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Idées - Page 84

  • Inscrire la laïcité dans la constitution belge : pour quoi faire ?

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    Lu dans « La Libre » de ce jour :

    blog -laicite-deesse.jpg« Ce jeudi, au micro de Bel RTL, Elio Di Rupo est enfin sorti du silence qu’il s’était imposé depuis trois mois au sujet de la laïcité - un débat qui divise fortement les rangs du Parti socialiste. En cinquante secondes chrono, le Montois a dessiné une position de synthèse. Il a suggéré d’inscrire la neutralité de l’Etat dans la Constitution. Il a proposé d’interdire le port de signes religieux pour les fonctionnaires en contact avec le public. Enfin, il a appelé à renforcer la lutte contre "les discriminations terribles que subissent des personnes parce qu’elles ont la peau noire ou parce qu’elles viennent du Maghreb".

    Les propos d’Elio Di Rupo laissent des zones d’ombre, des points à clarifier. Jamais, toutefois, le leader des socialistes francophones ne s’était exprimé de façon aussi explicite. Jamais, non plus, il n’avait jusqu’ici porté le débat sur le terrain constitutionnel. Là réside sans doute la principale innovation du compromis interne qui s’est dégagé au PS.

    Joint par "La Libre", Elio Di Rupo précise que son parti entend, dès cette législature, porter le débat à la Chambre, avec l’espoir de rassembler une majorité alternative pour modifier la Constitution. "On a des contacts avec les uns et les autres pour voir si une majorité laïque peut se dégager", assure le président du PS. La tâche ne sera pas aisée : une réforme constitutionnelle impose un vote aux deux tiers. "La N-VA n’en veut pas, le CD&V non plus, et la probabilité que le CDH soit pour le reste assez faible" , anticipe Elio Di Rupo. Lequel entend néanmoins tenter sa chance. "Nous, au PS, on est prêts à avancer."

    Neutralité ou laïcité : pas d’exclusive

    En radio, Di Rupo a parlé de neutralité, et non de laïcité. Mais rien n’est encore figé, explique-t-il. "Pour l’instant, le mot laïcité se trouve dans nos textes de travail. On n’exclut pas du tout d’inscrire ce mot-là dans la Constitution ou son préambule."

    S’agissant des signes religieux dans la fonction publique, la position du PS reste à peaufiner. "Ce que j’ai expliqué à la radio, c’est un minimum, indique Elio Di Rupo. Il n’est pas impossible que la position finale soit un peu plus restrictive." L’accord en passe d’aboutir au sein du PS s’articulerait autour de deux notions : "imperium" et "front office". En français, les signes convictionnels seraient prohibés pour deux catégories d’agents : ceux exerçant une fonction d’autorité (policiers, magistrats…) et ceux en contact direct avec la population (au guichet, notamment).

    Laurette Onkelinx désavouée ?

    Le PS serait par ailleurs sur le point de se prononcer en faveur de l’interdiction, dans les écoles, du port du voile pour les filles de moins de 16 ans. Mais la clarification soulèverait aussitôt une question : cela implique-t-il d’autoriser, partout, le voile pour les écolières de plus de 16 ans ? Certains socialistes l’affirment. Ils y voient l’un des points d’équilibre du compromis. Ce serait une fameuse évolution : dans plus de 90 % des écoles, le voile est actuellement interdit par des règlements d’ordre intérieur. Une situation qu’Elio Di Rupo n’entend pas bouleverser. "Notre intention est de laisser l’autonomie à chacun des établissements scolaires", précise-t-il à "La Libre".

    Laurette Onkelinx, cheffe du groupe PS à la Chambre, sort-elle affaiblie ou renforcée de cette nouvelle donne ? Les avis divergent. Ces dernières semaines, lors des tractations entre dirigeants du parti, la Bruxelloise militait pour une position nettement plus dure - l’interdiction totale des signes religieux dans la fonction publique. Elle n’a pas obtenu gain de cause. En revanche, c’est elle qui a plaidé, la première, en décembre 2015, pour inscrire la notion de laïcité dans la Constitution. Sur cet aspect, le PS l’a suivie.

    Ref. Le PS veut une majorité alternative pour inscrire la laïcité dans la constitution

    La notion même de laïcité (le mot dérive de laïc, non clerc, qui est d’origine ecclésiale) n’est pas univoque, ni en termes de sociologie, ni en termes de droit positif. La question se pose alors de savoir si une notion aussi imprécise, voire confuse, présente une vraie utilité opérationnelle pour les sciences humaines.

    JPSC

  • Umberto Eco, "l’un des pires produits de la culture turinoise et italienne du XXème siècle"

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    De Roberto de Mattei sur le site de "Correspondance Européenne" :

    Italie : Umberto Eco, la triste parabole d’un nominaliste

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    Le 23 février 2016 ont eu lieu à Milan les « funérailles laïques » de l’écrivain Umberto Eco, décédé le 19 février à l’âge de 84 ans. Eco fut l’un des pires produits de la culture turinoise et italienne du XXème siècle. Il nous faut souligner son ascendance turinoise car le Piémont a été un foyer de grands saints au XIXème siècle, mais également d’intellectuels laïcistes et anti-catholiques au vingtième. L’ « école de Turin », bien décrite par Augusto del Noce, est passée, sous l’influence d’Antonio Gramsci (1891-1937) et de Piero Gobetti (1901-1925), de l’idéalisme au marx-illuminisme, en conservant toujours son âme immanentiste et anti-catholique.

    Après la deuxième guerre mondiale, cette ligne culturelle exerça une hégémonie si forte qu’elle attira un bon nombre de catholiques. Umberto Eco, né à Alessandria en 1932, à 16 ans directeur diocésain de l’Action Catholique, était, comme il le rappelle lui-même, non seulement un militant, mais un « croyant à la communion quotidienne ». Il participa à la campagne électorale de 1948, placardant des affiches et distribuant des tracts anti-communistes. Il collabora ensuite avec la présidence de l’Action Catholique à Rome, alors qu’il poursuivait ses études à l’Université de Turin, où il se diplôma en 1954, par une thèse sur l’esthétique de Saint Thomas d’Aquin, publiée par la suite dans le seul de ses livres qu’il vaille la peine de lire (Le problème esthétique chez saint Thomas, 1956). C’est en cette même année 1954 qu’il abandonna la foi catholique.

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  • Le catholicisme de Descartes et l'ignorance péremptoire de Léa Salamé

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    A lire ICI cette charge salutaire contre de fausses évidences proclamées avec aplomb par une journaliste téméraire...

  • Dans l’avion de Mexico à Rome : le pape François commente l’actualité pour les journalistes

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    Un compte rendu de Jean-Marie Guénois, envoyé spécial du « Figaro ». En bref, selon cet article : le pape François fustige Donald Trump, candidat républicain à la présidence des Etats-Unis ; refuse de s’exprimer sur les débats du parlement italien relatifs au mariage gay et à l’adoption d’enfants par de tels couples ; ne ferme pas l’accès des divorcés remariés à la communion sacramentelle ; réprouve l'avortement mais considère la contraception comme un moindre mal dans certains cas; positive pour les prêtres de  saines amitiés féminines ; pour conclure, qualifie d’inconscient un évêque qui déplace un prêtre pédophile au lieu de l’’exclure de son ministère : un tel évêque  doit donner sa démission (JPSC) :

    « En quittant le Mexique pour rejoindre Rome, le pape François, malgré sa fatigue, s'est livré pendant une heure à une dense conférence de presse. Le point fort fut sa réponse à une question sur le candidat américain Donald Trump, qui affirme vouloir construire un mur entre les États-Unis et l'Amérique latine et renvoyer 11 millions de clandestins. Le pape François a été très direct: «Une personne qui ne pense qu'à faire des murs et non des ponts, n'est pas chrétienne. Ce n'est pas dans l'Évangile. Il faut vérifier s'il a vraiment dit cela. Un pape ne se mêle pas de politique interne.»

    » LIRE AUSSI: Donald Trump «pas chrétien»: la réponse du candidat républicain au pape

    Pressé de s'exprimer sur le débat parlementaire italien en cours à propos du mariage gay et l'adoption d'enfants par ces couples, François a redit qu'«il ne se mêle pas de la politique italienne. Le pape est pour tous. Il ne peut donc pas se mêler de la politique interne d'un pays, ce n'est pas le rôle du pape. Quant aux parlementaires catholiques, ils doivent voter selon leur conscience… bien formée.» Enfin, sur la question homosexuelle, le Pape a tenu à «répéter» ce qu'il avait dit lors des JMJ de 2013 «et qui se trouve dans le catéchisme de l'Église catholique» mais sans le redire toutefois. Il avait alors prononcé cette fameuse phrase «qui suis-je pour juger?».

    Quand il lui fut demandé ensuite s'il allait accorder la communion aux divorcés remariés, il a confirmé la publication de l'exhortation post-synodale, «avant Pâques». Ce document va «reprendre tout ce que le synode a dit». Pour ce qui est des divorcés remariés «le mot-clé - et je le rependrai comme l'a utilisé le synode - est “d'intégrer” dans la vie de l'Église, les familles blessées, les familles remariées. Mais sans oublier les enfants qui sont les premières victimes de tout cela». En insistant aussi sur la «préparation au mariage» sur laquelle François s'est beaucoup arrêté.

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  • Vient de paraître chez Gallimard : « Simon Leys, Navigateur entre les mondes »

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    Philippe Paquet publie une biographie magistrale de l’écrivain belge. L’auteur des "Habits neufs du président Mao" fut un brillantissime intellectuel. Compte-rendu de Guy Duplat dans « La Libre » sous l’intitulé  « Simon Leys, la passion de la vérité ».

    leys-2.jpg"Bernard Pivot qui avait reçu Simon Leys à "Apostrophes" pour une émission mémorable, écrivait en 2011 : "Simon Leys est l’écrivain vivant que j’admire le plus au monde. Son érudition, sa lucidité (premier intellectuel à dénoncer les crimes de la Révolution culturelle), son courage (injurié, diffamé par les nombreux et influents admirateurs français de Mao), ses talents de sinologue, de conteur, d’historien, de critique, de traducteur, d’écrivain tout simplement, dans sa pratique d’une langue élégante, précise, efficace, sa modestie, sa gentillesse, sa générosité."

    Philippe Paquet, journaliste à "La Libre Belgique" et sinologue, reprend tous ces aspects de la personnalité de Simon Leys dans la monumentale biographie qu’il publie chez Gallimard. Il n’y parle pas du "petit tas de secrets" qu’est la vie de tout homme, disait Malraux, mais dresse son portrait intellectuel et littéraire. Si on admet que l’intelligence et l’érudition peuvent être jouissives, on comprendra que ces près de 700 pages se lisent d’un souffle, avec une joie profonde.

    Simon Leys (1935-2014), ce fut d’abord "Les Habits neufs du président Mao", bombe à fragmentation qui explosa en 1971, en pleine vague maolâtre en France. Un Belge (son vrai nom était Pierre Ryckmans), qui fut sept ans enseignant à Hong Kong et était devenu un grand sinologue, installé alors à Canberra en Australie, y démontrait que "le Roi est nu", que "la Grande révolution culturelle prolétarienne" n’avait rien de culturel mais tout d’une sanglante lutte interne pour le pouvoir dans la tradition des pires empereurs de jadis.

    Ce livre allait à l’encontre de toutes les thèses portées en France, par les intellectuels, de Barthes à Kristeva et Sollers, aveuglés par la Chine écarlate.

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  • Rémy Brague répond à la question : "Qu'est-ce que la culture ?" (Conférence de Careme à Notre-Dame de Paris)

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    Les conférences de Carême à Notre-Dame de Paris constituent un grand rendez-vous de réflexion sur l'actualité de la foi chrétienne. Thème abordé cette année : le sens spirituel des cultures, cycle confié à Rémi Brague, Professeur émérite de philosophie.

    Conférence de Carême du 14/02/2016.

  • Xavier Dijon ou l'éthique du lien

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    Lu sur le site de l'Académie Royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique :

    Le choc des valeurs de la bioéthique : entretien pour un débat à deux voix entre le médecin Yvon Englert et le Père Xavier Dijon ! 

    Dans le cadre du Collège Belgique, Yvon Englert et Xavier Dijon donneront une conférence à deux voix, le 8 mars prochain au Palais des Académies de Bruxelles, intitulée Le choc des valeurs de la bioéthique. Nous nous sommes entretenu avec les deux conférenciers séparément afin d’introduire ce débat qui, inévitablement, va faire s’entrechoquer deux conceptions de la vie et donc deux voies de la bioéthique. Un entretien apéritif en quelque sorte ! (...)

    Xavier Dijon est professeur émérite de l’Université de Namur, prêtre de la Compagnie de Jésus, auteur également d’un nombre important d’ouvrages et d’articles consacrés notamment aux statuts théologique, éthique et juridique du corps. Somme toute, une vie vouée à l’esprit et au corps lorsque ces derniers manifestent un lien et une parole couplés au service de la communauté. Son accueil pour cet entretien a été à l’avenant de ses ambitions et nous n’avons pas été déçu. Que du contraire !

    Xavier Dijon, comment appréhendez-vous, de votre côté, le choc des valeurs de la bioéthique ?

    X.D. : Il faut savoir, tout d’abord, que ma formation a commencé par le droit, ce qui m’a permis d’aborder la bioéthique par le biais de la relation entre les personnes. Ma thèse a été consacrée aux droits de la personnalité, non pas donc les droits réels mais ceux qui touchent la personne elle-même, avec le droit sur le corps. Je suis donc entré dans la bioéthique par la perspective juridique de la relation d’un sujet à son propre corps. Y a-t-il une relation juridique d’un sujet à son corps ? Saint-Thomas dit : « Je ne suis pas propriétaire de mon corps, je suis usufruitier ». Ce qui veut dire que j’utilise (usus) mon corps et que j’ai des enfants (fructus) mais, je n’ai pas l’abusus, je ne peux pas le détruire. Lorsque j’ai un droit subjectif sur la chose, j’ai le droit de la vendre ou de la détruire mais si vous appliquez cela au corps, il n’y a pas de pouvoir sur le corps puisque je ne peux pas en disposer. Lorsqu’une femme dit avoir un droit sur son corps, un droit de protection joue mais, en principe, pas de disposition.

    En participant au Comité consultatif de bioéthique, je voyais que les gens s’orientaient vers une certaine légalisation de l’euthanasie, soit comme acte médical comme un autre, soit avec un contrôle a priori ou soit encore a posteriori. J’étais étonné qu’on évacue ainsi l’interdiction. J’ai donc plaidé pour l’interdit pénal. Donc, symboliquement au moins, l’euthanasie restait un homicide. Aujourd’hui, nous sommes devant tout le contraire avec l’ouverture aux mineurs, aux déments et lors de souffrance psychique insupportable. Dans ce contexte, j’essaye de comprendre les positions de l’Église qui dit chaque fois non, à l’euthanasie, à l’avortement, à la procréation médicalement assistée ou à la gestation pour autrui.

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  • Culture : la course au désastre

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    De Jean-Robert Pitte, président de Canal Académie (source) :

    Le mois dernier, les éditions Gallimard ont publié le journal que Jean Clair, de l’Académie française, a tenu de 2012 à 2015 sous le joli titre de La Part de l’ange. Ces pages ne constituent toutefois pas un simple commentaire au jour le jour de l’actualité. En puisant dans son immense érudition comme dans les souvenirs de toute une vie, l’auteur tient plutôt la chronique acérée et mélancolique de l’affaissement qui caractérise, à ses yeux, notre époque.

    Fils de paysan, Jean Clair s’inquiète du déracinement de nos contemporains, incapables de s’inscrire dans une terre, une lignée ou une histoire. Ancien conservateur du patrimoine, il déplore la financiarisation de l’art et la massification de la culture. Académicien, il se préoccupe de l’affadissement de la langue. Épris de métaphysique, il se demande si une société peut perdurer en récusant toute transcendance…

    « Je suis toujours en retard d’une indignation » reconnaît Jean Clair. Il ne faut toutefois pas se méprendre sur le sens profond de son implacable réquisitoire. Car, dans son journal, comme dans l’entretien qu’il nous a accordé, ses indignations révèlent surtout un énergique désir de transmettre le fragile trésor que représente notre civilisation. C’est pourquoi, en complément de cette émission inédite, nous vous en proposons d’autres, plus anciennes, dans lesquelles il développe ses réflexions sur l’évolution de l’art et ce qu’elle révèle.

    Bonne écoute !

    Jean-Robert Pitte
    Président de Canal Académie

    (1) La Part de l’ange, par Jean Clair, Éditions Gallimard, janvier 2016, 416 p., 26 euros.

    Accéder à l'émission : http://www.canalacademie.com/ida11049-La-Part-de-l-Ange-le-requisitoire-de-Jean-Clair.html

    Le navrant essor d’un art sans signification

    « Il suffisait de voir le genre d'œuvres qui, pendues au-dessus de leur fauteuil, ornaient les bureaux des ministres d'État, des présidents d'administration, des hauts dirigeants des instances internationales, à New York, à Berlin ou Bruxelles : toujours pareilles, de même dimension, quatre mètres sur trois environ, toujours abstraites, sans rien de discernable qui pût livrer quelque lueur sur les idées, les engagements, les convictions ou les trahisons, les lâchetés ou les hypocrisies de l'homme important qui les avait placées au-dessus de sa tête. Non, rien que des taches, des points, des griffes, des halos colorés. Une nébuleuse informe, mais aussi souvent d'une indicible laideur, une image saisissante - ne le comprenaient-ils pas ? - du flou, de l'inanité, des décisions que ces Puissants prétendaient assumer, et qu'ils se faisaient gloire, pensaient-ils probablement, d'afficher sur leurs murs. Comment ces exemples choisis par des directeurs de m usée - car les œuvres étaient le plus souvent prêtées par les plus grandes collections publiques - pouvaient-ils bien s'inscrire dans la continuité au souvenir des œuvres qui ornaient jadis les demeures des Princes, des Églises et des États, des Tyrans même, et qui avaient le devoir de témoigner de la grandeur de leur idéal, de la continuité de leur histoire et de la justesse de leur croyance ou de leur gouvernement, de leur ténacité aussi, des portraits, des architectures, les emblèmes des arts et des sciences, des paysages de la nation, et même des batailles, à l’occasion.
    Mais l'art ici ne servait à rien, ne représentait rien, ne défendait rien, n'illustrait rien. Abusant du crédit, depuis longtemps épuisé, de l'admiration et du respect, acquis dans les siècles passés, il n'était plus là que pour montrer, non pas les hauteurs inaccessibles au profane d'une modernité mise en images, mais à qui voulait bien tout simplement la voir, comme l'enfant les habits neufs de l'Empereur d'Andersen, la nudité des politiques dont il était devenu la dernière, pauvre et invisible parure… »

    Extrait de La Part de l’ange, par Jean Clair, Éditions Gallimard, janvier 2016, 416 p., 26 euros.

  • Le nouvel archevêque de Malines-Bruxelles dénonce une tendance à privatiser la religion

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    Un communiqué de l’agence Belga, reproduit par « La Libre », a repris hier la position que le  nouvel archevêque avait exprimée sur RTL et que nous avons rapportée ici.

    « Le nouveau chef de l'Eglise catholique belge, Jozef De Kesel, a déploré mercredi sur Bel-RTL une tendance de la société à "privatiser la religion", alors que la Chambre a ouvert un débat sur la laïcité de l'Etat. 

    "Je sais bien qu'il y a cette tendance dans une société moderne et sécularisée, une société que j'accepte, c'est la mienne (...) Mais cette tendance - vouloir privatiser la religion (...), sans droit de cité dans le domaine public, où même la visibilité pose problème -, je ne trouve pas cela un bon signe", a affirmé Mgr De Kesel.

    A ses yeux, "c'est au moment où la différence se manifeste que le respect commence". Il demande "en quoi cela me dérange de voir quelqu'un porter une kippa".

    A la Chambre, la commission de révision constitutionnelle a ouvert une réflexion sur les valeurs et les principes de l'Etat, prolongeant un débat mené dans la presse sur la séparation entre l'Eglise et l'Etat, le caractère de l'Etat, la prééminence de la loi sur le prescrit religieux et les valeurs de la société.

    En toile de fond, la limitation du port de signes convictionnels dans l'espace et la fonction publics, voire l'inscription de la laïcité de l'Etat dans la Constitution, plutôt que sa neutralité.

    Sur ce dernier point, "je ne suis pas très favorable", répond Jozef De Kesel. "Je suis tout à fait d'accord avec la séparation entre l'Eglise et l'Etat, l'Etat est neutre. Mais la société n'est pas neutre. Là vivent les croyants aussi, dans un pluralisme actif", a commenté le président de la conférence épiscopale. »

    Neutralité ou pluralisme de l’Etat ? Le débat n’est pas neuf.

    Face à la diversité idéologique, philosophique, religieuse et culturelle, à quels principes obéissent aujourd’hui les institutions de l’Etat et de ses démembrements ?  L’espace public n’est-il pas aussi plus que l’addition des collectivités publiques, celui d’une société civile exprimant la pluralité des opinions, cultes, associations ou partis ? L’Eglise et  les communautés religieuses ou philosophiques n’ont-elles pas un rôle à jouer  pour construire cet espace public et les collectivités auxquelles celui-ci donne naissance ? Enfin, la neutralité et le pluralisme n’ont-ils pas aussi leurs propres limites : les pays ont aussi une mémoire, une histoire, des traditions, bref une culture. Sous prétexte de neutralité, les pouvoirs publics ne peuvent l’ignorer.

    Pour mémoire, en Belgique, les sénateurs Philippe Mahoux, Christine Defraigne, Josy Dubié, Jean-Jacques De Gucht, Paul Wille et Olga Zirhen avaient déjà déposé le 06.11.2007 une  proposition de loi « visant à appliquer la séparation de l'État et des organisations et communautés religieuses et philosophiques non confessionnelles ». Sous prétexte de neutralité, cette proposition prévoyait, entre autres, la suppression du « Te Deum » officiel organisé lors de la fête nationale et celle de tous les signes religieux des lieux publics comme les maisons communales ou les tribunaux, voire les cimetières. Ses auteurs n’ont pas trouvé de majorité parlementaire pour soutenir la proposition, qui fut alors retirée.

    Et dans son arrêt Lautsi du 18.03.2011, la Cour européenne des droits de l’homme a jugé que  la présence d’un crucifix dans les salles de classe des écoles publiques italiennes ne violait pas le droit à l’éducation tel qu’il doit être dispensé dans ce type d’écoles. Un arrêt sans doute appelé à faire jurisprudence.

    Dans un débat organisé à l’Université de Liège par l’Union des étudiants catholiques le 25 avril 2012 , la parole avait  été donnée sur ce point à un éminent spécialiste du droit public belge: Francis DELPÉRÉE, sénateur et professeur émérite de droit constitutionnel à l’Université Catholique de Louvain (U.C.L.) pour savoir ce qu’il est de l’usage actuel des concepts de neutralité et de pluralisme dans le droit public belge, sans avoir besoin de réinventer le monde.

    Tentons de résumer son propos :

    Les mots ne sont pas toujours univoques. Il suffit d’ouvrir un dictionnaire pour le vérifier. Au sens premier, être neutre signifie s’abstenir, ne pas prendre parti. Cela peut valoir pour un individu ou une collectivité. Le pluralisme au contraire est un principe actif, valorisant la diversité : la société civile peut-elle, en effet, s’accommoder d’un espace public circonscrit par la seule expression d’une « volonté générale » que les appareils étatiques sont censés exprimer ? 

    Le seul service public que la constitution qualifie de « neutre » est l’enseignement organisé par les Communautés. L’orateur pense que cette qualification n’est pas exclusive mais exemplative. Le terme « pluralisme » n’appartient pas au vocabulaire de la constitution mais le régime des droits et libertés que celle-ci instaure implique la chose, tout comme la diversité que la loi organise ou favorise au sein des collectivités belges. 

    Neutralité, pluralisme : sur l’application de ces deux concepts, la doctrine et la jurisprudence ont-elles été plus loquaces ?  

    La doctrine distingue plusieurs types de neutralité possibles : passive, active et organisationnelle. 

    La « neutralité passive » consiste à ne pas tenir compte dans l’espace public des appartenances philosophiques, idéologiques ou religieuses des personnes. Selon le Conseil d’Etat (arrêt du 20.05.2008), c’est un principe constitutionnel lié au droit à la non-discrimination et à l’égalité. Il s’applique aux institutions publiques, à leurs agents et usagers (mais pas aux mandataires publics ni aux citoyens comme tels).

    La « neutralité active » fait acception de la diversité des appartenances philosophiques, idéologiques ou religieuses : elle recherche l’équilibre ou la pondération des tendances là ou la neutralité individuelle est jugée impossible à atteindre : par exemple, dans l’information radiotélévisée (arrêt Lenaerts du 26.07.1968) ou les fonctions culturelles (loi du 16.07. 1973).

    La « neutralité organisationnelle », enfin, s’applique aux programmes et au recrutement des maîtres de l’enseignement organisé par les Communautés. 

    Le pluralisme se déduit des articles 10 (égalité) et 11 (protection des tendances idéologiques et philosophiques) de la constitution. Il se décline sous deux formes : le pluralisme externe que manifeste la pluralité des institutions privées et publiques (enseignement, soins de santé, aide sociale etc.) et le pluralisme interne que traduit l’intégration de groupes idéologiques différents dans la direction d’une institution publique (cela va de la Banque nationale aux Transports publics en passant la sécurité sociale ou la radiotélévision…). 

    Bref, entre la neutralité et le pluralisme, la Belgique ne choisit pas, elle conjugue et décline ces concepts sous des modes divers. Une symphonie peut-être inachevée mais pas à jeter…

    Le texte complet de la conférence peut être consulté ici: neutralité ou pluralisme dans l'espace public 

    Ref. L'archevêque de Malines-Bruxelles dénonce une tendance à privatiser la religion

    JPSC

  • Et si cette modernité dans laquelle nous vivons était un totalitarisme qui ne dit pas son nom ?

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    De Jean-Marie Salamito sur aleteia.org :

    Le totalitarisme soft

    Et si les élites politico-médiatiques d’Europe occidentale, tout en condamnant les totalitarismes du siècle dernier, ne faisaient, en réalité, que prolonger par d’autres moyens l’asservissement des individus et l’abrutissement des peuples ?

    9782204108065.jpgC’est ce que dénonce avec brio, dans son livre La Haine du monde, la philosophe Chantal Delsol.

    Nos démocraties d’Europe de l’Ouest se définissent volontiers par contraste avec les horreurs perpétrées au XXesiècle par le nazisme et le communisme. Or, entre les régimes criminels d’hier et les politiques faussement tolérantes d’aujourd’hui, il existe, nous dit Chantal Delsol, « une sorte de continuité inavouée ».

    Comme les grandes utopies du siècle dernier (l’utopie hitlérienne de la race pure, l’utopie marxiste-léniniste de la société sans classes), l’idéologie d’aujourd’hui proclame que tout est possible : elle mène « une croisade contre la réalité du monde ». Comme les totalitarismes défunts, la « deuxième Modernité », celle dans laquelle nous vivons, veut changer l’humanité de fond en comble. Nous voici « au moment où l’idéal d’égalité des Lumières en vient à toucher le roc, à s’attaquer non plus aux inégalités mais aux simples différences », les différences entre femmes et hommes, entre adultes et enfants, voire entre humains et animaux, entre humains et machines.

    Nous confondons totalitarisme et terreur

    Si nous peinons à repérer le totalitarisme actuel, c’est parce que nous confondons le phénomène totalitaire en général avec une seule de ses expressions : la terreur. Mais ce que nous subissons sans le savoir, c’est un totalitarisme mou, qui emploie moins la répression que la dérision, la disqualification habile des opposants. L’idéologie du Progrès se prétend le Bien absolu, qu’on ne peut refuser sans devenir ridicule ou abject.

    Cet éclairage sur ce qui nous arrive, Chantal Delsol le doit aux « écrivains dissidents de l’Est et du Centre-Est », les premiers à avoir perçu « cette ressemblance troublante entre le communisme et l’Occident postmoderne ». Elle cite à plusieurs reprises Soljenitsyne et Vaclav Havel. Mais ces héros d’hier ne connaissaient pas encore le « post-humanisme », auquel ce livre oppose des pages magnifiques : « Mon avenir, ce n’est pas mon immortalité. Mon avenir, c’est autrui, qui renouvellera encore le monde ».

    Qu’on ne s’y trompe pas ! Chantal Delsol n’a pas écrit un pamphlet antimoderne. Elle ne règle pas de comptes avec le présent ni avec les Lumières. Elle ne jette pas le bébé avec l’eau du bain. « Ce n’est pas la Modernité elle-même qui est en cause, ce sont ses excès. »

    L’homme a besoin d’enracinement et d’émancipation

    Chantal Delsol propose une anthropologie, selon laquelle « les humains ont impérativement besoin à la fois d’enracinement et d’émancipation ». Cet « à la fois » fait la grandeur de sa démarche. Elle n’évacue nullement l’idée de progrès, dont elle voit l’origine dans la Révélation juive et chrétienne. Justement, elle réfute une idéologie qui veut figer l’évolution et arrêter l’Histoire. « L’amélioration du monde humain, fruit du temps fléché judéo-chrétien, représente une promesse en perpétuel accomplissement, et non un butoir de perfection auquel il faudrait parvenir en récusant tout ce qui précède ». 

    Chantal Delsol ne nous dit pas qu’hier était meilleur qu’aujourd’hui ; elle nous appelle à faire en sorte que demain ne soit pas atroce. Son livre est une leçon d’intelligence, de courage et de liberté.

    La Haine du monde. Totalitarismes et modernité de Chantal Delsol. Éditions du Cerf, 240 pages, 19 euros.

  • Il y a deux ans, la mort d'Eugenio Corti, ce témoin majeur du XXe siècle

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    De Philippe Oswald, sur aleteia.org, cet article publié lors de la mort de ce grand écrivain italien :

    Eugenio Corti (1921-2014), immense écrivain et témoin majeur du XXe siècle

    Décédé le 4 février, ce grand auteur catholique restera dans l’histoire comme une lumière et une conscience du siècle, à l’instar d’un Soljenitsyne ou d’un Jünger.

    Eugenio Corti

    ©B.CANNARSA-OPALE

    Siècle de fer et de feu inauguré par l’atroce et folle boucherie de 14-18, le XXe siècle a engendré des témoins à la hauteur des séismes qui l’ont dévasté, des âmes d’élite qui craignaient moins la mort que d’abdiquer leur liberté intérieure et leur dignité. Des écrivains, notamment, qui ont défié par leur courage, leur force intérieure, et leur exceptionnelle longévité, la mécanique infernale qui aurait dû les broyer. Tel l’écrivain allemandErnst Jünger (1895-1998), mort à cent deux ans après avoir exposé sa vie aux plus grands dangers et traversé toutes les tragédies de l’Allemagne, tel le russe Alexandre Soljenitsyne (1918-2008) mort à presque quatre-vingt dix ans, après avoir survécu à la Seconde guerre mondiale et aux camps soviétiques (« L’Archipel du Goulag ») ; et tel aussi l’italienEugenio Corti rescapé lui aussi du front russe, mais dans l’autre camp, qui vient de s’éteindre à son domicile, le 4 février dernier, à l’âge de quatre-vingt treize ans.

    Son œuvre majeure, récit inspiré de la première moitié de sa longue vie, c’est « Le Cheval rouge », ce cheval étant celui de l’Apocalypse de Saint Jean, symbole de la guerre universelle de la fin des temps. Dans ce roman initiatique d’une rare puissance évocatrice écrit en 1983, la guerre tient une place centrale quoique non exclusive puisque cette fresque autobiographique et historique court jusque dans les années soixante-dix ; elle décrit alors la décomposition culturelle et morale de l’Occident, la dégradation des rapports familiaux, l’abandon de la pratique religieuse, l’errance de beaucoup d’intellectuels et de clercs, ainsi que le flirt de la Démocratie chrétienne transalpine avec le communisme. Son diagnostic était clair : la liberté intérieure et l’esprit critique avaient abdiqué devant les idoles matérialistes du pouvoir, de l’argent et du sexe .

    « Le Cheval Rouge » est à bien des égards le « Guerre et paix » de notre époque – une comparaison que n’aurait sans doute pas récusée ce grand admirateur de Tolstoï. Mais s’il fait preuve d’une empathie tolstoïenne, Corti est supérieur à Tolstoï par l’espérance lucide qui l’anime, sa foi en Dieu, son amour de l’Eglise, de la patrie, de l’épouse aimée, du prochain, de la famille (il était lui-même l’aîné d’une famille catholique de dix enfants dont l’un fut missionnaire en Afrique).

    « C’est parce que l’expérience de la guerre révèle au plus profond l’intériorité de l’homme qu’elle est fondamentale dans mon œuvre » a déclaré Eugenio Corti dans l’une de ses dernières interviews à l’hedomadaire Famille Chrétienne. En l’occurrence, la pire des guerres, celle du front russe sur lequel il se retrouva jeune officier italien pris en étau entre la barbarie nazie et la barbarie soviétique – et très concrètement, encerclé par l’Armée rouge pendant 28 jours dantesques dans la poche du Don. Il fut du très petit nombre des rescapés, par miracle : « Par une nuit terrible, frôlé par la mort, j’ai invoqué la Vierge et promis de travailler au règne de Dieu si j’en réchappais. J’avais 21 ans. J’ai été exaucé au-delà de mes espérances » a-t-il aussi confié dans cette interview, accordée un mois avant sa mort.

    Eugenio Corti respecta ce vœu. Il devint un témoin de « La responsabilité de la culture occidentale dans les grands massacres du XXe siècle », un sage plein d’humanité et un artiste exceptionnel. Il consacra son dernier livre à sainte Angelina (1372-1435), une des grandes figures de ce Moyen Age qui l’attirait de plus en plus parce que cette époque enracina l’Europe dans le terreau de son double héritage gréco-latin et judéo-chrétien.

    Tous les livres d’Eugenio Corti traduits en français sont publiés à L’Âge d’Homme, ou en coédition avec les éditions de Fallois.

    Romans :
    • Le Cheval rouge, 29 €.
    • La Terre des Guaranis, 25 €.
    • L’Île Paradis, 25 €.
    • Caton l’Ancien, 22 €.

    Récits autobiographiques :
    • La plupart ne reviendront pas, 22 €.
    • Les Derniers Soldats du roi, 19 €.

    Théâtre
    • Procès et mort de Staline, 9 €.

    Essais
    • La Responsabilité de la culture ­occidentale dans les grands massacres du XXe siècle, 6 €.
    • Science et foi, 6 €.

    Entretiens
    • Paroles d’un romancier chrétien, 20 €.

  • Les propos interpellants de Michel Onfray

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    Extrait de son interview au Corriere della Sera :

    "L’islam manifeste ce que Nietzsche appelle “une grande santé”: il dispose de jeunes soldats prêts à mourir pour lui. Quel occidental est prêt à mourir pour les valeurs de notre civilisation : le supermarché et la vente en ligne, le consumérisme trivial et le narcissisme égotiste, l’hédonisme trivial et la trottinette pour adultes?"

    L'ensemble de l'interview mérite d'être lu avec esprit critique et sens du discernement...