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Doctrine - Page 88

  • L’archevêque de Luxembourg : un "François bis" pour le prochain conclave ?

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    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso, en traduction française sur Diakonos.be :

    Si le conclave souhaite un François bis, voici son nom et son programme

    Dans la liste des cardinaux que le Pape François verrait d’un bon œil lui succéder, un nouveau nom vient d’être propulsé en tête du classement. Il s’agit de celui du cardinal Jean-Claude Hollerich, l’archevêque du Luxembourg.

    Les seuls obstacles seraient à la rigueur son jeune âge relatif, 64 ans, et le fait qu’il soit jésuite. Mais rien ne dit que ces limites soient bloquantes. En ce qui concerne son âge, Hollerich n’a qu’un an d’écart avec un autre papabile cher à Jorge Mario Bergoglio, le cardinal philippin Luis Antonio Gokim Tagle, préfet de « Propaganda Fide », et de six, ce qui n’est pas énorme, avec le candidat alternatif le plus en vue, le cardinal hongrois Peter Erdö, l’archevêque d’Esztergom-Budapest. Et en ce qui concerne son appartenance à la Compagnie de Jésus, il en a jusqu’à présent fait la démonstration des aspects les meilleurs, les moins partisans et les plus fascinants, surtout grâce à ses vingt-sept années de mission au Japon, aux plus lointains confins de la foi, là où la recherche de Dieu et de formes nouvelles du christianisme constituent des impératifs absolus, des lignes de force pour le futur de l’Église dans un monde de plus en plus sécularisé.

    Mgr Hollerich s’est toujours montré sensible à ce défi de notre époque et aujourd’hui encore, il en parle avec un sérieux et une profondeur qui le placent un cran au-dessus de la médiocrité d’une grande partie des cardinaux nommés par le Pape François. Il a étudié à Francfort et à Munich, il connaît et parle plusieurs langues y compris le japonais, il a longuement enseigné dans la prestigieuse université « Sophia » de Tokyo – rien à voir avec l’université homonyme des Focolari de Loppiano fondée en 2008 par Chiara Lubich, comme le mentionne avec une grossière erreur la biographie officielle de Hollerich sur le site du Vatican -, jusqu’à ce qu’en 2011, Benoît XVI le rappelle en Europe et le nomme archevêque de son pays, le Grand-Duché du Luxembourg.

    Depuis lors, l’Europe en crise est devenue le domaine de prédilection de la mission de Mgr Hollerich, surtout depuis 2018, date à laquelle il a été élu président de la Commission des épiscopats de l’Union européenne, en abrégé COMECE, une charge qui lui donne une grande visibilité institutionnelle et qui le place en contact avec les représentants de l’Union, avec le rôle d’exprimer le point de vue de l’Église sur tous leurs actes, encore dernièrement avec ce jugement critique formulé par le cardinal le 8 février dernier contre la proposition du président français Emmanuel Macron d’inclure le droit à l’avortement dans la charte des droits fondamentaux de l’Union.

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  • Quand le rapporteur général du prochain synode sur la synodalité déstabilise la doctrine

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    De Jonathan Liedl sur le National Catholic Register :

    Le Cardinal Hollerich et la déstabilisation de la doctrine

    Le cardinal luxembourgeois, qui est le rapporteur général du prochain synode sur la synodalité, a remis en question non seulement les enseignements fondamentaux de l'Église sur la sexualité, mais aussi l'intégrité de la doctrine elle-même.

    9 février 2022

    Le mois dernier, le cardinal Jean-Claude Hollerich du Luxembourg, rapporteur général du Synode en cours sur la synodalité, a déclaré que les réformes proposées dans la vie de l'Église "ont besoin d'une base stable". Mais à peine une semaine plus tard, le prélat a clairement indiqué que les catholiques devraient s'éloigner de lui lorsqu'ils cherchent une quelconque base doctrinale solide.

    Au cours d'une interview accordée à l'agence de presse catholique allemande KNA, le cardinal Hollerich a déclaré que l'enseignement de l'Église sur l'homosexualité "est faux", car "le fondement sociologique et scientifique de cet enseignement n'est plus correct". 

    Pour être clair, le cardinal répondait à une question posée de manière plutôt maladroite qui suggérait que l'Église considère l'homosexualité comme un péché - le sens exact du mot "homosexualité" restant quelque peu flou dans ce cas. Si l'Église soutient que les attirances envers le même sexe sont "intrinsèquement désordonnées", en ce sens qu'elles ne dirigent pas les facultés sexuelles vers leur finalité propre, l'Église est également très claire sur le fait que ressentir ces attirances n'est pas un péché en soi ; c'est plutôt le choix d'agir en fonction de ces attirances qui constitue un péché.

    Mais le cardinal Hollerich n'a pas clarifié la question. Il a plongé dans le vif du sujet, profitant de l'occasion pour suggérer que l'enseignement de l'Église concernant les actes homosexuels - et, par extension, son enseignement selon lequel la sexualité humaine est ordonnée à l'amour conjugal entre mari et femme, image de la vie trinitaire - est fondamentalement défectueux.

    La déclaration était choquante, constituant l'exemple d'un leader ecclésiastique éminent critiquant ouvertement une doctrine morale qui a été tenue par l'Église - toujours, partout, par tout le monde -, se rangeant du côté de la culture sécularisée sur le sujet litigieux en opposition à l'enseignement orthodoxe.

    Mais ce qui est peut-être encore plus troublant que le contenu spécifique de l'opinion du cardinal Hollerich, c'est la logique sous-jacente liée à la doctrine et au développement de l'Église qui l'a suscitée, une préoccupation amplifiée par le rôle important que le prélat est appelé à jouer dans le synode.

    Selon cette analyse, le cardinal Hollerich n'attaquait pas seulement un ensemble discret de doctrines morales et anthropologiques. Au contraire, il sapait la notion d'intégrité doctrinale elle-même, déstabilisant l'ensemble du corps des enseignements de l'Eglise et remettant en question la capacité de l'Eglise à enseigner quoi que ce soit avec autorité, à communiquer quoi que ce soit sur la Révélation divine avec exactitude.

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  • François dit clairement non à l'euthanasie et au suicide assisté

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    De Tommaso Scandroglio sur la nuova Bussola Quotidiana :

    Euthanasie, le pape s'oppose à la Civilta Cattolica

    10-02-2022

    Un non clair à l'euthanasie et au suicide assisté a été prononcé hier par le pape François lors de l'audience générale, au moment même où le processus parlementaire du projet de loi visant à légaliser le suicide assisté débute en Italie et où l'on attend la décision de la Cour constitutionnelle sur le référendum radical. L'intervention du Pape s'oppose à l'article très discuté de Civiltà Cattolica qui soutenait la nécessité d'approuver la loi sur le suicide assisté, au nom du moindre mal.

    Le Vatican dit non au suicide assisté et donc à la loi sur le sujet, qui a repris hier sa procédure parlementaire à la Chambre des députés. Hier, le Pape a tenu son audience générale habituelle dans la salle Paul VI, consacrée au thème "Saint Joseph, patron de la bonne mort". Le Saint-Père a formulé une réflexion intéressante sur la mort. Nous souhaitons ici mettre en évidence les passages qui concernent le thème de l'euthanasie.

    Au début de son discours, le Saint-Père a prononcé une phrase très précieuse, peut-être la plus importante de tout son discours : "la foi chrétienne n'est pas un moyen d'exorciser la peur de la mort, mais elle nous aide plutôt à l'affronter". L'euthanasie peut également être interprétée comme un stratagème visant à éluder le moment de la mort, presque une tentative de le dominer en décidant du moment où l'on veut quitter la scène. C'est une manière trompeuse de se faire croire que l'on peut remettre au centre l'autonomie de la personne, qui se sent dépassée par les événements, en la tuant.  Un moyen donc d'exorciser la mort.

    La foi chrétienne, en revanche, n'exorcise pas, ce n'est pas une couche chaude, un mensonge élaboré pour tenter de rendre le passage du corps moins douloureux, une collection d'histoires sur l'au-delà qui sont censées nous rassurer. Au contraire, la foi donne un sens à notre vie, un sens tel qu'elle réussit à remplir de sens même le dernier moment de la vie, à éclairer les sombres recoins de la mort avec la lumière du Christ qui, en effet, dès sa mort, est allé aux Enfers. C'est pourquoi ceux qui croient ne croient pas à l'euthanasie, car ils savent que la mort, comme l'a écrit Jean-Paul II, est en définitive un passage : "de la vie à la vie". Dans cette perspective, la mort n'est servie que par les vivants, ceux qui restent, les survivants, et non par ceux qui la subissent. Le Pape nous rappelle implicitement tout cela.

    Par la suite, François a réitéré sa juste condamnation de l'acharnement thérapeutique : "nous ne pouvons pas éviter la mort, et précisément pour cette raison, après avoir fait tout ce qui est humainement possible pour guérir le malade, l'acharnement thérapeutique est immoral". Le Pontife identifie ici correctement le moment où l'obstination clinique se déclenche, c'est-à-dire lorsque tout a été fait pour sauver la vie du patient.

    Il y a ensuite l'éloge des soins palliatifs : "La deuxième considération concerne la qualité de la mort elle-même, la qualité de la douleur, de la souffrance. En fait, nous devons être reconnaissants pour toute l'aide que la médecine s'efforce d'apporter, afin que, grâce à ce qu'on appelle les "soins palliatifs", chaque personne qui s'apprête à vivre la dernière partie de sa vie puisse le faire de la manière la plus humaine possible". Toutefois, il a ensuite mis en garde contre l'utilisation abusive de ces traitements, qui peuvent être utilisés à des fins d'euthanasie. En fait, de fortes doses d'opioïdes peuvent entraîner la mort, ce qui peut être une fin directement recherchée, proche de l'euthanasie. Le pape a poursuivi en disant : "Nous devons toutefois veiller à ne pas confondre cette aide avec des dérives inacceptables qui conduisent au meurtre".

    Ce passage permet au Souverain Pontife d'exprimer clairement la condamnation de l'Eglise à l'égard de toute forme d'euthanasie : "Nous devons accompagner les personnes jusqu'à la mort, mais pas provoquer la mort ou aider toute forme de suicide. La vie est un droit, pas la mort, qui doit être accueillie et non administrée. L'interdiction de l'euthanasie relève de la morale naturelle et concerne donc aussi bien les croyants que les non-croyants : "Et ce principe éthique concerne tout le monde, pas seulement les chrétiens ou les croyants". Il s'agit d'un avertissement à ceux qui pensent à confesser l'euthanasie comme s'il s'agissait d'un délit moral réservé aux croyants.

    Le discours du Pape n'a pas été prononcé par hasard, mais, comme nous l'avons déjà dit, il s'agit d'un message implicite adressé, d'une part, aux parlementaires italiens qui examinent le texte d'un projet de loi visant à légitimer le suicide assisté et, d'autre part, à tous les fidèles et citoyens et à la Cour constitutionnelle appelée à se prononcer sur le référendum proposé par les radicaux, un référendum qui veut dépénaliser presque totalement le crime de meurtre consenti. Le pape a donc dit un double non : à la loi sur le suicide assisté et à la dépénalisation de l'homicide de personnes consentantes.

    Ce discours contraste donc avec le récent article publié dans La Civiltà Cattolica par le père Carlo Casalone, intitulé "Le débat parlementaire sur le "suicide assisté"", dans lequel le jésuite soutenait l'adoption de cette loi comme un moindre mal, c'est-à-dire comme la meilleure solution pour éviter des dommages plus graves à l'avenir. Certains pourraient toutefois insinuer que le discours du pape n'est qu'une façade. En d'autres termes, on pourrait penser qu'au Vatican, il y a une condamnation claire de l'aide au suicide, mais pas une condamnation du projet de loi actuel sur le suicide assisté, qui permettrait d'éviter une loi bien pire. Mais si tel est le cas, pourquoi un tel discours devrait-il être prononcé au moment même de la reprise des travaux parlementaires sur la proposition de loi sur le suicide assisté ? Cela ne nous semble pas être un bon moyen de soutenir l'adoption d'une telle loi. De plus, la conclusion logique qui découle nécessairement des paroles très claires du Pape est la suivante : si le suicide assisté est un mal, il ne pourra jamais être légalisé.

  • Euthanasie : que dit l'Eglise?

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    D'Amedeo Lomonaco sur Vatican News :

    9 février 2022

    Le Magistère de l'Église catholique sur l'euthanasie

    Au cours de ses 2000 ans d'histoire, l'Église a toujours défendu la vie humaine, de la conception à la mort naturelle, avec une attention particulière aux phases les plus fragiles de l'existence. Le “non” à l'euthanasie et à l'acharnement thérapeutique est un “oui” à la dignité et aux droits de la personne: inguérissable ne veut pas dire incurable.

    Dans son étymologie grecque, le mot euthanasie est lié au concept de “bonne mort” (εὐθάνατος). Dans l’Antiquité, ce terme était associé à une mort sans souffrance. L'objectif du médecin était de faire en sorte, dans la mesure du possible, que les derniers moments de la vie soient indolores. Cette forme d'euthanasie n'était pas en contradiction avec le serment d'Hippocrate: «Je ne donnerai à personne, même si on me le demande, un médicament mortel, ni ne suggérerai un tel conseil; de même, je ne donnerai à aucune femme un médicament abortif». Aujourd'hui, cependant, le terme “euthanasie” ne renvoie plus à cette signification initiale. Il s'agit plutôt d'une action visant à provoquer par avance la mort d'une personne malade afin d'alléger ses souffrances.

    Non à l'euthanasie et à l'acharnement thérapeutique

    L'Église catholique a toujours affirmé que la vie humaine doit être défendue de la conception à la mort naturelle. Ainsi, selon le Catéchisme de l'Église catholique, «l'euthanasie volontaire, quels qu’en soient les formes et les motifs, constitue un meurtre. Elle est gravement contraire à la dignité de la personne humaine et au respect du Dieu vivant, son Créateur». (2324).

    Le progrès technologique a donné lieu à de nouvelles questions éthiques. Le développement de la médecine a permis d'améliorer la santé et de prolonger la vie d'une manière jamais vue ou même imaginée. À cet égard, il y a 65 ans, le 24 novembre 1957, Pie XII a prononça un discours devant un groupe d'anesthésistes et de réanimateurs que le Pape François a qualifié de «mémorable».

    Réaffirmant que l'euthanasie n'est pas licite, le Pape Pacelli a néanmoins affirmé qu'il n'y a pas d'obligation de toujours utiliser tous les moyens thérapeutiques potentiellement disponibles et que, dans des cas bien définis, il est licite de s'en abstenir: c'est la première allusion au principe de ce que l'on appelle “l'acharnement thérapeutique”. Il est défini comme moralement acceptable de s'abstenir ou de suspendre l'utilisation de mesures thérapeutiques lorsque leur utilisation ne correspond pas au critère de “proportionnalité du traitement”.

    Jean XXIII, Paul VI et le concile Vatican II

    Dans l'encyclique Mater et Magistra, Jean XXIII soulignait que «la vie humaine est sacrée: dès son origine, elle requiert l'action créatrice de Dieu». Dans l'encyclique Pacem in Terris, le même Jean XXIII indiquait également parmi les droits «de tout être humain à l'existence», un droit «lié au devoir de préserver la vie».

    La Constitution conciliaire Gaudium et Spes place l'euthanasie sur la liste des violations du respect de la personne humaine: «Comme toute espèce d’homicide, le génocide, l’avortement, l’euthanasie et même le suicide délibéré; tout ce qui constitue une violation de l’intégrité de la personne humaine, comme les mutilations, la torture physique ou morale, les contraintes psychologiques ; tout ce qui est offense à la dignité de l’homme, comme les conditions de vie sous-humaines, les emprisonnements arbitraires, les déportations, l’esclavage, la prostitution, le commerce des femmes et des jeunes; ou encore les conditions de travail dégradantes qui réduisent les travailleurs au rang de purs instruments de rapport, sans égard pour leur personnalité libre et responsable» (GS 27).

    En 1974, Paul VI établit un lien entre la fin de vie et les questions raciales, s'adressant au Comité spécial des Nations unies sur l'apartheid, soulignant l'égalité de tous les êtres humains et la nécessité de protéger les droits des minorités ainsi que «les droits des malades incurables et de tous ceux qui vivent en marge de la société et sont sans voix».

    Jean-Paul II: l'euthanasie et la culture de la mort

    Dans son encyclique Evangelium Vitae de 1995, Jean-Paul II souligne que l'euthanasie, qu'elle soit «déguisée et rampante ou ouvertement pratiquée et même légalisée», est de plus en plus répandue. «Par compassion présumée pour la douleur du patient, elle est parfois justifiée par une raison utilitaire, visant à éviter des dépenses improductives trop lourdes pour la société». Il est ainsi proposé de «tuer les bébés malformés, les personnes gravement handicapées, les invalides, les personnes âgées, surtout si elles ne sont pas autonomes, et les malades en phase terminale». Le Souverain Pontife polonais a souligné que «la tentation de l'euthanasie, c'est-à-dire de prendre possession de la mort, de la procurer à l'avance et de mettre ainsi fin “en douceur” à sa propre vie ou à celle d'autrui, devient de plus en plus forte». En réalité, «ce qui peut sembler logique et humain, vu en profondeur, est absurde et inhumain. Nous sommes ici confrontés à l'un des symptômes les plus alarmants de la culture de la mort».

    Benoît XVI: soins d'amour et accompagnement

    L'existence d'un être humain dans une condition très précaire, parce qu'il est vieux et malade, a-t-elle encore un sens? Pourquoi, lorsque le défi de la maladie devient dramatique, devrions-nous continuer à défendre la vie, et ne pas plutôt accepter l'euthanasie comme une libération? «Ceux qui sont appelés à accompagner les personnes âgées malades doivent se mesurer (à ces questions) surtout lorsqu'elles semblent n'avoir aucune chance de guérison», affirmait Benoît XVI en 2007. La mentalité actuelle d'efficacité, ajoutait-il, tend souvent à marginaliser nos frères et sœurs qui souffrent, comme s'ils n'étaient qu'un «fardeau» et un «problème» pour la société.

    «Ceux qui ont le sens de la dignité humaine savent qu'ils doivent être respectés et soutenus lorsqu’ils sont confrontés à de graves difficultés liées à leur état. Il est en effet juste de recourir, lorsque cela est nécessaire, aux soins palliatifs qui, s'ils ne peuvent pas guérir, sont en mesure d'atténuer la douleur causée par la maladie». Cependant, à côté des soins cliniques indispensables, disait Benoît XVI, il est toujours nécessaire de faire preuve d'une capacité concrète d'amour, car les malades ont besoin de compréhension, de réconfort et d'un encouragement et d'un accompagnement constants.

    Audience générale: accompagner la mort, ne pas l'éviter ni la provoquer

    La pensée dominante, marquée par la «culture du déchet» propose parfois une «fausse compassion»: «Celle, soulignait le Pape François, s'adressant aux participants à la conférence de 2014 promue par l'Association médicale catholique italienne, qui considère comme une aide aux femmes d'encourager l'avortement, comme un acte de dignité de procurer l'euthanasie, comme une conquête scientifique de “produire” un enfant considéré comme un droit au lieu de l'accueillir comme un don; ou encore d'utiliser des vies humaines comme des cobayes de laboratoire pour prétendument en sauver d'autres». La compassion évangélique, en revanche, est celle qui nous accompagne dans nos besoins, celle du bon Samaritain, qui «voit», éprouve de la compassion, s'approche et offre une aide concrète.

    Enfin, le Pape François assurait, dans un message de 2017 sur le thème de la fin de vie, que «ne pas activer des moyens disproportionnés, ou suspendre leur utilisation, équivaut à éviter l'acharnement thérapeutique, c'est-à-dire à réaliser une action qui a une signification éthique complètement différente de l'euthanasie». Et il rappelle ce qui est exprimé dans le Catéchisme de l'Église catholique: «L'interruption d'actes médicaux onéreux, dangereux, extraordinaires ou disproportionnés par rapport aux résultats attendus peut être légitime. Dans ce cas, il y a renonciation à l'acharnement thérapeutique». L'intention n'est pas de procurer la mort, mais d'accepter qu'elle ne peut être évitée.

    Inguérissable n'est pas incurable

    Dans la Lettre Samaritanus bonus sur l'assistance aux personnes en phase critique et terminale de la vie, approuvée par le Pape François et publiée le 22 septembre 2020, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi affirme que «inguérissable n'est jamais synonyme d'incurable»: ceux qui sont touchés par une maladie en phase terminale ainsi que ceux qui sont nés avec une espérance limitée de survie ont le droit d'être accueillis, soignés, entourés d'affection. L'Église s'oppose à l'acharnement thérapeutique, mais réaffirme comme «enseignement définitif» que «l'euthanasie est un crime contre la vie humaine».

  • Eglise du Saint-Sacrement à Liège : ouverture d’un cycle de cours libres pour la formation religieuse des jeunes adultes.

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    "Conversion de saint Augustin à Milan" : bas relief surplombant l'entrée monumentale de l'église du Saint-Sacrement à Liège (sculpture de P.-.A. Frank, 1723-1796)

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    Les cours sont gratuits. Ils se déroulent dans les locaux de l’église (Bd d’Avroy, 132), au rythme de l’année académique, un jeudi par mois, de 19h00 à 21h00, sous la forme d’une leçon suivie d’un lunch-débat convivial.

    Le premier cycle (année académique 2021-2022) est dédié à la doctrine sociale de l’Eglise (DSE). L’enseignement sur ce thème est assuré par Mme Anne-Marie Libert, licenciée en philosophie et en sciences religieuses, chargée de cours au Séminaire de Namur (SND) et professeur à l’Institut Diocésain de Formation (IDF-Namur).

    Le cycle s’est ouvert le jeudi 21 octobre dernier par un exposé introductif de Mme Libert sur la vision anthropologique qui fonde l’enseignement social de l’Eglise. On trouvera ci-après une synthèse de chaque  exposé littéral.

    Renseignements et inscriptions : sursumcorda@skynet.be

    (prochaine leçon: jeudi 24 février 2022, 19h00-21h00. Thème: la conscience)

    Programme

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    Première leçon suivie d’un lunch-débat

    organisés le jeudi 21 octobre 2021, de 19h00 à 21h00 :

    LES FONDEMENTS ANTHROPOLOGIQUES

    Compte-rendu de l’exposé (cliquez ici) :

    DSE Leçon 1.pdf

     

    Deuxième leçon suivie d’un lunch-débat

    organisés le jeudi 11 novembre 2021, de 19h00 à21h00 :

    LA NOTION DE BIEN COMMUN 

    Compte rendu de l’exposé (cliquez ici) :

    DSE Leçon 2.pdf

     

    Troisième leçon suivie d’un lunch-débat

    organisés le jeudi 16 décembre 2021, de 19h00 à 21h00

    LE PRINCIPE DE SUBSIDIARITÉ 

    Compte rendu de l’exposé (cliquez ici):

    DSE Leçon 3.pdf

     

    Quatrième leçon suivie d’un lunch-débat

    organisés le jeudi 27 janvier 2022, de 19h00 à 21h00

    LA LIBERTÉ

    Compte rendu de l’exposé

    (à suivre)

     

    Cinquième leçon suivie d’un lunch-débat

    organisés le jeudi 24 février 2022, de 19h00 à 21h00

    LA CONSCIENCE

    Compte rendu de l’exposé

    (à suivre)

     

    Sixième leçon suivie d’un lunch-débat

    organisés le jeudi 24 mars 2022, de 19h00 à 21h00

    LES IDÉOLOGIES 

    Compte rendu de l’exposé

    (à suivre)

    Septième, huitième et neuvième leçons

    avril, mai, juin 2022 : jeudis à fixer

    Thèmes et compte rendus à suivre

  • Un "tournant stratégique" du Vatican sur le suicide assisté ?

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    De Loup Besmond de Senneville sur le site du journal La Croix :

    Suicide assisté, le tournant stratégique du Vatican sur la bioéthique

    L’Académie pontificale pour la vie s’est montrée récemment favorable à ce que l’Église italienne ne s’oppose plus à la législation sur le suicide assisté. Un tournant dans la stratégie adoptée par Rome sur les questions de bioéthique : l’Église espère ainsi continuer à pouvoir faire entendre sa voix, quitte à participer à des « lois imparfaites ».

    7/02/2022

    Tout a commencé par un article publié, le 15 janvier, dans La Civiltà Cattolica. La revue jésuite dirigée par Antonio Spadaro, un proche du pape, publie ce jour-là un article intitulé « La discussion parlementaire sur le suicide assisté ». Le propos, signé par le père Carlo Casalone, est simple mais pour le moins surprenant : alors que l’Italie s’apprête à légiférer sur la fin de vie, l’Église catholique aurait intérêt à y soutenir le suicide assisté plutôt que l’euthanasie. En contradiction avec la doctrine de l’Église.

    → CONTEXTE. Suicide assisté : l’Italie relance le débat

    Il faut dire que l’Italie fait face à un cas bien particulier : depuis une décision de la Cour constitutionnelle en 2019 dépénalisant l’aide au suicide sous certaines conditions, les parlementaires italiens sont contraints de légiférer sur la question. Deux voies s’ouvrent à eux. Première option, autoriser, sous conditions, une personne à aider un proche en fin de vie à mettre fin à ses jours. Seconde possibilité : supprimer, par référendum, dans le droit pénal italien, l’interdiction du « meurtre de la personne consentante », et ouvrir ainsi très largement la voie à l’euthanasie. Deux choix que l’Église catholique a toujours réprouvés.

    Le Vatican est-il donc en train de changer de stratégie ?

    À toute première vue, tout laissait donc à penser que ce texte du père Casalone s’inscrivait avant tout dans un contexte italien. Jusqu’à ce que soit publiée dans Le Monde, le 31 janvier, une tribune de la moraliste française Marie-Jo Thiel, soulignant qu’il fallait y voir le signe d’un changement plus large de positionnement de l’Église.

    → À LIRE. En Italie, le Vatican s’alarme du retour du débat autour de l’euthanasie

    Et en effet, tout indique aujourd’hui qu’il ne concerne pas que l’Italie. D’abord, tous les textes de La Civiltà Cattolica sont, comme le rappelle régulièrement son directeur, approuvés au Vatican par la Secrétairerie d’État. Ensuite, parce que son auteur, le jésuite Carlo Casalone, est l’un des collaborateurs de l’Académie pontificale pour la vie, instance en charge, auprès du pape, de la réflexion sur les délicats sujets de la bioéthique. Et que le texte de Marie-Jo Thiel a été publié dans Le Monde avec son approbation.

    Le Vatican est-il donc en train de changer de stratégie ? « Nous sommes dans un contexte précis, avec un choix à opérer entre deux options, dont aucune – suicide assisté ou euthanasie – ne représente la position catholique », répond Mgr Renzo Pegoraro, médecin et chancelier (« numéro deux ») de l’Académie pontificale pour la vie.

    « Quoi qu’il en soit, il y aura une loi, poursuit-il. Et parmi ces deux possibilités, c’est le suicide assisté qui restreint le plus les dérives car il serait accompagné de quatre conditions strictes : la personne demandant de l’aide doit être consciente et pouvoir l’exprimer librement, être atteinte d’une maladie irréversible, ressentir des souffrances insupportables et dépendre d’un traitement de maintien en vie comme un respirateur. » En somme, l’Église fait le choix du moindre mal ? « Plutôt du bien le meilleur. Il s’agit de voir quelle loi peut limiter le mal », corrige Mgr Pegoraro. Qui admet : « C’est un terrain difficile, délicat. »

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  • L'Église allemande à toute voile vers le schisme

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    De Luisella Scrosati sur le site de la Nuova Bussola Quotidiana :

    L'Église allemande fait parvenir ses documents controversés à Rome

    7-02-2022

    Révision du célibat des prêtres et du diaconat féminin : voilà les deux exigences de rupture flagrante consignées noir sur blanc dans deux documents du synode allemand et adressés au pape. On peut maintenant comprendre pourquoi la boue a été déversée sur les vrais adversaires : de Voderholzer à Woelki, jusqu'à Benoît XVI...

    A 180 Km/h tout droit vers le schisme. Telles sont la vitesse et la direction que le Synode allemand, qui en est à sa troisième assemblée générale, a prises lors de sa réunion du 3 au 5 février dernier. 174 voix pour (avec 6 abstentions) et seulement 30 contre ont fait passer le plus grand document voté ces derniers jours (8 documents en 9 heures), consacré aux "femmes dans les services et les ministères de l'Église". Parmi les partisans, on trouve également environ 2/3 des évêques allemands présents à l'assemblée.

    Un ramassis de clichés, des reconstitutions historiques qui sont tout sauf exactes, des slogans sur l'égalité des sexes qui visent à dénoncer l'oppression des femmes par le prêtre masculin, l'adoration de la nouvelle source de la Révélation, c'est-à-dire la Modernité, et des interprétations soi-disant " joyeuses " du Concile Vatican II.

    C'est ce qu'on peut voir, par exemple, dans la demande d'envisager l'ordination des femmes, en s'appuyant sur le fait que Vatican II aurait fait de l'apport de l'Évangile au monde entier une priorité pour l'Église. En bref, puisque les vocations masculines s'effondrent, il faut s'ouvrir à l'ordination des femmes comme diacres et prêtres, sinon, adieu l'évangélisation. Cela semble plus cléricaliste que le cléricalisme auquel la guerre avait été déclarée. Ou comme lorsqu'on évoque le même Concile œcuménique, avec la décision malheureuse d'instituer le diaconat marié (en vérité, après la conclusion du Concile), avec le Motu Proprio Sacrum Diaconatus Ordinem de Paul VI, pour affirmer que l'admission du diaconat permanent marié était une promesse pour l'ouverture ultérieure au diaconat féminin. Où est-il écrit que le diaconat permanent masculin devait s'ouvrir au diaconat féminin ? Manifestement nulle part, mais tout est en place pour tenter d'acculer la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, désormais très faible.

    Il est vraiment difficile d'expliquer comment il est possible que plus de 80 % des participants au Synode aient pu approuver des déclarations telles que la suivante : "Dieu se fait homme pour que l'homme puisse participer à la vie divine. Celui qui, dans ce contexte théologique, considère comme important le sexe biologique incontesté de Jésus en tant qu'homme court le danger de mettre en doute le salut de la femme par Dieu, car seule la nature humaine que Dieu a assumée est sauvée". (...)

    En Allemagne, ils ne semblent pas comprendre qu'en s'incarnant, Dieu a assumé la nature humaine - qui, en tant que "nature", n'est ni masculine ni féminine - et qu'en ce sens, il l'a objectivement sauvée. C'est pourquoi saint Paul peut affirmer qu'"il n'y a plus ni homme ni femme, car vous êtes tous un dans le Christ Jésus" (Ga 3,28). Le sacerdoce ministériel (in persona Christi capitis), par contre, est différent, puisqu'il se situe dans la relation sponsale entre Dieu et son peuple, accomplie dans le mariage entre le Christ et l'Église, comme l'a clairement expliqué la Congrégation pour la doctrine de la foi en 1976 : " il faut admettre que, dans les actes qui requièrent le caractère d'ordination et dans lesquels est représenté le Christ lui-même, auteur de l'Alliance, époux et chef de l'Église, dans l'exercice de son ministère de salut [...]. ...], son rôle doit être soutenu (c'est le sens premier du mot personne) par un homme : ce qui ne découle d'aucune supériorité personnelle dans l'ordre des valeurs, mais seulement d'une diversité de fait au niveau des fonctions et du service". Ce qui revient à dire que dans le mariage, être un homme ou une femme n'est pas la même chose...

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  • Synodalité : quand François se réfère abusivement à saint Vincent de Lérins

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    De Nicolas Bux sur le site de la Nuova Bussola Quotidiana :

    La tradition vivante et le malentendu sur Vincent de Lérins

    25-01-2022

    La fidélité à la Tradition est le principe de tout véritable progrès dans l'Église. La synodalité, en revanche, représente une rupture. François montre une incompréhension de la " tradition vivante " lorsqu'il fait une célèbre citation de saint Vincent de Lérins, dont la pensée se référait pourtant - dans son intégralité - au dogme. 

    Le cardinal John Henry Newman a exhorté : "Construisez sur des fondations anciennes et vous serez en sécurité : ne commencez rien de nouveau, n'expérimentez rien... de peur que dans votre vieillesse votre Mère (l'Église) ne soit déshonorée". Dans ce discours de 1849 sur la mission catholique, le saint énonce un principe : la fidélité à sa propre histoire est une garantie de stabilité pour l'avenir. C'est ainsi que cela devrait être pour chaque catholique : la fidélité à la Tradition pour innover ou construire l'Église de manière stable et " antisismique ". Mais aujourd'hui, avec le cheval de Troie de la synodalité, ils veulent faire passer le déséquilibre et la rupture.

    Selon le pape François, la synodalité exprime la nature de l'Église, sa forme, son style, sa mission, et fournit certaines de ses déclinaisons : par opposition aux rigidités et aux verticalismes hiérarchiques, la synodalité devrait être considérée comme le mouvement même de la Tradition, qui conduirait à se tourner vers le sensus fidei et son infaillibilité "in credendo" ; du fait que synodalité signifie "marcher ensemble", c'est le peuple de Dieu et non quelqu'un d'autre, même s'il est berger de l'Église, qui indique la direction du voyage, car le peuple aurait le "nez". Par conséquent, selon certains, la synodalité corrige la primauté pétrinienne, et donc les baptisés qui participent au culte, à l'écoute et à l'enseignement de la parole peuvent aussi gouverner l'Église ; cela permettrait de surmonter le " paternalisme " de la hiérarchie : il est dommage que ceux qui soutiennent cela ne se soient pas rendu compte que c'est précisément le paternalisme qui a produit, par exemple, Traditionis custodes.

    Tout cela semble découler de la notion de "tradition vivante" que le pape François a à l'esprit lorsqu'il recourt à la citation de saint Vincent de Lérins (Lerino) : "ut annis scilicet consolidetur, dilatetur tempore, sublimetur aetate" (progresser, se consolider avec les années, se développer avec le temps, s'approfondir avec l'âge). Il le mentionne dans l'encyclique Laudato si' (121) de 2015, pour indiquer l'autocompréhension croissante de l'Église en phase avec le dialogue avec le monde et en même temps dépendante de celui-ci ; dans son discours du 11 octobre 2017 - vingt-cinquième anniversaire de la constitution Fidei depositum de Jean-Paul II sur le Catéchisme de l'Église catholique - pour justifier la modification de l'article sur la peine de mort ; ou encore, dans le discours de clôture de l'assemblée synodale sur l'Amazonie, le 26 octobre 2019 ; enfin, dans le discours aux fidèles du diocèse de Rome, le 18 septembre 2021, pour lancer le processus synodal. On peut en déduire que cette citation constitue l'aune récurrente à laquelle il mesure la "rigidité" ou non des personnes et des choses.

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  • L’esprit de la liturgie dans l’Eglise d’aujourd’hui : un dialogue de sourds ?

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  • Une initiative pour prévenir un nouveau schisme allemand

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    De Catholic News Agency :

    Une nouvelle Réforme est-elle en train de naître en Allemagne ? L'initiative “New Beginning” écrit aux évêques du monde entier.

    3 février 2022

    Alors que l'assemblée d'ouverture du Chemin synodal se déroule en Allemagne, l'initiative “New Beginning” ("Nouveau départ") a mis en garde contre un schisme issu du pays. Dans une lettre adressée aux évêques de ce pays et du monde entier, les organisateurs décrivent "un esprit de rébellion" à l'œuvre qui trahit l'évangile.

    Dans leur essai "Sept questions à l'Église catholique d'Allemagne sur la liberté et l'autonomie", l'initiative exprime sa crainte que le Chemin synodal ne proclame un nouveau paradigme d'autodétermination radicale et absolue qui pourrait conduire l'Église d'Allemagne au schisme.

    L'initiative se décrit comme une association de théologiens, philosophes et anthropologues qui appellent à une réforme radicale de l'Église catholique, mais qui ne considèrent pas la Voie synodale allemande comme une solution viable.

    L'essai dit : "L'accent n'est plus mis sur le Seigneur - sa parole et sa volonté - mais sur l'homme - sa volonté, ses intérêts, son identité, ses désirs, sa liberté de déterminer ce qui est l'affaire de l'Église, ce qui semble encore plausible devant le tribunal de la modernité ... ce qui peut et ne peut pas être enseigné et vécu."

    L'initiative demande aux évêques de l'Église catholique d'user de leur influence pour prévenir le schisme : "Le fait que le pape Léon X ait un jour rejeté les thèses de Martin Luther comme une "chamaillerie de moines" sans intérêt a peut-être été l'erreur la plus importante de l'histoire de l'Église. Exactement 500 ans plus tard, l'Église catholique romaine s'apprête à nouveau à minimiser un débat théologique dans un pays pas si lointain, à l'ignorer et à le considérer comme un problème allemand. Le prochain schisme de la chrétienté n'est pas loin. Et il viendra à nouveau d'Allemagne". 

    En janvier, l'initiative “New Beginning” a remis au pape François un "manifeste pour la réforme", signé par 6 000 catholiques. Elle affirmait que la voie synodale "abuse de l'abus", c'est-à-dire qu'elle instrumentalise les discussions nécessaires et urgentes à la suite du scandale des abus sexuels pour changer l'Église selon son agenda.

    L'initiative indique qu'outre les 67 évêques allemands, environ 2 000 évêques dans le monde, ainsi que 500 congrégations, institutions et mouvements catholiques, ont reçu un texte explicatif intitulé "Ceci n'est pas l'Évangile" et une invitation théologique à un débat scientifique : "Sept questions à l'Église catholique en Allemagne sur la liberté et l'autonomie".

    Le groupe a également ajouté à ces deux documents une collection de citations et de déclarations de théologiens et d'évêques dans le processus de la Voie synodale, ainsi que des déclarations typiques du processus qui, selon eux, montrent "que son agenda n'est pas compatible avec l'enseignement continu de l'Église universelle."

  • Mais qu'a donc dit le pape François sur les pécheurs, le baptême et la communion des saints ?

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    De Kevin J. Jones sur Catholic News Agency :

    Qu'a dit le pape François sur les pécheurs, le baptême et la communion des saints ?

    3 févr. 2022

    Toute discussion sur les apostats et les anciens catholiques qui persécutent l'Église attire forcément l'attention, et l'audience de mercredi du pape François a suscité des réactions de la part de certains qui se demandaient s'il avait intentionnellement inclus les damnés dans la communion des saints. Malgré toute cette controverse, les commentaires du pape semblent refléter l'accent qu'il met personnellement sur les liens des chrétiens catholiques non seulement avec les saints du ciel, mais aussi avec nos proches et ceux qui sont baptisés mais rejettent actuellement la foi.

    "Nous sommes des frères. C'est la communion des saints. La communion des saints tient ensemble la communauté des croyants sur terre et au ciel, et sur terre les saints, les pécheurs, tous", a déclaré le pape lors de son audience générale du 2 février. Au cours de sa catéchèse, il a souligné que le recours à l'intercession d'un saint "n'a de valeur que par rapport au Christ." "Le Christ est le lien qui nous unit à lui et les uns aux autres, et qui a un nom spécifique : ce lien qui nous unit tous, entre nous et nous avec le Christ, c'est la 'communion des saints'", a déclaré le pape.

    Il a cité le Catéchisme de l'Église catholique, qui définit la communion des saints comme "l'Église". "Qu'est-ce que cela signifie ? Que l'Église est réservée aux parfaits ? Non", a ajouté le pape. "Cela signifie qu'elle est la communauté des pécheurs sauvés". "Personne ne peut s'exclure de l'Église, nous sommes tous des pécheurs sauvés. Notre sainteté est le fruit de l'amour de Dieu manifesté dans le Christ, qui nous sanctifie en nous aimant dans notre misère et en nous en sauvant. Grâce à lui, nous formons un seul corps, dit saint Paul, dont Jésus est la tête et nous les membres", a-t-il déclaré. L'image de l'Église comme Corps du Christ nous aide à comprendre ce que signifie être liés les uns aux autres dans la communion, a poursuivi le pontife. Ce corps peut souffrir ensemble, ou être glorifié ensemble. Résumant Saint Paul, le Pape François a dit : " nous sommes tous un seul corps, tous unis par la foi, par le baptême... Tous en communion : unis dans la communion avec Jésus-Christ. Et ceci est la communion des saints". La joie et la douleur de la vie de chaque chrétien affectent tous les autres chrétiens, a déclaré le pape, et cela a des conséquences sur la façon dont les chrétiens se répondent les uns aux autres. "Je ne peux pas être indifférent aux autres, car nous sommes tous dans un seul corps, en communion", a-t-il expliqué. "En ce sens, même le péché d'une personne individuelle affecte toujours tout le monde, et l'amour de chaque personne individuelle affecte tout le monde." En vertu de la communion des saints, chaque chrétien est lié à un autre d'"une manière profonde", a-t-il dit, ajoutant que "ce lien est si fort qu'il ne peut être brisé même par la mort." La communion des saints inclut les morts, a dit le pape. "Eux aussi sont en communion avec nous", a-t-il dit. "Considérons, chers frères et sœurs, que dans le Christ, personne ne peut jamais vraiment nous séparer de ceux que nous aimons, car le lien est un lien existentiel, un lien fort qui est dans notre nature même ; seule la manière d'être ensemble les uns avec les autres change alors, mais rien ni personne ne peut briser ce lien."

    Le pape François a ensuite soulevé une objection d'un interlocuteur hypothétique : "pensons à ceux qui ont renié la foi, qui sont des apostats, qui sont les persécuteurs de l'Église, qui ont renié leur baptême : Ceux-là sont-ils aussi chez eux ?" Le pape a répondu : "Oui, ceux-là aussi. Tous ceux-là. Les blasphémateurs, tous. Nous sommes des frères. C'est la communion des saints. La communion des saints tient ensemble la communauté des croyants sur terre et au ciel, et sur terre : les saints, les pécheurs, tous. " "Dans ce sens, la relation d'amitié que je peux établir avec un frère ou une sœur à côté de moi, je peux aussi l'établir avec un frère ou une sœur au ciel", a-t-il dit, poursuivant son explication de la dévotion aux saints.

    Les remarques du pape sur les apostats, les persécuteurs et ceux qui nient leur baptême ont suscité quelques réactions sur Internet. CNA a demandé un commentaire au Père Roch Kereszty, un moine cistercien et professeur de théologie retraité de l'Université de Dallas. Il a déclaré que les discours papaux sont du genre "exhortation paternelle, mais pas un document contraignant" et doivent toujours être interprétés dans un contexte catholique. 

    "La majeure partie du discours de mercredi est une belle méditation sur la communion des saints dans laquelle le pape François souligne avec tant d'enthousiasme la force du lien baptismal que certaines de ses déclarations peuvent facilement être mal comprises", a déclaré Kereszty le 3 février. "Conscient de ses nombreuses attestations selon lesquelles il est un fils de l'Église et n'enseigne que ce que l'Église enseigne, j'exclus une intention de contredire la foi de l'Église." "Le baptême imprime dans l'âme une marque indélébile, appelée caractère baptismal, et s'il n'y a pas d'opposition de l'âme, il en résulte aussi la grâce sanctifiante en vertu de laquelle le Christ vit dans l'âme et nous unit à lui-même et à tous les chrétiens tant sur la terre que dans le ciel", a-t-il poursuivi. "Par le péché grave, mortel, nous perdons la grâce sanctifiante et donc l'habitation du Christ dans l'âme et, bien sûr, le droit au ciel. Mais aucun pécheur, aussi obstiné soit-il, ne peut perdre la marque indélébile du caractère baptismal." "Chaque péché mortel brise le lien d'amour de la part du pécheur, mais il ne supprime pas le caractère", a déclaré Kereszty.

    "Le pape a cité le catéchisme : "La communion des saints est l'Église. Oui, mais les membres vivants de l'Église sont ceux qui sont en état de grâce sanctifiante", a ajouté le prêtre. "Les membres baptisés en état de péché mortel sont des membres morts, mais les prières de l'Église les entourent avec l'amour d'une mère en deuil. Ils ne seront sauvés que s'ils se repentent." "Il semble donc que lorsque le pape parle du lien baptismal, il ne fait pas la distinction entre le caractère du baptême que l'on ne peut pas perdre, mais qui ne sauve pas en soi, et le lien d'amour qui sauve parce qu'il assure la présence du Christ dans l'âme", explique Kereszty. "Mais ce lien d'amour est détruit par le péché mortel de la part du pécheur. L'Eglise, par ses prières, essaie cependant d'obtenir la grâce du repentir pour le pécheur. Et le caractère baptismal du pécheur peut agir dans son cœur pour obtenir sa conversion."

    Interrogé sur le baptême et l'enfer, Kereszty a répondu que "la communion des saints et le lien baptismal n'incluent pas ceux qui sont en enfer. On doit parler de l'enfer, mais pas nécessairement dans le même discours". Le pape François ne se concentre pas particulièrement sur l'enfer dans ses prédications, mais il a fait référence à l'enfer et au jugement de Dieu dans le passé. Le 22 novembre 2016, lors d'une méditation matinale dans sa résidence, la Maison Sainte Marthe, il a rappelé à son auditoire "(l') appel du Seigneur à penser sérieusement à la fin : à ma fin, au jugement, à mon jugement." Le pape a fait remarquer que les enfants apprennent traditionnellement les "quatre dernières choses" dans le catéchisme, à savoir "la mort, le jugement, l'enfer ou la gloire." Alors que certains pourraient dire "Père, cela nous effraie", le pape François a répondu : "C'est la vérité. Parce que si vous ne prenez pas soin de votre cœur... (et) que vous vivez toujours loin du Seigneur, peut-être y a-t-il le danger, le danger de continuer ainsi, loin du Seigneur pour l'éternité. C'est très mauvais !" "Aujourd'hui, il sera bon pour nous de réfléchir à ceci : comment sera ma fin ? Comment sera-t-elle lorsque je me retrouverai devant le Seigneur ?", a déclaré le pape. Il a relaté les paroles du Christ tirées du livre de l'Apocalypse : "Sois fidèle jusqu'à la mort... et je te donnerai la couronne de la vie". "La fidélité au Seigneur : cela ne déçoit pas", disait-il en 2016. "Si chacun de nous est fidèle au Seigneur, quand notre mort viendra, comme nous dirons ce que saint François a dit : 'Sœur mort, viens'. Elle ne nous effraiera pas."

  • "Les évêques allemands ne défendent pas la foi" (cardinal Müller)

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    De Karl Gustel Wärnberg sur le Catholic Herald :

    Les évêques allemands ne défendent pas la foi

    27 janvier 2022

    En arrivant à Ratisbonne en provenance de Stockholm, la pandémie était omniprésente. Même à St Wolfgang, le bâtiment du séminaire du XIXe siècle où j'ai rencontré le cardinal Gerhard Müller, on ne pouvait échapper à ce moment de l'histoire. Les couloirs étaient vides ; le cardinal, habituellement imposant, est entré dans le petit salon en portant un masque facial et une simple tenue cléricale.

    Nous parlions en plein milieu de la pandémie, et nous avons commencé par la réponse de l'Église à celle-ci. Beaucoup ont demandé comment l'abrogation de l'obligation de la messe dominicale a affecté la vie de l'Église. Le cardinal a été clair : les effets négatifs sont nombreux, a-t-il dit. "Les gens s'habituent à l'idée qu'il n'est pas si important d'être présent corporellement. Certains pensent qu'il suffit d'être présent virtuellement. " 

    Cette juxtaposition du virtuel et du réel a été un thème récurrent dans l'explication du cardinal. "Nous croyons en la présence réelle. Dieu s'est fait chair et a vécu parmi nous. Ce n'est pas un symbole, c'est un passage réel et absolu de la mort à la vie. Il est présent dans l'Église, qui est son corps. Avant tout, nous avons l'Eucharistie, la présence corporelle réelle du Christ parmi nous, et la nourriture de notre vie." C'est pourquoi nous avons l'obligation de participer corporellement à la messe, car il découle de notre nature humaine que la physicalité est essentielle à notre vie. Le cardinal a insisté sur ce point : assister à la messe "n'est pas une question de discipline, mais a trait à la substance de notre foi".

    En parlant de la nécessité d'assister à la messe, notre conversation s'est naturellement tournée vers le motu proprio récemment promulgué par le pape François, Traditionis custodes, qui restreint la célébration du rite dit tridentin, et son contraste avec le Summorum Pontificum du pape Benoît XVI qui était plus libéral en autorisant la célébration du rite extraordinaire. Assis dans une ville si fortement associée à Benoît XVI et dans le diocèse d'origine du cardinal, j'ai demandé si le pape émérite avait surmonté les divisions de l'Église ou, comme le prétend le nouveau motu proprio, s'il les avait accentuées. "Le pape Benoît", a-t-il répondu, "a surmonté les divisions de l'Église concernant la forme du rite en latin. Il y a plus de 20 rites légitimes dans l'Eglise et au sein du rite latin nous avons des subdivisions comme la liturgie ambrosienne. Le fond n'a pas changé au Concile, seulement la forme. Mais cela ne supprime pas les autres rites. Il était sage [du pape Benoît] de parler d'une forme extraordinaire et d'une forme ordinaire, car ce sont des versions de la même liturgie." 

    Pour le cardinal, le même argument que pour le pape Benoît tient : ce qui est considéré comme la forme ordinaire depuis plus de 500 ans ne peut être supprimé, et il n'est certainement pas dogmatiquement erroné. Après le Concile Vatican II, la forme a changé, mais la foi qui sous-tend les deux formes reste la même. 

    En ce qui concerne Traditionis custodes, le cardinal Müller estime qu'il ne s'agit pas d'une "décision profondément réfléchie et qu'il est faux de dire que la liturgie réformée est la seule "lex orandi"." Le cardinal, ancien préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi poursuit : "Il n'y a pas de théologie bonne et réfléchie derrière ces documents ; c'est de l'idéologie et cela ne respecte pas le Concile Vatican II. Nous ne pouvons pas gouverner l'Église par simple réaction. Nous avons besoin d'une argumentation précise."

    Notre discussion a eu lieu le jour même où de nouvelles clarifications sur la forme extraordinaire ont été publiées par le Vatican. Nous avons parlé de la manière dont le nouveau motu proprio a été mis en œuvre dans l'Église, selon l'expérience du cardinal Müller. 

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