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Doctrine Sociale - Page 15

  • Considérer les migrations comme une chance pour l'Europe

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    De Radio Vatican :

    Le Pape François invite à considérer les migrations comme une chance pour l'Europe

    (RV) Le Pape François a reçu ce matin, vendredi 22 septembre 2017, les responsables des services des différentes conférences épiscopales en charge du dossier des migrations, à l’occasion d’une rencontre organisée par le CCEE, le Conseil des conférences épiscopales européennes.

    L’occasion pour le Pape de manifester une nouvelle fois son attention à la situation des migrants, et d’exprimer sa préoccupation face aux nombreuses voix qui s’élèvent, y compris dans le milieu catholique, pour fermer les frontières.

    Le Pape a abordé frontalement ce malaise : «Je ne vous cache pas ma préoccupation face aux signes d’intolérance, de discrimination et de xénophobie qui se rencontrent dans différentes régions de l’Europe», dus à «la défiance et la peur envers l’autre le différent, l’étranger». François a dit sa tristesse de voir que les «communautés catholiques en Europe ne sont pas exemptes de ces réactions de défense et de rejet». Pour le Pape, ce prétendu «devoir moral de conserver l’identité culturelle et religieuse originelle» est contradictoire avec le principe même du catholicisme.

    «L’Église s’est diffusée sur tous les continents grâce à la "migration" de missionnaires qui étaient convaincus de l’universalité du message de salut de Jésus-Christ, destiné aux hommes et aux femmes de toute culture. Dans l’histoire de l’Église, des tentations d’exclusivité et de retranchement culturel n’ont pas manqué, a toutefois reconnu le Pape, mais l’Esprit Saint nous a toujours aidé à les surmonter, en garantissant une ouverture constante vers l’autre, considérée comme une possibilité concrète de croissance et d’enrichissement.»

    François est revenu sur le malaise de nombreux catholiques face à cette arrivée massive de migrants et réfugiés, un malaise lié à la crise économique, à la portée et à la composition des flux migratoires, à l’impréparation des société d’accueil, ou encore à «des politiques nationales et communautaires souvent inadéquates»«Mais ce malaise est aussi révélateur des limites du processus d’unification européenne, des obstacles auxquels doit se confronter l’application concrète de l’universalité des droits humains, des murs contre lesquels se brise l’humanisme intégral qui constitue l’un des fruits les plus beaux de la civilisation européenne.»

    Mais malgré ce constat, François persiste à considérer ces mouvements migratoires comme une chance pour l’Église. Dans une perspective ecclésiologique, «l’arrivée de tant de frères et sœurs dans la foi offre aux Églises en Europe une opportunité de plus pour réaliser pleinement sa propre catholicité». Le Pape se réjouit du dynamisme apporté à certaines paroisses du Vieux continent par des migrants catholiques qui y apportent «leurs dévotions et leur enthousiasme liturgique et apostolique».

    Le Pape y voit aussi une «nouvelle frontière missionnaire», une occasion pour les Européens de «témoigner concrètement de la foi chrétienne dans la charité et dans le profond respect pour les autres expressions religieuses», ce qui ouvre aussi de nouvelles perspectives pour le dialogue œcuménique et interreligieux.

    François a cité à nouveau les quatre verbes mis en avant dans son message pour la prochaine Journée mondiale du migrant et du réfugié ; accueillir, protéger, promouvoir et intégrer, à travers des «parcours de citoyenneté active» qui puissent être une source de développement pour tous, nouveaux arrivants comme populations des pays d’accueil.

    Il a invité enfin les Églises locales à utiliser les 20 points d’action proposés par la section migrants du Dicastère pour le Service du développement humain intégral pour guider leur action. Face à cette thématique complexe et d’une actualité brûlante, François invite les acteurs de cet engagement à faire entendre une voix «prophétique», en accomplissant une «œuvre cohérente et inspirée par les principes de la doctrine chrétienne»

    Il est un fait qu'une Europe - et des Eglises européennes - au mieux de leur forme auraient pu faire face à cette vague migratoire de façon plus appropriée. Hélas, il n'y a, pour relever ce défi gigantesque, qu'un continent en plein déclin, avec une population vieillissante, et rongé par le matérialisme et l'individualisme. En résultent des réflexes et des comportements de peur, de frilosité, de repli sur soi, d'exclusion que l'on peut comprendre mais qui sont à l'opposé de ce à quoi l'Evangile invite...

  • Le pape et l'accueil des migrants : une approche unilatérale et abstraite ?

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    De Thibaud Collin sur le site de l'Homme Nouveau :

    Accueillir, protéger, promouvoir et intégrer les migrants… jusqu’où ?

    Publié dès le 21 août dernier, le Message du Pape François pour la Journée mondiale du migrant et du réfugié, qui aura lieu le 14 janvier prochain, porte son programme dans son intitulé : « Accueillir, protéger, promouvoir et intégrer les migrants et les réfugiés ». Ce texte a suscité de nombreuses réactions et repose toute la question du rapport entre le bien de la personne et le bien commun.

    Le Message du Pape pour la Journée mondiale du migrant et du réfugié, rendu public le 21 août, a suscité de nombreuses réactions et critiques, le sujet étant devenu inflammable en Europe depuis qu’elle subit une vague migratoire sans précédent et une montée en puissance de la présence musulmane. Notons que l’évêque de Rome intervient dans un contexte social et politique italien très tendu, puisqu’une réforme du code de la nationalité portée par le gouvernement de gauche de Gentolini vise à installer le droit du sol dans ce pays confronté à cette grande migration. Le texte du Pape est intitulé « Accueillir, protéger, promouvoir et intégrer les migrants et les réfugiés ». Le Pape décline sa pensée en s’appuyant sur ces quatre verbes.

    Un des passages les plus discutés est le suivant : « Le principe de la centralité de la personne humaine, fermement affirmé par mon bien-aimé prédécesseur Benoît XVI (cf. Lettre encyclique Caritas in veritate, n. 47), nous oblige à toujours faire passer la sécurité personnelle avant la sécurité nationale. » Force est de constater que la citation est sortie de son contexte puisque Benoît XVI parle effectivement de la centralité de la personne mais dans un paragraphe consacré au principe de subsidiarité appliqué au développement d’une économie plus humaine. Ni l’assistanat ni la pure logique froide et mécanique du marché ne peuvent assurer le développement, dit le pape Benoît, car c’est par la mise en œuvre de la vertu de prudence que le bien des personnes et des peuples peut être atteint.

    Comment faut-il alors comprendre cette priorité de la sécurité personnelle sur la sécurité nationale ? Si cela signifie que le respect des droits de la personne peut engendrer un mal pour la sécurité nationale, cela serait une remise en cause de la doctrine sociale sur le bien commun qui ne peut être considéré comme concurrent du bien de l’individu. Il faut donc probablement entendre cette expression dans le sens où un État risque d’invoquer la sécurité nationale pour légitimer le viol des droits de la personne humaine. Encore faut-il déterminer de quels droits il s’agit. Et c’est là que le texte s’obscurcit. Dans la tradition théologique assumant le droit naturel les droits sont toujours à prendre en tant qu’exprimant et réglant des relations déterminées entre des êtres humains qui ne sont jamais des êtres indéterminés. Ainsi par exemple aucun État n’a le droit de couler un bateau transportant des civils, mais il peut par un légitime esprit de défense réguler les flots de population, s’il juge qu’il s’agit d’invasion mettant en danger le bien commun du peuple qu’il sert.

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  • Les droits de l’homme ne peuvent devenir « un fourre-tout rhétorique » répondant aux caprices de l'époque

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    D'Hélène Ginabat sur zenit.org :

    ONU : les droits de l’homme ne peuvent être « un fourre-tout rhétorique »

    Mise en garde par Mgr Janusz S. Urbanczyk (Traduction intégrale)

    « Le terme “droit de l’homme” doit être strictement et prudemment appliqué, de peur qu’il ne devienne un fourre-tout rhétorique, sans cesse élargi pour répondre aux caprices passagers de l’époque », avertit le Saint-Siège. « Une telle approche élastique discréditerait le concept même des droits de l’homme. »

    Mgr Janusz S. Urbanczyk, représentant permanent du Saint-Siège, est en effet intervenu à la séance d’ouverture de la Réunion de mise en œuvre de la dimension humaine 2017 de l’OSCE ce lundi 11 septembre 2017 à Varsovie.

    Pour la Doctrine sociale de l’Église, rappelle-t-il, « les droits de l’homme sont décrits comme universels, inaliénables et inviolables… La sécurité, la sûreté et la paix ne résultent pas de la limitation des droits de l’homme, mais plutôt de leur jouissance par tous, sans distinction de race, de sexe, de langue ou de religion ».

    Mgr Urbanczyk met aussi en garde contre le fait de « sortir ces droits de leur propre contexte, en limitant l’étendue de l’application des droits et en permettant de varier le sens et l’interprétation des droits et de nier leur universalité au nom de différentes perspectives culturelles, politiques et sociales ». « Une telle approche, explique-t-il, semblable à celle qui considère les droits de l’homme et les libertés fondamentales comme des privilèges accordés par l’État (pour être révoqués à son gré), nuit à l’idée même des droits de l’homme et entrave certainement leur jouissance par chaque homme et chaque femme. »

    Le rôle de l’OSCE est de « corriger » les « infractions, faire avancer la cause des droits humains universels et promouvoir la juste protection si nécessaire de ces droits », exhorte le représentant du Saint-Siège.

    Voici notre traduction de la déclaration en anglais de Mgr Urbanczyk.

    Madame la Présidente,

    Le Saint-Siège est heureux de participer à cette réunion  de mise en œuvre de la dimension humaine (HDIM) 2017 et remercie la Pologne, notre pays hôte, pour son hospitalité, ainsi que la présidence autrichienne de l’OSCE et le Bureau des institutions démocratiques et des droits de l’homme, pour la planification et l’organisation de cette réunion.

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  • Congo : une chute inexorable…qui nous concerne

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    De Marie-France Cros dans « La Libre Belgique » de ce jour et sur le site « La Libre Afrique » sous le titre « RDC: une chute inexorable » :

    virunga-national-park-1-681x511.jpg" Alors que l’Organisation mondiale de la Santé a lancé ce week-end un cri d’alarme au sujet de l’épidémie de choléra qui s’est propagée à 20 des 26 provinces du Congo sans que le gouvernement de Kinshasa réagisse, le Premier ministre Bruno Tshibala poursuit son séjour à Paris à la recherche d’appuis pour un régime mal en point et tenterait d’y négocier une visite du président hors mandat Joseph Kabila.

    Car, ayant passé le plus clair de ces dernières années à préparer son maintien anticonstitutionnel au pouvoir, le chef de l’État a peu travaillé au bien-être des 80 millions de Congolais. La tension que cela crée – ainsi que l’insécurité juridique dans un pays où la famille Kabila s’est extraordinairement enrichie – font fuir les investisseurs et provoquent une chute régulière du franc congolais depuis 2016; rien que depuis le début 2017, il a perdu plus de 55 % de sa valeur. Kinshasa en rejette la faute sur la chute des prix des matières premières; cela a été vrai mais, depuis septembre 2016, le cours du cuivre ne cesse d’augmenter, alors que la production congolaise de métal rouge a été multipliée par trois depuis 2011.

    Après avoir beaucoup vilipendé les Occidentaux qui ont pris des sanctions contre les principaux responsables des violations des droits de l’homme, Kinshasa a, il y a quelques mois, demandé leur aide financière. En juin, le Fonds monétaire international (FMI) a insisté pour que Kinshasa promulgue un calendrier électoral (toujours absent, alors que la date limite de convocation des élections tombe ce mois-ci) et mette en œuvre des mesures de décrispation politique (alors que le nombre de détenus politiques n’a jamais été aussi élevé).

    Aujourd’hui, le Congo est donc comme une grange où se promèneraient des fumeurs : la moindre flammèche peut y provoquer un incendie.

    En raison de la chute du franc congolais, de nombreuses stations à essence avaient fermé, fin août – après plusieurs hausses du prix au consommateur depuis le début de l’année – les pétroliers assurant vendre le carburant à perte; une commission mixte a été créée début septembre pour trouver une solution.

    La chute du franc et le mauvais état des routes ont aussi entraîné une hausse des prix des denrées alimentaires, qui doublent ou triplent par rapport aux derniers mois selon l’aliment et le lieu considérés. Or, on sait que septembre et décembre sont les mois les plus “explosifs” au Congo en raison du désespoir que causent, dans la population, l’impossibilité de financer la rentrée scolaire et celle de bien manger au moins à Noël.

    La rentrée scolaire du 4 septembre a été peu honorée à Kinshasa, dans le Sud-Ubangui et l’Équateur (nord-ouest du pays), et à Kisangani (nord-est) notamment, à cause des difficultés de paiement des parents et d’une grève des enseignants qui réclament une hausse de leur pouvoir d’achat, amputé de moitié. De nombreux fonctionnaires ont d’importants arriérés de salaire.

    Et alors que la Banque centrale a tout juste de quoi payer seulement deux semaines d’importations – dans un pays si mal géré qu’il importe presque tout – son gouverneur, au début du mois, dénonçait dans “l’État” le “premier mauvais client” des banques du pays.

    Comment arrêter l’inexorable chute du Congo?"

    Ref. RDC : Une chute inexorable

    Le Congo paie toujours les conséquences du péché originel commis par la Belgique : celui d’une indépendance jetée à la figure des autochtones dans l’impréparation la plus totale après 18 mois (janvier 1959-juin 1960) de tergiversations incohérentes et irresponsables. Un bon demi-siècle plus tard, Ponce-Pilate continue à secouer la tête:  azali likambo na ngai mosusu te…

    JPSC

  • L’Europe en question : un lunch débat animé par deux témoins de premier plan à l’Université de Liège, le mardi 10 octobre à 18h00

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    lunch_debat_oct2017.jpg

    L’Union européenne est aujourd’hui menacée de désintégration. Le risque peut venir de trois côtés à la fois : par la sécession de certains Etats-membres, aujourd’hui le Royaume-Uni avec le « Brexit » ; par l’implosion de l’Eurozone suite à un nouveau « Grexit », mais élargi à d’autres pays méditerranéens que la Grèce ; par un recloisonnement de l’Espace Schengen suite à la crise des réfugiés. Bien entendu, on peut préférer un discours plus optimiste et se rappeler que l’Europe ne progresse que par crises. Mais comme celle-ci en combine plusieurs, on voit bien qu’en sortir par le haut va demander un grand bond en avant. Est-ce possible et à quelles conditions ?

    Pour en débattre le cercle inter-facultaire de l’Union des étudiants catholiques de Liège et le Groupe de réflexion sur l’éthique sociale  accueillent, le mardi 10 octobre prochain à 18h00 à l’Université de Liège, deux témoins privilégiés de la vie européenne : le professeur Alfred Steinherr, ancien Directeur Général de la Banque Européenne d’Investissement (B.E.I.), qui interviendra sur le thème de « L’Union monétaire en question » et Pierre Defraigne, Directeur du Centre Madariaga au Collège d’Europe et Directeur général hre à la Commission européenne, qui plaidera pour « L’Europe, dernier recours de la démocratie face aux transformations du monde ».

    La rencontre se tiendra sous la forme d’un lunch débat à la salle des professeurs dans le bâtiment du Rectorat de l’Ulg,  place du XX août, 7, 1er étage (accès par la grande entrée : parcours fléché).

    Participation aux frais : 15 € (à régler sur place). Pour les étudiants : 5€

    Inscription nécessaire au plus tard trois jours ouvrables à l’avance (6 octobre 2017) : soit sur le site internet : www.ethiquesociale.org   - soit par email : info@ethiquesociale.org – soit par téléphone : 04 344 10.89.

    JPSC

     

  • Le pape est revenu sur la question de l'accueil des migrants

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    D'Hélène Ginabat sur zenit.org

    Accueil des migrants: « le cœur toujours ouvert, prudence et intégration »

    Conférence dans l’avion Cartagena-Rome

    « Le cœur toujours ouvert, prudence et intégration, et proximité humanitaire. » C’est l’attitude que le pape François préconise dans l’accueil des migrants, devant les journalistes qui l’ont accompagné en Colombie.

    Dans l’avion qui le ramenait de Cartagena à Rome, le 11 septembre 2017, lors de sa traditionnelle conférence de presse de retour de ses voyages, le pape a dénoncé la tentation d’ « exploiter l’Afrique » : « investissons là-bas pour qu’ils se développent… Nous devons renverser cela. L’Afrique est une amie et il faut l’aider à grandir ».

    Chaque gouvernement, a-t-il aussi souligné doit gérer la question des migrants « avec la vertu propre au gouvernant, à savoir la prudence. Qu’est-ce que cela signifie ? D’abord, combien de places j’ai. Deuxièmement, ne pas seulement recevoir, (mais) intégrer ».

    Voici notre traduction des paroles du pape transcrites par le quotidien de la Conférence épiscopale italienne Avvenire.

    Récemment l’Église italienne a exprimé une sorte de compréhension envers la nouvelle politique du gouvernement de restreindre sur la question des départs de la Libye et par conséquent des débarquements. On a aussi écrit que, sur ce point, vous avez rencontre le président du Conseil, Gentiloni. Nous voudrions savoir si cette rencontre a eu lieu et si cette question a été abordée. Et surtout, que pensez-vous de cette politique de fermeture des départs, considérant aussi le fait qu’ensuite les migrants qui restent en Libye, comme cela a été prouvé par des enquêtes, vivent dans des conditions inhumaines, dans des conditions vraiment très précaires. Merci.

    Avant tout, la rencontre avec le (premier) ministre Gentiloni a été une rencontre personnelle et non sur cette question. C’était avant ce problème qui a émergé quelques semaines plus tard… Deuxièmement, je ressens un devoir de gratitude envers l’Italie et la Grèce parce qu’elles ont ouvert leur cœur aux migrants. Mais il ne suffit pas d’ouvrir son cœur. Le problème des migrants est : premièrement, un cœur ouvert, toujours, entre autres parce que c’est un commandement de Dieu, recevoir, parce que « tu as été esclave », migrant, en Égypte. Mais un gouvernement doit gérer ce problème avec la vertu propre au gouvernant, à savoir la prudence. Qu’est-ce que cela signifie ? D’abord, combien de places j’ai. Deuxièmement, ne pas seulement recevoir, (mais) intégrer. J’ai vu ici, en Italie, des exemples de très belle intégration. Je suis allé à l’Université Roma Tre, quatre étudiants m’ont posé des questions. J’en regardais une, la dernière : mais ce visage, je le connais. C’était une étudiante qui, moins d’un an plus tôt, était venu de Lesbos avec moi en avion, elle a appris la langue, elle étudiait la biologie dans sa patrie, elle a fait l’équivalence et maintenant elle continue. Cela s’appelle intégrer. Sur un autre vol, je rentrais de Suède, j’ai parlé de la politique d’intégration de ce pays comme un modèle. Mais la Suède aussi a dit avec prudence : le nombre est celui-ci, je ne peux pas plus. Troisièmement, il y a un problème humanitaire. Ce que vous disiez. L’humanité prend-elle conscience de ces camps, des conditions dans le désert ? J’ai vu des photos, ceux qui exploitent. Je crois, j’ai l’impression que le gouvernement italien fait tout, par des travaux humanitaires, pour résoudre même des problèmes qu’il ne peut assumer. Mais le cœur toujours ouvert, prudence et intégration, et proximité humanitaire. Et il y a une dernière chose que je veux dire et qui vaut surtout pour l’Afrique. Il existe, dans notre inconscient collectif, une devise, un principe : il faut exploiter l’Afrique. Aujourd’hui, à Carthagène, nous avons vu un exemple d’exploitation, humain dans ce cas-là. Sur ce point, un chef de gouvernement a dit une belle vérité : ceux qui fuient la guerre, c’est un autre problème ; mais beaucoup qui fuient la faim, investissons là-bas pour qu’ils se développent. Mais dans l’inconscient collectif, il y a le fait que chaque fois que tous les pays développés vont en Afrique, c’est pour exploiter. Nous devons renverser cela. L’Afrique est une amie et il faut l’aider à grandir.

  • Les entretiens du pape avec Dominique Wolton : extraits

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    Présentés sur zenit.org :
     
  • Un dialogue inédit ou quand le pape se dévoile

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    D'Anne Kurian sur zenit.org :

    France : livre d’entretien du chercheur Dominique Wolton avec le pape

    Politique Et Société – Pape François Et Dominique Wolton, Editions De L'Observatoire

    Politique et société – Pape François et Dominique Wolton, Editions de L'Observatoire

    « Pape François : rencontres avec Dominique Wolton : politique et société ». C’est le titre du livre-entretien que publie le chercheur français, fondateur de l’Institut des sciences de la communication du CNRS, qui a conversé avec le pape au cours d’une douzaine d’audiences privées au Vatican.

    L’ouvrage du sociologue de 70 ans, dont la publication est prévue le 6 septembre 2017 en France (Editions de L’Observatoire), a été présenté le 30 août au journal télévisé de France2. Il est le fruit d’une année de rencontres entre l’intellectuel et le pape argentin.

    Le pape y évoque notamment son enfance, les figures de sa mère et de ses deux grands-mères : « Je remercie Dieu d’avoir connu ces vraies femmes dans ma vie. »

    Il confie qu’il a suivi une psychanalyse à l’âge de 42 ans : « Cela m’a beaucoup aidé à un moment de ma vie où j’ai eu besoin de consulter (…) pour éclaircir les choses. »

    Quant à son pontificat, il répète qu’il n’est pas « un professeur » mais « un pasteur ». « Je n’ai jamais pensé finir dans cette cage mais je reste libre intérieurement », assure-t-il.

    Au fil des pages, le pape aborde diverses thématiques qui lui tiennent à cœur, comme celle des migrants, dénonçant l’attitude du Vieux continent : « L’Europe en ce moment a peur, elle ferme, ferme, ferme. »

    Autres sujets de ce livre de plus de 400 pages : la paix et la guerre, la politique et les religions, la mondialisation et la diversité culturelle, les fondamentalismes et la laïcité, l’écologie, les inégalités dans le monde, l’œcuménisme et le dialogue interreligieux, l’individu, la famille, l’altérité, le temps, la confiance et la joie.

    Après ses rencontres avec le pape latino-américain, Dominique Wolton témoigne de son sourire, de sa douceur, de ses yeux « extrêmement vifs », de son intelligence.

    Dominique Wolton est directeur de recherche au CNRS. Il est le fondateur et le directeur de la revue internationale Hermès (CNRS Éditions) depuis 1988. Il est l’auteur d’une trentaine d’ouvrages dont le livre d’entretien Le Choix de Dieu, avec Mgr Jean-Marie Lustiger, ancien archevêque de Paris.

    De larges extraits de ce livre sont reproduits ICI

  • Une bonne hygiène intellectuelle pour recevoir les paroles du pape sur les sujets de portée temporelle

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    De Philippe de Saint-Germain sur son blog :

    Le pape et l’immigration : à chacun ses responsabilités

    Pourquoi les propos du pape sur le phénomène migratoire sont toujours compris de travers. La responsabilité de l’Église ne se substitue pas à celle des États.

    LE GAGNANT de la petite phrase provocation de l’été est à nouveau le pape François. Mais la provocation est moins dans ses propos, constants dans leur appel à l’accueil généreux des migrants, que dans l’indignation qu’elle suscite sur la foi d’une erreur tout aussi constante sur la nature de son autorité.

    Le propos qui fâche est extrait du message pontifical pour la Journée mondiale du migrant et du réfugié 2018, rendu public le 21 août. « Le principe de centralité de la personne humaine, dit-il, nous oblige à toujours faire passer la sécurité personnelle avant la sécurité nationale. » Considérer que le pape méprise le droit des nations à se protéger est absurde.

    Tout d’abord, il n’entre pas dans la confusion malheureuse chez de nombreux chrétiens entre l’universel religieux (eschatologique) et l’universel politique. Tout simplement parce que son message n’est pas politique : il est pastoral, comme il l’indique, et relève du devoir de charité de l’Église, même s’il invoque la nécessité d’une « contribution » de la communauté politique et de la société civile.

    Une question éthique pas religieuse

    Le message du pape n’est pas eschatologique au sens où le religieux aurait autorité sur le politique. L’Église n’a pas pour mission d’organiser le monde politique, et la politique n’est pas appelée à réaliser le Royaume de Dieu. Ce serait dans les deux cas du totalitarisme obtus, païen et mythologique. Son message est d’ordre spirituel pour les chrétiens et moral pour tous. Or la morale procède de la raison.

    « Le royaume de Dieu n’est pas une norme ‘politique’ de l’action politique, mais une règle ‘morale’ de cette action, expliquait le théologien Ratzinger [1]. Le politique est soumis à des règles morales, même si la morale comme telle n’est pas la politique, ni inversement si le politique comme telle n’est pas la morale. Autrement dit : le message du royaume de Dieu a une signification pour le politique, non sur le plan de l’eschatologie, mais sur le plan de l’éthique politique. »

    Or par définition, la morale ne remet pas en cause la souveraineté du politique qui a ses contraintes propres et elle appelle la prudence.

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  • La transformation du catholicisme en utopie multiculturaliste n'est pas inscrite dans son ADN

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    Si le Père Vénard voit dans le livre de Laurent Dandrieu "Eglise et immigration : le grand malaise" de faux procès incriminant injustement le pape François (voir ICI), Mathieu Bock-Côté, sur Figaro Vox, voit dans ce livre "une méditation subtile et éclairante sur le destin de notre civilisation" :

    Mathieu Bock-Côté : «Un certain catholicisme se mue en utopie multiculturaliste»

    FIGAROVOX/LECTURE - Mathieu Bock-Côté a lu l'essai Eglise et immigration : le grand malaise. Loin des polémiques, Laurent Dandrieu «ajoute sa voix au renouveau intellectuel du conservatisme français», estime le sociologue québécois.

    Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d' Exercices politiques (VLB éditeur, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (Boréal, 2012) et de La dénationalisation tranquille (Boréal, 2007). Son dernier livre, Le multiculturalisme comme religion politique, vient de paraître aux éditions du Cerf.

    Journaliste à Valeurs actuelles et auteur de nombreux ouvrages consacrés à l'histoire de la peinture ou du cinéma, Laurent Dandrieu a incontestablement marqué le début de l'année 2017 avec un livre inattendu, qui a fait éclater un malaise profond chez les catholiques français. Avec Église et immigration: le grand malaise, il se penche sur la doctrine catholique concernant l'immigration. Dans quelle mesure le catholicisme est-il capable de penser les grandes migrations au-delà d'un discours moralisateur et désincarné sur l'ouverture, qui nous est généralement administré et dont le pape François semble s'être fait une spécialité médiatique? Mais si ce livre frappe fort, il n'a rien d'un brûlot. On n'y trouve aucune facilité polémique, aucune formule gratuite lancée pour le simple plaisir de choquer. Il est non seulement bien mené, mais remarquablement documenté et c'est une pensée forte et articulée qui s'y exprime. On sent que l'auteur méditait son ouvrage depuis très longtemps, comme il le dit clairement dès ses premières pages. Ce livre, à sa manière, est une méditation subtile et éclairante sur le destin de notre civilisation.

    Le problème de base peut être aisément posé: il existe une telle chose qu'un devoir d'hospitalité et d'aide aux personnes en détresse. L'Église le pense à travers la parabole du Bon Samaritain. Mais c'est une chose d'accueillir une personne, c'en est une autre d'en accueillir des millions, comme c'est le cas, aujourd'hui, avec l'immigration massive qui se jette en nombreuses vagues sur le continent européen, au point que certains parlent même d'une immigration de peuplement. D'autant qu'on ne saurait assimiler systématiquement la figure de l'immigré à celle du réfugié en détresse, fuyant la guerre et la faim. Est-ce qu'une nation est en droit de défendre ses frontières? Depuis un bon moment déjà, l'Église semble penser que non. Mais Laurent Dandrieu lui rappelle qu'elle a déjà pensé le contraire et qu'elle a déjà reconnu le droit des nations: la transformation du catholicisme en utopie multiculturaliste n'était pas inscrite dans son ADN. L'histoire des idées, quand on la maîtrise, éclaire la vie de la cité. D'ailleurs, certains papes comme récents comme Jean-Paul II et Benoit XVI conjuguaient paradoxalement une défense résolue du droit des peuples à leur personnalité collective et un immigrationnisme sans nuances, comme s'ils ne voyaient pas la contradiction entre les deux.

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  • "La responsabilité du pape est d'abord le développement humain intégral"; vraiment ?

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    L'abbé de Tanoüarn, sur son blog, réagit au propos du père Stalla-Bourdillon que nous avons relayé hier :

    Qu'est-ce qu'un Christ humanitaire

    En cette fête de saint Augustin légèrement dépassée, je tombe, en lisant La Vie, sur une formule du Père Stalla-Bourdillon, responsable du Service pastoral d'étude politique, qui me semble révélatrice, c'est-à-dire porteuse de vérités. Nous sommes en plein dans le débat sur les migrants, sur ce droit opposable universel que le pape François, au nom de la Personne humaine, veut voir conféré aux migrants, qui déferlent sur l'Europe depuis la Syrie, l'Afghanistan, l'Irak, la Somalie, le Tchad et toute l'Afrique sub-saharienne. Loyalement le Père Stalla-Bourdillon fait son métier, en défense de la parole pontificale.

    Son premier argument ? Une nouvelle définition de la fonction pontificale. Pour lui, il faut reconnaître, je cite, que "la responsabilité du pape est d'abord le développement humain intégral, tel qu'il est apparu dans la personne [divine] du Christ".

    On peut rapprocher cet essai pour la délimitation d'un rôle qui soit propre au Successeur de Pierre, mais qui touche en même temps à l'univers et à l'universel, de cette belle appellation, qui resurgit depuis Vatican II : "pasteur universel". Le pasteur est celui auquel le Christ a confié solennellement ses brebis, après sa résurrection (Jean 20). Quant aux brebis, elles ne sont pas toutes explicitement de "ce" bercail (Jean 10). Le pape-monde a une fonction qui dépasse cette confession particulière qu’est le catholicisme. "Doux Christ en terre" disait Catherine de Sienne, chargé, au nom du Christ, du salut du monde, il est bien le pasteur universel. On peut dire que la personne de Jean-Paul II a illustré, pour la première fois depuis les grands papes du Moyen âge, cette fonction du pape-monde, qui dépasse toutes les limites humaines, comme l'Eglise dont il a la charge, parce qu'elle est à la fois l'Eglise visible et l'Eglise invisible. Nous avons trop tendance à juger le pape en tant que chef de l'Eglise catholique (par quoi nous entendons de façon humaine, trop humaine le catholicisme). Or il est beaucoup plus que cela, puisqu'il est le pasteur universel, pour qui le salut ou la damnation d'une âme quelle qu'elle soit ne peut pas être un événement indifférent.

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  • Et si l'Église se penchait en profondeur sur la question des flux migratoires ?

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    Hugues Lefèvre, sur le site de Famille Chrétienne, a recueilli les propos de Marc Fromager, Directeur de l'Aide à l'Eglise en Détresse (France) :

    Marc Fromager : " Concernant les migrants, l'Église doit faire un vrai travail de pédagogie "

    Le directeur de l'Aide à l'Église en Détresse (AED) revient sur le message du pape François pour la journée mondiale du migrant et du réfugié. Il estime que le texte ne va pas assez loin dans l'analyse des causes des flux migratoires. Une plus profonde compréhension du phénomène permettrait selon lui de dénoncer notamment les pratiques de l'Occident en Afrique et au Moyen-Orient.

    Comment avez-vous réagi à la lecture du message du pape François sur les migrants ?

    Pour tout vous dire, j'ai d'abord parcouru les réactions occasionnées par le texte avant de le lire… Et le fait de voir certains passages pris et commentés de manière isolée joue à une espèce de dramatisation qui, si on en reste à ce niveau, rend le texte un peu anxiogène. Il faut donc le lire en entier. D'autre part, replaçons le message du pape François dans son contexte. Il ne s'agit pas d'un discours programmatique d'une personne nouvellement élue qui donnerait un cap stratégique et politique précis pour les années à venir. Il s'agit d'un message pour la journée mondiale du migrant qui a lieu chaque année.

    Que retenez-vous de ce message ?

    D'abord, certains points positifs m'ont interpellé. Le fait que le pape rappelle et insiste sur la centralité de la personne humaine. Les migrants ne sont ni des pions, ni une espèce de masse informe, une main d'œuvre ou bien une menace. Ils sont avant tout des personnes. Aussi, le pape évoque à la fin de son message l'opportunité d'évangélisation engendrée par ces flux migratoires. Reste à savoir si, en France par exemple, l'Église a encore les moyens humains, l'énergie et la volonté de s'occuper de ces personnes. Sans parler d'évangélisation proactive, il s'agirait déjà d'être en capacité de répondre aux migrants musulmans qui frappent à la porte des églises.

    Ensuite, j'ai un regret. Je trouve que ce message procède d'une vision un peu pessimiste du monde. Une vision qui consisterait à dire que, quoiqu'on fasse, il y aura toujours autant de migrants. J'aurais attendu que l'Église s'intéresse davantage aux raisons de ces flux migratoires. Car je pense que c'est seulement en identifiant bien les causes que l'on peut s'attaquer aux problèmes. Certes, dans un passage, le pape évoque le fait que l'Église participe à cette recherche des causes mais il ne va pas plus loin. Sur la question complexe des migrants, une analyse plus approfondie du phénomène et un vrai travail de pédagogie de la part de l'Église permettraient à chacun de prendre ses responsabilités.

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