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Actualité - Page 718

  • France : pas de répit sur l'avortement

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    L'avortement s'avère être un sinon le point focal de l'idéologie libérale avancée qui sous-tend nos sociétés. Ce qui se passe actuellement en France est révélateur de cet état de fait. Cette transgression qui autorise à supprimer la vie humaine in utero est présentée comme une avancée décisive et irréversible du droit des femmes (qu'il faut étendre et promouvoir); malheur à celui, fût il médecin, qui ose manifester quelque réticence à l'égard de cette pratique...

    CLAUSE DE CONSCIENCE, ALLONGEMENT DES DÉLAIS DE RECOURS À L’IVG... PAS DE RÉPIT SUR L'AVORTEMENT

    Clause de conscience, allongement des délais de recours à l’IVG, mission d’information sur l’accès à l’avortement, Marlène Schiappa, secrétaire d’Etat auprès du Premier ministre, chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations, était auditionnée hier par la délégation aux droits des femmes.

    La secrétaire d’Etat a plaidé pour la suppression de la clause de conscience des soignants concernant l’avortement, « une demande récurrente des associations » selon elle, qui veulent que « l’IVG ne soit pas stigmatisée comme un acte en particulier et que les médecins puissent faire jouer cette clause de conscience et pas une double clause de conscience » (cf. Clause de conscience de l’IVG ? L’abroger serait inconstitutionnel). Or, imaginer aligner l’avortement sur n’importe quel autre acte médical est en soit particulièrement déroutant quand les femmes elles-mêmes racontent combien l’acte est durablement traumatisant (cf. Arte donne la parole à des femmes qui ont eu recours à l'avortement). Les médecins, quant à eux, se font rares : la loi santé du 26 juillet 2016 a, entre autres, élargi aux sages-femmes la possibilité de pratiquer l’avortement médicamenteux, Marlène Schiappa parle de « désert médicaux ».

    La secrétaire d’état a rappelé qu’un « travail sur l’état des lieux » était en train d’être mis en place par Agnès Buzyn, ministre de la santé, avant d’expliquer être « à titre personnel (…) plutôt favorable à un allongement raisonnable du délai de recours à l’IVG. Dans l’absolu, a-t-elle précisé, un allongement d’un délai raisonnable de deux semaines pourrait être une bonne chose ». Pour justifier sa position, la secrétaire d’Etat a estimé que cette mesure devait permettre « à des femmes de ne pas aller à l’étranger pour y avoir recours à une IVG ». Un argument éculé, de complaisance, qui a déjà présidé à la loi Veil, sans visiblement que cette loi, qui donne lieu à plus de 200 000 avortements en France chaque année, n’enraye le problème… Sur ce sujet, Marlène Schiappa a « le sentiment » qu’il existe « une demande des femmes et des associations », mais émanant de quelles femmes et combien ? De quelles associations ? Avant toute décision, elle souhaite des concertations : « Est-ce que l’acte médical est le même quand l’IVG est pratiquée à 12 ou 14 semaines ? », s’interroge-t-elle avant de considérer qu’avant de mettre en place une telle mesure, il faut vérifier « l’accès à l’IVG sur les territoires » pour faire de cet allongement « un droit réel ».

    Au cours de cette audition, Marie-Pierre Rixain, présidente de la délégation, a acté de l’ouverture d’une mission d’information sur l’accès à l’interruption volontaire de grossesse. Les rapporteurs de cette mission d’information ont été nommées. Il s’agit de Cécile Muschotti (LREM) et de Marie-Noël Battistel (socialiste et apparentée). La présidente a précisé qu’« au vu de la récente actualité et de la remise en cause d’un droit fondamental », les travaux de cette commission débuteraient sans attendre contrairement à ce que prévoyait le calendrier qui annonçait cela pour septembre.

    Une fois encore, il est à déplorer que le discours sur l’avortement soit aussi unilatéral et que la prévention fasse si cruellement défaut dans les politiques publiques. Le toujours plus d’avortement transforme la banalisation de l’acte en une véritable injonction (cf. La nouvelle clandestinité des femmes face à l’IVG). Pour quel bénéfice pour les femmes et les soignants impliqués ? On est en droit de se le demander.

  • Catastrophisme écologiste : "on a basculé dans l'antiscience"

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    De Valeurs Actuelles via ce site canadien :

    « On a basculé dans l'antiscience »

    Professeur des universités, ancien directeur adjoint de l’environnement à l’OCDE, Rémy Prud’homme (ci-contre) voit dans l’hystérie écologiste un caprice d’enfant gâté  et une pulsion totalitaire. Source : Valeurs actuelles.

    Que vous inspire le personnage de Greta Thunberg ?

    Qu’une adolescente suédoise autiste (Asperger),  manipulée comme une marionnette par des parents militants, dise des sottises, cela peut malheureusement arriver. Il s’agit là d’un événement rare, aléatoire, qui appelle notre tristesse et notre compassion, mais qui n’a aucune signification. Ce qui a une signification, en revanche, c’est l’accueil extraordinaire fait dans le monde, ou en tout cas dans le monde occidental, à la personne de la jeune malade, à son discours  irrationnel, à ses préconisations. Les plus hautes autorités civiles et religieuses, du président de la France au pape, la reçoivent, la prennent au sérieux, l’écoutent, la cajolent. Le Parlement européen est bien la seule institution à avoir, malgré les Verts qui y siègent, refusé de l’entendre proférer une adresse solennelle, en notant, avec un bon sens inhabituel, qu’un mardi matin, la place d’une gamine de 16 ans était sur les bancs de son école plutôt qu’à la tribune du Parlement. Mais partout ailleurs, pour des dizaines de millions de zélotes, chez les jeunes et même chez les moins jeunes, Greta est devenue une star, une icône, un modèle, un maître (on hésite à écrire : à penser), une sainte.

     
    Comment expliquer cet incroyable succès ?

    J’y vois trois raisons principales. Tout d’abord, ce succès a été savamment orchestré, avec des équipes de spécialistes et pas mal d’argent, comme on orchestre le lancement d’un nouvel iPhone ou d’une nouvelle lessive. Ensuite, il correspond sans doute à une demande sociale, au moins dans les pays riches.

    Une demande de religion. De violence aussi : le désir de casser ses jouets est classique et puissant. Enfin, les gouvernements et les financiers y trouvent aussi leur compte. On a besoin de coercition, donc de pouvoir, et de financement, donc de profits.

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  • Malgré la maladie, "vivre à fond " grâce aux soins palliatifs !

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    Du Bulletin de l'Institut Européen de Bioéthique :

    Malgré la maladie, "vivre à fond " grâce aux soins palliatifs !

     Auteur / Source : www.knmg.nl

    « On reçoit beaucoup d'aide des infirmières qui viennent par exemple s'assoir près de votre lit, qui vous prennent la main, pour vous aider à gérer ce moment difficile… Vous êtes pris en charge si chaleureusement… Ils sentent d'une manière ou d'une autre que vous vivez dans une monde d'angoisse et d'histoire terminale. Les soins palliatifs, ce n'est pas seulement de bien vivre sur le plan physique, mais aussi de trouver comment traverser la journée, comment vivre plus joyeusement. »

    Voilà le témoignage que livre Joop, atteint d'un cancer à l'âge de 80 ans, dans la campagne créée par le ministère de la Santé néerlandais destinée à mieux faire connaître les soins palliatifs : « On m'a dit que j'allais mourir. Mais jusqu'à ce moment-là, je vivrai. »

    A cette campagne de sensibilisation, se raccroche un livret en ligne composé de 9 fiches très accessibles. Une réalisation conjointe de la Fédération des Patients aux Pays-Bas, l'association Soins Palliatifs Pays-Bas et la Société Royale Néerlandaise pour l'avancée de la médecine (KNMG), pour rappeler que les soins palliatifs visent à procurer une qualité de vie aussi élevée que possible aux personnes dont la vie est menacée par la maladie. Pas à pas, le manuel explique comment parler de la fin de vie avec ses proches, avec son médecin, quelles aides et quels soins sont disponibles, l'endroit où la personne peut être soignée, comment manifester et concrétiser ses derniers souhaits, …

    Les soignants sont invités à recommander ce livret à leurs patients et aux proches de ceux-ci, afin de favoriser la communication autour de l'accompagnement en fin de vie.

    Le texte est basé sur les accords auxquels sont parvenus en 2017 des représentants de patients, de proches, de personnes âgées, de soignants et d'assureurs santé, sur la qualité des soins palliatifs. Ces accords sont maintenant petit à petit en train d'être mis en pratique par les différentes organisations de soins palliatifs et les soignants.

    Malgré la proximité de la mort, tout respire la vie dans ces deux projets. La vie à fond, la volonté de redonner goût à la vie jusqu'au bout … Tout, sauf à un endroit, dans le manuel aussi bien que sur le site de la campagne : l'option de l'euthanasie surgit de façon assez dissonante : « Si vous souffrez de façon insupportable et que vous ne voulez plus vivre, vous pouvez demander l'euthanasie à votre médecin : le fait de mettre fin à votre vie par des médicaments ». On a du mal à comprendre comment la mort provoquée s'articule au sein des soins palliatifs. Hâter la mort ne risque-t-il pas de couper l'élan propre des soins palliatif, qui est d'accompagner la vie jusqu'à la mort ?

  • Le transhumanisme mène à la mort de l'humain

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    Du site de Marianne.net :

    "La nécrophobie des transhumanistes est mortifère"

    Pour Jacques Luzi, le transhumanisme, issu de l'idéologie du Progrès, mène à la mort de l'humain.

    Jacques Luzi est animateur de la revue Écologie et politique et auteur d'Au rendez-vous des mortels : Le déni de la mort dans la culture moderne de Descartes au transhumanisme(La Lenteur).

    Le transhumanisme, qui prétend pouvoir "tuer la mort" est-il un anti-humanisme ? Pour Jacques Luzi, animateur de la revue Écologie et politique et auteur d'Au rendez-vous des mortels : Le déni de la mort dans la culture moderne de Descartes au transhumanisme (La Lenteur), c'est une évidence. Radicalisation du projet moderne d'organiser rationnellement la société autour des technosciences, le transhumanisme rejetterait la finitude de la condition humaine. Jacques Luzi revient avec nous sur cette idéologie défendue principalement, mais pas exclusivement, par des libertariens de la Silicon Valley. 

    Propos recueillis par Kévin Boucaud-Victoire

    Marianne : Comment définissez-vous le transhumanisme ? En quoi représente-t-il un danger ?

    Jacques Luzi : Le transhumanisme est une pensée libertarienne qui prône l’usage dérégulé de la technologie [la rationalisation scientifique de la technique] pour outrepasser les limites de la condition humaine : abolir les frontières de la vie terrestre, étendre indéfiniment des capacités corporelles et intellectuelles par la fusion de l’humain et de la machine "intelligente", accéder à l’immortalité.

    Cette pensée est née dans les années 1980 en Californie, avec la volonté explicite d’affranchir le déploiement des nouvelles technologies (nano, bio, IA) de tout encadrement, dénoncé comme l’expression d’une "technophobie" obscurantiste.

    À présent, ce discours, bénéficiant de moyens financiers gigantesques (émanant des GAFA), s’est internationalisé et a pénétré l’ensemble des milieux politiques. En France, la nébuleuse transhumaniste va de Mélenchon à Luc Ferry, en passant par l’écologiste Didier Coeurnelle.

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  • Selon le cardinal Brandmuller, l’Instrumentum Laboris pour le synode sur l’Amazonie est hérétique et apostat

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    De Sandro Magister en traduction française sur Diakonos.be :

    Hérétique et apostat. Le cardinal Brandmüller excommunie le synode sur l’Amazonie

    Depuis qu’il a été rendu public le 17 juin dernier, le document de travail – ou Instrumentum Laboris – du synode sur l’Amazonie a reçu plusieurs réactions critiques, du fait de sa structure et de ses proposition singulières par rapport à tous les synodes qui l’ont précédé.

    Mais aujourd’hui, il y a plus.  Un cardinal vient d’accuser le document d’hérésie et d’apostasie.  Il s’agit de l’allemand Walter Brandmüller, âgé de 90 ans, éminent historien de l’Église, président du Conseil pontifical des sciences historiques de 1998 à 2009 et co-auteur, en 2016, des célèbres dubia sur l’interprétation correcte et sur l’application d’Amoris laetitia auxquels le pape François a toujours refusé de répondre.

    Voici ci-dessous son « J’accuse » publié simultanément en plusieurs langues.

    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso.

    *

    Une critique de l’Instrumentum Laboris du Synode sur l’Amazonie

    du cardinal Walter Brandmüller

    Introduction

    ON peut vraiment trouver étonnant que, contrairement aux assemblées précédentes, cette fois le synode des Évêques s’intéresse exclusivement à une région du monde où la population représente à peine la moitié de celle de la ville de Mexico, soit 4 millions d’habitants.  Ce qui contribue d’ailleurs à éveiller des soupçons quant aux véritables intentions qui sont à l’oeuvre en coulisses.  Mais il faut surtout se demander quels sont les concepts de religion, de christianisme et d’Église qui sont à la base de l’Instrumentum Laboris publié récemment.  C’est ce que nous allons examiner en nous appuyant sur des extraits du texte.

    Pourquoi un synode dans cette région ?

    Avant tout, on est en droit de se demander pourquoi un synode des évêques devrait se pencher sur des thèmes qui – comme c’est le cas pour les trois quarts de l’Instrumentum laboris – ne concernent que marginalement les Évangiles ou l’Église.  De toute évidence, il s’agit de la part du synode des évêques d’une ingérence agressive dans les affaires purement temporelles de l’état et de la société du Brésil.  On pourrait se demander ce que l’écologie, l’économie et la politique ont à voir avec le mandat et la mission de l’Église.

    Et par-dessus tout : en quoi un synode ecclésial des évêques est-il compétent pour formuler des déclarations dans ces domaines ?

    Si le synode des évêques s’aventurait vraiment sur ce terrain, il sortirait alors de son rôle et ferait preuve alors d’une présomption cléricale que les autorités civiles seraient en droit de rejeter.

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  • L'identité selon Bart De Wever

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    De Paul Vaute*,

    L'IDENTITÉ SELON BART DE WEVER

       "Les sociétés qui ne disposent pas d'un consensus minimum sur une série de valeurs et de normes fondamentales sont condamnées à sombrer". Ainsi s'exprime Bart De Wever, en se référant à Alexis de Tocqueville, dans le livre qu'il a publié en avril dernier, avec pour titre très sobre: Sur l'identité [1]. Si le moment de la parution, à quelques semaines du scrutin du 26 mai, était médiatiquement opportun, la vision ici proposée porte bien au-delà d'un horizon électoral. Elle mérite d'autant plus d'être examinée sérieusement.

       Bien sûr, le président de la Nieuw-Vlaamse Alliantie (N-VA) ne manque pas de réitérer le credo séparatiste / confédéraliste de son parti, tout en écornant au passage quelques mythes pourtant chers au biotope nationaliste. Nous y reviendrons. Mais l'essentiel du propos est inspiré par une inquiétude, largement partagée, devant ce qui menace aujourd'hui ces fondements sociétaux indispensables évoqués par Tocqueville. Sont visés, d'une part, le relativisme culturel et l'autoculpabilisation du monde occidental, favorisés par "le climat intellectuel prédominant de l'autodestruction postmoderne" [2], d'autre part, l'immigration de masse incontrôlée, implantant dans le pays d'accueil une religion qui défie ses valeurs. Sur ce second point, en dépit de la modération affichée par le commun des fidèles, le mot "défier" n'est pas excessif au regard, par exemple, des résultats du sondage mené par le sociologue néerlandais Ruud Koopmans chez les Belges d'origine turque ou marocaine et se disant musulmans: 60 % ne veulent pas d'un ami homosexuel, 56,7 % estiment que les Juifs ne sont pas dignes de confiance et 63 % sont convaincus que l'Occident veut anéantir l'islam [3].

    HORS DES LUMIÈRES, PAS DE SALUT 

       L'image est trop tentante d'un monde qui se vide spirituellement et axiologiquement, face à une force qui ne peut qu'aspirer à combler le creux. Bart De Wever, qui est historien de formation, sait toutefois qu'"une identité saine ne se replie jamais sur elle-même, mais s'efforce au contraire de rester un instrument dans la quête perpétuelle de synthèse et de cohésion" [4]. D'entrée de jeu, le livre nous convie à un regard admiratif sur l'œuvre de l'empereur Claude (41-54 après J-C) visant à constituer un soubassement sociétal assez fort pour unifier les diversités absorbées par Rome [5]. Mais encore faut-il s'entendre sur ce qui définit la Cité appelée à s'ouvrir à l'autre sans pour autant se perdre. Si l'exercice était relativement aisé pour les Anciens, il en va tout autrement à l'époque actuelle, marquée par les plus grandes dissensions jusque sur les finalités même de notre être collectif. Sont en effet largement rejetées "non seulement les idéologies politiques, mais toute position qui se revendique d'une certaine vérité objective, qui prétend à une validité universelle" [6].  

       Sauf à bâtir sur du sable, nous devons donc nous re-fonder. Sur quelle base ? En phase avec les orientations laïcisantes de la N-VA [7], son chef de file ne voit aucun salut du côté de l'héritage chrétien, même si celui-ci a été pendant des siècles "le code source de la conscience identitaire en Europe". C'est que le match est joué: la sécularisation l'a emporté et le langage de l'Eglise "est devenu pour beaucoup d'entre nous incompréhensible" [8]. Il reste un attachement à quelques traditions, certes, mais "Dieu n'est plus au gouvernail de notre société. Nous ne L'écoutons plus dans le choix ou la conduite de nos relations sociales, certainement pas dans la chambre à coucher" [9]. Et pendant que tombent les unes après les autres les normes qui dictaient les comportements autochtones, les membres de la communauté musulmane, eux, sont de plus en plus nombreux à faire le choix du rigorisme salafiste…

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  • Marier les prêtres ?

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    Du Père Alain Bandelier sur le site de Famille Chrétienne :

    Faut-il marier les prêtres ?

    MAGAZINE – La voilà de retour, la question sans cesse débattue et rebattue du « mariage des prêtres ». La dénonciation des abus et des scandales, douloureuse mais ô combien nécessaire, sert parfois d’argument pour réclamer l’abolition de la règle du célibat. Cette logique apparente est en fait odieuse et deux fois trompeuse. Odieuse, car elle considère le mariage comme un remède, or ce grand sacrement est une vocation et non une thérapie ! Trompeuse car, hélas, la majorité des agressions pédophiles sont le fait non pas de célibataires névrosés, mais de pères de famille très ordinaires. En plus, vérité à ne pas dire, 80 % des agressions commises par des clercs sont de nature homosexuelle...

    L’ordination est une consécration

    Cela dit, quand on voit qu’il y a si peu d’ordinations dans tant de diocèses (et pas seulement en France), il y a une interrogation légitime. La compassion de Jésus devant la foule est toujours d’actualité : « Ils étaient comme des brebis sans berger » (Mc 6, 34). Faut-il marier les prêtres ? Non ! Répétons-le encore une fois, quoique sans illusion : aucune Église (d’Orient ou d’Occident) ne marie (ni n’a marié, ni ne mariera) des prêtres (ni des diacres) ; l’ordination est une consécration qui saisit la personne telle qu’elle est.

    Dans le rituel des ordinations, la grande prostration du futur diacre, prêtre ou évêque pendant la litanie des saints en est le signe impressionnant. S’il a été ordonné dans le célibat et se marie un jour, il reprend ce qu’il a donné. Ce n’est ni incompréhensible ni impardonnable. Mais c’est une blessure. Pas seulement pour lui.

    « Nous avons tout quitté »

    La vraie question n’est donc pas celle du mariage des prêtres, mais celle de l’ordination d’hommes mariés. En ce qui concerne les évêques, la réponse est unanime (y compris dans les Églises orthodoxes) : ne sont appelés à la plénitude du sacerdoce que des solitaires (en grec monoï, d’où vient le mot « moine »). C’est la logique de l’Évangile : « Laissant tout, ils Le suivirent » (Lc 5, 11). Pierre le rappelle : « Nous avons tout quitté » (Mc 10, 28). Luc précise : entre autres, « une femme » (Lc 18, 29). L’Église latine fait le même choix pour ses prêtres, avec quelques exceptions. Le cardinal Lustiger y voyait un choix missionnaire. « Celui qui n’est pas marié a le souci des affaires du Seigneur » (1 Co 7, 32). Du matin au soir ! Et c’est ma joie.

    Si j’avais femme et enfants, j’aurais bien d’autres choses à faire. Des choses belles et bonnes. Mais ce serait autre chose. Prêtre à temps partiel ? Le risque serait plus grand de devenir « fonctionnaire de Dieu ». Par l’imposition des mains, je n’ai pas reçu une fonction, mais une onction : « Je ne vous appelle plus serviteurs, je vous appelle mes amis »(Jn 15, 15). Compagnon de l’Époux virginal (Mc 2, 19), je veux le suivre, le servir, l’annoncer. De tout mon cœur !

    Père Alain Bandelier

  • Pour Pékin, les accords avec le Saint-Siège vont de pair avec l’étouffement de l’Église

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    Du blog d'Yves Daoudal :

    Chine : les dix commandements

    Lu sur Asianews, agence de presse de l’Institut pontifical pour les missions étrangères :

    Un document publié par les autorités du Fujian exige des prêtres de paroisse et du personnel religieux qu’ils interdisent aux mineurs l'église et l'éducation, qu’ils refusent les relations avec les catholiques étrangers, qu’ils freinent tout élan d'évangélisation. Dans le même temps, le "Global Times" célèbre l'exposition des musées du Vatican et des conférences sur "le pape François" et "l'amitié" entre la Chine et le Vatican. Pour Pékin, les accords avec le Saint-Siège vont de pair avec l’étouffement de l’Église.

    Et Asianews publie une traduction en anglais du document du Fujian, dont voici une traduction française.

    Lettre d'engagement des responsables des lieux de culte et des personnes consacrées

    Selon le "Règlement pour les affaires religieuses" et autres lois connexes, la "Liste des responsabilités assumées par les responsables du Comité administratif des lieux de culte et des personnes consacrées" et la "Liste négative des chefs du Comité administratif des lieux religieux personnes consacrées",

    En tant que dirigeant (personnes consacrées) de ........., je m'engage à:

    1. aimer la patrie et aimer la religion, étudier et suivre consciemment la politique du Parti et les lois et règlements de l'État, mener sciemment des activités conformément aux lois et règlements, interdire l'entrée de mineurs à l'église.

    2. Au nom de l'indépendance, de l'autonomie et de l'autogestion, boycotter consciemment les interventions des étrangers; ne pas contacter de puissances étrangères, ne pas accueillir des étrangers, ne pas accepter de délégation de communautés ou d'institutions religieuses étrangères, ne pas accepter d'entretiens, de formation ou d'invitations à des conférences à l'étranger, ne pas enfreindre les réglementations nationales en acceptant des dons nationaux et internationaux.

    3. ne pas commercialiser ou distribuer des imprimés religieux sans numéro de série.

    4. Accepter consciemment l'inspection et le contrôle des supérieurs et publier sciemment des comptes rendus mensuels.

    5. insister sur la sinisation, pour pratiquer consciemment les valeurs fondamentales du socialisme; respecter les cultures et les traditions locales, promouvoir les cultures et les traditions nationales, ne pas diffuser les idéologies qui soutiennent l'extrémisme, ne pas financer des activités extrémistes.

    6. ne pas organiser de cours de formation pour mineurs, ne pas mener d'activités religieuses en ligne, promouvoir les vocations ou publier des contenus enfreignant les lois.

    7. ne pas intervenir dans l'administration des affaires locales ou politiques, ne pas intervenir dans la vie privée et personnelle de la population.

    8. En l'absence de permis, les communautés telles que les groupes pastoraux, les chorales et les orchestres ne peuvent organiser d'événements publics ni, sous prétexte de rendre visite aux malades, évangéliser dans des lieux publics tels que les hôpitaux.

    9. ne pas poser des affiches et des enseignes à l'extérieur et sur les toits à des fins évangéliques.

    10. ne pas installer de haut-parleurs exterieurs, et ceux à l'intérieur ne doivent pas déranger les habitants ; en cas de violation, accepter volontairement les sanctions du Bureau des affaires religieuses.

    En fait il n’y a rien de vraiment nouveau dans ces dix commandements, qui reprennent les consignes des dernières lois religieuses. Mais le martellement de ces consignes, en permanence et à tout propos, montre la volonté effective de persécution des chrétiens. Tandis que les médias officiels chantent les bonnes relations entre Pékin et le Vatican. « Pour la première fois », a souligné le Global Times, a eu lieu à l’Université de Pékin une conférence sur « le pape François et sa vision », par le jésuite Benoît Vermander, et « pour la première fois » a eu lieu à l’Académie des sciences de Pékin une conférence le thème : « Grandir en amitié – une perspective des relations sino-vaticanes », par… Antonio Spadaro, autre jésuite, directeur de La Civiltà Cattolica, un très proche de François.

  • Europe : l'Eglise vouée à disparaître ?

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    Du site "Pro Liturgia" :

    L’Eglise catholique est aujourd’hui, en Europe essentiellement, dans une situation inédite. En voici les principales caractéristiques :

    1. La chute de la pratique dominicale : en France seuls 3% de ceux qui se disent catholiques participent à une Eucharistie dominicale ;

    2. La chute des vocations sacerdotales et religieuses : dans une petite dizaine d’année, le prêtre sera devenu une « denrée rare » ;

    3. L’obstination des évêques à ne pas vouloir reconnaître les échecs de la pastorale mise en place par leurs prédécesseurs et, dans le même temps, à vouloir camoufler ces échecs sous des « diocèses en synodes » et autre « Eglise en fête » qui ne produisent aucun résultat ;

    4. L’ignorance abyssale de ces mêmes évêques en matière de liturgie « source et sommet de la vie de l’Eglise » (cf. Vatican II) et leur acharnement à vouloir faire dire au Concile dont ils se réclament ce que le Concile n’a jamais dit.

    Ces quatre points - il y en a d’autres - font que les catholiques, clercs et laïcs, ont dans leur grande majorité perdu le sens de notions essentielles telles que la liturgie, la Tradition, la contemplation, le respect du sacré... Et l’on aboutit à cette bizarrerie : sur le plan de la foi et de son expression liturgique, plus rien n’est clairement définissable, plus rien n’a de sens objectif, tout se vaut, tout est interchangeable. Chacun se fabrique « sa » religion sur la base de « sa sensibilité », de « sa sensiblerie », de ce qui lui plaît ou ne lui plaît pas. Dans ces conditions, il est devenu impossible d’aborder des questions essentielles avec des personnes de « sensibilités » différentes : la messe de 9h en grégorien est « formidable » ; celle de 11h accompagnée par un virtuose du didjeridoo l’est tout autant.

    En l’espace de deux générations, les fidèles ont été contraints d’accepter tout et n’importe quoi avec pour conséquence que le fidèle qui a encore des connaissances claires sur ce qui touche à la foi catholique - liturgie, doctrine, Tradition, Ecriture Sainte - passe pour un illuminé dont il faut aimablement se méfier. D’où le fait que de tels fidèles préfèrent se mettre en marge de toute vie ecclésiale plutôt que de chercher à aborder des questions relative à la foi avec des clercs et des laïcs qui ne savent plus rien et ne veulent plus rien savoir, plus rien comprendre.

    Aujourd’hui, pour de nombreux évêques, les mots de la foi catholique ne signifient plus grand chose : leur contenu a été oublié ou est devenu interchangeable. Seules comptent les opinions personnelles de tel ou tel mitré ou théologien dans le vent qui « fait le buzz » dans les médias : elles doivent passer avant l’enseignement de l’Eglise.

    Incontestablement, tous les ingrédients mortifères sont réunis pour que, dans la vieille Europe autrefois chrétienne, l’Eglise puisse disparaître.

  • Synode amazonien : la perspective théologique de Benoît XVI renversée

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    De Stefano Fontana dans la nuova bussola quotidiana, cet article traduit et publié aujourd’hui par et sur le site « Benoît et moi » :

    Benoît XVI sipa_00629540_000001.jpg

    « Ceux qui ont lu quelque chose de Joseph Ratzinger en tant que théologien, puis en tant que pape et maintenant en tant que pape émérite, ne peuvent s'empêcher d'observer l'énorme écart de perspective par rapport au contenu de l'Instrumentum laboris du prochain synode sur l'Amazonie, présenté il y a trois jours par le Cardinal secrétaire Baldisseri. Comparé aux considérations de Ratzinger sur les "religions du mythe" et sur la "religion du Logos", l'Instrumentum laboris est aux antipodes.

    Comme on le sait, Ratzinger-Benoît XVI soutenait que les religions du mythe, c'est-à-dire les religions païennes, étaient des formes humaines d'exorcisme du péril de l'existence, à travers la protection d'une divinité contre d'autres divinités. Pour ces religions, le monde était entre les mains de divinités et de pseudo-divinités souterraines, contradictoires entre elles, en perpétuel conflit, forces obscures et arbitraires terrifiant l'homme qui était à la merci de leurs tensions. C'est pourquoi l'humanité cherchait à obtenir la protection de l'un sur les autres, par des rites et des sacrifices (y compris d'êtres humains). C'était la religion de la peur, de l'obscurité, du mystère qui effrayait. L'homme se sentait à la merci de forces arbitraires, dans un monde absurde et conflictuel.

    Mais la religion chrétienne, disait Ratzinger-Benoît XVI, était au contraire la religion du Logos. Le christianisme ne se rattache à aucun des cultes païens de la Palestine de l'époque, mais se met en contact avec la philosophie grecque, qui cherchait le principe rationnel de toutes choses, et avec la religion juive elle-même qui croyait au Dieu unique, vrai et bon. Le monde n'était pas un lieu absurde et les hommes n'y étaient pas perdus, à la merci de dieux violents et arbitraires. Au commencement était le Logos, tout a été fait selon la Vérité, le monde est bon et la raison humaine peut se connecter avec la foi, qui n'est pas irrationnelle.

    Toute les recherches théologiques de Joseph Ratzinger portent sur ces sujets, ainsi que tout le magistère de Benoît XVI.

    C'est pour cela qu'il est incroyable qu'au contraire, dans l'Instrumentum laboris récemment publié, il y ait une véritable célébration du paganisme et de l'animisme des peuples amazoniens, un éloge du primitivisme religieux, et la description de ce monde culturel comme un paradis, où il n'y aurait ni violence ni désaccord et où tous vivraient en amitié et harmonie. On ne sait pas d'où le secrétariat du synode a tiré les arguments scientifiques à l'appui de ce point de vue. Il est certain qu'il il a dû renverser complètement les enseignements du Pape Benoît XVI lequel, à Ratisbonne, avait dit que «ce qui est contre la raison ne vient pas du vrai Dieu».

    L'Amazonie serait «pleine de vie et de sagesse»; ses cultures inspireraient «de nouveaux chemins, de nouveaux défis et de nouveaux espoirs»; ses peuples vivraient admirablement «l'harmonie des relations entre l'eau, le territoire et la nature, la vie communautaire et la culture, Dieu et les différentes forces spirituelles»; l'Amazonie est un lieu «de sens pour la foi, ou l'expérience de Dieu dans l'histoire... un lieu épiphanique... une réserve de vie et de sagesse pour la planète, une vie et une sagesse qui parlent de Dieu»; il émane d'elle «un enseignement vital pour une compréhension intégrale de nos relations avec autrui, avec la nature et avec Dieu»; en Amazonie «la vie est un chemin communautaire où tâches et responsabilités sont partagées pour le bien commun».

    C'est ce que dit l'Instrumentum laboris du synode, mais en réalité les religions des peuples indigènes ont toutes les caractéristiques que Ratzinger-Benoît XVI attribuait aux religions du mythe, construction d'idoles humaines pour exorciser la peur et implorer protection contre des forces obscures et colériques. L'animisme païen asservissait l'homme aux forces de la nature et aux autres hommes de la tribu. Ce monde n'était pas convivial et amical, mais violent et discriminatoire. La ritualité ancestrale n'élevait pas spirituellement à Dieu, mais mettait en communication avec les forces de la nature, considérées de manière panthéiste comme un tout, la grande Mère Terre. L'homme n'émergeait pas en dignité des autres éléments naturels, mais en était le sujet. Dans l'instrumentum laboris, c'est le retour du mythe rousseauiste du bon sauvage et de la nature originellement bonne , avant d'avoir été pollué par la civilisation. Mais c'est une hypothèse irréaliste et purement fonctionnelle qui sert de prémisse au système politique du contractualisme des Lumières du gouvernement de la volonté générale.

    L'Instrumentum laboris du Synode sur l'Amazonie propose que l'Église «désaprenne» puis «apprenne» et «réapprenne» à partir des sollicitations des cultures indigènes amazoniennes, qui seraient une véritable «épiphanie» fruit de l'Esprit Saint et de la présence de semences de la Parole dans les cultures païennes. Comment il est possible que le Logos (Parole) sème des graines dans l'irrationalité des religions du mythe est difficile à comprendre. Comment on peut partir de l'idolâtrie païenne absurde et irrationnelle pour convertir la foi de l'Église qui, depuis deux millénaires, se comprend comme la vraie religion est encore plus incompréhensible.

    La régression de l'Église de cet Instrumentum laboris par rapport à l'Église du Pape Benoît XVI est évidente et impressionnante. »

    Ref. Synode amazonien : la perspective théologie de Benoît XVI renversée

    Le Père Daniélou considérait les religions naturelles comme autant de mains tendues confusément vers la transcendance et la révélation judéo-chrétienne comme la main de Dieu qui les attire à Lui en purifiant leur démarche: d’Abraham à Jésus c’est l’histoire emblématique du peuple élu accomplie dans l’unique Eglise qui clôt ce que l'histoire de ce peuple préfigure.

    JPSC  

  • France : belle croissance pour la Communauté Saint-Martin (CSM)

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    De Michel Janva, sur le site du « Salon Beige » :

    CSM thumbnail-1-1050x600.jpeg« Les 28 et 29 juin seront célébrées en la Basilique d’Evron (Mayenne) 20 ordinations sacerdotales et diaconales pour la Communauté Saint-Martin.

    Le 28 juin à 15h30, son excellence Mgr Emmanuel Delmas (évêque d’Angers) ordonnera 11 diacres.

    Le samedi 29 juin à 10h, son excellence Mgr Thierry Scherrer (évêque de Laval) ordonnera 9 prêtres.

    La CSM comptera ainsi 135 prêtres et diacres envoyés dans 23 diocèses : ils assureront la charge de 35 secteurs paroissiaux, 4 internats et 2 sanctuaires (Lourdes et Montligeon).

    Actuellement plus de 100 séminaristes suivent leur formation en la Maison Mère d’Evron. Don Paul explique :

    « Nous sommes choisis, consacrés et envoyés avec la conscience d’être des hommes aimés et pardonnés pour devenir des pasteurs à la manière de Jésus blessé, mort et ressuscité. Notre mission est de témoigner de la force de la résurrection dans les blessures de ce monde. »

    En septembre 2019, à l‘appel de Mgr Lalanne, la Communauté Saint-Martin s’implantera dans un nouveau diocèse, celui de Pontoise, afin de soutenir les missions d’évangélisation dans toutes les paroisses de Sarcelles.

    Ref. Belle croissance pour la Communauté Saint-Martin

    La CSM n’a pas d’implantation en Belgique. A notre connaissance, au moins deux démarches tendant à confier une responsabilité pastorale à des prêtres issus de cette Communauté dans deux diocèses belges ont été lancées mais rapidement exclues par les autorités ecclésiastiques concernées au motif que le profil de la formation dispensée à ces prêtres ne correspondrait pas aux exigences requises par les autorités précitées.

    JPSC

  • France : une nouvelle génération, plus strictement doctrinale, est en train de prendre les commandes du catholicisme français

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    De Bernadette Sauvaget sur le site de Libération :

    Bioéthique : les ultras tiennent l’Eglise en messe

    Assez mesurées au départ, les instances catholiques ont peu à peu durci leurs positions sur la fin de vie au fil de l’affaire Lambert.

    Le sort de Vincent Lambert est devenu l’une des grandes causes du moment pour les instances officielles de l’Eglise catholique. Avec un durcissement marqué des autorités. Comme le pape et deux responsables de la curie romaine - le cardinal Kevin Farrell et Mgr Vincenzo Paglia -, les leaders de l’épiscopat français ont exprimé ces derniers temps des positions voisines de celles des parents Lambert. A travers leurs déclarations, les évêques réclament ainsi que Vincent Lambert soit désormais considéré comme une personne handicapée et non pas en fin de vie, un tournant pris récemment dans l’affaire.

    «Il y a aujourd’hui un choix de civilisation très clair : soit nous considérons les êtres humains comme des robots fonctionnels qui peuvent être éliminés ou envoyés à la casse lorsqu’ils ne servent plus à rien, soit nous considérons que le propre de l’humanité se fonde, non sur l’utilité d’une vie mais sur la qualité des relations entre les personnes qui révèlent l’amour», a écrit, dans un communiqué au ton très dramatique, l’archevêque de Paris, Michel Aupetit. Cet ancien médecin est très engagé sur les questions bioéthiques. Plutôt discret sur le terrain strictement politique, il manque rarement une occasion pour s’exprimer sur les questions de PMA ou de fin de vie.

    Elu en avril président de la Conférence des évêques de France, l’archevêque de Reims, Eric de Moulins-Beaufort, est moins cash que son collègue de Paris. Mais quand même… Il évoque à propos du sort de Vincent Lambert «une situation complexe». «Face à de telles situations, aucune décision humaine ne peut être assurée d’être parfaite, ni même d’être la meilleure.»Nuancé dans la forme mais ferme sur le fond, l’archevêque de Reims estime lui aussi que Vincent Lambert n’est pas en fin de vie et qu’il devrait être transféré dans une unité spécialisée dans l’accompagnement des patients en état végétatif.

    Génération

    «Les évêques sont très mobilisés dans cette affaire et leurs positions sont plus radicales qu’il y a quelques années», remarque la sociologue des religions Séverine Mathieu, spécialiste de l’éthique et de la famille. A l’été 2015, tandis que la bataille faisait déjà rage au sujet d’un arrêt des traitements de Vincent Lambert, l’épiscopat ne marchait pas, loin de là, comme un seul homme derrière les plus ultras de la famille Lambert. Le cardinal archevêque de Lyon, Philippe Barbarin, avait certes commis un texte assez radical, en faisant signer avec lui les évêques de la région. Mais les spécialistes des questions bioéthiques à l’épiscopat, tel que Pierre d’Ornellas, l’archevêque de Rennes, étaient demeurés plus discrets. Dans un communiqué, le secrétaire général de la Conférence des évêques de France (CEF), Olivier Ribadeau Dumas, avait réclamé, au nom de son institution, «pudeur, modération et discrétion», ce qui avait paru une réponse au texte offensif de Barbarin.

    Mais le paysage a changé. L’archevêque de Paris Michel Aupetit semble désormais imposer sa vision ultraconservatrice, de plus en plus partagée parmi les leaders émergents de l’épiscopat français.

    Formée sous le pontificat de Jean-Paul II, une nouvelle génération, plus strictement doctrinale est en train de prendre les commandes du catholicisme français tandis que des personnalités ouvertes comme l’archevêque de Marseille, Georges Pontier, s’apprête à quitter les affaires. Bref, les positions se rigidifient, au risque de mettre en péril l’équilibre (certes précaire) trouvé autour de la loi Claeys-Leonetti.

    Empêtrée dans les scandales d’abus sexuels, l’Eglise catholique a conscience d’être difficilement audible dans son opposition à la PMA si elle avance son thème favori de la défense des droits de l’enfant. La question de la fin de vie et de l’euthanasie est donc sa nouvelle frontière à défendre. «Quoi qu’il en soit, la sédation profonde et continue jusqu’au décès a toujours été une question pour les évêques catholiques», pointe l’historien et sociologue du catholicisme Philippe Portier.

    Ecoles

    Les ultras de la famille Lambert peuvent désormais compter sur un large soutien des instances catholiques. Bien au-delà des cercles intégristes lefebvristes de la Fraternité Saint-Pie-X qui les avaient appuyés au début de l’affaire et qui avaient été alors très efficaces. Touchant à peu près 500 000 personnes en France, toujours officiellement en rupture avec Rome mais en négociations pour rejoindre le giron romain, la Fraternité Saint Pie-X peut s’appuyer sur des militants très déterminés et sur un maillage solide d’écoles privées. C’est dans l’une d’elles qu’avait été scolarisé Vincent Lambert… Avant de rompre radicalement avec ce milieu.