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Société - Page 247

  • Faire face à l'expansion massive de la "postvérité"

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    De Bernard Dumont sur le site de la revue Catholica :

    Franchir le mur de la postvérité

    6 Fév 2021

    La première condition pour qu’une sociabilité humaine puisse exister réside dans la véracité du langage, elle-même jugée par la réalité : si tout est ruse, l’homme devient pour l’homme au moins un renard, sinon un loup. Il est plus que jamais difficile de croire sur parole ceux qui sont placés en situation de pouvoir ou d’influence politique[1]. En outre, ce que nous connaissons de ce qui se passe dans le monde nous arrive quasi exclusivement par les médias, c’est-à-dire par un mode de connaissance par témoignage, lequel ne vaut que si le témoin est crédible. Mais dans les conditions actuelles, il est difficile de discerner le vrai du faux, sauf à mener de véritables enquêtes pour tenter de comprendre certains faits, ce qui n’est donné qu’à un petit nombre doté d’aptitudes et de temps, et parfois sans garantie de pouvoir jamais aboutir. La déculturation opérée massivement sous l’effet de la subversion des méthodes d’enseignement, la perte du bon sens élémentaire, l’impact socialement dominant des philosophies du doute et de la déconstruction, la manipulation idéologique de l’histoire, le mimétisme envers les processus artificiels de traitement de l’information, le nominalisme qui transforme les mots en signes conventionnels au sens mutable, tout cela contribue à accroître le désarroi. Le résultat en est l’éclosion d’un scepticisme de masse qui rend indifférent à l’idée de vérité. Le néologisme postvérité exprime cet état de fait. On pourrait dire que la postvérité fait pendant à l’athéisme pratique, qui a cessé tout simplement de se poser la question de Dieu et même rendu inapte à comprendre qu’une telle question puisse présenter quelque intérêt.

    Il  n’est pas étonnant que la postvérité puisse s’instaurer là où domine le libéralisme, puisque celui-ci associe, au nom de la liberté de pensée, la réduction de la vérité à l’opinion, et sa théorisation philosophique prétendant impossible de dépasser la connaissance des seuls phénomènes. Tout cela sans oublier que nous sommes sous le règne du positivisme juridique, qui autorise de transformer du jour au lendemain, par le moyen de la contrainte légale, une version des faits ou une conclusion historique en « récits » conformes à l’utilité qu’y trouvent les derniers en date des possesseurs du pouvoir.

    Les événements récents ont illustré cette expansion massive de la postvérité, qu’il s’agisse de la pandémie et de l’ensemble des déclarations, justifications politiques, jeux d’influence et contradictions qui n’ont cessé de l’accompagner, en France et ailleurs. L’épisode électoral américain est venu ajouter de l’eau au même moulin. Il s’agit là de faits très significatifs d’un changement d’échelle dans l’ordre du mensonge ordinaire, un changement que l’on perçoit comme brutal bien qu’il se soit établi progressivement, et depuis longtemps, brutal et donc hautement perturbateur d’un rapport au monde conforme à la nature des choses.

    Nous n’aborderons ici que quelques aspects du problème, tout d’abord en profitant d’une étude très systématique des interventions militaires et diplomatiques occidentales effectuées dans la dernière décennie, puis en prêtant attention au conspirationnisme (ou complotisme) comme double résultat d’une réaction spontanée et maladroite face aux mensonges et comme argument récupéré pour mieux diffuser ces derniers.

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  • Italie : le pape dénonce un hiver démographique qui compromet l'avenir

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    D' sur zenit.org :

    Le pape François avertit du danger de la faible natalité en Italie

    Un « hiver démographique » qui compromet l’avenir

    Le pape François avertit du danger de la faible natalité en Italie, à l’occasion de la Journée pour la vie, ce dimanche 7 février 2021, après la prière de l’angélus de midi.

    Le pape a d’abord plaidé pour la « liberté »: « Aujourd’hui en Italie on célèbre la Journée pour la vie, sur le thème de « La liberté et la vie ». Je me joins aux évêques italiens pour me rappeler que la liberté est le grand don que Dieu nous a donné pour rechercher et réaliser notre propre bien et celui des autres, à commencer par le bien premier de la vie. »

    Le pape a demandé la protection de la vie humaine à chacune de ses étapes: « Notre société doit être aidée à se guérir de toutes les attaques contre la vie, afin qu’elle soit protégée à chaque étape. »

    C’est alors que le pape a dit son inquiétude pour le manque de natalité en Italie qui met le pays en « danger »: « Permettez-moi d’ajouter une de mes préoccupations: l’hiver démographique italien. En Italie, les naissances ont chuté et l’avenir est en danger. »

    « Assumons cette inquiétude et essayons de faire en sorte que cet hiver démographique prenne fin et qu’un nouveau printemps de petits garçons et de petites filles fleurisse », a exhorté le pape François.

    L’Italie a connu, en 2018, un plus bas historique des naissances depuis l’Unité italienne, avec quelque 440 000 nouveaux-nés, environ 20 000 de moins que l’année précédente, selon l’institut de statistiques italien ISTAT.

    La population de l’Italie diminue, malgré l’immigration. En l’absence d’immigration ou de rebond de la natalité, la population de l’Italie devrait, selon certaines estimations, diminuer de 16 millions d’ici 2050 et elle pourrait passer de 61 à 31 millions d’habitants en 2100.

  • Les lois injustes sont beaucoup plus des violences que des lois, et elles n’obligent pas

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    De l'abbé Claude Barthe sur Res Novae :

    L’Église et la tyrannie des lois
    ou les lois des tyrannies

    La candidature du catholique Joe Biden à la présidence des États-Unis, alors qu’il défendait le droit à l’avortement, a divisé l’Église de ce pays : un prêtre lui a refusé la communion dans une église de Caroline du Sud ; le nouveau cardinal de Washington, le cardinal Wilton Gregory, a au contraire affirmé qu’il ne repousserait pas Biden de l’eucharistie ; et de son côté, Mgr Charles J. Chaput, archevêque émérite de Philadelphie, a publiquement estimé que les actes de Joe Biden démontraient qu’il n’était pas en communion avec l’Église.

    Il est clair que le problème le plus immédiat pour l’Église, dans les démocraties modernes, est celui des lois tyranniques, qu’elles soient criminelles ou seulement injustes. Mais au-delà du refus des lois tyranniques se pose à elle et aux hommes de ce temps celui plus général de la vie au sein de la tyrannie. À ce propos, l’Église et l’Église seule peut aujourd’hui faire briller la vérité, « comme une lampe dans un lieu obscur, jusqu’à ce que le jour commence à poindre » (2 P 1, 19). 

    La désastreuse intégration du positivisme juridique par les catholiques

    La vulgate catholique d’aujourd’hui repose sur la séparation entre le domaine politique, censé moralement neutre, simplement positif, d’avec celui de la conscience individuelle, dichotomie qu’exprime par exemple le P. Alain Thomasset, professeur de théologie morale au Centre Sèvres à Paris : « En tant que chrétien, un maire peut personnellement désapprouver la loi sur les mariages homosexuels, mais en tant qu’élu et officier public il a aussi des obligations par rapport à la loi qui s’impose à tous et dont il doit faire respecter l’application »[1].

    On est à mille lieues de ce que disait, par exemple Pie XII : « Le simple fait pour une loi d’être déclarée par le pouvoir législatif norme obligatoire dans l’État, fait considéré seul et par lui-même, ne suffit pas à créer un vrai droit. Le “critère du simple fait” vaut seulement pour Celui qui est l’auteur et la règle souveraine de tout droit : Dieu. L’appliquer indistinctement et définitivement au législateur humain, comme si sa loi était la règle suprême du droit, est l’erreur du positivisme juridique, au sens propre et technique du mot : erreur qui est à la base de l’absolutisme de l’État et qui équivaut à une déification de l’État lui-même »[2]. Car, comme le rappelait saint Thomas : 
    « Toute loi humaine instituée a valeur de loi dans la mesure où elle découle de la loi naturelle, mais si elle s’écarte de celle-ci en quelque chose, elle sera moins une loi qu’une corruption de la loi »[3]. D’où il résulte que « les lois injustes sont beaucoup plus des violences que des lois », et elles n’obligent pas[4].

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    [1] Site de La Croix, dans « Lexique » : « Désobéir à la loi parce qu’on est chrétien ? »
    [2] Pie XII, Discours au Tribunal de la Rote, 13 novembre 1949.
    [3] Somme théologique, Ia IIæ, q. 95, a. 2.
    [4] q. 96 a. 4.

  • Voltaire : pas aussi tolérant qu'on le dit !

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    Lu sur Herodote.net (archive mai 2015):

    Un Voltaire pas si « tolérant » que ça !

     

    Après les attentats islamistes de janvier 2015 à Paris, le magazine Lire a souhaité rappeler les vertus de la tolérance en consacrant un hors-série dithyrambique et sans nuances au dieu Voltaire.

    Pour Marion Sigaut, romancière et historienne du XVIIIe siècle, la référence à cet écrivain est tout à fait inappropriée...

    « Faire de Voltaire un ami des hommes est un contresens. Son mépris du genre humain est insondable : « Portez-vous bien ; éclairez et méprisez le genre humain » écrit-il à son ami d’Alembert en février 1757 avec cette ironie qu'il manie à la perfection. « La patience soit avec vous ! Marchez toujours en ricanant, mes frères, dans le chemin de la vérité »« Ce monde-ci… est un composé se fripons, de fanatiques et d’imbéciles, parmi lesquels il y a un petit troupeau séparé qu’on appelle la bonne compagnie ; ce petit troupeau étant riche, bien élevé, instruit, poli, est comme la fleur du genre humain ; c’est pour lui que les plaisirs honnêtes sont faits ; c’est pour lui que les plus grands hommes ont travaillé… » (*).

    « … la populace… est en tout pays uniquement occupée du travail des mains ; l’esprit d’une nation réside toujours dans le petit nombre, qui fait travailler le grand, est nourri par lui et le gouverne » (*).

    Cet ordre des choses étant admis, il ne faut pas perdre son temps à éduquer la populace. Pour quoi faire ? « Je crois que nous ne nous entendons pas sur l’article du peuple, que vous croyez digne d’être instruit. J’entends par peuple la populace, qui n’a que ses bras pour vivre… Il me paraît essentiel qu’il y ait des gueux ignorants… Ce n’est pas le manœuvre qu’il faut instruire, c’est le bon bourgeois, c’est l’habitant des villes », écrit-il à son ami Damilaville le 1er avril 1766. L'argument servira d’ailleurs à justifier de se débarrasser des jésuites, incorrigibles éducateurs du peuple.

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  • Reconvertir les églises : un métier et un business; et surtout pas de "fétichisme"!

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    Où l'on apprend que nos autorités ecclésiastiques ne nourrissent pas un attachement "fétichiste" à l'égard de notre patrimoine religieux, héritage des générations croyantes qui nous ont précédés...

    Lu sur L’Avenir (5 février, p. 11) :

    Un métier: reconvertir les églises

    Ce n’est pas une reconversion, mais plutôt une diversification. L’intercommunale liégeoise Ecetia se lance dans la réaffectation des églises. Selon le dernier rapport annuel de l’Église catholique de Belgique, on en compte 2 550 du côté francophone. Mais toutes ne sont pas assidûment fréquentées. Certaines sont fermées et souffrent d’un manque sérieux d’entretien. C’est qu’elles sont à charge des communes, soit parce que celles-ci en sont propriétaire, soit parce qu’elles doivent renflouer les fabriques d’église qui le sont. Bertrand Demonceau, directeur d’Ecetia, explique: «… nous nous sommes rendu compte qu’il y avait une demande du côté des Villes et Communes a propos de ce patrimoine qui est de moins en moins utilisé, qui au fil du temps s’abîme, se dégrade. Qu’en sera-t-il dans 10 ou 20 ans. Abattre est-ce une solution? Une église, c’est le nez au milieu du village. C’est un patrimoine symbolique, identitaire. … On propose une voie moyenne, on conserve l’enveloppe extérieure et on réfléchit à la réaffectation intérieure. On pratique un examen de la faisabilité technique, les possibilités de rénovation et les coûts. Ensuite, on pratique une étude de marché. En fonction du volume et de la situation, que peut-on y réaliser? Des bureaux, du logement, une bibliothèque… Tout dépend aussi de ce que la commune attend.»)
     
    Pas fétichiste 

    L’église de Tignée (commune de Soumagne) est le premier dossier qui risque de se concrétiser avec l’aménagement de plusieurs appartements dans l’église. Si elle était désaffectée au culte, ce n’est pas toujours le cas. Là, il faut le feu vert de l’évêque. Éric de Beukelaer, vicaire général du diocèse de Liège: «Nous ne sommes pas fétichistes. Si un édifice est trop grand, une partie peut-être désaffectée tout en conservant une chapelle. Il est important de conserver un lieu de silence de spiritualité. C’est un usage partagé. Mais on peut en faire aussi un usage multifonctionnel où l’on se réunit pour d’autres choses, groupe de théâtre, orchestre, même des étals de marché. Mais c’est avant tout une église vivante qui peut aussi accueillir les autres cultes

  • France : coup d’arrêt au Sénat pour la « PMA pour toutes » et l’avortement tardif

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    De Philippe Oswald sur la Sélection du Jour :

    Le coup d’arrêt du Sénat à la « PMA pour toutes » et à l’avortement tardif

    Ce n’est pas la victoire finale, mais une victoire d’étape pour tous ceux qui dénoncent le « projet de loi relatif à la bioéthique» (cf. LSDJ n°1172). En deuxième lecture de ce projet de loi, les 2, 3 et 4 février, les sénateurs l’ont adopté … mais en le vidant en partie de sa substance. Ils ont notamment supprimé sa « mesure phare », la procréation médicale assistée ou assistance médicale à la procréation (PMA ou AMP) sans père, et renforcé l’interdiction de la gestation pour autrui (GPA) qui instaurait un « droit à l’enfant » en le privant de père voire de toute origine avec le double don de gamètes, tout en ouvrant la porte à l’esclavage des « mères porteuses ».

     Le Sénat a adopté comme l’un des principes fondateurs du projet de loi cette disposition essentielle : « Il n’existe pas de droit à l’enfant ». Privilégiant les droits de l’enfant, les sénateurs ont purement et simplement supprimé l’article 1 qui ouvrait la PMA/AMP « aux couples de femmes ou à toute femme non mariée » avec une prise en charge par la Sécurité sociale. Les sénateurs ont aussi retoqué l'autoconservation des gamètes sans motif médical (article 2), la fiction d’une double filiation maternelle (la femme qui n’a pas accouché pouvant toutefois adopter), mais aussi une mesure passée largement inaperçue, la possibilité de « créer » des embryons chimères homme-animal et des embryons transgéniques, au mépris du respect de l’intégrité de l’espèce humaine. Les sénateurs ont heureusement interdit toute intervention ayant pour objet de modifier le génome d’un embryon humain.

    Enfin, les sénateurs ont supprimé le critère de « détresse psychosociale » pour accéder à l’interruption médicale de grossesse (IMG). Cette disposition introduite par surprise, nuitamment, au cœur de l’été, revenait à désencadrer presque totalement les avortements tardifs, en assortissant cette extension du « droit à l’avortement » de la suppression de la clause de conscience des professionnels de santé, disposition liberticide et totalitaire. De telles mesures, si elles étaient finalement appliquées, feraient éclater les dernières restrictions à l’avortement, dont la France détient déjà un triste palmarès sans que les pouvoirs publics se soucient pour autant de prévention.

     Cette deuxième lecture sénatoriale ne s’est pas déroulée sans débats tumultueux et coups de théâtre ! La plupart des articles ont été adoptés contre les avis du gouvernement (les ministres portant le projet de loi relatif à la bioéthique sont Olivier Véran, ministre de la Santé et des Solidarités, Éric Dupont-Moretti, ministre de la Justice, Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, et Adrien Taquet, secrétaire d’État en charge de l’Enfance et des Familles). Certains articles votés par le Sénat restent néanmoins critiquables, à commencer par ceux (articles 14, 15, 16, 17) qui dérégulent la recherche sur l’embryon humain, le « chosifiant » davantage (par exemple par la technique dite du « bébé médicament ») et le rendant exploitable à des fins commerciales. On peut aussi s’étonner que les sénateurs aient conditionné à la bonne volonté du donneur de gamètes la levée de son anonymat, celui-ci pouvant accepter ou refuser l’accès à son identité au moment où l’enfant en fait la demande…ce qui limite fortement la levée de l’anonymat et ne manquera pas d’être jugé profondément injuste par les « déboutés » du droit d’accès à leurs origines.

    Il serait sage pour l’exécutif de renoncer à ce projet de loi qui cause de telles divisions. Mais sauf coup de théâtre, le processus législatif va se poursuivre. Minoritaires au Sénat, les parlementaires LREM sont majoritaires à l’Assemblée nationale et jusqu’à présent, peu frondeurs. Il est donc prévisible que les deux chambres ne trouveront pas d’accord, via une Commission mixte paritaire ou une hypothétique « nouvelle lecture » ordonnée par le gouvernement dans les mois à venir. Le dernier mot reviendra à l’Assemblée nationale, et l’on peut craindre un retour en force de dispositions retoquées au Sénat. Il n’empêche que cette forte opposition de sénateurs restera dans les annales comme un sursaut des consciences qu’il faut continuer sans relâche à éclairer. D’autant que même votée, une loi peut être déclarée contraire à la Constitution par le Conseil Constitutionnel (si 60 parlementaires, députés ou sénateurs, le saisissent). Enfin, ultime espoir des opposants confortés dans leur résolution à « ne rien lâcher », elle peut, une fois promulguée par le président de la République, ne jamais être appliquée…faute de décrets d’application.

    En lien, ci-dessous, un décryptage détaillé par l’association Alliance Vita de l’état du projet de loi bioéthique après son passage en deuxième lecture au Sénat.

  • L'absurdité des lieux de culte limités à 15 personnes se poursuit

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    De Mathieu Tamigniau sur RTL Info :

    Kévin trouve "complètement absurde" que les églises soient toujours limitées à 15 personnes: "On ne parle pas assez des lieux de culte"

    5 février 2021

    Oubliés, les lieux de culte ? C'est ce que pensent de nombreux pratiquants en Belgique. Le porte-parole des évêques confirme cette situation délicate, et réitère sa demande de modification de la règle. Pour l'instant, elle ne semble pas être sur la table des réunions du comité de concertation.

    Depuis plusieurs semaines, nous évoquons régulièrement le désespoir du secteur de l'horeca ou des métiers de contact (coiffeurs, esthéticiennes). Les politiques répètent qu'ils ont entendu ce cri d'alerte, et pourraient ce vendredi, lors du nouveau comité de concertation, annoncer une réouverture progressive dans les prochaines semaines (voir les détails).

    Mais d'autres domaines de notre vie sociale sont toujours impactés, depuis des mois, par des mesures qui semblent parfois irréfléchies ou disproportionnées. "Je suis troublé", nous a écrit Kévin. S'il comprend bien la détresse des milliers d'indépendants au bord du gouffre, il estime qu'on "ne parle pas assez des lieux de culte".

    Catholique, Kévin rappelle que depuis le mois décembre, "dans les églises et tous les autres lieux de culte, nous ne pouvons pas accueillir plus de 15 personnes, qu’importe la surface du lieu". Une situation qu'il trouve "complètement absurde: on devrait faire comme cet été, adapter les mesures en fonction de la taille du lieu, et tout le monde sait que les églises sont suffisamment grandes que pour accueillir beaucoup de monde", poursuit-il, réclamant que l'on "remette le débat sur la table".

    "De nombreuses paroisses sont fermées"

    Tommy Scholtès est le porte-parole des évêques de Belgique, et la réaction de Kévin ne l'étonne pas. "On a eu des Noël avec 15 personnes par Eglise, et ça eu pour conséquence qu'énormément de paroisses n'ont même pas réouvert. C'est tellement difficile d'ouvrir une messe pour 15 personnes maximum. A l'Eglise des Jésuites à Saint-Michel, on a fait un système de réservation et les gens s'inscrivent. Comme on a beaucoup de prêtres dans la communauté, on peut se permettre de faire beaucoup de célébrations. Mais dans les paroisses où il y a un prêtre pour deux ou trois églises, c'est très difficile d'organiser, et c'est assez pénible de devoir renvoyer chez eux des gens qui veulent assister à une messe. Donc de nombreuses paroisses sont fermées". C'est le cas dans certains villages, "mais aussi à Bruxelles, en ce moment, à la Cathédrale, au Sablon, il n'y a pas de messe du tout".

    Conséquence: "Je reçois beaucoup de messages de personnes très peinées, qui disent que la vie spirituelle est tout aussi essentielle, pour eux, que la culture ou d'autres choses. Tout le monde me demande que les cultes soient mentionnés dans les négociations en cours", poursuit le porte-parole des évêques.

    "Toutes les couleurs de l'arc-en-ciel"

    Depuis le mois de mars, "on est passé par toutes les couleurs de l'arc-en-ciel au niveau des règles: les mètres carrés proportionnels mais avec un maximum ; durant l'été on pouvait célébrer à l'extérieur, puis ça a été doublé ; puis on a refermé tout ; et depuis décembre, c'est la règle de 15".

    Sa demande est la même que Kévin: "Le minimum serait d'arriver à une personne par 10 mètres carrés dans les lieux de culte. En France, c'est une rangée sur deux, et sur ces rangées, une chaise sur deux. Ça donne environ une occupation d'un tiers de l'église par rapport à la capacité normale".

    Que peut faire l'Eglise ?

    "Nous avons fait cette demande (1 personne par 10 mètres carrés) il y a environ trois semaines. Il y a eu une réunion des chefs de culte (catholique, musulman, juif, etc) avec le ministre de la Justice (qui est responsable des cultes), mais la ministre de l'Intérieur avait dit entretemps que le maximum absolu de 15 resterait la norme. Nous venons de réécrire, récemment, pour demander une extension, mais nous n'avons reçu qu'un accusé de réception", déplore Tommy Scholtès.

    Aller plus loin consisterait à mobiliser tous les pratiquants de Belgique dans la rue. "Une manifestation autorisée d'une centaine de personnes a eu lieu il y a deux semaines environ, devant le ministère de la justice, pendant une heure". Elle n'a pas vraiment porté ses fruits. Le porte-parole des évêques rappelle que "nous travaillons davantage dans la négociation avec les ministères compétents".

  • Des professeurs pour éclairer la lanterne des évêques de Belgique

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    De Vatican News :

    L'Église de Belgique se penche sur ses défis pastoraux

    Au cours d'une rencontre virtuelle de deux jours, les évêques belges ont passé en revue les nombreuses questions d'actualité qui sont posées aujourd'hui à l'Église: des défis de la communication au témoignage pastoral en période de pandémie.

    Vatican News Service

    La session annuelle du mois de janvier des évêques belges s'est tenue cette année en ligne en raison des restrictions sanitaires. Organisée sur deux journées, elle a permis de balayer de nombreux sujets qui touchent aux défis de l'Église dans le monde contemporain. Les évêques ont invité des professeurs à venir donner une conférence sur une thématique qu'ils avaient choisie en amont. La première journée a ainsi porté sur le défi de la révolution numérique, qui pousse l'Église belge à exploiter de nouvelles voies de communication.

    Le professeur Emmanuel Tourpe a donné une téléconférence sur les opportunités et les écueils de cette révolution numérique pour l'Église. Docteur en philosophie et spécialiste reconnu des médias, Emmanuel Tourpe, par ailleurs directeur adjoint des programmes de la chaine Arte a expliqué en quoi le numérique consistait en un «changement de paradigme», à l'instar des révolutions copernicienne ou darwinienne. Lors de son exposé, le spécialiste de communication a dressé un parallèle entre cette révolution numérique et la diffusion rapide de l'Évangile au temps des premiers chrétiens, grâce à l’organisation de l’Empire romain et à la koinè (la langue commune). «Si l’Eglise veut saisir cette opportunité et en éviter les dangers, elle doit s’adapter, apprendre à penser et à agir aussi de manière numérique» a t-il expliqué en substance.

    Les évêques ont également présenté l'ébauche d'un projet de stratégie de communication, fruit d'un questionnaire posé aux diocèses belges, au Secrétariat de la Conférence des Évêques et au Centre Interdiocésain.

    L'Église de demain

    La deuxième journée de réflexion s'est articulée autour d'une réflexion sur les conséquences de la pandémie et des défis pastoraux qu'elle soulève. Deux experts ont été convoqués à cette occasion pour nourrir la réflexion: le théologien Arnaud Join-Lambert, professeur à l'Université catholique de Louvain et le philosophe Guido Vanheeswijck, professeur à l'Université d'Anvers. Arnaud Join-Lambert a rappelé combien le confinement avait pesé sur la vie des l'Église et les fidèles, évoquant aussi la souffrance et la détresse de nombreuses personnes y compris des agents pastoraux. Dans le même temps, la pandémie a poussé l'Église belge à des trésors d'inventivité, a t-il souligné. 

    Le professeur de théologie, qui a beaucoup réfléchi sur l'Église domestique, a ainsi rappelé que les défis pastoraux passaient aussi par de nouvelles formes pour proposer l'évangile, n'hésitant pas à rappeler les mots du Pape François invitant à «oser rêver». 

    Le philosophe Guido Vanheeswijck a pour sa part souligné dans son exposé que le coronavirus obligeait «à regarder les choses en face»: nous ne maitrisons pas tout. «Nous devons vivre en gardant conscience de notre vulnérabilité» a t-il rappelé. Le professeur flammand s'est enfin interrogé sur comment rester proches des autres dans un monde «post-catholique», et livré quelques pistes: en poursuivant le dialogue, en s’opposant à la polarisation ou en prônant la douceur. 

    https://www.cathobel.be/2021/02/etre-eglise-aujourdhui-et-demain/

  • Quand l'archevêque de Chicago s'en prend au Président de la Conférence épiscopale américaine

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    D'Aline Lizotte sur Smart Reading Press :

    DU JAMAIS VU : L’ARCHEVÊQUE DE CHICAGO UTILISE TWITTER CONTRE LE PRÉSIDENT DE LA CONFÉRENCE ÉPISCOPALE AMÉRICAINE

    À l’occasion de l’investiture du nouveau Président américain, une vive tension s’est produite au sein de la Conférence épiscopale américaine, Mgr Cupich utilisant Twitter pour marquer sa différence par rapport à son président, Mgr Gomez, au sujet de la politique annoncée par le catholique Joe Biden sur l’avortement. Des tweets très peu likés par ses confrères… N’ayant réussi à rallier à lui que la presse progressiste, Mgr Cupich devra très probablement envisager son avenir sous d’autres cieux !

    Le 20 janvier dernier, Joe Biden étendit sa main sur une vieille Bible appartenant à sa famille depuis 1893 et prononça ce serment : «Joseph Robinette Biden, Jr., do solemnly swear that I will faithfully execute the office of President of the United States, and will to the best of my ability, preserve, protect and defend the Constitution of the United States. So help me God1».

    Lors de son investiture, l’allocution prononcée par le Président Biden mit un fort accent sur la nécessité de l’unité de la nation, axée fondamentalement sur la démocratie : le peuple a parlé, la volonté du peuple a été entendue, et nous avons le devoir de préserver cette unité sacrée. Car il y a urgence de combattre le péril de la désunion. Il y a beaucoup à réparer, beaucoup à restaurer, beaucoup à guérir, beaucoup à construire, beaucoup à gagner. Peu de périodes dans notre histoire ont fait face à une tel défi, à des difficultés aussi grandes que celles par rapport auxquelles nous devons agir. Nous faisons face à l’injustice raciale, à la survie de la planète, à l’extrémisme politique représenté par la domination de la race blanche, au terrorisme domestique, à la perte de la responsabilité de la dignité humaine. Pour sauvegarder la démocratie il faut l’unité, l’unité, l’unité.

    Ce discours très polémique et axé sur la critique politique de son prédécesseur – qui n’assistait pas à l’investiture – était une tentative de la part du nouveau président pour montrer sa capacité à neutraliser les forces politiques de son adversaire, alors qu’il sait que beaucoup d’électeurs amers quant à la défaite de Trump sont loin de vouloir adhérer à un Président à qui le vote populaire n’est pas très majoritairement acquis.

    LA DÉCLARATION DES ÉVÊQUES AMÉRICAINS

    Cependant, dans l’après-midi de ce même jour, un autre son de cloche ou de «tocsin» parvenait aux oreilles du Président : la déclaration des évêques américains envoyée par le président de la Conférence épiscopale, Mgr José Gomez, archevêque de Los Angeles. Cette déclaration, si elle comporte une partie diplomatique (félicitations pour le nouveau président à l’occasion de sa victoire électorale et assurance des prières de toute l’Église pour que son mandat produise de bons fruits) n’en contenait pas moins un énoncé des conditions dans lesquelles l’épiscopat collaborerait à son action politique.

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  • France : flou autour du projet de loi sur le "Séparatisme"

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    De Louis Daufresne sur La Sélection du Jour :

    Séparatisme : le grand méchant flou

    Covid oblige, lundi sur France Inter, Gérald Darmanin usait de la métaphore médicale pour vanter la loi « confortant le respect des principes républicains » : « Notre pays, dit le ministre de l’Intérieur, est malade d'un séparatisme dont le premier d'entre eux, l'islamisme, gangrène notre unité nationale. » La laïcité qui garantit « la pluralité religieuse, la neutralité de l'État et de ses agents, et la liberté de culte », est le « remède contre une partie de ce qui nous ronge ». En gage de bonne volonté, Gérald Darmanin annonça la réouverture anticipée de la mosquée de Pantin (Seine-Saint-Denis), accusée d'avoir relayé l’appel au meurtre de Samuel Paty. Cette annonce a de quoi décontenancer : la mosquée était fermée pour six mois, ce qui paraît dérisoire au regard de la gravité du crime. Ensuite, la rouvrir prématurément envoie aux islamistes un double message, soit de soumission, soit de collusion. Entre les deux, il y a ce qu’on appelle l’électoralisme.

    C’est, semble-t-il, la seule ligne qui vaille à 18 mois de la présidentielle : ne pas s’aliéner le vote musulman (si tant est qu’il existe) et surfer sur du « laïquement correct » pour rassurer le reste de l'opinion. Le groupe LR voulait faire interdire le port du voile à l'université et pour les accompagnatrices scolaires. Il échoua. La réponse de Gérald Darmanin fut habile : « Humilier l'identité musulmane, c'est prendre le risque de la radicaliser (...) La laïcité c'est aussi dire à tout le monde qu'on a le droit de croire. » Et d’ajouter, un rien tartuffe : « Je ne dis pas que le voile n'est pas un moment de prosélytisme. Je dis qu'il ne l'est pas à 100 % » Poussée à la surenchère, l’opposition vogue sur le radeau idéologique du RN, à l’image de Guillaume Peltier, numéro 2 de LR, exigeant la dissolution des trois fédérations ayant refusé de signer la « charte des principes pour l'islam de France ». Sur France Inter, Gérald Darmanin débouta « ceux qui souhaitent absolument prendre des mesures encore plus dures, (…) simplement pour se refaire la cerise politique. [Ce] sont les idiots utiles de ces islamistes ».

    Piégée et extrémisée, la droite essaie de nuancer. Pour Damien Abad, chef des députés LR, il ne faut pas que « la lutte contre l'islamisme radical aboutisse à un affaiblissement de la liberté pour les Français sans entraver celle des islamistes ».

    C’est tout le problème.

    Ce projet de loi vise-t-il vraiment l’islamisme, lequel n’est même pas nommé ? Comment soigner une maladie sans mettre des mots dessus ? Le gouvernement s’aligne en fait sur sa gauche. Pour ne pas discriminer les musulmans, on verse dans « l’islamalgame » : « Ce qu’on reproche à l’islam est partagé par les trois religions monothéistes », ose Éric Coquerel. « En réalité, derrière la question du voile, il y a surtout une discrimination anti-musulman », ajoute le député LFI, auteur d’une tirade mémorable : « Savez-vous que le voile d’une mariée chrétienne signifie le fait qu’il y a une soumission de la femme à son époux ? Est-ce que vous allez demander dorénavant, au nom de ce que vous pensez, à ce que les mariages religieux ne se fassent plus de la même manière ? »

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  • Les effets négatifs de la mise en œuvre de la loi sur l’euthanasie en Belgique

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    Une synthèse de presse de gènéthique.org :

    Euthanasie en Belgique : des contrôles défaillants

    5 février 2021

    Un article universitaire, Euthanasia in Belgium : Shortcomings of the Law and Its Application and of the Monitoring of Practice publié le 25 janvier dernier, confirme les effets négatifs de la mise en œuvre de la loi sur l’euthanasie en Belgique (cf. Belgique : un bilan négatif après 15 ans de dépénalisation de l’euthanasie et 15 ans après sa dépénalisation en Belgique, qui sont les victimes collatérales de l’euthanasie ?). Au cours des 18 années qui se sont écoulées depuis l’adoption de la loi en 2002, beaucoup de choses ont changé et les auteurs, Kasper Raus, Bert Vanderhaegen et Sigrid Sterckx, trois chercheurs de l’hôpital universitaire de Gand (Belgique),  affirment que la Belgique est en train d’étendre l’utilisation de l’euthanasie. Une extension problématique tant sur le plan éthique que juridique (cf. Euthanasie en Belgique : toujours plus).

    Les trois chercheurs se sont concentrés sur : l’analyse des critères définis par la loi pour l’éligibilité à l’euthanasie, la consultation d’un deuxième (et parfois d’un troisième) médecin et la notification des cas d’euthanasie à la Commission fédérale de contrôle et d’évaluation du pays. Ces trois garanties qui devraient protéger les personnes fragiles contre la pratique de l’euthanasie ne sont pas fonctionnelles.

    « L’euthanasie, qui implique la fin délibérée de la vie d’un patient, est un acte de grande envergure et irréversible qui doit être surveillé de près », explique les auteurs en conclusion. Certaines déficiences « sont structurelles » et, par conséquent, « nécessitent plus qu’une surveillance accrue ». Plusieurs garanties considérées comme essentielles au moment de la promulgation de la loi « ne fonctionnent pas réellement en tant que telles » :

    – le champ d’application de la loi sur l’euthanasie a été élargi – elle n’a pas été utilisée qu’en cas de maladies graves et pour des maladies incurables mais a été pratiquée pour des patients « fatigués de vivre »,

    – « la consultation obligatoire d’un ou deux médecins indépendants peut ne pas constituer une véritable garantie », car « leurs tâches sont assez limitées et, plus important encore, leurs avis ne sont pas contraignants (…) : le pouvoir final de pratiquer l’euthanasie incombe au médecin traitant qui peut l’effectuer même contre l’avis (négatif) des médecins consultés »,

    – le contrôle ultérieur effectué par la FCECE « soulève également des inquiétudes ». La Commission ne peut pas vérifier le respect de divers critères juridiques, « et dispose d’un pouvoir important pour réinterpréter la loi sur l’euthanasie comme elle l’entend ».

    Source : One of us (04/02/2021)

  • Église de France : « Un clivage générationnel »

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    Lu sur le site web du mensuel « La Nef » :

    Raison-du-Cleuziou©Emmanuelle-Marchadour-620x330.jpg« Le confinement a été l’occasion de débats sur la place et l’importance de la messe pour les fidèles qui en ont été privés pour un temps qui leur a paru bien long. Au-delà des divergences que l’on peut avoir, il nous a semblé intéressant d’interroger sur cette question un historien et sociologue, et le nom de Yann Raison du Cleuziou s’imposait tant il est aujourd’hui, avec Guillaume Cuchet, l’un des plus fins observateurs du catholicisme français, auteur d’ouvrages remarqués sur la sociologie de l’Église de France. Cette analyse, sociologique et donc extérieure à la foi, interroge le croyant malgré les limites inhérentes à ce genre d’approche. Il nous faudra revenir sur ces questions essentielles. – C.G.

    Le confinement a révélé chez une partie des catholiques pratiquants un fort attachement au culte, soutenus en cela par quelques évêques, alors qu’une autre partie de catholiques a jugé inapproprié et même infantile la demande de messe en plein confinement : que pensez-vous de ces divergences ?

    Yann Raison du Cleuziou – La messe est un observatoire privilégié des clivages internes au catholicisme. Il faut tout d’abord rappeler que si 53,8 % des Français (18 ans et +) se déclarent catholiques, seulement 1,8 % vont à la messe chaque semaine, 2,3 % plusieurs fois par mois, 2,5 % à l’occasion de grands rassemblements (Lourdes, Frat), 11 % uniquement pour les fêtes saisonnières (Pâques, Noël). Les messes qui touchent la plus large population sont privatives (baptême, mariage, funérailles) (1). Par ailleurs si on demande aux Français s’ils s’estiment pratiquants, 8 % environ d’entre eux revendiquent cette qualification. Ces quelques chiffres permettent de mesurer la grande hétérogénéité de la place accordée à la messe dominicale parmi les catholiques. Je crois qu’il est important de rappeler cette complexité parce que la plupart des catholiques l’ignorent. En effet, les recompositions affinitaires de la pratique et les réseaux sociaux, enferment la plupart des catholiques dans le cercle du même, ce qui leur donne l’impression d’être la norme alors qu’ils ne sont qu’un îlot d’un archipel.

    Le sentiment de privation de la messe ne concerne donc qu’une faible partie des catholiques. Mais ces derniers sont divisés. Même en dehors d’un contexte pandémique, pris dans une liturgie commune, les fidèles ne prêtent pas attention aux mêmes choses et vivent des expériences différentes. Les manières dont ils vérifient l’authenticité d’une messe comme dispositif de mise en relation avec Dieu reposent sur des critères différents que j’ai retrouvés sans surprise au cœur des controverses récentes sur la suspension des messes. Il serait caricatural de résumer l’opposition à une tension entre piété individuelle et service du « prochain ».

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