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Idées - Page 80

  • France : La Manif pour tous maintient la pression

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     la-manif-pour-tous-veut-redescendre-dans-la-rue-le-16-octobre.jpgD’Antoine-Marie Izoard, Samuel Pruvot, Hugues Lefèvre (à Paris), avec Antoine Pasquie, ce soir sur le site de « Famille Chrétienne » :

    « Plus de 200.000 manifestants ont défilé dimanche 16 octobre à Paris à l'appel de La Manif Pour Tous. Dans le cortège, les journalistes de FC ont recueilli le témoignage des manifestants et sont allés à la rencontre des élus pour connaître les raisons de leur présence. Objectif commun : les élections de 2017.

    « Notre mouvement social fait une entrée en campagne fracassante pour la famille », s’est félicité Ludovine de La Rochère, présidente de la Manif pour tous à l'issue de la manifestation du 16 octobre à Paris où 200 000 étaient rassemblées. « Nous sommes la première force militante de France. Aucun parti ni candidat ne réussit à mobiliser autant », a-t-elle poursuivi, faisant implicitement référence aux meetings des hommes politiques qui, de gauche comme de droite, sont entrés en campagne depuis plusieurs semaines.

    Pendant 3 heures et demie, les manifestants ont défilé dans le calme avec enthousiasme et détermination entre la porte Dauphine et le Trocadéro. Ils étaient venus demander à François Hollande de stopper la déconstruction de la famille et de la filiation. C’est le cas de Philippe, 56 ans. Avec sa femme Jeanne, 49 ans, il a participé à toutes les manifestations depuis 2013. « On est ici pour exprimer ouvertement notre mécontentement sur ce qui se passe actuellement. Et on n’est pas au bout de nos surprises ! ». Ils sont venus avec leurs deux enfants. « Tout simplement pour leur apprendre ce que c’est que la citoyenneté, leur montrer qu’on peut dire « non » sans tout casser. On va sans doute voter à la primaire de la droite et du centre pour faire pression sur ce domaine précis. Car la politique n’est pas que l’économie ! ». « Je suis persuadé que l’on vaincra un jour", assurent de leur côté Philippe, ingénieur en région parisienne, et Jeanne, pédiatre. L’espérance chrétienne est plus forte que tout. Cette idéologie tombera ».

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  • Mgr Léonard, philosophe et théologien, n'a sans doute pas dit son dernier mot

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    Lu sur L’Echo, p. 12: Drieu Godefridi: « Le rôle d’un intellectuel n’est pas de suivre les modes »

    monseigneur-leonard-un-eveque-dans-le-siecle.jpgA l'occasion de la parution de son dernier ouvrage "Un évêque dans le siècle", le philosophe Drieu Gofdefridi a interrogé Monseigneur Leonard. L'ex-archevêque de Malines y livre notamment ses réflexions sur la question fort à la mode du transhumanisme, autrement dit la quête de l'immortalité. Ce faisant, "vous serez comme des dieux, vous allez vous faire vous-mêmes, vous allez être les maîtres de la connaissance du bien et du mal", explique-t-il à Drieu Godefridi qui rappelle au passage que Leonard est d'abord un philosophe, hégélien de première importance.  … “Comme je lui demandais si d'être privé de la "pourpre cardinalice" ne l'avait pas blessé, il m'a répondu ceci: "Blessé, c'est beaucoup dire. Mais cela m'a surpris, parce que c'était une tradition de deux siècles. Il y a eu beaucoup d'archevêques de Malines qui n'ont pas été cardinaux, par le passé, mais, depuis deux siècles, c'était devenu une espèce de tradition. … C'est délicat de le dire moi-même, mais beaucoup l'ont dit à ma place: sur le plan pastoral, sur le plan intellectuel, j'ai fait un travail qu'assez peu d'archevêques ont accompli. Sur le plan intellectuel, il y a eu Dechamps à Malines qui était un très bon philosophe, un apologète également. Pour ma part, j'ai accompli la tâche d'une manière plutôt originale. Un de mes évêques auxiliaires a d'ailleurs osé écrire que j'étais le premier archevêque de Malines à avoir visité entièrement le diocèse. Il salue aussi mon travail sur le plan intellectuel. Bref, cela m'a surpris, cela m'a déçu un peu, mais j'ai rebondi facilement." Je crois que cette réponse est sincère, d'autant que, tout au long de l'entretien, Monseigneur Léonard m'est apparu comme un homme heureux et apaisé, certes pressé de prendre sa retraite, mais aiguisé comme jamais sur le plan intellectuel. Large est le champ de ses lectures, et je serais surpris que le philosophe et théologien Léonard ait dit son dernier mot.” / Article (pdf))

    Source : Revue de presse succincte de l'archevêché de Malines-Bruxelles

    Un évèque dans le siècle, aux éditions du CEP (14€)

    Mgr Léonard / Drieu Godefridi

    Les Entretiens entre Mgr Léonard et Drieu Godefridi s’adressent très certainement aux lecteurs de conviction catholique. Toutefois, l’ampleur des sujets abordés, l’acuité des défis sociétaux traités, l’intelligence des réponses - jamais prise en défaut - font que ce livre s’adresse à toutes et tous. Refusant la passivité, un homme de conviction s’exprime à propos des voies nouvelles qui s’ouvrent devant l’être humain. Les propos de Mgr Léonard peuvent plaire ou déplaire, à aucun moment ils ne laissent indifférents. Au fil des questions de Drieu Godefridi, croyants et non-croyants trouveront ici matière à dialoguer. C’est ce dont notre siècle, à l’évidence, a le plus besoin. De façon urgente.

  • Pourquoi il nous est très difficile de penser l'islam sans plaquer sur lui des idées d'origine chrétienne

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    Du Figaro Vox (Alexandre Devecchio) - lefigaro.fr - :

    Rémi Brague : « Nous sommes tombés dans une marmite chrétienne quand nous étions petits »

    FIGAROVOX/GRAND ENTRETIEN - Rémi Brague a accordé un entretien fleuve au FigaroVox. Revenant sur les obsèques du père Hamel qui ont pris la forme d'un appel à la paix, le philosophe décrypte les ressorts du pardon chrétien.

    Rémi Brague est un philosophe français, spécialiste de la philosophie médiévale arabe et juive. Membre de l'Institut de France, il est professeur émérite de l'Université Panthéon-Sorbonne. Auteur de nombreux ouvrages, notamment Europe, la voie romaine (éd. Criterion, 1992, rééd. NRF, 1999), il a dernièrement publié Le Règne de l'homme: Genèse et échec du projet moderne(éd. Gallimard, 2015) et Où va l'histoire? Entretiens avec Giulio Brotti (éd. Salvator, 2016).

    FIGAROVOX. - Les obsèques du père Hamel ont pris la forme d'un appel à la paix, au pardon, à la prière pour les assassins. Que cela vous inspire-t-il?

    Qu'aurait-on pu faire d'autre? Appeler à la vengeance? Montrer la chemise ensanglantée, comme dans Colomba? Promener le cercueil en hurlant qu'on allait rendre au centuple? Ce n'est pas vraiment le genre des obsèques chrétiennes.

    Prier pour les assassins ne veut pas dire qu'on souhaite que d'autres fassent de même, ni qu'on les soustrait à la justice des hommes. Cela veut dire qu'on croit qu'ils ont, ou auraient eu, la possibilité de changer.

    Il en est ici un peu comme du sacrement de la confession ou pénitence, que l'on appelle maintenant «réconciliation». Recevoir l'absolution pour les péchés que j'ai avoués à un prêtre ne me dispense en rien de demander pardon à ceux à qui j'ai fait tort, de réparer ce qui peut l'être, et éventuellement de purger la peine que les tribunaux humains m'infligeront. Le prêtre qui recueillerait la confession d'un criminel aurait même le devoir, non certes de le dénoncer, mais de l'encourager à se constituer prisonnier s'il a échappé à la justice.

    Ce pardon peut-il être accordé par quelqu'un d'autre que le père Hamel ou Dieu lui-même?

    La difficulté du pardon est que l'on ne peut pas l'accorder à qui ne le demande pas, voire à qui se vante d'avoir agi comme il l'a fait. On peut certes dire à l'autre qu'on est prêt à lui pardonner, s'il le demande. Cette demande n'est pas un signe d'humiliation, elle montre simplement que l'on est prêt à accepter d'être pardonné. Ce n'est donc pas une condition, encore moins un «donnant, donnant». Mais c'est toujours un risque à prendre. Car qui sait s'il acceptera de me pardonner?

    Demander pardon n'est de toute façon jamais commode, et en un premier temps c'est même très désagréable. Surmonter ce désagrément initial demande une éducation que tous n'ont pas eu la chance de recevoir. Je n'ai pas à me prononcer sur les autres traditions culturelles, mais je constate, pour rester entre des gens dont la famille est française depuis longtemps, que, là où le christianisme s'est effacé, on a du mal à dépasser le niveau du: «c'est sa faute, c'est lui qui a commencé, moi je n'ai rien fait…»

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  • Le drame de notre époque : la négation du religieux

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    Du Figaro Vox (Alexis Feertchak) - lefigaro.fr - :

    Jean-Pierre Dupuy : « Le drame de notre époque, c'est que nous nions le religieux »

    FIGAROVOX/GRAND ENTRETIEN - Auteur d'un essai publié juste après le 11 septembre 2001 sur la question du mal, le philosophe Jean-Pierre Dupuy a accordé un entretien fleuve au FigaroVox. Il y explore notamment l'incompréhension occidentale face au djihadisme.

    Jean-Pierre Dupuy est un philosophe français, connu pour sa théorie du «catastrophisme éclairé». Ancien élève et professeur émérite de Philosophie sociale et politique à l'École Polytechnique, il est aujourd'hui professeur à l'Université Stanford en Californie. Membre de l'Académie des Technologies, il est président de la Commission d'Éthique et de Déontologie de l'Institut français de Radioprotection et de Sécurité Nucléaire. Il a notamment publié: Pour un catastrophisme éclairé(Seuil, 2002); Avions-nous oublié le mal? Penser la politique après le 11 septembre (Bayard, 2002); La Marque du sacré (Carnets Nord, 2009; Flammarion, coll. Champs, 2010; prix Roger Caillois de l'essai) ; L'Avenir de l'économie. Sortir de l'économystification (Flammarion, 2012) et dernièrement La Jalousie. Une géométrie du désir (Seuil, 2016).

    FIGAROVOX. - Scientifique à l'origine, passé par l'économie, vous vous êtes tourné progressivement vers la philosophie. Depuis une vingtaine d'années, vous analysez les grandes «catastrophes» du monde contemporain. En 2002, vous publiiez un an après les attentats du World Trade Center un livre intitulé Avions-nous oublié le mal? Penser la politique après le 11 septembre. Vous y émettez notamment une critique du rationalisme occidental en expliquant que l'on confond «cause» et «raison». Qu'entendez-vous par là? Avons-nous encore et toujours oublié le mal?

    Le mal que nous avons oublié n'est pas celui du jugement moral, mais le mal comme principe d'explication des phénomènes. Le premier prolifère et il est le principal ingrédient de ce que le grand François Tricaud, traducteur de Hobbes et auteur d'un livre magistral, appelait l'«agression éthique» (1). Souvenons-nous de Saddam Hussein et de George W. Bush se vouant mutuellement aux gémonies.

    Le modèle individualiste et rationaliste qui domine aujourd'hui les sciences humaines et, au-delà, le sens commun, nous pousse à rendre raison des actions d'autrui mais aussi de nos propres actions, en en cherchant les causes et en tenant ces causes pour des raisons. Si Jean a fait x, c'est qu'il désirait obtenir y et qu'il croyait qu'il obtiendrait y en faisant x. Toute action, même la plus apparemment insensée, apparaît dotée d'une rationalité minimale si on la conçoit comme mue par des désirs et des croyances. Il suffit de trouver les bons désirs et les bonnes croyances, celles qui permettent de reconstituer le puzzle. Et l'on a vu des hommes raisonnables prêter à d'autres êtres humains les croyances les plus invraisemblables (des croyances qu'eux-mêmes seraient incapables de former), faisant mine de croire en leur réalité en les affublant du label de «religieux»! Pour sauvegarder le schéma explicatif qui assimile les raisons et les causes de l'action, ces rationalistes vont, dans le cas d'une action insensée, croire que les acteurs croient de façon insensée. Quelle pauvreté d'analyse et quel manque d'imagination! Comme si des croyances religieuses pouvaient avoir la force suffisante pour causer de tels actes! Souvenons-nous des analyses brillantes de Sartre dans le chapitre de L'Être et le néant consacré à la «mauvaise foi». On y lit: «La croyance est un être qui se met en question dans son propre être, qui ne peut se réaliser que dans sa destruction, qui ne peut se manifester à soi qu'en se niant: c'est un être pour qui être, c'est paraître, et paraître, c'est se nier. Croire, c'est ne pas croire». Ou encore: «Croire, c'est savoir qu'on croit et savoir qu'on croit, c'est ne plus croire. Ainsi croire c'est ne plus croire, parce que cela n'est que croire» (2).

    S'il y a de l'horreur ou de la démence dans un acte, toute la détestation qu'il inspire se portera sur les croyances et les désirs qu'on lui impute comme causes, mais l'acte lui-même se trouvera justifié par ces mêmes causes devenues raisons. L'universalité du jugement pratique se paie de l'attribution à autrui d'attitudes ou d'états mentaux qui n'appartiennent qu'à lui et dont la singularité et le caractère privé vont dans certains cas jusqu'à faire de lui l'étranger absolu.

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  • La Belgique a perdu un de ses meilleurs connaisseurs du monde des entreprises, un chrétien et un grand humaniste

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    De Christian Laporte sur le site de lalibre.be :

    Philippe de Woot, pionnier de la responsabilité sociétale des entreprises, est décédé

    Avec le décès jeudi du Pr Philippe de Woot, la Belgique perd un de ses meilleurs connaisseurs du monde des entreprises. Pionnier de la Responsabilité sociétale de l’Entreprise, ce grand humaniste, chrétien engagé, n’a cessé de plaider pour mettre l’humain au cœur de sa réflexion et de ses décisions. Docteur en droit et en sciences économiques, co-créateur et doyen de l’Institut d’Administration et de Gestion (aujourd’hui Louvain School of Management) de l’UCL, Philippe de Woot y a formé plusieurs générations d’étudiants à la stratégie et au management des entreprises, en intégrant la réflexion économique dans la perspective plus vaste des enjeux sociétaux. Penseur éclairé au rayonnement international, il a enseigné entre autres à Louvain, à l’INSEAD, était Harvard Faculty Associate et Docteur honoris causa de l’Université de Bologne.

    Conseiller de la Commission européenne

    Etant un Européen convaincu, il a œuvré au dynamisme de l’Union comme conseiller de la Commission pour les programmes Esprit et Fast et comme membre de l’Académie européenne des Sciences et des Arts. Le thème majeur de sa pensée et de son action est celui du sens, des valeurs et de la finalité de l’entreprise. Ses nombreux travaux ont mis en évidence les liens entre le système de valeurs et les performances à long terme. "L’entreprise" disait-il "doit être une organisation humaine génératice d’innovation et de progrès, un lieu d’exercice de la responsa bilité individuelle et collective face aux enjeux éthiques et sociétaux". S’il reconnaissait l’efficacité de l’économie de marché, il s’éleva contre la croyance en la vertu de "la main invisible", s’opposant à Milton Friedman qui réduisait la finalité de l’entreprise à l’enrichissement de l’actionnaire.

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  • "Sociétal", un terme piégé

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    De Joël Hautebert en éditorial sur le site de l'Homme Nouveau :

    Faut-il parler de politique « sociétale » ?

    Insidieusement, en adoptant le vocabulaire des partisans de la « politique sociétale » – qui abrite en fait la révolution anthropologique mondialiste hostile à la nature humaine et à son Créateur –, notre combat théorique perd en cohérence et en efficacité. Il se joue en effet aussi sur le terrain sémantique.

    Nous nous accoutumons un peu trop facilement à l’usage de l’adjectif « sociétal » (questions sociétales, politique sociétale…), couramment employé dans le langage politique contemporain. Si l’on considère que le vocabulaire est un puissant vecteur de circulation et d’intériorisation des concepts, il importe de s’interroger sur le bien-fondé de l’emploi de termes qui abondent dans la vie politique. Comme nous pensons avec des mots, l’idéologie progresse toujours par la subversion du langage et l’usage d’innovations lexicales riches de sens.

    Deux significations

    Au premier degré de l’analyse, ce néologisme revêt deux significations. Tout d’abord, il différencie les objectifs politiques qu’il désigne de ce que l’on appelle depuis longtemps la « question sociale ». Cette dernière expression correspond aux considérations économiques, au sort des plus démunis, ou de la classe ouvrière oppressée dans une logique marxiste classique. On devine alors que les « questions sociétales » n’entretiennent pas de relation ténue avec une doctrine économique. Le glissement de la gauche sociale à la gauche sociétale entérine dans le langage l’abandon de la politique économique traditionnelle du socialisme. Ensuite, nous observons que le mot « sociétal » désigne les décisions gouvernementales qui concernent le plus souvent l’anthropologie et la nature humaine. À titre d’exemple, citons la dénaturation du mariage, la GPA, la PMA, le Genre. On comprend alors que du point de vue de l’efficacité politique, « politique sociétale » soit un euphémisme plus rassurant que « création d’un homme nouveau », « révolution anthropologique », « déconstruction de l’humain », etc. Certes, nous rencontrons de tels énoncés plus directs et explicites dans les débats d’idées (pensons au transhumanisme), mais plus rarement de la part des politiques.

    Ce constat étant fait, puisque la politique investit l’anthropologie, il en ressort que les gouvernants quittent la sphère du politique pour se substituer à la nature et à son Auteur. Cette substitution engendre une subversion des principes et des institutions les plus élémentaires du droit naturel : la distinction homme/femme, le mariage, la filiation, la fécondité, c’est-à-dire tout ce que nous voyons appliqué aujourd’hui par nos gouvernants. Chez les grandes prêtresses du Genre, le mot anthropologie est d’ailleurs honni.

    Une sociologie marxiste

    Mais pourquoi employer l’adjectif « sociétal » ? Au-delà de l’évident intérêt de l’usage d’un euphémisme, la raison réside dans les mutations idéologiques des dernières décennies, plus précisément dans l’hégémonie de la sociologie ancrée dans la pensée marxiste. Puisque la nature n’existe pas, tout est social ou tout est culturel, mais cette dernière expression est devenue moins usuelle. Nos comportements, nos croyances, nos goûts, nos convictions, notre conception de la famille et de la sexualité résultent de déterminismes sociaux dont nous intériorisons inconsciemment les règles. Mais fort heureusement, la société évolue sous l’effet du progrès, déroulant ses bienfaits grâce aux luttes émancipatrices, aujourd’hui celle des femmes contre les méchants hommes, ou encore le rejet de l’identité sexuée imposée dès la naissance par les stéréotypes sociaux dont il faut impérativement se défaire. L’absence d’ordre naturel, de bien et de juste en soi, justifie l’évolution non seulement des règles et des institutions mais aussi de la phusis propre à l’homme lui-même. Dire qu’une institution ou qu’une pratique est sociétale tend à la dé­naturaliser.

    Selon cette logique, omniprésente dans l’idéologie du Genre, les hommes ont déclaré « naturelles » leurs pratiques de domination, à seule fin d’empêcher leur remise en cause car le camouflage de la nature leur donne une dimension intemporelle définitive. De manière générale, toute allusion au caractère « naturel » révèle l’existence d’une violence dominatrice qu’il convient de combattre dans une perspective émancipatrice. Nous n’avons pas suffisamment compris depuis quarante ans cette mutation idéologique qui fait de la nature humaine l’ennemi numéro un. Si la volonté de créer un homme nouveau n’est certes pas nouvelle, les modalités de cette révolution ont évolué avec le temps. L’engagement constant de l’État dans les « questions sociétales » résulte d’une volonté idéologique et non d’un enfumage politique dû à l’omnipotence des institutions européennes contraignant l’État français à l’inaction dans ses domaines de compétence traditionnelle.

    Une idéologie envahissante

    D’ailleurs, ces « questions sociétales » sont également au cœur de l’action des institutions supranationales, principalement de l’Onu. Cette idéologie étend aujourd’hui ses tentacules à l’échelle du monde entier. C’est le visage contemporain de la Révolution, dont l’objectif est le renversement de l’ordre naturel et divin. Remarquons au passage que la réduction constante, voire l’abandon, de la place accordée aux lettres classiques et aux langues anciennes, grec et latin, facilite grandement l’imprégnation de ce sociologisme dans les mentalités. En effet, rien de tel que la lecture des auteurs classiques pour se rendre compte à quel point la nature humaine ne change pas. Malgré plus de deux mille ans d’écart, les hommes rencontrent les mêmes difficultés, y compris politiques, cherchent à répondre aux mêmes questions et connaissent les mêmes passions.

    Ainsi, on est en droit de se demander si, de notre part, l’utilisation sans nuance ou mise en garde de l’expression « questions sociétales » pour désigner ce qui relève en réalité de la nature conduit, au moins dans le discours, à se placer sur le terrain intellectuel défini par les adversaires déclarés de la nature humaine. À partir de là, il devient plus difficile de mener un combat théorique cohérent, puisqu’une étape a été franchie, celle de l’acceptation des termes de la dispute intellectuelle fixés par le camp opposé. Quant au grand public, en s’habituant à l’usage des termes, il intègre progressivement les concepts sous-jacents.

    Pour parer avantageusement à ces inconvénients, mieux vaut parler explicitement de « révolution anthropologique » ou de « questions anthropologiques » que le pouvoir politique se croit autorisé à modifier. Ce combat sémantique est à notre portée.

  • Amoris laetitia : quelle exégèse ?

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    A propos du chapitre 8 de cette Exhortation papale consécutive aux deux synodes sur la famille, notre confrère théologien et grégorianiste du site « Pro Liturgia » (http://www.proliturgia.org/) note, non sans humour, cette exégèse diffusée par les évêques argentins de la région de Buenos Aires :

    "Les évêques de la région de Buenos Aires (Argentine) ont envoyé aux prêtres de leur diocèse un communiqués exposant des “critères de base pour l’application du chapitre 8 d’Amoris laetitia” touchant à la question de l’accès à la communion eucharistique pour les “divorcés-remariés”.

    Voici deux points du communiqué des évêques de la région de Buenos Aires :

    “Point n° 5. Lorsque les circonstances concrètes d’un couple le rendent possible, spécialement lorsque les deux sont chrétiens et engagés sur un chemin de foi, on peut leur proposer l’effort de vivre dans la continence. Amoris laetitia n'ignore pas les difficultés de cette option et laisse ouverte la possibilité d’accéder au sacrement de la réconciliation en cas de défaillance par rapport à cet engagement.

    Point n°9. Il peut être opportun qu’un éventuel accès aux sacrements se réalise de manière discrète (...). Mais en même temps il ne faut pas laisser d’accompagner la communauté pour qu'elle grandisse dans l'esprit de compréhension et d'accueil, sans que cela implique de créer des confusions quant à l’enseignement de l’Eglise à propos du mariage indissoluble (1). La communauté (2) est un instrument de la miséricorde qui est imméritée, inconditionnelle et gratuite.”

    Le Pape François a félicité les évêques argentins pour leur analyse et a précisé qu’elle constituait la seule façon de comprendre Amoris laetitia.

    Pour être honnête, il faut quand même dire que la majorité des “divorcés-remariés” se moque bien de ces directives : comme la plupart des fidèles catholiques, ils ne savent plus ce qu’est vraiment l’Eucharistie. Ce qu’on peut facilement constater aux messes de mariages ou de funérailles où tout le monde communie “par sympathie” pour le couple ou la famille.

     

    (1) Autrement dit, il faut conserver l’enseignement de l’Eglise mais en précisant qu'il est désormais facultatif.

    (2) C’est désormais la communauté - et non plus le ministre ordonné - qui est l’instrument du sacrement. On le savait déjà pour l’Eucharistie où c’est la communauté qui dit ce qu’il faut croire et comment il faut célébrer la foi ; on le sait maintenant pour le sacrement du Pardon. On est en plein protestantisme." 

    JPSC

  • Dongelberg, 1er octobre : Georges Lemaître, l'auteur de la théorie du Big Bang

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  • Mgr Cattenoz, archevêque d'Avignon : laissez tomber ces barrières d’une laïcité qui n’a pas de sens

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     « Riposte catholique » publie ce message de Mgr Cattenoz, archevêque d’Avignon :

    Cattenoz.jpg« Samedi dernier, j’ai eu la joie d’accueillir à la Métropole Notre-Dame des Doms la messe du ban des vendanges, un beau moment de communion avec les vignerons du Vaucluse. Comme chaque année, nous avons prié pour les vendanges et l’ensemble des récoltes, pour tous ceux et celles qui vivent du travail de la terre, sans oublier de faire mémoire de ceux qui nous ont quittés depuis l’an dernier. Malheureusement, la procession de Saint-Agricol jusqu’à la Métropole n’a pas pu avoir lieu en raison des mesures liées à l’état d’urgence et aux attentats qui ont secoué notre pays. 

    Au sortir de la Métropole, je suis monté dans le jardin des Doms pour participer au milieu des vignerons à l’apéritif, à l’invitation des Compagnons des Côtes du Rhône. Je me suis placé au milieu de la foule, derrière les barrières, près du podium. Là, à mon grand étonnement, j’avais en face de moi, madame le Maire d’Avignon, Monsieur le Préfet, le Consul général du Japon et les responsables de l’ensemble des confréries des côtes du Rhône. Chacun y a été de son discours en l’honneur de nos vins, saluant les uns et les autres, ignorant totalement l’archevêque au milieu du peuple, de son peuple. 

    Visiblement, je n’existais plus et cela au nom de la laïcité en vogue aujourd’hui. Effectivement, depuis plusieurs années, les responsables religieux n’ont plus leur place parmi les officiels au nom même d’un protocole mis en place par la République. Je vous avoue que la scène avait quelque chose d’étrange : devant moi des barrières, signes et symboles de séparation et l’évêque étonné de voir des gens qui, par ailleurs le connaissent bien, l’ignorer comme s’il n’était pas là. Je pensais alors à tous nos vignobles, mais surtout à tous les vignerons de nos terres de Vaucluse qui tous utilisent allègrement nos racines chrétiennes pour vendre leurs vins : le Châteauneuf-du-Pape, le domaine Saint-Joseph, le vin de l’enclave des papes, le Sang du Christ et la liste serait longue si je voulais être exhaustif. Pour le commerce, tout le monde est prêt à utiliser des symboles chrétiens qui racontent notre histoire et le passé de notre terre de Provence, mais le vivre ensemble avec nos racines chrétiennes n’existe plus, il est rayé des règles de la République au nom de la laïcité. 

    Il y a quelques années, à un autre ban des vendanges, j’avais lancé l’idée de demander à tout producteur utilisant le nom d’un saint sur ses bouteilles de donner un centime d’euro pour les pauvres. Un centime, ce n’est rien, mais mon idée a été écartée d’un revers de main. Et pourtant, vous réalisez comment les restaurants du cœur, le secours populaire ou le secours catholique auraient alors pu faire face sans problème à la pauvreté galopante des périphéries de nos villes ? Aurions-nous oublié nos racines chrétiennes au nom d’un enrichissement personnel d’une minorité aujourd’hui ? 

    J’étais toujours devant mes barrières à remuer ces idées noires quand je repensais à une très bonne initiative des différentes municipalités d’Avignon, organiser des colloques sur le vivre ensemble en Avignon aujourd’hui. Je continue à m’en réjouir, mais en même temps devant ces barrières et cette ségrégation au nom d’une sainte laïcité, je restais sans voix ! Le mot de fraternité que la République a emprunté à l’Eglise et défiguré, il a perdu son sens si nous ne pouvons pas vivre ensemble en nous respectant les uns et les autres pour ce que nous sommes. Je suis toujours heureux de saluer un incroyant, un franc-maçon ou toute autre personne quelles que soient ses idées ; nous avons toujours des choses à partager, des choses qui nous enrichissent mutuellement. Mais la République a décidé une ségrégation au nom d’une stricte laïcité et en même temps, elle cherche comment éviter l’émergence de tout communautarisme. Je me demandais alors si la “res publica” n’avait pas perdu son sens.

    En même temps, toujours devant ces barrières et mon caractère d’homme invisible, je pensais au village de Gigondas où depuis près de vingt-cinq ans, chaque année au mois de juillet, je vais célébrer une messe à la chapelle de Saint-Cosme et Saint-Damien dans la montagne ; ensuite avec toutes les familles du village qui le veulent et avec les maires successifs nous prenons ensemble l’apéritif avant de partager le repas fraternellement au milieu des pins. Voilà un vrai vivre ensemble et le village de Gigondas peut se vanter d’avoir formé et l’ancien Président du Conseil Général autrefois secrétaire de Mairie et l’archevêque autrefois curé de Gigondas. Nous sommes d’ailleurs toujours heureux de nous retrouver. 

    Enfin en regardant ces barrières, je me souvenais encore de ce que je venais de vivre quelques semaines auparavant et j’espère qu’il ne m’en voudra pas d’en faire mémoire. Le 6 août dernier dans un village du Vaucluse, le maire a été marié civilement non loin de l’église, il est venu ensuite à l’église avec de nombreux élus et tout le village heureux de l’entourer. J’ai eu la joie de les marier et de saluer les uns et les autres. Ensuite, sous l’église, à l’ombre des arbres, nous avons tous partagé un bon vin des côtes du Rhône, dans la joie d’être là, de vivre ensemble au-delà de toutes nos opinions politiques ou religieuses dans cette terre de Provence où il fait si bon vivre.

    Alors j’en appelle à Madame le Maire, à Monsieur le Préfet, laissez tomber ces barrières d’une laïcité qui n’a pas de sens pour nous permettre à tous de vivre ensemble dans cette terre de Vaucluse en apprenant à nous connaître, à nous respecter, à nous écouter, à nous aimer pour la joie de tous. 

    J’en appelle enfin à tous les vignerons du Vaucluse, pourquoi ne reprendriez-vous pas cette idée de donner un centime par bouteille pour tous les exclus de notre société, ou encore d’organiser au printemps une vente de vins au palais des Papes, chaque producteur de Côtes du Rhône apportant un carton, ou plus si son cœur le lui dit, et les vins du Palais seraient vendus là encore aux enchères pour le quart monde de notre société. Pour finir mon rêve, pourquoi cette idée ne pourrait-elle pas s’exporter dans les autres vignobles de notre terre de France ? Elle pourrait alors donner lieu à une magnifique fête de Printemps au Palais des Papes où Madame le Maire, Monsieur le Préfet, tous les responsables de nos vignobles, sans oublier l’archevêque d’Avignon et tous les hommes de bonne volonté qui n’ont qu’un désir, celui de faire tomber les barrières et tous les interdits pourraient enfin redonner à la fraternité son véritable sens sous le soleil de Provence et le regard émerveillé de Notre-Dame des Doms. Mais je suis reparti du jardin des Doms, je n’avais plus le cœur à boire un verre de côte du Rhône devant ces barrières symbole de tant de divisions. »

    Ref. laissez tomber ces barrières d’une laïcité qui n’a pas de sens

    La laïcité ne peut être une sorte de religion d’Etat transcendant toutes les religions « privées », ni obligatoirement agnostique devant le phénomène religieux. Pour mémoire, en Belgique la laïcité est assimilée par la loi aux cultes reconnus, en tant que philosophie du « libre examen ».

    JPSC

  • L'antispécisme : une idéologie totalitaire

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    « SOUS DES DEHORS GÉNÉREUX, L’ANTISPÉCISME EST UNE IDÉOLOGIE TOTALITAIRE »

     (genethique.org)

    Les spécistes considèrent que l’homme a un statut supérieur aux autres espèces - les animaux-, qui l’autorise à les dominer. A l’inverse, pour les antispécistes, l’homme est un animal comme les autres (le véganisme en est l’expression la plus extrême).

    Francis Wolff, professeur émérite au département de philosophie de l’Ecole normale supérieure, se positionne contre l’antispécisme : « Les races n’existent pas mais les espèces si », déclare-t-il.« Proclamer l’égalité du loup et de l’agneau, du chien et de ses puces, n’a aucun sens ; la notion de droits des animaux est contradictoire ». Et même, « sous des dehors généreux, c’est une idéologie totalitaire » alerte-t-il ; « Si l’on commence à traiter les animaux comme des personnes, on n’est pas loin de traiter les personnes comme des animaux ».

    Il explique qu’il faut d’abord préserver la vie humaine, « car c’est la seule à avoir une morale ».Cette même morale conduit à respecter des normes : « Nous ne devons pas rompre le ‘contrat affectif’ qui nous lie à nos animaux de compagnie en les abandonnant. Nous avons le devoir d’élever les ‘animaux de rente’ dans des conditions qui respectent les exigences biologiques de leurs espèces. Nous devons respecter les équilibres écologiques, en défendant la biodiversité, tantôt au profit des espèces menacées, tantôt au détriment des bêtes nuisibles. Tout cela est évidemment ‘spéciste’ ».

    Source: Ouest-France (28/08/2016)

  • La révolution de l'écologie humaine selon Tugdual Derville

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    De Frédéric Aimard, directeur de l’hebdomadaire France Catholique sur zenit.org :

    « Le temps de l’homme », un livre sur la révolution de l’écologie humaine

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    La disparition du marxisme de l’horizon de la pensée n’a pas fait disparaître le temps des systèmes de pensée totalitaires qui prétendent inventer un « homme nouveau ». Ces idéologies sont même devenues plus dangereuses au fur et à mesure des progrès techniques et scientifiques. Ce qui n’était que vue de l’esprit, ou scénario de science-fiction, est désormais à portée de main : un surhomme, trié sur le volet avant de naître, débarrassé des tares et faiblesses physiques de ses ancêtres, augmenté de capacités artificielles transmissibles à sa descendance… est techniquement possible, voire inéluctable. L’idéologie du temps le voudrait « non-genré », c’est-à-dire libre de choisir son sexe et cela de manière réversible, au non du « droit à la différence ». Un zeste de charlatanisme, mêlant appât du gain sur fond de volonté de puissance, nous le promet bientôt immortel.

    À quel prix ? On devine que de tels progrès ne seront pas « pour tous » quoi qu’en dise la propagande scientiste. Les plus faibles, les blessés de la vie, les pauvres risquent de connaître le sort que la doctrine de l’eugénisme, un temps disqualifiée par sa récupération par le régime nazi, mais redevenue florissante et arrogante, réserve à tous ceux qui ne sont pas conformes à ses critères « moraux ».

    L’élimination des embryons féminins dans les sociétés asiatiques ou l’exploitation des mères porteuses, validée par la jurisprudence européenne, préfigurent une société qui deviendra totalement invivable si l’on ne réussit pas à mettre un frein à tous les possibles individuels qui ne sont pas tous souhaitables pour la collectivité.

    Mais sur ces thèmes a priori évidents, il est facile, avec les meilleurs sentiments du monde, de pontifier, de prophétiser, de déraper, d’être ridicule ou odieux. C’est le miracle permanent du militant associatif Tugdual Derville (délégué général d’Alliance Vita) de savoir échapper à tous ces pièges. Une longue pratique du débat contradictoire et des conférences tout public, la pratique des scientifiques et des intellectuels comme des hommes politiques, lui ont donné ce savoir-faire pédagogique. Ce programme de politique naturelle comporte son lot de métaphores prises dans la nature comme celle du mycélium, image douce d’un mouvement social que personne ne voit venir sauf quand il donne ses fruits prouvant une vitalité incomparable et indéracinable. L’on sait aussi Tugdual Derville passionné d’entomologie (Cf Les Animaux dans l’évangiles http://www.france-catholique.fr/ANIMAUX-DANS-L-EVANGILE,5839.html), ce qui lui permet d’imager un discours qui fuit les mots compliqués. Cet essai arrive à point nommé pour donner à ceux qui ont une ambition politique une connaissance apaisée des dossiers de bioéthique et de bonnes raisons de les remettre au centre de la campagne présidentielle.

    Ce livre est suffisamment imposant pour ne pas être pris à la légère : 320 pages dûment appareillées de notes renvoyant souvent à des données accessibles sur Internet et donc vérifiables, une bibliographie sérieuse et précieuse. Mais il ne doit pas intimider car ses trois parties sont en fait comme trois petits livres. Le premier donne des bases factuelles sur ce qui fait un homme digne de ce nom et comporte une très belle réflexion sur la maternité. Le second est un bilan épuré du grand mouvement social qui s’est révélé par les Manifs pour tous. Le troisième est un manuel d’anthropologie prospective, une base théorique à discuter et approfondir pour préparer la révolution de l’écologie humaine que Tugdual Derville appelle de ses vœux et à laquelle, malgré tous ses autres engagements, il a choisi de donner de son intelligence et de son action.

    Tugdual Derville, Le temps de l’homme – Pour une révolution de l’écologie humaine, Plon, 320 pages, 17,90 euros.

  • La Fraternité sacerdotale Saint-Pie X bientôt reconnue par Rome ?

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    Selon l’agence I-media relayée par l’hebdomadaire « Famille chrétienne » :

    « Dans une interview récente à l’hebdomadaire allemand Die Zeit, Mgr Guido Pozzo, secrétaire de la Commission pontificale Ecclesia Dei, chargée au Vatican des discussions avec les traditionnalistes, évoque la possible reconnaissance par Rome de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X (FSSPX) sous forme d’une prélature, au même titre que l’Opus Dei. Il laisse en outre entendre que les lefebvristes pourraient être réintégrés sans avoir à reconnaître certaines déclarations du Concile Vatican II, jugées pastorales et non doctrinales : Nostra Aetate sur le dialogue interreligieux, Dignitatis Humanae sur la liberté religieuse, et le décret Unitatis Redintegratio sur l’œcuménisme. 

    La prélature dite "personnelle" qui serait proposée par Rome "semble être la forme canonique appropriée", explique ainsi Mgr Guido Pozzo dans cet entretien. "Mgr Fellay (supérieur général de la FSSPX, ndlr) a accepté cette proposition, bien qu’au cours des mois prochains des détails soient encore à éclaircir", poursuit-il. 

    Dans une longue partie de l’entretien, Mgr Pozzo explique comment il serait possible pour la FSSPX d’être pleinement réintégrée dans les structures de l’Eglise catholique, sans avoir à accepter au préalable certains textes du Concile Vatican II, qu’elle réfute depuis toujours. Actuellement, le "cœur de la discussion" entre Rome et la FSSPX en vue d’une réconciliation, explique Mgr Pozzo, est "dans quelle mesure les textes de Vatican II sont en continuité avec le magistère constant de l’Eglise".

    Dans un premier temps, "la reconnaissance des sacrements et de la primauté du pape" sont "à la base de la déclaration doctrinale soumise à la signature de la Fraternité", assure-t-il. Mais Mgr Guido Pozzo avance ensuite un "degré d’approbation" des "documents du Concile". Si la FSSPX a "des difficultés avec certains aspects de la déclaration Nostra Aetate, du décret Unitatis Redintegratio sur l'œcuménisme, et de la déclaration Dignitatis Humanae sur la liberté religieuse", reprend alors Mgr Pozzo, "cela ne concerne pas les doctrines ou des affirmations définitives, mais plutôt des instructions ou des directives pour la pratique pastorale". En outre, ces "aspects pastoraux pourraient être discutés après la reconnaissance canonique, à des fins de clarification", ajoute-t-il.

    Pour justifier son propos, le secrétaire de la Commission pontificale Ecclesia Dei ajoute que cet aspect avait déjà été clarifié pendant le Concile Vatican II : "Le secrétaire pour l’unité des chrétiens avait dit de Nostra Aetate, le 18 novembre 1964 : ‘(…) le secrétariat ne veut pas écrire une déclaration dogmatique sur les religions non-chrétiennes mais plutôt des normes pastorales et pratiques'".

    Ref. La Fraternité sacerdotale Saint-Pie X bientôt reconnue par Rome ?

    Voilà qui recadrerait le degré d’autorité des documents conciliaires relatifs à la liberté religieuse (déclaration), l’œcuménisme (décret) et le dialogue interreligieux (déclaration) et mettrait une sourdine à la dogmatisation abusive de l’ensemble des textes du concile Vatican II.  Reste à passer de la coupe aux lèvres, pour mettre fin à une interminable querelle emblématique…

    JPSC