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Doctrine Sociale

  • "La plus grande pauvreté consiste à ne pas connaître Dieu." (Message du pape Léon XIV pour la Journée mondiale des pauvres)

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    MESSAGE DU SAINT-PÈRE

    pour la 9ème Journée Mondiale des Pauvres

    16 novembre 2025, 33ème dimanche du Temps Ordinaire

    ___________________________

    C’est Toi mon espérance (cf. Ps 71, 5)

    1. « Seigneur mon Dieu, tu es mon espérance » (Ps 71, 5). Ces paroles jaillissent d'un cœur accablé par de graves difficultés : « Tu m'as fait voir tant de maux et de détresses » (v. 20), dit le psalmiste. Malgré cela, son âme est ouverte et confiante, car elle est ferme dans la foi, qui reconnaît le soutien de Dieu et le professe : « Ma forteresse et mon roc, c'est toi » (v. 3). De là jaillit la confiance inébranlable que l'espérance en Lui ne déçoit pas : « En toi, Seigneur, j'ai mon refuge : garde-moi d'être humilié pour toujours » (v. 1).

    Dans les épreuves de la vie, l'espérance est animée par la certitude ferme et encourageante de l'amour de Dieu répandu dans les cœurs par l'Esprit Saint. C'est pourquoi elle ne déçoit pas (cf. Rm 5, 5) et saint Paul peut écrire à Timothée : « Si nous nous donnons de la peine et si nous combattons, c’est parce que nous avons mis notre espérance dans le Dieu vivant » (1 Tm 4, 10). Le Dieu vivant est en effet le « Dieu de l'espérance » (Rm 15, 13) qui dans Christ, par sa mort et sa résurrection, est devenu « notre espérance » (1 Tm 1, 1). Nous ne pouvons pas oublier que nous avons été sauvés dans cette espérance dans laquelle nous devons rester enracinés.

    2. Le pauvre peut devenir témoin d'une espérance forte et fiable, justement parce qu'il la professe dans des conditions de vie précaires, faites de privations, de fragilité et d'exclusion. Il ne compte pas sur les certitudes du pouvoir et des biens ; au contraire, il les subit et en est souvent victime. Son espérance ne peut reposer qu'ailleurs. En reconnaissant que Dieu est notre première et unique espérance, nous accomplissons nous aussi le passage entre les espérances éphémères et l'espérance durable. Face au désir d'avoir Dieu comme compagnon de route, les richesses sont relativisées car découvrant le véritable trésor dont nous avons réellement besoin. Les paroles avec lesquelles le Seigneur Jésus exhortait ses disciples résonnent clairement et avec force : « Ne vous faites pas de trésors sur la terre, là où les mites et les vers les dévorent, où les voleurs percent les murs pour voler. Mais faites-vous des trésors dans le ciel, là où il n’y a pas de mites ni de vers qui dévorent, pas de voleurs qui percent les murs pour voler » (Mt 6, 19-20).

    3. La plus grande pauvreté consiste à ne pas connaître Dieu. C'est ce que nous rappelait le Pape François lorsqu'il écrivait dans Evangelii gaudium : « La pire discrimination dont souffrent les pauvres est le manque d'attention spirituelle. L'immense majorité des pauvres ont une ouverture particulière à la foi ; ils ont besoin de Dieu et nous ne pouvons pas manquer de leur offrir son amitié, sa bénédiction, sa Parole, la célébration des sacrements et la proposition d'un chemin de croissance et de maturation dans la foi » (n° 200). Il y a là une conscience fondamentale et tout à fait originale de la manière de trouver en Dieu son trésor. L'apôtre Jean insiste en effet : « Si quelqu’un dit : « J’aime Dieu », alors qu’il a de la haine contre son frère, c’est un menteur. En effet, celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, est incapable d’aimer Dieu, qu’il ne voit pas » (1 Jn 4, 20).

    C'est une règle de la foi et un secret de l'espérance : tous les biens de cette terre, les réalités matérielles, les plaisirs du monde, le bien-être économique, bien qu'importants, ne suffisent pas à rendre le cœur heureux. Les richesses sont souvent trompeuses et conduisent à des situations dramatiques de pauvreté, à commencer par celle de penser que l'on n'a pas besoin de Dieu et de mener sa vie indépendamment de Lui. Les paroles de saint Augustin me reviennent à l'esprit : « Que toute ton espérance soit en Dieu : sens que tu as besoin de Lui pour être comblé par Lui. Sans Lui, tout ce que tu auras ne servira qu'à te rendre encore plus vide » (Enarr. in Ps. 85,3).

    4. L'espérance chrétienne à laquelle renvoie la Parole de Dieu est une certitude sur le chemin de la vie, car elle ne dépend pas de la force humaine, mais de la promesse de Dieu qui est toujours fidèle. C'est pourquoi, depuis les origines, les chrétiens ont voulu identifier l'espérance au symbole de l'ancre, qui offre stabilité et sécurité. L'espérance chrétienne est comme une ancre qui fixe notre cœur sur la promesse du Seigneur Jésus qui nous a sauvés par sa mort et sa résurrection et qui reviendra parmi nous. Cette espérance continue à indiquer comme véritable horizon de la vie les « cieux nouveaux » et la « terre nouvelle » (2 P 3, 13), où l'existence de toutes les créatures trouvera son sens authentique, car notre véritable patrie est dans les cieux (cf. Ph 3, 20).

    La cité de Dieu nous engage donc pour les cités des hommes. Celles-ci doivent dès maintenant commencer à lui ressembler. L'espérance, soutenue par l'amour de Dieu répandu dans nos cœurs par l'Esprit Saint (cf. Rm 5, 5) transforme le cœur humain en terre féconde, où peut germer la charité pour la vie du monde. La Tradition de l'Église réaffirme constamment cette circularité entre les trois vertus théologales : la foi, l'espérance et la charité. L'espérance naît de la foi qui la nourrit et la soutient sur le fondement de la charité, qui est la mère de toutes les vertus. Et c'est de charité que nous avons besoin aujourd'hui, maintenant. Ce n'est pas une promesse mais une réalité vers laquelle nous regardons avec joie et responsabilité : elle nous engage et oriente nos décisions vers le bien commun. Celui qui manque de charité, en revanche, non seulement manque de foi et d'espérance, mais enlève l'espérance à son prochain.

    5. L'invitation biblique à l'espérance comporte donc le devoir d'assumer sans tarder des responsabilités cohérentes dans l'histoire. En effet, la charité « représente le plus grand commandement social » (Catéchisme de l'Église catholique, 1889). La pauvreté a des causes structurelles qui doivent être affrontées et éliminées. Pendant ce temps, nous sommes tous appelés à créer de nouveaux signes d'espérance qui témoignent de la charité chrétienne, comme l'ont fait tant de saints et saintes à travers les âges. Les hôpitaux et les écoles, par exemple, sont des institutions créées pour accueillir les plus faibles et les plus marginaux. Ils devraient désormais faire partie des politiques publiques de chaque pays, mais les guerres et les inégalités l'empêchent encore souvent. De plus en plus, les foyers d'accueil, les communautés pour mineurs, les centres d'écoute et d'accueil, les cantines pour les pauvres, les dortoirs, les écoles populaires deviennent aujourd'hui des signes d’espérance : autant de signes souvent cachés auxquels nous ne prêtons peut-être pas attention mais qui sont pourtant si importants pour secouer l'indifférence et susciter l'engagement dans différentes formes de volontariat !

    Les pauvres ne sont pas une distraction pour l'Église, ils sont nos frères et sœurs les plus aimés, car chacun d'eux, par son existence et aussi par les paroles et la sagesse dont il est porteur, nous invite à toucher du doigt la vérité de l'Évangile. C'est pourquoi la Journée mondiale des pauvres veut rappeler à nos communautés que les pauvres sont au centre de toute l'œuvre pastorale. Non seulement en son aspect charitable, mais également en ce que l'Église célèbre et annonce. Dieu a pris leur pauvreté pour nous rendre riches à travers leurs voix, leurs histoires, leurs visages. Toutes les formes de pauvreté, sans exception, sont un appel à vivre concrètement l'Évangile et à offrir des signes efficaces d'espérance.

    6. Telle est l'invitation qui nous est faite par la célébration du Jubilé. Ce n'est pas un hasard si la Journée mondiale des pauvres est célébrée vers la fin de cette année de grâce. Lorsque la Porte Sainte sera fermée, nous devrons garder et transmettre les dons divins qui ont été déversés dans nos mains tout au long d'une année de prière, de conversion et de témoignage. Les pauvres ne sont pas des objets de notre pastorale, mais des sujets créatifs qui nous poussent à trouver toujours de nouvelles façons de vivre l'Évangile aujourd'hui. Face à la succession de nouvelles vagues d'appauvrissement, le risque est de s'habituer et de se résigner. Nous rencontrons chaque jour des personnes pauvres ou démunies et il arrive parfois que ce soit nous-mêmes qui ayons moins, qui perdions ce qui nous semblait autrefois sûr : un logement, une alimentation suffisante pour la journée, l'accès aux soins, un bon niveau d'éducation et d'information, la liberté religieuse et d'expression.

    En promouvant le bien commun, notre responsabilité sociale trouve son fondement dans le geste créateur de Dieu, qui donne à tous les biens de la terre : comme ceux-ci, les fruits du travail de l'homme doivent également être accessibles à tous de manière équitable. Aider les pauvres est en effet une question de justice avant d'être une question de charité. Comme le fait remarquer saint Augustin : « Tu donnes du pain à celui qui a faim, mais il vaudrait mieux que personne n'ait faim, même si cela signifie qu'il n'y aurait personne à qui donner. Tu offres des vêtements à celui qui est nu, mais combien il serait préférable que tous aient des vêtements et qu'il n'y ait pas cette indigence » (Commentaire sur 1Jn, VIII, 5).

    Je souhaite donc que cette Année jubilaire puisse encourager le développement de politiques de lutte contre les formes anciennes et nouvelles de pauvreté, ainsi que de nouvelles initiatives de soutien et d'aide aux plus pauvres parmi les pauvres. Le travail, l'éducation, le logement, la santé sont les conditions d'une sécurité qui ne s'affirmera jamais par les armes. Je me félicite des initiatives déjà existantes et de l'engagement quotidien au niveau international d'un grand nombre d'hommes et de femmes de bonne volonté.

    Confions-nous à la Très Sainte Vierge Marie, Consolatrice des affligés, et avec elle, élevons un chant d'espérance en faisant nôtres les paroles du Te Deum : «In Te, Domine, speravi, non confundar in aeternum – En toi, Seigneur, j'ai espéré, je ne serai jamais confondu »

    Du Vatican, le 13 juin 2025, mémoire de saint Antoine de Padoue, Patron des pauvres

    LEO PP. XIV

  • Pape Léon : dans l’attente des faits. Sur la Curie romaine, le synode et la guerre « juste »

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    De Sandro Magister sur Settimo Cielo (en français sur diakonos.be) :

    Pape Léon : dans l’attente des faits. Sur la Curie romaine, le synode et la guerre « juste »

    Dans les réunions de pré-conclave, on a beaucoup discuté pour savoir s’il fallait poursuivre ou non les processus entamés par le Pape François concernant le gouvernement de l’Église. Et tout le monde est dans l’attente de voir ce que décidera le nouveau pape.

    La Curie vaticane fait partie de ces chantiers de transformation restés inachevés. Et c’est là que le pape Léon (photo, sur la cathèdre de la basilique Saint-Jean-de-Latran)  a donné un premier signal de continuité en nommant, le 22 mai, une femme comme secrétaire du Dicastère pour les instituts de vie consacrée et les sociétés de vie apostolique, ce même dicastère à la tête duquel le Pape François avait installé une autre sœur comme préfète le 6 janvier dernier, Simona Brambilla, toutefois flanquée d’un cardinal-gardien, l’espagnol Ángel Fernández Artime, affublé du titre anormal de pro-préfet.

    La nomination de la part de Léon XIV d’une simple baptisée à une fonction-clé de la Curie romaine a été accueille par les médias comme un pas supplémentaire vers la modernisation du gouvernement de l’Église. Mais ce serait négliger totalement une question capitale connexe, déjà débattue au Concile Vatican II mais restée sans solution claire.

    C’est le cardinal Stella, un vénérable octogénaire, qui a mis le feu aux poudres aux réunions de pré-conclave, avec une intervention qui a fait grand bruit par la sévérité des critiques adressées au Pape François.

    Le cardinal Stella, un diplomate au long cours expert en droit canon, figurait parmi les préférés de Jorge Mario Bergoglio en début de pontificat avant qu’il ne le mette à l’écart en raison de l’incompatibilité évidente de leurs visions respectives.

    Or, le cardinal Stella a non seulement contesté l’absolutisme monarchique avec lequel François avait gouverné l’Église, en violant systématiquement les droits fondamentaux de la personne et en modifiant selon son beau plaisir et de manière désordonnée les normes du droit canon. Mais il lui a également reproché d’avoir voulu séparer les pouvoirs d’ordre, c’est-à-dire ceux qui découlent du sacrement de l’ordination épiscopale, des pouvoir de juridiction, c’est-à-dire ceux qui sont conférés par une autorité supérieure, en optant pour les seconds afin de pouvoir nommer également de simples baptisés, hommes et femmes, à la tête de fonctions-clés de la Curie vaticane et donc du gouvernement de l’Église universelle, sur simple mandat du pape.

    En réalité, cette façon de faire, bien loin d’être un signe de modernisation constituait, au jugement du cardinal Stella et de nombreux experts en droit canon, un retour en arrière à une pratique discutable typique du Moyen-Âge et des Temps modernes, où il était fréquent qu’un pape confère à des abbesses des pouvoirs de gouvernement pareils à ceux d’un évêque, ou confie la charge d’un diocèse à un cardinal qui n’avait été ordonné ni évêque ni prêtre.

    En remontant un peu plus loin dans le temps, ces formes de transmission du pouvoir déconnectées du sacrement de l’ordre étaient totalement inconnues au premier millénaire. Et c’est précisément à cette tradition des origines que le Concile Vatican II a voulu revenir, dans la constitution dogmatique sur l’Église « Lumen gentium », en reprenant conscience de la nature sacramentelle, avant d’être juridictionnelle, de l’épiscopat et des pouvoir qui y son liés, non seulement ceux de sanctifier et d’enseigner, mais également celui de gouverner.

    Lors du Concile, seuls 300 Pères sur environ 3000 ont voté contre cette réforme. Mais avec le remodelage de la Curie entrepris par le Pape François, ce sont les opposants de l’époque qui sortent aujourd’hui gagnants. Et ce n’est pas un hasard si cela leur a valu les critiques des théologiens les plus progressistes et « conciliaires », comme l’a fait récemment le cardinal Walter Kasper.

    Il n’est donc pas étonnant que les critiques du cardinal Stella aient suscité une vague de réaction chez les défenseurs du pape François, dont certains, sous couvert d’anonymat, n’ont pas hésité à crier à la « trahison ».

    Avec la nomination de sœur Merletti comme secrétaire du Dicastère pour les religieux, le Pape Léon, lui aussi très compétent en droit canon, a montré qu’il ne voulait pas se détacher, sur cette question controversée, de l’option adoptée par son prédécesseur.

    Étant entendu que Léon n’entend nullement répliquer l’absolutisme monarchique effréné avec lequel François a gouverné l’Église, comme il a d’ailleurs tenu à en faire la promesse dans l’homélie de la messe inaugurale de son pontificat : « sans jamais céder à la tentation d’être un meneur solitaire ou un chef placé au-dessus des autres, se faisant maître des personnes qui lui sont confiées ».

    *

    Une autre « terra incognita » où l’on attend le Pape Léon concerne précisément celui d’un gouvernement de l’Église non plus monarchique à outrance mais collégial, synodal, conciliaire.

    Là encore, le Pape François a agi de façon contradictoire, avec un torrent de paroles et un synode non-concluant et inachevé pour soutenir la « synodalité », mais dans les faits avec un exercice ultra-solitaire du pouvoir de gouvernement.

    En particulier, dans les réunions de pré-conclave, on avait exhorté de toutes parts le futur pape à restituer aux cardinaux le rôle de conseil collégial du successeur de Pierre qui est le leur et que le Pape François avait complètement supprimé en ne convoquant plus aucun consistoire à proprement parler à partir de celui de février 2014 qui lui avait déplu, sur la question controversée de la communion aux divorcés remariés.

    Mais c’est surtout sur l’avenir du synode des évêques que le pape Léon est attendu au tournant.

    Lors les réunions de pré-conclave, plusieurs critiques ont été soulevées concernant le processus de transformation du synode mis en œuvre par le Pape François. C’est surtout l’intervention argumentée – et publiée par lui en italien et en anglais — du cardinal chinois Joseph Zen Zekiun, 93 ans, selon lequel le changement de nature imprimé au synode des évêques « risque de se rapprocher de la pratique anglicane », et qu’il reviendrait donc au futur pape « de permettre à ce processus synodal de se poursuivre ou bien de décider d’y mettre un terme », parce qu’« il s’agit d’une question de vie ou de mort de l’Église fondée par Jésus ».

    Et l’équipe dirigeante du synode a déjà commencé à mettre la pression sur Léon XIV en réalisant, pendant les derniers jours de vie de François, un agenda détaillé de la poursuite du synode, étape par étape, jusqu’à octobre 2028 et à une « assemblée ecclésiale » conclusive sans plus de précision.

    Cet agenda a été publié le 15 mars avec une lettre adressée à tous les évêques, signée par le cardinal Mario Grech, le secrétaire général du synode, présentée comme « approuvée par le Pape François » qui, à cette période, était hospitalisé dans un état très grave à la Polyclinique Gemelli.

    Et quatre jours après l’élection de Robert F. Prevost, une seconde lettre, cette fois signée également par les deux sous-secrétaires du synode, sœur Nathalie Becquart et l’augustinien Luis Marín de San Martín, a été adressée au nouveau pape avec l’intention non dissimulée de l’inciter à poursuivre le chemin entrepris.

    Mais il n’est pas dit que le Pape Léon – qui a reçu en audience le cardinal Grech le 26 mars – sera lié par cet agenda prévu d’avance, avec l’aval de son prédécesseur, par le groupe dirigeant du synode inachevé sur la synodalité.

    Il est au contraire possible qu’il décide de conclure de synode dans des délais plus brefs, en optant pour une forme de synodalité plus conforme à celle que Paul VI avait établie au lendemain du Concile Vatican II et qui soit cohérente avec la structure hiérarchique de l’Église.

    Ceci afin de permettre de revenir à la dynamique naturelle des synodes, qui est celle d’aborder et de résoudre à chaque fois une question spécifique, choisie pour sa pertinence sur la vie de l’Église.

    Le 14 et le 15 mais, l’Université pontificale grégorienne a hébergé une importante conférence sur le thème : « Vers une théologie de l’espérance pour et par l’Ukraine », dans laquelle une demande de ce genre a été adressée à Léon XIV : celle de convoquer « un synode extraordinaire des évêques pour éclaircir les questions doctrinale ambiguës et ambivalentes de la guerre et de la paix ».

    C’est le cardinal Secrétaire d’État Pietro Parolin et l’archevêque majeur de l’Église grecque catholique d’Ukraine, Sviatoslav Chevchouk qui ont été chargé d’introduire la conférence. Mais c’est le principal conférencier, le professeur Myroslav Marynovych, qui préside l’Institut « Religion et société » de l’Université catholique ukrainienne de Lviv, qui a explicité la demande au pape Léon XIV d’organiser un synode qui fasse la clarté sur ce thème crucial.

    Depuis saint Augustin, la doctrine sociale de l’Église a toujours admis que l’on puisse mener une guerre « juste », à des conditions bien précises.

    Mais tout le monde se rend bien compte aujourd’hui que cette question est en proie à la confusion au nom d’un pacifisme généralisé et capitulard mais aussi à cause du Pape François et de ses invectives incessantes contre toutes les formes de guerre, qu’il rejetait en bloc et sans exception (malgré qu’il ait rarement admis du bout des lèvres le bien-fondé d’une guerre défensive).

    Le discours qu’il a adressé le 17 mai à la Fondation « Centesimus annus » a démontré que Léon XIV était très sensible à la nécessité d’une mise à jour constante de la doctrine sociale de l’Église : une doctrine sociale – a‑t-il déclaré – qui ne doit pas être imposée comme une vérité indiscutable mais élaborée avec un jugement critique et une recherche multidisciplinaire, en confrontant sereinement « des hypothèses, des opinions, avec des pas en avants et des insuccès », à travers lesquels on pourra parvenir à « une connaissance fiable, ordonnée et systématique, sur une question déterminée ».

    La guerre et la paix constituent une matière dramatiquement actuelle pour une confrontation de ce genre, dans l’Église d’aujourd’hui. Et qui sait si le Pape Léon n’y consacrera pas vraiment un synode.

    ———

    Sandro Magister est le vaticaniste émérite de l’hebdomadaire L’Espresso.
    Tous les articles de son blog Settimo Cielo sont disponibles sur diakonos.be en langue française.

    Ainsi que l’index complet de tous les articles français de www.chiesa, son blog précédent.

  • "Il y a une demande croissante de la Doctrine sociale de l'Église à laquelle nous devons répondre." (Léon XIV)

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    DISCOURS DU SAINT-PÈRE LEON XIV
    AUX MEMBRES DE LA FONDATION CENTESIMUS ANNUS PRO PONTIFICE

    Samedi 17 mai 2025

    Bonjour à tous ! Bonjour à tous !

    Chers frères et sœurs, soyez les bienvenus !

    Je remercie le Président et les membres de la Fondation Centesimus Annus Pro Pontifice et je salue tous ceux d'entre vous qui participent à la Conférence internationale et à l'Assemblée générale annuelles.

    Le thème de votre conférence de cette année - « Surmonter les polarisations et reconstruire la gouvernance mondiale : les fondements éthiques » - touche au cœur de la signification et du rôle de la doctrine sociale de l'Église, un instrument de paix et de dialogue pour construire des ponts de fraternité universelle. En ce temps de Pâques, reconnaissons que le Seigneur ressuscité nous précède même là où l'injustice et la mort semblent avoir gagné. Aidons-nous les uns les autres, comme je l'ai demandé le soir de mon élection, « à construire des ponts, par le dialogue, par la rencontre, nous unissant tous pour être un seul peuple toujours en paix ». Cela ne s'improvise pas : c'est un entrelacement dynamique et continu de grâce et de liberté qui, aujourd'hui encore, alors que nous nous rencontrons, se renforce.

    Déjà le pape Léon XIII - qui a vécu une période historique de transformations radicales et perturbatrices - avait cherché à contribuer à la paix en stimulant le dialogue social entre le capital et le travail, entre les technologies et l'intelligence humaine, entre les différentes cultures politiques et entre les nations. Le pape François a utilisé le terme de « polycrise » pour évoquer la nature dramatique de la conjoncture historique que nous vivons, dans laquelle convergent les guerres, le changement climatique, les inégalités croissantes, les migrations forcées et contrariées, la pauvreté stigmatisée, les innovations technologiques perturbatrices et la précarité du travail et des droits [1]. Sur des questions aussi importantes, la Doctrine sociale de l'Église est appelée à fournir des clés d'interprétation qui mettent en dialogue la science et la conscience, apportant ainsi une contribution fondamentale à la connaissance, à l'espérance et à la paix.

    La Doctrine sociale, en effet, nous éduque à reconnaître que plus que les problèmes ou leurs réponses, c'est la manière dont nous les abordons qui est importante, avec des critères d'évaluation et des principes éthiques, et avec l'ouverture à la grâce de Dieu.

    Vous avez l'occasion de montrer que la Doctrine sociale de l'Église, avec sa propre vision anthropologique, entend promouvoir un véritable accès aux questions sociales : elle ne veut pas brandir l'étendard de la possession de la vérité, que ce soit dans l'analyse des problèmes ou dans leur résolution. Face à ces questions, il est plus important de savoir comment les aborder que de donner une réponse hâtive sur le pourquoi d'un événement ou sur la manière de le surmonter. Il s'agit d'apprendre à faire face aux problèmes, qui sont toujours différents, car chaque génération est nouvelle, avec de nouveaux défis, de nouveaux rêves, de nouvelles questions.

    Il s'agit là d'un aspect fondamental de la construction d'une « culture de la rencontre » à travers le dialogue et l'amitié sociale. Pour la sensibilité de beaucoup de nos contemporains, le mot « dialogue » et le mot « doctrine » sont opposés, incompatibles. Peut-être que lorsque nous entendons le mot « doctrine », la définition classique nous vient à l'esprit : un ensemble d'idées appartenant à une religion. Et avec cette définition, nous nous sentons peu libres de réfléchir, de questionner ou de chercher de nouvelles alternatives.

    Il devient donc urgent de montrer, à travers la Doctrine sociale de l'Église, qu'il existe un autre sens, prometteur, de l'expression « doctrine », sans lequel le dialogue devient lui aussi vide. Ses synonymes peuvent être « science », « discipline » ou « connaissance ». Ainsi comprise, toute doctrine est reconnue comme le résultat d'une recherche et donc d'hypothèses, de rumeurs, d'avancées et d'échecs, par lesquels elle cherche à transmettre une connaissance fiable, ordonnée et systématique sur une question donnée. Ainsi, une doctrine n'est pas une opinion, mais un cheminement commun, choral et même pluridisciplinaire vers la vérité.

    L'endoctrinement est immoral, il empêche le jugement critique, il porte atteinte à la liberté sacrée de respecter sa conscience - même si elle est erronée - et il est fermé à la pensée nouvelle parce qu'il refuse le mouvement, le changement ou l'évolution des idées face à de nouveaux problèmes. Au contraire, la doctrine en tant que réflexion sérieuse, sereine et rigoureuse a pour but de nous apprendre, avant tout, à savoir comment aborder les situations et, avant cela, les personnes. En outre, elle nous aide à formuler un jugement prudentiel. C'est le sérieux, la rigueur et la sérénité que nous devons apprendre de toute doctrine, y compris de la Doctrine sociale.

    Dans le contexte de la révolution numérique en cours, le mandat d'éduquer au sens critique doit être redécouvert, explicité et cultivé, en contrant les tentations opposées, qui peuvent également traverser le corps ecclésial. Il y a peu de dialogue autour de nous, et ce sont les mots criés qui prévalent, souvent des fake news et les thèses irrationnelles de quelques tyrans. L'approfondissement et l'étude sont donc fondamentaux, tout comme la rencontre et l'écoute des pauvres, trésors de l'Église et de l'humanité, porteurs de points de vue rejetés, mais indispensables pour voir le monde avec les yeux de Dieu. Ceux qui naissent et grandissent loin des centres de pouvoir ne doivent pas seulement être instruits de la Doctrine sociale de l'Église, mais reconnus comme ses continuateurs et ses actualisateurs : les témoins de l'engagement social, les mouvements populaires et les diverses organisations catholiques de travailleurs sont l'expression des périphéries existentielles où l'espérance résiste et germe toujours. Je vous exhorte à donner la parole aux pauvres.

    Chers amis, comme l'affirme le Concile Vatican II, « l'Église a le devoir permanent de scruter les signes des temps et de les interpréter à la lumière de l'Évangile, afin de répondre, d'une manière adaptée à chaque génération, aux interrogations permanentes des hommes sur le sens de la vie présente et future et sur leurs rapports mutuels » (Constitution pastorale Gaudium et spes, n. 4).

    Je vous invite donc à participer de manière active et créative à cet exercice de discernement, en aidant à développer la Doctrine sociale de l'Église avec le Peuple de Dieu, en cette période historique de grands bouleversements sociaux, en écoutant et en dialoguant avec tous. Il existe aujourd'hui un besoin généralisé de justice, une demande de paternité et de maternité, un profond désir de spiritualité, en particulier de la part des jeunes et des marginaux, qui ne trouvent pas toujours de canaux efficaces pour s'exprimer. Il y a une demande croissante de la Doctrine sociale de l'Église à laquelle nous devons répondre.

    Je vous remercie de votre engagement et de vos prières pour mon ministère, et je vous bénis de tout cœur, vous, vos familles et votre travail. Je vous remercie !

     

    [1] Message aux participants à l'Assemblée générale de l'Académie pontificale pour la vie, 3 mars 2025.

  • Une évaluation des décisions les plus controversées du pape François

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    D'Elise Ann Allen sur The Catholic Herald :

    Évaluation des décisions les plus controversées du pape François

    23 avril 2025

    Le pape François fut une figure mondialement appréciée et respectée durant ses douze années à la tête de l'Église catholique. Mais il a également suscité de nombreuses controverses durant son pontificat, dont une grande partie…grâce aux réseaux sociaux, jouée visiblement en temps réel.

    Après une première « phase de lune de miel » après l'élection de François, dont il avait lui-même prédit qu'elle ne durerait pas longtemps, les critiques ont commencé à affluer – atteignant parfois une cascade – lorsqu'il a commencé à prendre des décisions sérieuses, et il est devenu clair que son pontificat marquerait un changement par rapport au ton plus conservateur de ses deux prédécesseurs immédiats.

    Alors que l’Église et le monde réfléchissent à l’héritage et à l’impact de son pontificat, voici un aperçu de ce qui est sans doute les décisions les plus controversées qu’il a prises.

    Plaidoyer politique

    La décision claire de François de s’impliquer dans ce qui est traditionnellement considéré comme des débats politiques, de l’économie à la politique migratoire – et, bien sûr, le camp qu’il a choisi – a été une source de débat presque dès le début.

    Au début, ce débat s'est concentré sur son plaidoyer en faveur des pauvres et sa critique systématique du système capitaliste et de l'économie de ruissellement, ce qui lui a valu une réputation de marxiste auprès de certains. Sa critique de l'économie de marché a également suscité des réactions négatives, notamment de la part des catholiques américains de droite ; en 2013, une personnalité conservatrice de la radio américaine a notamment accusé François d'adopter un « marxisme pur ».

    Ces allégations ont été encore renforcées lorsque François a reçu un crucifix en forme de marteau et de faucille, le symbole communiste traditionnel, du président bolivien Evo Morales lors d'une visite en Amérique du Sud en 2015 ; quelques mois plus tard, il a rencontré Fidel Castro lors d'une brève escale à Cuba en septembre de la même année.

    Pourtant, François a constamment nié ces accusations, affirmant qu’il ne faisait que promouvoir les valeurs de l’Évangile et la doctrine sociale de l’Église catholique.

    Ses opinions sur l’immigration, le changement climatique et l’environnement ont été parmi les plus controversées de son pontificat.

    Lorsque le pape a publié son encyclique sur l'environnement  Laudato Si  en 2015, elle a immédiatement été accueillie par une vague de réactions négatives de la part des critiques qui soutenaient que le changement climatique était un mythe et n'était pas quelque chose causé par l'humanité, comme le pape l'avait soutenu, alors qu'il s'agissait d'un problème sur lequel l'Église n'avait de toute façon pas le droit de s'engager.

    Les critiques du pape ont riposté à la science du document, le qualifiant de faux, et ont de nouveau contesté sa critique du système de marché mondial.

    Les appels répétés du pape François en faveur d'une politique de porte ouverte pour les migrants et les réfugiés en Europe et au-delà ont également rencontré une résistance, non seulement de la part des citoyens qui considéraient l'afflux important de migrants comme un problème, mais aussi de la part des politiciens populistes de droite qui ont un point de vue très différent sur la question.

    Au fil des ans, le pape François s'est heurté à plusieurs hommes politiques sur cette question, notamment l'homme politique italien Matteo Salvini, ancien ministre italien de l'Intérieur, le Premier ministre hongrois Viktor Orban et, plus récemment, le président américain Donald Trump au sujet de ses projets d'expulsion massive.

    Amoris Laetitia

    Le contrecoup est encore plus grand après son exhortation post-synodale de 2016,  Amoris Laetitia , ou la « Joie de l’amour », qui s’appuyait sur les conclusions du Synode des évêques de 2014-2015 sur la famille.

    Le tollé ne concernait pas tant le document lui-même, mais plutôt la note de bas de page 351 du chapitre huit, dans laquelle le pape ouvrait une porte prudente pour que les couples divorcés et remariés puissent recevoir la communion au cas par cas.

    La note de bas de page se trouve au paragraphe 305 du document, dans une section sur les familles blessées et les familles vivant dans des situations irrégulières, qui dit qu'« un pasteur ne peut pas penser qu'il suffit simplement d'appliquer des lois morales à ceux qui vivent dans des situations « irrégulières », comme s'il s'agissait de pierres à jeter sur la vie des gens ».

    En raison de facteurs atténuants, le pape a déclaré qu'il est possible que des personnes vivant dans « un état objectif de péché » puissent néanmoins vivre dans la grâce de Dieu et grandir dans cette grâce avec l'aide de l'Église.

    À ce stade, le pape a inclus la désormais tristement célèbre note de bas de page 351, dans laquelle il a déclaré, en termes d’aide de l’Église : « Dans certains cas, cela peut inclure l’aide des sacrements. »

    François a ensuite rappelé dans la note de bas de page aux prêtres que « le confessionnal ne doit pas être une chambre de torture, mais plutôt une rencontre avec la miséricorde du Seigneur… Je voudrais également souligner que l'Eucharistie n'est pas une récompense pour les parfaits, mais un puissant médicament et une nourriture pour les faibles. »

    L’accès à la communion pour les couples divorcés et remariés a été l’une des questions les plus controversées lors des synodes des évêques sur la famille, beaucoup affirmant que l’autoriser violerait l’enseignement officiel de l’Église et impliquerait un changement dans la vision catholique du mariage.

    La position du pape François était cependant que tous les couples ne sont pas identiques et qu'aucune situation n'est noire ou blanche, donc l'enseignement de l'Église devrait permettre aux pasteurs d'être proches de ces couples et de procéder à un discernement approprié avec eux pour savoir si et quand l'accès à la communion pourrait être accordé.

    Dans le sillage d'  Amoris Laetitia , de nombreuses conférences épiscopales nationales ont publié des directives pour son application, qui incluaient l'octroi de la communion aux divorcés remariés au cas par cas, ce qui a provoqué une réaction encore plus forte contre le pape François pour avoir ouvert la porte.

    Le débat fut si intense que quatre cardinaux conservateurs de premier plan, dont le cardinal américain Raymond Burke, ont adressé cinq  dubia , ou doutes, au pape François sur la validité de la note de bas de page 351 au vu de l'enseignement de l'Église ; cependant, sans recevoir de réponse, ils ont publié les  dubia  dans les médias catholiques conservateurs, provoquant un nouveau tollé et devenant un point de référence dans le débat pendant plusieurs années.

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  • Le regard prophétique de François sur le réarmement et le parapluie nucléaire

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    D'Andrea Tornielli, directeur éditorial des médias du Saint-Siège, sur Vatican News :

    Réarmement et parapluie nucléaire, le regard prophétique de François

    «Comment pouvons-nous proposer la paix si nous utilisons l’intimidation de la guerre nucléaire comme recours légitime pour résoudre les conflits?»

    Les vents de la guerre, le réarmement avec des investissements énormes, les propositions de relance des armes atomiques... La façon dont la course aux armements est présentée en Europe et dans le monde, marque vraiment les esprits, comme s'il s'agissait d'une perspective inexorablement nécessaire. Après des années de diplomatie silencieuse et d'absence de capacité de négociation, il semble que la seule voie viable soit celle du réarmement. Des pères fondateurs comme Alcide De Gasperi, qui soutenaient la création d'une armée européenne commune, sont remis en question pour justifier des initiatives très différentes, qui ne considèrent pas l'Union européenne comme le protagoniste, mais plutôt comme des États individuels. On en revient au discours du «parapluie nucléaire» et de la «dissuasion», ce qui ravive les pires scénarios de la guerre froide, mais dans un climat d'instabilité et d'incertitude plus grand qu'au siècle dernier, avec l'abîme d'une troisième guerre mondiale qui se profile de plus en plus à l'horizon.

    Ces dernières années, avec une lucidité prophétique, le Pape François a vu le danger approcher. Ses paroles sont éclairantes pour comprendre ces moments que nous vivons. Donnons-lui la parole, lui qui, hospitalisé à l'hôpital Gemelli, offre ses souffrances et ses prières pour la paix dans le monde. «C'est un fait, avait déclaré le Souverain pontife en novembre 2017, que la spirale de la course aux armements ne connaît pas de repos et que les coûts de modernisation et de développement des armes, pas seulement nucléaires, représentent des dépenses considérables pour les nations, au point de devoir mettre au second plan les vraies priorités de l'humanité souffrante: la lutte contre la pauvreté, la promotion de la paix, la réalisation de projets éducatifs, écologiques et sanitaires et le développement des droits humains... Les armements qui ont pour effet la destruction du genre humain sont même illogiques sur le plan militaire...».

    En novembre 2019, depuis Nagasaki, ville martyre de la bombe atomique, l'évêque de Rome avait déclaré: «L’une des plus profondes aspirations du cœur humain, c’est le désir de paix et de stabilité. La possession des armes nucléaires et d’autres armes de destruction massive n’est pas la réponse la plus appropriée à ce désir. Bien au contraire, elle semble le mettre continuellement à l’épreuve. Notre monde vit la perverse dichotomie de vouloir défendre et garantir la stabilité et la paix sur la base d’une fausse sécurité soutenue par une mentalité de crainte et de méfiance qui finit par envenimer les relations entre les peuples et empêcher tout dialogue possible.» Et d'ajouter: «La paix et la stabilité internationales sont incompatibles avec toute tentative de compter sur la peur de la destruction réciproque ou sur une menace d’anéantissement total; elles ne sont possibles qu’à partir d’une éthique globale de solidarité et de coopération au service d’un avenir façonné par l’interdépendance et la coresponsabilité au sein de toute la famille humaine d’aujourd’hui et de demain

    08/03/2025

    Toujours en novembre 2019, depuis Hiroshima, François a rappelé, en faisant siennes les paroles du Pape Paul VI, que la paix véritable ne peut être que désarmée: «De fait, si nous cherchons réellement à construire une société plus juste et sûre, nous devons laisser tomber de nos mains les armes: "On ne peut pas aimer avec des armes offensives en main” (saint Paul VI, Discours aux Nations unies, 4 octobre 1965, 5). Quand nous nous livrons à la logique des armes et nous éloignons de la pratique du dialogue, nous oublions tragiquement que les armes, avant même de faire des victimes et des ruines, peuvent provoquer des cauchemars, "exigent d’énormes dépenses, arrêtent les projets de solidarité et d’utile travail, elles faussent la psychologie des peuples" (ibid., 5) Comment pouvons-nous proposer la paix si nous utilisons l’intimidation de la guerre nucléaire comme recours légitime pour résoudre les conflits? Puisse cet abîme de souffrance rappeler les limites à ne jamais dépasser! La véritable paix ne peut être qu’une paix désarmée.»

    Celle du Successeur de Pierre, a-t-il poursuivi, est «la voix de ceux dont la voix n’est pas entendue et qui voient avec inquiétude et angoisse les tensions croissantes qui traversent notre époque, les inégalités et les injustices inacceptables qui menacent la coexistence humaine, la grave incapacité de prendre soin de notre maison commune, le recours constant et spasmodique aux armes, comme si celles-ci pouvaient garantir un avenir de paix.» Il a ensuite condamné non seulement l'utilisation, mais aussi la possession d'armes nucléaires qui remplissent encore les arsenaux du monde avec une puissance, qu'elles sont capables de détruire l'humanité des dizaines de fois: «Je désire redire avec conviction que l’utilisation de l’énergie atomique à des fins militaires est aujourd’hui plus que jamais un crime, non seulement contre l’homme et sa dignité, mais aussi contre toute possibilité d’avenir dans notre maison commune. L’utilisation de l’énergie atomique à des fins militaires est immorale de même que la possession des armes atomiques, comme je l’avais déjà dit il y a deux ans. Nous aurons à en répondre

    06/03/2025

    Selon la Fédération des scientifiques américains, citée par le journal italien Domani, il existe en Europe 290 ogives nucléaires sous contrôle français et 225 ogives en Grande-Bretagne. La quasi-totalité des ogives atomiques - 88% - se trouve dans les arsenaux des États-Unis et de la Russie, soit plus de 5.000 ogives chacun. Au total, 9 pays possèdent des bombes nucléaires, en plus de ceux déjà cités, il y a la Chine, l'Inde, la Corée du Nord, le Pakistan et Israël. Il existe aujourd'hui des missiles balistiques capables de libérer une puissance destructrice mille fois supérieure à celle des bombes larguées sur Hiroshima et Nagasaki en 1945. Il y a lieu de se poser quelques questions: avons-nous vraiment besoin d'encore plus d'armes? Est-ce vraiment le seul moyen de nous défendre?

    «L'Église catholique, avait déclaré le Pape François à Nagasaki il y a six ans, est irrévocablement engagée dans la décision de promouvoir la paix entre les peuples et les nations: c'est un devoir pour lequel elle se sent redevable devant Dieu et devant tous les hommes et toutes les femmes de cette terre... Convaincu qu'un monde sans armes nucléaires est possible et nécessaire, je demande aux dirigeants politiques de ne pas oublier que celles-ci ne nous défendent pas contre les menaces qui pèsent sur la sécurité nationale et internationale de notre époque».

  • Pourquoi ce mur autour du Vatican ?

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    De Paul Vaute, historien et collaborateur de Belgicatho, cet examen critique des prises de position récentes du Pape sur l'immigration et la multiculturalité.

       A l'assourdissant Trump bashing auquel se livre sans nuances l'essentiel de l'establishment politique et médiatique dans nos pays, le pape François se devait d'apporter sa contribution. Après quelques piques lancées çà et là, il a dégainé de manière plus officielle, le 10 février dernier, par une lettre adressée à l'épiscopat des Etats-Unis et rendue immédiatement publique.

       Il y dénonce le lancement sous la nouvelle administration "d'un programme de déportations de masse", "qui identifie de façon tacite ou explicite le statut illégal de certains migrants avec la criminalité" et qui "porte atteinte à la dignité de nombreux hommes et femmes, et de familles tout entières". L'évêque de Rome admet cependant "le développement d'une politique qui réglemente une migration ordonnée et légale", mais on ne voit pas dans l'ensemble du texte où il serait licite de mettre la moindre limite à l'accueil, si ce n'est à l'encontre de "ceux qui ont commis des crimes violents ou graves". Relevons encore que pour le Souverain Pontife, "l'amour chrétien n'est pas une expansion concentrique d'intérêts qui s'étendent peu à peu à d'autres personnes et d’autres groupes" [1].

       Cette dernière phrase est un coup de crosse au vice-président – catholique –   James David Vance. Celui-ci, en effet, a soutenu récemment le point de vue, à vrai dire classique, qui veut que l'amour du prochain "proche" – notre famille, notre communauté – s'impose naturellement à nous, avant celui de nos autres concitoyens, de nos compatriotes et, au-delà, de l'humanité. Propos que d'aucuns ont étrangement interprété comme "niant une dignité à l'étranger, à l'immigré, au sans-papiers" [2]. Etablir une hiérarchie de priorités ne revient évidemment pas à exclure de toute considération ce qui n'est pas cité en premier lieu. Quand Jean-Paul II a intégré à l'enseignement social de l'Eglise "l'option préférentielle pour les pauvres", nul n'en a déduit qu'il fallait désormais "nier toute dignité" à ceux qui ne figurent pas parmi les démunis.

       Principal conseiller de Donald Trump sur la question migratoire – et lui aussi catholique – Tom Homan a répondu à François sur un mode ironique: "Il veut nous attaquer parce que nous assurons la sécurité de nos frontières ? Il a un mur autour du Vatican, n'est-ce pas ?" [3]. L'argument est imparable. L'Etat de la Cité du Vatican a même renforcé discrètement, en décembre 2024, les contrôles pour empêcher les intrusions d'illégaux sur son territoire. Selon Jean-Baptiste Noé, rédacteur en chef de la revue de géopolitique Conflits, il en résulte que "le Vatican a la politique migratoire la plus répressive d’Europe" [4]! Mais on peut, on doit aller plus loin dans l'objection.

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  • Migrations : la lettre du pape aux évêques des USA et le commentaire de Riccardo Cascioli

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    LETTRE DU SAINT-PÈRE FRANCOIS AUX ÉVÊQUES DES ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE (source)

    Chers frères dans l'épiscopat,

    Je vous écris aujourd'hui pour vous adresser quelques mots en ces moments délicats que vous vivez en tant que Pasteurs du Peuple de Dieu qui marche ensemble aux États-Unis d'Amérique.

    1. Le chemin de l'esclavage à la liberté parcouru par le peuple d'Israël, tel qu'il est raconté dans le Livre de l'Exode, nous invite à considérer la réalité de notre temps, si clairement marquée par le phénomène des migrations, comme un moment décisif de l'histoire pour réaffirmer non seulement notre foi en un Dieu toujours proche, incarné, migrant et réfugié, mais aussi la dignité infinie et transcendante de toute personne humaine. [1]

    2. Les mots par lesquels je commence ne sont pas une construction artificielle. Même un examen superficiel de la doctrine sociale de l'Église montre avec insistance que Jésus-Christ est le véritable Emmanuel (cf. Mt 1, 23) ; il n'a pas vécu en dehors de l'expérience difficile d'être expulsé de sa propre terre en raison d'un risque imminent pour sa vie, et de l'expérience de devoir se réfugier dans une société et une culture étrangères à la sienne. Le Fils de Dieu, en devenant homme, a également choisi de vivre le drame de l'immigration. J'aime rappeler, entre autres, les mots par lesquels le pape Pie XII a commencé sa Constitution apostolique sur le soin des migrants, considérée comme la « Magna Carta » de la pensée de l'Église sur la migration :

    « La famille de Nazareth en exil, Jésus, Marie et Joseph, émigrés en Égypte et réfugiés là pour échapper à la colère d'un roi impie, est le modèle, l'exemple et la consolation des émigrants et des pèlerins de tous les temps et de tous les pays, de tous les réfugiés de toutes conditions qui, assaillis par la persécution ou la nécessité, sont obligés de quitter leur patrie, leur famille bien-aimée et leurs amis chers pour l'étranger. » [2]

    3. De même, Jésus-Christ, aimant tout le monde d'un amour universel, nous éduque à la reconnaissance permanente de la dignité de tout être humain, sans exception. En effet, lorsque nous parlons de « dignité infinie et transcendante », nous voulons souligner que la valeur la plus décisive que possède la personne humaine surpasse et soutient toute autre considération juridique qui peut être faite pour régler la vie en société. Ainsi, tous les fidèles chrétiens et les hommes de bonne volonté sont appelés à considérer la légitimité des normes et des politiques publiques à la lumière de la dignité de la personne et de ses droits fondamentaux, et non l'inverse.

    4. J'ai suivi de près la crise majeure qui se déroule aux Etats-Unis avec la mise en place d'un programme de déportations massives. La conscience bien formée ne peut manquer de porter un jugement critique et d'exprimer son désaccord avec toute mesure qui identifie tacitement ou explicitement le statut illégal de certains migrants à la criminalité. En même temps, il faut reconnaître le droit d'une nation à se défendre et à protéger les communautés contre ceux qui ont commis des crimes violents ou graves pendant qu'ils étaient dans le pays ou avant leur arrivée. Cela dit, le fait d'expulser des personnes qui, dans de nombreux cas, ont quitté leur pays pour des raisons de pauvreté extrême, d'insécurité, d'exploitation, de persécution ou de grave détérioration de l'environnement, porte atteinte à la dignité de nombreux hommes et femmes, et de familles entières, et les place dans un état de vulnérabilité particulière et sans défense.

    5. Il ne s'agit pas d'une question mineure : un authentique État de droit se vérifie précisément dans le traitement digne que méritent toutes les personnes, en particulier les plus pauvres et les plus marginalisées. Le véritable bien commun est promu lorsque la société et le gouvernement, avec créativité et dans le strict respect des droits de tous - comme je l'ai affirmé à maintes reprises - accueillent, protègent, promeuvent et intègrent les plus fragiles, les moins protégés et les plus vulnérables. Cela n'empêche pas le développement d'une politique qui réglemente l'immigration ordonnée et légale. Mais ce développement ne peut se faire par le privilège des uns et le sacrifice des autres. Ce qui est construit sur la base de la force, et non sur la vérité de l'égale dignité de chaque être humain, commence mal et finira mal.

    6. Les chrétiens savent bien que ce n'est qu'en affirmant la dignité infinie de tous que notre propre identité en tant que personnes et en tant que communautés atteint sa maturité. L'amour chrétien n'est pas une expansion concentrique d'intérêts qui s'étendent peu à peu à d'autres personnes et groupes. En d'autres termes : la personne humaine n'est pas un simple individu, relativement expansif, avec quelques sentiments philanthropiques ! La personne humaine est un sujet digne qui, à travers la relation constitutive avec tous, en particulier avec les plus pauvres, peut progressivement mûrir dans son identité et sa vocation. Le véritable ordo amoris à promouvoir est celui que nous découvrons en méditant constamment la parabole du « bon Samaritain » (cf. Lc 10, 25-37), c'est-à-dire en méditant l'amour qui construit une fraternité ouverte à tous, sans exception. [3]

    7. Mais se préoccuper de l'identité personnelle, communautaire ou nationale, en dehors de ces considérations, introduit facilement un critère idéologique qui fausse la vie sociale et impose la volonté du plus fort comme critère de vérité.

    8. Je reconnais vos efforts précieux, chers frères évêques des États-Unis, alors que vous travaillez en étroite collaboration avec les migrants et les réfugiés, en annonçant Jésus-Christ et en promouvant les droits humains fondamentaux. Dieu récompensera richement tout ce que vous faites pour la protection et la défense de ceux qui sont considérés comme moins précieux, moins importants ou moins humains !

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  • Face à Trump : euphoriques ou vigilants ?

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    D'Elisabeth Geffroy sur le site de la Nef :

    Face à Trump, euphorie … ou vigilance ?

    À quand dater la dernière fois que le résultat d’une élection nous a réjouis et nous a portés à croire que le cours de l’histoire allait peut-être cesser sa fuite en avant pour s’engager dans une direction plus souhaitable ? Certaines promesses de Trump, le choix de son colistier, l’étonnant J. D. Vance, la joie de bien des gens ordinaires qui se sentent représentés par lui, la déconfiture des démocrates et du camp woke, certains executive orders qu’il a signés sitôt investi, le retour à un certain bon sens, sont autant de raisons de saluer son arrivée au pouvoir. Une part de nous pourrait communier dans l’enthousiasme qui gagne la droite américaine et une frange importante des catholiques américains (qui ont voté pour lui à 56 %).

    Une autre vision de l’homme et de la morale

    Mais, une fois pris acte de ces heureux points de convergence, il nous est difficile de ne pas souligner ce qui nous éloigne de Trump, qui rend ces convergences elles-mêmes au fond assez friables et fragiles, l’éléphant au milieu de la pièce : il semble que nous ne partagions pas la même vision de l’homme et de la morale. Or tout homme politique qui ne reconnaît pas un ordre supérieur à son propre pouvoir, qui n’encadre pas l’exercice de sa puissance par la soumission à la loi naturelle, est tendanciellement guetté par un usage arbitraire ou mauvais de ce pouvoir – et éveille, à ce titre, davantage notre vigilance que notre euphorie. Il n’y a qu’à voir la façon inquiétante dont son ami Elon Musk souhaite intégrer comme composante du rêve américain l’aspiration à dépasser les limites de notre humaine condition et de notre monde habitable (transhumanisme, colonisation de Mars…). Nous répugnons d’ordinaire à endosser le rôle du rabat-joie briseur de fête, du porc-épic mauvais coucheur, mais il nous apparaît important de confronter cet allié de circonstance à nos propres idéaux politiques, de façon à ne pas oublier nos exigences fondamentales.

    lire la suite sur le site de La Nef

  • Comment les évêques américains réagissent aux décrets de Trump sur l'immigration

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    De Jonah McKeown sur CNA :

    Voici comment les évêques américains ont réagi aux décrets de Trump sur l'immigration

    30 janvier 2025

    Depuis la semaine dernière, les évêques catholiques de tout le pays ont répondu publiquement aux récents décrets du président Donald Trump sur l'immigration, nombre d'entre eux appelant à une approche plus globale et plus humaine de la politique d'immigration qui respecte la dignité des migrants et des réfugiés. 

    Les agents de l'Immigration and Customs Enforcement (ICE), nouvellement habilités à procéder à des arrestations dans des lieux tels que des églises et des écoles sans avoir besoin de demander l'approbation d'un supérieur, auraient déjà commencé à intensifier les arrestations dans certaines grandes villes après que Trump a promis « la plus grande opération d'expulsion de l'histoire américaine » se concentrant principalement sur « les criminels les plus dangereux ». 

    Les autres ordres du premier jour de Trump, faisant suite à de nombreuses promesses de campagne, comprenaient la déclaration d'un état d'urgence national à la frontière sud des États-Unis avec le Mexique, le rétablissement de la politique controversée de « rester au Mexique » à la frontière de son mandat précédent, et la désignation des cartels de la drogue comme « organisations terroristes étrangères ».

    Un autre décret signé par Trump a lancé un processus visant à mettre fin au droit de naissance pour les personnes nées sur le territoire américain, quel que soit le statut juridique de leurs parents, bien qu'un juge ait déjà bloqué ce décret dans le cadre d'un important défi juridique mené par une coalition d'États. 

    L’Église catholique enseigne que les pays, en particulier les plus riches, doivent essayer d’accueillir les migrants « dans la mesure où ils le peuvent », mais que les nations ont également le droit de réglementer la migration.

    Les plans d'immigration de Trump, dont beaucoup sont en voie de concrétiser, ont attiré les critiques des dirigeants catholiques au niveau national. Le président de la conférence des évêques américains, l'archevêque Timothy Broglio, a déclaré le 22 janvier que « certaines dispositions » des décrets d'immigration sont « profondément troublantes et auront des conséquences négatives, dont beaucoup porteront préjudice aux plus vulnérables d'entre nous ». 

    Le 23 janvier, l'évêque Mark Seitz d'El Paso, au Texas, président du comité épiscopal américain sur les migrations, a dénoncé « les généralisations hâtives visant à dénigrer un groupe, comme celle consistant à décrire tous les immigrants sans papiers comme des « criminels » ou des « envahisseurs » pour les priver de la protection de la loi ». Ce faisant, a-t-il écrit, « c'est un affront à Dieu, qui a créé chacun de nous à son image ».

    De nombreuses déclarations d’évêques ont été adressées directement aux immigrants, cherchant à leur offrir des mots d’encouragement et de soutien et à les assurer que l’Église les accueille avec plaisir.

    Les évêques catholiques du Michigan ont exprimé dans une récente déclaration leur inquiétude face aux « déportations massives et à la rhétorique néfaste qui rabaisse de manière générale nos frères et sœurs immigrés ». Ils ont promis « un soutien et un respect indéfectibles pour la dignité humaine de tous les migrants » et ont exhorté les élus à soutenir les politiques qui assurent la sécurité et l’unité des familles immigrées. 

    Les évêques du Michigan ont toutefois précisé que l’enseignement catholique sur l’immigration rejette l’idée de « frontières complètement ouvertes » en faveur d’une approche équilibrée qui donne la priorité à la sécurité des frontières et à un accueil empreint de compassion. Ils ont appelé à un « système d’immigration humain qui accueille les réfugiés et les immigrants en leur offrant un chemin équitable vers la citoyenneté ».

    Les évêques du Maryland ont publié une déclaration commune le 27 janvier pour exprimer leur solidarité avec les immigrants et renouveler leur engagement à défendre des politiques qui protègent les droits et défendent leur dignité. Citant le pape François, ils ont appelé à voir dans chaque migrant « non pas un problème à résoudre mais des frères et sœurs à accueillir, à respecter et à aimer ».

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  • Le Vatican félicite Donald Trump et lui souhaite “beaucoup de sagesse”

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    Lu dans « Aleteia » I.Media (publié le 7.11.24)

                   "Nous félicitons le nouveau président des États-Unis Donald Trump et nous lui souhaitons beaucoup de sagesse" ainsi que de "dépasser les polarisations", a confié le secrétaire d’État du Vatican, Pietro Parolin, en marge d’un événement à Rome, rapporte notamment l’agence italienne Ansa, le 7 novembre 2024. Le pape François n’a pas exprimé de réaction à la victoire du candidat républicain qu’il avait reçu au Vatican en 2017.

    Le cardinal Pietro Parolin, ‘numéro 2’ du Saint-Siège, a réagi à la victoire de Donald Trump, en marge d’un événement organisé à l’université Grégorienne de Rome sur l'intelligence artificielle : "Je crois qu’il doit surtout travailler à être le président de tout le pays, et donc dépasser la polarisation", a-t-il confié, alors que la campagne présidentielle américaine a manifesté de grandes tensions au sein de la société américaine. "Nous espérons qu’il pourra vraiment être un élément de détente et de pacification dans les conflits actuels qui ensanglantent le monde", a-t-il poursuivi.

    Lire la suite sur aleteia.org

  • Non pas modernistes mais lumière du monde, la vocation des chrétiens

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    De la NBQ :

    Non pas modernistes mais lumière du monde, la vocation des chrétiens

    En tant que chrétiens, nous sommes appelés à gravir la pente de la foi dans une société qui nie Dieu et propose une anthropologie totalitaire. Et le renouveau du modernisme dans l’Église doit recevoir une réponse par l’évangélisation. Nous publions une conférence de Mgr. Negri lors d'une conférence en sa mémoire, centrée sur la Doctrine Sociale de l'Eglise.

    26_10_2024

    Aujourd'hui, samedi 26 octobre, se déroule à Milan, dans la crypte de l'Aula Magna de l'Université catholique, la conférence « Une manière de construire le bien commun. La doctrine sociale de l'Église à la lumière de la contribution de Mgr. Luigi Negri ».

    Parmi les participants figurent le cardinal Willem Jacobus Eijk, archevêque métropolitain d'Utrecht et primat de Hollande, et Sante Maletta, professeur de philosophie politique à l'Université de Bergame ; présente Giulio Luporini, président de l'association culturelle Tu Fortitudo Mea. Conformément à ce thème, nous publions de longs extraits de la conférence sur les principes non négociables tenue par Mgr Luigi Negri (1941-2021), à Turin, le 14 octobre 2017.

    ***

    Il y a une pente à remonter. Nous devons remonter cette pente en raison de la destruction d'une grande tradition religieuse et culturelle qui fait la fierté de notre civilisation chrétienne et européenne. La fierté d'une conception de la foi qui est l'affirmation de la présence d'une vie nouvelle. La foi est une vie nouvelle que le Seigneur Jésus-Christ, qui en a fait l’expérience directe et en plénitude, donne à tous ceux qui croient en Lui. La foi n’est pas une série de formulations idéologiques.

    Le Concile Vatican II , lorsqu'il réfléchit sur l'existence d'une société sans Dieu, dans  Gaudium et spes , dit que dans une société sans Dieu, l'homme devient inévitablement « particule de matière ou citoyen anonyme de la cité humaine » : manipulation scientifique et technologique, manipulation socio-politique.

    Il faut donc se remettre sur les rails , c'est-à-dire remonter cette grande tradition dont nous sommes les enfants et qui nous influence encore positivement. Même si cette énorme pression antichrétienne dans laquelle nous vivons risque de nous faire sentir avant tout très lointain, inaccessible. Ou comme on dit maintenant, d'une manière terrible comme équivoque, mais très répandue dans le monde catholique, un grand idéal mais non applicable, non réalisable. Ce grand idéal qui n'est plus réalisable est, par exemple, le mariage chrétien, la famille chrétienne, le dévouement mutuel entre hommes et femmes ; il faudrait donc quelque chose de plus quotidien, de moins exigeant et qui serait formulé à partir d'observations psychologiques, affectives et sociologiques.

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  • "Finis Europae" : une épitaphe pour le Vieux Continent ?

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    De Stefano Fontana sur le site de l'Observatoire Van Thuan :

    Au chevet de l’Europe en agonie. Le 16ème rapport de l'Observatoire Van Thuân

    18 octobre 2024

    Pour pouvoir sauver l’Europe, nous devons commencer par reconnaître qu’elle se suicide. Pour trouver l’antidote qui sauvera des vies, vous devez connaître le virus qui l’a réduite à cet état. Le 16e Rapport de l'Observatoire Cardinal Van Thuan confie à une vingtaine de spécialistes, clercs et laïcs, l'analyse de cet état de décomposition afin de mettre en évidence, par contraste, les voies de guérison possibles.

    Au mois d'octobre, depuis seize ans maintenant, l'Observatoire Cardinal Van Thuân publie son Rapport sur la doctrine sociale de l'Église dans le monde. Chaque année, une quinzaine d'experts abordent de manière critique le "problème de l'année", c'est-à-dire le phénomène le plus socialement et politiquement pertinent qui mérite toute notre attention. Le point de vue de ces analyses monographiques est naturellement celui de la Doctrine Sociale de l'Église, de ses principes, critères et directives d'action. À notre époque, on n'entend pas beaucoup parler de la Doctrine Sociale de l'Église, un savoir ecclésial qui risque d'être oublié dans la précipitation de se lancer dans des choses à faire sans toutefois avoir derrière lui des critères non génériques. Pour cette raison, la publication annuelle des rapports de l’Observatoire peut être considérée comme unique et mérite attention et promotion.

    Le thème du rapport de cette année – comme mentionné ci-dessus : numéro 16 – est la situation dévastée dans laquelle se trouve l'Europe. Le titre ne laisse pas beaucoup de place à l'imagination : « Finis Europae. Une épitaphe pour le Vieux Continent ? . Dans les 267 pages du Rapport, publié par Cantagalli, seize éminents savants, parmi lesquels deux évêques, Mgr Crepaldi, évêque émérite de Trieste et Mgr Jedraszewski, archevêque métropolitain de Cracovie, procèdent à un diagnostic impitoyable des malades graves, pour certains même dans le phase terminale. L'analyse se concentre sur tous les principaux aspects de la vie européenne : la haine de la vie d'un continent qui tue systématiquement ses enfants et se condamne à l'extinction, l'immigration incontrôlée de ceux qui nous détestent, le processus de constitutionnalisation de l'avortement, le suicide assisté des L'Europe par le Forum de Davos, l'homologation idéologique au temps du Covid jusqu'à la dépendance du système de santé européen à l'égard de l'OMS, la bureaucratie dirigiste de l'Union qui efface l'État de droit, la position prise par l'Église d'Europe - désormais la " aumônier" de l'Union européenne - suffisamment aligné sur les pouvoirs en place pour converger avec eux sur des sujets brûlants tels que le genre, le climat et la vaccination.

    Un accent particulier est consacré à la situation en Pologne, où le nouveau régime libéral voulu par Bruxelles est en train de déstructurer la civilisation catholique de cette nation ; de la France, pays et civilisation en déclin ; de l’Allemagne, où l’utopisme vert et l’immigrationnisme ont ancré les locomotives de l’Europe ; de l’Espagne, qui s’est rapidement alignée sur les modes de vie du nihilisme occidental ; jusqu'en Hollande, où règne la désolation de l'euthanasie généralisée mais où l'on entrevoit aussi un espoir de renaissance.

    Le prof. Gianfranco Battisti, de l'Université de Trieste, aborde le problème de manière très concrète, en abordant la géoéconomie, la géofinance et la géopolitique. L'Europe se situe dans un contexte plus large qui la considère comme faible et marginalisée, divisée intérieurement entre l'Est et l'Ouest, ses destins sont liés à la dette stratosphérique américaine, elle connaîtra une faiblesse énergétique chronique en fonction de stratégies mondiales qui la dépassent, y compris les conséquences de la guerre en Ukraine avec les problèmes liés à l'approvisionnement en gaz, c'est un "continent otage" du capital financier mondialisé, elle connaît un véritable "conflit agraire" par rapport auquel la politique agricole communautaire s'avère inadéquate et même contre-productive , face à la « ruée vers les terres » des grands groupes financiers mondiaux. En 2005, le livre de M. Leonard Pourquoi l'Europe mènera le 21e siècle a été publié à Londres . Cette perspective, alors évoquée dans le sillage de l'euro et de l'élargissement de 2004, s'est vite évaporée et le déclin s'intensifie aujourd'hui.

    Christophe Réveillard, de la Sorbonne, juge un aspect très inquiétant. L'Union européenne mène une pédagogie de masse, contrôle la population européenne avant tout grâce aux technologies de l'information, éduque à la fin de l'identité européenne, est très loin de créer une communauté de destin, démolit la tradition et la souveraineté des peuples qui la composent. , ne recherche même pas de légitimité ou de soutien populaire mais met en œuvre une gouvernance technocratique sans indiquer d’horizon dépassant le bien-être matériel. L’outil pour parvenir à cette uniformité fluide est le principe de primauté du droit européen sur le droit des États établi par l’article 17 du traité de Lisbonne, un carcan réglementaire et procédural exorbitant à l’égard des États membres.  

    Du point de vue de la culture et de l'esprit européens, une contribution de grande valeur est celle de Mgr Giampaolo Crepaldi qui rappelle comment, ici même en Europe, est née pour la première fois une culture non pas d'une religion mais, au contraire, d'une nature irréligieuse, athée et antichrétienne. C'est pourquoi, dit-il, c'est précisément ici en Europe, auparavant ailleurs, qu'il faut réaliser une "nouvelle évangélisation", qui ne soit pas une évangélisation selon de nouveaux critères mais une ré-évangélisation selon la tradition catholique.

    Seizième Rapport sur la doctrine sociale de l'Église dans le monde

    FINIS EUROPAE. UNE ÉPITAPHE POUR LE VIEUX CONTINENT

    Cantagalli, Sienne 2024, 16,00 euros.

    Edité par Riccardo Cascioli, Giampaolo Crepaldi, Stefano Fontana.

    Auteurs: Gianfranco Battisti, Paolo Bellavite, Riccardo Cascioli, Giampaolo Crepaldi, Lorenza Formicola, Marek Jedraszewski, Maurizio Milano, Christophe Réveillard, Mauro Ronco, Tommaso Scandroglio, Luisella Scrosati, Luca Volonté, Silvio Brachetta, Stefano Magni, Wlodzimierz Redzioch, Julio Loredo, Hugo Bos.   

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