De Riccardo Cascioli sur la Nuova Bussola Quotidiana en traduction française sur le site "Benoît et moi" :
«ILS VEULENT FAIRE TAIRE BENOÎT XVI PARCE QU'IL DIT LA VÉRITÉ»
«L'intervention de Benoît XVI est très importante en cette heure de l'Église, parce qu'elle nous force à affronter les racines de cette crise profonde... Ceux qui veulent faire taire le pape émérite sont des gens qui raisonnent selon le monde, et qui ne savent rien de la mission des évêques».
Le cardinal Gerhard Müller - que le Pape Benoît XVI voulut comme héritier à la tête de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi et qui a ensuite été brusquement démis par le Pape François à la fin de son premier mandat en 2017 - paraît réconforté par les "notes" sur le sujet des abus sexuels que le pape émerite a voulu rendre publiques ces jours-ci, mais il est très dur avec ceux qui pensent que Benoît ne devrait pas parler. Nous le contactons au téléphone, au retour d'un voyage en Allemagne.
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Éminence, comment jugez-vous la publication des "notes" de Benoît XVI à propos des abus sexuels?
La contribution de Benoît XVI est très importante en cette heure que vit l'Église, parce que nous avons une grande crise de crédibilité, et nous avons le devoir d'aller aux racines ou aux débuts de cette crise, qui n'est pas tombée du ciel. Jusqu'à présent, on n'a parlé que de cléricalisme, un concept très flou, une façon de ne pas s'attaquer aux causes réelles de la crise. Elle a une longue histoire qui commence aussi dans l'Église avec la révolution sexuelle des années 1960 et avec la crise contemporaine de la théologie morale, là où elle a nié l'intrinsece malum, l'existence d'actes intrinsèquement mauvais. On a commencé à soutenir que certains actes ne constituent un péché ou un crime grave que sous certaines conditions, que tout dépend de la situation. Mais ce n'est rien de plus qu'une autojustification du péché.
Le Pape Benoît XVI a une longue mémoire de ce qui s'est passé dans l'Église, et une grande capacité théologique d'analyse. Il est très surprenant qu'à 92 ans il ait cette lucidité d'analyser la situation, par ailleurs bien mieux que d'autres qui pourtant élèvent la voix.
Une première objection qui a été faite concerne l'origine du scandale de la pédophilie que l'on fait remonter à 1968 et à la révolution sexuelle. On affirme que les affaires ont commencé bien avant 1968.
C'est une objection sans consistance. Il est évident que de tels problèmes ont toujours existé, mais ici la différence réside dans le passage de quelques cas isolés à un phénomène répandu. Il suffit de regarder les données. Dans les années 1960, en même temps que ce qui se passait dans le monde, il y a eu dans l'Église une chute dans la ligne morale, dans l'éthique, dans la spiritualité du sacerdoce. Surtout, la confusion a été créée sur la frontière entre le bien et le mal, entre ce qui est interdit et ce qui est licite. Une déviation de la conscience s'est produite. Quand quelqu'un est éduqué correctement, il sait que ceci est un péché, et que cela ne l'est pas. La conscience respecte ces règles internes, mais s'il y a des théologiens moraux qui commencent à plonger dans la confusion, à dire que cela n'est pas un péché, que chacun a le droit de vivre sa sexualité, alors ensuite, nous nous retrouvons avec ces conséquences. Si quelqu'un sait clairement ce qui est licite et ce qui ne l'est pas, il a plus de force intérieure pour fuire les tentations.