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Débats - Page 116

  • Le Dieu Pan est de retour. Rites, morale et doctrine de la nouvelle religion de la nature

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    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso, en traduction française sur Diakonos.be :

    Le Dieu Pan est de retour. Rites, morale et doctrine de la nouvelle religion de la nature

    Que l’Église catholique subisse, voire soutienne l’avènement d’une nouvelle religion de la nature, avec comme symbole le dieu Pan, n’a rien d’une théorie bizarre. C’est au contraire la thèse, soutenue par des arguments convaincants, de la philosophe française Chantal Delsol dans son dernier essai : « La fin de la Chrétienté », disponible depuis quelques jours en librairie y compris en Italie, aux éditions Cantagalli.

    Delsol ne craint pas une islamisation de l’Europe. Les musulmans européens eux-mêmes sont chamboulés par le changement culturel en cours. « Certainement – écrit-elle dans ‘Le Figaro’ où elle est éditorialiste – les fondements du judéo-christianisme se sont effondrés. Le premier étant la foi en l’existence de la vérité, qui nous vient des Grecs. Puis l’idée du temps linéaire, qui historiquement nous a donné l’idée du progrès, c’est pourquoi on revient au temps cyclique avec l’annonce de catastrophes apocalyptiques. Enfin, c’est la foi dans la dignité substantielle de l’être humain qui est effacée pour faire place à une dignité conférée depuis l’extérieur, sociale et non plus substantielle, comme c’était le cas avant le christianisme. »

    La religion qui émerge est une nouvelle forme de paganisme, avec la nature au centre, sacralisée. Dans le bref extrait de son livre que nous reproduisons ci-dessous, Delsol explique cette mutation, qui n’a plus l’Église mais l’État comme officiant. Les seuls qui pourront encore conserver ce qui reste de la véritable foi chrétienne ne pourront être que des minorités, espérons-le créatives, faites de témoins, d’« agents secrets » de Dieu.

    Delsol n’est pas la seule voix qui s’élève en France pour analyser la mutation culturelle qui traverse et bouleverse le christianisme aujourd’hui. Il est surprenant que dans un pays dans lequel les baptisés ne représentent déjà plus que moins de la moitié de la population et où la pratique catholique s’est effondrée, il y ait un intérêt à ce point extraordinaire pour de telles questions chez des intellectuels et des écrivains, y compris non-croyants.

    Fin octobre dernier, « Le Figaro » organisait à Paris un dialogue de haut vol entre le philosophe catholique Pierre Manent et l’écrivain Alain Finkielkraut, membre de l’Académie française, republié dans son intégralité en Italie par le journal « Il Foglio » du 2 novembre sous le titre : « È morto il tuo Dio, Europa ? Una religione civile ha soppiantato di Dio di Pascal ». Dans ce dialogue, les deux érudits s’accordent avec Delsol pour situer la mutation actuelle du christianisme dans une religion simplement naturelle, humanitaire, dont l’Église s’est rendue complice par sa reddition.

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  • Le Fonds des Nations Unies pour la population promeut un cadre de "justice reproductive" pro-avortement

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    De Rebecca Oas sur le Friday Fax :

    Le Fonds des Nations Unies pour la population promeut un cadre de "justice reproductive" pro-avortement

    17 novembre 2022

    WASHINGTON, D.C., 18 novembre (C-Fam) Depuis des décennies, des questions controversées comme l'avortement ont compliqué, bloqué et fait échouer les négociations de l'ONU.  Le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) mise sur une nouvelle stratégie pour surmonter l'opposition à l'avortement : un cadre issu de la politique raciale américaine appelé " justice reproductive ".

    Il y a deux ans, le FNUAP a organisé le sommet de Nairobi, au cours duquel les gouvernements n'ont pas été autorisés à négocier.  Au lieu de cela, la réunion a été largement mise en scène par l'UNFPA, et a produit une déclaration contenant un langage ambigu qui n'a jamais été accepté par les gouvernements membres de l'ONU.

    Pour marquer le deuxième anniversaire du sommet, l'UNFPA a publié un rapport déclarant que "la justice sexuelle et reproductive est le moyen de concrétiser les engagements du sommet de Nairobi".

    Le Sommet de Nairobi a été organisé pour commémorer la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD) de 1994, qui a introduit des expressions telles que "santé sexuelle et reproductive" et "droits reproductifs" dans le discours des Nations unies.  Si la conférence a fait entrer l'avortement dans la politique de l'ONU pour la première fois, elle a également établi d'importants garde-fous.  L'avortement n'était pas un droit de l'homme international et ne devait jamais être promu en tant que méthode de planification familiale.

    Des décennies plus tard, et après des échecs répétés pour obtenir un résultat négocié incluant un droit humain à l'avortement, les agences de l'ONU ont de plus en plus choisi de contourner les négociations gouvernementales.

    Les engagements non négociés du Sommet de Nairobi ont été présentés comme un moyen d'obtenir les résultats négociés de la CIPD.  Aujourd'hui, l'encadrement de la "justice reproductive" est présenté comme un moyen non négocié de réaliser l'agenda de Nairobi.

    Qu'est-ce que la "justice reproductive" ?  Contrairement à la "santé reproductive" ou aux "droits reproductifs", elle n'a jamais été officiellement définie par l'Assemblée générale des Nations unies. Cependant, elle est apparue en 1994 lors de la CIPD, où ces termes ont été définis.  À cette époque, une coalition de féministes noires aux États-Unis a publié une pleine page de publicité dans le Washington Post et d'autres journaux, appelant à la "justice reproductive".  En lettres majuscules, elle déclare que ses signataires n'approuveront aucune réforme des soins de santé qui exclut l'avortement.  Elles demandent également que l'avortement soit entièrement couvert, quelle que soit la capacité de paiement de la femme, "sans interférence du gouvernement".

    Le mouvement de "justice reproductive" aux États-Unis est né en opposition au cadre "pro-choix" défendu par des féministes principalement blanches.  Ces dernières années, il a été repris par des groupes internationaux favorables à l'avortement et par l'UNFPA, alors que les questions d'inégalité raciale faisaient la une des journaux du monde entier, à la suite des émeutes de George Floyd aux États-Unis et de la montée du mouvement "Black Lives Matter".

    Au cours de cette période, plusieurs groupes internationaux de défense de l'avortement ont vu leurs dirigeants évincés sur fond d'allégations de partialité raciale.

    Le système des droits de l'homme de l'ONU s'est également emparé de la question de l'avortement - non seulement légal, mais également subventionné par le gouvernement - en tant que question de justice raciale.  Le Dr Tlaleng Mofokeng, actuel rapporteur spécial sur le droit à la santé et fervent défenseur de l'avortement, a avancé cet argument dans un récent rapport thématique.

    Récemment, l'organe de surveillance du respect de la convention des Nations unies contre la discrimination raciale a pris à partie les États-Unis pour la décision de la Cour suprême qui a fait de l'avortement un droit national.  Le comité a fait valoir que les restrictions à l'avortement affecteraient de manière disproportionnée les minorités raciales.  Alors que cet organe de traité particulier a largement évité cette question dans le passé, les groupes pro-avortement font de plus en plus pression sur le comité pour qu'il publie un commentaire général dénonçant les restrictions nationales à l'avortement au nom de la justice raciale.

    Pour les gouvernements qui défendent des positions pro-vie à l'Assemblée générale des Nations unies, une chose est claire : la "justice reproductive" signifie que l'avortement est un droit humain, financé par le gouvernement par le biais des contribuables.

    Il convient de noter qu'aux États-Unis, l'avortement emporte plus de 40 % des bébés noirs in utero.

  • Liturgie - Vatican II : un survol des questions et des problèmes (1962-1965) (Denis Crouan)

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    Liturgie 26 : Le Concile Vatican II : un survol des questions et des problèmes (1962-1965), par Denis Crouan

    https://youtu.be/M5bwZflUuvk  

    Jean XXIII n’envisageait pas une réforme de la liturgie romaine, mais plutôt sa restauration. Il visait une purification des exagérations accumulées et non la fabrication d’un nouveau missel. La Constitution « Sacrosanctum Concilium » est le premier document du concile Vatican II. Son premier chapitre porte : « Il appartient en propre [à la liturgie] d’être à la fois humaine et divine, visible et riche de réalités invisibles, fervente dans l’action et adonnée à la contemplation, présente dans le monde et cependant en chemin. Mais de telle sorte qu’en elle ce qui est humain est ordonné et soumis au divin…» 

    Cependant, le Conseil pour l’application de la Constitution sur la liturgie, créé en 1964 par Paul VI, va donner une lecture maximaliste de la restauration - qui donnera lieu à une refonte de tous les livres liturgiques avec un but : promouvoir la « participation active » des fidèles. Cela aboutira à trois dérives non voulues par le Concile : 1° remplacement complet, dans les faits, du latin par les langues vernaculaires (et en conséquence, fin du grégorien) ; 2° simplification exagérée des rites ; 3° adaptation à la mode du temps pour les goûts et les souhaits des fidèles. 

    COURS DE LITURGIE, PAR DENIS CROUAN, DOCTEUR EN THEOLOGIE, 2022 

    Pour accéder à la totalité de la playlist :  

    https://www.youtube.com/playlist?list=PLuko328jWH_06CYFfUP8d6v_vzl9f4UbI 

    Cours donné par Denis Crouan, docteur en théologie, en entretien interactif avec Arnaud Dumouch. 

    Vidéo du site http://docteurangelique.free.fr/fichiers/InstitutDocteurAngelique.htm, les œuvres complètes en français de saint Thomas d'Aquin. 

    Denis Crouan 2022. 

  • Une Eglise post-épiscopale ?

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    De Massimo Faggioli sur Commonweal :

    L'Église des évêques n'existe plus ?
    La crise épiscopale du catholicisme

    15 novembre 2022

    L'importance de l'assemblée plénière de l'USCCB (Conférence des évêques catholiques des Etats-Unis) de cet automne ne fait guère de doute. D'une part, le vice-président de la conférence, Mgr Allen Vigneron, archevêque de Détroit, ne sera pas le favori de l'élection présidentielle parce qu'il ne sera pas candidat : à soixante-quatorze ans, il devrait, comme tous les évêques, présenter sa démission en atteignant soixante-quinze ans. (On sait aujourd'hui que c'est Mgr Broglio qui lui succède ndb) D'autre part, c'est la première plénière depuis que la Cour suprême a annulé Roe. Enfin, les nouveaux dirigeants seront à la barre jusqu'à l'élection présidentielle américaine de 2024, lorsque nous apprendrons peut-être quel est le soutien des catholiques américains à la démocratie américaine.

    Mais cette réunion des évêques est également importante à un niveau plus profond. Elle intervient alors que l'Église catholique est en passe de devenir, d'une certaine manière, une Église "post-épiscopale", c'est-à-dire une Église qui n'est plus épiscopale. Et cela aura probablement un impact dramatique sur la façon dont le catholicisme peut influencer et interagir avec les valeurs sociales et politiques américaines.

    La situation découle de la chute précipitée des vocations. Nous avons encore des évêques, des prêtres et des diacres, bien sûr, mais il est impossible d'imaginer une Église dans laquelle il y aurait un prêtre pour chaque paroisse - sauf en important du clergé d'autres pays. Entre-temps, une étude récente de l'Université catholique d'Amérique montre une baisse notable du niveau de confiance des prêtres envers leurs évêques. Ce schisme "organisationnel" serait une source d'inquiétude dans toute organisation, mais surtout dans une organisation religieuse.

    Il y a presque deux ans, le pape François a ouvert les ministères institués de lecteur et d'acolyte aux femmes, mais cela n'a pas réussi à capter l'attention de la plupart des femmes qui servent déjà dans l'Église ou qui aimeraient le faire. Parmi les évêques, cela a suscité encore moins d'enthousiasme. On pourrait en dire autant de la création du ministère institué de catéchiste par François en mai 2021. Dans une Église évangélisatrice qui se veut toute ministérielle, l'idée même de ministère reste identifiée à l'ordination.

    La situation est encore plus difficile pour le ministère des évêques. La crise post-conciliaire du sacerdoce et des ordres religieux n'est pas surprenante, étant donné le traitement superficiel que Vatican II et ses documents finaux ont réservé à ces ministères et à leur rôle dans l'Église. Mais la situation des évêques est surprenante. Vatican II n'était pas seulement un concile fait par les évêques, mais aussi, dans un certain sens, pour les évêques : il leur offrait la collégialité épiscopale, un nouveau langage pour la pastorale locale, plus de contrôle sur le clergé diocésain et, surtout, sur les ordres religieux dans leurs diocèses. La célébration même de Vatican II était la preuve qu'à partir de ce moment-là, l'épiscopat allait non seulement exister mais aussi compter.

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  • L'Église a besoin d'une encyclique du pape condamnant l'idéologie du genre

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    De Michael Haynes sur LifeSiteNews :

    Un cardinal néerlandais : L'Église a besoin d'une encyclique papale condamnant l'idéologie du genre

    En tant qu'Église, nous n'avons pas beaucoup parlé de ce sujet ", a déclaré le Père Eijk.

    16 novembre 2022

    Le cardinal néerlandais Wim Eijk a révélé qu'il avait demandé au pape François de publier une encyclique condamnant la théorie du genre, après avoir lancé des appels en faveur d'un tel document les années précédentes.

    Le journal catholique néerlandais Katholiek Nieuwsblad rapporte qu'Eijk a fait ces commentaires alors qu'il était à Rome la semaine dernière pour la visite ad limina des évêques catholiques néerlandais.

    "J'ai demandé s'il ne serait pas bon que le pape publie une encyclique sur la théorie du genre", a déclaré Eijk aux journalistes. 

    "La théorie du genre est mise en avant dans toutes sortes d'organisations et pourtant, en tant qu'Église, nous n'avons pas dit grand-chose à ce sujet", a ajouté M. Eijk, qui est archevêque d'Utrecht depuis 2007.

    Bien que sa demande n'ait apparemment pas été adressée directement au pape François, Mgr Eijk a déclaré qu'il l'avait enregistrée auprès du cardinal américain Kevin Farfell, préfet du Dicastère pour les laïcs, la famille et la vie.

    Eijk a déjà lancé des avertissements similaires sur la prévalence de l'idéologie du genre. En 2016, il a déclaré qu'une encyclique "pourrait sembler nécessaire" pour lutter contre la propagation de l'idéologie du genre.

    "Elle [la théorie du genre] se répand et se propage partout dans le monde occidental, et nous devons avertir les gens", a déclaré Eijk. Il a ajouté que les catholiques acceptaient cette idéologie radicale "de manière très facile, même les parents, parce qu'ils n'entendent rien d'autre."

    "Du point de vue de la théologie morale, c'est clair - vous n'êtes pas autorisé à changer de sexe de cette façon", a-t-il dit. 

    Eijk s'en est fait l'écho lors du Forum sur la vie de Rome 2019, en déclarant qu'exposer les erreurs de la théorie du genre est "de la plus grande urgence, parce qu'en raison de cette théorie, non seulement la moralité sexuelle, mais aussi la proclamation de la foi chrétienne en elle-même, sont en jeu."

    Ayant précédemment reproché à Amoris Laetitia de "fracturer" l'Église, Eijk a également déclaré que le pape François pourrait éventuellement faire partie de la "dernière épreuve" pour l'Église avant la seconde venue du Christ.

  • L'Ancien Rite ne doit jamais être méprisé ni dévalorisé (Enzo Bianchi)

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    Du blog "Messa in latino" (MIL) :

    15 novembre 2022

    Enzo Bianchi sur Vita Pastorale défend l'Ancien Rite : "il ne doit jamais être méprisé ni dévalorisé" #traditioniscustodes

    Ces dernières années, il y a eu de nombreuses attaques (bien que préjugés, injustes et gratuits) contre l'Ancien Rite sur Vita Pastorale (...); cette fois, nous avons été vraiment agréablement surpris de voir une défense explicite du Vetus Ordo publiée dans le numéro 10 (Nov. 2022). Et notre étonnement incrédule a été encore plus grand en voyant que l'auteur est Enzo Bianchi, ancien prieur de Bose, sur la communion ecclésiale et la liturgie.

    MiL n'a jamais, dans le passé, ignoré les vues et opinions doctrinales et théologiques d'Enzo Bianchi les remettant en question. Mais cette fois, il faut l'admettre, il a écrit des mots étonnamment favorables aux fidèles traditionalistes et a critiqué la guerre contre eux et les accusations portées contre eux.  A LIRE !

    Il reprend quelque peu sa pensée bienveillante, en faveur de la communion liturgique et de la paix ecclésiale, déjà exprimée en décembre 2017 également dans les pages de Vita Pastorale. L'article que nous publions aujourd'hui n'est pas totalement agréable, mais il centre le propos sur la crise actuelle de la liturgie, sur la persécution immotivée et incohérente qui est faite au détriment des traditionalistes, et il y a, en outre, quelques ouvertures sur la liturgie traditionnelle qui nous ont, agréablement, étonnés. 

    "[...] les traditionalistes constituent une minorité bien établie, non négligeable et très efficace en termes de communication et de visibilité. Dans une diaspora catholique, parmi des catholiques toujours moins nombreux, leur présence apparaît significative et capable de s'exprimer avec un militantisme persévérant. [Pratiquer l'œcuménisme avec tant de communautés chrétiennes, parfois gravement appauvries du noyau de la foi dans le Christ, et ne pas savoir dialoguer et marcher aussi avec les traditionalistes n'est certainement pas un signe d'authentique charité fraternelle, ni de conscience d'être unis par l'unum baptisma, l'unique baptême, qui fait de nous des frères et des disciples de Jésus-Christ. [...] J'ai donc envoyé mes frères moines à l'abbaye française du Barroux, une communauté florissante, pour apprendre à faire du pain, et lors de mes séjours dans ce monastère et dans d'autres monastères traditionalistes, j'ai pu vérifier que même avec eux "il est beau et doux de vivre ensemble". J'ai senti qu'ils étaient simplement des frères, et j'avoue que je me sentais mieux parmi eux que dans certains monastères qui prétendent être fidèles à Vatican II mais vivent une vie de résidence religieuse non monastique. [...] A mon avis, la situation est dramatique et je comprends que les amoureux de la tradition ne parviennent jamais à accéder au nouvel Ordo mais restent ancrés au rite ancien qui ne doit jamais être méprisé et dévalorisé."

    Merci !

    La communion ecclésiale

    La messe ne peut être un lieu de contestation et de division fraternelle.
    Et la liturgie, si elle n'est pas une célébration de l'Évangile, ne peut attirer personne.
    Publié dans : Dossier Vita Pastorale - n 10 novembre 2022
    par Enzo Bianchi

    Le pape François écrit dans sa lettre apostolique Desiderio desideravi que les tensions, malheureusement présentes autour de la célébration, ne peuvent pas être jugées comme une simple divergence de sensibilité envers une forme rituelle, mais qu'elles doivent être comprises comme des divergences ecclésiologiques. C'est pourquoi il a senti le devoir d'affirmer que "les livres liturgiques promulgués par les saints pontifes Paul VI et Jean-Paul II, en comparaison avec les décrets du Concile Vatican II, sont l'unique expression de la lex orandi du Rite romain" (TC, art. 1).
    L'expression est forte et péremptoire, mais ne nie certainement pas que le Vetus Ordo en vigueur jusqu'à la Réforme Liturgique était dans ces siècles une expression de la lex orandi du Rite Romain.

    Certes, la liturgie catholique actuelle, qui a de toute façon toujours et continuellement besoin d'être réformée, car l'Eglise est semper reformanda, exprime la prière du rite romain, mais elle exprime surtout la foi de l'Eglise d'aujourd'hui, une foi dans la tradition, mais approfondie, enrichie, car la liturgie grandit avec sa célébration toujours renouvelée. Ce qui se passe pour la liturgie se passe pour la Parole de Dieu : Divina Scriptura cum legente crescit !

    D'autre part, il faut rappeler à tous que la tradition est ce qui transmet le fondement de la foi. Le danger est de s'accrocher à la tradition et non à ce qu'elle transmet. Une tradition ne vit pas si elle n'est pas renouvelée.

    C'est pourquoi le pape François, dans Desiderio desideravi, réaffirme que le mandat qu'il a reçu en tant que successeur de l'apôtre Pierre lui impose de sauvegarder et de confirmer la communion ecclésiale catholique dans une recherche incessante de l'unité. Mais il n'échappe à personne que cette unité à laquelle toute l'Eglise doit tendre, et qui ne sera pleine qu'à l'éschaton, est contredite par des portions de fidèles qui se veulent et se disent fidèles à la tradition, et enfin brisée par la réalité née du schisme de Mgr Marcel Lefebvre. Il est vrai qu'en Italie cette présence des traditionalistes est très limitée et circonscrite, et pour cette raison l'Eglise italienne n'y prête pas beaucoup d'attention, mais nous savons bien que dans d'autres pays - surtout en France, en Allemagne et aux Etats-Unis - les traditionalistes constituent une minorité bien établie, pas petite et très efficace en termes de communication et de visibilité. Dans une diaspora catholique, parmi des catholiques toujours moins nombreux, leur présence apparaît significative et capable de s'exprimer avec un militantisme persévérant.

    Il faut préciser d'emblée qu'il s'agit d'une présence bigarrée, présentant différents visages, différents styles, différentes manières d'être dans la communion ecclésiale, avec des manières très différentes de lutter pour continuer à exister : d'une critique pondérée et légère, à une contestation presque continue, à une délégitimation de l'Église catholique, du pape François et des évêques. Parfois, nous assistons à la transformation d'une critique consciencieuse et filiale en une accusation dure et convaincue de trahison de la foi, et donc en une accusation d'hérésie.

    La situation est grave, et il est temps de cesser de sourire de cette partie de l'église, voire de la railler et de la mépriser. Pratiquer l'œcuménisme avec tant de communautés chrétiennes, parfois gravement appauvries du noyau de la foi en Christ, et ne pas savoir dialoguer et marcher aussi avec les traditionalistes n'est certainement pas un signe d'authentique charité fraternelle, ni de conscience d'être unis par l'unum baptisma, l'unique baptême, qui fait de nous des frères et des disciples de Jésus-Christ.

    Pouvons-nous arriver à un discernement serein et doux de cette réalité ? Dans mon existence de moine et de chrétien catholique, toujours attentif à la vie très différente des églises, de même que j'ai toujours fréquenté des églises et des monastères de communautés chrétiennes non pas catholiques mais orthodoxes ou réformées, de même j'ai toujours fréquenté des communautés ou des monastères qui, désireux de rester fidèles à la tradition antérieure à la réforme liturgique, ont pu continuer à vivre la liturgie en la célébrant avec le Vetus Ordo. Il ne m'a certainement pas suffi de contempler, de participer et d'apprécier la beauté des rites et du chant grégorien, mais j'ai regardé de près la vie humaine et spirituelle de ces communautés, et j'ai toujours observé un amour sincère pour la liturgie, une fidélité sérieuse et profonde à la tradition monastique, vécue avec une intention évangélique, riche d'initiatives et de travail pour vivre la condition de tous les hommes, une vie commune capable d'une grande charité. J'ai donc envoyé mes frères moines à l'abbaye française du Barroux, une communauté florissante, pour apprendre à faire du pain, et lors de mes séjours dans ce monastère et dans d'autres monastères traditionalistes, j'ai pu vérifier que même avec eux "il est beau et doux de vivre ensemble". J'ai senti qu'ils étaient simplement des frères, et j'avoue que je me sentais mieux parmi eux que dans certains monastères qui prétendent être fidèles à Vatican II, mais vivent une vie de résidence religieuse non monastique.

    L'interview que le nouvel abbé de Solesmes a donnée après l'audience avec le pape François le 5 septembre 2022 reste significative. Dom Geoffroy Kemlin est à la tête d'une congrégation de monastères dans laquelle certains célèbrent avec le Vetus Ordo préconciliaire tandis que d'autres suivent la réforme de Paul VI, en vigueur dans toute l'Eglise catholique latine. Il lui incombait donc de faire connaître au pape les réactions à Traditionis custodes en France et de lui demander comment il devait agir dans l'application du Motu proprio dans ses monastères. Le pape François lui aurait dit à ce propos que c'est à lui, l'abbé de Solesmes, de faire le discernement, et non à lui, même s'il est le pape, parce qu'il vit à deux mille kilomètres. Littéralement : "Tu es un moine, et le discernement est propre aux moines. Je ne vous dis ni oui ni non, mais je vous laisse discerner et prendre une décision". Un conseil, celui-là, que le Pape a également donné à certains évêques français, et cela nous dit que ce que le Pape veut vraiment, c'est l'unité, ce qui n'empêche pas une diversité de rite tant que la foi catholique du mystère eucharistique est honorée.

    Lors d'une audience avec le pape François en 2014, le pape m'a demandé ce que je pensais des traditionalistes, et je lui ai dit : " Votre Sainteté, s'ils acceptent le concile Vatican II, s'ils acceptent vraiment votre ministère en tant que successeur de Pierre, s'ils déclarent valides la réforme liturgique et l'eucharistie réglementée par Paul VI, laissez-les vivre... L'église doit accepter une communion plurielle, elle ne peut plus être monolithique dans ses formes.

    Je reste du même avis après toutes ces années où l'Eucharistie, de lien d'unité, est devenue une cause de division. Et pour cela il est nécessaire que non seulement ceux qui rechutent dans la nostalgie du passé - les "indietristes", comme les appelle le Pape - prennent leur responsabilité, mais aussi ceux qui n'ont pas été clairs avec les traditionalistes, ils ont été duplicites et ambigus, les poussant sans en avoir l'air sur des positions de contestation et de rupture avec l'Église.

    L'Ecclesia Dei a-t-elle toujours agi avec véracité, loyauté, transparence en tissant un dialogue avec ces parties de l'Eglise ?

    Et de quel côté se trouvaient certains cardinaux et évêques après le Concile : en adhérant à Vatican II et à la réforme qui s'en est suivie ou en la critiquant au point d'en diminuer l'autorité ?

    Nous connaissons déjà tellement de tensions et d'oppositions dans l'Eglise aujourd'hui que nous ne pouvons pas nous permettre de perdre ne serait-ce que la paix eucharistique. La messe ne peut être un lieu de contestation et de division fraternelle, et pour que s'ouvre un chemin de vraie communion, il est plus que jamais nécessaire que la célébration du Novus Ordo soit pratiquée en évitant le laisser-aller, la banalité, la laideur. Actuellement, la situation fait qu'il est vraiment difficile pour de nombreux catholiques d'assister à la liturgie pour en tirer des fruits spirituels. Trop de mise en avant de la part de l'officiant, trop de verbiage, des chants mal édités et indignes, des homélies qui se nourrissent désormais presque exclusivement de sciences humaines, de psychologie, d'histoire de l'art : tout cela enchante tout le monde mais ne convertit personne.

    A mon avis, la situation est dramatique, et je comprends que les amoureux de la tradition soient toujours incapables d'accéder au nouvel Ordo mais restent ancrés au rite ancien, qui ne doit jamais être méprisé ou dévalorisé. La liturgie, si elle n'est pas un mystère ordonné, si elle n'est pas belle même dans sa simplicité, si elle n'est pas une célébration de l'Évangile, ne peut attirer personne, pas même par la grâce. L'unité catholique ne peut et ne doit donc pas être une uniformité, mais une harmonie multiforme, une communion plurielle, dans laquelle chacun et tous trouvent la possibilité d'une participation vivante. Traditionis custodes et Desiderio desideravi doivent être une invitation pour tous à renouveler la foi eucharistique à travers une belle célébration de l'Eucharistie vécue comme une communion et non comme une occasion de division ecclésiale.

  • "Foi et raison" propose deux videos sur 'sciences et preuves de Dieu' avec Dominique Lambert

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    Sur la chaine youtube de "Foi et raison" (voir ICI) :

    Interview du professeur Dominique Lambert (UNamur), physicien et philosophe des sciences, sur les conditions du dialogue entre sciences et théologie, et plus spécifiquement, dans cette 1ère partie, sur la question des preuves de l’existence (ou de l’inexistence) de Dieu à partir des sciences de la nature.

    00:00 Intro

    00:55 Peut-on prouver l’existence de Dieu à l’aide des sciences naturelles ?

    6:50 La philosophie peut-elle proposer des arguments rationnels et convaincants ?

    14:30 Les sciences répondent à la question « comment ? » et la religion à la question « pourquoi ? » : vraiment ?

    Seconde partie de l'interview du professeur Dominique Lambert (UNamur), physicien et philosophe des sciences, sur les conditions du dialogue entre sciences et théologie.

    00:00 Intro

    00:10 George Lemaître

    07:35 Commencement et Création

    14:10 Jean Ladrière ; Dialogue entre sciences et théologie ; Blondel

    20:32 D’où vient cette tendance à faire du concordisme ?

  • Quand Pie XII entre en action

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    Du Père Michel Viot sur zenit.org :

    Pie XII entre en action

    4e partie de la série sur Pie XII (voir ICI, ICI et ICI)

    Des paroles contenues, mais des actions efficaces sous le fil d’un couperet. La mémoire de l’œuvre de Pie XII mérite d’être restaurée. 

    Sous le coup de la guerre

    Le 10 mai 1940 le pape adresse aux souverains de Belgique, de Hollande et du Luxembourg un avis très clairement « anti allemand », selon le jugement de Wladimir d’Ormesson. 

    Plus important, l’historien allemand Feldkamp a découvert dans les archives du Vatican concernant le règne de Pie XII, un document que le Jésuite Pierre Blet connaissait : En mars 1942, deux mois après la conférence de Wannsee sur la solution finale, Pie XII avait envoyé à Roosevelt, qui ne l’a pas cru, un télégramme l’avertissant du plan d’extermination des Juifs d’Europe ! Pie XII a alors crée son propre bureau sur les persécutions juives au sein de la deuxième section de la secrétairerie d’État. Cette année est d’ailleurs capitale pour lui car elle vient confirmer la justesse de sa position. 1942 est l’année des rafles et Pie XII avait laissé totale liberté aux évêques pour agir au mieux pour sauver des vies. Mais ces rafles prennent de l’ampleur. Le Pape connaît leur sinistre destination. Il avait écrit un texte de protestation, décidant de rompre son attitude habituelle devant l’horreur de ce qu’il sait maintenant de manière sûre. Il apprend alors la rafle des Pays-Bas et la protestation publique des évêques. Résultat, la rafle redouble d’ampleur. Même les Juifs convertis au catholicisme sont déportés, Edith Stein (religieuse carmélite) et sa sœur sont envoyées à la mort. Et le témoignage de la sœur Pasqualina qui se trouvait aux côtés du pape Pie XII depuis 1919, est confirmé par les documents d’archives. Le pape en larmes brûle le discours qu’il voulait prononcer, et conserve sa première attitude, ce qui ne l’empêchera pas d’agir autrement. 

    Dans son message de Noël 1942, le Pie XII déclarera sur Radio Vatican que « des centaines de milliers de personnes qui, sans aucune faute propre, parfois uniquement en raison de leur nationalité ou de leur race, sont destinées à la mort ou au dépérissement ». L’année qui suit, 1943 va lui fournir une autre occasion d’agir. En interne, Pie XII a justifié son attitude prudente car le 30 avril l’évêque de Berlin, son ami, le cardinal Konrad von Preysling lui avait demandé d’intervenir publiquement en faveur des Juifs de Berlin, et il n’avait pas donné suite. Cependant Radio Vatican fait savoir le 26 juin que « quiconque établit une distinction entre les Juifs et les autres hommes est un infidèle ». 

    Le 25 juillet les Allemands envahissent le nord de l’Italie, car Mussolini a été renversé et Hitler fait savoir à son entourage qu’il va envahir le Vatican (État neutre) et tient des propos menaçants. Les allemands arrivent jusqu’à Rome et dans la nuit du 15 octobre a lieu une rafle importante de Juifs romains. Il convient de rappeler que les SS étaient présents à Rome dès le 11 septembre 1943, et que leur commandant avait l’ordre d’arrêter tous les Juifs de Rome. Celui-ci, Herbert Kappler exigea une rançon de 50 kg d’or pour ne pas le faire. Le grand rabbin de Rome fit appel au pape, car il n’avait pas les moyens de verser toute la somme. Le pape en fournit 15 kg, en partie sur sa fortune personnelle, ce qui expliquerait la diminution importante de celle-ci à sa mort au grand étonnement de ses héritiers. Hitler envoie alors Dannecker avec des milices de la Waffen-SS pour procéder à la rafle qui aboutit à l’arrestation d’un millier de Juifs romains qu’on rassemble sous les fenêtres du pape. La provocation est évidente. C’est à cette occasion que Pie XII demande à son secrétaire d’État, le cardinal Maglione, de convoquer l’ambassadeur d’Allemagne au Vatican Ernst von Weizsäcker. Tant par l’ambassadeur, nazi notoire, que par le général Stahel qui ne l’était pas, le pape apprend de son secrétaire d’État que s’il fait une déclaration publique, le Vatican sera considéré comme ennemi du Reich et ses locaux occupés, et on lui fait savoir que les 15000 réfugiés Juifs qui se tiennent cachés au Vatican seraient tous arrêtés.

    Les archives dévoilées

    Le journaliste allemand Hesemann, qui fut un des premiers chercheurs à pouvoir consulter les archives du pontificat de Pie XII en 2020, a étudié particulièrement les documents de la secrétairerie d’État d’octobre 1943. Dès le 25 septembre le général allemand commandant en chef à Rome, Rainer Stahel, avait déclaré le collège pontifical croate Saint-Jérôme, propriété de l’État du Vatican, et interdit aux soldats allemands d’y pénétrer. Cela valait évidemment pour la cité de Vatican elle-même. Mais Pie XII était allé plus loin. Il avait demandé 550 autres attestations du même type, pour d’autres lieux. Ainsi au moins 4465 des 8000 juifs de Rome avaient pu être cachés dans 235 couvents romains. Il faut préciser que ces attestations avaient été imprimées au Vatican et présentées simplement aux autorités allemandes pour signature. Notre journaliste a pu aussi relever de très nombreuses interventions de nonces là où il y avait déportation, mais avec peu de succès. 

    Pie XII renonça donc à une déclaration publique, non sans avoir essayé d’obtenir que le millier de Juifs raflés ne soient pas déportés. Stahel ne put que promettre une intervention de sa part, ce qu’il fit vraisemblablement, allant jusqu’à justifier son attitude vis à vis du pape par les difficultés qu’il aurait pu rencontrer auprès de ses soldats catholiques s’il était allé plus loin. Une chose est sûre et montre qu’après son aventure italienne ce général, qui jusque là était bien vu,  fut envoyé sur le front de l’Est et fait prisonnier par les russes ; il mourut en captivité dans un camp. Weizsäcker qui appartenait à la SS fit partie du deuxième groupe de criminels de guerre condamnés à Nuremberg à 10 ans de prison.

    La guerre achevée, en 1945 le Congrès juif mondial adresse au pape Pie XII ses remerciements « Pendant les dix années de la terreur nazie, quand notre peuple a souffert un martyre effroyable, la voix du pape s’est élevée pour condamner les bourreaux et pour exprimer sa compassion envers les victimes », et pourtant le pape n’avait pas fait de grandes déclarations officielles, mais il avait agi. Le Grand Rabbin de Rome se convertit, avec son épouse au catholicisme et prit le nom de baptême d’Eugenio, expliquant dans ses mémoires « La rayonnante charité du pape, penchée sur toutes les misères engendrées par la guerre, sa bonté pour mes coreligionnaires traqués, furent pour moi l’ouragan qui balaya mes scrupules à me faire catholique. Le 26 mai 1955, un orchestre composé de musiciens juifs de 14 pays exécuta la neuvième symphonie de Beethoven au Vatican « en reconnaissance de l’œuvre humanitaire grandiose accomplie par Sa Sainteté pour sauver un grand nombre de Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale ». Madame Golda Meir, ministre des affaires étrangères d’Israël lui rendra un émouvant témoignage en 1958. Elle voulait qu’il fût déclaré Juste parmi les nations. Vœu que reprendra le rabbin américain David Dalin en 2001, dans un article. Il écrira en 2007 un livre qu’il faut absolument lire « Pie XII et les Juifs » qui détaille et développe ce que j’ai exposé.

    En guise de conclusion …

    … je voudrais rappeler enfin que les origines de la « légende noire » de Pie XII furent politiques et intervinrent en force à partir de 1960. Cela faisait partie de la propagande communiste que j’ai connue et vécue. Elle se manifesta dans des domaines multiples, y compris la théologie, et y a laissé des traces. D’une certaine façon le père Gumpel a achevé son travail comme postulateur de la cause puisqu’un miracle est nécessaire pour la béatification. Mais cela ne dispense pas de la prière des fidèles, bien au contraire. 

    Tout n’est pas dit sur les archives disponibles depuis 2020. On ne s’y est pas précipité en grand nombre, mais on continue à répandre des inepties et des contre-vérités sur Pie XII. Il vaudrait donc la peine qu’un successeur soit donné au père Gumpel. Le livre de Johan Icks sorti en 2021 sur Pie XII et les Juifs s’attarde sur les activités du bureau spécial créé par Pie XII, au sein de la deuxième section de la Secrétairerie d’État, pour aider les Juifs. Il a travaillé avec le père Gumpel et donne des chiffres importants de demandes d’aides qui, selon lui, devraient être revus à la hausse ! C’est pourquoi la vénérable Compagnie de Jésus complèterait utilement ses nombreuses aides apportées au cours des siècles à l’Église catholique en demandant à l’un de ses membres de continuer l’œuvre du père Gumpel en matière d’édition, pour instruire le peuple catholique et aussi pour guider l’activité spirituelle nécessaire à toute demande de béatification. 

    Ce travail ne concernerait donc pas que l’histoire, mais l’unité catholique, Pie XII n’étant pas qu’un grand diplomate et un grand pasteur, mais aussi un mystique visionnaire, qui eut le privilège de passer les frontières de deux siècles, de vivre dès ce monde une expérience d’éternité incarnant en sa personne une forme de continuité et de permanence qui donne au mot catholique tout son sens. Et contrairement à l’idée reçue, ses orientations pastorales d’après guerre, étayées par son encyclique Mediator Dei, seront le déclencheur du deuxième concile du Vatican. 

  • Gad Elmaleh : une conversion qui interpelle

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    De KTO TV sur youtube  :

  • Les garde-fous ne peuvent pas rendre l'euthanasie sûre

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    De Robert Clarke sur First Things :

    LES "GARDE-FOUS" NE PEUVENT PAS RENDRE L'EUTHANASIE SÛRE

    11 . 14 . 22

    Le 4 octobre, la Cour européenne des droits de l'homme a jugé que la Belgique avait violé le droit à la vie avec l'euthanasie de Mme Godelieva de Troyer en 2012. Bien que l'arrêt n'ait pas condamné la loi belge sur l'euthanasie dans son ensemble, il a conclu que la Belgique a commis une violation du droit à la vie dans le cas de Mme de Troyer. Cette décision devrait obliger la Belgique à réformer son régime d'euthanasie et offre une occasion unique de lutter contre le culte du meurtre sanctionné par l'État qui se répand dans le monde occidental.

    Mme De Troyer a été tuée par injection létale en 2012, à l'âge de 64 ans. Elle était en bonne santé physique, mais souffrait d'une grave dépression. Les médecins ont conclu que, comme elle avait été diagnostiquée comme "incurable", elle remplissait les conditions requises pour être euthanasiée en vertu de la loi belge. Son fils, Tom Mortier, n'a appris son décès que lorsque l'hôpital l'a appelé pour lui demander de récupérer ses affaires. Bien que Tom Mortier ait été jusqu'alors indifférent au débat sur l'euthanasie, l'euthanasie de sa mère l'a incité à saisir la plus haute juridiction européenne des droits de l'homme. J'ai eu l'honneur de le représenter, en apportant deux arguments principaux : 1) contre la loi belge sur l'euthanasie et 2) contre la loi telle qu'elle a été appliquée dans le cas de M. de Troyer.

    Dix ans plus tard, la Cour a rendu son arrêt. Elle n'a pas trouvé de problème avec le cadre belge de l'euthanasie (et a affirmé que l'euthanasie ne viole pas nécessairement l'article 2 de la Convention européenne des droits de l'homme, qui concerne le droit à la vie). En revanche, elle a constaté une violation du droit à la vie dans la manière dont la Belgique a traité l'euthanasie de M. de Troyer. La Cour a estimé que, dans ce cas, la convention avait été violée parce que l'organisme belge créé pour réglementer et examiner les cas d'euthanasie - la Commission fédérale de contrôle et d'évaluation de l'euthanasie - "manquait d'indépendance".

    Le médecin qui a administré l'injection à de Troyer - l'un des principaux partisans de l'euthanasie en Belgique - dirige également la Commission fédérale. Compte tenu de ce conflit d'intérêts, la Cour a estimé à l'unanimité qu'il y a eu "violation de l'article 2 de la Convention en raison des déficiences dans la supervision post-mortem de l'euthanasie pratiquée".

    Selon la Cour, les gouvernements ont une obligation procédurale positive de respecter le droit à la vie, ce qui implique de mener une enquête lorsqu'une personne perd la vie dans des circonstances suspectes. Étant donné que Mme de Troyer a été euthanasiée sur la base d'un "trouble de la personnalité et de l'humeur", comme indiqué dans l'arrêt, et qu'elle "ne croyait plus à la guérison ou au traitement", les circonstances de sa mort étaient intrinsèquement suspectes. Le médecin dans cette affaire (et beaucoup d'autres) est apparemment resté assis en silence dans la pièce pendant que les autres membres de la commission déterminaient si sa conduite devait faire l'objet d'une enquête et, éventuellement, de poursuites. Sous son œil attentif, la commission n'a, sans surprise, procédé à aucun renvoi. En fait, sur les plus de 20 000 cas que la commission a examinés, elle n'en a renvoyé qu'un seul pour enquête complémentaire.

    Si la Cour a eu raison de condamner le traitement du cas de M. de Troyer, il était illogique de ne pas condamner également la loi belge sur l'euthanasie dans son ensemble. Au lieu de cela, la Cour a estimé que le droit à la vie garanti par l'article 2 n'interdit pas l'euthanasie légale, pour autant que des "garanties" suffisantes soient assurées. Ironiquement, les " garanties " de la Belgique - la Commission fédérale et la possibilité concomitante de poursuites - ont entraîné la violation dans le cas de M. de Troyer. Mais comme la Cour a maintenu que les États disposent d'une large "marge d'appréciation" pour déterminer l'"équilibre" entre le droit à la vie et la mort par choix, elle a estimé que le cadre juridique belge ne violait pas le droit à la vie.

    Malgré l'incohérence de sa décision, le fait que la Cour ait conclu à une violation des droits de l'homme révèle des fissures dans la façade élaborée des "garanties" de l'euthanasie. L'euthanasie est sûre. L'euthanasie est rare. L'euthanasie est indolore. Ce sont les mensonges sur lesquels repose l'édifice de l'euthanasie. La décision de la Cour démontre qu'aucune " garantie " ne peut rendre l'euthanasie sûre. Ce qui s'est passé en Belgique depuis la légalisation de l'euthanasie il y a vingt ans le montre clairement.

    Au cours des deux dernières décennies, près de 30 000 Belges ont été euthanasiés. Près de vingt pour cent des décès par euthanasie l'année dernière étaient des personnes dont on ne s'attendait pas à ce qu'elles meurent bientôt naturellement. Depuis 2014, il est légal d'euthanasier des enfants. La Belgique a jugé qu'un nombre croissant d'affections non physiques et non graves pouvaient donner lieu à une euthanasie. En outre, le processus d'évaluation de la conformité reste intrinsèquement corrompu, étant donné la nature auto-sélective de la machine de mort : Aucun médecin véritablement attaché au serment d'Hippocrate n'est prêt à y participer.

    Les défenseurs de la vie ont raison de demander : que se passe-t-il maintenant ? La Belgique a reçu un blâme clair de la Cour pour ses abus en matière d'euthanasie, mais le cadre juridique reste incontesté. Si elle veut réagir sérieusement, le pays doit remanier ses mécanismes d'examen, en supprimant la commission militante et en faisant intervenir des voix dissidentes. Bien que cela soit loin d'être suffisant, cela pourrait au moins permettre d'exposer l'immense corruption qui imprègne le système de la mort sponsorisée par l'État. Le problème est qu'il est peu probable que de véritables dissidents siègent au sein d'une commission créée pour approuver - après coup - l'interruption intentionnelle de la vie dans des conditions subjectives.

    Il existe une pente glissante évidente entre l'approbation de l'euthanasie dans de rares cas terminaux et l'approbation de n'importe quel diagnostic de santé mentale. Shanti de Corte, 23 ans, a récemment été euthanasiée en raison du traumatisme mental qu'elle a subi lors de l'attaque terroriste de l'aéroport de Bruxelles en 2016, après laquelle elle ne s'est "jamais sentie en sécurité." Sa mort signale l'échec de notre société à soutenir les personnes vulnérables et blessées. Nous avons abandonné les soins authentiques et la compassion au profit de la mort.

    Aujourd'hui, un mouvement se développe au Canada pour étendre l'euthanasie aux nourrissons qui souffrent de "malformations graves". L'infanticide légal est la prochaine étape macabre d'une vision du monde qui rejette l'imparfait et le non désiré, et qui considère la mort comme la meilleure réponse que nous pouvons offrir à la douleur, à la souffrance ou à la solitude. L'idéologie de l'euthanasie ne contient aucun principe limitatif.

    Alors que les attaques contre la vie deviennent de plus en plus flagrantes, rejetons avec audace ce meurtre commis au nom de la médecine et de la compassion. La Cour européenne des droits de l'homme nous a donné l'occasion de contester les mensonges qui étayent l'agenda de l'euthanasie. Il incombe aux défenseurs des droits de l'homme du monde entier de mettre en lumière la sombre réalité de cette pratique.

    Robert Clarke est avocat et directeur adjoint de l'ADF International.

  • Et si l’Église était la seule institution qui assume sa responsabilité systémique dans les abus sexuels ?

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    Une tribune de l'historien Paul Airiau est parue ce 14 novembre sur le site du journal La Croix :

    « L’Église demeure la seule institution qui assume sa responsabilité systémique dans les abus sexuels »

    Les déclarations d’Éric de Moulins Beaufort sur les « 11 évêques » mis en cause dans des affaires d’abus ont suscité de multiples réactions. L’historien Paul Airiau confesse dans ce texte les observer avec un certain « cynisme », y lisant parfois un « refus de voir » et même de « l’autoflagellation et du nombrilisme ».

    Membre pendant deux ans de l’équipe de recherches sociohistoriques de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église, je ne suis pas sans observer avec un cynisme certain les réactions aux récentes informations sur les « évêques abuseurs ».

    En effet, une partie d’entre elles n’est pas neuve. Sur onze évêques mis en cause, six étaient connus (Pican, Fort, Barbarin, Di Falco, Gaschignard, Lafont). Il suffisait de compiler, ce que personne, pas même la presse, n’avait publiquement fait. Mais il ne suffit pas d’avoir des yeux, encore faut-il vouloir regarder. Les réactions récentes prouvent qu’on ne l’a pas voulu et qu’on se rattrape en vitupérant. De même, l’horreur exprimée quant au fait qu’on ait pu nommer évêques des abuseurs montre que les catholiques ignorent les processus de sélection des futurs évêques.

    Car que des prêtres aient abusé ou soient accusés de l’avoir fait, et aient malgré tout été promus, signifie simplement que l’enquête préalable n’avait rien révélé – comme elle est secrète, elle ne favorise pas vraiment la révélation d’agressions. Sinon, ils ne seraient jamais devenus évêques. Le large dépouillement des archives diocésaines l’a établi : si les autorités couvrent en étouffant, jamais elles ne permettent aux abuseurs identifiés d’avancer dans la hiérarchie. Les faits sont têtus. Encore faudrait-il accepter de les connaître.

    Aucun sacrement n’empêche de pécher

    De même, en bonne théologie et anthropologie catholiques, si l’on s’inscrit dans ce cadre, il faudrait accepter qu’aucun sacrement, y compris une ordination épiscopale, n’ait jamais empêché de pécher ensuite – sinon, on n’aurait pas inventé la pénitence sacramentelle. Qu’on puisse attendre l’exemplarité des hiérarques, certes. Mais qu’on se scandalise qu’il n’en soit pas ainsi, c’est faire preuve d’un angélisme naïf qui passe par pertes et profits deux mille ans d’histoire, et qui estime que le présent et le futur ne verront jamais se reproduire les hontes passées. Comme si la Weltanschauung catholique ne disait pas qu’il n’en sera jamais ainsi jusqu’à la complétude des temps…

    Que ces affaires remettent en cause l’attachement à l’Église, l’historien ne peut que l’entendre et le constater. Mais cela ne l’empêchera pas de penser qu’un tel attachement, récent dans ses formes actuelles, est comparable à celui que les communistes eurent longtemps à leur parti : une idolâtrie névrotique qui conduit à croire « en l’Église » comme l’on croit « en Dieu ». Personne n’a d’ailleurs vraiment relevé que la liturgique traduction du Credo de Nicée-Constantinople était fautive, et que cette formule officielle disait beaucoup de la conception fort cléricale que les clercs se faisaient du rapport que les fidèles devaient avoir à l’institution.

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  • Rejeter la logique du politique dans l'Église

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    Lu sur le site National Catholic Register :

    « ÉDITORIAL : À la différence d'une communauté politique, l'unité de l'Église n'est pas notre propre effort. C'est une œuvre de Dieu, qui a garanti que les portes de l'enfer ne prévaudraient jamais contre elle.

    Cette année, les élections de mi-mandat ont été suivies une semaine plus tard par l'assemblée générale de la Conférence des évêques catholiques des États-Unis, au cours de laquelle les évêques devaient élire un nouveau président de conférence et plusieurs autres officiers. La juxtaposition des deux élections offre une occasion importante de réfléchir aux différences entre la politique mondaine et la communion ecclésiale - et au danger de laisser la logique de la première informer notre participation à la seconde.

    C'est particulièrement une menace aujourd'hui, alors que notre culture est dominée par la politique électorale, qui se caractérise de plus en plus par la politique partisane de la corde raide et des compétitions à somme nulle pour le pouvoir. Ce type de guerre politique offre un mode de réflexion sur toutes les formes de communauté et de relations, et si nous ne sommes pas vigilants, cela peut commencer à caractériser la manière dont nous comprenons et vivons notre appartenance à l'Église.

    Le cardinal Joseph Ratzinger a mis en garde contre cela dans une homélie instructive, intitulée plus tard « Parti du Christ ou Église de Jésus-Christ ? Le futur pape a averti que des «conflits entre factions» peuvent survenir dans l'Église lorsque chacun «développe [notre] propre idée du christianisme», qui «nous cache la parole du Dieu vivant, et l'Église disparaît derrière les partis qui se développent de notre opinion personnelle. 

    Ce n'est pas nier que l'Église est politique, en un sens, parce qu'elle doit s'organiser dans ses dimensions humaines. Cela ne nous empêche pas non plus de croire que certains clercs sont mieux équipés pour diriger l'Église que d'autres, ou de porter des jugements sur les processus et les idées qui nuisent à la vie de l'Église. Au lieu de cela, le cardinal Ratzinger critique une attitude plus fondamentale qui réduit notre appartenance à l'Église et la façon dont nous y opérons à un principe de choix personnel. « Nous avons du mal à comprendre la foi [autrement] que comme une décision pour une cause que j'aime et à laquelle je souhaite donc apporter mon soutien », écrit-il. Le problème, cependant, est que l'Église devient alors la nôtre au lieu de celle de Christ. Cette attitude sous-tend les approches de la réforme de l'Église qui l'adaptent aux temps et à la volonté du monde, 

    Mais, ironiquement, nous pouvons aussi traiter l'Église comme le Parti du Christ dans notre défense de l'enseignement orthodoxe, alors que notre motivation est davantage animée par l'attachement à quelque chose que nous préférons que par la fidélité à ce que l'Église enseigne. Chaque fois que cette attitude est adoptée, nous portons atteinte à l'unité ecclésiale, sans parler du témoignage de l'Église au reste du monde, et nous risquons de développer nombre des névroses que l'on peut voir dans la politique terrestre, qui ont pris un caractère presque apocalyptique pour beaucoup .

    La solution, écrit le cardinal Ratzinger, est « d'abandonner mon goût et de me soumettre » au Christ et à ce qu'il nous a donné. "Seule l'unité de la foi de l'Église et de son autorité, qui s'impose à chaque membre, nous assure que nous ne suivons pas les opinions humaines et que nous n'adhérons pas à des groupements de parti faits par nous-mêmes, mais que nous appartenons au Seigneur et que nous lui obéissons." 

    Contrairement à une communauté politique, l'unité de l'Église n'est pas notre propre effort. C'est une œuvre de Dieu, qui a garanti que les portes de l'enfer ne prévaudraient jamais contre elle. Réfléchir à cette vérité peut susciter un bon examen de conscience, peut-être surtout pour ceux d'entre nous qui écrivent et lisent le journalisme catholique. Et plutôt que de produire du quiétisme, cela peut approfondir notre détermination à nous opposer à l'erreur et à la division au sein de l'Église, animée non par des préférences personnelles, mais par l'amour du Christ et du prochain. À son tour, une attitude ecclésiale appropriée peut également conduire à un engagement plus sain dans la politique terrestre. 

    Parce que si, à travers l'Église, nous appartenons vraiment au Christ, alors nous n'avons pas besoin de considérer la politique comme notre salut, ni comme quelque chose à craindre et à éviter. Au lieu de cela, nous pouvons y entrer avec l'humilité et la liberté des enfants de Dieu. »

    Ref. Rejeter la logique du politique dans l'Église