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Doctrine Sociale - Page 4

  • La société de la peur, fille d'une masse d'individus solitaires

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    De Louise Scrosati  ce 30 juillet 2023 dans la nuova bussola quotidiana :

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    « Contrairement au passé, la peur qui nous assaille aujourd'hui est fille d'une société fragmentée, où il n'y a pas de vraie communauté avec des valeurs profondes, mais une masse. Le problème est la suprématie de la sécurité. Mais la solution est là.

    La société de la peur est une société en quelque sorte, parce qu'elle est engendrée par une peur très singulière. Il n'est pas rare dans l'histoire que la peur d'une guerre en cours, d'une famine imminente ou d'une autre calamité ait en quelque sorte renforcé les liens sociaux et renforcé la solidarité entre les hommes. Touchés par la même catastrophe, appelés à faire face au même besoin, individus et familles ont tenté de renforcer les liens mutuels, les reconnaissant comme la plus grande ressource pour réagir à la peur et ne pas céder à son chantage.

    La peur qui nous assaille aujourd'hui est plutôt fille d'une société fragmentée ; ce n'est pas une peur perçue et affrontée collectivement, mais des insécurités d'individus qui deviennent publiques. Frank Furedi écrit : « Au fur et à mesure que les gens se retirent de leur monde commun, leur identité devient de plus en plus liée à leur vie privée, ce qui personnalise à son tour le sentiment d'insécurité. Un symptôme de cette évolution est la tendance des angoisses personnelles à devenir des problèmes publics » ( How Fear Works. Culture of Fears in the Twenty-First Century, Bloomsbury Continuum, 2019, p. 217).

    Si nous observons attentivement , nous remarquerons que les peurs de masse dont nous sommes affligés diffèrent des peurs collectives précisément parce qu'elles sont la projection extérieure d'un profond sentiment d'insécurité d'un seul individu. La masse est en fait une agglomération d'individus qui ne sont pas en communication réelle entre eux, qui ne partagent pas une culture et des valeurs communes, qui ne sont pas amalgamés par une foi religieuse et des valeurs profondes. Beaucoup de grains de blé ne sont pas une miche de pain, beaucoup d'individus ne sont pas une communauté.

    L'anxiété individuelle massive conduit à une demande toujours croissante d'interventions dans le but de construire un monde sans risques, maladies, blessures, guerres, famines, crises et peut-être même la mort. Le bombardement communicatif, que nous décrivions dans le dernier article , vise à générer un état pérenne d'anxiété et de vigilance chez l'individu, qui, dans un monde désormais dépourvu de communautés dignes de ce nom, est capable de s'assurer que ce sont précisément les individus souhaiter, attendre, demander et accepter des mesures tout simplement folles. Et d'attaquer par tous les moyens quiconque est pointé de temps à autre comme l'ennemi de la sécurité publique. 

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  • La famille dans le droit et la politique internationale

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    De Stefano Gennarini sur C-Fam :

    La famille dans le droit et la politique internationale

    26 juillet 2023

    Introduction

    Depuis la création des Nations Unies, le droit et la politique internationale ont reconnu une place prééminente au mariage et à la famille en tant qu'"unité naturelle et fondamentale de la société". Cet article sur les définitions évaluera la campagne en cours des pays occidentaux pour redéfinir la famille au niveau international et rendre les relations homosexuelles équivalentes au mariage entre un homme et une femme. L'article montrera comment la définition de la famille en droit international est parfaitement adéquate et n'a pas besoin d'être modifiée.

    La famille définie en droit international

    L'article 16 de la Déclaration universelle des droits de l'homme (DUDH) définit la famille comme "l'unité naturelle et fondamentale de la société" et déclare en outre que la famille telle que définie a "droit à la protection de la société et de l'État". Cette compréhension de la DUDH se reflète textuellement dans les dispositions des principaux traités des Nations Unies relatifs aux droits de l'homme, notamment l'article 23 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), l'article 10.1 du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (PIDESC). ) et le préambule de la convention relative aux droits de l'enfant (CRC). En vertu de ces nombreuses dispositions du droit international, qui ont obtenu ensemble une ratification universelle, la famille est un sujet à part entière des droits de l'homme et est titulaire de droits dans le droit international des droits de l'homme.

    La DUDH (article 16) lie en outre la fondation de la famille au mariage et affirme que « l'homme et la femme majeurs, sans aucune limitation de race, de nationalité ou de religion, ont le droit de se marier et de fonder une famille. Ils ont droit à des droits égaux quant au mariage, pendant le mariage et à sa dissolution » (soulignement ajouté). Le libellé de la DUDH 16 sur le droit égal des hommes et des femmes de se marier et de fonder une famille est repris textuellement dans le PIDCP (article 23), le PIDESC (article 10), ainsi que la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des Femmes (CEDAW 16), qui fait référence à l'égalité dans le mariage entre « hommes et femmes » et fait référence à « mari et femme » dans le contexte de la famille.

    Le droit de se marier et de fonder une famille est le seul contexte dans lequel le droit international des droits de l'homme protège l'autonomie sexuelle. Ces droits sont précisés à l'article 16 de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (CEDAW), qui consacre l'égalité entre les hommes et les femmes en tant qu'époux dans le cadre du mariage.

    Ces dispositions définissent effectivement la famille en droit international comme résultant de l'union d'un homme et d'une femme dans le mariage. Cette définition de la famille est appelée famille naturelle par les anthropologues ou famille nucléaire par les spécialistes des sciences sociales, comme cela a été résumé dans The Family Articles.

    La Convention européenne des droits de l'homme (CEDH 12) et la Convention interaméricaine des droits de l'homme (CIDH 17) reflètent également le langage de la DUDH sur le droit de se marier et de fonder une famille textuellement.

    En raison de ce corpus de droit international contraignant, toute mention de la famille dans une résolution de l'ONU ou tout autre résultat intergouvernemental de l'ONU ne peut être interprétée que comme faisant référence à l'union d'un homme et d'une femme dans le mariage ou en référence à des relations qui sont au moins analogues à la famille selon cette définition, telles que les familles multigénérationnelles ou élargies, les foyers monoparentaux ou les familles adoptives. Les relations entre individus de même sexe, en revanche, ne sont pas analogues à la famille car, par définition, la famille requiert l'union d'un homme et d'une femme et, au minimum, leur descendance naturelle. De même, d'autres relations interpersonnelles ou arrangements familiaux sont exclus de la définition de la famille et des protections spécifiques auxquelles la famille a droit en vertu du droit international des droits de l'homme.

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  • Au risque de l’histoire : Pie XII et la renaissance d’une chrétienté européenne?

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    « L’émission « Au Risque de l’Histoire » nous plonge au coeur de ce que certains ont appelé « l’Europe Vaticane ». Si le débat sur les racines chrétiennes de l’Europe est connu de tous, les relations qu’ont pu entretenir trois pères fondateurs de l’Europe avec le Saint-Siège le sont beaucoup moins. La foi de Schuman en France, Gasperi en Italie et Adenauer en Allemagne n’est donc pas pour rien dans la construction européenne du lendemain de la Seconde Guerre mondiale. De même, la démocratie chrétienne a largement contribué à la propagation d’un certain idéal européen. Quel rôle a donc joué le Saint-Siège et, en particulier, la figure centrale du Pape Pie XII ? Et peut-on véritablement parler d’une « Europe vaticane », avant même l’apparition d’une Europe économique ? « Les relations entre Gasperi et Pie XII n’étaient pas bonnes, Pie XII étant constamment agacé des prises de position de Gasperi qui refusait de prendre ses ordres au Saint-Siège et lui a même refusé une audience. » relativise Philippe Chenaux, Professeur d’Histoire de l’Église moderne et contemporaine à l’Université du Latran. « Ce projet d’Europe est notamment porté par les différents partis démocrates-chrétiens, pas seulement en Italie, mais aussi dans tous les pays d’Europe. » précise Martin Dumont chercheur en Histoire des Religions à Sorbonne Université. Retrouver la suite des échanges dans ce nouveau numéro d’Au Risque de l’Histoire. »

    Mémoires d’un monde disparu…

     

  • Un mouvement politique alternatif est-il possible ?

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    De Paul Vaute pour Belgicatho, un tour d'horizon de ce qui fut tenté, ces dernières décennies, en faveur d'une Belgique fidèle à son héritage chrétien et unie dans ses diversités. Ce n'est pas un bulletin de victoires, on l'aura compris. Mais il est de bonnes raisons pour ne pas céder au découragement.

       Dans un précédent article [1], je me suis attaché à montrer comment et à quel point les partis issus du monde chrétien – le  Christen-Democratisch en Vlaams (CD&V) et les Engagés – se sont détournés d'un engagement cohérent avec leur identité initiale, leur programme se réduisant tout au plus à un ersatz aseptisé, adapté aux dominantes sociologiques du monde occidental contemporain. La fidélité à l'idéal ne pèse pas bien lourd devant l'impératif de faire des voix, donc de mettre un produit concurrentiel sur le marché électoral. Les médias estampillés chrétiens ont suivi la même pente, que ce soit par opportunisme ou par versatilité convictionnelle. Nul ne s'en étonne plus aujourd'hui.

       Il s'agit à présent de s'interroger sur les propositions politiques alternatives, ou plutôt sur les tentatives en ce sens, qui n'ont pas manqué depuis l'apparition des prémices de la dérive. Plus largement, nous devons nous demander sous quelle forme reprendre les combats désertés par les héritiers plus ou moins renégats de "la droite" catholique, antilibérale et antisocialiste, nationale et royaliste. La voie des groupes de réflexion, des lobbies et/ou des écoles de cadres a été fréquemment empruntée. Elle n'est pas nécessairement exclusive de la constitution de forces représentant une menace comparable mutatis mutandis à celle qui, venue naguère des petites listes FDF (Front démocratique des francophones), RW (Rassemblement wallon) et VU (Volksunie), favorisa la "conversion" des partis traditionnels au fédéralisme (à deux / trois) au cours des années '60 et '70.

       Impossible néanmoins d'être complet dans cet inventaire. Ni ma mémoire, ni mes archives ne peuvent prétendre à l'exhaustivité. Je n'entends pas davantage, m'étant personnellement impliqué dans certaines des initiatives ici évoquées, désigner des responsables de l'échec ou de la non-durabilité, comme si je les avais observés depuis Sirius. Qu'on voie plutôt ici un essai de typologie des différentes actions entreprises avec plus ou moins de bonheur, suivi de quelques leçons à en  tirer.

     

     [1] "Des Sociaux-chrètiens aux Engagés, d'une vacuité à l'autre", 8 mai 2023, http://www.belgicatho.be/archive/2023/05/07/des-sociaux-chretiens-aux-engages-d-une-vacuite-a-l-autre-6441946.html#more.

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  • L'Afrique qui résiste : non à la contraception, oui à Humanae Vitae

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    Lu dans la Nuova Bussola Quotidiana (Luisella Scrosati) :

    « Les paroles prophétiques de Paul VI dans Humanae Vitae trouvent surtout confirmation en Afrique, victime des tentatives néo-malthusiennes de l'Occident qui subordonne l'aide à l'acceptation d'anti-valeurs sur la sexualité et la famille. Mais une culture pro-vie plus forte que l'idéologie résiste sur le continent noir

    Peu se souviennent que Paul VI, dans sa ferme condamnation de la contraception, avait clairement conscience que les diverses techniques qui empêchent l'acte conjugal de conserver son sens procréateur auraient été de plus en plus utilisées par les agences néo-malthusiennes, avec l'intention de mettre fin à ce , selon leur point de vue, constituerait la grande calamité de la société mondiale : la surpopulation. Humanae Vitae voyait déjà assez clairement la grande « tentation des autorités d'opposer à ce danger des mesures radicales » (§ 2).

    Non seulement un diagnostic, mais une véritable dénonciation était venue de la plume de Paul VI : « Il faut aussi réfléchir à l'arme dangereuse qui serait ainsi mise entre les mains des pouvoirs publics, insouciants des nécessités morales. Qui pourra reprocher à un gouvernement d'appliquer à la solution des problèmes communautaires ce qui était reconnu comme licite aux époux pour la solution d'un problème familial ? Qui empêchera les gouvernants de favoriser et même d'imposer à leurs peuples, chaque fois qu'ils le jugeront nécessaire, la méthode de contraception qu'ils jugeront la plus efficace ? (§17).

    Aujourd'hui, il est plus clair que jamais que la peur de Paul VI est devenue une réalité ordinaire. Et ce qui nous le rappelle, c'est surtout l'expérience africaine, qui s'est exprimée lors du Congrès dédié à l'HV, organisé les 19-20 mai derniers, par la Chaire internationale de bioéthique Jérôme Lejeune, et dont les vidéos des interventions et quelques sont maintenant disponibles des rapports écrits  (voir ici ).

    Obianuju Ekeocha , biologiste, président de Culture of Life Africa, est parti d'une grande vérité souvent oubliée : « Il n'y a pas d'endroit où la théorie et la pensée malthusiennes se traduisent en politiques nationales comme à travers le continent africain ». et une croissance démographique irresponsable.

    L'Afrique a en effet le taux le plus élevé d'enfants par femme (4,5): un mirage pour notre Italie, dont la population est aujourd'hui au bord de l'extinction. Mais pourquoi l'Afrique continue-t-elle à avoir ces taux de natalité ? La réponse d'Ekeocha est tout sauf défensive : "Pourquoi en savons-nous si peu sur la contraception ? Pourquoi n'avons-nous pas d'éducation ? Ou n'avons-nous pas accès à la contraception chimique ? Non, la contraception ne réussit pas à percer, du moins dans certaines régions d'Afrique, à cause de l'attitude que nous avons envers les enfants. Les enfants sont toujours considérés comme l'accomplissement de la vie conjugale; les enfants sont une fête. En effet, le taux de natalité élevé correspond également à une utilisation modeste de la contraception et à un fort taux d'arrêt de la même contraception. C'est pourquoi il y a une poussée pour répandre les implants contraceptifs sous-cutanés,

    On parle de chiffres fous, qui s'élèvent à environ 9 milliards de dollars par an , "pour combattre l'ennemi imaginaire de la fertilité des femmes africaines", explique Ekeocha. De l'argent destiné uniquement à cet effet : « Il existe de nombreux cas dans lesquels un hôpital qui ne dispose pas d'antibiotiques vitaux est entièrement approvisionné en médicaments et dispositifs contraceptifs ». Tout comme fleurissent les projets sur la "santé de la reproduction" qui s'adressent désormais directement aux enfants africains, leur rendant facilement accessible la contraception dans leurs écoles. Les écoles dans lesquelles très souvent "il n'y a presque pas de livres à la bibliothèque" ou même les bibliothèques elles-mêmes manquent à l'appel.

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  • Le message du pape pour le lancement du Family Global Compact

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    source

    MESSAGE DU PAPE FRANÇOIS 
    POUR LE LANCEMENT DU FAMILY GLOBAL COMPACT (1)

    [30 mai 2023] 

    Chers frères et sœurs !

    Dans l’Exhortation apostolique Amoris laetitia, j’ai souligné que « le bien de la famille est déterminant pour l’avenir du monde et de l’Église » (n. 31). C’est avec cette conviction que je souhaite soutenir le Family Global Compact, un programme commun d’actions visant à faire dialoguer la pastorale familiale avec les centres d’études et de recherches sur la famille, présents dans les Universités catholiques du monde entier. Il s’agit d’une initiative du Dicastère pour les Laïcs, la Famille et la Vie et de l’Académie Pontificale des Sciences Sociales, née d’études et de recherches sur l’importance culturelle et anthropologique de la famille et sur les nouveaux défis auxquels elle est confrontée.

    L’objectif est la synergie, faire en sorte que le travail pastoral avec les familles dans les Églises particulières utilise plus efficacement les résultats de la recherche et de l’engagement didactique et éducatif qui ont lieu dans les Universités. Ensemble, les Universités catholiques et la pastorale peuvent mieux promouvoir une culture de la famille et de la vie qui, à partir de la réalité, aide les nouvelles générations – en ces temps d’incertitude et de manque d’espérance – à apprécier le mariage, la vie familiale avec ses ressources et ses défis, la beauté d’engendrer et de préserver la vie humaine. En résumé, « un effort plus responsable et plus généreux est nécessaire, qui consiste à présenter […] les raisons d’opter pour le mariage et la famille, de manière à ce que les personnes soient mieux disposées à répondre à la grâce que Dieu leur offre » (Amoris laetitia, n. 35).

    Les Universités catholiques ont pour tâche de développer des analyses approfondies de nature théologique, philosophique, juridique, sociologique et économique sur le mariage et la famille, afin de soutenir leur importance réelle dans les systèmes de pensée et d’action contemporains. Les études menées mettent en évidence un contexte de crise des relations familiales, alimenté tant par des difficultés contingentes que par des obstacles structurels, ce qui rend plus difficile la formation sereine d’une famille en l’absence de soutiens adéquats de la part de la société. C’est aussi la raison pour laquelle de nombreux jeunes déclinent le choix du mariage au profit de formes de relations affectives plus instables et informelles. Cependant, les enquêtes montrent aussi que la famille reste la source prioritaire de la vie sociale et qu’il existe de bonnes pratiques qui méritent d’être partagées et diffusées à l’échelle mondiale. En ce sens, les familles elles-mêmes pourront et devront être des témoins et des protagonistes de ce parcours.

    En effet, le Family Global Compact ne veut pas être un programme statique, visant à cristalliser certaines idées, mais un chemin, articulé en quatre étapes :

    1. Mettre en place un processus de dialogue et de collaboration accrue entre les centres universitaires d’études et de recherches qui s’occupent de questions familiales, afin de rendre leur activité plus fructueuse, notamment en créant ou en relançant les réseaux d’instituts universitaires inspirés par la Doctrine sociale de l’Église.

    2. Créer une plus grande synergie, dans les contenus et les objectifs, entre les communautés chrétiennes et les Universités catholiques.

    3. Favoriser la culture de la famille et de la vie en société, afin que jaillissent des propositions et des objectifs utiles aux politiques publiques.

    4. Harmoniser et soutenir, une fois identifiées, les propositions qui sont apparues, afin que le service à la famille soit enrichi et soutenu sur les plans spirituels, pastoraux, culturels, juridiques, politiques, économiques et sociaux.

    La plupart des rêves de Dieu sur la communauté humaine se réalisent dans la famille. Nous ne pouvons donc pas nous résigner à son déclin au nom de l’incertitude, de l’individualisme et du consumérisme, qui envisagent un avenir fait d’individus qui ne pensent qu’à eux-mêmes. Nous ne pouvons pas être indifférents à l’avenir de la famille, communauté de vie et d’amour, alliance irremplaçable et indissoluble entre l’homme et la femme, lieu de rencontre des générations, espérance de la société. La famille, rappelons-le, a des effets positifs sur chacun, car elle est génératrice de bien commun : de bonnes relations familiales représentent une richesse irremplaçable non seulement pour les époux et les enfants, mais pour toute la communauté ecclésiale et civile.

    Je remercie donc ceux qui ont adhéré et ceux qui adhéreront au Family Global Compact, et je les invite à se consacrer avec créativité et confiance à tout ce qui peut contribuer à remettre la famille au cœur de notre engagement pastoral et social.

    Rome, Saint-Jean-de-Latran, 13 mai 2023.

    FRANÇOIS

    (1) Le premier objectif de ce Family Global Compact (Pacte mondial de la famille) est «la synergie». Le «travail pastoral avec les familles dans les Églises particulières» est en effet appelé à utiliser «plus efficacement les résultats de la recherche et de l’engagement didactique et éducatif qui ont lieu dans les Universités» catholiques.

  • François et Giorgia Meloni : même combat contre la dénatalité

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    De Jean-marie Guénois sur le site du Figaro :

    À Rome, la natalité rapproche le pape et Giorgia Meloni

  • Des Sociaux-chrétiens aux Engagés, d'une vacuité à l'autre

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    Faut-il encore accorder crédit aux "Engagés", ainsi que se font appeler les successeurs des "Démocrates humanistes", eux-mêmes successeurs des "Sociaux-chrétiens" ? A chacun d'en juger. Pour Paul Vaute, la réponse est résolument négative. Et du côté flamand, le CD&V ne vaut guère mieux. Voici ses arguments, dans un article écrit pour Belgicatho.

     

       "Les Engagés, sur la lancée du CDH, s'écrasent à Bruxelles et déclinent encore en Wallonie". C'est sous ce titre, à tout le moins alarmant pour les intéressés, qu'un quotidien commentait, en février dernier, les résultats du dernier sondage sur les intentions de vote. Près d'un an après son lancement le 12 mars 2022, le mouvement successeur du Centre démocrate humaniste (CDH), lui-même né de la "refondation" du Parti social-chrétien (PSC) en 2002, passe dans la Région capitale sous le seuil des 5 % (2,9 %), ce qui le priverait de représentation parlementaire. En Région wallonne, il continue de s'inscrire dans la tendance baissière de son prédécesseur (9,3 %) [i].

       Les figures de proue du "mouvement" se consolent en faisant valoir que d'ici aux prochaines élections – en  mai 2024 (en principe…) –, il reste du temps pour que survienne le rebond tant espéré. Cela n'a pas empêché une série de mandataires locaux de déjà partir vers d'autres cieux: ainsi pour les députés bruxellois Véronique Lefrancq et Bertin Mampaka (rallié au Mouvement réformateur, MR) et pour l'entrepreneur Rachid Azaoum (passé aux libéraux également) qui avait été associé étroitement à l'accouchement du CDH. "J'ai besoin d'une identité et de marqueurs que je ne retrouve plus", a justifié Véronique Lefrancq [ii].

       En Flandre, du côté des héritiers supposés du Christelijke Volkspartij (CVP), on n'a pas davantage de quoi pavoiser. Tout dernièrement, ce n'est rien moins que Marc Van Peel qui a pris ses distances du parti dont il fut le président de 1996 à 1999. Oh! certes pas en vertu des grands principes. Celui qui fut aussi échevin du port d'Anvers reproche à la ligne actuelle imprimée par Sammy Mahdi d'être "anti-urbaine et anti-industrielle", concrètement de défendre à tous crins les agriculteurs dans le débat sur la réduction de la production d'azote mais de critiquer dans le même temps les moyens financiers jugés trop dispendieux octroyés à la Métropole [iii]. Le plus préoccupant a surgi au printemps 2022 avec la "stemming" du Standaard et de la radio-télévision publique flamande (VRT) ramenant les Christen-Democratisch en Vlaams (CD&V) au rang de plus petit des partis de Flandre dotés d'élus dans les assemblées régionales et fédérales (8,7 %) [iv]. Qui aurait imaginé que la roche Tarpéienne fût aussi proche du Capitole pour le parti qui était encore, il n'y a pas si longtemps, le pourvoyeur du pays en Premiers ministres ?

     

    [i] La Libre Belgique, 17 févr. 2023.

    [ii] Citée in ibid., 22-23 avril 2023.

    [iii] Gazet van Antwerpen, 3 avril 2023.

    [iv] De Standaard, 6 mai 2022. – Un peu plus (9,6 %) au sondage LLB-RTBF du début 2023 (n. 1), mais toujours en queue du classement.

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  • Pour le pape, l’absence de soins et de médicaments est une euthanasie cachée

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    DISCOURS DU SAINT-PÈRE FRANCOIS AUX MEMBRES DE L'ASSOCIATION RELIGIEUSE DES INSTITUTS SOCIO-SANITAIRES (ARIS) 

    Salle du Consistoire / Jeudi 13 avril 2023

    Chers frères et sœurs, bonjour !

    Je remercie le Président, le Père Virginio Bebber, pour ses paroles et je vous souhaite à tous la bienvenue. Je salue le Directeur du Bureau pour la pastorale de la santé de la Conférence épiscopale italienne.

    Je suis heureux de rencontrer votre Association, qui s'occupe de la gestion de structures sanitaires d'inspiration chrétienne, comparables à l'auberge du Bon Samaritain (cf. Lc 10, 25-37), où les malades peuvent recevoir "l'huile de la consolation et le vin de l'espérance" [1]. J'exprime mon appréciation pour le bien qui a été fait dans tant d'instituts de santé en Italie, et je les encourage à continuer avec la persévérance et l'imagination de la charité, caractéristiques des nombreux fondateurs qui leur ont donné vie.

    Les soins de santé religieux en Italie ont une belle histoire, vieille de plusieurs siècles. L'Église a beaucoup fait, à travers les soins de santé, pour écouter et prêter attention aux segments pauvres, faibles et abandonnés de la société. Dans ce domaine, il n'a pas manqué de témoins autorisés, capables de reconnaître et de servir le Christ malade et souffrant jusqu'au don total de soi, même au prix du sacrifice de leur vie. Nous pensons à saint Camillus de Lellis, à sainte Joséphine Vannini, à saint Joseph Moscati, à saint Augustin Pietrantoni et à bien d'autres encore. Reconnaissants pour le passé, nous nous sentons donc appelés à habiter le présent avec un engagement actif et un esprit prophétique. Dans le secteur de la santé, la culture du rebut peut, plus qu'ailleurs, montrer ses conséquences douloureuses, parfois de manière évidente. En effet, lorsque la personne malade n'est pas placée au centre et considérée dans sa dignité, cela engendre des attitudes qui peuvent aller jusqu'à la spéculation sur les malheurs des autres [2], ce qui doit nous rendre vigilants.

    Demandons-nous en particulier : quelle est la tâche des institutions sanitaires d'inspiration chrétienne dans un contexte, comme celui de l'Italie, où il existe un service sanitaire national, universel par vocation, et donc appelé à soigner tout le monde ? Pour répondre à cette question, il est nécessaire de retrouver le charisme fondateur de l'assistance sanitaire catholique afin de l'appliquer dans cette nouvelle situation historique, tout en sachant qu'aujourd'hui, pour diverses raisons, il est de plus en plus difficile de maintenir les structures existantes. Nous devons entreprendre des chemins de discernement et faire des choix courageux, en nous rappelant que notre vocation est de nous tenir à la frontière du besoin. En tant qu'Église, nous sommes appelés à répondre avant tout aux demandes de santé des plus pauvres, des exclus et de ceux qui, pour des raisons économiques ou culturelles, voient leurs besoins ignorés. Ce sont les plus importants pour nous, ceux qui viennent en tête de la file d'attente.

    Le retour de la "pauvreté sanitaire" prend des proportions importantes en Italie, surtout dans les régions marquées par des situations socio-économiques plus difficiles. Il y a des personnes qui, par manque de moyens, ne peuvent pas se faire soigner et pour qui même le paiement d'un ticket modérateur est un problème ; et il y a des personnes qui ont des difficultés à accéder aux services de santé à cause des très longues listes d'attente, même pour des visites urgentes et nécessaires ! Le besoin de soins intermédiaires s'accroît également, étant donné la tendance croissante des hôpitaux à laisser sortir les malades en peu de temps, en privilégiant le traitement des phases les plus aiguës de la maladie par rapport à celui des pathologies chroniques : par conséquent, ces dernières, en particulier pour les personnes âgées, deviennent un problème sérieux également d'un point de vue économique, avec le risque de favoriser des lignes d'action peu respectueuses de la dignité même de la personne. Une personne âgée doit prendre des médicaments et si, pour économiser de l'argent ou pour telle ou telle raison, on ne lui donne pas ces médicaments, il s'agit d'une euthanasie cachée et progressive. Nous devons le dire. Toute personne a droit aux médicaments. Et souvent - je pense à d'autres pays, en Italie je ne suis pas très au courant, dans d'autres pays je le suis - les personnes âgées doivent prendre quatre ou cinq médicaments et ne parviennent à en obtenir que deux : c'est une euthanasie progressive, parce qu'on ne leur donne pas ce dont elles ont besoin pour se guérir.

    Les soins de santé d'inspiration chrétienne ont le devoir de défendre le droit aux soins, en particulier pour les groupes les plus faibles de la société, en donnant la priorité aux endroits où les gens souffrent le plus et sont le moins soignés, même si cela peut nécessiter la conversion de services existants en nouveaux services. Toute personne malade est par définition fragile, pauvre, en manque d'aide, et parfois les riches se retrouvent plus seuls et abandonnés que les pauvres. Mais il est clair qu'aujourd'hui, les possibilités d'accès aux soins ne sont pas les mêmes pour ceux qui ont de l'argent et pour ceux qui sont plus pauvres. Alors, en pensant à tant de congrégations, nées à différentes périodes historiques avec des charismes courageux, demandons-nous : que feraient ces Fondateurs et Fondatrices aujourd'hui ?

    Les hôpitaux religieux ont avant tout la mission de prendre soin de ceux qui sont rejetés par l'économie de la santé et par une certaine culture contemporaine. Telle a été la prophétie de tant d'institutions sanitaires d'inspiration chrétienne, à commencer par la naissance des hôpitaux eux-mêmes, créés précisément pour soigner ceux que personne ne voulait toucher. Que ce soit aussi votre témoignage aujourd'hui, soutenu par une gestion compétente et claire, capable de combiner recherche, innovation, dévouement aux plus petits et vision d'ensemble.

    La réalité est complexe et vous ne pourrez y faire face de manière adéquate que si les institutions sanitaires d'inspiration religieuse ont le courage de se réunir et de travailler en réseau, en évitant tout esprit de concurrence, en unissant les compétences et les ressources et en créant peut-être de nouvelles entités juridiques, à travers lesquelles elles pourront aider en particulier les petites réalités. N'ayez pas peur d'emprunter de nouvelles voies - risque, risque -, afin d'éviter que nos hôpitaux, pour de simples raisons économiques, ne soient aliénés - c'est un danger et même un danger actuel : ici à Rome, je peux vous envoyer la liste -, anéantissant ainsi un patrimoine longtemps chéri et embelli par tant de sacrifices. C'est précisément pour atteindre ces deux objectifs urgents, et à la demande des institutions sanitaires d'inspiration catholique elles-mêmes, qu'est née en décembre 2015 la Commission pontificale pour les activités du secteur sanitaire des personnes morales publiques de l'Église, avec laquelle je vous invite à avoir une collaboration active et constructive.

    Enfin, je voudrais vous recommander d'accompagner les personnes que vous accueillez dans vos institutions avec une attention intégrale, qui ne néglige pas l'assistance spirituelle et religieuse des malades, de leurs familles et des agents de santé. Là aussi, les établissements de santé d'inspiration chrétienne doivent être exemplaires. Et il ne s'agit pas seulement d'offrir une pastorale sacramentelle, mais d'accorder une attention totale à la personne. Personne, personne ne doit se sentir seul dans la maladie ! Au contraire, chacun doit être soutenu dans ses questions de sens et aidé à parcourir avec une espérance chrétienne le chemin parfois long et fatigant de l'infirmité.

    Chers frères et sœurs, gardez vivant le charisme de vos fondateurs, non pas tant pour imiter leurs gestes, mais pour accueillir leur esprit, non pas tant pour défendre le passé, mais pour construire un présent et un avenir où annoncer, par votre présence, la proximité de Dieu avec les malades, surtout les plus défavorisés et marginalisés par la logique du profit. Que la Vierge vous accompagne. De tout cœur, je vous bénis et je bénis votre travail. Et je vous recommande de ne pas oublier de prier pour moi. Je vous remercie.

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    [1] Missel romain, Préface commune VIII.

    [2] Cf. Discours à la Commission épiscopale pour le service de la charité et de la santé de la CEI, 10 février 2017.

  • Namur, 19 avril : conférence de Claude Callens "Jean-Paul II et les fidèles laïcs"

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    Conférence : ''Jean-Paul II et les fidèles laïcs''

    La Pastorale des Solidarités organise, avec la participation de la Fondation Jean-Paul II – Cercle de Belgique, une conférence le mercredi 19 avril à 19h30 à Namur sur un livre de Claude Callens ''Jean-Paul II et les laïcs''. Pensez à vous inscrire pour y participer.
     

    Claude Callens a récemment publié un nouveau livre intitulé Jean-Paul II et les laïcs. La double mission du laïcat aux éditions MAME. Venez l’écouter lors de sa conférence le 19 avril prochain à Namur. La Pastorale des Solidarités en partenariat avec la Fondation Jean-Paul II – Cercle de Belgique vous y attendent nombreux. Inscrivez-vous en cliquant sur le lien en bas de page.

    Une petite présentation de l’auteur et de son livre

    Claude Callens est passionné par la doctrine sociale de l’Église et son expertise dans le domaine se montre ici pour articuler pleinement deux dimensions de la vie des laïcs, spirituelle et « séculière ». Il pointe l’importance du rôle de ceux-ci dans la vie du corps de l’Église. Le saint pape Jean-Paul II développa cette attention en particulier par un synode en 1987 et par une exhortation apostolique Christi fideles laïci qui en publia la substance. Ce souci du rôle des laïcs est déjà montré dans l’enseignement magistériel avant Jean-Paul II et bien sûr lors de Vatican où Karol Wojtila fut bien présent. L’ouvrage fera goûter au lecteur les axes fondamentaux de la doctrine sociale de l’Église et ce que les laïcs y apportent en propre.

    Claude CALLENS, Jean Paul II et les laïcs. La double mission du laïcat, Mame, Paris, 2023, 79 p.

    Les organisateurs

    - La Pastorale des Solidarités a pour mission de sensibiliser les communautés chrétiennes aux situations de pauvreté et d’exclusion, de susciter, soutenir et accompagner les initiatives au service des plus démunis, de promouvoir les actions menées par les organismes sociaux et les associations caritatives qui œuvrent en lien avec le diocèse, et d’accompagner les pastorales spécifiques.
    - La Fondation Jean-Paul II – Cercle de Belgique a pour but de faire connaître les enseignements du pape Jean-Paul II par le biais d’une série de livre aux éditions MAME. Le dernier livre de la collection est celui de Claude Callens qui fera l’objet de cette conférence.

    Agendas & inscriptions

    La conférence se tiendra à l’auditoire Henri de Lubac au Séminaire de Namur le mercredi 19 avril à 19h30. Claude Callens sera interrogé par l’abbé Bruno Robbrechts. La participation est libre. Vous pouvez vous inscrire en cliquant ‘ici’. Venez nombreux.

    La même conférence sera donnée à Bruxelles le mercredi 24 mai (pour les jeunes) et à La Roche le mardi 30 mai.
  • Qu'est-ce que la démocratie et que peut-on faire pour la préserver ? La réponse de Mgr Gallagher

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    D'Antonella Palermo sur Vatican News :

    Les «trois maladies» des démocraties modernes selon le Saint-Siège

    Le secrétaire du Saint-Siège pour les relations avec les États, Mgr Paul Richard Gallagher, a donné un cours magistral sur la démocratie «selon la sagesse des Papes» dans le cadre du panorama géopolitique actuel. Un discours prononcé lors d’une conférence à la faculté des sciences sociales de l’université pontificale grégorienne de Rome, lundi 27 mars.

    Qu'est-ce que la démocratie et que peut-on faire pour la préserver? Mgr Paul Richard Gallagher, Secrétaire pour les relations avec les États, a tenté d’y répondre dans la lectio magistralis «La démocratie selon la sagesse des Papes dans le scénario international actuel», dans le cadre de la conférence «La démocratie pour le bien commun. Quel monde voulons-nous construire?», organisée par la faculté des sciences sociales de l'Université pontificale grégorienne.

    La Carta Caritatis, premier manifeste démocratique médiéval

    «Malheureusement, il semble aujourd'hui que ce qui anime la souveraineté populaire, garante de la liberté et de l'égalité de tous les citoyens, soit la politique négative, la délégitimation des propositions de l'autre, quelles qu'elles soient, afin de maximiser ses propres objectifs individuels et son consensus, mais on ne remarque guère les efforts de recherche de l'unité. L'individualisme et l'utilitarisme semblent être les seules réponses au besoin de bonheur qui consolident les structures de la "fausse démocratie"». C'est ce qu'a affirmé Mgr Gallagher dans la lectio qui part de la considération de l'influence chrétienne dans l'élaboration de la théorie démocratique moderne et contemporaine.

    Rappelant que la Carta Caritatis (1119) -Charte de charité et d’unanimité, bref document latin du XIIe siècle, fondateur de l'ordre de Cîteaux- peut être considérée comme le premier manifeste pour une coexistence civile et démocratique, Mgr Gallagher a souligné que la démocratie est précisément le service de l'unité symphonique d'un peuple, le fruit d'un engagement à créer l'unité. 

    Et le diplomate britannique de citer sur cette question complexe le cardinal Ratzinger qui a parlé de la loi comme expression de l'intérêt commun, et s'est inspiré des penseurs allemands Harmut Rosa et Eric Weil.

    L'accélération des sociétés crééent des court-circuits

    Mgr Gallagher s’est ensuite interrogé sur la portée du phénomène de la mobilité humaine sur la résilience du lien entre les individus, qui deviennent des agglomérations de sujets étrangers les uns aux autres, voire compétitifs et mutuellement hostiles. Il a expliqué notamment comment l'accélération de notre époque crée un court-circuit où les changements semblent n'avoir aucune direction réelle. Or, a-t-il rappelé, le processus démocratique a nécessairement plusieurs strates: faire en sorte que les arguments de chacun soient canalisés vers la représentativité est quelque chose qui prend du temps.

    La conséquence est claire, selon Mgr Gallagher: «Dans la politique moderne, plus encore que dans le passé, ce n'est pas le pouvoir du meilleur argument qui décide des politiques futures, mais le pouvoir des rancunes, des sentiments instinctifs, des métaphores et des images suggestives». Il a souligné ce qu'il appelle le «tournant esthétique de la politique: les hommes politiques et les groupes gagnent les élections parce qu'ils sont "cool", et non parce qu'ils ont articulé des idées, des programmes et des thèses».

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  • RDC : La septimana horribilis de Félix Tshisekedi

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    Et il la doit, comme l’explique Hubert Leclercq dans « la Libre Afrique », au jeu du pape régnant qui a remis en selle celui de la hiérarchie catholique congolaise, le chef de l’Etat et sa cour suivant sur la touche, comme l’avait déjà bien observé le politologue Jean-Claude Mputu :

    Felix  et le pape AP23031601848507.jpg

    « Après la visite papale, il n’est pas parvenu à mobiliser les chefs d’État de l’EAC, samedi, à Bujumbura.

    Sale semaine ! Le président Félix Tshisekedi avait pointé depuis quelques semaines les dates du 31 janvier au 3 février dans son agenda. Pas question de voyager à ces dates-là. Il avait rendez-vous à Kinshasa avec le pape François. La première visite d’un Souverain pontife en République démocratique du Congo depuis 37 ans, quand le pays s’appelait encore Zaïre. Jean-Paul II est venu deux fois chez le Maréchal Mobutu. “La première fois, c’était le 2 mai 1980”, se souvient Marie-Joseph, jeune sexagénaire de Limete, un des quartiers de Kinshasa sur la route de l’aéroport international de N’djili. Elle se souvient de “l’accueil exceptionnel reçu par le pape dès sa descente d’avion. C’était son premier voyage en Afrique. Il était venu directement chez nous. Tout Kinshasa voulait le voir. Le Maréchal (Mobutu, NdlR) était venu en personne pour l’accueillir”. Cinq ans plus tard, en décembre 1985, ces deux-là se retrouvaient une nouvelle fois à Kinshasa.

    Trente-sept ans plus tard, le pape François débarquait au pays de Félix Tshisekedi. Pour le chef de l’État congolais, mal élu, qui s’est recroquevillé sur son ethnie pour diriger le pays, qui s’est acheté une majorité politique à coups de billets verts, qui s’est fâché avec les grandes Églises catholique et protestante en imposant contre leur gré son président de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) et qui est affaibli par les mouvements rebelles qui entament largement son autorité et sa capacité à gouverner le pays, ce voyage était le moment de fédérer, de lancer un mouvement de réconciliation et, simultanément, sa campagne pour la présidentielle de décembre prochain.

    Message papal sans ambiguïté

    Mais, dès son arrivée à Kinshasa, le pape a donné le ton et montré qu’il n’était pas venu pour tresser des couronnes de laurier sur la tête de ses hôtes. Après avoir condamné l’exploitation des richesses par des mains étrangères qui empêchent tout développement du pays et plongent des millions de Congolais dans la misère et la violence, le pape a pointé du doigt les lacunes et les responsabilités du régime dans cette situation. Corruption, repli ethnique, copinage,…“On sait que le Vatican connaît exactement la situation de ce pays”, explique un diplomate. “Il dispose du meilleur réseau d’information de ce pays. Son maillage est demeuré excellent. Il fallait voir ce qu’il allait en faire. Le Vatican, c’est aussi une diplomatie très fine. En ce sens, le message du pape est un vrai séisme pour le pouvoir congolais. L’Église catholique joue gros dans ce pays où elle doit compter au moins 40 millions de fidèles”. Du bout des lèvres, un autre diplomate ose le terme “marché” dans une “guerre des cultes face aux églises du réveil qui gagnent chaque semaine en influence”.

    L’armée burundaise compte ses morts au Sud-Kivu

    Le pape s’est rangé du côté du peupleIl a aussi remis en selle les évêques congolais qui avaient perdu un peu de leur lustre et qui avaient dû aussi freiner leurs ardeurs ces derniers mois pour ne pas créer de tensions excessives pour ce déplacement papal”, nous expliquait fin de semaine dernière Jean-Claude Mputu, politologue et chercheur congolais. Le cardinal Fridolin Ambongo n’a pas tardé à prendre la balle au bond, y allant de sa critique contre les errements du pouvoir, mais aussi vis-à-vis du processus électoral en cours.

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