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Débats - Page 500

  • Des chrétiens français opposés à l'installation de camps de migrants

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    Des chrétiens s’opposent à l’installation d’immigrés (source)

    Voici un texte rédigé par un groupe de chrétiens de diverses paroisses de Versailles (Notre-Dame, Saint-Louis, Sainte-Jeanne-d’Arc, Immaculée-Conception, Notre Dame des Armées) qui ont entrepris de faire un point sur la question, attentifs au Magistère de l’Église, et qui prennent parti dans les débats en cours, conscients de leur responsabilité spécifique de laïcs dans l’Église. « Les laïcs, rendus participants de la charge sacerdotale, prophétique et royale du Christ, assument, dans l’Église et dans le monde, leur part dans ce qui est la mission du Peuple de Dieu tout entier » (concile Vatican II : Décret sur l’apostolat des laïcs) :

    Nous sommes chrétiens. Nous croyons que le Christ est le Maître de l’Histoire. Nous savons que, si elles n’étaient pas secouées par l’immigration massive déjà vécue depuis quelques dizaines d’années, nos vieilles sociétés fatiguées se seraient doucement assoupies: vieillards attentifs à protéger leur capital, foyers avec un ou deux enfants, garçon ou fille, appelés à faire de bonnes études et à décider s’ils veulent plus tard rester garçon et fille ou devenir l’inverse.

    Nous sommes des chrétiens engagés de façons diverses dans la société, dans notre époque.

    Certains d’entre nous accompagnent des jeunes issus de l’immigration, des Samir, Jamel, Kacem…, dans leurs projets scolaires et professionnels. Nous sommes conscients de l’ampleur du travail social requis pour assurer la bonne intégration de ces jeunes dans la société, et du faible nombre d’ouvriers.

    Nous avons dans notre entourage des personnes qui se sont chargées de l’accueil de familles de migrants du Moyen-Orient.

    Non, il n’est pas possible pour des chrétiens de limiter les fondements de leur position sur l’immigration à ces deux seuls textes bibliques : « cet émigré installé chez vous, vous le traiterez comme l’un de vous » et : « J’étais un étranger et vous m’avez accueilli. » D’ailleurs, il s’agit dans ces textes de « cet immigré » et d’« un étranger », c’est-à-dire deux individus déterminés, et non pas d’une masse de personnes provenant de quinze pays différents, aux motivations diverses, sans que l’on sache de chacun la raison particulière de sa migration : véritable persécution ouvrant droit au statut de réfugié, fuite devant la difficulté à faire son devoir dans un pays en guerre, attirance pour un pays développé, désir de tenter l’aventure…

    Avons-nous perdu le contact avec le réel ? Nous croyons-nous capables d’assurer un avenir à toutes ces personnes, avec nos 5 millions de chômeurs, nos 2 200 milliards de dettes, nos usines qui ferment, nos agriculteurs qui n’ont plus de quoi vivre, l’explosion de la violence, nos départements asphyxiés par les demandes sociales, notre enseignement à la dérive, nos difficultés à intégrer les familles issues de l’immigration africaine qui représentent au moins 20 % de la population ?

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  • Le "bébé aux trois ADN" : une avancée dont il faudrait se réjouir ? Louis Tonneau répond au Professeur Englert

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    Le 28 septembre, la Libre publiait Le "bébé aux 3 ADN" constitue une "avancée incontestable", une interview du Pr Yvon Englert de l'ULB. Louis Tonneau (juriste) réagit à cette prise de position :

    Ce “bébé aux 3 ADN” peut apparaître comme une prouesse scientifique mais ce n’est pas une avancée. C’est une dérive sur le plan éthique. Non seulement il s'agit d'une technique eugéniste  mais où reste la prudence nécessaire? Non, la fin ne justifie pas les moyens. Cette pratique est interdite sur le sol américain, ce n’est pas anodin et doit nous interpeller.

    Selon ses initiateurs, cette nouvelle technique de procréation médicalement assistée évite des maladies dégénératives et se présente comme une thérapie de correction, pourquoi n’approuvez-vous pas?

    Parce que c’est une technique eugéniste. Lorsqu’on parle de « façon élégante d’éviter des maladies dégénératives », le langage est manifestement choisi mais travestit toutefois une réalité inquiétante: il ne s’agit pas de soigner la maladie dont serait atteint le futur bébé mais bien de manipuler le matériel génétique en présence en vue d’une procréation “non défectueuse”.  Lorsque l’on s’arroge le droit de juger de ce qui est digne ou non d’être vécu (“c’est le genre de vie qu’on ne souhaite à personne”) et de trier ainsi ceux qui vivront des condamnés à ne pas naître, c’est une gifle que l’on envoie aux enfants malades, aux personnes handicapées et à toutes celles qui souffrent d’une quelconque déficience. Quand l’acte médical se teinte discrètement d’eugénisme, il y a de quoi s’inquiéter.

    Le recours à cette technique a pour but de soulager la détresse d’une mère dont les tentatives d’avoir un enfant se sont soldées par des échecs répétés. Ne convient-il pas de tenter d’apaiser à tout prix cette souffrance?

    Il s’agit là d’une souffrance intolérable, qu’il faut pouvoir accompagner en humanité. C’est primordial. Mais pas à n’importe quel prix. Cela justifie-t-il pour autant d’avoir recours à une procédure contestable quant à sa dimension éthique ? Dans ce domaine, la plus grande prudence prévaut. C’est la seule attitude qui vaille lorsque la médecine interroge les limites de l’acceptable.

    Pourtant, pour les défenseurs, ce qui importe, ce n’est pas la technique utilisée mais bien ce que l’on fait.

    Il est difficile de ne pas y voir un manque de réflexion quant au caractère éthique de l’acte posé. Où est la prudence nécessaire ? Nous ne sommes ici pas loin du vieil adage “la fin justifie les moyens”.  Il est bon de le redire : lorsque la dignité de la personne humaine est en jeu et qu’on touche aux limites de ce qu’il est permis de faire avec la science, la fin ne peut justifier les moyens. C’est d’ailleurs pour cette raison que bon nombre de pays à travers le monde interdisent la pratique du transfert génétique du noyau. Devoir traverser une frontière comme le fit l’équipe du Pr Zhang (partie au Mexique) en raison de l’interdiction d’une telle pratique sur le sol américain n’est pas anodin. Cela doit nous interpeller.

    Ne pensez-vous pas qu’en l’espèce, le bénéfice médical est difficilement contestable puisqu’il évite la transmission d’une maladie mortelle?

    C’est un chemin dangereux, celui de la “pente glissante”, qui consiste à dire que celui qui met son doigt dans un engrenage dangereux risque tôt ou tard de se retrouver à transgresser toutes les balises que lui-même avait fixées lorsqu’il y inséra la première phalange. Force est de constater que, de manière systématique, l’histoire a donné raison à ceux qui, dès l’origine, nous avaient averti des conséquences à long terme qu’aurait un engagement sur des chemins trop glissants. En matière d’euthanasie par exemple, la loi de dépénalisation partielle nous a été vendue comme excluant les souffrances psychologiques et les mineurs d'âge, ce n’est plus le cas aujourd’hui. En matière d’avortement encore, la loi autorisant cette pratique présentait initialement une série de garde-fous (délai de réflexion, détresse de la femme, etc.) : ils sont actuellement remis en cause. Deux exemples, parmi d’autres.

    Lorsqu’il est difficile de faire passer dans l’opinion publique une loi ou une technique médicale dont on perçoit bien qu’elle sent le soufre, il est préférable de lui faire avaler par morceaux. 

    Il convient donc de ne pas se réjouir de cette avancée?

    En faisant la promotion d’une technique de manipulation génétique de l’être humain, en offrant à l’Humanité la possibilité de décider arbitrairement qui de nous est digne de naître à la vie et en ne reconnaissant qu’atouts et avantages à une technique controversée et déclarée illégale dans une large partie du monde, le Professeur Zhang, son équipe et leurs partisans nous engagent à prendre un chemin que nous pourrions bien regretter…

  • L'élimination de la Fraternité des Saints Apôtres : retour sur un scandale ecclésiastique

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    Lu sur "Riposte catholique", ce texte dont le caractère polémique suscitera sans doute le débat : 

    Eglise de Belgique : le scandale continue

    [La promotion au cardinalat de l’archevêque de Bruxelles, alors que Mgr Léonard fut privé du « chapeau », ajoute au passif du nouveau « porporato » belge… et invite à revenir sur le dernier scandale ecclésiastique d’outre-Quiévrain]

    Une fois n’est pas coutume, la palme du grotesque et du scandaleux n’est pas remise aujourd’hui à des évêques français, mais à leurs confrères d’outre-Quiévrain.

    Une communauté nouvelle, récemment implantée en Belgique, et connue en France par la personnalité charismatique de son fondateur, vient d’être purement et simplement chassée, comme un domestique indélicat, du diocèse de Malines-Bruxelles. D’habitude, ces évènements intéressent peu hors de cercles restreints. Les intéressés, plus préoccupés du Bon Dieu que de ses saints, ne se plaignent guère, et vont planter leur tente ailleurs, pour le bénéfice d’autres diocèses. Et les chrétiens dépouillés se contentent de pleurer en silence.

    Il semble que cette fois-ci, les choses prennent une autre tournure. Fidèles et clercs n’ont visiblement pas l’intention de se laisser éjecter sans protester. Internet, entre autres, est passé par là. Bruxelles n’est pas la capitale mondiale du lobbying pour rien.

    On peut s’interroger sur le fondateur de cette communauté, et ne pas apprécier son style. Et alors ? On est « libéral » ou on ne l’est pas. « Le Roi, la Loi… la Liberté », nom d’un moule à gaufre, dirait le capitaine Haddock. Mais il n’y a pas plus totalitaire qu’un libéral, disait les Anciens.

    Les évêques belges peuvent-ils se permettre le luxe de licencier une telle communauté ? Rien n’est moins certain. La Belgique catholique ressemble à peu de choses près aujourd’hui aux zones industrielles des bassins du Nord ou de Lorraine. De grandes coquilles vidées de leur substance. Un glorieux passé disparu, monde englouti où des syndics de faillite à la foi brumeuse pratiquent tranquillement des soins palliatifs pour les derniers Mohicans, au milieu d’églises et de couvents vides. Une seule chose demeure, des moyens matériels et financiers considérables qui permettent (encore ?) d’acheter la « paix religieuse ». Mais jusqu’à quand ?

    Certes le droit canonique est derrière les évêques. Depuis Vatican II, il n’existe plus aucun contre-pouvoir sérieux à leur toute-puissance. Et Rome ne manque pas une occasion de défendre leurs excellences contre toute prétention à vouloir observer les quelques brides de protection du droit des fidèles et des prêtres qui subsistent encore dans le Code. Le tout, bien sûr, au nom de la miséricorde et de l’accueil des différences, à usage exclusivement extérieur.

    Voilà donc les bons confrères de la Fraternité des Saints-Apôtres licenciés. L’annonce en est faite dans un communiqué de la plus belle langue de buis qui se puisse imaginer, à rendre honteux leurs confrères français. À part la luxure, et peut-être l’avarice, et encore, en cherchant bien, on finirait par trouver, on ne voit pas quel péché capital manque dans ce texte. Mensonge, gourmandise, jalousie, orgueil, tout y est.

    Le plus drôle. Énorme, dirait Baudelaire, est l’argument employé. Au mépris de la liberté de choix des candidats clairement indiquée dans le droit canon. Accueillir une communauté prospère aux nombreuses vocations constituerait une injustice entre diocèses. On rêve ! « Qui veut tuer son chien… » Quiconque a fréquenté cinq minutes, un séminaire ici ou ailleurs, arpenté les diocèses français ou belges, sait que la péréquation des prêtres se pratique, bon an mal an, facilement depuis longtemps. Et si la situation est catastrophique en France, que dire de la Belgique. Pas un seul évêque français avec un peu de cœur (si, si, je vous promets, il y en a), n’irait se plaindre de partager la maigre ressource avec ses confrères belges. La question n’est pas là. Le vrai, le seul, l’unique reproche fait (implicitement) à cette communauté, c’est de refuser de s’aligner sur la politique de faillite de l’épiscopat belge, de refuser de se laisser mourir dans le confort matériel et la fumée des cigares, entre Wallonie et Flandres. On ne leur pardonne pas de rejeter cinquante ans de catastrophes liturgiques et de doctrines théologiques libérales. Le reste est de la poudre aux yeux.

    « Aie confiance, aie confiance… », chantait le serpent Kaa des contes de Rudyard Kipling. L’étouffement lent conduit au même résultat que la mort subite. Les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent, La Fontaine l’a dit. En Belgique, on prend vraiment les catholiques de base pour des moules-frites. Des solutions sont proposées aux membres de cette communauté après l’expulsion. Quelle est, franchement, la marge de manœuvre d’un séminariste par rapport à des supérieurs ? Lorsque le tumulte sera retombé, ils le nommeront en stage dans une paroisse bien « alignée ». Ils brandiront en permanence au-dessus de lui, tout au long de son séminaire, la menace voilée d’un refus d’appel aux ordres. Ils prétexteront d’une « piété rigide », d’une « inadaptation au projet pastoral diocésain », ou toute autre faribole, pour avorter tranquillement une vocation qui ne leur conviendra pas. Même les prêtres, après leur ordination, seront alignés à coup de nominations bien arrangées ou de placardisation. Quant à leurs idéaux de vie fraternelle, d’évangélisation joyeuse ou de foi authentiquement catholique, on remisera tout cela dans le placard de l’immaturité juvénile, pour laisser place au réalisme et à l’« ouverture » des apparatchiks des curies diocésaines. Soyons clairs. Une promesse épiscopale comme celle de l’évêque de Malines ne vaut rien, point barre. Mille exemples concrets pourraient être donnés, en Belgique, en France et ailleurs, sauf à compromettre les victimes. Le terrorisme mou est bien vivant. Les bonnes vieilles méthodes qui prévalent dans les diocèses depuis 60 ans règnent toujours pour formater les esprits. Il faut arrêter de se cacher derrière son petit doigt bagué.

    Souhaitons que cette communauté trouve un pasteur à la hauteur de son enthousiasme et à l’ombre bienfaisante duquel naissent et germent de nombreuses vocations, d’un côté ou l’autre du Quiévrain.

    Gaston Champenier

    [MAJ: selon nos informations romaines, le Vatican a fait passer le message: interdiction de reconstituer la Fraternité où que ce soit… La Curie a décidément été bien réformée: lorsqu’il s’agit de sanctionner les prêtres, c’est célérité absolue et tolérance zéro!]

  • L'interdiction de l'IVG en Pologne : un bel exemple de désinformation médiatique

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    De François de La Vega sur aleteia.org :

    L’IVG au risque d’être proscrite en Pologne : la presse française a-t-elle réécrit l’histoire ?

    Quand la plupart des titres succombe à la tentation des petites et grandes désinformations…

    Raconter l’histoire telle qu’elle s’est réellement déroulée exige d’abord d’en expliquer le contexte. La Pologne est une démocratie depuis moins de vingt-cinq ans. En plus des élections libres, elle offre au peuple un dispositif d’expression analogue au référendum d’initiative populaire qui existe en Suisse : quand une proposition de loi est présentée par plus de 100 000 signataires, le Parlement se voit dans l’obligation de l’étudier. Une commission ad hoc est chargée de les examiner. À l’usage, cette commission n’a plus servi qu’à les rejeter a priori et sans le moindre examen.

    Au cours de la dernière campagne électorale, le PiS (Parti Droit et justice, en français) sorti vainqueur des élections, a imprudemment pris l’engagement de faire étudier sérieusement par la commission et le gouvernement l’ensemble de ces propositions de loi d’initiative populaire.

    Un gouvernement piégé par sa promesse

    Véritable piège, cette promesse est devenue le cauchemar du gouvernement lorsqu’un mouvement anti-IVG a déposé une proposition de loi durcissant les conditions d’accès à l’IVG et pénalisant sa pratique. Parmi les plus de 500 000 signataires, bon nombre d’électeurs proches de l’aile droite du parti, minoritaire mais remuante, qu’il était difficile pour les parlementaires de mécontenter trop ouvertement.

    Le gouvernement n’aurait jamais pris l’initiative d’ouvrir une telle boîte de Pandore alors que la loi en vigueur – l’une des plus restrictives d’Europe – bénéficie d’un certain consensus populaire. Encore moins alors même qu’il livre des batailles, loin d’être gagnées d’avance, sur de nombreux autres fronts. Mais, tenu par sa promesse électorale et aiguillonné par l’aile droite de sa majorité, il a demandé à la commission parlementaire d’étudier la proposition de loi, en priant (et peut-être en agissant en sous-main) pour que ladite commission finisse par la rejeter après examen et débat. Et ainsi fut fait, non sans qu’au préalable une grève/manifestation pro IVG ait mobilisé à travers la Pologne des dizaines de milliers de femmes habillées en noir.

    Généralisations abusives

    Pour rendre compte de cette manifestation, l’objectivité de nombreux titres de la presse française a semblé faire défaut au profit d’un militantisme partisan.

    En témoignent les titres pour le moins exagérés du style: « Pologne : les femmes se mettent en grève pour défendre l’IVG » (Courrier International) ou bien : « Les Polonaises manifestent pour le droit à l’IVG » (Ouest France), titres adoptés aussi par Paris Match, L’Obs, Le Point et nombre d’autres organes de la presse écrite comme audiovisuelle.

    Dans les faits, au maximum 100 000 polonaises (sans doute moins), ont manifesté et/ou fait grève « pour défendre le droit à l’avortement ». Un nombre qu’il faut remettre en perspective du demi-million de signataires de la pétition en faveur d’un durcissement de la loi sur l’IVG. Selon un sondage IPSOS publié le jour même de la manifestation, 58% des Polonais seraient favorables au maintien ou au durcissement de la loi actuelle, et 37% favorables à une libéralisation partielle ou totale du droit à l’avortement. Selon une autre étude réalisée par CBOS en mai, 80% des Polonais se prononcent contre l’avortement pour convenances personnelles, « même en cas de situation matérielle difficile ».

    Dans ces conditions, titrer en généralisant (souligné par nous) : « LesPolonaises manifestent… » ou « Les femmes se mettent en grève… » relève non pas du journalisme mais d’une exagération partisane. À tout le moins, à l’instar du Parisien, on aurait pu titrer : « Des Polonaises manifestent… ».

    Le poids des mots, le choix des photos

    Après que la commission parlementaire eut rejeté la proposition de loi visant à durcir la loi actuelle, la diffusion d’informations biaisées dans la presse française redoubla, notamment dans le journal La Croix.

    Le quotidien catholique a consacré à l’événement une couverture importante, une pleine page dans la version papier, avec un énorme titre en gras couvrant toute la largeur : « Le gouvernement polonais renonce à l’interdiction de l’IVG ». Or, ce titre est triplement erroné : d’une part, ce n’est pas le gouvernement qui est à l’origine de la proposition de loi, donc il n’a pas eu à y renoncer ; d’autre part, ce n’est pas le gouvernement qui l’a rejeté mais la commission d’examen des proposition d’initiative populaires ; enfin, il ne s’agissait pas d’interdire l’IVG mais de durcir son régime déjà très restrictif.

    En matière de désinformation, le chapô qui suit le titre est de la même eau : « La mobilisation des femmes polonaises, plus que le débat au Parlement européen, a conduit le gouvernement à abandonner le projet des organisations pro-vie. » Appuyant ces assertions fausses et tendancieuses, la grande photo en couleur qui illustre l’article représente la manifestation pour la libéralisation de l’IVG, avec cette légende : « Des milliers de femmes habillées de noir ont défilé en Pologne pour protester contre le projet de loi interdisant l’avortement ».

    Titre, chapô, icono : ces moyens éditoriaux apparaissent comme au service d’une désinformation. Le corps de l’article qui suit est plus objectif et rétablit quelques faits avérés, mais non sans ajouter des commentaires infondés et sans parvenir à masquer une certaine complaisance pour les thèses des grévistes pro-avortement. La parole leur est donnée sur le fond de la question, tandis qu’elle n’est donnée que sur la procédure aux auteurs de la proposition de loi (pourtant plus représentatifs en nombre et catholiques revendiqués). Enfin, il convient de signaler la présence d’un encadré intitulé « Repères », qui donne à part, sous le titre “Un texte radical”, trois informations factuelles objectives.

    Simone Veil : « Scientifiquement, il est de plus en plus évident que dès la conception, il s’agit d’un être vivant »

    Quelle que soit la position qu’il entend promouvoir, un journaliste, plus encore qu’un homme politique, peut et doit toujours le faire en respectant les exigences de base de l’honnêteté intellectuelle. À cet égard, Madame Simone Veil elle-même mérite d’être citée en exemple. En 2007, trente-deux ans après le vote de sa loi qui dépénalisa l’IVG en France, elle répondit à la question de l’objection de conscience : « On comprend que, pour un certain nombre de gens, il existe un cas de conscience face à cette pratique. [L’IVG] est une question éthique et pas seulement un geste médical. La seule chose que j’avais négociée avec l’Église était de ne pas contraindre les médecins. C’est un point à maintenir, car on ne peut obliger personne à aller contre ses convictions. Il est de plus en plus évident scientifiquement que, dès la conception, il s’agit d’un être vivant ».

    « Il s’agit d’un être vivant » : si au moins les débats, manifestations et polémiques qui ont eu lieu en Pologne pouvaient servir à convaincre de cette évidence toutes les femmes et les hommes de bonne volonté… Mais précisément, les petites et grandes désinformations, qui émaillent presque toujours la communication sur l’IVG, n’ont-elle pas pour but de faire que cette évidence scientifique ne s’impose pas au cœur du débat ?

  • Le drame de notre époque : la négation du religieux

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    Du Figaro Vox (Alexis Feertchak) - lefigaro.fr - :

    Jean-Pierre Dupuy : « Le drame de notre époque, c'est que nous nions le religieux »

    FIGAROVOX/GRAND ENTRETIEN - Auteur d'un essai publié juste après le 11 septembre 2001 sur la question du mal, le philosophe Jean-Pierre Dupuy a accordé un entretien fleuve au FigaroVox. Il y explore notamment l'incompréhension occidentale face au djihadisme.

    Jean-Pierre Dupuy est un philosophe français, connu pour sa théorie du «catastrophisme éclairé». Ancien élève et professeur émérite de Philosophie sociale et politique à l'École Polytechnique, il est aujourd'hui professeur à l'Université Stanford en Californie. Membre de l'Académie des Technologies, il est président de la Commission d'Éthique et de Déontologie de l'Institut français de Radioprotection et de Sécurité Nucléaire. Il a notamment publié: Pour un catastrophisme éclairé(Seuil, 2002); Avions-nous oublié le mal? Penser la politique après le 11 septembre (Bayard, 2002); La Marque du sacré (Carnets Nord, 2009; Flammarion, coll. Champs, 2010; prix Roger Caillois de l'essai) ; L'Avenir de l'économie. Sortir de l'économystification (Flammarion, 2012) et dernièrement La Jalousie. Une géométrie du désir (Seuil, 2016).

    FIGAROVOX. - Scientifique à l'origine, passé par l'économie, vous vous êtes tourné progressivement vers la philosophie. Depuis une vingtaine d'années, vous analysez les grandes «catastrophes» du monde contemporain. En 2002, vous publiiez un an après les attentats du World Trade Center un livre intitulé Avions-nous oublié le mal? Penser la politique après le 11 septembre. Vous y émettez notamment une critique du rationalisme occidental en expliquant que l'on confond «cause» et «raison». Qu'entendez-vous par là? Avons-nous encore et toujours oublié le mal?

    Le mal que nous avons oublié n'est pas celui du jugement moral, mais le mal comme principe d'explication des phénomènes. Le premier prolifère et il est le principal ingrédient de ce que le grand François Tricaud, traducteur de Hobbes et auteur d'un livre magistral, appelait l'«agression éthique» (1). Souvenons-nous de Saddam Hussein et de George W. Bush se vouant mutuellement aux gémonies.

    Le modèle individualiste et rationaliste qui domine aujourd'hui les sciences humaines et, au-delà, le sens commun, nous pousse à rendre raison des actions d'autrui mais aussi de nos propres actions, en en cherchant les causes et en tenant ces causes pour des raisons. Si Jean a fait x, c'est qu'il désirait obtenir y et qu'il croyait qu'il obtiendrait y en faisant x. Toute action, même la plus apparemment insensée, apparaît dotée d'une rationalité minimale si on la conçoit comme mue par des désirs et des croyances. Il suffit de trouver les bons désirs et les bonnes croyances, celles qui permettent de reconstituer le puzzle. Et l'on a vu des hommes raisonnables prêter à d'autres êtres humains les croyances les plus invraisemblables (des croyances qu'eux-mêmes seraient incapables de former), faisant mine de croire en leur réalité en les affublant du label de «religieux»! Pour sauvegarder le schéma explicatif qui assimile les raisons et les causes de l'action, ces rationalistes vont, dans le cas d'une action insensée, croire que les acteurs croient de façon insensée. Quelle pauvreté d'analyse et quel manque d'imagination! Comme si des croyances religieuses pouvaient avoir la force suffisante pour causer de tels actes! Souvenons-nous des analyses brillantes de Sartre dans le chapitre de L'Être et le néant consacré à la «mauvaise foi». On y lit: «La croyance est un être qui se met en question dans son propre être, qui ne peut se réaliser que dans sa destruction, qui ne peut se manifester à soi qu'en se niant: c'est un être pour qui être, c'est paraître, et paraître, c'est se nier. Croire, c'est ne pas croire». Ou encore: «Croire, c'est savoir qu'on croit et savoir qu'on croit, c'est ne plus croire. Ainsi croire c'est ne plus croire, parce que cela n'est que croire» (2).

    S'il y a de l'horreur ou de la démence dans un acte, toute la détestation qu'il inspire se portera sur les croyances et les désirs qu'on lui impute comme causes, mais l'acte lui-même se trouvera justifié par ces mêmes causes devenues raisons. L'universalité du jugement pratique se paie de l'attribution à autrui d'attitudes ou d'états mentaux qui n'appartiennent qu'à lui et dont la singularité et le caractère privé vont dans certains cas jusqu'à faire de lui l'étranger absolu.

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  • Pourquoi la célébration de la messe « ad orientem » n’a pas été abolie par la réforme de Paul VI

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    De Cyrille Dounot sur le site du bimensuel « L’Homme Nouveau » :


    messe cardinal sarah.jpgAprès l’appel du cardinal Sarah, préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, invitant les prêtres à célébrer la messe tournés vers l’orient, le Père Lombardi a publié un communiqué, le 11 juillet, renvoyant à la Présentation générale du Missel romain (PGMR), instruction servant de guide à la célébration du saint sacrifice de l’autel (l’édition typique officielle, la troisième depuis 1969, date de 2002). Le porte-parole du Saint-Siège, cherchant à contrer le cardinal, et passer outre sa compétence propre en matière liturgique, a excipé du n. 299 de cette PGMR qui dispose : « Il convient, partout où c’est possible, que l’autel soit érigé à une distance du mur qui permette d’en faire aisément le tour et d’y célébrer face au peuple. On lui donnera l’emplacement qui en fera le centre où converge spontanément l’attention de toute l’assemblée des fidèles ».

    Une lecture plus attentive de l’intégralité de ce texte permet de mieux comprendre l’intention du cardinal Sarah, qui s’inscrit dans la tradition de l’Église d’une célébration ad orientem, nullement supprimée par la réforme de la liturgie menée par Paul VI. Nous verrons d’abord quelle place occupe ce numéro 299 dans ladite instruction, ensuite quelles sont les autres règles contenues dans l’instruction qui corroborent la justesse de l’appel formulé par le garant de la liturgie catholique.

    Le numéro 299 auquel il est fait mention est situé dans le cinquième chapitre du document, consacré à la construction et à l’aménagement des églises. Au sein de ce chapitre, il prend place dans une section intitulée « Disposition du sanctuaire pour la célébration communautaire ». Il reprend ici l’instruction Inter oecumenici du 25 septembre 1964 (n. 91), dans le passage intitulé « Comment construire les églises et les autels ». Il concerne donc directement l’aménagement spatial de l’autel, et indirectement la célébration de la messe. De ce point de vue, il ne fait que rendre possible une nouvelle forme de célébration « face au peuple ». Le texte latin en fait foi, voulant que tout nouvel autel soit séparé du mur « pour qu’il soit plus facile d’en faire le tour, et que la célébration face au peuple puisse (possit) s’y accomplir ». C’est une possibilité offerte légalement depuis 1964, et rien d’autre. Cela veut donc dire que la règle d’une célébration « face à Dieu » n’a pas été abrogée ; elle comporte une exception depuis 1964, permettant un autre type de célébration « face au peuple ».

    Une exception

     

    Cette exception demeure, en droit, une exception. Si, dans les faits, l’exception a remplacé le principe, cela n’est qu’un détournement des règles édictées par le Saint-Siège. La partie directement consacrée à la « célébration de la messe » (chapitre IV, nn. 115-287) confirme pleinement que le missel de Paul VI, et les règles qui l’accompagnent, n’ont pas changé l’usage d’une célébration orientée. Examinons ce quatrième chapitre. À toutes les étapes de la messe, il est indiqué explicitement quand le prêtre doit se retourner vers les fidèles pour leur adresser la parole, précision qui serait évidemment superflue si le mode normal (normatif) de célébration était « face au peuple ».

    Le n. 124, al. 2, indique la manière de débuter la messe, par le chant d’entrée et le signe de la croix, « Puis, tourné vers le peuple et étendant les mains, le prêtre le salue avec une des formules proposées ». Pendant l’offertoire, selon le n. 146, « le prêtre, en se tournant vers le peuple, et en étendant puis en joignant les mains, invite le peuple à la prière en disant: “Orate, fratres” ». Après le canon et le Pater, « il étend puis joint les mains et il dit, tourné vers le peuple “Pax Domini sit semper vobiscum” » (n. 154). Une fois l’Agnus Dei récité, et avant sa propre communion, « le prêtre fait la génuflexion, prend l’hostie consacrée à cette même messe et, la tenant un peu élevée au-dessus de la patène ou du calice, tourné vers le peuple, il dit : “Ecce Agnus Dei” » (n. 157). Le numéro suivant indique la position du prêtre au moment de se communier, « demeurant tourné vers l’autel » (stans ad altare conversus), le participe présent ainsi que le verbe stare renforcent le caractère habituel et normatif de cette position. Surtout, une telle indication n’aurait aucun sens si le mode ordinaire de célébration était « face au peuple », le peuple et l’autel étant toujours face au prêtre (idem au n. 244). Après la communion des fidèles, et le chant de communion, « le prêtre tourné vers le peuple dit, les mains jointes : “Oremus”, puis il prononce, les mains étendues, la prière après la communion » (n. 165).

    Pour « la messe avec diacre », de semblables indications existent, montrant elles aussi que la célébration normale se fait face à Dieu, et que le clergé doit, à certains moments seulement, se tourner vers son peuple. Ainsi, à la conclusion du canon, le diacre « invite à la paix en disant, les mains jointes et tourné vers le peuple : “Offerte vobis pacem” » (n. 181), et pour rite de conclusion, « le diacre envoie le peuple en disant, les mains jointes et tourné vers lui : “Ite, missa est” » (n. 185).

    Pour la messe concélébrée (dont il serait bon de relire les rares cas où elle est recommandée, au n. 199, al. 2), « le célébrant principal prend l’hostie consacrée à cette messe et, en la tenant un peu élevée au-dessus de la patène ou du calice, tourné vers le peuple, il dit: “Ecce Agnus Dei” » (n. 243). Les règles pour la messe « avec participation d’un seul ministre » reprennent ces recommandations. Le prêtre « fait la génuflexion, prend l’hostie et, si le ministre communie, il dit, tourné vers lui et tenant l’hostie un peu élevée au-dessus de la patène ou du calice : “Ecce Agnus Dei” » (n. 268). Ce même numéro poursuit : « Ensuite, tourné vers l’autel, il consomme le Corps du Christ. Si toutefois le ministre ne reçoit pas la communion, le prêtre, après avoir fait la génuflexion, prend l’hostie et, tourné vers l’autel, dit à voix basse : “Domine, non sum dignus” ».

    L’ensemble de ces règles, inscrites dans la partie de la Présentation générale du Missel romain décrivant ce qu’il faut faire pendant la messe (et non seulement l’emplacement de l’autel), éclaire d’une lumière « juridique » la lumineuse tradition liturgique et symbolique d’un positionnement commun du prêtre et des fidèles vers l’Orient. Malheureusement, elles sont souvent oubliées ou méprisées par ceux-là même qui devraient les offrir au peuple de Dieu. La question de l’orientation rejoint, à son corps défendant, d’autres aspects du culte extérieur qui ont subi les coups d’une triste révolution anti-liturgique. À titre d’exemple, cette PGMR impose (vainement ?) que « tous ceux qui passent devant le Saint-Sacrement font la génuflexion sauf s’ils s’avancent en procession » (n. 274, al. 4).

    Ces règles méconnues en rejoignent d’autres, pourtant traitées avec autorité par le concile Vatican II : celle de l’usage de la langue latine, qui « sauf droit particulier, sera conservé dans les rites latins » (Sacrosanctum concilium, n. 36, al. 1) ; celle du chant grégorien, que l’Église reconnaît comme « le chant propre de la liturgie romaine ; c’est donc lui qui, dans les actions liturgiques, toutes choses égales d’ailleurs, doit occuper la première place » (Sacrosanctum concilium, n. 116). On sait ce qu’il est advenu de ces prescriptions conciliaires. On aimerait, avec le cardinal Sarah, que la liturgie retrouve sa splendeur, fut-ce avant le premier dimanche de l’Avent… »

    Cyrille Dounot est Professeur d'histoire du droit (Université d'Auvergne) et avocat ecclésiastique près l'Officialité de Lyon.

    Ref. Pourquoi célébrer ad orientem ?

    JPSC

  • Belgique : sortir l'avortement du code pénal

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    Du Bulletin de l'Institut Européen de Bioéthique (7 octobre) :

    Belgique : vers une sortie de l'avortement du code pénal ?

    Un Colloque académique intitulé « Sortir l’avortement du Code Pénal » a été organisé ce vendredi 30 septembre dans les auditoires de la VUB, à l’initiative de Centre d’Action laïque (CAL) et de son homologue néerlandophone, DeMens.nu, ainsi que par les Universités ULB et VUB.

    L’objectif de ce colloque est, comme son titre l’indique, la sortie de l’avortement du Code Pénal au motif que l’avortement volontaire est un choix de la femme et que le maintenir dans le Code Pénal peut s’avérer culpabilisant. Les organisateurs pointent également du doigt la fragilité du droit à l’avortement dans les législations européennes, certains pays ayant des législations très restrictives (Irlande, Chypre, Malte, Grèce, Croatie…) tandis que d’autres sont en débats parlementaires pour durcir les conditions d’accès à l’avortement (Pologne).

    Sortir l’avortement du Code Pénal en Belgique, comme cela a été fait récemment par la France et le Luxembourg, permettrait donc, selon les organisateurs, de consolider les acquis et conférer aux femmes est vrai droit à l’avortement considéré comme un simple acte de santé publique.

    Nicole Gallus, avocate et professeur de droit de la famille à l’ULB, préconise d’introduire l’avortement dans la loi sur le droit des patients, du 22 août 2002. Cette loi, votée concomitamment aux législations sur l’euthanasie et sur les soins palliatifs est une loi générale qui énonce les principaux droits du patient, tels le droit à des prestations de qualité, le libre choix du praticien, le droit à l’information médicale… Le droit à l’avortement serait inséré à la suite de ces droits généraux des patients. Les propositions de loi déposées par la formation politique DéFi et par le Parti Socialiste les 10 et 31 mai 2016 vont dans ce sens.

    Les organisateurs souhaitent également voir supprimées bon nombre des conditions légales actuelles, comme l’état de détresse, l’exigence d’un délai de réflexion de 6 jours, l’obligation de parler des possibilités d’accueil de l’enfant à naitre, ainsi que demander une prolongation du délai pour avorter, qui est actuellement de 12 semaines à partir de la conception.

    Les gynécologues invités à participer aux tables rondes de ce colloque témoignent par ailleurs que la suppression de ces conditions prévues par la loi serait finalement une simple consécration légale de ce qu’ils pratiquent déjà actuellement. Beaucoup d’entre eux assument n’avoir jamais respecté le délai de réflexion de 6 jours, vérifié la condition d’état de détresse, ou avoir rédigé un rapport selon lequel la grossesse mettrait en péril la santé de la femme pour autoriser l’avortement au-delà du délai de 12 semaines. Une quinzaine de représentants du monde politique étaient présents. A ce jour, 4 partis politiques de l’opposition ont déposé des propositions de loi adoptant tout ou partie de ces demandes, tandis que le MR, présent aussi au congrès, a dit y travailler.

    Un colloque semblable sera organisé à Liège au mois de novembre et une réunion est prévue dans les bâtiments du Sénat au mois de janvier. 

  • La pub au secours des églises ?

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    Lu sur lefigaro.fr (Claire Bommelaer) :

    Les bâches publicitaires au bon secours des églises

    Trois églises emblématiques de Paris vont financer leurs travaux grâce à la publicité. C'est une première.

    L'église Saint-Augustin, dans le VIIIe arrondissement de Paris, a été la première à sauter le pas. Afin de financer sa restauration, elle a accepté d'apposer une immense bâche publicitaire sur sa façade. En lieu et place de son entrée, imaginée par le célèbre architecte Baltard, s'étale désormais un immense Samsung Galaxy 7. Choc des mondes et des esthétiques!

    La bâche, qui devrait rester plus d'un an en place, devrait rapporter gros: 1,37 million d'euros, alors que le coût des travaux est estimé à 4,2 millions. Selon la réglementation en vigueur, elle est recouverte pour moitié par la publicité, pour moitié par un trompe l'œil reconstituant la façade.

    Suivront, fin novembre et pour un an, l'église de la Madeleine (VIIIe). Trois millions d'euros de travaux sont prévus pour la partie située cotée boulevard de la Madeleine et la publicité devrait rapporter 780.000 €.

    Un peu loin au bord des Halles, Saint-Eustache (Ier) devrait aussi pavoiser aux couleurs publicitaires: «La bâche va recouvrir en partie la façade sud, qui est très dégradée«explique le curé de Saint Eustache, George Nicholson, et c'est une excellente chose». Saint Eustache doit faire face à 2,4 millions d'euros de travaux et escompte 750.000 € de recette de publicité en dix-huit mois.

    Évidemment, les messages publicitaires portés sur ces toiles, ainsi que le type d'annonceurs, sont strictement contrôlés. Toutes les entités concernées- le Diocèse, l'église, l'État, la mairie de Paris et la mairie d'arrondissement- sont consultées, au fur à et mesure des propositions faites par l'afficheur JCDecaux. Le Diocèse, très en faveur de cette solution, se dit prêt à accepter tout ce qui n'est pas dégradant pour l'image d'une église.

    Pollution visuelle

    Ce qui laisse de la marge en termes de marque: l'Église Saint Eustache a failli être partiellement recouverte d'une publicité pour une des séries télévisées de Netflix. «Les dates entre les travaux et la diffusion de la série ne collaient pas, et cela ne s'est pas fait» poursuit le curé de l'église «mais nous trouverons autre chose, car c'est dans l'intérêt de tout le monde que cela fonctionne».

    Ce système de bâches publicitaires géantes a ses opposants à Paris. En juillet, lors du vote en conseil de Paris les écologistes et du Parti de Gauche s'étaient opposés à l'apposition de publicités sur ces édifices. De nombreuses associations de défense du patrimoine estiment que les bâches créent une pollution visuelle. Pour l'instant et sur ces cas précis, elles ne sont pas sorties du bois. «Nous sommes tous unis par le même objectif de valorisation de notre patrimoine exceptionnel» estime Bruno Julliard, adjoint à la Culture à la mairie de Paris.

    La ville est propriétaire de 85 églises. Elle a lancé pour la période 2015-2020 un «plan églises» de 80 millions d'euros, l'État apportant 10 millions. Les fonds privés s'ajoutent à ces sommes, considérées comme insuffisantes pour couvrir les besoins.

  • Un quart des élèves d’une génération arrive dans le secondaire sans maîtriser de manière satisfaisante la lecture

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    De Laurent Joffrin sur le site de Libération (liberation.fr) :

    Pourquoi nos enfants ne savent plus lire 

    La journaliste Carole Barjon dresse un diagnostic effrayant de l’enseignement du français à l’école. En cause le rejet de la méthode syllabique.

    Comment les militants du bien peuvent-ils faire le mal ? Cette question qui taraude la gauche depuis toujours se pose en termes crus dans un domaine essentiel pour elle, celui de l’éducation. Dans les années 60 et 70, un courant de pensée progressiste s’est mis en tête de réformer l’apprentissage de la lecture. Les méthodes traditionnelles, disaient-ils, sont trop arides, trop mécaniques, elles assomment les élèves et participent à la sélection sociale qui frappe les enfants des classes populaires. Elles doivent être mises au rencart au profit de pédagogies plus modernes. Bientôt dominant dans l’appareil de l’Education nationale, ce courant bien intentionné a inspiré les changements qui ont affecté l’enseignement du français dans les classes élémentaires.

    Contrairement à ce que disent parfois les adversaires de ces réformes (souvent engagés à droite, mais pas toujours), il ne s’agissait pas d’imposer la «méthode globale», inventée par un pédagogue du début du XXe siècle, Ovide Decroly, pour les élèves affectés de handicaps (la surdité, par exemple), et qui fut fort peu enseignée, mais de rejeter l’antique méthode syllabique (b.a.- ba) au profit de pédagogies plus ou moins influencées par la «méthode globale» sans en imiter le systématisme (méthodes semi-globales, idéo-visuelle, etc.), qui partent non des syllabes qu’on répète mécaniquement mais des mots complets dont l’enfant appréhende directement le sens, dans le but de l’éduquer à la découverte personnelle du savoir.

    En faisant foin de la grammaire traditionnelle et des pédagogies répétitives, ce courant a produit des méthodes et des explications techniques qui inquiètent souvent les parents d’élèves, troublés par ce qui leur paraît un abandon des exigences habituelles en matière d’orthographe et de grammaire, le tout accompagné d’une rhétorique obscure et jargonnante à souhait.

    Journaliste politique à l’Obs, Carole Barjon est de ceux-là. Entendant les professeurs de ses enfants faire peu de cas des dictées et relativiser d’un ton condescendant la maîtrise de l’orthographe, qui lui paraissait néanmoins utile aux élèves, notamment pour se mettre plus tard à la recherche d’un emploi, elle a décidé de se renseigner par elle-même, à l’aide d’une enquête journalistique sérieuse, sur l’état de l’enseignement du français dans l’Education nationale. Compulsant les études nombreuses réalisées sur la question, consultant les programmes, les instructions et les circulaires émises par le ministère, interrogeant directement les anciens ministres, retrouvant les pédagogues, les sociologues ou les professeurs qui furent à l’origine des réformes, elle livre un diagnostic vivant et précis de l’apprentissage de la langue française par les élèves de la République. Le résultat est effrayant.

    Précaution immédiate ! En lisant cette conclusion lapidaire, le lecteur averti se dira : encore un de ces pamphlets sommaires qui encombrent les étals des libraires et qui nous expliquent que tout était mieux avant, qu’il ne fallait surtout pas tenter de démocratiser l’éducation nationale, que Jules Ferry a été trahi et que la gauche enseignante à détruit la bonne vieille école républicaine. Erreur : outre qu’il s’appuie sur des chiffres difficiles à contester, le diagnostic de la journaliste est très souvent dressé par des spécialistes engagés à gauche. Cité par Carole Barjon, le livre le plus critique sur la question émane par exemple de deux spécialistes, Sandrine Garcia et Anne-Claudine Ollier, qui se réclament de Pierre Bourdieu.

    Qu’il s’agisse des études internationales Pisa, des rapports internes du ministère ou des travaux sociologiques les plus divers, les analyses concordent : un quart des élèves d’une génération arrive dans le secondaire sans maîtriser de manière satisfaisante la lecture. Et comme souvent, ce sont les élèves issus des milieux les plus modestes qui font les frais de cette dégradation, dans la mesure où les parents plus diplômés peuvent plus facilement corriger à la maison des déficiences de l’école publique.

    La raison en est simple, a découvert Carole Barjon : en réduisant le temps de répétition, d’entraînement, d’apprentissage des automatismes de lecture, le rejet de la méthode syllabique a rendu l’apprentissage du français plus lent, plus incertain, alors même que le temps dévolu à la lecture se réduisait progressivement. Les enfants de profs et ceux des classes supérieures ont compensé le handicap, les enfants des classes populaires se sont retrouvés démunis : l’école qu’on voulait rendre plus juste est devenue plus injuste. Le plus cruel dans cette enquête, c’est que les promoteurs des réformes, interrogés vingt ou trente ans après, admettent d’un ton primesautier leur échec historique et accusent de manière confuse un «on» mystérieux («on» n’a pas fait ce qu’il fallait), ou bien nient que la méthode globale ait jamais été appliquée (ce qui est un faux-fuyant, puisque l’on a avant tout rejeté la méthode syllabique au profit d’une pléiade de méthodes différentes). Aimable irresponsabilité des gourous de l’éducation. La logique voudrait qu’on reconnaisse l’échec et qu’on redresse la barre. C’est l’appel lancé par Carole Barjon en conclusion. Peut-être est-il temps de l’entendre…

    Laurent Joffrin

  • Le genre en images. Quelle société voulons-nous pour nos enfants ?

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    Le livret de Vigi Gender est accessible en cliquant sur le lien suivant : http://www.vigi-gender.fr/wp-content/uploads/2016/06/Livret-genre-%C3%A9dition-2-site-1.pdf

    "Ce livret, après une brève présentation du concept de genre, donne des illustrations concrètes réelles de sa diffusion à l’école et dans la société. Il veut aider chacun à prendre conscience de l’existence de ce concept idéologique, afin, s’il le souhaite, d’être en mesure d’agir pour stopper sa diffusion."

  • Il n'y aura pas d'exception polonaise à la politique du mépris de la vie

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    LE PARLEMENT POLONAIS REJETTE LES RESTRICTIONS SUR L’AVORTEMENT

    synthèse de presse bioéthique de genethique.org

    En Pologne, la proposition de loi d’initiative citoyenne interdisant le recours à l’IVG, sauf en cas de danger pour la vie de la mère (cf. La Pologne rouvre le débat sur l’avortement, Vers une plus grande protection de la vie humaine en Pologne) a été rejetée, mercredi par la Commission de la Justice et des droits de l’homme, puis jeudi en séance par 352 députés contre 58 (18 abstentions).

    L’ambiance était « houleuse » autour de ce projet. Des manifestations ont eu lieu en début de semaine. Le Parlement européen « s’est également saisi du dossier mercredi » : des eurodéputés ont« vivement critiqué le texte ». Mais une élue du parti PiS a répondu que « cette question ne relevait pas des compétences de l’Union européenne ». Mariusz Dzierzawski, promoteur de la proposition de loi a pour sa part rappelé que « toute personne humaine a le droit à la vie », et dénoncé les parlementaires du PiS qui « se moque de leurs électeurs (…), des 500 000 personnes qui ont signé le projet ».

    Le président du parti Droit et Justice (PiS) et le Premier Ministre, Beata Szydlo, ont expliqué leur revirement face à ce texte : « Nous avons le plus grand respect pour les signataires de la proposition de loi, mais en observant la situation sociale, nous constatons qu'elle [la proposition] conduirait à un processus dont l'effet serait contraire à ses objectifs ». Le gouvernement a annoncé trois prochaines actions : « L'élaboration, avant la fin de l'année, d'un programme de soutien aux familles et aux femmes décidant de garder des enfants nés de grossesses difficiles et élevant des enfants handicapés, la mise en place, début 2017, d'allocations à ces personnes et une ‘vaste action d'information pour promouvoir la défense de la vie’ ».

    Sources: AFP (6/10/2016)

  • Comment la France - mais pas seulement elle - a saboté son école

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    De Gaspard Koenig, philosophe et president du Think Tank Generation Libre, sur le site des echos.fr :

    Comment la France a saboté son école

    A quatre-vingt-huit ans, E. D. Hirsch poursuit le combat de sa vie : réhabiliter l'éducation traditionnelle, fondée sur la mémorisation et l'apprentissage du contenu (« content-based »). Dans un livre tout juste paru, « Why Knowledge Matters » (Harvard Education Press), le célèbre professeur américain de sciences de l'éducation rappelle les mérites de « l'alphabétisation culturelle », seule à même de produire une société unie, et surtout de donner sa chance à chacun. E. D. Hirsch dénonce l'illusion progressiste consistant à enseigner des « compétences » (« skill-based ») : capacité argumentative, qualités sociales, esprit critique, faculté d'analyse, créativité individuelle, etc. En s'appuyant sur les sciences cognitives et sur la linguistique, il démontre que de telles compétences sont intrinsèquement liées à l'information mémorisée. Pour produire des individus autonomes et modernes, il faudrait donc, de manière contre-intuitive, rétablir un curriculum strict et classique.

    Un pays démontre de manière exemplaire et documentée l'échec des méthodes progressistes : la France. E. D. Hirsch consacre un chapitre entier aux réformes de l'éducation dans notre pays, éloquemment intitulé « La débâcle française ». Le constat est douloureux : avec l'entrée en vigueur de la loi Jospin en 1989, qui met en place avec les meilleures intentions du monde la « différenciation pédagogique » (l'idée d'adapter l'enseignement à la diversité des élèves), la France a sacrifié une éducation réputée et un ascenseur social relativement efficace pour devenir en moins de trente ans le pays le plus inégalitaire de l'OCDE, selon le récent rapport du Cnesco. En bon chercheur, E. D. Hirsch cite ses sources, et félicite au passage l'administration française d'avoir tenu un compte si méthodique de ses propres erreurs. On peut voir ainsi comment, de 1987 à 2007, toutes les mesures d'évaluation à l'entrée au collège montrent un fort déclin du niveau moyen, plus marqué encore s'agissant des ouvriers et des chômeurs. Le psychodrame récurrent du classement Pisa, dont la prochaine édition est attendue en 2017, a le mérite de montrer de manière assez irréfutable l'étendue de la « débâcle ».

    E. D. Hirsch retrace les origines de ce changement de paradigme. Il insiste sur l'oeuvre dévastatrice de Pierre Bourdieu, en contestant la méthodologie de son opus majeur « Les Héritiers » ( « ahurissant de superficialité »), et en critiquant les conclusions du rapport Bourdieu-Gros qui inspira les réformes radicales du gouvernement Rocard. « L'école nouvelle » dont Bourdieu s'était fait le chantre a ainsi importé le pire de la conception... américaine : naturalisme de l'apprentissage (d'où la méthode de lecture globale par exemple), refus d'une transmission culturelle jugée trop homogène, victoire de la « logique » formelle sur « l'encyclopédisme » des connaissances réelles, le tout emballé dans un verbiage conceptuel que E. D. Hirsch baptise « individualisme providentiel » - soit l'idée, rousseauiste au fond, que le développement individuel devrait s'opérer de manière spontanée, sous le regard bienveillant d'un maître devenu simple guide. Là comme ailleurs, la France ensorcelée par ses intellectuels a saboté son legs révolutionnaire : le système scolaire hérité de Condorcet n'avait-il pas permis à Bourdieu, fils de paysans béarnais, d'intégrer les meilleures écoles du pays ?

    Les lanceurs d'alerte sont légion. E. D. Hirsch les cite avec l'admiration qu'on réserve aux vrais rebelles, du mathématicien de renommée mondiale Laurent Lafforgue au jeune philosophe François-Xavier Bellamy. Il est temps de les prendre au sérieux. La contre-réforme autour du « socle de connaissances » est encore trop timide.

    Promouvoir une forme d'éducation conservatrice n'est pas un projet réactionnaire. E. D. Hirsch, qui s'est toujours revendiqué de la gauche démocrate, n'a pas de mots assez durs contre les progressistes qui, en rejetant la culture hors de l'école, ont laissé la reproduction sociale atteindre des niveaux insoutenables. Ce n'est pas non plus un projet autoritaire. Le libéralisme commence à dix-huit ans. Avant, il n'est que licence. Pour pouvoir briser le statu quo, il faut avoir assimilé la tradition. Pour penser librement, il faut partager un terreau culturel que E. D. Hirsch appelle, dans un autre livre, « l'oxygène des relations sociales ». De l'air !