C’est dans « Le Figaro » d’hier sous la signature de Patrick Saint-Paul :
« Benoît XVI abordera dimanche à Fribourg, dans le Bade-Wurtemberg, en plein cœur de l'Allemagne catholique, la dernière étape de son voyage dans son pays natal. Ce sera aussi l'épreuve la plus délicate et la plus attendue. À Fribourg, le Souverain Pontife ira à la rencontre d'une Église catholique allemande déchirée par de nombreux courants réformateurs et contestataires. Attisée par les scandales d'abus sexuels et physiques qui ont secoué l'Église depuis janvier 2010. La crainte d'un schisme entre conservateurs et progressistes est de plus en plus présente outre-Rhin. Et de nombreux catholiques allemands espèrent une main tendue du Pape, pour amorcer la réconciliation.
«L'Église s'inflige un silence destructeur sur la crise qu'elle traverse», juge le père jésuite Klaus Mertes. Ancien directeur du très huppé collège jésuite Canisius, à Berlin, il déclencha la vague de révélations sur les scandales pédophiles en dévoilant les abus survenus dans son établissement entre 1970 et 1980. Résultat : pour la première fois en 2010, le nombre de catholiques tournant le dos à leur Église - 181 000 - a largement dépassé le nombre de protestants quittant leur institution - 150 000. Depuis 1990, l'Église catholique allemande a connu une érosion inquiétante. En vingt ans, le nombre de catholiques a baissé de 12,7 % outre-Rhin, selon les chiffres de la Conférence des évêques allemands. Le nombre de paroissiens assidus à la messe a chuté de 42,5 %. Les mariages à l'église ont baissé de 58,3 %, les baptêmes de 43,1 %. Le nombre de candidats au sacerdoce est en chute libre (- 62,1 %).
Le déclin ne cesse de s'accentuer. «Jusqu'à présent la hiérarchie de l'Église n'a pas eu le courage de reconnaître sincèrement la gravité de la situation qu'elle traverse», déplore Hans Küng, théologien et critique du Pape. Plusieurs hauts responsables de confession catholique issus du parti conservateur d'Angela Merkel, parmi lesquels le président de la République fédérale, Christian Wulff, et le président du Bundestag, Nobert Lammert, réclament une modernisation de l'Église catholique » La suite est ici : Le spectre d'un schisme plane sur les catholiques allemands
La question est de savoir si ce ne sont pas précisément les recettes modernistes qui ont mis à mal l’Eglise depuis quarante ans. Il est peu probable que Benoît XVI soit prêt à en rajouter…
La lecture de l’article paru dans le Figaro sous la signature de Jean-Marie Guénois nous le montre : hier, devant le président et les notables du luthéranisme allemand Benoît XVI a dépassé, par le haut, tous les discours convenus qui polluent l’œcuménisme ordinaire.
Jean-Marie Guénois, l’envoyé spécial du Figaro à Berlin écrit : « Après la marmite madrilène et ses 39°C de température du mois d'août, Benoît XVI arrive aujourd'hui dans un chaudron théologique agité, où la fougue des JMJ est remplacée par une contestation rugueuse à l'intérieur et à l'extérieur de l'Église catholique.
Benoit XVI entame ce jeudi son 21ème voyage apostolique à l’étranger, le 15°ème en Europe, le 3ème en Allemagne, mais il s’agira de sa première visite officielle dans son pays natal, 6 ans après son élection. Un voyage complexe à plus d’un titre : le Pape va rencontrer une Église catholique déstabilisée par les scandales de pédophilie et les demandes de réformes et des dirigeants politiques dont la cote de popularité a chuté, en particulier en raison de la gestion de la crise économique.
Bulletin de l'IEB - 15 septembre 2011