De Heather Tomlinson sur le Catholic Herald :
L'incroyable courage et la foi du père Marie-Benoît, frère français et sauveteur de l'Holocauste
De nombreux prêtres et religieux ordinaires et humbles ont travaillé dur pour sauver la vie de juifs en danger dans l'Europe occupée par les nazis, mais le courage, la compassion et l'audace de ce frère capucin brillent particulièrement au milieu de la terrible obscurité de l'Holocauste.
Malgré les allégations ultérieures selon lesquelles l'Église catholique n'aurait pas fait assez contre le régime nazi, de nombreux fidèles catholiques ont risqué la torture et ont même donné leur vie pour sauver des vies dans les zones contrôlées par les nazis. Certains sont devenus célèbres, comme le « mouflon du Vatican » Monseigneur Hugh O'Flaherty, sujet d'un film réalisé sur ses exploits audacieux à Rome, et le champion cycliste Gino Bartali, qui a parcouru la campagne italienne à vélo en travaillant secrètement pour la résistance.
De nombreux hauts dignitaires religieux ont eux aussi pris des mesures. Ainsi, Mgr Jules-Géraud Saliège , archevêque de Toulouse de 1928 à 1956, a dénoncé les horreurs dont il a été témoin dans une lettre pastorale publiée en 1942. (On pourrait citer aussi l'évêque de Liège, Mgr Kerkhofs, qui a sauvé de nombreux juifs pendant l'occupation nazie, reconnu "Righteous Among the Nations" le 6 juillet 1981. ndB)
Cette lettre inspirera bien d’autres, dont le modeste moine capucin Pierre-Marie Benoît, dont l’histoire sera racontée par sa collaboratrice Fernande Leboucher dans ses mémoires de 1969 (L’incroyable mission du père Benoît, Fernande Leboucher, trad. JF Bernard, 1970, William Kimber & Co). Mme Leboucher dirigeait une entreprise de couture à la mode, mais la brutalité nazie s’est immiscée dans sa vie lorsque son mari juif, Ludvik, a été détenu dans un camp local.
On ne sait pas encore quel sera le sort des détenus, mais de terribles rumeurs courent sur des déportations dans des camps allemands infernaux. Désemparée, Mme Leboucher a entendu dire que le Père Benoît vient en aide aux juifs en danger et elle va le chercher dans son couvent de capucins à Marseille. Ensemble, ils réfléchissent aux mesures pratiques à prendre, mais il l’encourage surtout à prier. « Vous pouvez être sûre que, d’une manière ou d’une autre, Dieu répondra à vos prières, dit le moine à Mme Leboucher. Après tout, son fils était juif lui aussi, et lui aussi a été persécuté de son vivant. Il n’est pas difficile de croire que Dieu a un sentiment particulier pour la race juive. »
Mme Leboucher était novice en matière de prière, « peut-être n’avais-je jamais vraiment eu besoin de Dieu auparavant », écrit-elle. Après avoir commencé à prier, elle a découvert en quelques jours où son mari était détenu et lui a rendu visite peu de temps après.
Il peut sembler que ses demandes n'aient pas été entendues, car le sort de son mari a fini par être celui des six millions d'autres. Pourtant, depuis son arrestation jusqu'à sa déportation à Auschwitz, ils ont travaillé ensemble pour sauver d'autres personnes du camp, avec l'aide du Père Marie-Benoît.