Lu sur le site Benoît et moi, cette traduction d'un article de Matteo Matzuzzi publié sur Il Foglio :
"Le préfet de la CDF ne peut pas clore le débat" relatif à la situation des divorcés remariés qui demandent à être réadmis aux sacrements. Un article, même long et docte, même publié sur le journal du Pape, ne doit pas empêcher à l'Eglise universelle de s'interroger sur les grands problèmes liés à la pastorale matrimoniale, à la famille, aux couples de fait, aux unions entre personnes du même sexe qui - éventuellement - ont aussi adopté des enfants.
L'archevêque de Munich et Freising, Reinhard Marx, n'use pas de demi-mots pour préciser que Mgr Gerhard Ludwig Müller aussi, gardien de la doctrine et de la foi catholique, doit accepter que dans l'Eglise investie du vent frais et impétueux qui depuis le mois de mars souffle sur la Ste Eglise Romaine, à présent, on puisse discuter. Même des thèmes sur lesquels, avant cela, la confrontation était rare, ou freinée au départ par les rappels à l'orthodoxie réitérés du "monsignore" préfet, dans sa dense intervention d'il y a quelques semaines publiée sur l'OR. Dans cette contribution - ainsi que la présentait l'organe officiel du Saint-Siège - le préfet de la CDF mettait en garde contre les "faux appels à la miséricorde", selon lesquels le Dieu miséricordieux ne pourrait faire autrement que pardonner.
Les mots de Marx n'ont pas filtré d'une rencontre informelle, ils n'ont pas été arrachés lors d'une conférence académique ou de l'inauguration de quelque exposition. Non, le cardinal allemand a lancé le "halte-là" au préfet de l'ex-Saint Office durant les travaux de la Conférence épiscopale de Freising, qui réunit dans son assemblée plénière les évêques de Bavière, de Ratisbonne à Passau, d'Augusta à Bamberg, de Würzbourg à Eichstätt et Spire. Et ce qui a agacé le cardinal de Münich, ce sont justement les argumentations de Müller sur l'indissolubilité du mariage, le fait qu'il fixe des verrous à l'hopital de campagne de François, neutralisant dès le départ le débat sur ces "problématiques inédites il y a encore quelques années", qui seront l'objet de confrontation lors du prochain Synode extraordinaire sur la Famille d'octobre 2014. Une assise qui ne doit pas partir dès maintenant avec des résultats pré-confectionnés, ni avec un intrumentum laboris trop rigide qui empêche, ou limite, le débat franc et libre.
Des questions qui, selon le document préparatoire du Synode, réclament une réponse "nécessaire et urgente", on discutera "de manière ample, avec des résultats qu'aujourd'hui, je ne sais pas prévoir", a dit Marx. Mais il est clair, a-t-il ajouté que quelque chose sera dit "au grand nombre de fidèle qui ne comprennent pas pourquoi une seconde union n'est pas admise dans l'Eglise. Et puis, parler du divorce comme d'un "échec moral" est tout à fait "inadapté".