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  • Contraception : éclaircissement sur l'affaire des religieuses congolaises

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    Lu sur le blog « salon beige » :

    « Lors de la conférence de presse sur le vol de retour du Mexique à Rome, le pape François a ressorti l'histoire selon laquelle «Paul VI - le grand! - dans une situation difficile, en Afrique, a permis aux sœurs d'utiliser des contraceptifs pour les cas de violence». Et il a ajouté qu' «éviter une grossesse n'est pas un mal absolu, et dans certains cas, comme celui que j'ai mentionné du bienheureux Paul VI, c'était clair». Deux jours plus tard, le père Federico Lombardi a ajouté :

    «La contraception ou le préservatif, dans des cas particuliers d'urgence et de gravité, peuvent aussi être objet d'un sérieux discernement de conscience C'est cela que dit le pape. L'exemple qu'il a donné de Paul VI et de l'autorisation d'utiliser la pilule pour des religieuses qui couraient le risque très sérieux et continuel de viol(ence) par les rebelles au Congo, à l'époque de la tragédie de la guerre du Congo, fait comprendre que ce n'était pas dans une situation normale que cela devait être pris en compte»

    Cette déclaration laisse perplexe (voir l'article de Jeanne Smits sur le sujet), notamment parce qu'on ne voit pas bien le rapport entre des religieuses menacées de viol et le virus Zika, qui faisait l'objet de la question. L'Eglise enseigne en effet l'abstention en cas de risque sérieux dépendants des parents. Le risque de virus ne peut pas être comparé à celui de viol.

    Selon Sandro Magister, traduit par Benoît-et-moi, que Paul VI ait explicitement donné cette autorisation n'est nullement avéré :

    "Pour reconstruire comment cette histoire est née, on doit revenir non pas au pontificat de Paul VI, mais à celui de son prédécesseur Jean XXIII. C'était en 1961 [donc avant les éclaircissements d'Humante Vitae, NDMJ], et la question de savoir s'il était licite que des sœurs courant le risque d'être violées recourent aux contraceptifs, dans une situation de guerre comme celle qui faisait alors rage au Congo, a été soumise à trois théologiens moraux autorisés:

    • Pietro Palazzini, alors secrétaire de la Sacrée Congrégation du Concile et devenu par la suite cardinal
    • Francesco Hürth, jésuite, professeur à l'Université pontificale grégorienne;
    • Ferdinando Lambruschini, professeur à l'Université pontificale du Latran.

    Tous trois formulèrent simultanément leurs opinions respectives dans un article sur la revue émanant de l'Opus Dei (?) "Studi Catolici", numéro 27, 1961, pp. 62-72, sous le titre: "Una donna domanda: come negarsi alla violenza? Morale esemplificata. Un dibattito" ("Une femme demande: Comment se refuser à la violence. Morale illustrée Un débat"). Tous trois étaient favorables à admettre la licéité de cet acte, mais avec des arguments différents entre eux. Et cet avis favorable non seulement passa indemne l'examen tout sauf docile du Saint-Office, mais il devint une doctrine commune parmi les moralistes catholiques de toutes les écoles.

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  • Union européenne : les conférences épiscopales de l’Eglise catholique se divisent

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    Lu sur le site du journal « La Croix » :

    En l’espace d’une semaine, EuropeInfos, revue coéditée par la Commission des épiscopats de la Communauté européenne (Comece) et le Centre social européen jésuite (Jesc), a dû retirer deux articles de son site web : « Que se passe-t-il en Pologne ? » du directeur des éditions Znak, Henryk Woźniakowski, le 10 février ; « À propos de l’idéologie de la Nouvelle Droite en Hongrie », d’un professeur de théologie autrichien, une semaine plus tard. Ces articles, mettant en cause la politique des gouvernements polonais et hongrois, étaient vertement contestés par les épiscopats des deux pays.

    > A lire : L’Église catholique se mobilise pour l’accueil des migrants et des réfugiés

    L’épiscopat polonais a menacé de se retirer de la Comece

    « Depuis un moment, nous sentions un certain malentendu, notamment à l’Est de l’Europe, autour de la culture européenne, explique-t-on du côté la Comece. D’où cette série d’articles pour essayer de comprendre ce qu’il se passe. » Mais le débat aura tourné court : dénonçant une « ingérence dans les affaires intérieures de la Pologne », l’épiscopat polonais a menacé de se retirer de la Comece, tandis que, le cardinal Peter Erdö, archevêque de Budapest, mais aussi président du Conseil des conférences épiscopales d’Europe, a évoqué un boycott d’une réunion commune avec la Comece sur la question des migrants.

    Pour le jésuite Martin Maier, secrétaire pour les affaires européennes du Jesc et corédacteur en chef d’EuropeInfos« nous sommes ici au cœur de la crise de l’Europe, liée à la question des réfugiés et des migrants ». Et à l’identité européenne. « Ce qui est arrivé à la Comece a servi de prétexte à une crise qui couvait depuis longtemps, confirme un observateur. D’abord parce qu’on n’a jamais voulu réfléchir à ce que cela veut dire être Européen. »

    « Avouons-le: la réconciliation des esprits entre Est et Ouest prend plus de temps que nous l’avions imaginé », reconnaît Jérôme Vignon, ancien haut fonctionnaire européen qui se rend compte aujourd’hui combien les« visions très différentes à l’Ouest et à l’Est n’ont pas du tout été abolies par les échanges commerciaux ou entre élites. » « On a cru bien faire en procédant rapidement à l’élargissement. On l’a préparé tambours battants entre 2000 et 2004, puis chacun est retourné à ses affaires, se souvient-il. On n’a pas eu cette rencontre véritable des peuples, ni d’ailleurs entre Églises. »

    Deux structures épiscopales parfois en concurrence

    La place de la religion dans chaque État de l’Union européenne ajoute aux incompréhensions. « Les évêques dénoncent une Europe libérale, qui serait une menace, relève Henryk Woźniakowski. Il y a aussi des craintes concernant l’identité culturelle de la Pologne. » « La Pologne est un pays où le catholicisme fait partie de l’identité », met-on en garde au CCEE où on rappelle que, à l’Est, la question se pose moins en termes de relations Églises-État que du rapport de la foi à la culture, dont la première irrigue profondément la seconde : « Il faut comprendre les contextes locaux. La crise migratoire intervient quand ces pays de l’Est sont en train de comprendre ce qu’est leur identité par rapport aux autres mais aussi au moment où les évêques craignent de perdre le contrôle sur les évolutions de la société. » D’où une certaine compréhension vis-à-vis des partis qui s’affichent en défenseurs de l’identité chrétienne, PiS en Pologne, Fidesz en Hongrie.

    Ces deux visions sur l’Europe se traduisent à travers deux structures épiscopales, le CCEE et la Comece, qui, même si elles ne se recoupent pas, se retrouvent parfois en concurrence. « Entre le CCEE et la Comece, ça a toujours été chien et chat, reconnaît Jérôme Vignon. Avec des postures pastorales plus identitaires du côté du CCEE, plutôt conciliaire, d’une Église qui est dans la pâte de la société, pour la Comece. » La composition des deux joue aussi : délégués des conférences épiscopales pour la Comece –« beaucoup d’évêques auxiliaires, avec un désintérêt gentil à l’Ouest, plus d’hostilité à l’Est », commente un connaisseur – présidents des conférences pour le CCEE. « Se pose aussi la question du statut de la parole des deux organismes », relève ainsi un observateur qui souligne que le CCEE prend, par exemple, garde de ne jamais parler au nom des évêques européens.

    À l’inverse, en prenant la présidence de la Comece, en 2012, le cardinal Reinhard Marx, archevêque de Munich, avait voulu en faire un véritable lieu d’expression de l’épiscopat européen, à l’instar du conseil épiscopal latino-américain (Celam) en Amérique latine. Il s’est senti renforcé dans cette volonté après avoir été « l’Européen » choisi par le pape François au sein du « C9 ». « Mais les évêques d’Europe ne veulent pas forcément de l’approche allemande de l’Europe », confie-t-on au CCEE. Volontairement, le cardinal Marx est resté très discret depuis quinze jours. L’assemblée plénière de la Comece, la semaine prochaine, sera sans doute l’occasion de clarifier les positions.

    Deux structures pour les épiscopats européens

    La Commission des épiscopats de la Communauté européenne (Comece) rassemble des délégués des conférences épiscopales des 28 membres de l’Union européenne pour accompagner la politique de l’UE dans chaque domaine d’intérêt pour l’Église. Basée à Bruxelles, la Comece est présidée par le cardinal Reinhard Marx, archevêque de Munich (Allemagne).

    Le Conseil des conférences épiscopales d’Europe (CCEE) est un organe de collaboration pour les présidents des épiscopats de 45 pays du continent européen. Basé à Saint-Gall (Suisse), le CCEE est présidé par le cardinal Péter Erdö, archevêque d’Esztergom-Budapest (Hongrie).

    Loup Besmond de Senneville et Nicolas Senèze »

    Réf. Entre les évêques européens, deux visions de l’Europe

    S’agissant des relations entre  institutions européennes et Eglises, communautés associations religieuses ou organisations philosophiques, l’article 17 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne précise que : 

    - « L’Union respecte et ne préjuge pas du statut dont bénéficient, en vertu du droit national, les Eglises et les associations ou communautés religieuses dans les Etats membres » ;

    -« L’Union respecte également le statut dont bénéficient, en vertu du droit national, les organisations philosophiques et non confessionnelles » ;

    -« Reconnaissant leur identité et leur contribution spécifique, l’Union maintient un dialogue ouvert, transparent et régulier avec ces Eglises et organisations ».

    La Commission des Episcopats de la Communauté Européenne (COMECE)  est composée d'évêques délégués par les conférences épiscopales des Etats membres de l'Union européenne et possède un Secrétariat permanent à Bruxelles. Elle a pour objet de maintenir un dialogue régulier avec les Institutions de l'Union (Commission européenne, Conseil de l'Union européenne et Parlement européen),  sur base de l’article 17 du traité  précité.

    Dans les relations entretenues par l’Eglise catholique avec l’Union européenne, il convient de distinguer le rôle de la COMECE  de celui du Saint-Siège, lequel est un sujet souverain de droit international public et dispose, comme tel, d’une Représentation permanente auprès de l’Union.

    JPSC

  • Les adieux de Mgr Léonard au diocèse de Namur

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    Vu sur matele.be :

    La messe d'au revoir de Mgr Léonard a attiré quelque 400 personnes dimanche aux Sanctuaires de Beauraing.

    Il y avait de l'émotion dimanche aux Sanctuaires de Beauraing pour assister à la messe d'au revoir de Monseigneur Léonard. Ce dernier, désormais retraité, a choisi de vivre sa retraite en France. Il sera vicaire dominical dans le diocèse de Gap.

    Mais il tenait à saluer une dernière fois les fidèles du diocèse Namur - Luxembourg, dont il fut évêque durant 19 ans. A sa façon: la célébration d'une messe, suivie d'un moment de partage et d'écoute avec les fidèles. "Célébrer la messe dans la crypte de la Basilique du Rosaire, c'est une promotion", a glissé le futur vicaire non sans humour.

  • L'effigie de l'évêque de Bayonne brûlée en place publique lors d'un carnaval

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    la-sentence-est-irrevocable-san-pantzar-a-droit-au-bucher_3610090_1000x500-770x375.jpgMonseigneur Aillet, connu pour son combat contre l'avortement, a été pris pour cible lors de la tradition du jugement de San Pantzar à Saint Jean de Luz. Pour certains une blague potache, pour d'autres un acte offensant les chrétiens sous couvert d'humour. Lu dans le « Figaro » :

    « Le jugement de Zanpantzar est une vieille tradition du carnaval basque. Chaque année, on brûle en place publique un géant de paille censé exorciser le mal et annoncer l'arrivée des beaux jours. Cette année, le mannequin, vêtu d'une soutane, était à l'effigie de Monseigneur Aillet, évêque de Bayonne connu pour son combat contre la banalisation de l‘avortement. Le discours précédant le bûcher, habituellement politiquement orienté, ne laissait guère de place au doute: «San Pantzar! C'est toi qui veut empêcher les femmes de disposer de leur corps? Cela t'amuse de comparer l'avortement à Daech?», ont crié les organisateurs, l'association culturelle locale Donibane Ziburuko Ihauteriak. Mehdi Ouraoui, membre du conseil national du parti socialiste, qui était présent à cette cérémonie populaire a pour sa part tweeté: «A St Jean, au procès de Zanpantzar, internationalistes on juge aussi le FN et féministes on juge @MgrMAillet! #Fier»

    Chaque année, une cible est brûlée. Parfois San Pantzar prend le costume d'un politicien. Mais il est vrai qu'il est rare qu'il soit aussi identifiable. La soutane en papier, qui a été allumée pour mettre le feu à l'ensemble du pantin de paille est un symbole reconnaissable du catholicisme.

    Blague potache ou acte «christianophobe»? Les avis sont partagés. Le chargé de communication du diocèse Thibault Luret a interpellé la mairie de la Ville, qui a autorisé la tenue du carnaval.

    Il rappelle le sort des chrétiens d'Orient pour dénoncer un acte «qui dans un contexte difficile pour les chrétiens cautionne sous couvert d'humour les persécutions». D'autres, comme l'abbé Pierre Amar du diocèse de Versailles, dénoncent un deux-poids, deux mesures. «Brûler la figure d'1 évêque c'est de «l'humour» Essayez avec 1 imam ou 1 rabbin, on verra si c'est «drôle»», a-t'il tweeté.

    L'évêque est actuellement en pèlerinage à Rome avec des séminaristes, et ne souhaite pas pour le moment répondre à la polémique. «Il visite les arènes, là où on brûlait pour de vrai les chrétiens», glisse-t-on dans son entourage. 

    Un évêque contesté pour ses propos sur l'IVG

    Monseigneur Aillet est dans le collimateur des militants de gauche et féministes depuis un tweet datant du 12 janvier, où il comparait Daech et l'avortement.

    La ministre de la Santé Marisol Touraine en personne avait réagi à l'occasion des questions au gouvernement en dénonçant la «vigueur du mouvement conservateur qui ne faiblit pas». Sept évêques lui avaient répondu dans une tribune publiée dans Le Figaro le 30 janvier dernier, réclamant un «droit à l'avis» sur la question douloureuse de l'IVG.

    Leur position ne fait pas l'unanimité chez les chrétiens. La revue chrétienne Golias a ainsi lancé une pétition appelant à la démission du prélat. «Alors que quantité de nos compatriotes portent un regard plus que méfiant sur les croyants, il nous semble - en tant que catholiques, chrétiens, croyants et athées responsables - dangereux, en cette période plus que troublée et à cause de ses sorties scandaleuses, de laisser plus longtemps Mgr Marc Aillet à la tête du diocèse de Bayonne-Lescar et Oloron», écrivaient les pétitionnaires.

    Ref. L'effigie de l'évêque de Bayonne brûlée en place publique lors d'un carnaval

    Mgr Aillet est en excellente compagnie : Benoît XVI, brûlé en effigie après son célèbre discours de Ratisbonne ou Mgr Léonard, entarté à  diverses reprises (à Saint-Michel et Gudule, à l’UCL, à l’ULB...) durant son quinquennat à la tête de l’archevêché de Malines Bruxelles. Un risque que n'encourent pas de nombreuses têtes mitrées. Commentaire de l’abbé Pierre Amar (Padreblog) : « Brûler la figure d'’un évêque c'est de ‘l'humour’. Essayez avec 1 imam ou 1 rabbin, on verra si c'est ‘drôle’ »

    JPSC  

  • Le catholicisme de Descartes et l'ignorance péremptoire de Léa Salamé

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    A lire ICI cette charge salutaire contre de fausses évidences proclamées avec aplomb par une journaliste téméraire...

  • Face à la pédophilie : se taire et cacher honteusement notre foi ?

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    Alors que la question de la pédophilie dans l'Eglise occupe à nouveau le devant de la scène en Belgique (voir ICI), l'évêque de Lausanne, Genève et Fribourg, confronté à cette réalité, l'aborde sans détour dans une lettre pastorale datée de ce mois :

    Lettre pastorale

    « Être chrétien, c’est quoi ? »

    Mgr Charles MOREROD OP

    Evêque de Lausanne, Genève et Fribourg

    Février 2016

    Être chrétien, c’est quoi ? J’aime poser cette question, et je constate souvent que ce qui pourrait sembler très connu ne l’est pas… En français, on peut dire que « chrétien » vient de « Christ » et signifie être avec le Christ. En allemand la réponse est plus sobre, puisque « chrétien » se dit « Christ ». En d’autres termes, il semble qu’en nous voyant on devrait un peu voir le Christ.

    Pourtant nous le cachons souvent… Chez nous aussi, on constate toutes sortes de problèmes de gravité variable, y compris des scandales : abus sexuels, abus de confiance, etc. Et l’actualité nous donne de la religion l’image d’un facteur de violence, à tel point que beaucoup pensent que si on éliminait toute religion (toutes ayant leur histoire de violence) le monde irait mieux. Et dans ces conditions il nous est devenu difficile de parler de thèmes moraux, parce qu’on nous invite à balayer devant notre porte et à laisser les autres tranquilles.

    Il n’est pas faux de nous faire des reproches, et d’ailleurs Jésus avait commencé avec force : « Si quelqu’un doit scandaliser l’un de ces petits qui croient en moi, il serait préférable pour lui de se voir suspendre autour du cou une de ces meules que tournent les ânes et d’être englouti en pleine mer » (Matthieu 18,6). En 1965, le Concile Vatican II a reconnu une responsabilité des chrétiens dans l’athéisme : « Dans cette genèse de l’athéisme, les croyants peuvent avoir une part qui n’est pas mince, dans la mesure où, par la négligence dans l’éducation de leur foi, par des présentations trompeuses de la doctrine et aussi par des défaillances de leur vie religieuse, morale et sociale, on peut dire d’eux qu’ils voilent l’authentique visage de Dieu et de la religion plus qu’ils ne le révèlent » (Constitution sur l’Eglise dans le monde de ce temps, § 19).

    Reconnaissant notre responsabilité, sommes-nous réduits à nous taire, à cacher honteusement notre foi ? En fait, qu’est-ce qu’on s’attend à trouver dans l’Eglise ? Des gens tous parfaits, plus beaux, plus intelligents, etc. ? Est-ce ce que prétend l’Eglise, quand elle se dit sainte à cause de la sainteté du Christ ? Si l’Eglise était cette communauté de parfaits, qui de nous s’y sentirait invité ? Quant à moi, j’admirerais probablement ces parfaits, mais à distance. Jésus nous fait des reproches, mais il nous dit aussi que c’est justement parce qu’il connaît notre péché qu’il vient à nous : « Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin de médecin, mais les malades. Je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs » (Marc 2,17).

    Alors, c’est en nous regardant qu’on comprend ce qu’est être chrétien ? En nous regardant avec notre part de scandale ? En fait on voit que nous sommes trop peu chrétiens, et c’est bien une des raisons du scandale : la différence entre ce que nous annonçons et ce que nous vivons. Cette différence existera toujours, parce que nous ne nous annonçons pas nous-mêmes : nous annonçons Jésus-Christ, Dieu fait homme, mort et ressuscité pour nous.

    Etre chrétien, ce n’est pas d’abord être une partie d’un groupe plein de défauts. C’est être avec le Christ, partager sa vie dans son Corps qui est l’Eglise, qui se nourrit de l’Eucharistie en écoutant l’Evangile. Identifier notre foi à nos fautes, c’est une erreur : ce qui est juste, c’est de nous comparer à l’Evangile. On verra bien que nous le vivons trop peu, mais cela ne dévalorise pas l’Evangile. C’est pourquoi aucun de nous ne doit perdre espoir. Quand on demande au Pape qui il est, il répond « un pécheur ». Est-ce une réponse désespérée ? Pas du tout, parce que le chrétien pécheur que nous sommes tous ne passe pas son temps à se regarder lui-même, il lève le regard vers son Sauveur, vers Jésus.

    Vous voulez savoir ce qu’est un chrétien ? Ne regardez pas d’abord nous-mêmes, les chrétiens. Regardez la Croix où Dieu montre qu’il nous prend comme nous sommes, nous aime jusqu’au bout et nous conduit à la vie éternelle en passant par les routes sinueuses de notre existence.

    J’avais écrit une autre lettre, et j’y ai renoncé parce que je me suis dit que je ne pouvais pas faire comme si je n’étais pas conscient de certains faits qui ternissent notre image. Pourtant je n’y arrête pas complètement mon regard, comme si la vie de l’Eglise n’avait pas aussi sa grande part de beauté : je vois, ici et maintenant, combien de chrétiens prient dans l’ombre et aident discrètement tant de personnes qui souffrent, tant de personnes qui seraient seules si des croyants ne les aidaient pas à cause de l’amour de Dieu. N’est-ce pas cela « l’hôpital de campagne », où toute blessure est d’abord pansée, auquel le Pape se plaît de comparer la vocation de l’Eglise ?

    Le grand mouvement de l’année de la miséricorde montre où nous mettons notre espérance : dans le pardon de Dieu. Et quel mouvement étonnant que cette année de la miséricorde, quelle attente il manifeste : je ne me serais jamais attendu, lors de l’ouverture de la porte sainte de la cathédrale, un dimanche soir à 20h30, à ce qu’il n’y ait pas assez de places assises ! Le pardon de Dieu renouvelle le monde de l’intérieur : sans pardon, il n’y a vraiment pas d’espoir, même entre nous. Ce n’est pas pour rien que le Pape insiste pour que cette année soit aussi l’occasion de redécouvrir combien la confession peut nous libérer.

    Enfin, il est vrai que la religion peut être cause de violence. Si elle l’est à cause des chrétiens, c’est que nous ne sommes pas assez chrétiens. L’Evangile ne nous invite pas à la violence ! Mais d’un autre côté que serait le monde si on en enlevait la religion ? Le monde sans religion serait-il un monde paisible et heureux ? On découvre constamment de nouveaux apports de la religion, là où on envisageait les questions séparément. Ainsi, le Pape applique à la préservation de l’environnement une réflexion jusque-là plutôt réservée aux relations entre les êtres humains, à savoir le côté indispensable des grandes motivations religieuses, sans lesquelles on risque de penser d’abord à son propre bien et de céder au cynisme. Les connaissances toujours plus développées que nous avons dans le domaine de l’écologie, comme dans toute question sociale, aident à identifier les difficultés. Mais elles ne suffisent pas à y répondre, et c’est là que le Pape montre l’apport de la religion : « Toute solution technique que les sciences prétendent apporter sera incapable de résoudre les graves problèmes du monde si l’humanité perd le cap, si l’on oublie les grandes motivations qui rendent possibles la cohabitation, le sacrifice, la bonté » (Encyclique Laudato Si’, § 200). Si on est chrétien, unis au Christ, alors on a une motivation radicale : « Si Dieu nous a ainsi aimés, nous devons, nous aussi, nous aimer les uns les autres » (1 Jean 4,11).

    Je vais conclure à la première personne du singulier, en imaginant que d’autres pourront s’y reconnaître. Vous voulez savoir ce que c’est un chrétien ? Regardez le Christ, ne me regardez pas moi, je n’en vaux pas la peine, lui si ! C’est en lui qu’est notre espérance, et je me donne pour vous la faire connaître. J’annonce l’Evangile comme l’espérance pour les pauvres types comme moi : je l’annonce parce qu’il est la plus grande source de paix et de joie, parce qu’en se faisant homme Dieu savait ce qu’il faisait, et il n’est pas mort pour rien !

  • L'Eglise malade de ses dogmes ?

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    D'Emmanuel Cabello sur didoc.be :

    L’Eglise est-elle malade de ses dogmes ?

    Sous le titre « Le dogme, cancer de l’Eglise catholique », La Libre Belgique a publié le 8 février dernier un article dont le contenu est peu nuancé, à l’image du titre.

    L’auteur de l’article fait remonter les dogmes au Concile de Nicée (325) et attribue leur origine à l’empereur Constantin. Il veut nous faire croire que, dès le départ, les dogmes ne sont qu’une question d’autorité et de pouvoir politique. Ces affirmations escamotent l’essentiel et ne font pas justice aux papes et aux évêques des dix-huit derniers siècles. C’est pourquoi il me semble qu’une brève réponse à ces excès verbaux semble nécessaire.

    Une acception du mot dogme est celle de « résolution ou décret d’une assemblée ou d’un souverain » (Dictionnaire de Théologie Fondamentale, p. 294). Ainsi, dans le Nouveau Testament (NT), l’ensemble des apôtres et des anciens de l’Eglise ont pris une décision (dogme) à propos de la pureté alimentaire et sexuelle des chrétiens en les libérant du joug de la loi de Moïse (cf. Ac 16, 4). On trouve d’autres enseignements dogmatiques, dans ce sens large du terme, dans différents textes du NT, relatifs à la divinité de Jésus-Christ (par exemple, dans l’épître aux Philippiens [2, 5-11], ou dans la première épître aux Corinthiens [15, 1-3], et dans les nombreux passages où le NT affirme que « Jésus est Seigneur »).

    On peut même remonter plus loin dans le temps et trouver des dogmes dans l’Ancien Testament (l’exemple le plus clair est sans doute l’affirmation monothéiste que Dieu fait à Moïse au Sinaï). Mais c’est dans les gestes et les paroles de Jésus de Nazareth que nous trouvons la source principale de nos dogmes : la divinité de Jésus, l’existence du Saint-Esprit et de la Trinité, la Rédemption, l’Eucharistie, etc. Les dogmes trouvent donc leur origine dans l’Ecriture, dans la Révélation divine.

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  • Le scandale absolu des prêtres et religieux pédophiles

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    Plusieurs nouveaux cas de pédophilie dont se sont rendus coupables des membres du clergé ont à nouveau défrayé la chronique durant ces derniers jours. On saluera, à ce propos, le courage d'Eric de Beukelaer, doyen du centre-ville de Liège, qui a accepté de rencontrer sur un plateau de télévision les mères de deux victimes et de répondre aux rudes interpellations du présentateur. Et que pouvait-il faire d'autre sinon exprimer notre honte et notre tristesse face à des comportements que rien ne peut justifier? On retiendra aussi son appel en faveur d'un environnement affectif équilibrant dont doivent bénéficier ceux qui se sont engagés dans un célibat consacré; à ce propos, nous pouvons nous interroger sur la façon dont nous entourons et soutenons nos prêtres...

    C'est le moment de reproduire ces propos du cardinal Ouellet formulés il y a quatre ans lors d'une veille de prière pénitentielle en l’église Saint-Ignace de Rome, dans le cadre du symposium sur les abus sexuels sur mineurs organisé par l’Université pontificale grégorienne du 6 au 9 février 2012 :

    Abus sexuels : homélie du cardinal Ouellet

    Homélie du card. Ouellet

    Chers frères évêques et prêtres, chers frères et soeurs dans le Christ

    Dans le contexte de la réflexion que nous effectuons au cours de ce Symposium « Vers la guérison et le renouveau », nous nous rappelons que nous sommes ici ce soir non seulement comme croyants, mais aussi comme pénitents.

    La tragédie de l’abus sexuel de mineurs perpétré par des chrétiens, spécialement lorsque commis par des membres du clergé, est une source de grande honte et un énorme scandale. C’est un péché contre lequel Jésus lui-même s’est prononcé : « Si on lui attachait au cou une meule de moulin et qu'on le précipite à la mer, ce serait mieux pour lui que d'entraîner au péché un seul de ces petits » (Lc 17, 2). L’abus est un crime qui en fait provoque une authentique expérience de mort pour des victimes innocentes, que Dieu seul peut réellement ressusciter à une vie nouvelle par la puissance de l’Esprit-Saint. Ainsi, avec une profonde conviction et conscience de ce que nous faisons présentement, nous nous tournons vers le Seigneur et nous l’implorons.

    Ce geste de purification engage l’Église tout entière, et chacun de nous - évêques, supérieurs religieux, éducateurs, tous les chrétiens – souffre de ce qui est arrivé. Nous demandons que l’Esprit de Dieu, qui guérit et renouvelle radicalement toutes choses, descende sur nous.

    Comme membres de l’Église, vous devons avoir le courage de demander humblement le pardon de Dieu, et aussi le pardon de ses « petits » qui ont été blessés ; nous devons demeurer près d’eux sur leur chemin de souffrance, en cherchant de toutes les manières possibles à guérir et soigner leurs blessures selon l’exemple du Bon Samaritain. Le premier pas sur cette route est de les écouter attentivement et de croire leurs histoires douloureuses.

    Le chemin de renouveau pour l’Église, qui continuera à éduquer les gens et à établir ses propres structures pour aider à prévenir des crimes semblables, doit inclure le sentiment de « plus jamais ». Comme le disait le Bienheureux Jean-Paul II : « Il n'y a pas de place dans le sacerdoce et dans la vie religieuse pour quiconque pourrait faire du mal aux jeunes » (Allocution aux Cardinaux des États-Unis, 23 avril 2002, n. 3). C’est intolérable que l’abus d’enfants puisse survenir à l’intérieur de l’Église ! Plus jamais !

    Avec tristesse, nous voyons tous trop bien que l’abus sexuel des enfants se retrouve partout dans la société moderne. C’est notre profonde espérance que l’engagement de l’Église à affronter ce grand fléau encouragera le renouveau en d’autres communautés et instances de la société affectées par cette tragédie.

    Dans ce chemin nouveau, nous, Chrétiens, devons être conscients que seule la foi peut garantir une oeuvre authentique de renouveau dans l’Église : la foi comprise comme personnelle, comme une relation d’amour réelle et vivifiante avec Jésus-Christ. Soucieux de nos propres lacunes de foi vivante, nous demandons au Seigneur Jésus de nous renouveler tous et chacun et de nous conduire par son agonie sur la Croix jusqu’à la joie de la Résurrection.

    Quelquefois la violence a été commise par des personnes profondément dérangées ou par d’autres qui ont été elles-mêmes abusées. Il était nécessaire de prendre des mesures à leur endroit et de les empêcher de poursuivre toute forme de ministère dont elles n’étaient évidemment pas dignes. Cela ne s’est pas toujours fait correctement et, une fois encore, nous nous excusons auprès des victimes.

    Ayant appris de cette terrible et humiliante expérience, les Pasteurs de l’Église ont le grave devoir d’être responsables du discernement et de l’acceptation des candidats qui veulent servir dans l’Église, en particulier de ceux qui aspirent au ministère ordonné.

    Encore choqués par ces tristes événements, nous espérons que cette Veillée liturgique nous aidera à voir ces péchés horribles qui se sont produits dans le Peuple de Dieu à la lumière de l’histoire du salut, une histoire que nous avons retracée ensemble ce soir. C’est une histoire qui parle de notre misère, de nos fautes répétées, mais surtout de la miséricorde infinie de Dieu, dont nous avons toujours besoin.

    Aussi nous confions-nous entièrement à la puissante intercession du Fils de Dieu qui s’est « dépouillé lui-même » (Ph 2, 7) dans le mystère de l’Incarnation et de la Rédemption, et qui a pris sur lui toute forme de mal, même ce mal, en détruisant son pouvoir de sorte que celui-ci n’ait pas le dernier mot.

    Le Christ ressuscité, en fait, est la garantie et la promesse que la vie triomphe de la mort. Il est capable d’apporter le salut à toute personne.

    En poursuivant notre veillée de prière, prions, avec les mots du Pape Benoît XV, pour une appréciation plus profonde de nos vocations respectives, de manière à redécouvrir les racines de notre foi en Jésus-Christ et à nous abreuver profondément à l’eau vive qu’il nous offre par son Église (cfr. Lettre pastorale aux Catholiques d’Irlande).

    Puisse l’Esprit Saint, lui qui est Seigneur et qui donne la vie, lui toujours à l’oeuvre dans le monde, descendre sur nous et nous aider par les prières de la Bienheureuse Vierge Marie, Mère de l’Église, dont la puissante intercession nous soutient et nous accompagne pour être dociles et réceptifs à l’amour divin. Amen.

    Card. Marc Ouellet

  • Conférence de presse du pape : selon le porte-parole du Vatican, François ne visait pas le cardinal Barbarin

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    Article de l’agence I-Media reproduit sur le site web de « Famille chrétienne » :

    « Le directeur du Bureau de presse du Saint-Siège a pris la défense du cardinal français Philippe Barbarin, accusé d’avoir tardé à réagir après la révélation de faits anciens de pédophilie concernant un prêtre lyonnais. En termes prudents, le 19 février 2016, dans le cadre d’une longue interview à Radio Vatican, le père Federico Lombardi a souligné que si l’affaire était “complexe“, l’archevêque de Lyon la traitait avec “une extrême responsabilité“.

    “Un évêque qui change un prêtre de paroisse quand on détecte qu’il est pédophile est un inconscient, et le mieux qu’il puisse faire c’est de présenter sa démission“. Pour certains, les paroles du pape, le 18 février, lors du vol de retour du Mexique en direction de Rome, se référaient au cas du Primat des Gaules. Ce dernier est actuellement au centre d’une polémique autour de sa gestion d’une affaire d’abus sexuels sur mineurs perpétrés dans les années 80. Au courant des faits depuis 2007, le cardinal Barbarin aurait tardé à réagir, avant de rencontrer une victime en 2014.

    Mais le père Lombardi répond sans ambages : “Je ne pense pas que cette réponse du pape puisse se référer à ce cas“. “Selon moi, assure-t-il, cela n’a absolument aucun fondement“. Et le jésuite de préciser : “La question a été posée par un journaliste mexicain qui avait à l’esprit le cas du père Maciel (fondateur des Légionnaires du Christ, ndlr) ou ceux des Etats-Unis“. Il s’agissait alors “de cas effectifs de couverture (…) irresponsable“ de prêtres pédophiles, qui ont été transférés au risque que de récidiver ailleurs.

    Pour le ‘porte-parole’ du Vatican, “le cas du cardinal Barbarin est complètement différent : il n’a absolument pas pris d’initiatives pour couvrir (ces faits), mais il s’est trouvé face à une situation qui remontait à des années auparavant“. En outre, il n’avait pas reçu “d’accusations particulières“ sur ce cas “délicat et complexe“, estime le père Lombardi, qui juge que “le cardinal avance avec beaucoup de responsabilité“. AK »

    Ref. Pédophilie : le cardinal Barbarin agit avec “extrême responsabilité“

    JPSC

  • Le taux de naissances au plus bas en Italie

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    Lu sur Romandie.com :

    Minimum historique du taux de naissance en Italie

    La population italienne vieillit, diminue, et les naissances ont atteint un minimum historique depuis la naissance du pays en 1861. Le tableau dressé par l'Institut national des statistiques (Istat) est on ne peut plus sombre sur le plan démographique.

    Au 1er janvier 2016, la population totale de l'Italie était de 60,656 millions de résidents, en baisse de 139'000 personnes sur un an, précise l'Istat dans ses estimations démographiques pour 2015.

    Les présences d'étrangers permettent de compenser partiellement ce mouvement. Ces derniers ont augmenté de 39'000 pour atteindre 5,054 millions de personnes, soit 8,3% de la population totale. En revanche, la population de nationalité italienne perd 179'000 résidents et descend à 55,6 millions de personnes.

    "Le taux de mortalité, 10,7 pour mille, est le plus élevé de l'après-guerre" et il est en hausse de 9,1% sur un an, ajoute l'institut. "En 2015, il y a eu 488'000 naissances, 15'000 de moins qu'en 2014, un nouveau minimum historique" en Italie.

    Espérance de vie en baisse

    Le solde naturel, la différence entre les morts et les naissances, descend encore et se situe à -165'000. Le taux de fécondité descend pour la cinquième année consécutive à 1,35 enfant par femme.

    De plus, "l'espérance de vie à la naissance baisse et elle est de 80,1 ans pour les hommes (elle était de 80,3 en 2014) et de 84,7 pour les femmes (85 en 2014)", poursuit l'Istat. L'organisme explique que cela est dû à la hausse de mortalité dans les tranches d'âge les plus élevées (75-95 ans).

    "Le processus de vieillissement, absolu et relatif, ne ralentit pas. Les plus de 65 ans sont 13,4 millions (...), et aussi bien la population en âge de travailler (15-64 ans) que celle jusqu'à 14 ans, est en diminution", précise l'Istat.

  • Moyen-Orient : les trois leçons des martyrs

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    Du Cardinal-Archevêque de Milan, Angelo Scola, sur le site Oasis (oasiscenter.eu) :

    Les trois leçons des martyrs

    Il n’existe qu’un mot pour dire ce qui arrive aux chrétiens au Moyen-Orient : martyre. Le témoin désarmé démasque le contre-témoignage du djihadiste et met à nu le virus qui a détruit des pays entiers, de la Syrie à l’Irak : la recherche de la victoire à tout prix, par l’anéantissement de l’autre. L’Europe, distraite, trop longtemps repliée sur son propre narcissisme, se découvre, aujourd’hui, impuissante

    « L’histoire de l’Église, la véritable histoire de l’Église, est l’histoire des saints et des martyrs : les martyrs persécutés ». C’est en ces termes que le pape François1 rappelait récemment, avec une force singulière, tout le « cas sérieux » de l’existence chrétienne : le témoignage auquel chaque baptisé est appelé, même devant la persécution, même – si Dieu le lui demande – jusqu’à l’effusion du sang. C’est une réalité, prévue sans ambages dans le discours missionnaire du chapitre 10 de l’Évangile de Matthieu, et confirmée par 2 000 ans d’histoire. Mais la toucher de la main aujourd’hui parmi les réfugiés d’Erbil, comme j’ai pu le faire en juin dernier à l’invitation des Patriarches Béchara Raï et Louis Sako, est une expérience qui reste gravée dans la mémoire et dans le cœur. Elle confère une lumière nouvelle pour regarder les évènements tragiques du Moyen-Orient – les flammes d’une guerre qui ne semble pas s’apaiser – et leurs retombées sur une Europe trop apathique et repliée sur elle-même, qui ne semble que récemment se réveiller de la torpeur dans laquelle elle a sombré.

    Saint Maxime le Confesseur, reprenant une expression paulinienne (1Co 2,16), affirme qu’avoir « la pensée du Christ » signifie penser selon le Christ, mais surtout « Le penser en toutes choses »2 : tel est le sens de l’Incarnation, tel est le génie du Christianisme. Que signifie alors avoir la pensée (la mens) du Christ devant ce qui se passe au Moyen-Orient ? Je crois que cela signifie, avant même toutes les considérations géopolitiques, économiques ou stratégiques, se trouver devant une simple constatation : sur ces terres, c’est un martyre qui se consume. Ce fait, que nous avons du mal à regarder en face, a une importance énorme, j’en suis convaincu, non seulement pour l’Église, mais aussi pour une compréhension plus profonde à la fois des racines de la conflictualité persistante au Moyen-Orient, et de l’impuissance dans laquelle se débat l’Occident. La pensée du Christ est un principe qui explique le réel, tout le réel, et il me semble qu’elle nous confie ici au moins trois leçons.

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  • La communion sacramentelle pour les divorcés-remariés ? Jean-Paul II explicite François

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    Lu sur le blog « Salon beige » :

    « Les journalistes ont  posé la question au pape dans l'avion du retour du Mexique. Ce dernier a confirmé la publication de l'exhortation post-synodale, «avant Pâques». Ce document va «reprendre tout ce que le synode a dit». Pour ce qui est des divorcés remariés «le mot-clé est “d'intégrer” dans la vie de l'Église, les familles blessées, les familles remariées. Mais sans oublier les enfants qui sont les premières victimes de tout cela».

    Réponse insatisfaisante pour les journalistes qui ont insisté : «Allez-vous autoriser les divorcés remariés à communier?»

    Réponse:

    «Ceci est une chose qui vient à la fin… “Intégrer” dans l'Église ne signifie pas communier. La communion n'est pas une récompense que l'on réclamerait, mais il s'agit d'un travail d'intégration où toutes les portes sont ouvertes. Mais, on ne peut pas dire, d'ores et déjà, “ils peuvent communier”. Ce serait une blessure, y compris pour ces mariages et pour ces couples, car cela ne leur ferait pas faire ce chemin d'intégration

    Où l'on retrouve l'enseignement de Jean-Paul II (Exhortation apostolique "Familiaris Consortio", après le synode de 1980, ndB) :

    "Avec le Synode, j'exhorte chaleureusement les pasteurs et la communauté des fidèles dans son ensemble à aider les divorcés remariés. Avec une grande charité, tous feront en sorte qu'ils ne se sentent pas séparés de l'Eglise, car ils peuvent et même ils doivent, comme baptisés, participer à sa vie. On les invitera à écouter la Parole de Dieu, à assister au Sacrifice de la messe, à persévérer dans la prière, à apporter leur contribution aux oeuvres de charité et aux initiatives de la communauté en faveur de la justice, à élever leurs enfants dans la foi chrétienne, à cultiver l'esprit de pénitence et à en accomplir les actes, afin d'implorer, jour après jour, la grâce de Dieu. Que l'Eglise prie pour eux, qu'elle les encourage et se montre à leur égard une mère miséricordieuse, et qu'ainsi elle les maintienne dans la foi et l'espérance!

    L'Eglise, cependant, réaffirme sa discipline, fondée sur l'Ecriture Sainte, selon laquelle elle ne peut admettre à la communion eucharistique les divorcés remariés. Ils se sont rendus eux-mêmes incapables d'y être admis car leur état et leur condition de vie est en contradiction objective avec la communion d'amour entre le Christ et l'Eglise, telle qu'elle s'exprime et est rendue présente dans l'Eucharistie. Il y a par ailleurs un autre motif pastoral particulier: si l'on admettait ces personnes à l'Eucharistie, les fidèles seraient induits en erreur et comprendraient mal la doctrine de l'Eglise concernant l'indissolubilité du mariage.

    La réconciliation par le sacrement de pénitence - qui ouvrirait la voie au sacrement de l'Eucharistie - ne peut être accordée qu'à ceux qui se sont repentis d'avoir violé le signe de l'Alliance et de la fidélité au Christ, et sont sincèrement disposés à une forme de vie qui ne soit plus en contradiction avec l'indissolubilité du mariage. Cela implique concrètement que, lorsque l'homme et la femme ne peuvent pas, pour de graves motifs - par l'exemple l'éducation des enfants -, remplir l'obligation de la séparation, «ils prennent l'engagement de vivre en complète continence, c'est-à-dire en s'abstenant des actes réservés aux époux»."

    Ref. Intégrer les divorcés-remariés dans l'Eglise ne signifie pas leur donner la communion

    JPSC