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  • Liège : Appel de Mgr Delville pour les chrétiens et les victimes du nettoyage ethnique en Irak

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    Sur le site du diocèse :

    200_200_e2f970b49174c5d6ba877496e45b25db-1370007343.jpg« Plus de 100 000 chrétiens d’Irak sont chassés de leurs villes en Irak. C’est un drame humanitaire et même un risque de génocide qui est en cours, avec des atrocités commises sur les chrétiens et l’exode des populations lancées sans secours sur les routes désertiques. 

    À la demande du pape François, prions autour du 15 août Marie, Reine de la Paix, pour nous unir aux souffrances des populations victimes de la violence en Irak.

    Et si nous pouvons, versons un don sur le compte BE88 0000 0000 4141, de Caritas, qui a déjà commencé sur place son travail d’aide aux réfugiés.

    + Jean-Pierre Delville »

    A noter à ce propos que l’église du Saint-Sacrement (Bd d’Avroy, 132) dédie à cette cause une adoration eucharistique ce mardi 12 août de 17h00 à 19h00 et ses deux messes de l’assomption vendredi 15 août à 10h00 (latin) et 11h15 (français).

  • "Les djihadistes sont des criminels qu'il faut arrêter et juger "

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    Le site web Aleteia a appelé  Mgr Lebrun, l'évêque de Saint-Etienne, actuellement à Erbil, pour faire le point sur la situation des réfugiés chrétiens en Irak. :

    Sa visite, quelques semaines après celle de Mgr Barbarin à Qaraqodh, a été programmée et annoncée au dernier moment. L’évêque de Saint-Étienne a interrompu ses vacances et est arrivé samedi matin dans la capitale du Kurdistan irakien autonome, avec Mgr Gollnisch, en charge de l'Oeuvre d'Orient. Aleteia l'a eu en ligne afin de partager son ressenti là-bas, à Erbil.

    Monseigneur, où en est l'aide aux chrétiens sur place ?

    Mgr Lebrun : Pour la première fois aujourd'hui, on a commencé à organiser un véritable centre d'accueil pour les réfugiés. L'aide aux chrétiens commence à se mettre en place. De l'aide est déjà arrivée de l'Unicef, du HCF, de l'état français, ce qui a permis de parer à quelques besoins essentiels : des tentes, des médicaments… Mais cela manquait un peu d'adéquation au réel, car cette aide était arrivée spontanément, ce qui est tout à fait naturel. Une deuxième vague d'aide est en train d'arriver. L'Oeuvre d'Orient travaille sur place à Erbil avec Mgr Gollnisch, qui a une connaissance plus fine de la diversité des communautés, des besoins…

    Pouvez-nous nous décrire Erbil ?

    Mgr Lebrun : Erbil c'est une grande ville, la capitale du Kurdistan. Mais il ya a aussi Ankawa (Ndlr : à quelques kilomètres au nord-ouest d'Erbil), la ville jumelle chrétienne d'Erbil, qui est Kurde. Les deux villes se sont rejointes.  A Ankawa, on trouve plusieurs églises, chaldéennes et syriaques, ainsi que le séminaire de Mossoul qui y a été transféré après la chute de la ville.

    Comment est le moral des réfugiés chrétiens sur place ?

    Mgr Lebrun : Aucun chrétien n'a abjuré, c'est admirable. Ils sont unis dans la prière. Mais leur désespoir, en toute honnêteté, est très grand. Si l'on écoute ce que disent les chrétiens réfugiés ici, si vous leur demandez ce qu'ils veulent faire, 90% vous diront qu'ils veulent quitter le pays. Cela fait un siècle que l'on subit cela, nous disent-ils, des humiliations, des persécutions… Ce n'est plus possible. En quelques décennies, l'Irak a perdu les deux tiers de ses chrétiens. En même temps, si vous leur dites que, dans huit jours ils peuvent retourner à Qaraqosh, qu'ils peuvent rentrer chez eux, la réponse sera certainement différente.

    Selon vous, que faut-il faire maintenant ?

    Mgr Lebrun : Après l'aide humanitaire, ce qu'il faut, c'est que la communauté internationale soit prête à agir pour stopper ces criminels. Ce soi disant califat n'a rien d'un état. M. Fabius l'a l'a dit losqu'il est venu à Erbil : il faut demander à  l'ONU d'intervenir. Je suis convaincu qu'ilt faut une intervention militaire, et à terme une solution irakienne.
    Il ne faut pas non plus oublier toute la tragédie des Yezidi qui subissent le même sort que les chrétiens : vous abjurez votre foi, vous mourez ou bien vous partez. Ils sont dans la montagne de Sinjar, c'est dramatique. On parle aussi de plus de 500 femmes enlevées, qui ont le choix entre être vendues ou être tuées. Il semble clair que l'armement des armées kurdes et irakiennes n'est actuellement pas suffisant pour faire face aux terroristes. Cela nous dépasse ; je peux simplement dire, en tant qu'évêque, que ce sont des criminels, et qu'il faut les arrêter et les juger. Pour l'avenir, si on ne bouge pas, c'est terrible. »

    Ref. : "Les djihadistes sont des criminels qu'il faut arrêter et juger "

    JPSC

  • Pourquoi le Vatican considère-t-il qu’une intervention militaire en Irak est « nécessaire » ?

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    Pourquoi-le-Vatican-considere-t-il-qu-une-intervention-militaire-en-Irak-est-necessaire_article_main (2).jpgLu sur le site de « La Croix » (extraits) :

    « Alors que depuis les années 1960, les positions du Vatican se caractérisent par une forte réticence face à l’usage de la force armée dans la résolution de conflits, Mgr Silvano Tomasi, observateur permanent du Saint-Siège auprès des Nations unies, a déclaré samedi 9 août, qu’une intervention militaire en Irak est « nécessaire en ce moment pour arrêter l’avancée des djihadistes en Irak ». (…)

    Entretien avec Christian Mellon, jésuite, membre du Centre de recherche et d’action sociales (Ceras) :

    « Il est vrai que selon la ”doctrine de la guerre juste”, c’est-à-dire la position traditionnellement tenue par l’Église catholique sur la légitimité éthique de la guerre, une intervention militaire est rarement légitimée. Mais elle l’est en cas d’épuration ethnique ou de génocide, et plus généralement lorsque “des populations civiles risquent de succomber sous les coups d’une injuste agression”, comme l’avait dit Jean-Paul II le 16 janvier 1993 au corps diplomatique, lors des dramatiques événements de Bosnie.

    De même, le 1er  janvier 2000, à l’occasion de son message pour la journée de la Paix, Jean-Paul II rappelait que, “quand les populations civiles risquent de succomber et que les efforts de la politique et les instruments de défense non violente n’ont eu aucun résultat, il est légitime, et c’est même un devoir, de recourir à des initiatives concrètes pour désarmer l’agresseur. Toutefois, ces initiatives doivent être limitées dans le temps, avoir des objectifs précis, être mises en œuvre dans le plein respect du droit international, être garanties par une autorité reconnue au niveau supranational et n’être jamais laissées à la pure logique des armes.”

    Quant à la divergence d’expression entre Mgr Silvano Tomasi, qui parle d’intervention militaire, et le pape François qui évoque une “solution politique (une intervention militaire devant viser à une solution politique), elle peut surprendre en effet, car la position de Mgr Tomasi a sans doute été prise avec l’accord du pape. Mais cette différence peut se comprendre du fait des contextes respectifs de ces paroles : une prière place Saint-Pierre ne peut être comparée à une prise de parole dans l’enceinte de l’ONU. »

    RECUEILLI PAR CLAIRE LESEGRETAIN »

     Réf. Pourquoi le Vatican considère-t-il qu’une intervention militaire en Irak est « nécessaire » ?

    Si la différence d’expression entre le pape François et Mgr Tomasi, que nous avions déjà relevée,  n’est pas une divergence, on s’en réjouira, mais elle peut effectivement surprendre : laisser planer un doute ou une ambiguïté déforce évidemment le message. JPSC

     

  • 100.000 euros d'urgence pour soutenir les chrétiens d'Irak

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    UNE NOUVELLE AIDE D’URGENCE DE 100.000 EUR PAR L’AED

    10/08/2014
    ’Aide à l’Église en Détresse (AED) ajoute une nouvelle aide d’urgence de100.000 EUR pour soutenir les chrétiens d’Irak qui ont fui vers Erbil après avoir subi d’autres terribles attaques dans la nuit du 6 au 7 août dans la capitale chrétienne de l’Irak – Qaracoche – et dans la plaine de Nivine.
     
    140811 noodhulp_slaapbanken.jpegNous faisons appel à toutes les personnes de bonne volonté pour contribuer à de l’aide supplémentaire pour l’Irak et le Moyen-Orient. Une source en provenance d’Erbil, qui a voulu rester anonyme pour une question de sécurité, rapportait ce matin à l’AED, qu’à la suite de la prise de la plaine de Nivine par l’État islamiste (EI), quelques dizaines de milliers de chrétiens ont fui vers Duhok et Erbil. « Ceux qui demeuraient entre Alquah et Tall Kayf se sont déplacés vers Duhok tandis que ceux qui restaient dans les villages de Qaracoche et Bashiqa sont allés à Erbil. »
     
    Dans la capitale du Kurdistan, l’Église héberge les réfugiés dans la Cathédrale chaldéenne de St-Joseph située dans la région d’Ankawa ainsi que dans d’autres églises de la ville. « L’Église, poursuit la personne anonyme, fait tout ce qu’elle peut, mais les ressources sont insuffisantes pour aider tout le monde dont les femmes et les enfants qui ont tout laissé derrière eux. » Dans les deux derniers mois, 2 000 familles chrétiennes ont fui vers le Liban et 2 000 autres vers la Turquie.
     
    À pied et en pyjama
    Plusieurs milliers de personnes ont dû quitter leur demeure si rapidement qu’ils n’ont rien 140811 noodhulp_noodopvang.jpegapporté avec eux et nombreux parmi ceux qui sont arrivés à Erbil à pied, très souvent habillés que d’un simple pyjama. Il y a d’ailleurs quelques histoires pathétiques, dont celle de cette femme qui a été tuée avec sa mère et ses deux enfants et celle de ce jeune homme qui est mort à la suite des blessures qu’il a subies pendant un bombardement. En plus de la misère des réfugiés, la situation cause beaucoup de souffrance et de peur aux 100 000 chrétiens du Kurdistan surtout à Erbil, Duhok, Zahko, Sulaymaniya et Amadiya.
     
    Selon cette source de l’AED, les chances que l’EI attaque à nouveau le Kurdistan sont minces, car la région est militairement bien protégée. Malgré cela, les chrétiens du Kurdistan sont effrayés en pensant à ce qui est arrivé à leurs frères de Mossoul et ils ont peur pour l’avenir du pays. « Plusieurs familles sont ici depuis des décennies et n’ont jamais pensé partir avant ces derniers événements. Contrairement à ce qui s’est passé dans d’autres régions de l’Irak, les chrétiens du Kurdistan sont dans une situation plus sécuritaire et plus saine. Plusieurs d’entre eux ont de l’argent et peuvent se permettre de partir, ce qu’ils feront probablement parce qu’ils sont fatigués par cette souffrance », poursuit l’interlocuteur de l’AED.
     
    Selon lui, la situation actuelle et les combats en cours pourraient entraîner la fin du christianisme en Irak. Une intervention pourrait signifier une dizaine d’années avant de pouvoir imaginer un avenir meilleur. Il n’y aura que des ruines et la reconstruction exigerait beaucoup de temps et de souffrance. Les Irakiens sont exaspérés et ils se demandent s’ils ne sont pas mieux d’attendre dans un autre pays avant que la situation ne change.
     
    Ce projet est un exemple de notre travail. Votre don bénéficiera à ce projet ou à un projet similaire, et permettra le travail pastoral de l’AED.
    • Vous pouvez aider pour un don pastoral via Aide à l'Église en Détresse IBAN: BE25 1960 0933 4182 BIC: CREGBEBB (sans attestation fiscale)
    • Vous pouvez aider par un don en ligne pour un projet pastoralFR doneer_button.gif
    • Vous pouvez aider pour un don socio-caritatif via Aide et Espoir IBAN: BE72 1960 1357 6116 BIC: CREGBEBB (avec attestation fiscale pour tout don supérieur ou égal à 40€)

  • La mort de Simon Leys

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    Nous apprenons la mort de Simon Leys (Pierre Ryckmans) dont, il y a deux ans, Frédéric Beibeder faisait l'éloge suivant à l'occasion de la publication du "Studio de l'inutilité" :

    Simon Leys, le Belge bondissant

    Les meilleurs écrivains français sont-ils tous belges? Georges Simenon, Henri Michaux, Félicien Marceau, Weyergans, Pirotte, Toussaint, Nothomb-ça-dépend-des-années... Dans son dernier livre, le Belge Pierre Ryckmans, dit Simon Leys, nous donne le secret de la supériorité de la «belgitude»: «S'il est une chose dont le Belge est pénétré, c'est de son insignifiance. Cela, en revanche, lui donne une incomparable liberté - un salubre irrespect, une tranquille impertinence.» Si les Belges sont meilleurs que nous, c'est parce qu'ils auraient développé un complexe d'infériorité par rapport à la langue française, vivant «à côté» de notre idiome. D'où leur souci d'écrire le plus clairement possible, avec l'autodérision élégante qui caractérise les habitants d'un pays en voie de disparition. (Ici, merci d'imaginer un sourire chinois.) Depuis Les Habits neufs du président Mao en 1971, Leys s'amuse à dire la vérité blessante avec une ironie belge et barbue. A 76 ans, il est devenu une sorte d'oracle émigré en Australie (comme son sosie, le Sud-Africain J. M. Coetzee), un prof de littérature idéal, un amateur d'art rigolo et érudit, gardant toujours à l'esprit l'adage de Chesterton: «Amusant n'est pas le contraire de sérieux, amusant est seulement le contraire de pas amusant.» Il existe un dragon de l'inutilité dans le Yi-King. Ne serait-ce pas la littérature, joie de l'intelligence et orgueil du temps volé aux importuns? Simon Leys bondit de Michaux à Orwell et de Conrad au prince de Ligne (dont il admire la définition de la noblesse comme «l'obligation de ne rien faire d'ignoble»), se moque du voyage en Chine de Roland Barthes (totalement aveugle sous la Révolution culturelle), et rappelle comment Camus soutint Czeslaw Milosz lors de son exil en France, contrairement à Sartre et Beauvoir. Comme dans son recueil précédent, Le Bonheur des petits poissons (Lattès, 2008), il cite, résume, compare, fourmille d'anecdotes et de citations originales: ce type est une mine d'or (de Shandong), un sinologue sinueux qui réunit la gourmandise de Bernard Frank, la précision de George Steiner et la curiosité de Jorge Luis Borges. Contrairement à ce que laisse entendre son titre, Le Studio de l'inutilité est un des livres les plus indispensables de l'année, au sens «emersonien»: «Les livres n'ont qu'une seule fonction: inspirer.» Ses textes stimulent, inspirent et émerveillent.

    Le Studio de l'inutilité, de Simon Leys, Flammarion, 291 p., 20 €.

    Frédéric Beigbeder

    Lire également : http://www.lexpress.fr/culture/livre/simon-leys-l-intellectuel-francais-ne-sait-pas-comment-on-ouvre-un-parapluie_1101597.html

  • Annie Laurent : les chrétiens d’Irak ne sont pas une minorité comme les autres

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    L’hebdomadaire « Famille chrétienne » a eu la bonne idée d’interroger l’une des personnes les mieux informées sur la question des chrétiens du Proche-Orient :

    0_Annie-Laurent.jpg« L’invasion de l’Irak par les jihadistes de l’État islamique s’inscrit dans l’affrontement sanglant que se livrent sunnites et chiites depuis des siècles. Dans ce conflit séculaire, les chrétiens essayent de jouer un rôle de médiateur. Éclairage avec Annie Laurent, docteur d’État en sciences politiques, journaliste et auteur en 2008 de Les chrétiens d’Orient vont-ils disparaître ? (éd. Salvator)

    Qui sont les jihadistes de l’État Islamique ? D’où viennent-ils et qui sont-ils ?

    Ce sont des combattants sunnites, qui émanent d’une dissidence d’Al Qaïda, apparue dans le nord de la Syrie, quelques mois après le début de la révolte contre le président Bachar el-Assad. Ils ont pris le contrôle d’une grande partie du nord-est de la Syrie à partir de la moitié d’Alep et jusqu’à la frontière irakienne. Ils ont sous leur contrôle un territoire assez important en Syrie, et contrôlent maintenant près de la moitié de l’Irak.

    Ils viennent des pays arabo-musulmans, dont la Syrie, l’Afghanistan, l’Irak… Leur chef, Abou Bakr al-Baghdadi, alias calife Ibrahim, est lui-même irakien. Son nom signifie « de Bagdad ».

    Pourquoi ces jihadistes veulent-ils s’emparer de l’Irak ?

    Il faut situer ces événements dans le contexte régional de l’antagonisme séculaire entre le monde sunnite et le monde chiite. Pendant des siècles, les sunnites ont dominé la Mésopotamie, c’est-à-dire l’actuel Irak. En 2003, grâce à la guerre menée par les Américains contre Saddam Hussein, les chiites – devenus majoritaires dans le pays (+ de 60 % de la population) – ont pris leur revanche contre les sunnites.

    Furieux que le pouvoir leur ait échappé, les sunnites s’efforcent aujourd’hui de reconquérir le pouvoir. Le comportement sectaire de l’actuel Premier ministre irakien, Nouri al-Maliki, a profondément choqué les sunnites. C’est la raison pour laquelle les jihadistes ont bénéficié, dans les premiers temps de leur offensive, du soutien des tribus traditionnelles et même d’anciens militants du parti baas de Saddam Hussein. Mais devant les horreurs perpétrées par les jihadistes, ces derniers commencent amèrement à regretter ce soutien.

    Peut-on parler d’un règlement de compte entre musulmans ?

    On passe sans cesse d’une revanche à l’autre. Les sunnites veulent briser l’arc chiite qui s’est formé après la révolution de Khomeini en Iran en 1979. Quand il a renversé le Shah, Khomeini a voulu étendre sa révolution en créant le Hezbollah au Liban, puis, pour assurer une continuité territoriale, il a conclu une alliance avec la Syrie de Hafez el-Assad, le père de Bachar. Non pour des raisons confessionnelles – la parenté chiite-alaouite n’était qu’un prétexte –, mais pour des raisons stratégiques. Dans cet axe Iran-Syrie-Liban, l’Irak occupe une place centrale : d’une part parce que la population y est majoritairement chiite, d’autre part car le pays abrite les deux principaux lieux saints des chiites où sont enterrés Ali, cousin de Mahomet, et son fils Hussein, assassinés tous les deux au VIIe siècle.

    L’origine du conflit irakien est donc la même qu’en Syrie.

    C’est la même chose. Les alaouites – branche dissidente des chiites – ont le pouvoir depuis 1970. Pendant des siècles, ils ont été persécutés jusqu’à ce qu’ils s’emparent du pouvoir en 1970 grâce à Hafez el-Assad. Ce fut pour les alaouites une revanche sur une histoire extrêmement douloureuse. Avec les révoltes arabes, le monde sunnite a pensé que le moment était venu d’en finir avec le régime alaouite.

    Qui finance les jihadistes de l’État Islamique ?

    Ce sont les autres pays sunnites – très riches – de la région, notamment l’Arabie Saoudite et les émirats de la péninsule (Oman…). Leur haine vis-à-vis des chiites et des alaouites, qui remonte aux origines de l’Islam, est à peine dissimulée. Ainsi, très peu de temps après la révolte en Syrie, tous les appels à la prière en Arabie Saoudite étaient complétés par l’invocation suivante : « Que Dieu nous envoie le moujahid (combattant) capable d’abattre le traitre Bachar el-Assad ».

    Faut-il pour autant regretter les dictatures arabes ?

    Aussi bien en Syrie qu’en Irak, les régimes du Baas – que ce soit celui de Saddam Hussein en Irak ou Bachar el-Assad en Syrie – ont eu au moins le mérite de pacifier les relations entre des communautés qui ne s’aimaient pas. D’ailleurs, les chrétiens en ont bénéficié et certains regrettent ce temps-là.

    Les Occidentaux ont-ils intérêt à ce qu’un état sunnite émerge à côté de l’Iran ?

    Normalement, leur intérêt serait de rechercher la stabilité de ces États, avec leur dimension multiconfessionnelle. Mais je pense qu’il faut plutôt aborder la question du point de vue d’Israël. Le chaos du Proche-Orient peut être une occasion opportune pour l’État Hébreu de voir la région éclater en entités ethniques et/ou confessionnelles. Selon eux, cette nouvelle configuration les laisserait tranquilles en déplaçant le conflit.

    Comment jugez-vous l’absence de réaction des Occidentaux pendant plusieurs semaines vis-à-vis des chrétiens d’Irak ?

    Je suis très choquée par leur attitude. Les Occidentaux sont incapables de comprendre ce que les chrétiens au Proche-Orient ont de spécifique, et ce qu’ils peuvent et doivent apporter aux sociétés dans lesquelles ils vivent.

    Ils ne sont pas une minorité à côté d’une autre. Ils peuvent apporter le progrès, l’ouverture, les valeurs de l’Évangile – comme le pardon par exemple –, le sens de la gratuité ou encore celui du bien commun… Alors que les chrétiens sont minoritaires, leurs écoles, leurs hôpitaux, leurs œuvres sociales attirent beaucoup de familles musulmanes. L’élément chrétien sert l’unité au Proche-Orient. Comment le faire comprendre à nos dirigeants aveuglés par leur laïcisme ?

    Les États-Unis ont-ils raison de procéder à des frappes aériennes ?

    Je crains que ces frappes n’aggravent encore plus le chaos. Les musulmans en Orient considèrent les chrétiens de leur pays comme des alliés de l’Occident. Quelle sera leur réaction ? Mais si l’Irak en est arrivée là aujourd’hui, c’est bien à cause des Américains. Ils ont commis leur plus grave erreur en 2003, lorsqu’ils ont engagé leur guerre contre Saddam Hussein et ont cru pouvoir imposer la démocratie. Ça ne s’impose pas la démocratie.

    Comment aider les chrétiens à rester ?

    Nous ne devons surtout pas, sous prétexte d’assurer leur protection, les cantonner dans des zones où ils seraient seulement entre eux. Ce serait criminel, car on empêcherait les chrétiens d’accomplir leur vocation qui est au service de tous. À terme, ce serait les conduire à leur disparition. Nos gouvernants doivent au contraire exiger de nos partenaires un statut de pleine citoyenneté pour les chrétiens.

    Ref. « Les chrétiens d’Irak ne sont pas une minorité comme les autres »

    Annie Laurent est titulaire d’une maîtrise en droit international et d’un doctorat d’Etat en sciences politiques pour une thèse sur « le Liban et son voisinage ». Connaissant le Proche-Orient (où elle a vécu) depuis 1980, elle s’est spécialisée dans les domaines touchant aux questions politiques de cette région, à l’islam, aux chrétiens d’Orient et aux relations interreligieuses. Auteur de plusieurs livres sur ces sujets, Annie Laurent est aussi à l’origine de l’association « Clarifier ». Le pape Benoît XVI l’avait nommée experte au Synode spécial des Evêques pour le Moyen-Orient, qui s’est tenu à Rome en octobre 2010. JPSC

  • Irak : il faut intervenir militairement

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    Lu sur RTL.be :

    Des dizaines de milliers de chrétiens en passe de mourir en Irak: "La Belgique doit envoyer son armée"

    Simon Nagem, médecin en Belgique et porte-parole du comité de soutien aux chrétiens d’Orient, était l’invité du 13h de RTL-TVI ce dimanche. Il a plaidé pour que la Belgique et les autres pays d’Europe ne se contentent pas d’assurer l’aide humanitaire en Irak, où 200.000 personnes, selon l’ONU, ont été déplacées depuis le début de l’offensive des djihadistes de l’Etat Islamique en Irak et au Levant (EI), des terroristes islamistes sunnites.

    Depuis le 9 juin, les djihadistes de l’EI, venus de la Syrie voisine -où ils avaient combattu le régime de Bachar Al-Assad en recrutant des extrémistes y compris en Europe et en Belgique- s’en prennent aux minorités d’Irak. Ils ont envahi la province de Ninive et se sont emparés de Mossoul, la deuxième ville du pays. "C’est un drame humanitaire. Ce sont des atrocités qui se passent là-bas. Les chrétiens et les autres minorités sont sommés de partir ou de mourir. Les djihadistes sont sans pitié. Ils rasent tout sur le passage. On sait qu’ils ont tué toutes les familles, surtout les vieillards, qui sont restés à Mossoul ou à Karakoch (la plus grande ville chrétienne d'Irak). Par ailleurs, ils kidnappent les filles pour l’esclavage. C’est dramatique ce qui se passe", a rappelé M. Nagem.

    Une cinquantaine d'enfants sont déjà morts de faim et de soif

    En tout, ce sont 200.000 personnes qui ont été déplacées du Kurdistan irakien, une région autonome située juste au sud de l’extrême-est de la Turquie, fuyant les djihadistes. Actuellement, beaucoup de chrétiens et de Yazidis, une minorité kurdophone non-musulmane, sont réfugiés sur les monts Sinjar, sous une chaleur étouffante avec peu d'eau et de nourriture. "Certains sont dans les montagnes. C’est pour cette raison que le largage de l’aide humanitaire est la bienvenue. Il y a une cinquantaine d’enfants qui sont morts de faim et de soif actuellement", selon les informations de Simon Nagem. 

    Pour que la Belgique envoie des avions effectuer des frappes aériennes sur les djihadistes

    Le comité de soutien belge aux chrétiens d’orient, représenté par M. Nagem, pense cependant que cette aide humanitaire essentielle n’est pas suffisante. Si "la communauté internationale a tardé pour réagir", il n’est cependant "pas trop tard". "Notre souhait, c’est qu’il y ait une coalition internationales pour stopper la progression de ces djihadistes avec des frappes aériennes, comme les Etats-Unis ont déjà fait depuis 2 jours. Mais j’aimerais voir la participation de la Belgique, de la France et de l’Angleterre. Donc l’Europe doit se montrer également comme décideur politique et pas seulement comme aide humanitaire. C’est très important aujourd’hui qu’il y ait une coalition au même titre que lorsqu’elle a été mise sur pied pour attaquer l’Irak de Saddam Hussein ou la Libye de Kadhafi, c’est le moment où jamais de stopper la progression de ces djihadistes, qui sont sans pitié et qui ont une lecture différente de l’islam, qui rendent l’islam intolérant et impitoyable."

    Appel aux dons

    Pour venir en aide aux populations attaquées sur place, l’ONG Caritas, en collaboration avec les autorités religieuses belges, a mis sur pied un appel aux dons. "Je lance un appel à tous les Belges croyants et non croyants pour soutenir financièrement" Caritas. Pour ce faire, le compte BE88 0000 0000 4141 a été ouvert. Les dons serviront à acheminer de l’argent et récolter une aide médicale. "On aimerait, via le ministère de la défense, acheminer cette aide médicale d’urgence à l’aéroport de Erbil", proche de Mossoul mais pas encore aux mains de l’EI.

  • Chrétiens d’Irak : le Vatican hausse enfin le ton

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    Lu sur I.media , ce dimanche 10 août 2014 août :

    "Alors que les djihadistes progressent en Irak et que les Etats-Unis ont lancé leurs premières frappes pour tenter de les arrêter, le pape François a demandé une “solution politique efficace“ pour “rétablir le droit“ dans le pays, à l’occasion de l’Angélus du 10 août 2014. Il a alors annoncé que son envoyé spécial, le cardinal Fernando Filoni, s’envolerait dès le lendemain pour ce pays, afin d’exprimer sa solidarité aux populations locales. Devant les milliers de fidèles réunis sous ses fenêtres, place Saint-Pierre, le pontife a également prié pour la paix entre Israéliens et Palestiniens, suite à la reprise des combats, de même que pour les victimes du virus ‘Ebola’, en Afrique. “Les nouvelles en provenance de l’Irak nous laissent incrédules et consternés“, a ainsi lancé le pape, évoquant les “milliers de personnes, dont de nombreux chrétiens, chassés de leurs maisons de manière brutale, les enfants morts de soif et de faim en prenant la fuite, les femmes enlevées, les personnes massacrées, les violences de tous types, les destructions de patrimoines religieux, historiques et culturels“. “Tout cela offense Dieu et l’humanité“, a ajouté le pontife. “On ne porte par la haine au nom de Dieu, on ne fait pas la guerre au nom de Dieu !“, a-t-il martelé."

    images (21).jpgEt pout être tout à fait clair, "Alors que le Vatican se caractérise d’ordinaire pour un refus de tout recours à la force armée dans la résolution de conflits, Mgr Silvano Tomasi (photo), observateur permanent du Saint-Siège auprès des Nations unies, a estimé le 9 août 2014 qu’une intervention militaire pouvait être “nécessaire“ pour arrêter l’avancée des djihadistes en Irak. Alors que les miliciens de l’Etat islamique ont conquis plusieurs villes du pays, forçant des centaines de milliers de personnes à l’exil, dont de très nombreux chrétiens, le diplomate vatican a dénoncé “l’indifférence occidentale“".

    Réf. IRAK : LE PAPE DEMANDE UNE “SOLUTION POLITIQUE EFFICACE“ POUR ARRÊTER VIOLENCES ET DESTRUCTIONS

    LE VATICAN ESTIME QU’UNE INTERVENTION MILITAIRE EN IRAK EST “NÉCESSAIRE“.

    Mieux vaut tard que jamais, à condition d'accorder clairement le violon du pape et celui de Mgr Tomasi.  JPSC

  • Inde : attaques répétées contre les chrétiens

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    L’archevêque de Delhi dénonce les attaques anti-chrétiennes

    de Radio Vatican :

    Ce dimanche 10 août doit se tenir en Inde le Black Day, en hommage aux victimes d'attaques contre les minorités.

    Au Nord de l’Inde et dans la capitale, Delhi, le nombre d’affrontements et d’attaques contre les chrétiens et les propriétés de l’Eglise augmente depuis plusieurs mois. Mgr Anil J. T. Couto, archevêque de Delhi, a exprimé cette semaine son inquiétude.

    Mercredi 6 août, dans la soirée, un groupe de personnes non identifiées a violemment attaqué des bus scolaires stationnés devant une église de l’archevêché de Rohtak, dans l’Etat du Haryana. Mgr Couto a alors réagi dans un communiqué : les « attaques contre des prélats chrétiens et des groupes de prières sont très inquiétantes, a-t-il déclaré, et c’est pour cela que nous demandons aux autorités locales d’adopter des mesures adéquates pour identifier les mécréants qui menacent d’affaiblir le tissu social de cette grande nation ».

    D’après l’agence d’informations Misna, des membres du mouvement Sangh Parivar reherchent des renseignements sur les personnes qui, dans l’Etat de l’Uttar Pradesh, se sont converties à l’islam ou au christianisme, afin de les soumettre de force au  « shuddhikaran », un rite de re-conversion à l’hindouisme.

    Pour l’archevêque de Delhi, cette pratique constitue une grave attaque aux droits fondamentaux des individus et des groupes.

    « Dans le passé, a-t-il rappelé, les campagnes de haine contre la communauté chrétienne et la foi chrétienne, de la part d’organisations religieuses fondamentalistes et extrémistes, ont toujours précédé des violences à grande échelle contre la communauté chrétienne. » Mgr Couto souhaite donc éviter que les drames récents de l’Inde ne se répètent ; il demande une intervention immédiate de la police locale et des autorités civiles pour que cessent ces actes de haine et soit préservée l’harmonie sociale.

  • Appel des patriarches orientaux aux autorités civiles et religieuses musulmanes : Passez aux actes !

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    Assez de paroles, des actes ! C'est, en résumé, l'appel lancé hier par les patriarches orientaux catholiques et orthodoxes au monde entier, à partir du siège patriarcal maronite de Dimane (Liban-Nord). L’information est aujourd’hui sur le site web du grand quotidien libanais « L’Orient-Le Jour »:

    p04-3_736877_large (1).jpgDes états généraux ecclésiastiques se sont tenus hier au siège patriarcal maronite de Dimane, en présence des patriarches orientaux catholiques et orthodoxes et du nonce apostolique, Gabriele Caccia, œil averti du Vatican. La réunion s'est tenue aussi sur la triste nouvelle d'une nouvelle avancée des jihadistes de l'État islamique dans la plaine de Ninive, en Irak, comme si les frontières du nouveau Moyen-Orient devaient être tracées avec le sang des chrétiens. Retenu en Irak, le patriarche des chaldéens, Louis Raphaël Sako, s'est fait représenter à cette réunion. Également absents, les assyriens et les coptes.
    Ce nouvel appel s'est distingué des précédents par son caractère plus exhaustif. Les patriarches s'y disent « épouvantés » par des développements « sans précédent » auxquels ils assistent, et « les développements désastreux à caractrère confessionnel et religieux rarement égalés dans l'histoire »; il adjure les Arabes et les musulmans à adopter une attitude plus claire à l'égard de ce qui se passe dans la plaine de Ninive, les exhortant à publier des fatwas et des lois sanctionnant la discrimination religieuse à l'égard des minorités.
    Le texte esquisse aussi une demande d'intervention des Nations unies, sans oser aller au bout de sa requête pour réclamer un déploiement de forces internationales. Mais ce déploiement est suggéré, puisque les patriarches demandent au Conseil de sécurité d'adopter une résolution claire ordonnant la restitution des maisons et des biens spoliés « par tous les moyens possibles ».
    De même, les patriarches en ont appelé à l'Organisation de la conférence islamique, à la Ligue arabe et au Tribunal pénal international, jugeant que cette dernière instance est habilitée à juger d'actes de barbarie qui sont de véritables « crimes contre l'humanité », qu'ils aient été commis à Mossoul où à Gaza.

    Un phénomène durable

    Dans la partie analytique du texte, les prélats réunis disent s'attendre à ce que le phénomène de l'extrémisme religieux soit durable, et affirment que « chrétiens et musulmans ont le devoir d'y faire face ensemble pour transmettre aux générations futures un Moyen-Orient libéré d'un tel fléau, en éclairant les consciences et les intelligences et en invitant les fidèles à respecter l'essence de la religion, loin de toute exploitation qu'on peut en faire pour des raisons personnelles, ou pour atteindre un objectif régional ou international ».
    Cette dernière remarque a ensuite été abordée de front par le communiqué. « Si des parties dissimulées encouragent cet extrémisme et en financent l'effet destructeur et corrupteur, il est indispensable qu'elles soient dénoncées et qu'elles aient à en rendre compte devant l'opinion internationale et les autorités morales agissantes », dit le communiqué.
    « Et pour ce faire, ajoute le texte, Arabes et musulmans n'ont d'autre choix que de retrouver l'esprit d'unité, de découvrir les avantages de la diversité qui est la marque distinctive de notre Machrek et de s'accepter réciproquement dans leurs modes de vie différents, dans le respect mutuel et dans l'égalité civique, dans tous les pays où ils se trouvent. »
    Et de préciser : « Nous adjurons les instances islamiques, sunnites et chiites, de promulguer des décrets religieux clairs jetant l'interdit sur l'agression contre les chrétiens et tous les autres innocents. Nous demandons en outre à tous les Parlements du monde arabe et islamique de voter des lois favorisant l'ouverture, rejetant clairement toute forme d'exclusion religieuse de l'autre (takfir) et responsabilisant toutes les personnes qui enfreindraient ces lois. »
    Même la loi du nombre a été dénoncée par les patriarches. « Nous adjurons les États de cesser d'aborder la diversité culturelle sous un angle minoritaire, comme si seul le nombre donnait valeur à la présence humaine, abstraction faite de la contribution humaine de chaque personne selon les dons que le Créateur lui a accordés »

    La suite ici : Appel des patriarches orientaux aux autorités civiles religieuses musulmanes : Passez aux actes

  • Pourquoi il faut stopper l’État islamique

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    Lu sur le site web de « La Libre Belgique » cet éditorial de Christophe Lamfalussy :

    « Le sort réservé aux minorités chrétienne et yézidie d’Irak aura donc été l’ultime raison pour riposter aux forces de l’État islamique (EI). Vendredi, deux avions américains ont bombardé des pièces d’artillerie des jihadistes non loin de la ville kurde d’Erbil. Le message est clair : les Etats-Unis ne laisseront pas ce groupe de fanatiques faire fuir des dizaines de milliers de civils innocents et sans défense. Car en dépit du risque pris par le président Obama de "revenir" en Irak, il faut empêcher ce groupe d’instaurer un califat dans cette région comme les talibans l’ont fait dans les années 90 en Afghanistan et au Pakistan, avec les conséquences que l’on sait. L’État islamique se nourrit d’une idéologie totalitaire qui fait fi des différences d’opinion, de culture et de religion. Il est responsable de nombreux crimes de guerre qu’il expose dans les réseaux sociaux pour semer la terreur. D’inspiration takfiriste, il prend des otages dont il négocie la libération pour s’acheter des armes. Enfin, il militarise de nombreuses recrues belges qui finiront bien, un jour, par revenir au pays.

    Les Etats-Unis viennent au secours d’un État défaillant - l’Irak - dont ils ont eux-mêmes contribué à la fragilité. Après avoir conquis le nord de la Syrie et une quinzaine de villes en Irak, les jihadistes ont profité des divisions qui minent le gouvernement irakien et de son incapacité à rassurer les sunnites, minoritaires dans ce pays. Ce n’est donc pas uniquement en arrêtant l’État islamique (dont les forces ne comptent que 20 à 30 000 hommes) mais aussi en ayant un gouvernement d’union nationale, qui bannit les discriminations communautaires à Bagdad, que le pays pourra être stabilisé. »

     Ref. Pourquoi il faut stopper l’État islamique

    Au même titre que la « communauté » internationale (si elle existe), l’Eglise catholique au plus haut niveau doit élever la voix , pour que le pays qui a les cartes en main dans cette affaire prenne clairement ses responsabilités.

    JPSC 

  • Région des Grands Lacs Africains : la loi de la jungle pour les multinationales ?

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     Le cynisme de certaines entreprises transnationales a été particulièrement souligné par les médias et les ONG des droits humains. C’est notamment le cas actuellement dans la région des Grands Lacs, au cœur du continent africain. Lu sur le site de « La Vie » (extraits), sous la signature du Belge Bernard Ugeux , Père blanc d’Afrique en poste à Bukavu :

    « En Afrique, une entreprise française est actuellement dénoncée, il s’agit de la multinationale française de l’industrie du pétrole Parenco. Elle a été poursuivie entre autres pour utilisation abusive du personnel journalier par ses sous-traitants (…) en République Démocratique du Congo. L’entreprise a répondu qu’elle « n’engage[ait] pas directement cette catégorie de personnel ». Ces entreprises estiment qu’elles ne sont pas responsables de ce que font leurs sous-traitants. Pourtant, en 2011, le Conseil des droits humains des Nations Unies a adopté à l’unanimité des Principes directeurs relatifs aux entreprises et aux droits de l’homme. Ceux-ci exigent de ces sociétés qu’elles mettent en œuvre des procédures de « diligence raisonnable » (ce qui veut dire un devoir de vigilance). Elles doivent donc mettre en place des mesures pour anticiper et empêcher les dommages liés à l’activité de l’entreprise. Il peut s’agir de dommages humains, environnementaux (écologie, faune et flore), sociaux, etc.(…).

     Pourquoi ces textes internationaux ne sont-ils toujours pas transposés dans la loi française ? Il appert que des entreprises patronales font tout pour retarder cette inscription en droit français, affirmant que les entreprises ont leur propre code éthique. Mais celui-ci n’est pas contraignant ! Certes, certaines entreprises ont pris conscience de l’importance des droits universels et se sont engagées dans des démarches volontaristes. Mais ce n’est pas suffisant comme on le constate aujourd’hui dans l’Est de l’Afrique.

    Il existe une inquiétude grandissante dans la région des grands lacs qui se situent le long du rift Albertine qui borde l’Ouganda, la RDC, la Tanzanie, le Rwanda et le Burundi. En effet, une étude approfondie du Pole Institute de Goma (RDC) montre que ces lacs sont menacés par l’exploration pétrolière et gazière par des multinationales des hydrocarbures. Or, ces lacs sont des réservoirs irremplaçables pour la biodiversité. Il s’agit du lac Edouard, du lac Albert, du lac Kivu et du lac Tanganyika et de leurs bassins.

    10935.jpgUn exemple : le lac Tanganyika (photo) est le plus long du monde (677 km), le deuxième le plus profond au monde après le lac Baikal, le plus poissonneux. « Il a une profondeur moyenne d’environ 570 m, et atteint dans la partie la plus profonde 1471 m. Il recèle 17 % des réserves d’eau douce du monde. (…) Il représente l’écosystème d’eau douce le plus riche au monde, ayant environ 2156 espèces, dont 27% sont endémiques, c’est-à-dire jamais observées nulle part ailleurs. (…) Son intérêt pour la biodiversité mondiale est quasi unique. L’autre importance du lac est liée à ses ressources et à l’intérêt qu’il représente pour les communautés locales comme source d’approvisionnement en poissons, avec environ 160.000 tonnes de prise annuelle de poissons pour tous les quatre pays, une source d’eau potable et un moyen de transport » .

    Or, un peu partout dans ces lacs, on a découvert des traces importantes d’hydrocarbure et la prospection se passe dans des conditions souvent opaques, tant en ce qui concerne l’attribution des blocs d’exploitation que des conditions de la prospection.

    Les ONG de protection de la nature (dont WWF) et des droits de l’homme (dont Human Right Watch) dénoncent le fait que des sociétés pétrolières détournent les lois nationales pour intervenir de façon occulte dans des régions protégées.

    C’est le cas du Parc des Virunga (photo), au Nord de Goma (RDC) qui est un des plusSnapshot_13.jpg beaux parcs nationaux du Congo proche du lac Kivu. Or, ces derniers temps, son directeur, Emmanuel de Mérode, a été victime d’un attentat qui a failli lui coûter la vie. En effet, il s’est opposé à des groupes qui prospectent clandestinement dans le parc. Le plus sérieusement soupçonné est la société britannique Soco international qui chercherait à développer malgré la loi des projets d’exploration pétrolière dans des zones protégées. Depuis l’attaque, mi-avril, contre le directeur du parc, les menaces contre plusieurs associations, et notamment le Fonds mondial pour la nature, se sont multipliées. « Depuis (…) nous enregistrons des menaces contre nos travailleurs [un Congolais et un Américain, ndlr]. Deux ont été la cible d’appels téléphoniques, des SMS leur ont été envoyés, qui menacent leurs vies directement », rapporte Raymond Lumbuenamo, directeur du fonds mondial pour la nature basé à Kinshasa. Par ailleurs, « certains membres de la société civile nous disent avoir été menacés de la même manière », explique-t-il. Le message a été très clair : « Nous ne l’avons pas eu, mais vous, on ne vous ratera pas. » « Nous allons continuer » (source : Radio Okapi dépendant de l’ONU). Pour le moment, il n’y a pas de preuve, mais faut-il se contenter de constater des « coïncidences troublantes ».

    Ce qui semble clair pour les habitants des rives des grands lacs, c’est que certaines sociétés seraient prêtes à recourir à des groupes privés de « sécurité » pour protéger leurs pratiques clandestines. S’il y a bavure, ce sera évidemment de la faute des filiales. L’irresponsabilité finit par tuer, c’est ce qui préoccupe le plus les populations riveraines qui risquent de se voir progressivement privées de leurs espaces de culture, de chasse et de pêche, sans oublier la grave pollution des écosystèmes (…).

     Ref. Nous ne sommes pas responsables, ce sont nos filiales !

    JPSC