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Actualité - Page 787

  • Vincent Lambert : Déclaration du Groupe bioéthique de la Conférence des évêques de France

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    [Déclaration du groupe bioéthique] Une ambition : la protection des plus fragiles (source)

    3 novembre 2017 : Portrait de Mgr Pierre D'ORNELLAS, archevêque de Rennes, Dol et Saint-Malo. France.
    Mgr Pierre D’ORNELLAS, archevêque de Rennes, Dol et Saint-Malo. France.

    Déclaration du Groupe bioéthique

    Monsieur Vincent Lambert, dans son immense fragilité, nous convoque tous au respect de l’éthique et de l’État de droit. Prenons le temps de la réflexion.

    1. Commençons par l’État de droit. M. Vincent Lambert a le droit à une protection adéquate, comme toute personne handicapée. Chaque personne handicapée, aussi fragile soit-elle, a des droits égaux à toute autre personne. La France le sait puisqu’elle a ratifié la Convention internationale relative aux droits des personnes handicapées. Le Comité  international des droits des personnes handicapées (CIDPH) de l’ONU a été saisi au sujet de M. Vincent Lambert, et a répondu que cette saisine était recevable. Le Comité a demandé que les soins prodigués à M. Vincent Lambert soient maintenus tant qu’il ne s’était pas prononcé sur le fond. Le Gouvernement a donné son avis au Comité en affirmant que ce maintien des soins n’était pas envisageable car il « priverait d’effectivité le droit du patient à ne pas subir d’obstination déraisonnable ». Après ce refus, le CIDPH vient de réitérer sa demande que l’alimentation et l’hydratation de Vincent Lambert « ne soient pas suspendues pendant le traitement de son dossier ».

    Pourquoi ne pas attendre la réponse sur le fond de la part du Comité de l’ONU ? M. Vincent Lambert est un citoyen qui a le droit au respect des règles démocratiques dont le minimum est la cohérence avec les conventions signées. Pourquoi l’État français, qui met son honneur dans la promotion des droits de l’Homme, se dispenserait-il du respect de cette Convention pour M. Vincent Lambert ? Pourquoi cette précipitation pour le conduire vers la mort ? On peut répéter que la décision prise ne concerne bien sûr que M. Vincent Lambert car sa situation est unique et complexe. Mais qui garantira que toutes les personnes partageant un handicap analogue au sien seront effectivement protégées par l’État qui, tout en s’y engageant officiellement, bafouerait aujourd’hui son engagement ? La crédibilité de l’État passe par le respect de sa parole donnée. Il paraît donc sage et nécessaire d’attendre la réponse sur le fond du Comité de l’ONU.

    2. Venons-en à l’éthique. La protection des personnes les plus fragiles demeurera toujours le signe et la mesure de l’humanité d’une société. Cette protection demande un accompagnement le plus ajusté possible et des soins les plus appropriés à chaque situation de fragilité. Cette protection nécessite une solidarité active de toute une société et une ambition internationale. Par la loi, notre société a confié aux médecins la mission de prendre soin de la santé physique et psychique de chaque personne fragile. Notre loi française leur donne un cadre pour que ce soin soit donné le mieux possible en évitant toute obstination déraisonnable. Pour les médecins s’occupant de M. Vincent Lambert, l’État français a jugé qu’ils n’avaient pas enfreint la loi. Pour autant, l’État ne s’est pas prononcé sur la décision éthique elle-même : arrêter l’hydratation et l’alimentation par voie entérale, et mettre en œuvre une sédation continue et profonde jusqu’au décès. Car heureusement, ni l’État ni les juges n’ont le pouvoir de se prononcer sur de telles décisions !

    Reste donc la question éthique proprement dite. On peut supposer que les médecins, entourés du personnel soignant et de la famille, y ont mûrement réfléchi et qu’ils ont pris leur décision selon la loi éthique du respect de la vie et de la sollicitude envers la personne fragilisée comme l’est M. Vincent Lambert, et dont témoigne l’article 16 du Code civil. Cependant, puisque cette décision a un retentissement qui dépasse largement l’espace limité d’un bureau et d’une chambre d’hôpital, il serait juste et bon que nous comprenions tous la décision des médecins et que nous continuions ainsi à les soutenir dans leur délicate et indispensable mission. En effet, des interrogations restent en suspens : Pourquoi M. Vincent Lambert n’a-t-il pas été transféré dans une unité de soins spécialisée et adaptée à son état ? Exprime-t-il une souffrance récurrente et impossible à apaiser ? N’a-t-il pas le droit d’être nourri et hydraté par voie entérale puisque ce sont des soins de base auxquels tout être humain a droit ? À quels cas exceptionnels son hydratation et son alimentation actuelles correspondent-elles à une obstination déraisonnable ? De plus, comment connaissons-nous avec suffisamment de certitude la volonté de M. Vincent Lambert dans un contexte familial où s’exprime un désaccord profond ?

    Du point de vue éthique, il serait bon que la conscience des citoyens ne soit pas troublée ni par la décision inexpliquée qui laisse penser que M. Vincent Lambert a été conduit vers la mort, ni par le non-respect de la parole que l’État a donnée en signant la Convention internationale. Le Défenseur des droits a jugé que l’État pouvait déroger à la demande du Comité de l’ONU en « justifiant de circonstances exceptionnelles » et « qu’il ne lui appartient pas de résoudre cet éventuel conflit de normes » entre la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) et le Comité international des droits des personnes handicapées (CIDPH). Pourtant, n’y a-t-il pas urgence à trouver la juste voie éthique ? Cela permettrait de résoudre ce conflit de droit international sur une question essentielle de notre vie ensemble afin d’apaiser nos sociétés déjà trop clivées.

    De toute évidence, la décision prise concernant M. Vincent Lambert a un enjeu beaucoup large que la résolution d’un simple dilemme médical. Respecter les droits des personnes les plus fragilisées et les plus faibles, nos frères et sœurs en humanité, en les accompagnant et en les soignant chacune selon sa situation demandera toujours du courage. Les interrogations existentielles et douloureuses que soulèvent de telles situations sont en effet lourdes à porter. Ce courage est vécu au quotidien par nombre de familles envers leurs proches et par le personnel soignant vis-à-vis des patients, aussi bien dans l’accompagnement que dans les prises de décision. Ensemble, soutenons ce courage vécu dans la discrétion, et osons affronter ces lourdes interrogations qui nous provoquent à toujours plus d’humanité. Ensemble, nous sommes capables de plus de sollicitude que nous l’avions imaginé dans nos précipitations et nos envies d’évacuer ces graves interrogations.

    Pensant à la souffrance vécue par les uns et les autres autour de M. Vincent Lambert, nous prions pour tous ceux qui sont concernés directement par sa situation et pour Vincent Lambert lui-même.

    Le 18 mai 2019

    Mgr Pierre d’Ornellas, archevêque de Rennes, responsable du Groupe bioéthique de la Conférence des évêques de France
    Mgr Pierre-Antoine Bozo, évêque de Limoges
    Mgr Olivier de Germay, évêque d’Ajaccio
    Mgr Hervé Gosselin, évêque d’Angoulême
    Mgr Vincent Jordy, évêque de Saint-Claude
    Mgr Matthieu Rougé, évêque de Nanterre
    Père Brice de Malherbe, Collège des Bernardins à Paris
    Père Bruno Saintôt, Centre Sèvres à Paris

  • Vincent Lambert : nous ne pouvons pas rester indifférents

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    De Vatican News :

    Affaire Vincent Lambert: “Nous ne pouvons pas rester indifférents”

    Une tribune publiée dans L’Osservatore Romano par don Roberto Colombo, professeur à la faculté de médecine et de chirurgie de l’Université catholique du Sacré-Cœur, à Milan, revient sur le cas complexe de ce patient français tétraplégique depuis 2008.

    Reprenant les prises de position nombreuses du Pape François en faveur de la vie, don Roberto Colombo rappelle dans cette tribune que «l’accueil, le respect et la protection de toute vie humaine, dans quelque condition qu’elle se trouve, est aujourd’hui le point le plus faible (et pourtant décisif) de la société, de la politique et de l’État. Ne pas accueillir tous revient à écarter quelqu’un», à l’exclure moralement, juridiquement ou physiquement, explique-t-il.

    Il dénonce la «conjuration du silence» qui entourent cette question du droit à la vie des personnes lourdement handicapées, comme c’est le cas de Vincent Lambert, hospitalisé depuis 2008 au CHU de Reims. La simple définition médicale de son cas ne fait pas consensus : l’état pauci-relationnel, l’état de conscience minimale plus, ou encore l’état végétatif chronique qui lui sont attribués selon les différentes sources, ne répondent pas aux mêmes définitions. Dans son cas, l’arrêt des soins est annoncé pour ce lundi 20 mai, une décision du corps médical soutenue par son épouse mais à laquelle s’opposent ses parents. Le Comité international des droits des personnes handicapées, qui dépend de l’ONU, a demandé un maintien provisoire des soins, mais le gouvernement a fait savoir que la France n’était pas légalement contrainte par ce comité.

    Vincent Lambert n'est pas en fin de vie

    Don Roberto Colombo fait savoir que Vincent Lambert, bien que se trouvant dans une condition de grave incapacité relationnelle avec le monde extérieur et les personnes qui lui sont proches (personne toutefois ne pouvant s’avancer avec certitude sur l’éventuelle réduction ou absence de sa “conscience interne” ou “profonde”), ne se situe pas dans un état de fin de vie, puisque sa respiration est restée autonome et n’est donc pas soumise à une assistance respiratoire, qu’il n’a pas de stimulateur cardiaque, et qu’il n’est pas traité en soins intensifs. Le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne avait considéré en 2018 qu’il ne faisait l’objet ni d’un «acharnement thérapeutique» ni d’une «obstination déraisonnable». L’an dernier également, un autre rapport rédigé par 70 médecins et spécialistes avait mis en avant la stabilité de ses conditions cliniques. Il n’est donc pas dans une situation désespérée et terminale qui pourrait rendre éthiquement acceptable l’arrêt des soins.

    Pour les malades chroniques, l’hydratation et l’alimentation, y compris par des voies artificielles, sont considérées par l’Église catholique comme «un moyen ordinaire et proportionné de conservation de la vie», avait rappelé en 2007 la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. Y renoncer reviendrait donc à ouvrir la voie à une euthanasie. Récemment, l’archevêque de Reims, Mgr Éric de Moulins-Beaufort, et son évêque auxiliaire, Mgr Bruno Feillet, ont rappelé que «la grandeur de l’humanité consiste dans le fait de considérer comme inaliénable et inviolable la dignité de ses membres, spécialement les plus fragiles». Le Pape François lui-même, prenant la parole sur la situation de Vincent Lambert, avait déclaré que «l’unique maître de la vie, du début à la fin naturelle, est Dieu. Notre devoir est de tout faire pour prendre soin de la vie», y compris des malades en état végétatif ou de conscience minimale, comme il y en a des dizaines de milliers en Europe.

    Cet arrêt des soins annoncé est donc une attaque «contre la vie et la dignité de la personne. Même si une loi ou une décision de justice permettent cette action, elle reste inacceptable et indigne d’une société fondée sur le respect et l’accueil de la vie de tous», conclut don Roberto Colombo.

  • "Il est foncièrement faux d’imputer au pape François tout ce qui va mal aujourd’hui" (cardinal Müller)

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    En traduction française sur le site "Benoît et moi" :

    Nouvelle interview du cardinal Müller (dans le journal catholique allemand 'Die Tagespost' (classé conservateur).

    « IL FAUT À PRÉSENT UNE PAROLE CLAIRE »

    Regina Einig (www.die-tagespost.de / 15 mai 2019)

    Eminence, les signataires d’une lettre ouverte au pape François l’accusent d’hérésie. Quel crédit accordez-vous à cette accusation?

    Une accusation de cette nature, contre le plus haut représentant de la vraie foi, révélée par Dieu dans le Christ, est la chose la plus grave qui puisse se produire dans « l’Eglise du Dieu vivant, colonne et support de la vérité » (1 Tim 3, 15). Car le pape, en tant qu’évêque de Rome, est le successeur de saint Pierre, sur qui le Seigneur a bâti son Eglise. Dans la personne de Pierre, chaque pape, en tout temps, répète la confession de l’Eglise : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant » (Mt 16, 16). Dès lors que les signataires sont des théologiens réputés, il serait important que le Saint-Père fasse publier, en réponse, par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi (et pas par la Secrétairerie d’État ni par l’un ou l’autre journaliste ou théologien ami) une mise au point officielle.


    Comment peut-on, historiquement, situer l’accusation ? A-t-il existé dans le passé des papes exposés à une accusation d’hérésie?

    L’histoire offre peu d’exemples de papes accusés d’erreur sur tel ou tel point précis – c’est pour cette raison que l’infaillibilité ex cathedra n’était pas mise en question. Ici, l’accusation va plus loin : c’est toute la structure de la foi catholique, dans les principes qui la caractérisent et en bien des points de son contenu essentiel, qui serait désarticulée. Je ne partage pas ce point de vue. Selon moi, les problèmes naissent d’une fausse prémisse qui voudrait que l’Eglise soit restée en retard sur son époque et que la foi ait besoin d’une modernisation, pour rendre moins vive son opposition aux forces dominantes en Occident sur des questions importantes de morale. Dans le camp des « amis » du pape – comme ils se désignent eux-mêmes en une autolégitimation qui leur permet de stigmatiser comme ennemis du pape les fidèles catholiques qui ne partagent pas leur manière de voir – on confond la foi avec une idéologie néo-marxiste et néo-libérale. On parle de croyants traditionnalistes et de croyants modernes. Et ils pensent que c’est avec ces derniers, et par eux seulement, que l’Eglise a un avenir. En réalité, la foi de l’Eglise repose sur la révélation que Dieu fait de lui-même et que transmettent l’Ecriture et la tradition apostolique. Cette foi est interprétée par toute l’Eglise et, en particulier, par le magistère des évêques, en union avec le pape qui est leur principe d’unité, sans falsification ni mutilation.


    D’où vient la thèse de l’opposition au pape?

    Toute la bêtise du discours sur une opposition au pape naît dans la tête et la volonté de puissance affichée d’idéologues qui conduisent l’Eglise à l’abîme. Que trouve-t-on d’autre, en effet, dans l’éloge cynique de la renonciation du pape Benoît XVI et la déclaration de prise de pouvoir de ceux qui disent : « Maintenant c’est à nous et maintenant nous expulsons de l’Eglise tous ceux qui étaient fidèles à Jean-Paul II et à Benoît XVI ». Il faut maintenant que le pape François se prononce clairement pour l’unité de tous les catholiques dans la foi révélée. Ce qui est nécessaire, ce n’est pas une obéissance aveugle à un commandement d’une ligne de parti à chaque fois différente, mais la confiance dans le pape et dans les évêques qui, de leur côté, connaissent les frontières et la nature véritable de l’autorité dans l’Eglise. Qu’un évêque ordonne quelque chose (en vertu de son autorité formelle) ne suffit pas à rendre cet enseignement vrai ou à obliger les catholiques à une obéissance aveugle. Il faut pour cela que les indications des pasteurs soient ancrées dans l’Ecriture, la Tradition et les définitions de foi de l’Eglise. Prenons un exemple : l’ordre donné par un évêque de distribuer la sainte communion aussi à des non-catholiques va contre la foi et ne peut être suivi. Les sanctions que l’évêque prend à cet égard sont sans effet ou levées par le pape et ses tribunaux.

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  • Eurovision et la communauté LGBT : une grande histoire d'amour...

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    D'Isabelle Lemaire sur le site de la Libre où le propos est illustré par de nombreuses videos. Le constat de la journaliste est confirmé une fois encore cette année où le vainqueur de la compétition, Duncan Laurence, revendique haut et fort sa bisexualité :

    Eurovision: le royaume de la communauté LGBT

    L’Eurovision, c’est festif, coloré, pailleté, flamboyant. Sans verser dans les clichés, il est donc évident qu’une partie de la communauté gay, sensible à ce genre de choses, lui voue un culte et soit organisée en communautés de fans très actives. En secret pendant de très longues années puis, enfin, au grand jour depuis la fin des années 1990, entre l’Eurovision et la communauté LGBT, c’est une grande histoire d’amour.

    Aujourd’hui, pas une édition ne se déroule sans que les drapeaux arc-en-ciel soient visibles dans le public. Et l’on suspecte même des pays de choisir délibérément un candidat homo déclaré ou hétéro mais tellement mignon afin de capter les votes gay.

    C’est un 1997 qu’un premier candidat ouvertement homosexuel, l’Islandais Paul Oscar, foule la scène de l’Eurovision avec une performance plutôt lascive.

    Mais c’est la gagnante de l’année suivante, la diva transsexuelle israélienne Dana International, qui va signer la sortie définitive du placard de l’homosexualité et de toutes les différences à l’Eurovision.

    En 2002, la Slovénie envoie au Concours un trio de drag-queens.

    Cinq ans plus tard, la gagnante serbe Marija Serifovic ne met pas strictement en avant son homosexualité mais les indices sur scène sont là et personne n’est dupe.

    En 2007 toujours, que dire de l’inclassable travesti ukrainien Verka Serduchka, déguisé en boule à facettes.

    En 2013, la candidate finlandaise embrasse sur la bouche une de ses choristes à la fin de sa chanson, un acte militant visant à ce que son pays légalise le mariage gay. Comme Krista Siegfrids avait annoncé à l’avance qu’elle ferait ce geste, la télévision publique turque a décidé de ne pas diffuser du tout le show. Et en Chine, la performance de la chanteuse a été coupée au montage.

    La drag-queen à barbe Conchita Wurtz remporte l’édition 2015 pour l’Autriche. Le tombereau de commentaires homophobes, les appels au boycott du Concours et une pétition russe exigeant que sa prestation ne soit pas retransmise à la télévision en Russie n’ont pas empêché l’extravagante créature de soulever le trophée.

    Cette année, Bilal Hassani, qui se définit comme un queer, représentera la France avec “Roi”, un morceau qui s’inspire de son parcours identitaire.

  • Le cardinal Robert Sarah souscrit aux « notes » du pape Benoît, « martyr de la vérité »

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    De Sandro Magister en traduction française sur le site diakonos.be :

    Le cardinal Sarah souscrit aux « notes » du pape Benoît, « martyr de la vérité »

    Le cardinal Robert Sarah a provoqué la surprise générale le soir du 14 mai à Rome, à l’auditorium du centre culturel de l’église Saint-Louis-des-Français alors que tout le monde s’attendait à ce qu’il présente son dernier livre, intitulé, « Le soir approche et déjà le jour baisse », sur la crise de foi de l’Église et le déclin de l’Occident.

    Au lieu de cela, le cardinal a tout de suite déclaré, « ce soir je ne vous parlerai pas de ce livre ». Et la raison – a-t-il expliqué – c’est que « les idées les plus fondamentales que j’y développe se sont trouvées illustrées, exposées et démontrées avec brio en avril dernier par le Pape Benoît XVI dans les ‘notes’ qu’il avait rédigées en vue du sommet des présidents des conférences épiscopales sur les abus sexuels convoqué à Rome par le Pape François du 21 au 24 février dernier ».

    Le cardinal Sarah a poursuivi de la sorte :

    Sa réflexion s’est révélée une véritable source de lumière dans la nuit de la foi qui touche toute l’Église. Il a suscité des réactions frôlant parfois l’hystérie intellectuelle. J’ai été personnellement frappé par l’indigence et la bêtise de nombreux commentaires. Il faut croire qu’une fois de plus, le théologien Ratzinger, dont la stature est celle d’un vrai Père et Docteur de l’Église, a visé juste et a touché le cœur nucléaire de la crise de l’Église.

    Je voudrais donc ce soir que nous nous laissions éclairer par cette pensée exigeante et lumineuse. Comment pourrions-nous résumer la thèse de Benoît XVI ? Permettez-moi de le citer simplement : « Pourquoi la pédophilie a-t-elle atteint de telles proportions ? En dernière analyse, la raison en est l’absence de Dieu » (III, 1). Tel est le principe architectonique de toute la réflexion du pape émérite. Telle est la conclusion de sa longue démonstration. Tel est le point d’où toute recherche sur le scandale des abus sexuels commis par de prêtres doit partir pour proposer une solution efficace.

    La crise de la pédophilie dans l’Église, la multiplication scandaleuse et effarante des abus a une et une seule cause ultime : l’absence de Dieu. Benoît XVI le résume en une autre formule tout aussi claire, je cite : « C’est seulement là où la foi ne détermine plus les actions de l’homme que de tels crimes sont possibles »  (II, 2).

    Le génie théologique de Joseph Ratzinger rejoint ici non seulement son expérience de pasteur des âmes et d’évêque, père de ses prêtres, mais aussi son expérience personnelle, spirituelle et mystique. Il remonte à la cause fondamentale, il nous permet de comprendre quel sera la seule voie pour sortir de l’épouvantable et humiliant scandale de la pédophilie. La crise des abus sexuels est le symptôme d’une crise plus profonde : la crise de la foi, la crise du sens de Dieu.

    On trouvera la conférence du cardinal Sarah retranscrite dans son intégralité en français sur cette autre page de Settimo Cielo:

    > Lumière dans la nuit. Au cœur de la crise des abus sur mineurs, le regard de Benoît XVI sur l’Église

    Le cardinal Sarah y retrace pas à pas l’analyse de Joseph Ratzinger et y souscrit totalement. Il réfute en des mots cinglants les critiques qui lui ont été adressées.  Il souligne les effets de la crise de la foi sur la vie des prêtres et sur la formation des séminaristes.  Il stigmatisme le faux « garantisme » qui en tolérant les doctrines contraires à l’intégrité de la foi encourage également les pratiques contraires à la chasteté.  Il rappelle ce profond respect du « corps eucharistique du Seigneur » sans lequel il n’y a plus de respect pour « le corps pur et innocent des enfants ».

    Et voici la finale, qui est plus que jamais à l’unisson avec le pape Ratzinger :

    Pour conclure je vous redis avec le Pape Benoît : oui, l’Église est pleine de pécheurs. Mais elle n’est pas en crise, c’est nous qui sommes en crise. Le diable veut nous faire douter. Il veut nous faire croire que Dieu abandonne son Église. Non, elle est toujours « le champ de Dieu. Il n’y a pas seulement l’ivraie mais également les moissons de Dieu. Proclamer ces deux aspects avec insistance ne relève pas d’une fausse apologétique : c’est un service qu’il est nécessaire de rendre à la vérité », dit Benoît XVI. Il le prouve, sa présence priante et enseignante au milieu de nous, au cœur de l’Église, à Rome nous le confirme. Oui, il y a parmi nous de belles moissons divines.

    Merci, cher Pape Benoît d’être selon votre devise un coopérateur de la vérité, un serviteur de la vérité. Votre parole nous conforte et nous rassure. Vous êtes un témoin, un ‘martyr’ de la vérité. Soyez remercié”.

    Inutile de dire que cette apologie enthousiaste de l’analyse du pape Ratzinger faite par le cardinal Sarah est aux antipodes de l’accueil glacial que lui a réservé le pape François :

    > Entre les deux papes, c’est la “fracture”. Le silence de François contre Benoît

    Quant au dernier livre du cardinal, le troisième d’une trilogie précédée par « Dieu ou rien » et « La force du silence », il est actuellement en vente dans l’édition originale française. Mais en septembre prochain, il sera également disponible en librairie en italien, en anglais, en espagnol, en allemand et en polonais.

    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso.

  • «Défendre et promouvoir la vie», surtout celle des plus faibles : c’est la ligne promue par le Pape François

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    De Vatican News :

    Le Pape aux opérateurs de santé: il faut défendre et promouvoir la vie

    Le Pape François a reçu ce matin en audience en Salle Clémentine 300 membres de l’Association catholique des opérateurs sanitaires. Le malade n’est pas un numéro ni une machine, et l’objection de conscience doit être assumée avec respect et dialogue.

    «Défendre et promouvoir la vie», surtout celle des plus faibles et de ceux qui sont sans défense : c’est la ligne promue par le Pape François, qui a reçu les membres de l’Association catholique des opérateurs de santé (Acos), à l’occasion des 40 ans de sa fondation. «Dans les dernières décennies, le système d’assistance et de son s’est transformé radicalement,  en changeant la façon de comprendre la médecine et le rapport avec le malade», a expliqué le Saint-Père. «La technologie a atteint des objectifs sensationnels et inespérés», en posant toutefois «d’une façon toujours plus forte des problèmes de caractère éthique».

    «Beaucoup retiennent que toute possibilité offerte par la technique est en soi moralement réalisable, mais, en réalité, pour toute pratique médicale ou intervention sur l’être humain, on doit d’abord évaluer avec attention si elle respecte concrètement la vie et la dignité humaine, a expliqué François. La pratique de l’objection de conscience, qui est mise en discussion aujourd’hui pour les cas extrêmes dans lesquels serait mise en danger l’intégrité de la vie humaine, se base donc sur l’exigence personnelle de ne pas agir d’une façon déformée par rapport à sa propre conviction éthique, mais représente aussi un signe pour l’environnement sanitaire dans lequel on se trouve, ainsi que vis-à-vis des patients eux-mêmes et de leurs familles».

    Respect et dialogue dans l’objection de conscience

    L’objection de conscience, a rappelé le Pape, doit toutefois être «accomplie avec respect, pour qu’elle ne devienne pas un motif de mépris ou d’orgueil», mais au contraire être comprise comme une sincère recherche du «bien des personnes».

    «Se faire compagnons de voyage de celui qui est à côté de nous, en particulier des derniers, des plus oubliés, des exclus : ceci est le meilleur moyen pour comprendre à fond et avec vérité les différentes situations et le bien moral qui est impliqué. C’est aussi la voie pour rendre le meilleur témoignage à l’Évangile, qui jette sur la personne la lumière puissante qui continue à se projeter sur tout être humain à partir du Seigneur Jésus», a insisté François.

    Les malades sont des personnes et non pas des nombres

    Jésus nous a fait sentir le toucher et la voix de Dieu, et il nous a enseigné que chaque individu, surtout le plus petit, «n’est pas un numéro, mais une personne, et une personne unique et irremplaçable».

    «Justement, l’effort de traiter les malades comme des personnes, et non pas comme des numéros, doit être accompli à notre époque en tenant compte de la forme que le système sanitaire a progressivement assumé. Sa transformation en logique d’entreprise marchande, qui a mis au premier plan les exigences de réductions des coûts et de rationalisation des services, a profondément transformé l’approche de la maladie et du malade lui-même, avec une préférence pour l’efficacité qui a mis au deuxième plan l’attention à la personne, qui a besoin d’être comprise, écoutée et accompagnée, tout comme elle a besoin d’un diagnostic correct et d’un soin efficace.»

    L’importance de la spiritualité

    La guérison, a encore expliqué le Pape, «passe non seulement par le corps, mais aussi par l’esprit, par la capacité de retrouver la confiance et de réagir», avec laquelle «le malade ne peut pas être traité comme une machine» et «le système sanitaire, public ou privé, ne peut pas se concevoir comme un chaîne de montage. Les personnes ne sont jamais égales entre elles, elles doivent être traitées et comprises une par une.»

    Le risque, avec cette tendance à la marchandisation, c’est que les opérateurs de santé eux-mêmes deviennent des numéros, «brûlés» par les plannings de travail trop durs, par le stress des urgences ou par l’impact émotionnel. Il est donc important que les opérateurs de santé aient un accompagnement adéquat et une bonne formation, qui ne soit pas «seulement un débat, une étude et une mise à jour, mais qui puisse accorder un soin particulier à la spiritualité, de façon à redécouvrir et apprécier cette dimension fondamentale de la personne».

  • Nouvelle reconnaissance d'un martyr espagnol lors de la Guerre civile

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    D'Aleteia.org :

    Père de famille et médecin, le martyre de Mariano Mullerat I Soldevila

    MARIANO MULLERAT I SOLDEVIA

    Nous sommes en 1936. La guerre d’Espagne fait rage. Mariano Mullerat i Soldevilla, un médecin espagnol, est arrêté, enlevé et tué à cause de sa foi chrétienne. Il est reconnu martyr par l'Église Catholique et a été béatifié le 23 mars 2019.

    Mariano Mullerat I Soldevila était un médecin espagnol, connu pour sa dévotion et son engagement auprès des pauvres. En 1936, alors que la guerre civile espagnole fait rage, il est arrêté par la milice, puis tué. Jusqu’au bout, il aura aimé Dieu. Au point de lui donner sa vie. L’Eglise catholique le reconnaît comme martyr. Il a été béatifié par le cardinal Giovanni Angelo Becciu à Tarragone, le 23 mars 2019.

  • Des catholiques chinois mobilisés pour empêcher la démolition de statues

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    Du "Portail catholique suisse" cath.ch :

    Chine: sit-in de catholiques pour empêcher la démolition de statues

    18.05.2019 par Jacques Berset, cath.ch

    Des catholiques chinois ont organisé un sit-in afin d’empêcher les autorités locales de démolir des statues sur le site du sanctuaire de Shengdiliang, dans le diocèse de Xiwanzi, situé dans la province chinoise du Hebei. Ils craignent une nouvelle série de persécutions après que les autorités aient dépouillé de sa croix une église de la province.

    Lorsque les fidèles ont appris que les autorités prévoyaient de démolir les statues de Jésus Bon Pasteur, de l’évêque lazariste Joseph-Martial Mouly, premier évêque de Xiwanzi, et du Père lazariste Matthieu Shi, premier curé de la paroisse de la ville, ils ont commencé à passer la nuit sur le site, dès le 13 mai 2018. Quelques jours plus tard, une vingtaine de catholiques gardaient encore le sanctuaire à flanc de colline et étaient surveillés par les autorités.

    Lire la suite sur cath.ch

  • Burkina Faso : la série noire continue...

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    De Vatican News :

    Nouvel assassinat d’un prêtre au Burkina Faso

    Un salésien espagnol a été poignardé ce vendredi 17 mai 2019 dans la ville de Bobo Dioulasso, au sud-ouest du pays.

    L’Église catholique du Burkina Faso fait face à une nouvelle épreuve, au terme d’une semaine particulièrement dramatique, déjà marquée par deux attentats, les dimanche 12 et lundi 13 mai, qui avaient coûté la vie à 10 personnes. L’agence Fides, organe lié à la Congrégation pour l’Évangélisation des peuples, a fait savoir ce samedi que le père Fernando Fernández, un prêtre salésien de nationalité espagnole, a été poignardé hier vers midi, dans le centre salésien de Don Bosco dans la ville de Bobo Dioulasso, au sud-ouest du Burkina Faso. L'information nous a été directement confirmée par l'archevêché.

    Durant le déjeuner, un ancien cuisinier qui avait travaillé durant sept ans dans cette structure, s’est jeté avec un couteau sur le religieux espagnol, en le tuant. Un autre prêtre, de nationalité togolaise, le père Germain Plakoo-Mlapa, directeur des études, a été blessé, mais il a été hospitalisé et il est maintenant hors de danger. L’assassin a été immédiatement arrêté par la police, lui évitant un lynchage de la part des étudiants et des autres gens accourus entre temps. Selon les premiers éléments de l’enquête, il semble que le cuisinier aurait voulu se venger de son licenciement, survenu il y a deux mois.

    Le père Fernández était l’économe du centre Don Bosco de Bobo-Dioulasso, la deuxième ville du Burkina Faso, qui se trouve au sud-ouest du pays, dans la province de Houet, à environ 300 kilomètres de la capitale Ouagadougou. Les salésiens ont développé trois institutions dans cette ville : un centre d’aide pour les enfants des rues, un centre d’alphabétisation, et un centre de formation professionnelle avec plus de 300 étudiants.

    L’assassinat du salésien espagnol est le dernier épisode en date d’une série de violences à l’encontre des communautés religieuses du pays. Le 15 février dernier, un autre prêtre salésien espagnol, le père Antonio César Fernández Fernández, avait été tué dans un attaque djihadiste perpétrée à 40 kilomètres de la frontière sud du Burkina Faso. Et cette semaine, deux attentats très graves ont frappé la communauté catholique. Le dimanche 12 mai, un groupe armé a attaqué la paroisse de Dablo, tuant le prêtre Siméon Yampa ainsi que cinq fidèles. Le lendemain, lundi 13 mai, c’est une procession mariale qui était visée à Singa. Quatre fidèles ont été exécutés par des agresseurs qui ont détruit la statue de la Vierge.

  • Face à la violence, les musulmans doivent sortir de leur silence

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    A lire sur le site du portail catholique suisse :

    Daniel Marguerat: face à la violence, les musulmans doivent sortir de leur silence

    17.05.2019 par Jacques Berset, cath.ch

    Face à la violence islamiste, les musulmans doivent sortir de leur silence, estime le théologien protestant Daniel Marguerat, professeur honoraire de l’Université de Lausanne. Ce spécialiste du Nouveau Testament prend la défense de Shafique Keshavjee, auteur du livre controversé “L’islam conquérant”.

    Daniel Marguerat demande aux musulmans de faire une relecture critique du Coran, et  prend  ouvertement la défense des chrétiens persécutés dans certains pays musulmans, et dont le sort est souvent ignoré par la grande presse occidentale.

    à lire ICI

  • Chine : pèlerinages interdits, le Fujian étend son emprise sur les catholiques clandestins

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    Du site Bitter Winter :

    Pèlerinages interdits, le Fujian étend son emprise sur les catholiques clandestins

     

    Les autorités ont adopté de nouvelles mesures de répression, notamment l’interdiction des pèlerinages et la « conversion politique » personnalisée, à l’encontre de ceux qui refusent d’adhérer à l’Association patriotique des catholiques chinois.

    An Xin

    La basilique Notre-Dame de Bon-Secours de Sheshan, sanctuaire national, située au sommet de la colline de Sheshan, dans le district de Songjiang à Shanghai, est une grande église catholique romaine et un célèbre lieu de pèlerinage. Alors que d’autres lieux de pèlerinage ont été la cible de mesures de répression, Sheshan reste la seule destination du pays à continuer d’accueillir des pèlerins catholiques clandestins chinois. Des dizaines de milliers de fidèles s’y rendent chaque année en mai, le mois des dévotions à la Vierge Marie, malgré les mesures de restriction et de répression constantes du gouvernement.

    À plus de 800 kilomètres de Sheshan, un gouvernement local de la province de Fujian a lancé une opération pour empêcher les pèlerinages à la Basilique en 2019. Selon un document que Bitter Winter a pu obtenir, en prévision du 70e anniversaire de la République populaire de Chine cette année, les autorités « renforcent la sensibilité politique et la planification du travail », pour sauvegarder la sécurité et la stabilité sociales et politiques et éliminer tous les éléments considérés comme « instables » tels que l’Église catholique clandestine.

    Le document contient une liste de mesures préventives spécifiques :
    – la Brigade de sécurité nationale, la Brigade de sécurité du réseau et les postes de police de proximité doivent renforcer la collecte d’indices sur les mouvements de catholiques clandestins qui organisent des pèlerinages de groupe sur la colline de Sheshan sous différents noms ;
    – obtenir des informations sur les organisations religieuses et les groupes étrangers « anti-PCC » qui participent aux activités de pèlerinage sur la colline de Sheshan ;
    – exercer un contrôle strict sur le clergé et les croyants qui relèvent de la juridiction, et mettre tout en œuvre pour empêcher les églises clandestines d’organiser des pèlerinages de groupe sur la colline de Sheshan ;
    – intensifier la surveillance sur Internet et les téléphones portables ; supprimer ou bloquer rapidement les informations « nuisibles » (c’est-à-dire susceptibles de nuire à la capacité du PCC à maintenir sa stabilité politique) pour éliminer les « éléments instables » et punir, conformément à la loi, les individus qui diffusent des informations « nuisibles ».

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  • En Inde, les attaques contre les chrétiens se multiplient

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    Du site des Missions Etrangères de Paris :

    Père Savarimuthu Sabkar : « Depuis 2014, on observe de nombreuses attaques contre les chrétiens »

    17/05/2019

    En Inde, les agressions contre les minorités religieuses, en particulier les musulmans et les chrétiens, se sont multipliées depuis l’arrivée au pouvoir, en 2014, de Narendra Modi et du parti nationaliste hindou du BJP. Ce thème n’a pas manqué d’être évoqué dans la campagne électorale, alors que le scrutin législatif marathon, qui convoque 900 millions d’électeurs aux urnes, va s’achever le 19 mai. À la cathédrale du Sacré-Cœur de Delhi, le père Savarimuthu Sabkar, porte-parole de l’archidiocèse de Delhi, alerte sur l’augmentation des attaques perpétrées contre la petite minorité chrétienne en Inde, qui représente un peu plus de 2,3 % d’une population d’1,3 milliards d’Indiens. L’organisation Portes ouvertes classe l’Inde au 10e rang des pays où les chrétiens sont les plus persécutés.

    Églises d’Asie : En quoi la situation de la minorité catholique a-t-elle changé en Inde depuis l’arrivée au pouvoir, en 2014, de Narendra Modi et du parti nationaliste hindou du BJP ?

    Père Savarimuthu Sabkar : Les groupes marginaux de l’hindutva, (« l’hindouité », basée sur la suprématie ethnique de la majorité hindoue, ndlr), que l’on surnomme les « groupes safran », sont plus téméraires. Ils pensent agir comme ils l’entendent et être au-dessus des lois. Ils ont un sentiment d’immunité et d’impunité : ils croient qu’ils ne seront ni arrêtés ni condamnés. Depuis 2014, on observe de nombreuses attaques contre les chrétiens. Les difficultés se concentrent en particulier dans les petites paroisses des zones rurales, au cœur de la région hindiphone du nord de l’Inde, comme en Uttar Pradesh ou au Rajasthan. Depuis le mois de janvier de cette année, 86 incidents ont déjà été répertoriés. Mais cela n’est jamais mentionné dans les grands médias. C’est comme si la situation était passée sous silence par la presse.

    Sous-entendez-vous qu’il y aurait une pression exercée sur les médias afin qu’ils ne publient pas ce genre d’informations ?

    Probablement. Qui contrôle les médias ? Aujourd’hui, il est très clair que les propriétaires des grandes maisons de presse sont pro-BJP et pro gouvernement. Personne n’ose poser les vraies questions au gouvernement.

    Les chrétiens sont-ils visés uniquement par des groupes extrémistes ou par l’ensemble de l’appareil politique et idéologique du BJP ?

    Nous faisons face à deux organisations principales. Il y a d’une part l’organisation du RSS (le Corps des volontaires nationaux, matrice idéologique du BJP où Narendra Modi a fait ses classes, et qui avait été interdit après l’assassinat du Mahatma Gandhi par l’un de ses membres, ndlr) et, d’autre part le BJP, visage politique du RSS, sans mentionner les dizaines d’autres organisations qui leur sont liées. Le cœur de l’idéologie du RSS est de penser que l’Inde est une nation hindoue. Selon ce principe, si les musulmans et les chrétiens veulent rester en Inde, ils doivent être à la merci de la majorité hindoue. L’excuse est de dire que les incidents contre les minorités ne sont causés que par des extrémistes. Mais c’est pourtant dans l’ADN même de l’idéologie du RSS et du BJP, basée sur la suprématie hindoue.

    J’ai rencontré Narendra Modi en 2014, la veille de Noël, avec un groupe d’évêques. Il nous a dit que nous ne pouvions pas être ensemble. Comment un Premier ministre peut-il dire une telle chose ? Nous avons réagi et il nous a alors dit qu’il protégerait notre minorité car c’était aussi sa responsabilité. Mais ses propos nous ont choqués. Des déclarations fréquentes de plusieurs responsables politiques du BJP avancent l’idée de libérer l’Inde des chrétiens et des musulmans d’ici 2021. Certains ont déclaré que les hindous étaient les enfants légitimes de l’Inde et que les musulmans et les chrétiens étaient illégitimes. C’est très préoccupant. Il y a aussi eu des attaques à l’encontre de Mère Teresa, l’accusant et de n’avoir visé qu’à convertir des gens.

    Les attaques dirigées contre les chrétiens le sont-elles ainsi toujours sous le prétexte des « conversions forcées » au christianisme ?

    C’est souvent le cas. En général, la police procède à l’arrestation du pasteur ou du prêtre en affirmant qu’il dérange l’ordre public. Lors des arrestations, les policiers ne viennent pas seuls et sont toujours accompagnés par un large groupe d’extrémistes hindous. C’est là où qu’est le problème. Ensuite, il nous faut entamer une procédure judiciaire pour défendre le droit des inculpés à prêcher leur religion, en accord avec la Constitution. Et ils sont finalement relâchés.

    Est-ce que les organisations et les ONG évangéliques, qui ont une approche prosélyte et affichent une politique de conversion, ne ternissent pas le nom des autres chrétiens ?

    Le vrai problème n’est pas là. La Constitution de l’Inde donne le droit à des individus de se convertir. Si quelqu’un veut être baptisé, il en a le droit. Pour cela, il y a toute une procédure, qui mêle à la fois une initiation religieuse et une certification légale avec un document à signer pour affirmer sa pleine liberté dans l’acte de se convertir. Parfois, certains groupes évangéliques ne suivent pas correctement la procédure ; je ne le nie pas. Mais je ne peux pas les blâmer en les accusant d’être la cause du problème : nous avons des procédures, des lois et une police qui sont en charge de faire appliquer les lois et de trancher sur ces questions. Pourquoi des brigades hindoues deviennent-elles les gardiennes de la loi, de la culture et de la religion hindoue ?

    En Inde, il y a toujours eu des incidents contre les chrétiens. Ce n’est pas nouveau.

    C’est vrai. Mais les statistiques montrent néanmoins que les attaques contre notre communauté sont en augmentation constante. Le problème actuel concerne l’impunité des auteurs de ces attaques. Personne n’est jamais arrêté. Les attaquants ne visent pas seulement des chrétiens mais aussi les musulmans qui, quant à eux, ont été victimes de lynchages. Beaucoup d’entre eux ont été tués (d’après l’organisation Human Rights Watch, au moins 44 personnes, dont 36 musulmans, ont été tués entre mai 2015 et décembre 2018, ndlr). Dans les campagnes, les communautés religieuses étaient unifiées. L’Église avait une influence auprès des hindous. Aujourd’hui, l’atmosphère a changé : tout est interprété selon la division religieuse et les lignes communales. C’est un vrai danger. Nous, chrétiens et musulmans, sommes les victimes. Aujourd’hui, nous savons que les nationalistes hindous visent ces deux minorités religieuses. Pour unir nos forces, nous avons développé davantage de dialogue et d’unité entre nous.

    Vous restez aussi une communauté très influente qui, par exemple, dirige les meilleures écoles du pays.

    Les nationalistes hindous n’ont aucun problème avec le fait que nous dirigions de grandes institutions éducatives et certains d’entre eux les fréquentent. Mais ils ne veulent pas que nous éduquions les pauvres et que nous les poussions à se battre pour revendiquer leurs droits.

    Pensez-vous que le RSS ait une réelle stratégie visant à cibler les minorités ?

    Le RSS prétend même avoir une sorte d’armée parallèle, avec des hommes en uniformes. Leur stratégie est de créer des agitations religieuses et d’intervenir pour « maintenir l’ordre ». Leur cible principale concerne les musulmans. Ils nous voient comme une menace moindre car nous sommes inférieurs en nombre.

    Avez-vous le sentiment que ces milices hindoues sont de mieux en mieux organisées ?

    Non, elles deviennent juste plus audacieuses. Mais aujourd’hui, les gens réalisent ce qui est en train de se passer. Et les partis politiques d’opposition sont puissants, en particulier en Uttar Pradesh. Et puis il faut savoir que si le nord du pays, le cœur hindiphone, vote pour Narendra Modi, cela n’est pas du tout le cas dans le sud de l’Inde, mieux éduqué et qui reste très opposé à l’idéologie nationaliste hindoue.

    Votre communauté affiche son inquiétude. Le mois dernier, pour la première fois depuis sa nomination en 2013, l’archevêque de Delhi, Mgr Anil Couto, a écrit une lettre ouverte pour dénoncer « une atmosphère politique turbulente » qui « menace les principes démocratiques » de la nation…

    En réalité, la peur ne concerne pas seulement notre communauté. Nous sommes face à une menace pour notre pays, pour notre identité « séculaire » (multiconfessionnelle, ndlr) et nos valeurs constitutionnelles. Tous les groupes de la société civile sont inquiets. Nous craignons que le BJP procède à des modifications de notre Constitution. Notre archevêque a ainsi évoqué une « atmosphère politique turbulente », ce qui a créé la polémique. Mais le climat et les événements qui ont lieu en Inde, y compris les questions sur l’indépendance de notre système judiciaire, nous obligent à mener une réflexion sur ce qui est en train de se passer.

    La situation actuelle des chrétiens en Inde est-elle comprise à l’étranger ?

    Nous sommes dans une meilleure position que d’autres pays dans le monde, mais en Inde, nous étions dans une meilleure position par le passé. La beauté de l’Inde et de toute son identité interreligieuse est en train de se désintégrer.

    (EDA / propos recueillis par Vanessa Dougnac)