violence et de folie.
Avant de voir si c’est le cas, voyons ce qui se passe derrière le relativisme.
1. Retour sur la notion d’absolu. L’absolu désigne ce qui est sans lien avec quoi que ce soit d’autre que lui-même. Les Anciens disaient « ce qui se soutient par soi ». D’où une coupure radicale entre l’absolu et le reste. Il est à la mode de critiquer l’absolu en voyant là une figure du fanatisme et de la violence. Il s’agit là d’une erreur. Consultons notre expérience. Tout ce qui est grand est absolu. Ainsi prenons le vrai, le bien et le beau. Rien n’est vrai, bien ou beau parce que cela est relativement vrai, bien ou beau. Tout est vrai, bien ou beau parce que cela est absolument vrai, bien ou beau. On ne fait pas les choses à moitié. On les fait ou on ne les fait pas. D’où l’erreur de ceux qui croient bien faire en relativisant le vrai, le bien et le beau. En croyant sauver le vrai, le bien et le beau, ils le tuent. On croit que les violents et les assassins sont les fanatiques. De fait, ce sont eux qui sont les violents et les assassins.
Est-ce à dire que le relativisme n’a aucun sens ? Il en a. À condition que l’on comprenne pourquoi et comment. Ainsi il nous arrive sans cesse d’exagérer en donnant trop d’importance à ce qui n’en a pas. D’où des erreurs, en science et en morale. Relativiser, dans ces conditions, s’avère salutaire afin d’éviter en science de fabriquer des obstacles épistémologiques et en morale des conflits. Hormis ces cas extrêmes, il n’y a aucun intérêt à relativiser. Au XVIIIème siècle pourtant, il en a été décidé autrement. Posant la religion comme une pathologie, les penseurs matérialistes ont décidé de relativiser la religion. Au XIXème siècle, ce principe s’est étendu à toute la sphère de l’esprit et des idées qui ont été relativisées, les idées et l’esprit étant censées faire le jeu de la religion. Résultat, nous vivons sous la dictature du relativisme qui tend à tout relativiser sauf le relativisme afin d’asseoir une vue matérialiste et athée de l’existence. Il importe de se délivrer d’une telle vision proprement pathologique. L’absolu fait partie de nos vies. C’est ainsi. Rien de ce qui est essentiel ne se divise. Il faut en prendre acte et en être reconnaissant. C’est l’absolu qui sauve la vie de l’esprit.
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Cardinal Müller : le pape n’est pas un monarque absolu
L’ancien préfet de la congrégation pour la doctrine de la foi, éconduit par le pape François au terme de son premier mandat, remet les choses à leur juste place, dans une interview accordée au bi-mensuel « L’Homme Nouveau ». Extraits lus sur le blog « salon beige » :
"Nous ne croyons pas des choses simplement parce qu’un pape nous les enseigne, mais parce que ces vérités sont contenues dans la Révélation"
L'Homme nouveau a publié dans son dernier numéro un entretien avec le cardinal Gerhard Ludwig Müller, ancien Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la foi. C'est une traduction de l'entretien accordé au journaliste américain Edward Pentin, correspondant à Rome du National Catholic Register. En voici quelques courts extraits (pour lire l'intégralité, il est utile de s'abonner à L'Homme Nouveau) :
"[...] J’ai entendu dire que le Pape était proche de certains théologiens mais ces derniers ne peuvent pas prétendre être les interprètes autorisés du Pape. Si, par exemple, l’archevêque Fernández [recteur de l’Université catholique pontificale d’Argentine à Buenos Aires] fait une déclaration, c’est seulement à titre privé. Elle n’a pas plus de poids que la déclaration d’un autre évêque – et assurément pour l’Église dans son ensemble, il n’a pas d’autorité magistérielle –, et donc cela n’a pas plus d’autorité pour moi que n’importe quelle autre voix théologique. [...]
[J]e crains qu’il n’y ait plus une idée très claire sur le statut ecclésiologique de l’Église romaine sous la forme de la Congrégation des cardinaux et de la Curie romaine. Certains pensent que le Pape peut à titre personnel faire tout ce qu’il veut car il est le souverain absolu, mais ce n’est pas vrai. [...]
Dans mes fonctions comme préfet de la Congrégation, j’ai fait plusieurs interventions dans lesquelles j’ai expliqué que la seule vraie et juste interprétation d’Amoris Lætitia – qui est globalement très bonne et en faveur du mariage – est l’interprétation orthodoxe, et par là nous voulons dire qu’elle est dans le droit fil de la Sainte Écriture, de la tradition apostolique et des décisions définitives du magistère papal et épiscopal, qui est ininterrompu jusqu’à présent. Il n’est nulle part exigé des fidèles dans Amoris Lætitia de croire quoi que ce soit de contraire au dogme, car l’indissolubilité du mariage est une chose évidente. [...]
N’est-il pas problématique que le Pape donne sa propre interprétation qui semble être en désaccord avec l’interprétation orthodoxe que vous faites vôtre, comme, par exemple, dans sa lettre à des évêques argentins et son éloge des évêques de Malte ?
Dans le cas de la lettre à des évêques argentins, si le Pape écrit une lettre privée et personnelle, ce n’est pas un document doctrinal officiel.
Elle a été mise en ligne sur le site Internet du Vatican.
Le site Internet du Vatican a un certain poids, mais il n’a pas d’autorité magistérielle et si vous lisez ce que disent ces évêques argentins dans leur directive, vous pouvez l’interpréter de manière orthodoxe. [...]
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Quand Microsoft installe une porte dérobée dans nos crânes
D'Erwan Le Morhedec (Koz) sur son blog (31 octobre):
Langage inclusif : Back off, Microsoft !
Vous connaissez la parabole de la grenouille, Al Gore l’avait utilisée pour souligner la menace climatique. Plongée dans l’eau bouillante, la grenouille s’en extirpe par mouvement réflexe. Mais, soumise à ébullition progressive, la batracienne s’épanouit jusqu’à cuisson. Pour les Français, c’est pareil.
Trêve de grenouilles, comme on sait, les Français sont des veaux. Ou plutôt, les Françaises et les Français sont des veaux et, tant que nous y sommes, des velles. Ils ont accueilli la nouvelle d’une surveillance institutionnalisée de leur expression et partant, de leur pensée, avec le regard impavide de la bête que l’on mène par le col.
Les uns ne voient rien venir, les autres diraient bien quelque chose certes mais quoi, et les derniers tendent à penser que Microsoft part d’une bonne intention. Que l’on me pardonne cette expression aussi potentiellement sexiste qu’offensante : bougres de cons, l’intention ne change rien à l’affaire !
Microsoft vient d’installer une porte dérobée dans vos crânes.
L’intégration du « langage inclusif » dans les corrections et suggestions de Word est loin d’être indifférente : c’est un basculement, un vrai changement de nature, et un changement inquiétant. Car il ne s’agit plus de corriger les fautes d’orthographe, d’appliquer des règles de grammaire, à la rigueur d’alléger votre style, toutes fonctionnalités classiques d’un traitement de texte. Non, en intégrant à Word le « langage inclusif », Micro$oft nous dit quoi écrire, nous dit quoi penser. Les suggestions étaient stylistiques, elles sont idéologiques. Une entreprise opère des choix idéologiques, et elle nous les impose.
Ne vous y trompez pas : le vocabulaire est un champ de bataille. Chacun sait qu’en changeant les mots, on change la pensée. C’est d’ailleurs pleinement revendiqué par les tenants du « langage inclusif » et de l’ « écriture inclusive ».
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Bruxelles, 11 novembre : "Samedis Philo" avec le Père Xavier Dijon s.J.