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Actualité - Page 216

  • La place accordée au sacré aujourd'hui (Sonia Mabrouk et Sylvain Tesson)

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    De l'émission Répliques (Alain Finkielkraut) sur France Culture (29 avril) :

    Conversation autour de la place accordée au sacré aujourd'hui, avec Sonia Mabrouk et Sylvain Tesson.

    Avec

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    "Dans son dernier livre, Blanc, Sylvain Tesson écrit : “en 2019, les hommes avait continué à s’entretuer passionnément, on avait découvert l’iPhone 11, le progrès avait fait des progrès. Par exemple, la flèche de Notre-Dame avait brûlé. Que signifiait-elle, dressée au-dessus du siècle vingt-et-un ? Il était logique qu’elle se retira. L’homme moderne a autre chose à faire que de tourner son regard vers le ciel”. Ni Sylvain Tesson, ni Sonia Mabrouk, qui publie Reconquérir le sacré, ne veulent laisser le dernier mot à cet aplatissement, à ce désenchantement du monde. Chacun a sa manière résiste." A. Finkielkraut

    Alain Finkielkraut reçoit Sylvain Tesson, écrivain, et Sonia Mabrouk, journaliste.

    "Ma conversion au sacré s’est faite en plusieurs étapes. Ce ne fut pas une révélation brutale et soudaine ; plutôt une succession de moments à la fois intimes et universels, un cheminement dans le temps vers des fragments de sacré, une compréhension de quelque chose qui nous précède et qui nous suit, qui en tout cas nous dépasse. Je dirais aussi que, dans mon cas, j’ai reçu le sacré comme on reçoit la foi. À un moment précis, le sacré a fini par s’imposer dans mon existence. Était-ce le fruit du hasard, ou était-ce un événement déjà inscrit en moi ? Impossible à dire. Une chose est sûre : la vie s’en est mêlée, et depuis, tout a changé." Sonia MabroukReconquérir le sacré (Éditions de l'Observatoire, 2023)

    "De 2018 à 2021, à la fin de l’hiver, nous nous élevions dans la neige. Le ciel était vierge, le monde sans contours, seul l’effort décomptait les jours. Je croyais m’aventurer dans la beauté, je me diluais dans une substance. Dans le Blanc tout s’annule — espoirs et regrets. Pourquoi ai-je tant aimé errer dans la pureté ?" Sylvain TessonBlanc (Gallimard, 2022).

    "Comment faites-vous pour ne pas laisser le dernier mot au désenchantement du monde ? Quelle est votre recette ?" sera la première question posée, à Sonia Mabrouk.

    "Voir des symboles, voir ce qui peut habiter le ciel, c'est contribuer au chatoiement du monde" (S. Mabrouk)

    "Je crois et j’espère qu’il n’y a pas de recette dans ce domaine-là. On pourrait dire qu’il pourrait y avoir un art : celui d’être à l’affût. Vous venez de dire “tourner son regard vers le ciel”. Il n’y a pas de recette mais il y a quand même une disponibilité, une attitude à avoir, qui est celle de croire en les signes. Je crois que même les gens qui vivent dans des cathédrales de raison ne sont pas à l’abri de ce qu’il peut se passer dans le ciel, peu importe ce qui l’habite selon eux, Dieu ou autre chose. Il y a une forme de bonheur à croire en l’existence de ces signes. Par exemple, par rapport à la flèche de Notre-Dame, j’y ai vu aussi un signe, peu importe si certains ont ricané, ont ringardisé une telle attitude et on dit qu’on peut surinterpréter les signes. Je suis heureuse de surinterpréter les signes, malgré ce qu’on peut en dire. Voir des symboles, voir ce qui peut habiter le ciel, c’est contribuer au chatoiement du monde. C’est croire en des choses simples, en la poésie, en l’amour, en les couleurs. C’est pour cela que je suis à l’affût de ce qui tombe de la poche de Dieu. Je ramasse ce qui tombe de la poche de Dieu, de ces poussières, de ces traces de sacré. (...) On a écrasé le sacré, on s’est assis sur un Occident fatigué et usé, et on n’entend plus les cloches du sacré." Sonia Mabrouk

    "Ce qui nous pousse à essayer de ré-accueillir le sacré dans nos vies, c’est quand on refuse notre propre réduction à notre dimension purement historique, biologique ou économique" (S. Tesson)

    "Le sujet du sacré semble bien inutile dans le ciel du siècle vingt-et-un, et même une notion à ranger au grenier des antiquités, car qu’est-ce que l’efficacité du sacré, dans un monde soumis à l’utilité des choses ? Quelle est la force du sacré ? Quel est son usage ? Sa valeur économique ? Pas grand chose. Or, vous nous demandez quelle est la recette. Il ne s’agit pas de trouver les trucs et astuces qui nous permettent de retrouver notre part verticale, mais il y a des chemins qu’on peut suivre, des options qu’on peut choisir, des liens qu’on peut renouer. Je tente de me “désapplatir”. Je pense que ce qui nous pousse à essayer de ré-accueillir le sacré dans nos vies, c’est quand on refuse notre propre réduction à notre dimension purement historique, biologique ou économique. Quand on refuse la réduction à cette triple-définition, on en choisit une autre, qui est ce qui peut nous arracher à nous-mêmes. Qu’est-ce qui peut aller contre notre intérêt immédiat ? Qu’est-ce qui peut faire en sorte que parfois nous poursuivions des aspirations ni utiles ni bénéfiques ? J’ai trouvé un axe qui gouverne ma vie, qui est la tentative de m’enfouir, de me dissimuler, de disparaître dans la nature par les voies de l’effort, par des voies qui m’abîment physiquement. J’y trouve là une sorte de prière active et physique. J’ai le malheur de ne croire à rien, j’ai perdu la foi bien que j’ai été éduqué par des chrétiens. La lumière s’est éteinte et je n’ai plus eu Dieu comme recours, mais je n’ai rien déconstruit, j’ai gardé ma profonde allégeance pour ce que j’ai reçu, c’est-à-dire une considération du monde." Sylvain Tesson

    "L’expérience du sacré, c'est toucher du doigt un mouvement de balancier, d'oscillation entre deux états" (S. Mabrouk)

    "Il n’y a pas de technique pour ramasser la poussière ou retrouver les traces du sacré, il y a l’aptitude à être sensible à une forme de dissimulation, de dépouillement de soi. (...) Je pense que se retrouver avec soi, c’est aussi un voyage, il faut le vouloir. Je l’ai ressenti enfant, car j’habitais face à la cathédrale Saint-Louis de Carthage, bâtie entre 1884 et 1890. J’ai tout de suite eu en regardant ce monument une sorte de cousinage mystique et affectif. J’ai senti, comme si les pierres de cet édifice représentaient tous les chapitres de ma vie, comme si les fissures étaient les lignes de ma vie. Quand j’ai poussé la porte de cette cathédrale, j’ai touché du doigt quelque chose de très particulier : il y a eu une rupture, je suis passée d’un état où j’étais dans un monde frénétique, au silence, à la frugalité. Je n’ai pas eu besoin de voyager loin pour le ressentir. Il y a eu une oscillation entre deux états. Je pense que c’est ça l’expérience du sacré, quand vous touchez du doigt ce mouvement de balancier, unique. J’ai prêté l’oreille, j’ai été l’affût, non pas d’un message venant du ciel, mais peut-être d’un message intérieur." Sonia Mabrouk

    "L'effort permet de conduire l'être vers une annulation générale de toute chose" (S. Tesson)

    "L’effort du skieur alpiniste est très athlétique : monter vers le sommet, et redescendre. C’est un effort qui permet de conduire l’être vers une annulation générale de toute chose, d’abord du temps car les heures se dissolvent, et surtout de l’espace, car soudain tout se ressemble, la blancheur, l’éclat, le cristal, le caractère aveuglant du ciel, le manteau neigeux sur les montagnes. L’avancée épuisante semble être une sorte de flottaison dans un rêve : c’est l’anti-distraction, c’est l’effort physique le plus éloigné du divertissement pascalien. Rien ne vous divertit, vous êtes obligés de concentrer toutes vos forces pour avancer." Sylvain Tesson

    Références bibliographiques :

  • Hausse spectaculaire des actes antireligieux au Canada

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    D'Alexis Gacon sur le site du journal La Croix :

    Canada : pourquoi les actes antireligieux sont-ils en forte hausse ?

    Les actes antireligieux ont connu une hausse spectaculaire au Canada, faisant plus que tripler concernant les catholiques. Les différentes communautés reprochent un manque d’action de la part des autorités.

    La crèche de l’église Saint-Joseph, dans la ville d’Alma, au Québec, a encore connu un hiver troublé. « On s’était fait voler plusieurs fois le petit Jésus, mais ça, on ne s’y attendait pas », soupire Marc Fournier, secrétaire de la fabrique, un organe chargé d’assurer la gestion de l’organisation de la paroisse.

    En effet, des vandales ont tagué la crèche d’inscriptions « White power », un message prônant la suprématie blanche, et dessiné une croix gammée sur le visage de Jésus. « Que voulez-vous ? Il y a des imbéciles partout. C’est brutal. D’habitude, c’est plutôt tranquille ici. Des graffitis, j’en vois sur les églises à Québec, mais visiblement, même les régions plus excentrées peuvent être touchées. »

    « On s’habitue à ce qui semblait extraordinaire auparavant »

    Des croix gammées, Marvin Rotrand, directeur national de la Ligue des droits de la personne au sein de l’organisation juive B’nai Brith Canada, en a vu un certain nombre sur les portes de la synagogue The Bagg Street Shul, une des plus vieilles de Montréal, à la fin mars. « Attaquer cet édifice, c’est s’en prendre à notre histoire, explique-t-il. C’est la synagogue où les immigrés juifs trouvaient refuge en arrivant.» En dix ans, les actes antisémites recensés par son organisme ont plus que doublé au Canada : « On s’habitue à ce qui semblait extraordinaire auparavant. »

    S’accoutumer à la haine ordinaire, Mohammad Jundi, du Forum musulman canadien, ne s’y résout pas. Mais il constate, amer : « Dans les années 2000, je me sentais protégé au Canada. Maintenant ? Non. » Il demeure marqué par l’attaque du 9 avril à la mosquée Al-Omah Al-Islamiah, à Montréal. « Un homme a fracassé la porte avec un bloc de béton et voulait attaquer un fidèle », raconte-t-il. Les actes anti-musulmans augmentent, selon lui, durant le Ramadan : « Des femmes nous appellent pour dire que des personnes tirent sur leur voile dans la rue et des jeunes demandent s’ils peuvent encore aller à la mosquée sans stress. »

    Une hausse de 67 % des actes antireligieux

    De fait, les dernières données fédérales disponibles, concernant l’année 2021, montrent une augmentation généralisée des actes antireligieux (884), en hausse de 67 % par rapport à 2020. En proportion, la plus forte hausse concerne les catholiques avec une augmentation de 260 %, contre 71 % pour les musulmans et 47 % pour les actes visant les juifs – les actes les plus nombreux en chiffre absolu (487, soit plus de la moitié de l’ensemble des actes antireligieux).

    Selon Marie-Claude Lalonde, directrice du bureau canadien d’Aide à l’Église en détresse, le bond spectaculaire d’actes à l’encontre des catholiques illustre une année particulière, marquée par une vague d’incendies d’églises. Ces événements sont survenus dans la foulée de la découverte de tombes anonymes sur les terrains des pensionnats pour autochtones, lieux autrefois tenus par des congrégations religieuses dans lesquels ils furent maltraités. « L’année 2022 fut plus calme, assure-t-elle. Mais ces dégradations laissent encore des traces. »

    Haine en ligne

    Pour Louis Audet-Gosselin, directeur scientifique et stratégique du Centre de prévention de la radicalisation menant à la violence, les premières données, même parcellaires, de la police d’Ottawa laissent penser que 2022 n’a pas marqué d’accalmie. « Il faut rappeler que les crimes haineux sont peu signalés, car ils visent des populations souvent marginalisées, qui n’osent pas contacter la police. On ne connaît que la pointe de l’iceberg. »

    Comment expliquer cette hausse généralisée ? « Il y a davantage d’unités policières dédiées aux crimes haineux, donc on en signale plus, analyse le chercheur. Pour les actes anticatholiques,la couverture médiatique du drame des pensionnats a joué un rôle. Concernant les juifs, la résurgence du conflit israélo-palestinien peut être soulignée. »

    Marvin Rotrand y voit surtout un manque d’action du gouvernement face à la haine en ligne, qui se retrouve ensuite dans les rues : « Nous demandons une législation efficace. Les publications haineuses doivent être retirées rapidement, sinon, les messages restent et donnent des idées aux intolérants. Or, le Canada reste les bras croisés. » Le gouvernement du premier ministre Trudeau a annoncé, lors de la dernière campagne fédérale, vouloir un texte fort pour contrer la haine en ligne, mais aucun projet de loi n’a encore été déposé.

  • Le projet de loi sur les propos haineux progresse en Irlande; va-t-il réduire J.K. Rowling et l'Église au silence ?

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    De Kevin J. Jones sur Catholic News Agency :

    Le projet de loi sur les propos haineux progresse en Irlande, alors que l'on craint qu'il ne réduise J.K. Rowling et l'Église au silence

    Les détracteurs du projet de loi sur les propos haineux craignent qu'il ne criminalise les propos de personnes telles que l'auteur J.K. Rowling, qui a déclaré que les "femmes transgenres" n'étaient pas réellement des femmes.

    2 mai 2023

    L'Irlande se prépare à adopter une interdiction plus large des crimes et des discours de haine, alors que les critiques mettent en garde contre les effets sur la liberté d'expression.

    Les partisans du projet de loi, The Criminal Justice (Incitement to Violence or Hatred and Hate Offences) Act 2022 (loi sur la justice pénale (incitation à la violence ou à la haine et délits de haine) 2022), l'ont présenté comme une mise à jour d'une loi de 1989. Ils ont cité les nouveaux développements technologiques et les nouvelles minorités importantes telles que les personnes de races et de religions différentes, les personnes handicapées et celles qui s'identifient comme LGBTQ.

    Dans un résumé du projet de loi publié en octobre, le ministère de la justice a déclaré que beaucoup considéraient la loi de 1989 comme "inefficace", avec seulement une cinquantaine de poursuites pour violation au cours des 30 dernières années. Il a déclaré que les mises à jour du projet de loi protégeaient "la véritable liberté d'expression".

    "Les discours de haine sont conçus pour faire taire les gens, pour qu'ils aient peur de dire qui ils sont et pour les exclure et les isoler. Il n'y a rien de libre là-dedans et il n'y a franchement pas de place pour cela dans notre société".

    Le projet de loi a été adopté par le Dáil, la chambre basse du Parlement irlandais, par 110 voix contre 14, le 26 avril. Il doit maintenant être débattu au Sénat.

    Le commentateur Dubhaltach O Reachtnin, qui a écrit dans le journal britannique Catholic Herald en novembre, s'est inquiété du fait que la loi pourrait être utilisée pour poursuivre des prêtres ou des laïcs catholiques qui expriment l'enseignement catholique. La loi stipule qu'une "personne morale" peut être responsable de la violation de crimes, ce qui signifie que l'Église peut être coupable des "déclarations de ses membres les plus directs".

    CNA a demandé un commentaire à la Conférence des évêques catholiques d'Irlande, mais n'a pas reçu de réponse avant la publication.

    Certains législateurs irlandais ont critiqué le projet de loi.

    "La plupart des gens ordinaires soutiendraient l'interdiction de l'incitation à la violence et de la violence fondée sur la haine. Cependant, cette loi va beaucoup plus loin que cela", a déclaré Peadar Tóibín, député du parti Aontú, lors d'un débat au Dáil irlandais en novembre.

    Il a rappelé la controverse suscitée par une émission de radio de la RTÉ dans laquelle des femmes s'opposaient à ce que des hommes ou des hommes s'identifiant à des femmes transgenres soient autorisés à pénétrer dans les espaces réservés aux femmes. Cela a provoqué une "réaction brutale" et des accusations de transphobie et d'incitation à la haine.

    "Le ministre pense-t-il que le fait que des femmes disent qu'une femme est une femme adulte est un discours transphobe et haineux ? a demandé M. Tóibín. "Est-il possible qu'un juge puisse à l'avenir avoir cette opinion et mettre en œuvre la législation du ministre sur la base de cette opinion ?

    "Je suis parfois étonné, notamment sur les médias sociaux, de constater que les personnes qui se parent des couleurs de l'amour et de l'inclusion sont souvent celles qui contribuent à clore le débat et à empêcher que ces idées soient discutées", a-t-il déclaré, rappelant l'hostilité et les menaces dont l'auteur J.K. Rowling a fait l'objet en raison de son point de vue sur l'identité sexuelle.

    L'auteur de la série Harry Potter a été accusée d'être "transphobe" pour avoir déclaré que les "femmes trans" n'étaient pas des femmes.

    "Ce sont des opinions qu'ils croient qu'elle ne devrait pas avoir. Ce sont des opinions qu'ils considèrent comme des discours de haine parce qu'elle les défend", a déclaré M. Tóibín, qui s'est inquiété de la "cancel culture" ou de la "culture de la censure".

    Un autre législateur critique, le député Paul Murphy de la coalition People Before Profit-Solidarity, a averti que les dispositions du projet de loi pourraient "créer un effet paralysant sur les critiques légitimes de l'Église catholique".

    "Cela pourrait même décourager les gens de critiquer la promotion par l'Église du type de sexisme, d'homophobie et de transphobie que le projet de loi cherche à combattre", a-t-il déclaré lors d'un débat en novembre. "Il pourrait également être utilisé pour porter de fausses accusations d'antisémitisme et d'incitation à la haine antisémite contre des militants pro-palestiniens.

    Le 26 avril, M. Murphy a proposé un amendement visant à supprimer les protections du discours religieux.

  • L'âme escamotée ?

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    Du site des éditions du Cerf :

    L'abolition de l'âme

    L'abolition de l'âme

    de Robert Redeker

    352 pages - mars 2023

    24,00€

    Où est passé le mot « âme » ? Pourquoi a-t-il été escamoté ? Comment s’est-il évaporé de notre langue, volatilisé de notre culture, évanoui de notre quotidien ? Que signifie sa disparition ? Et que nous dit-elle de l’humanité contemporaine ?

    Il n’y est pas allé d’une subite révolution. Il s’est agi d’un lent mais implacable effacement. Celui que Robert Redeker dévoile et démontre ici en refaisant l’histoire de ce mot perdu. Peu à peu, on a doté l’âme, vocable crucial, d’apparents compléments qui ont fini par se révéler de complets substituts. On lui a préféré l’ego, le moi, le sujet, la conscience puis l’inconscient et, dernièrement même, le cerveau. Ainsi, de Descartes à Derrida, des premiers modernes aux ultimes déconstructionnistes, la spiritualité dévitalisée, le monde désanimé, l’homme désincarné n’ont cessé de croître sur l’âme désertée.

    Mais la réalité de l’âme, elle, n’est pas éteinte. Elle s’est seulement absentée de notre pensée. Elle demeure le chiffre secret de la vie vivante et le restera tant qu’il ne sera pas trop tard.

    Cet essai libre et libérateur nous invite à souverainement la redécouvrir, la retrouver, la sauver.

    Philosophe, Robert Redeker est l’auteur d’une oeuvre remarquée en France comme à l’étranger où plusieurs de ses livres ont été traduits, parmi lesquels les ouvrages majeurs que sont L’Éclipse de la mort et Les Sentinelles d’humanité.

    Lire :  Robert Redeker : « L’abolition de l’âme précède et conditionne l’abolition de l’homme »

  • Voyage du Pape en Hongrie : pas de printemps en vue dans les rapports entre Rome et Moscou

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    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso (traduction de diakonos.be) :

    De l’Ukraine à l’Afrique. L’opération spéciale du « cuisinier de Cyrille »

    Le voyage du Pape François en Hongrie n’aura débouché sur aucun printemps dans les rapports entre la papauté et Moscou, ni sur le plan politique ni sur le plan religieux.

    Sur le plan politique, lors de la conférence de presse à bord du vol de retour de Kiev à Rome, dimanche 30 avril, le Pape a déclaré qu’au Vatican, « une mission de paix était en cours » et que « quand elle sera publique, j’en parlerai ».

    Il est probable qu’il s’agisse de la même mission à laquelle le ministre des Affaires étrangères du Vatican, Paul Richard Gallagher a fait allusion le 24 avril au Liechtenstein, et dont le but serait – a-t-il déclaré – de parvenir à « une paix concrète, susceptible d’évoluer et en devenir entre les parties en conflit et pas seulement une répartition entre les vainqueurs et les vaincus ». Une proposition de négociation, donc, qui ne partirait pas du prérequis d’exclure de concéder des avantages à la Russie, c’est-à-dire à l’agresseur, ce qui semble difficilement réalisable dans l’état actuel des choses.

    Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a immédiatement fait savoir que ce à quoi le Pape a fait allusion « se passe sans que nous en soyons informés et sans notre bénédiction ». Aucun objection en revanche à la confirmation faite par François que le Saint-Siège continuera à faire office d’ « intermédiaire » pour l’échange de prisonniers et le rapatriement d’enfants ukrainiens déportés en Russie.

    Sur le plan religieux, en revanche, le moment-clé a été, le 29 avril, la rencontre du Pape avec l’ex-ministre des Affaires étrangères du patriarcat de Moscou, le métropolite Hilarion, destitué et relégué à Budapest par le patriarche Cyrille pour s’être ouvertement opposé à l’agression de l’Ukraine.

    L’entretien entre eux deux n’a duré que 20 minutes à peine et Hilarion a déclaré, dans un communiqué, n’avoir parlé avec le Pape que de ses activités apostoliques, sociales et éducatives. Mais dans l’avion, François a tenu à dire qu’à Budapest « nous n’avons pas fait que parler du petit Chaperon rouge » et que même sa rencontre tant désirée avec le patriarche Cyrille a été « suspendue » à cause de la guerre mais qu’elle « devra se faire ». Là aussi sans aucun signe d’avancée perceptible.

    En effet, l’agression de la Russie contre l’Ukraine, avec l’appui idéologique sans limite donné par Cyrille à la guerre déchaînée par Vladimir Poutine a causé un désastre dans les relations entre les Églises, y compris au sein de l’Orthodoxie.

    Déjà avant la guerre, une ligne de fracture s’était ouverte en Ukraine entre le patriarcat de Russie et de celui de Constantinople, à cause de la reconnaissance canonique accordée par ce dernier à la naissance d’une nouvelle Église orthodoxe ukrainienne indépendante de Moscou.

    Et cette fracture s’est aujourd’hui encore élargie à cause des mesures prises par le gouvernement de Kiev à l’encontre l’Église orthodoxe ukrainienne liée par ses statuts au patriarcat russe, qui s’est dissociée du bout des lèvres de l’agression mais au sein de laquelle demeurent beaucoup d’irréductibles partisans de la politique de Moscou.

    Le conflit a pour épicentre la Laure des Grottes de Kiev, le complexe d’églises et de monastères qui est la « mère » de l’orthodoxie aussi bien ukrainienne que russe.

    Les bâtiments appartiennent au gouvernement de Kiev, qui depuis le 29 mars ne reconnaît plus à l’Église orthodoxe ukrainienne liée à Moscou le droit d’occuper la Laure, qui a été réattribuée à l’Église orthodoxe ukrainienne indépendante.

    En outre, une proposition de loi visant à interdire toute Église en Ukraine qui maintiendrait un « lien » avec l’Église de Moscou pourrait bien arriver prochainement sur la table du parlement. Plusieurs protestations se sont élevées dénonçant une violation potentielle de la liberté religieuse de la part d’une loi formulée de manière aussi générale. Mais en attendant, à travers des décrets administratifs immédiatement attaqués en justice, le gouvernement de Kiev a demandé aux actuels occupants, dont 200 moines, de quitter la Laure des Grottes, sans cependant les expulser par la force. Seul le métropolite Pavel, qui est depuis 1994 la plus haute autorité du monastère, un personnage à la réputation d’oligarque, très lié à Cyrille et doté d’une solide fibre entrepreneuriale, a été assigné à résidence dans une petite ville non loin de Kiev. Il était parvenu à implanter dans la Laure des activités non seulement d’édition et d’art sacré mais également des ateliers de meubles, des ateliers mécaniques et des supermarchés alimentaires, qu’il justifiait par la nécessité de financer les activités religieuses.

    Celui qui a pris la place de Pavel aujourd’hui, c’est l’archimandrite Abraham Lotysh, passé de l’Église orthodoxe ukrainienne liée à Moscou à l’Église orthodoxe ukrainienne indépendante, et donc excommunié par le métropolite de la première, Onuphre, pour être accueilli les bras ouverts par le métropolite de la seconde, Épiphane. Les deux cents moines, dont au moins un tiers sont pro-russes, sont restés en place. Sans compter que l’archevêque majeur de l’Église ukrainienne grecque catholique, Mgr Sviatoslav Shevchuk, a demandé lui aussi de pouvoir célébrer dans la Laure, tout comme les orthodoxes, en souvenir d’une antique unité œcuménique à laquelle il voudrait rendre vie.

    Mais ce n’est pas tout. Parce que si le patriarche Cyrille et Poutine avec lui ont perdu en Ukraine l’une de leurs fidèles « oligarques » ecclésiastiques en la personne de Pavel, ils en ont entretemps placé un autre en Afrique, dans cette Afrique qui fait depuis longtemps l’objet de toutes les convoitises de Moscou, surtout grâce aux mercenaires du groupe Wagner, aux ordres du « cuisinier de Poutine », Evgueni Prigojine dont la dernière terre de conquête ces dernières jours est le Soudan.

    En 2019 déjà, le patriarcat de Moscou avait soustrait six paroisses africaines au patriarcat d’Alexandrie, en envahissant un territoire étranger qui selon l’ecclésiologie orthodoxe aurait dû être inviolable.

    Mais quand, en 2021, le patriarche grec orthodoxe d’Alexandre et de « toute l’Afrique » Théodore II a approuvé, en accord avec le patriarcat œcuménique de Constantinople, la naissance en Ukraine d’une Église orthodoxe indépendante de Moscou, Cyrille a réagi en allant jusqu’à instituer son propre exarchat pour l’Afrique, au risque de provoquer un schisme avec Alexandrie, comme cela n’a pas manqué de se produire.

    Et à qui Cyrille a-t-il confié le commandement de l’extension africaine du patriarcat de Moscou ? Au métropolite Léonide de Vladikavkaz et à Alanie (photo).

    Àgé de 55 ans et, comme Mikhaïl Gorbatchev, natif de la région de Stavropol dont il porte le patronyme, Léonide a servi dans l’Armée rouge au grade de Major avant de se consacrer à la vie ecclésiastique. Et il n’a jamais perdu sa première vocation, à tel point qu’il a fondé en 1997 un Département synodal pour la fusion spirituelle entre l’Église et l’armée, au nom de l’esprit patriotique.

    Il a toujours exercé son ministère sous cette forme hybride, d’abord en tant que chapelain militaire des forces de paix de l’ONU en Bosnie Herzégovine et ensuite dans d’autres zones de conflit, ensuite comme chef de la mission russe à Jérusalem, comme délégué patriarcal pour l’Arménie et pour le dialogue avec l’Église malankare d’Inde, comme évêque russe pour l’Argentine et l’Amérique latine, puis comme exarque de Klin dans la province de Moscou, pour enfin être promu – toujours en conservant le diocèse de Klin – aux commandes de la nouvelle extension du patriarcat de Moscou en Afrique.

    En décrivant son profil sur « Asia News », Stefano Caprio, un spécialiste de l’histoire ecclésiastique de la Russie, écrivait ceci : « Les compétences martiales et spirituelles de Léonide permettent au patriarcat de Moscou de s’aligner à la perfections sur les tactiques du groupe Wagner, à tel point que beaucoup le comparent à Prigojine et lui attribuent le titre de « cuisinier de Cyrille ».

    En Argentine également, Léonide a fondé sa propre compagnie, non pas militaire mais d’assistance, la « Mecenas Orthodoxos Rusos en America Latina ». Mais aujourd’hui – écrit Caprio – « c’est le financement des diocèses russo-africains qui est confié à ses initiatives de ‘mécénat’ orthodoxe et, comme l’affirme Léonide lui-même, au soutien généreux ‘d’hommes de foi qui ne sont pas indifférents au sort de l’Église’ ».

    À Moscou, on l’appelle « opération spéciale », mais cela aussi c’est leur guerre.

  • Quand le chanoine de Beukelaer dénonce une "laïcité dogmatique"

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    Le 24 avril dernier, les évêques belges ont publié une déclaration (assez molle, il faut bien le dire) à propos du débat sur l'allongement à 18 semaines du délai permettant à une femme d'avorter. Ils déclaraient notamment : "Le législateur s’est préoccupé jusqu’à présent de trouver un équilibre entre la protection de la vie à naître et l’autodétermination de la femme enceinte. Ce n’est plus le cas dans les nouvelles propositions. La protection de la vie à naître est pourtant en soi de la plus haute importance, aussi et surtout dans l’État de droit. Elle l’est d’autant plus que de nouvelles recherches sont menées aujourd’hui sur la perception de la douleur chez le fœtus."

    La députée fédérale Sophie Rohonyi (Défi) a réagi à cette déclaration le week-end dernier dans La Libre, affirmant que l’IVG est désormais une question de santé publique et non une question éthique, ajoutant que les évêques de Belgique n’ont pas à s’immiscer dans ce débat.

    C'est alors que le chanoine Eric de Beukelaer est monté au créneau, dénonçant  (le 29 avril) sur son blog  "la tentation de la démocrature soft, qui dénigre la parole de l’opposant, afin de la disqualifier plutôt que d’oser le débat de fond." Et explique : "C’est à pareille tentation que cède Sophie Rohonyi (Défi) dans le quotidien La Libre de ce samedi en p.5. A la question: « Les évêques de Belgique s’opposent à la révision de la loi sur l’avortement. Selon eux, “la protection de la vie à naître est de la plus haute importance”. Qu’en pensez-vous ? », la députée répond: « Je pense qu’ils n’ont pas à s’immiscer dans des débats comme ceux-là qui ne doivent plus être vus comme des débats éthiques, mais comme des questions de santé publique. D’ailleurs, les experts commencent leur rapport en disant que l’avortement doit être un acte médical. » Elle ajoute un peu plus loin: « Ce débat éthique est censé avoir été réglé. ». Pour le vicaire général de Liège, "le débat sur l’avortement est évidemment une question de santé publique, mais il est tout autant et bien davantage encore, une question éthique."

    Du coup, les tenants de la laîcité ont réagi aux propos d'Eric de Beukelaer, allant jusqu'à le menacer de poursuites judiciaires : lundi, sur Twitter, Marc Uyttendaele a pointé du doigt l'intervention d’Eric de Beukelaer, dénonçant les “propos choquants du vicaire de Beukelaer à l’égard de la députée Rohonyi. L’article 268 du Code pénal interdit à un ministre du culte d’attaquer publiquement une loi. La loi consacre le droit à l’IVG. Le clergé doit s’y soumettre. Ce n’est pas une question éthique, c’est l’État de droit”, a-t-il publié sur les réseaux sociaux. Cette prise de position du constitutionnaliste a elle-même suscité un nouveau torrent de commentaires sur le web… comme le souligne dans la Libre Frédéric Chardon (voir ICI).

    Le 1er mai, le chanoine de Beukelaer est revenu sur cette polémique et a répondu à ses détracteurs, fustigeant une "laïcité dogmatique qui fait taire les convictions spirituelles et ne ne donne voix qu’au libre examen." Et d'ajouter : "Je le répète: je ne suis pas un citoyen de seconde zone et – comme toute instance représentative d’une communauté – les responsables d’un culte ont voix au chapitre dans tous les débats de société."

    A suivre ?

  • La lettre pastorale de l'archevêque d'Oklahoma City sur la dysphorie de genre et le mouvement transgenre

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    Texte intégral de la lettre pastorale de l'archevêque Paul Coakley sur la dysphorie de genre et le mouvement transgenre
     
    Coakley 1
    L'archevêque Paul S. Coakley

    Oklahoma City, 1er mai 2023

    (traduction automatique)

    Note de la rédaction : Vous trouverez ci-dessous le texte intégral de la lettre pastorale de l'archevêque d'Oklahoma City, Mgr Paul S. Coakley, intitulée "Sur l'unité du corps et de l'âme : accompagner ceux qui souffrent de dysphorie de genre", publiée le dimanche du Bon Pasteur, le 30 avril 2023. Une section de ressources sur la dysphorie de genre, les professionnels de la santé mentale et l'idéologie transgenre a également été incluse à la fin de la lettre originale.

    "Au commencement était le Verbe, et le Verbe était avec Dieu, et le Verbe était Dieu. Il était au commencement avec Dieu.

    C'est par lui que tout est venu à l'existence, et rien n'est venu à l'existence sans lui.

    Ce qui a été créé par lui, c'est la vie, et cette vie a été la lumière du genre humain ; la lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l'ont pas vaincue.

    Et le Verbe s'est fait chair, il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire, la gloire du Fils unique du Père, pleine de grâce et de vérité" (Jean 1:1-5, 14).

    Allez faire des disciples : Accompagnement et communauté

    Dans mes lettres pastorales précédentes, "Allez faire des disciples : Une vision pour l'archidiocèse d'Oklahoma City" (2013) et "Faites des disciples ! Construire une culture de la conversion et du discipulat" (2019), j'ai présenté ma vision pour l'archidiocèse d'Oklahoma City en termes généraux en appelant chacun d'entre nous à "témoigner joyeusement de notre foi catholique". Témoigner implique d'"accompagner" ceux que nous rencontrons afin qu'ils voient dans nos vies, nos actions et nos paroles que Dieu est Amour, et qu'Il a envoyé son Fils unique pour nous faire entrer dans une communion d'Amour. L'accompagnement nous demande "d'aimer et d'accepter toutes les personnes d'une manière qui invite chacun à une relation plus profonde avec le Christ et à un plus grand alignement de sa vie sur ses enseignements".

    Vatican II a souligné que "l'Église a toujours eu le devoir de scruter les signes des temps et de les interpréter à la lumière de l'Évangile. C'est ainsi qu'elle peut répondre, dans un langage compréhensible pour chaque génération, aux questions éternelles que les hommes se posent sur la vie présente et sur la vie future, ainsi que sur les rapports de l'une à l'autre". Cette lettre pastorale reprend les grands thèmes de mes lettres précédentes pour aborder deux phénomènes liés mais distincts qui prévalent à notre époque, à savoir les personnes qui, en nombre croissant, s'identifient comme transsexuelles 6 et le mouvement transsexuel politique, culturel et idéologique.

    Bien que cette lettre aborde l'anthropologie sous-jacente au mouvement transgenre, son objectif est de fournir des conseils pastoraux sur la façon dont l'Église, ses ministres et les fidèles laïcs peuvent accompagner - marcher avec - ceux qui luttent avec leur identité de genre, en particulier ceux qui s'identifient comme transgenres. À la suite du pape François, je fais la distinction "entre ce qu'est la pastorale pour les personnes [qui s'identifient comme transgenres] et ce qu'est l'idéologie du [trans]genre". Les personnes qui s'identifient comme transgenres sont créées par Dieu, sont aimées par Dieu, et nous, en tant que chrétiens fidèles, sommes appelés à aimer chacune d'entre elles comme notre prochain (cf. Marc 12:31). Aimer les autres signifie au fond vouloir et désirer leur bien.

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  • L'effacement de la religion et le triomphe du relativisme

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    Dostoïevski le disait déjà : "Si Dieu n'existe pas, tout est permis". Mais aujourd'hui, la tendance dominante dit le contraire en affirmant qu'il y a très bien moyen de mener une existence morale sans croire en l'existence de Dieu. On voit à quelles extrémités cela conduit nos sociétés : l'extermination de plus en plus large des enfants à naître, l'euthanasie et le suicide assisté, la banalisation de toutes les formes de sexualité même les plus contre-nature, etc. 

    De Luca Volontè sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    De moins en moins de chrétiens dans le monde, le relativisme triomphe

    02-05-2023

    Selon une étude du Pew Research Center, les adultes de plus d'une douzaine de pays occidentaux affirment qu'il n'est pas nécessaire de croire en Dieu pour mener une vie morale. Benoît XVI a lancé un avertissement : "La disparition de l'idée de Dieu entraîne celle de l'idée d'un monde vrai". 

    Selon une étude récente menée par Janell Fetterolf et Sarah Austin, toutes deux chercheurs au Pew Research Center, les adultes de plus d'une douzaine de pays occidentaux affirment qu'il n'est pas nécessaire de croire en Dieu pour mener une vie morale ou avoir de bonnes valeurs. L'étude, basée sur les réponses à l'enquête Global Attitudes Survey du Pew Research Center menée au printemps 2022, a été publiée le 20 avril. Dans les pays d'Europe et d'Amérique du Nord, au moins six personnes interrogées sur dix pensent qu'il n'est pas nécessaire de croire en Dieu pour être moral. C'est le cas de neuf Suédois sur dix, soit le pourcentage le plus élevé de tous les pays étudiés. En revanche, les Israéliens sont presque également divisés sur la question de savoir s'il est nécessaire de croire en Dieu pour être moral : 47 % affirment qu'une telle croyance est nécessaire, tandis que 50 % disent le contraire.

    À la question de savoir s'il est "nécessaire de croire en Dieu pour être moral et avoir de bonnes valeurs", la majorité des personnes interrogées dans les pays d'Europe occidentale : Suède (90 %), France (77 %), Royaume-Uni (76 %), Pays-Bas (76 %), Espagne (74 %), Belgique (69 %), Italie (68 %), Allemagne (62 %) et Grèce (60 %), ont répondu qu'il n'était pas du tout nécessaire de croire en Dieu pour être quelqu'un de bien. C'est également ce qu'ont confirmé la majorité des personnes interrogées dans d'autres pays, non européens mais faisant partie de la civilisation occidentale, comme l'Australie (85 %), le Canada (73 %) et les États-Unis (65 %).

    La majorité des citoyens, même dans ces pays, déclarent que la foi en Dieu n'est pas nécessaire pour "être moral et avoir de bonnes valeurs", un fait qui est également confirmé par les pays traditionnellement considérés comme des bastions de la religiosité et de la foi : la majorité des personnes interrogées dans les pays d'Europe de l'Est tels que la Pologne (67%) et la Hongrie (63%), qui ont également des gouvernements favorables aux valeurs traditionnelles et à la religion chrétienne, confirment l'opinion dominante : vivre comme si Dieu n'existait pas ou comme si Dieu existait, ne change rien.

    En Italie, une moyenne de 68% des personnes interrogées déclarent qu'il n'est pas nécessaire de croire en Dieu pour être de bonnes personnes avec de bonnes valeurs morales, parmi lesquelles 61% déclarent appartenir à une église ("vraisemblablement" l'Église catholique apostolique romaine) et les autres se déclarent non croyants ou croyants, mais n'appartenant pas à des églises. Un chiffre inquiétant pour un pays qui se considère encore comme "catholique" et riche en "croyants". Toutefois, d'après les données recueillies ces dernières années par les deux chercheurs, il convient de noter qu'en Italie, de 2019 à 2022, le nombre de personnes qui déclarent que la foi en Dieu est indispensable pour avoir des valeurs morales fortes, ainsi que celles qui ne reconnaissent pas l'importance de Dieu, est stable à 30 %, après une période (2002-2013) au cours de laquelle des augmentations avaient été enregistrées parmi ceux qui se méfiaient de l'importance de Dieu et des diminutions correspondantes parmi les croyants. Quoi qu'il en soit, l'invitation pressante que Joseph Ratzinger / Pape Benoît a lancée d'abord en 2005 à Subiaco, puis en 2010 à Rome, puis réitérée à la "Cour des Gentils" au Portugal en 2012, cette nécessité urgente de "vivre comme si Dieu existait".

    Un Dieu qui a le visage de Jésus-Christ, qui nous empêche de perdre notre dignité et d'être engloutis par un "nouveau moralisme dont les mots clés sont justice, paix, conservation de la création, des mots qui rappellent des valeurs morales essentielles dont nous avons vraiment besoin". Mais ce moralisme reste vague et glisse ainsi, presque inévitablement, dans la sphère des partis politiques... une tentative, poussée à l'extrême, de façonner les affaires humaines en se passant complètement de Dieu, qui nous conduit toujours plus loin au bord de l'abîme, vers la mise à l'écart totale de l'homme". D'où l'urgence de renverser la situation ou, comme l'a dit Ratzinger, d'essayer de vivre et de diriger sa vie "velut si Deus daretur", comme si Dieu était là... [parce que] c'est ainsi que toutes nos choses trouvent un appui et un critère dont elles ont un besoin urgent".

    Apparemment, seuls les citoyens d'Israël et de Singapour étaient également plus divisés sur la question, avec respectivement 50 % et 54 % des personnes interrogées affirmant que la croyance en Dieu est une condition préalable à la moralité et aux bonnes valeurs. La Malaisie est le seul pays où une majorité écrasante de personnes interrogées (78 %) pensent que la foi en Dieu est nécessaire pour mener une vie morale avec de bonnes valeurs. 

    La différence d'opinion entre les personnes affiliées et non affiliées à une religion concernant la nécessité de croire en Dieu pour mener une vie morale avec de bonnes valeurs s'étend à tous les pays étudiés, bien que des majorités dans les deux groupes ne croient pas que la croyance en Dieu soit une condition nécessaire pour mener une telle vie. Dans la plupart des pays étudiés, la moitié ou plus des personnes ayant déclaré appartenir à une religion ont affirmé qu'il n'était pas nécessaire de croire en Dieu pour être moral, y compris 86 % des Suédois affiliés à une religion et 75 % des Australiens. Les données qui ressortent de cette enquête ne font que confirmer l'inquiétante évidence que montrent les rapports que nous rapportons et jugeons quotidiennement dans ce journal : le déclin de l'idée de Dieu et la consolidation de la folle revendication des Lumières de la "bonne vie sans Dieu", qui a déjà été expérimentée et qui fait des millions de victimes.

    Ces dernières années, le théologien Ratzinger et le philosophe Spaeman ont dénoncé le fait que "la tentative, poussée à l'extrême, de façonner les affaires humaines entièrement sans Dieu nous conduit de plus en plus au bord de l'abîme, vers l'abandon total de l'homme" et qu'en outre, comme le montre chaque jour la barbarie woke et LGBTI, "avec la disparition de l'idée de Dieu, disparaît aussi l'idée d'un monde vrai". À cette dénonciation et à cette invitation pressante à la redécouverte de la raison et au témoignage réel de la foi, nous sommes tous appelés à donner une réponse et un témoignage. Un défi au relativisme auquel les églises chrétiennes ont renoncé, comme le montrent les données.

  • La conférence de presse du pape dans l'avion le reconduisant à Rome après son voyage en Hongrie

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    De Vatican News :

    "La rencontre avec Kirill (suspendue pour cause de guerre) devra avoir lieu". François dans l'avion parle de son engagement pour la paix

    30/04/2023

    François: le Saint-Siège œuvrera pour le retour des enfants ukrainiens emmenés en Russie

    «C'est une question d'humanité». Lors de sa conversation avec les journalistes dans l'avion qui le ramenait de Budapest à Rome, François a parlé de l'accueil, de la paix qui «se fait toujours en ouvrant les mains, jamais en les fermant» et de la mission en cours pour faciliter une trêve. Et à propos de sa récente hospitalisation à la polyclinique Gemelli de Rome: «Je n'ai pas perdu connaissance».

    Les efforts du Saint-Siège pour faciliter le retour des enfants ukrainiens emmenés en Russie pendant la guerre, la paix, les contacts avec le Kremlin et le dialogue œcuménique, avec quelques mots sur son état de santé après son hospitalisation la semaine précédant le dimanche des Rameaux; tels ont été les thèmes abordés lors du bref échange avec les journalistes sur le vol entre Budapest et Rome. Le Pape François a aussi évoqué la restitution des vestiges du Parthénon à la Grèce, un exemple pour d’autres gestes similaires à l’avenir.

    Antal Hubai (Rtl Klub, Hongrie): Quelle est votre expérience personnelle des rencontres faites en Hongrie ?

    J'ai vécu cette première expérience de rencontre dans les années 1960. A l'époque, de nombreux jésuites hongrois avaient été chassés de leur pays. Puis des écoles sont arrivées..., une école située à vingt kilomètres de Buenos Aires, à laquelle je rendais visite deux fois par mois. J'ai également eu des relations avec une compagnie de laïcs hongrois qui travaillaient à Buenos Aires. Je ne comprenais pas la langue. Mais je comprenais bien deux mots: Gulash et Tokai (rires). Ce fut une belle expérience. J'ai été très touché par la douleur d'être réfugié et de ne pas pouvoir rentrer chez soi, et par les religieuses de Mary Ward restées cachées dans des appartements pour que le régime ne les chasse pas. Ensuite, j'en ai appris davantage sur toute l'affaire visant à convaincre le cardinal Mindszenty de venir à Rome. J'ai aussi connu le bref enthousiasme de 1956, puis la déception.

    Antal Hubai: Votre opinion a-t-elle changé depuis?

    Elle n'a pas changé, elle s'est enrichie. Dans le sens où les Hongrois que j'ai rencontrés ont une grande culture....

    Antal Hubai: Quelle langue parliez-vous ?

    Ils parlaient généralement l'allemand ou l'anglais. Le hongrois n'est pas parlé en dehors de la Hongrie. Seulement au paradis, parce qu'on dit qu'il faut une éternité pour l'apprendre (rires).

    Je crois que la paix se fait toujours en ouvrant des canaux, on ne peut jamais faire la paix en les fermant. J'invite tout le monde à ouvrir des relations, des canaux d'amitié... Ce n'est pas facile. Ce même discours, je l'ai fait en général avec Orbán et je l'ai fait un peu partout. Sur les migrations, je pense que c'est un problème que l'Europe doit prendre en main, parce qu'il y a cinq pays qui souffrent le plus: Chypre, la Grèce, Malte, l'Italie, l'Espagne, parce que ce sont les pays méditerranéens et que la majorité y débarque. Et si l'Europe ne s'occupe pas de cela, d'une répartition équitable des migrants, le problème ne concernera que ces pays. Je pense que l'Europe doit faire sentir qu'elle est l'Union Européenne même face à cela. Il y a un autre problème qui est lié à la migration, c'est le taux de natalité. Il y a des pays comme l'Italie et l'Espagne qui ne font pas d'enfants. L'année dernière, j'ai parlé de ce problème lors d'une réunion des familles et j'ai constaté que le gouvernement, ainsi que d'autres gouvernements, en parlaient également. L'âge moyen en Italie est de 46 ans, en Espagne il est encore plus élevé et il y a de petits villages déserts. Un programme migratoire, mais bien mené, reprenant le modèle que certains pays ont adopté en matière de migration - je pense par exemple à la Suède à l'époque des dictatures latino-américaines - peut aussi aider ces pays qui ont un faible taux de natalité. Et puis, finalement, quel est le dernier point? Ah, oui, Hilarion: Hilarion est quelqu'un que je respecte beaucoup, et nous avons toujours eu de bonnes relations. Il a eu la gentillesse de venir me voir, puis il est allé à la messe et je l'ai aussi vu à l'aéroport. Hilarion est une personne intelligente avec laquelle on peut parler, et ces relations doivent être maintenues, car si nous parlons d'œcuménisme - j'aime ceci, je n'aime pas cela - nous devons tendre la main à tout le monde, et même recevoir [leur] main. Avec le patriarche Kirill, je n'ai parlé qu'une seule fois depuis le début de la guerre, 40 minutes par Zoom, puis par l'intermédiaire du métropolite Antoine qui remplace Hilarion, qui est venu me voir: c'est un évêque qui a été prêtre à Rome et qui connaît bien le milieu. C'est toujours par son intermédiaire que je suis en relation avec Kirill. Nous devions nous rencontrer à Jérusalem en juillet ou juin de l'année dernière, mais la rencontre a été suspendue à cause de la guerre. Mais nous devrons la faire. Avec les Russes, j'ai de bonnes relations avec l'ambassadeur qui s'en va maintenant, et qui a été ambassadeur pendant sept ans au Vatican, c'est un grand homme, un homme comme il faut. Une personne sérieuse, cultivée, très équilibrée. La relation avec les Russes se fait surtout avec cet ambassadeur. Je ne sais pas si j'ai tout dit...

    Eliana Ruggiero: Si Hilarion et Orbán pouvaient d'une manière ou d'une autre accélérer le processus de paix en Ukraine et rendre possible une rencontre entre vous et Poutine, s'ils pouvaient agir - entre guillemets - en tant qu'intermédiaires?

    Vous imaginez bien que lors de cette rencontre, nous n'avons pas seulement parlé du Petit Chaperon Rouge, n’est-ce pas? Nous avons parlé de toutes ces choses. Nous en avons parlé parce que tout le monde est intéressé par la voie de la paix. Je suis prêt à le faire. Je suis prêt à faire tout ce qui doit être fait. Par ailleurs, une mission est en cours, mais elle n'est pas encore publique. Voyons comment... Quand elle sera publique, je le dirai.

    Aura Maria Vistas Miguel (Rádio Renascença, Portugal): Votre prochaine étape sera Lisbonne, comment vous sentez-vous par rapport à votre santé? Nous avons été pris par surprise lorsque vous êtes allé à l'hôpital, vous avez dit que vous vous étiez évanoui, alors vous sentez-vous plein d'énergie pour aller aux JMJ? Et souhaiteriez-vous un événement avec des jeunes Ukrainiens et Russes, comme un signe pour les nouvelles générations?

    Tout d'abord, la santé. Je n'avais pas envie de déjeuner, je me suis allongé un peu, je n'ai pas perdu connaissance, mais j'ai eu une très forte fièvre et à trois heures de l'après-midi, le médecin m'a immédiatement emmené à l'hôpital. J'ai eu une forte pneumonie aiguë, dans la partie inférieure du poumon, Dieu merci, je peux vous le dire, parce que l'organisme, le corps, a bien réagi. Dieu merci. Voilà ce que j'avais. À propos de Lisbonne: la veille de mon départ, j'ai parlé à Mgr Américo (Américo Aguiar, évêque auxiliaire de Lisbonne, ndlr) qui est venu voir comment les choses se passaient là-bas, j'irai, j'irai. J'espère y aller, vous voyez que ce n'est pas la même chose qu'il y a deux ans, avec la canne, maintenant c'est mieux, pour l'instant le voyage n'est pas annulé. Puis il y a le voyage à Marseille, le voyage en Mongolie, puis le dernier je ne sais plus où... Le programme des voyages me fait encore bouger.

    Aura Maria Vistas Miguel: Et sur les jeunes de Russie et d'Ukraine?

    Mgr Américo a quelque chose en tête, il prépare quelque chose, il me l'a dit. Il est en train de bien préparer cela.

    Nicole Winfield (AP, USA) : Saint-Père, je voulais vous poser une question un peu différente: vous avez récemment fait un geste œcuménique très fort, en donnant trois fragments des sculptures du Parthénon à la Grèce, par l'intermédiaire des musées du Vatican. Ce geste a également eu un écho en dehors du monde orthodoxe, car de nombreux musées occidentaux discutent précisément de la restitution de la période coloniale, en tant qu'acte de justice à l'égard de ces peuples. Je voulais vous demander si vous êtes également disponible pour d'autres restitutions, je pense aux peuples et aux groupes autochtones du Canada qui ont demandé la restitution d'objets des collections du Vatican dans le cadre du processus de réparation des dommages subis pendant la période coloniale

    C'est le septième commandement: si tu as volé, tu dois rendre. Mais il y a toute une histoire qui fait que parfois les guerres et la colonisation conduisent à des décisions de prendre les biens d'autrui. C'était un geste juste, il fallait le faire: le Parthénon, il fallait donner quelque chose.

    Et si demain les Égyptiens viennent demander l'obélisque, que ferons-nous? Mais là, il faut faire un discernement, dans chaque cas. Et puis la restitution des biens indigènes est en cours, avec le Canada, en tout cas nous avons accepté de le faire. Je vais demander à présent comment cela se passe.

    L'expérience avec les aborigènes au Canada a été très fructueuse.

    Même aux États-Unis, les jésuites font quelque chose, avec ce groupe d'autochtones aux États-Unis. Le général (de la Compagnie de Jésus, ndlr) me l'a dit l'autre jour.

    Mais revenons à la restitution. Dans la mesure où vous pouvez restituer, que c'est nécessaire, que c'est un geste, mieux vaut le faire. Parfois, on ne peut pas, il n'y a pas de possibilité politique, réelle, concrète. Mais dans la mesure où l'on peut donner en retour, il faut le faire. C'est bon pour tout le monde, afin de ne pas s'habituer à mettre la main dans la poche des autres.

    Eva Fernandez (Cope, Espagne): Le premier ministre ukrainien a demandé votre aide pour le retour des enfants emmenés de force en Russie. Pensez-vous que vous allez l'aider ?

    Je pense que oui, car le Saint-Siège a servi d'intermédiaire dans certaines situations d'échange de prisonniers. Par l'intermédiaire de l'ambassade, ça s'est bien passé. Je pense que ça peut bien se passer cette fois aussi. C'est important, le Saint-Siège est prêt à le faire parce que c'est bien, c'est une chose juste et nous devons aider, pour que ce ne soit pas un casus belli, mais un cas humain. Il s'agit d'une question d'humanité avant d’être une question de butin de guerre ou d’un déplacement de guerre. Tous les gestes humains aident. Au contraire, les gestes de cruauté n'aident pas. Nous devons faire tout ce qui est humainement possible.

    Je pense aussi, je veux le dire, aux femmes qui viennent dans nos pays: Italie, Espagne, Pologne, Hongrie, tant de femmes qui viennent avec des enfants et des maris, qu’elles soient des épouses... ou qu’elles se battent contre la guerre. Il est vrai qu'en ce moment elles sont aidées, mais nous ne devons pas perdre l'enthousiasme de le faire, parce que si l'enthousiasme diminue, ces femmes restent sans protection, avec le risque de tomber entre les mains des vautours qui sont toujours à l'affût de ces situations. Soyons attentifs à ne pas perdre cette attention à l’aide que nous offrons aux réfugiés. Cela concerne tout le monde.

  • L'ombre du spectre allemand plane sur le synode du pape

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    De Nico Spuntoni sur Il Giornale :

    Le spectre allemand plane sur le synode de Bergoglio

    30 avril 2023

    François admet au vote soixante-dix membres non évêques, mais risque de susciter la polémique. Et il y a le précédent de l'Allemagne

    Une déclaration sous forme de Foire aux Questions signée par le bureau de presse du secrétariat général du Synode des évêques; il a suffi de retirer le motu proprio Apostolica sollicitudo par lequel Paul VI a institué cet organe en 1965. Une déclaration qui rend le nom même du secrétariat pratiquement obsolète : peut-on encore parler de Synode des évêques après la décision du Pape d'autoriser soixante-dix non-évêques à participer et à voter ?

    Les femmes au centre de l'attention, mais le thème est le laïcat

    La nouveauté d'époque voulue par François verra le jour dans le long et complexe Synode sur la synodalité, qui commencera en octobre et s'achèvera un an plus tard. La nouvelle a été reprise dans le monde entier, en insistant surtout sur l'implication des femmes : le communiqué a en effet annoncé que parmi les soixante-dix membres non évêques, il devra y avoir un quota de 50 % de femmes. Le prestigieux New York Times, par exemple, a annoncé la nouvelle en titrant : "Pope Gives Women a Vote in Influential Bishops Meeting" (Le pape donne le droit de vote aux femmes lors de l'influente réunion des évêques). Une lecture certainement populaire dans les médias et à laquelle même le cardinal Jean-Claude Hollerich, rapporteur général du prochain Synode, a fait un clin d'œil dans son commentaire des changements apportés à Gian Guido Vecchi du Corriere della Sera, en affirmant que "le baptême est le même pour les femmes et les hommes". Mais la vraie révolution n'est pas l'accès des femmes au vote, mais celui des non-évêques, notamment des fidèles laïcs.

    Un débat déjà ouvert

    Le feu vert donné aux laïcs pour voter au Synode renvoie les initiés à un autre débat ouvert dans l'Église depuis la promulgation de la constitution apostolique Praedicate Evangelium, qui a réformé la Curie en ouvrant la possibilité à des laïcs de prendre la tête de structures de gouvernement. Le cardinal Gianfranco Ghirlanda, considéré comme l'un des principaux architectes de la réforme, a défendu ces innovations en affirmant que "le pouvoir d'exercer une fonction par procuration est le même, qu'il soit reçu par un évêque, un prêtre, un homme ou une femme consacré(e), un laïc ou une laïque" et en ajoutant que "l'égalité fondamentale entre tous les baptisés, même si elle est différenciée et complémentaire, est le fondement de la synodalité".

    Des cardinaux s'y opposent

    Mais l'implication des laïcs dans cette clé n'a pas plu à tout le monde, bien au contraire. Une forte opposition s'est manifestée lors du Consistoire sur la réforme de la Curie en août dernier, près de trois mois après l'entrée en vigueur de la constitution apostolique. L'une des voix les plus critiques a été celle du cardinal Gerhard Ludwig Müller qui, dans son discours préparé pour l'occasion, avait souligné que "la sacramentalité de l'épiscopat signifie aussi que les évêques ne sont ni des députés ni des délégués du pape" car "ils exercent les pouvoirs spirituels qui leur ont été conférés par le Christ lors de l'ordination au nom du Christ, et non pas sous l'autorité du pape, comme le veut une fois de plus ce papalisme extrême d'aujourd'hui". Le cardinal allemand avait également déclaré que "le pape ne peut pas non plus conférer à un laïc de manière extra-sacramentelle - c'est-à-dire par un acte formel et juridique - le pouvoir de juridiction dans un diocèse ou dans la Curie romaine". Ce concept a également été réitéré dans une récente interview à La Nuova Bussola Quotidiana, dans laquelle le titulaire émérite de l'ancien Saint-Office avait rejeté la possibilité que des laïcs dirigent un quelconque département parce que la Curie "est une institution ecclésiastique". Et une institution ecclésiastique est aussi le Synode, selon ce que Paul VI a écrit dans Apostolica sollicitudo. Mais le cardinal Müller - qui a récemment tonné à nouveau contre "l'apostasie de grandes parties du christianisme à l'égard de Dieu" et la "confusion doctrinale de la foi révélée" lors de la présentation du livre "Èschaton. Jésus de Nazareth et l'avenir du monde" de Cristiano Ceresani - n'a pas été le seul cardinal à rendre public son désaccord sur l'élargissement de l'accès des laïcs aux plus hautes fonctions de la Curie. En effet, le cardinal Paul Josef Cordes l'a également fait dans une contribution dans laquelle il écrit que :

    "Si l'Église ne se réfère pas expressément à l'ordo dans son service d'orientation et que celui-ci n'est pas compris comme ancré dans l'ordo - c'est-à-dire si le gouvernement de l'Église est détaché du sacrement - seule l'autorité monarchique d'un homme mortel, le Pape, reste pour l'orienter".

    Une position d'autant plus significative que Mgr Cordes a été à la tête du Conseil pontifical pour les laïcs pendant les années de Jean-Paul II et qu'il est considéré comme le grand protecteur des mouvements laïcs au sein de la Curie.

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  • Le discours du pape aux jeunes Hongrois (29 avril)

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    VOYAGE APOSTOLIQUE DE SA SAINTETE FRANCOIS en HONGRIE
    (28 - 30 avril 2023)

    RENCONTRE AVEC LES JEUNES

    DISCOURS DU SAINT-PÈRE

    "Papp László Budapest Sportaréna" (Budapest)
    Samedi, 29 Avril 2023

    traduction automatique

    Dicsértessék to Jézus Krisztus ! (Loué soit Jésus-Christ !)

    Chers frères et sœurs, je voudrais vous dire köszönöm ! [Merci de danser, merci de chanter, pour vos témoignages courageux, et merci à chacun d'entre vous d'être ici : je suis heureux d'être avec vous ! Je suis heureux d'être avec vous !

    L'évêque Ferenc nous a dit que la jeunesse est un temps de grandes questions et de grandes réponses. C'est vrai, et il est important qu'il y ait quelqu'un pour provoquer et écouter vos questions, et non pas pour vous donner des réponses faciles, des réponses toutes faites, mais pour vous aider à défier sans crainte l'aventure de la vie à la recherche de grandes réponses. Les réponses toutes faites n'aident pas, elles ne rendent pas heureux. C'est d'ailleurs ce qu'a fait Jésus. Bertalan, tu as dit que Jésus n'est pas un personnage de livre d'histoires ou le super-héros d'une bande dessinée, et c'est vrai : le Christ est Dieu dans la chair, il est le Dieu vivant qui se fait proche de nous ; il est l'Ami, le meilleur des amis, il est le Frère, le meilleur des frères, et il est très doué pour poser des questions. Dans l'Évangile, en effet, Lui, qui est le Maître, pose des questions avant de donner des réponses. Je pense au moment où il se trouve face à cette femme adultère que tout le monde montrait du doigt. Jésus intervient, ceux qui l'accusaient s'en vont et il reste seul avec elle. Il lui demande alors avec douceur : "Femme, où sont-ils ? Personne ne t'a condamnée ?" (Jn 8,10). Elle répond : "Personne, Seigneur !" (v. 11). Ainsi, en disant cela, elle comprend que Dieu ne veut pas condamner, mais pardonner. Mettez cela dans votre tête : Dieu ne veut pas condamner, mais pardonner. Dieu pardonne toujours. Comment dit-on en hongrois "Dieu pardonne toujours" ? [le traducteur le dit en hongrois et le pape le fait répéter aux jeunes] N'oubliez pas ! Il est prêt à nous relever à chaque chute ! Avec Lui, nous ne devons donc jamais avoir peur de marcher et d'avancer dans la vie. Pensons aussi à Marie Madeleine qui, au matin de Pâques, a été la première à voir Jésus ressuscité - et elle avait une histoire, cette femme ! Elle pleurait à côté du tombeau vide et Jésus lui a demandé : "Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ?" (Jn 20,15). Alors, touchée au plus profond d'elle-même, Marie de Magdala lui ouvre son cœur, lui dit son angoisse, lui révèle ses désirs et son amour : "Où est le Seigneur ?

    Regardons la première rencontre de Jésus avec ceux qui deviendront ses disciples. Deux d'entre eux, interpellés par Jean le Baptiste, le suivent. Le Seigneur se retourne et pose une seule question : "Que cherchez-vous ?" (Jn 1,38). Moi aussi, je pose une question, et chacun répond dans son cœur, en silence. Ma question est la suivante : "Que cherchez-vous ? Que cherches-tu dans la vie ? Que cherchez-vous dans votre cœur ?" En silence, chacun répond en son for intérieur. Qu'est-ce que je cherche ? Jésus ne prêche pas tellement, non, il fait le chemin, il fait le chemin avec chacun d'entre nous ; Jésus marche près de chacun d'entre nous. Il ne veut pas que ses disciples soient des écoliers qui répètent une leçon, mais qu'ils soient des jeunes libres qui marchent, compagnons d'un Dieu qui les écoute, qui écoute leurs besoins et qui est attentif à leurs rêves. Puis, après un long moment, deux jeunes disciples dérapent mal - les disciples de Jésus dérapaient beaucoup ! - et font une mauvaise demande à Jésus, celle d'être à sa droite et à sa gauche lorsqu'il deviendra roi - ils voulaient grimper ! Mais il est intéressant de voir que Jésus ne leur reproche pas leur audace, il ne leur dit pas : " Comment osez-vous, arrêtez de rêver de telles choses ! " Non, Jésus n'écrase pas leurs rêves, mais il les corrige sur la manière de les réaliser ; il accepte leur désir d'arriver au sommet - c'est bien - mais il insiste sur une chose, à bien retenir : on ne devient pas grand en dépassant les autres, mais en s'abaissant vers les autres ; non pas aux dépens des autres, mais en les servant (cf. Mc 10, 35-45). [demande au traducteur de répéter la dernière phrase en hongrois] Comprenez-vous ? Vous voyez, mes amis, Jésus est heureux que nous atteignions de grands objectifs, il ne nous veut pas paresseux et fainéants, il ne nous veut pas silencieux et timides, il nous veut vivants, actifs, protagonistes de l'histoire. Et il ne dévalorise jamais nos attentes mais, au contraire, il élève la barre de nos désirs. Jésus serait d'accord avec un de vos proverbes, que j'espère bien prononcer : Aki mer az nyer [Celui qui ose gagne].

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  • Va-t-on vers une législation sur l’avortement qui devrait blanchir définitivement les consciences?

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    Du "Forum Catholicum" :

    Vers une législation sur l’avortement qui doit définitivement blanchir les consciences?

    28-04-2023

    Récemment, on a pu assister dans l’émission de la VRT Canvas « Terzake » à un débat entre les parlementaires Els Van Hoof (CD&V) et Melissa Depraetere (Vooruit). Ils ont discuté  de la proposition du comité scientifique qui a évalué la nécessité d’une prolongation de la durée de l’avortement et d’autres assouplissements de la législation actuelle sur l’avortement.  D’un côté, on a pu assisté à une  recherche trop empathique d’un compromis acceptable et, de  l’autre, à une politicienne progressiste qui ignore fermement le fait que la question de l’avortement ne se limite pas aux droits des femmes. Il est douteux que quelqu’un en soit devenu un gramme plus sage.  La contribution de  la « science » à cette question reste également un grand point d’interrogation.  En principe,  celle-ci ne peut nous aider que sur des questions de nature matérielle, tandis que dans la question de l’avortement, des valeurs morales sont mises en balance les unes contre les autres. Dans notre système politique, la réponse juridique à cette question ne peut que provenir de la politique.  C’est une discussion qui divise fondamentalement notre société, comme nous l’avons vu lorsque le roi Baudouin a été temporairement déclaré incapable de gouverner. Il est important que tous les arguments soient  présentés de manière équilibrée et que tous les participants soient bien informés sur la base d’un langage clair.

    Le débat télévisé cité peut être considéré comme  révélateur  du caractère banal de la manière dont cela est souvent discuté  à côté de la question dans notre pays. Il s’agit encore presque exclusivement de droits, mais rarement, voire jamais, de devoirs, sans parler de responsabilités. Quiconque ose poser de sérieuses questions sur la lutte sans fin pour de plus en plus de droits des femmes et des animaux court le risque d’une désapprobation généralisée. Par exemple, qui se demande encore pourquoi la future mère a le droit exclusif de décider de la vie et  de la mort de son futur enfant et pourquoi le  père n’en a rien à dire du tout? Pourquoi  la protection du loup, qui satisfait sa faim prédatrice en mangeant des moutons, est-elle plus importante que la protection de la vie de ces animaux de troupeau, connus pour leur docilité paisible? Si on martyrise un animal on ait puni sévèrement, mais une mère future qui laisse éliminer le fœtus humain dans son sein d’une manière violente est subsidiée pour cela. Nous vivons dans une société avec des relations de valeurs qui semblent souvent défier la logique élémentaire.

    En plus de la banalité, l’unilatéralité règne. Il s’agit avant tout  de  faire appel à des émotions soigneusement choisies qui paralysent la pensée logique et cohérente du public. Quelques exemples. Comme l’un des principaux arguments en faveur de l’extension de la période d’avortement, la période actuelle pour cela aux Pays-Bas est citée. En conséquence, les femmes ayant une grossesse non désirée qui a dépassé le délai belge se sentent « obligées » de chercher refuge aux Pays-Bas.  Cela donne lieu à une discrimination, car tout le monde n’a pas les moyens de déménager aux Pays-Bas.  D’une part, une telle situation financière précaire est plus-tôt exceptionnelle et, d’autre part,  elle  concerne un problème social général. On peut également utiliser cette même « inégalité » dans de  nombreux autres domaines  pour lutter contre une soi-disant discrimination : salaires, pensions, options de  voyage, etc. De plus, cet argument contourne la discussion fondamentale, comme si nous  devions évidemment supposer que la réglementation de l’avortement aux Pays-Bas est la meilleure. Un autre exemple bien connu est le slogan « maitre dans son propre corps ». On peut facilement remplacer ce slogan par « maitre dans sa propre maison », ce qui signifierait que l’on a le droit dans sa propriété d’éliminer toute personne indésirable dans un certain délai (sans aucune consultation préalable, bien sûr).

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