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Débats - Page 193

  • Liège : ouverture d’un cycle de cours libres pour la formation religieuse des jeunes adultes en l’église du Saint-Sacrement au Bd d’Avroy.

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    eglise_du_Saint-Sacrement_de_Liege-681x1024.jpgLes cours sont gratuits. Ils se déroulent dans les locaux de l’église (Bd d’Avroy, 132), au rythme de l’année académique, un jeudi par mois, de 19h00 à 21h00, sous la forme d’une leçon suivie d’un lunch-débat convivial.

    Le premier cycle (année académique 2021-2022) est dédié à la doctrine sociale de l’Eglise. L’enseignement sur ce thème est assuré par Mme Anne-Marie Libert, licenciée en philosophie et en sciences religieuses, chargée de cours au Séminaire de Namur (SND) et professeur à l’Institut Diocésain de Formation (IDF-Namur).

    Le cycle s’est ouvert le jeudi 21 octobre dernier par un exposé introductif de Mme Libert sur la vision anthropologique qui fonde l’enseignement social de l’Eglise. On trouvera ci-après une synthèse paraphrasant l’exposé littéral.

    La prochaine rencontre aura lieu le jeudi 11 novembre 2021 de 19h00 à 21h00. Elle sera dédiée à la notion de Bien Commun.

    Renseignements et inscriptions : sursumcorda@skynet.be

    Première leçon du jeudi 21 octobre à 19h00

    FONDEMENTS ANTHROPOLOGIQUES

    Synthèse de l’exposé

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  • Le pape à venir : plutôt Jean-Paul III que Jean XXIV

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    De Stefano Fontana sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    Le pape à venir : plus Jean-Paul III que Jean XXIV

    8-11-2021

    Il ne confondra pas ses opinions personnelles avec l'enseignement constant de l'Église ; il accueillera les critiques sérieuses de ceux qui partagent la responsabilité de l'Église ; et s'il parle durement aux autres, il ne rabaissera ni sa propre dignité ni celle des autres. Dans la papauté de l'avenir vue à travers les yeux du biographe de Karol Wojtyla, Weigel, on peut voir à contre-jour une réaction au système François. Plus un Jean Paul III qu'un Jean XXIV.

    Le livre The Next Pope de George Weigel, publié l'année dernière en Amérique par Ignatius Press et maintenant en Italie par Fede & Cultura, est arrivé en Italie. Le théologien et biographe de Jean-Paul II tente de préfigurer ce que devrait être et ce que devrait faire le successeur de François, celui que ce dernier, de son côté, a déjà appelé "Jean XXIV". Le livre aborde tous les aspects d'une sorte d'"agenda papal", en se concentrant non seulement sur les choses à faire, mais aussi et surtout en précisant le sens du ministère pétrinien par rapport aux différentes sphères de la vie de l'Église et du monde, et surtout par rapport à l'évangélisation, ou nouvelle évangélisation, un concept que Weigel aime reprendre à Jean-Paul II.

    La figure de ce dernier est très présente dans le livre, comme l'un des points de référence fondamentaux pour le nouveau pape. Cela est sans doute dû à la familiarité de Weigel avec un pontife dont il a écrit une biographie détaillée, mais cela tient aussi à la vision que Weigel exprime des besoins de l'Église aujourd'hui. En parcourant les différents chapitres du livre, le lecteur est de plus en plus convaincu que, tout bien considéré, l'esprit et le cœur de Weigel sont davantage faits pour un Jean XXIV que pour un Jean Paul III. Soyons clairs, l'auteur exprime une grande estime pour Jean XXIII et évalue positivement, même si ce fut trop hâtif, son ouverture à l'Esprit en convoquant le Concile, et place aussi bien Jean Paul II que Benoît XVI dans la continuité de celui-ci. Selon lui, c'est précisément cette continuité qui doit être reprise par The Next Pope et relancée, raison pour laquelle il n'est pas sans fondement de lire dans le livre le souhait, jamais déclaré mais indiqué en filigrane, d'un Jean-Paul III.

    Lu de cette façon, le livre est aussi une description implicite des grandes lignes du pontificat actuel qui, par rapport aux besoins d'évangélisation que le prochain pape devrait faire siens, montrent leurs côtés sombres. Les exemples sont nombreux.

    Weigel, en tant que wojtylien convaincu, parle encore d'évangélisation et même de nouvelle évangélisation. Ces concepts, surtout le second, sont clairement dans le moule de Jean-Paul II. Des concepts qui, pourtant, sont aujourd'hui négligés, voire abandonnés. Les réitérer et en faire une extrême nécessité de l'Église de demain, c'est lier le discours non pas à François mais précisément à Jean-Paul II. L'expression "nouvelle évangélisation" peut revêtir deux significations. Dans un premier sens, elle signifie "différente de ce qu'elle était auparavant", dans un second sens, elle signifie "celle de la première évangélisation lancée et relancée". Le premier sens est celui de François, le second celui de Jean-Paul II. Mais il est clair que Weigel l'utilise dans ce second sens et, par conséquent, ne peut s'empêcher de signaler indirectement les obscurités du premier sens. C'est seulement le fait qu'il parle de "nouvelle évangélisation" alors que plus personne dans l'Eglise de François n'utilise cette expression et que se répand plutôt l'idée que de telles revendications seraient entachées de prosélytisme, ce qui traduit un choix clair.

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  • "Il y a un lien entre la confusion doctrinale et la dépravation d’un nombre relativement important de clercs"

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    De Denis Crouan sur Pro Liturgia :

    4 novembre 2021

    Il est devenu de plus en plus évident, en apprenant la quantité incroyable de scandales de toutes sortes qui secouent l’Eglise, qu’il y a eu, dans les cinquante dernières années, de considérables défaillances quant au discernement des candidats au sacerdoce dans les séminaires. Il faut dire avec force que tous ces scandales trouvent leur racine dans un problème de spiritualité. Ce pourrait être facilement démontrable.

    Ainsi donc, pour s’assurer que le « sacerdoce célibataire » ne devienne pas un refuge pour des hommes à la sexualité déviante ou rencontrant des problèmes affectifs, il faut un discernement des vocations qui doit être accompli par des supérieurs eux-mêmes équilibrés, et ce dès les premières années de séminaire.

    Mais pour pouvoir discerner, encore faut-il avoir des critères de discernement : des critères objectifs, clairs et précis, qui permettent de savoir si tel ou tel candidat dispose ou pas des aptitudes requises. Ces critères doivent nécessairement reposer sur une vision claire de ce qu’est le sacerdoce, de ce qu’exige la vie sacerdotale. En effet : si l’on entretient une conception floue du sacerdoce, si la théologie du sacerdoce du Christ et de celui du prêtre comme “alter Christus”, chaste, pauvre et obéissant, dont la vocation première est d’offrir le Sacrifice eucharistique est relativisée ou n’est plus enseignée, si l’on remplace cette théologie par une conception très vague du prêtre dans lequel celui-ci n'est vu que comme une sorte d’animateur social débordant de générosité, comment tirer d’une telle conception de ce qu’est le prêtre des critères précis, clairs et exigeants ? C’est parfaitement impossible. Une saine théologie du sacerdoce est, comme l’a rappelé Benoît XVI lors de son voyage pastoral à Cologne, le fondement nécessaire sur lequel reposent les critères de discernement des vocations.

    N’en déplaise aux progressistes de tous poils, il est donc clair qu’il y a un lien entre la confusion doctrinale et la dépravation d’un nombre relativement important de clercs. Mais allons plus loin : la théologie du sacerdoce, comme toute théologie vraiment catholique, ne peut se maintenir que si elle repose sur une spiritualité authentique dont le cadre d’expression par excellence reste la Liturgie. Or, la Liturgie est aujourd’hui dans le triste état que l’on sait...

    La situation apparaît donc dans toute sa clarté : la crise de la foi et de la spiritualité s’exprime dans l’effondrement de la liturgie. Elle y a aussi, d’une certaine façon, sa source. Il en résulte un affadissement considérable de la théologie du sacerdoce, qui ne peut dès lors plus servir de base à l’élaboration de critères de discernement dignes de ce nom.

    De ce fait, des individus qui n’auraient jamais dû l'être sont admis aux ordres sacrés, avec les conséquences que l'on sait. Spiritualité, liturgie, théologie, doctrine, discipline, morale : dans l’Eglise, tout est cohérent et tout se tient, tout « s’entre-tient ».

  • Abus sexuels en France : les évêques reconnaissent une "responsabilité institutionnelle" de l'Eglise

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    De Guillaume de Thieulloy sur le Salon Beige :

    Responsabilité institutionnelle, kézako?

    Les évêques de France, réunis à Lourdes, ont décidé vendredi de “reconnaître la responsabilité institutionnelle de l’Église” dans les agressions sexuelles subies par des milliers de victimes [au passage, je note que l’AFP n’assume pas le chiffre de 216 000 victimes, que tout le monde ressasse sans trop comprendre d’où il sort, note de GT] et la “dimension systémique” de ces crimes, a annoncé vendredi leur représentant, Mgr Eric de Moulins-Beaufort.

    Et, un peu plus bas, l’AFP ajoute que Mgr de Moulins-Beaufort aurait précisé que ces actes pédocriminels “ont été rendus possible par un contexte général, des fonctionnements, des mentalités, des pratiques au sein de l’Église”.

    Disons-le tout net: je butte sur cette “dimension systémique” et cette “responsabilité institutionnelle”. J’avoue que je ne comprends pas ce que cela signifie – ou plutôt que j’ai peur de trop bien comprendre!

    Si l’on entend par là, que tous les diocèses et paroisses de France seraient collectivement responsables des crimes commis par moins de 2% des clercs, ce serait évidemment à la fois absurde et monstrueux. Comment rendre responsable une écrasante majorité d’innocents de crimes aussi abominables? La justice consiste à condamner les coupables et à réparer le préjudice subi par les victimes, pas à condamner en bloc des innocents – et trop de prêtres amis ou inconnus m’ont dit leur douleur d’être ainsi cloués au pilori par une opinion publique manipulée par des personnes profondément hostiles à l’Eglise (dont le moins que l’on puisse dire est que le souci des victimes n’est pas toujours la priorité).

    De façon générale, je crois beaucoup plus à la responsabilité personnelle qu’à la responsabilité “systémique”. Ce sont les idéologies totalitaires, notamment nazie ou communiste, qui voyaient des culpabilités collectives de race ou de classe, pas les gens civilisés!

    Alors que peut-on vouloir dire par cette “responsabilité institutionnelle”? Peut-être veut-on dire par là que la fraternité sacerdotale a empêché un certain nombre de dénonciations et donc empêché de mettre un terme aux agissements criminels de certains clercs. Pour le coup, c’est bien possible. Encore que ma petite expérience de séminariste me laisse supposer que la charité sacerdotale peut aussi s’accompagner d’une profonde détestation: dans tous les milieux où des hommes sont proches les uns des autres, ils nouent des amitiés très profondes, rendant psychologiquement difficile une dénonciation, mais aussi parfois de solides animosités. Et j’ai peine à croire qu’un prédateur, qui aurait bénéficié de protections de la part de ses confrères ou de ses supérieurs, n’ait jamais rencontré un confrère beaucoup moins amical… Si M. Sauvé se souvient de son expérience de noviciat, je doute qu’il soit dupe de cette présentation qu’il entretient d’une sorte de “corporation ecclésiastique” totalement unie et formant un bloc soudé face au monde extérieur!

    En tout cas, de toute évidence, la plupart des chacals médiatiques ont compris la notion de “responsabilité institutionnelle” comme un engagement solidaire à dédommager les victimes. Mais cela pose au moins deux problèmes.

    Le premier, c’est de savoir comment nous saurons que telle personne a réellement été victime de tel clerc. Dans la situation actuelle, je ne vois que la justice pénale séculière qui soit à même de trancher ce genre de questions. Mais ladite justice ne connaît pas de “responsabilité institutionnelle”: elle connaît des victimes, des coupables et éventuellement des complices. Pour ma part, je trouve plus que normal que les coupables paient pour leurs crimes. Je ne vois pas davantage d’inconvénient à ce que les clercs qui auraient dissimulé les crimes de leurs confrères ou subordonnés soient condamnés pour complicité. Mais je ne peux pas imaginer une situation où n’importe qui se disant victime pourrait demander réparation à n’importe quel diocèse ou paroisse. Je dis: “se disant”, non pour minimiser le préjudice subi par les véritables victimes, mais parce que, sans le passage de la justice, nous ne pouvons pas savoir si une personne est réellement victime ou affabulatrice ou encore détestant l’Eglise et voulant la faire “cracher”! Je rappelle que, parmi les innombrables problèmes méthodologiques du rapport Sauvé, figure le fait que les quelques 3000 victimes que l’on présente comme avérées se sont, pour la plupart, auto-déclarées. Cela ne signifie pas qu’elles ne soient pas victimes; cela signifie juste que nous n’avons que leur parole – sans rien savoir de la parole de la défense (qui peut même ignorer totalement être ainsi accusée). Comme disait l’abbé Viot dans une émission que j’animais récemment sur TV Libertés, il ne suffit pas de balancer des nombres, il faudra bien donner des noms (de coupables et de victimes) et des faits.

    Le deuxième problème, c’est que les biens de l’Eglise n’appartiennent pas aux clercs. Si l’on admettait – quod Deus advertat! – qu’il soit juste que les innocents paient pour les coupables, on ne pourrait se tourner, que je sache, que vers deux sources de financement: le denier du culte ou le patrimoine de l’Eglise. Mais le denier du culte, comme son nom l’indique, sert à permettre aux clercs de nous donner les sacrements. Il permet que le prêtre vive de l’autel, selon la plus antique tradition, non seulement chrétienne, mais même juive et païenne. Il serait insensé de priver des prêtres innocents de leurs moyens de vivre pour dispenser des coupables de répondre de leurs actes criminels! Au passage, je puis sans grand risque prophétiser que l’Eglise de France, qui a déjà un grave problème de denier du culte en ce moment (les recettes se sont effondrées avec la crise sanitaire), connaîtrait un effondrement pire encore. Pour ce qui me concerne, il est clair que, si, demain, j’apprenais que mon denier servait à financer les conséquences des turpitudes de certains clercs, je ne le donnerais plus et le transformerais en dons directs à certains prêtres de confiance – et évidemment, c’est mon diocèse qui en serait instantanément pénalisé. L’autre source de financement serait le patrimoine de l’Eglise. Ou plutôt ce qu’il en reste après les spoliations révolutionnaires et républicaines, notamment celles de 1790 et de 1905. D’abord, je doute que cela suffise. Je suis d’ailleurs étonné que personne ne parle d’ordre de grandeur: si l’on admet le chiffre de 216 000 victimes et en supposant que la moitié soit encore vivantes, et même si l’on admettait que l’indemnité moyenne soit de 100 000 euros, ce qui ne me semble pas très important pour un viol, cela impliquerait des dépenses de réparation de l’ordre de 10 milliards d’euros. Croit-on vraiment que les diocèses de France disposent d’un tel patrimoine, alors que la moitié sont déjà en faillite ou proches de la faillite? Au passage, je rappelle aussi que la commission Sauvé, qui fut si généreuse sur le nombre de victimes, n’a fait que 22 signalements à l’autorité judiciaire – le chiffre a assez peu circulé, mais il me semble très significatif du nombre de cas réellement avérés que la commission a eu entre les mains. Mais, même si l’on admettait que les diocèses avaient les moyens financiers de payer de telles sommes à un tel nombre de victimes, il y a un droit: le patrimoine de l’Eglise a été légué en vue d’une fin cultuelle, charitable ou autre. Si l’on détourne le leg de sa fin, la justice exige qu’il revienne aux héritiers du légataire.

    En un mot, il serait sage de dire au plus vite que l’interprétation médiatique commune de cette “responsabilité institutionnelle” est infondée. Sans quoi nous nous avançons vers des problèmes sans fin. En tout cas, chers amis, prions pour nos prêtres, ils en ont grand besoin – de façon générale, mais tout spécialement en ce moment! Et prions pour que notre Sainte Mère l’Eglise (même ainsi défigurée par les péchés de ses enfants et les crachats de ses ennemis, elle reste sainte!) sorte purifiée de cette effroyable épreuve.

  • Le catholicisme culturel peut-il sauver le catholicisme cultuel ? (le club des "hommes en noir")

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    Du site de l'Homme Nouveau :

    Le catholicisme culturel peut-il sauver le catholicisme cultuel ?

    Le Club des Hommes en Noir en débat

    Le catholicisme culturel peut-il sauver le catholicisme cultuel ? <br>Le Club des Hommes en Noir en débat

    Retrouvez Le Club des Hommes en Noir pour sa troisième saison. Cette émission fondée en 2012, sur une radio bien connue, par Philippe Maxence, a un concept simple : l'actualité de l'Église décryptée par des prêtres et un laïc.

    Alors qu'un dossier va paraitre sur le sujet dans L'Homme Nouveau, les membres du Club des Hommes en Noir : les abbés Guelfucci et Celier ainsi que Guillaume de Thieulloy sous la direction de Philippe Maxence, essayent de répondre à la question suivante : le catholicisme culturel peut-il sauver le catholicisme cultuel ?

     

  • Le boudhisme remplacera-t-il la foi catholique ?

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    D'Aline Lizotte sur Smart Reading Press :

    LE BOUDDHISME VA-T-IL REMPLACER LA FOI CATHOLIQUE ?

    «Le christianisme approche de l’épuisement», écrit Nietzsche. «On se contente d’un christianisme opiacé parce qu’on n’a ni la force de chercher, de combattre, d’oser, et de vouloir être seul, ni la force nécessaire au pascalisme, à ce mépris de soi ratiocineur, à la croyance en l’indignité humaine, à l’angoisse du « peut-être condamné ». Mais un christianisme qui doit surtout apaiser des nerfs malades n’a absolument pas besoin de cette terrible solution d’un « Dieu en croix ». C’est pourquoi, en silence, le bouddhisme progresse partout en Europe2

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  • A Glasgow : une grand messe apocalyptique

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    De Ludovic Lavaucelle sur La Sélection du Jour :

    COP26 : une nuée de jets privés pour une grand messe apocalyptique

    « C’est la réunion de la dernière chance ! » s’est exclamé le Prince Charles. L’archevêque anglican de Canterbury, Justin Welby, est allé plus loin : « Les gens maudiront les politiciens d’aujourd’hui plus qu’ils ont maudit ceux qui ont cherché à amadouer Hitler, parce que les décideurs actuels vont laisser faire un génocide plus terrible encore » ... Alors que la COP26 bat son plein à Glasgow, la situation climatique est-elle aussi grave qu’on l’entend partout via les grands médias ?

    Sur quoi se fondent ces prévisions catastrophiques se demande Tom Chivers pour Unherd (voir son article en lien) ? Le scénario de référence est le RCP 8.5 (Representative Concentration Pathway). Le GIEC (Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat) a établi quatre hypothèses (RCP) qui sont construites sur des prévisions d’émission de gaz à effet de serre d’ici 2100. Or, le RCP 8.5, utilisé comme référence, est en fait le pire scénario envisagé. Déjà improbable lors de sa publication, il l’est de plus en plus à mesure que le temps passe.

    Les modèles du GIEC sont les suivants : le RCP 2.6 est le scénario optimiste. Les RCP 4.5 et 6.0 sont les modèles médians. Le RCP 8.5 est donc le pire. Comment en est-on arrivé à prendre comme référence le scénario le plus catastrophique ? Il semble, nous dit Tom Chivers, que les médias ont interprété les termes employés par le GIEC pour mieux servir leurs intérêts : une nouvelle catastrophique se vend bien mieux qu’une analyse prudente de projections scientifiques complexes. « Il est normal d’inclure un scénario pessimiste » remarque le climatologue Zeke Hausfather, « mais pas de le présenter comme le plus probable comme si aucune prise de conscience n’avait eu lieu ». De fait, les accords de Paris engagent les signataires à viser un réchauffement inférieur à 1,5°C. Il y a donc bien des efforts concertés pour réduire les émissions que n’envisageait pas le scénario RCP 8.5. De plus, Hausfather met en avant que les progrès en termes de production d’énergie non carbonée ont été plus rapides que prévus : le coût du solaire est déjà en deçà de ce que le GIEC prévoyait pour 2050 et il faudrait augmenter l’impact carbone de 700% par personne pour atteindre la prévision du RCP 8.5…

    Par conséquent, les projections du RCP 8.5 d’un réchauffement de 4°C à 6°C par rapport aux niveaux préindustriels sont peu crédibles. Il n’empêche : une augmentation de 3°C aurait déjà des conséquences catastrophiques, comme l’a précisé Hausfather dans la revue Nature l’année dernière. Et, si les taux d’émission de gaz du scénario 8.5 sont hautement improbables, on ne peut pas totalement exclure les conséquences décrites. La modélisation climatique est soumise à de nombreuses incertitudes, à cause du processus appelé « rétroaction climatique ». La glace reflète les rayons du Soleil alors que la Terre les absorbe. La fonte de la glace accentue le réchauffement qui accélère la fonte… À l’opposé, l’augmentation de CO2 dans l’atmosphère accélère la pousse des plantes qui absorberont plus vite le CO2…

    On ne sait pas calculer l’impact des phénomènes de rétroaction climatique. La « sensibilité climatique » est une autre inconnue… Quel impact sur le réchauffement d’une hausse modérée de la concentration en CO2 (due par exemple à la fonte du permafrost sibérien) ? Pourrait-il être disproportionné ?

    Les experts se disputent au sujet de l’utilisation du RCP 8.5 comme base de travail. Roger Pielke Jr., de l’Université du Colorado, préconise de l’abandonner : « Un scénario aussi improbable ne peut pas déboucher sur une projection fiable ». Richard Betts, de l’Université d’Exeter, pense au contraire qu’il faut une base de travail pessimiste pour construire des politiques plus efficaces. Pour Gavin Schmidt, de l’Institut Goddard de la NASA, l’utilisation d’un scénario extrême est légitime car il permet de mieux comprendre le climat en dégageant des grandes tendances qu’une analyse plus prudente aurait du mal à distinguer.

    Les rivalités personnelles entre les scientifiques, n’aident pas à la sérénité du débat… Tom Chivers essaie de garder une position équilibrée : il est légitime de conserver le scénario extrême comme outil d’étude. Mais les experts devraient être transparents avec le grand public et les décideurs politiques en expliquant les différents modèles et en y attachant des probabilités.

    Ne parler que du scénario le plus catastrophique est une forme de désinformation et affole des populations. Quand le RCP 8.5 prédit que 3 milliards de personnes vivront dans des conditions quasi insupportables en 2070, la conséquence se lit dans les courbes de natalité et la santé mentale des jeunes générations.

    En attendant, 400 jets privés sont massés sur les tarmacs autour de Glasgow pour parler de notre marche vers l’apocalypse. Il paraît qu’il faut « ouvrir nos cœurs » pour sauver la planète. Faut-il comprendre payer plus pour se chauffer ou se déplacer ? « Salauds de pauvres ! » s’écriait Jean Gabin. Et ils polluent en plus !

    Pour aller plus loin : The great climate change fallacy

    >>> Lire l'article sur: Unherd

  • RDC : le président du Sénat congolais regrette que les « experts » chargés d’instruire, en commission parlementaire belgo-belge, le procès de l’œuvre colonisatrice de la Belgique au Congo aient omis d’en souligner les aspects positifs.

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    Lu sur le blog de la journaliste du « Soir », Colette Braekmann (extrait) :

    Statue du roi Léopold II au Congo, près de Kinshasa, ex-Léopoldville

    « Nous recevant en marge de la visite de parlementaires belges à Kinshasa, le président du Sénat congolais Modeste Bahati Lukwebo  a accepté de commenter le rapport présenté par les experts chargés de présenter le travail de la commission décolonisation.  Pour lui en effet, « il importe d’être réaliste et de rappeler toutes les facettes de l’entreprise coloniale. Certes, il y a eu des contraintes, la chicotte a été utilisée, mais en même temps les ressources du Congo ont été mises en valeur. L’’impunité n’existait pas et les lois étaient appliquées ; les enfants étaient obligés d’aller à l’école  et  sanctionnés s’ils n’y allaient pas… » Se souvenant d’un passé qui n’est pas si éloigné, le numéro deux de l’Etat congolais regrette que les experts aient omis de souligner les aspects positifs de la colonisation : « il n’y avait pas que les questions politiques.. Il ne faudrait pas oublier que des plantations ont été créées, que de nouvelles villes sont apparues, dotées d’un plan d’urbanisation.  Bukavu en est un exemple : créée par les Belges, la ville était très belle, très attrayante pour les touristes. Aujourd’hui elle est ravagée par les érosions, les maisons s’effondrent ou sont ravagées par des incendies : c’est un effet de la guerre, de la mauvaise gouvernance . Bravant les règlements, les gens ont construit dans des parcelles qui ont été loties, on a coupé les arbres.. Au fil du temps,  beaucoup de Congolais se souviennent de l’époque coloniale avec nostalgie  et beaucoup seraient tentés de dire « c’était mieux avant » ajoutant  que les nouveaux dirigeants n’ont pas valu mieux que les Belges ! Ces derniers  veillaient à ce que les règles soient appliquées et obligeaient les gens à travailler, mais pour leur bien… Si on veut se développer, il faut de la discipline…»

    L’ancien colonisateur devrait il présenter des excuses ? « Oui, il faudrait s’excuser pour les excès qui ont été commis, mais aussi faire la balance entre le positif et le négatif.. Tout n’était pas mauvais, il faut avoir le courage de le dire. Et de nombreux compatriotes ont regretté que Patrice Lumumba ait manqué de respect envers le roi Baudouin.. » […]

    Ref. Le président du Sénat congolais se montre indulgent envers la colonisation belge 

  • Parution d'un livre consacré à la "Mafia de Saint-Gall"

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    De Roberto de Mattei sur Corrispondenza Romana :

    REVIEW: THE ST. GALLEN MAFIA – Exposing the Secret Reformist Group Within  the Church by Julia Meloni. | Fr. Z&#39;s Blog

    La "Mafia de St-Gall". Un livre de Julia Meloni

    3 novembre 2021

    Ceux qui veulent comprendre ce qui se cache derrière le Synode sur la synodalité ouvert le 10 octobre par le Pape François ne peuvent se passer du livre de Julia Meloni qui vient de paraître, The St. Gallen Mafia (TAN, 2021), qui en retrace les prémisses historiques et idéologiques.

    La lecture de ce livre est aussi passionnante qu'un roman, mais tout est documenté selon une méthode historique rigoureuse. Cet aspect mérite d'être souligné à l'heure où certaines théories du complot sont exposées de manière superficielle et parfois fantaisiste. Pour pallier l'absence de preuves, ces théories utilisent la technique du récit, qui fait appel aux émotions plutôt qu'à la raison, et séduit ceux qui, par un acte de foi, ont déjà décidé de croire à l'improbable. Julia Meloni, quant à elle, raconte l'histoire d'une véritable conspiration, en exposant avec précision la fin, les moyens, les lieux et les protagonistes. C'est l'histoire de la "mafia saint-galloise", comme l'a définie l'un de ses principaux représentants, le cardinal Godfried Danneels (Karim Schelkens et Jürgen Mettepenningen, Gottfried Danneels, Editions Polis, Anvers 2015).

    Saint-Gall est une ville suisse dont a été évêque en 1996 Mgr Ivo Fürer, qui était jusqu'à l'année précédente secrétaire général de la Conférence des évêques européens. En accord avec le cardinal Carlo Maria Martini (1927-2012), archevêque de Milan, Mgr Fürer a décidé d'inviter un groupe de prélats à établir un programme pour l'Église du futur. Le groupe s'est réuni pendant dix ans, entre 1996 et 2006. Les personnalités clés, outre le cardinal Martini, étaient Walter Kasper, évêque de Rottenburg-Stuttgart, et Karl Lehmann (1936-2018), évêque de Mayence, tous deux destinés à recevoir la pourpre de cardinal. Deux autres futurs cardinaux ont été cooptés par la suite : Godfried Danneels (1933-2019), archevêque de Malines-Bruxelles et Cormac Murphy-O'Connor (1932-2017), archevêque de Westminster. Ils ont été rejoints en 2003 par le cardinal de la Curie romaine Achille Silvestrini (1923-2019), grâce auquel le groupe de Saint-Gall est devenu un puissant lobby, capable de déterminer l'élection d'un pape. Quelques jours après les funérailles de Jean-Paul II, à l'invitation de Silvestrini, la "mafia saint-galloise" s'est réunie à la Villa Nazareth à Rome pour convenir d'un plan d'action pour le prochain conclave. Sur une photographie parue dans The Tablet du 23 juillet 2005, à côté du cardinal Silvestrini, on voit les cardinaux Martini, Danneels, Kasper, Murphy-O'Connor, Lehmann, tous "membres clés et anciens de la mafia de Saint-Gall", comme l'écrit Julia Meloni (p. 5).

    Le projet initial était d'élire le cardinal Martini au trône papal, mais c'est en 1996, année de la création du groupe, que l'archevêque de Milan a commencé à ressentir les premiers symptômes de la maladie de Parkinson. En 2002, le cardinal a rendu la nouvelle publique en passant le relais au cardinal Silvestrini, qui, à partir de janvier 2003, a été le directeur des grandes manœuvres en vue du prochain conclave. Le cardinal Murphy-O'Connor était à son tour lié au cardinal Jorge Maria Bergoglio, archevêque de Buenos Aires, et l'a présenté au groupe comme un possible candidat anti-Ratzinger. Bergoglio a obtenu le consentement de la "mafia", mais c'est le cardinal Martini lui-même qui a eu les plus grands doutes sur sa candidature, notamment à la lumière des informations qu'il a reçues sur l'évêque argentin de la part de la Compagnie de Jésus. C'est peut-être avec soulagement que, lorsque la défaite de Bergoglio semblait certaine au conclave de 2005, le cardinal Martini a annoncé au cardinal Ratzinger qu'il mettrait ses voix à disposition. Le groupe de Saint-Gall a tenu une dernière réunion en 2006, mais Martini et Silvestrini ont continué à exercer une forte influence sur le nouveau pontificat. En 2012, le cardinal Kasper a parlé d'un " vent du sud " soufflant dans l'Église et, le 17 mars 2013, quelques jours après son élection, le pape François a cité sans surprise Kasper comme l'un de ses auteurs préférés, lui confiant la tâche d'ouvrir le Consistoire extraordinaire sur la famille en février 2014.

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  • Quand le Conseil de l'Europe promeut le hijab

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    De François-Xavier Bellamy sur le site du Figaro via artofuss.blog :

    François-Xavier Bellamy: «Le Conseil de l’Europe promeut le hijab, un indice de plus de l’entrisme des islamistes»

    3 novembre 2021

    TRIBUNE – Le Conseil de l’Europe, institution distincte de l’Union européenne, a soutenu et financé, avec le concours de la Commission européenne, une campagne faisant l’apologie du hijab, avant de la suspendre devant le tollé. Cette affaire n’est en rien une maladresse anecdotique, démontre le député européen.

    François-Xavier Bellamy est chef de la délégation de LR au sein du groupe du Parti populaire européen (PPE). Par ailleurs normalien et professeur agrégé, il est notamment l’auteur de «Demeure. Pour échapper à l’ère du changement perpétuel» (Grasset, 2018).

    C’est une courte vidéo promotionnelle comme on en voit tant sur les réseaux sociaux. Une jeune femme vous regarde, souriante. Une ligne balaie l’écran de gauche à droite: cette fois, le visage est voilé. L’opération se répète plusieurs fois, avec des visages différents, et un message: «La liberté est dans le hijab.» Ce message publicitaire est relayé sur les réseaux sociaux, accompagné d’un slogan: «Joy in hijab», «la joie dans le hijab».

    Contre toute apparence, cette campagne n’est pas diffusée par une organisation islamique, mais par le Conseil de l’Europe, avec le cofinancement de la Commission européenne. C’est une courte vidéo, qui aura en quelques heures fait couler beaucoup d’encre. Pourtant, elle n’est qu’un symptôme parmi bien d’autres, qui ensemble permettent d’établir le constat d’une dérive de grande ampleur.

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    Depuis des années, des hauts fonctionnaires, des universitaires, des chercheurs alertent sur les stratégies d’entrisme qu’ils observent de la part d’une nébuleuse islamiste qui, sous couvert d’antiracisme, prend place dans l’environnement des institutions européennes: des associations, des fédérations, des organisations non gouvernementales proposent des projets et obtiennent des financements européens.

    Elles utilisent les mots-clés en vogue: défendre l’inclusion, promouvoir la diversité, contrer les «discours de haine»… Et, au nom de la «lutte contre l’islamophobie», elles parviennent à imposer leurs thèses. Ainsi du projet «dialogue sur la radicalisation et l’égalité» (DARE), financé dans le cadre du programme de recherche européen Horizon 2020, qui a conclu au fait que la «radicalisation» (le mot islamisme n’est jamais cité) s’expliquait par les «discriminations structurelles» en Europe. Improbable retournement: les pays victimes d’une série d’attentats en deviennent soudain les coupables…

    Le Parlement européen lui-même ne manque plus une occasion de relayer ce type d’accusation: quelques jours après la mort de George Floyd, il votait une résolution dénonçant «l’oppression et le racisme structurel en Europe», ainsi que «le recours excessif ou létal de la force par la police dans l’Union européenne», sans qu’on voie bien où pouvait se trouver la responsabilité des forces de l’ordre européennes dans la mort d’un citoyen américain au Minnesota.

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  • Eglise : l'absolutisme monarchique du pape sur la sellette

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    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso, en traduction française sur Diakonos.be :

    François législateur suprême ? Non, fossoyeur du droit

    Le 10 octobre, le Pape François a mis en branle un synode-mammouth sur la synodalité, comme s’il voulait pour la première fois donner la parole au peuple de Dieu dans son ensemble. Mais il a tout de suite fait savoir – par la bouche du secrétaire général du synode, le cardinal Mario Grech – qu’une fois parvenu au document final, il n’est pas dit qu’on devra le voter. On n’aura recours au comptage des voix que dans des cas extrêmes, « comme instance ultime et non désirable ». Et dans tous les cas, pour ensuite remettre le document au Pape, qui en fera ce qu’il voudra.

    Que la synodalité tant vantée par le Pape François se réduise à une telle pratique digne d’un parti léniniste ne devrait surprendre personne, étant donné l’absolutisme monarchique éhonté avec lequel il gouverne l’Église, sans précédent avec les Papes avant lui.

    Il y a jusqu’ici au moins deux preuves écrasantes de cet absolutisme. La première est bien connue, la seconde l’est moins.

    *

    La preuve bien connue réside dans la manière avec laquelle le Pape François a téléguidé les trois synodes précédents, en particulier celui sur la famille, si l’on en croit notamment ce que le secrétaire spécial de ces assises, l’archevêque Bruno Forte, a lui-même innocemment révélé une fois l’opération conclue.

    Nous étions alors le 2 mai 2016 et voici comment Mgr Forte, lors d’une allocution dans le théâtre de la ville italienne de Vasto, a relaté la réponse que lui avait faite le Pape François à la veille du synode, à sa question concernant la manière de procéder sur la question brûlante de la communion des couples illégitimes :

    « Si nous parlons explicitement de la communion aux divorcés remariés, ceux-là [c’est-à-dire les cardinaux et évêques contraires] – tu n’as pas idée du foutoir qu’ils vont faire !  Alors n’en parlons pas de manière directe, toi fais en sorte de poser les bases et ensuite c’est moi qui tirerai les conclusions ».

    Après quoi Mgr Forte a ajouté ce commentaire, au milieu des sourires de l’auditoire : « Typique d’un jésuite ».

    Mal lui en a pris.  À dater de ce jour, ce docte archevêque qui jusqu’alors figurait parmi les préférés du Pape François et qui était destiné à un brillant couronnement de sa carrière, est tombé en disgrâce.  Le Pape a fait une croix sur lui.  Il ne l’a plus jamais appelé à ses côtés, ne lui a plus confié aucun rôle de confiance, ni comme conseiller ni comme exécutant, il l’a rayé en tant que théologien de référence et s’est bien gardé de le promouvoir comme préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi ou comme président de la Conférence épiscopale italienne ou encore moins, alors qu’il est pourtant napolitain de naissance, comme archevêque de Naples et cardinal.

    Et cela rien que pour avoir dit la pure vérité, telle que cet article de Settimo Cielo a pu la reconstruire avec plus de détails :

    > Simulacre de synodalité.  François est seul maître à bord, à sa manière

    *

    L’autre preuve de l’absolutisme monocratique avec lequel le Pape François gouverne la sphère catholique, celle qui est moins connue mais qui est tout aussi grave, réside dans la quantité anormale de lois, de décrets, d’ordonnances, d’instructions et de rescrits émanant de lui sur des matières les plus disparates. Anormale non seulement par le nombre de ces dispositions – qui s’élève à plusieurs dizaines en quelques années – mais plus encore pour la manière avec laquelle il est en train de réduire en cendres l’architecture juridique de l’Église.

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  • L'approche d'un historien sur les dégats provoqués par l'application des textes ou au nom de l'esprit de Vatican II

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    Des propos recueillis par Christophe Geffroy sur le site de La Nef :

    L’ivresse et le vertige

    Yvon Tranvouez est professeur émérite d’histoire contemporaine à l’université de Brest. Il nous parle ici de son dernier livre (1).

    La Nef – Longtemps les explications de la crise qui a touché l’Église après le concile se sont limitées aux causes extérieures (bouleversements dans la société) : quelle est la part des causes internes proprement ecclésiales (les réformes post-conciliaires…) à cette crise et peut-on alors parler de rupture ?

    Yvon Tranvouez – Les changements opérés alors, en application des textes ou au nom de l’esprit de Vatican II, n’ont fait que précipiter l’effet déstabilisateur des mutations sociales lourdes qui étaient à l’œuvre depuis les années 1950 au moins. Mais cette accélération a produit des ruptures à l’intérieur de l’Église. L’une des plus funestes est sans doute celle qui a découlé de l’exigence d’authenticité portée par le clergé réformateur : en opposant l’idéal d’une foi consciente et réfléchie à la réalité d’une religion passive et routinière, on a stigmatisé les habitudes des paroissiens ordinaires, dont on s’illusionnait à penser qu’ils deviendraient tous des militants. Le père Serge Bonnet a été l’un des rares, à l’époque, à alerter sur les dangers de cet étonnant mépris des élites progressistes pour la religion populaire.

    Quel rôle ont joué les chrétiens de gauche dans les turbulences qui ont suivi le concile Vatican II et que reste-t-il des chrétiens de gauche aujourd’hui ?

    Comme chacun sait, le passage à gauche des militants catholiques a profité au nouveau Parti socialiste. Mais cette nouvelle donne a aussi contraint l’épiscopat français à théoriser, en 1972, le pluralisme politique des chrétiens, puisque la majorité des catholiques pratiquants continuait à voter à droite : dès lors, la hiérarchie n’a plus été qu’une sorte de fragile autorité de régulation du marché, incitant les fidèles au respect des valeurs supposées définir une pratique chrétienne de la politique. Quant aux cathos de gauche, leur évolution religieuse a été variable. Certains ont séparé les plans, selon une logique libérale réduisant la foi à une simple inspiration personnelle de l’engagement politique. D’autres, structurellement catholiques intégraux, se sont épuisés à articuler leur foi et leur engagement, fût-il révolutionnaire, au risque d’en venir, comme le craignait le Père Congar, à une réduction horizontaliste du christianisme, oublieuse de la transcendance. Il en est enfin qui ont pris leurs distances avec l’Église, voire perdu la foi. Le fait est, en tout cas, que les chrétiens de gauche n’ont plus guère de visibilité dans l’Église d’aujourd’hui.

    Comment analysez-vous la part de la réforme liturgique – dans laquelle, écrivez-vous, les chrétiens de gauche n’ont pas joué un grand rôle – dans cette crise post-conciliaire et a-t-elle contribué à vider les églises ou ce mouvement de désaffection se serait-il produit sans cela ?

    Je montre que la frange la plus extrême des chrétiens de gauche a négligé la question liturgique, parce que la politique était son horizon principal. Une exception notable toutefois : à l’abbaye de Boquen, le prieur, Bernard Besret, démis de ses fonctions en 1969, l’a toujours prise très au sérieux, appelant, en vain, à l’invention d’un christianisme « lyrique » dont la qualité fût à la hauteur des exigences politiques qui se manifestaient par ailleurs. L’appauvrissement esthétique de la liturgie postconciliaire a sans doute contribué à éloigner certains fidèles des messes dominicales. Bernard Besret est aussi l’un de ceux qui ont eu très tôt conscience des implications du passage au français. Désormais, lors des offices, chacun se trouvait confronté à des mots compréhensibles, au risque de constater qu’ils ne signifiaient rien pour lui. L’abandon du latin induisait fatalement une sorte de contrôle technique de la foi.

    Vous êtes historien mais aussi un témoin actif de cette histoire de l’Église : quel regard portez-vous à présent sur cette période qui va du concile à aujourd’hui ?

    Je pense que le moment Jean-Paul II a fait illusion. Il a sans doute galvanisé les énergies d’une génération restauratrice mais cela n’a rien changé au processus de détachement cultuel et sacramentel. Le catholicisme français s’est dangereusement rétracté sur des milieux typés, bourgeois de centre-ville ou immigrés de banlieue, et son langage ne fait plus sens pour la plupart de nos contemporains. L’Église n’a pas prise sur le religieux flottant dans la société actuelle, d’autant que les scandales récents la rendent inaudible. Mais plus profondément, la grande question irrésolue, c’est celle de la plausibilité du message chrétien dans le monde moderne.

    Propos recueillis par Christophe Geffroy

    (1) Yvon Tranvouez, L’ivresse et le vertige. Vatican II, le moment 68 et la crise catholique, Desclée de Brouwer, 2021, 360 pages, 22 €.

    © LA NEF n°341 Novembre 2021