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Eglise - Page 528

  • "Loin de sortir de la crise doctrinale, nous nous y enfonçons..."

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    De Philippe Maxence sur le site de l'Homme Nouveau :

    Après Traditionis Custodes…

    Notre quinzaine : Après Traditionis Custodes…

    Le mois de juillet aura été celui d’un profond bouleversement. Par le motu proprio Traditionis Custodes (16 juillet 2021), le pape François a annulé l’esprit et les dispositions pratiques de Summorum Pontificum de Benoît XVI (voir ici et ici). Que stipulait ce texte de 2007 ? Voulant mettre un terme à des décennies de guerre liturgique, Benoît XVI avait rappelé que l’ancien missel n’avait jamais été abrogé et qu’il existait donc deux formes – l’une ordinaire (missel de 1969), l’autre extraordinaire (missel de 1962) – du seul rite romain. Il organisait aussi les aspects pratiques de la coexistence des deux missels. Jamais, à aucun moment, la forme dite extraordinaire n’avait été rendue obligatoire et la très grande majorité des catholiques avait continué à fréquenter la forme ordinaire. En revanche, petit à petit, des communautés cléricales spécialisées dans la célébration de la forme extraordinaire et de tout ce qui l’accompagne (pédagogies traditionnelles, catéchisme, scoutisme, etc.) s’étaient développées, attirant un nombre non négligeable de vocations.

    Cette réalité est donc profondément remise en cause. François affirme qu’il n’existe qu’une forme du rite romain – le missel de Paul VI – et il gèle tout développement des lieux de culte célébrant dans la forme extraordinaire (interdiction de nouvelles paroisses dites personnelles, interdiction de célébrer dans les paroisses territoriales, etc.). Il remet à la discrétion des évêques le soin de gérer l’héritage antérieur au regard des nécessités pastorales.

    Raisons et paradoxes

    Il n’est un secret pour personne que ce texte a été perçu comme extrêmement dur. Même en dehors des milieux concernés, de nombreuses voix se sont élevées pour dire leur incompréhension et ce jusqu’à l’extérieur de l’Église. Le cas le plus emblématique étant certainement celui du philosophe athée Michel Onfray publiant dans Le Figaro une tribune montrant la portée profonde de cette décision, non seulement pour l’Église mais pour la civilisation et la culture. Un certain nombre d’évêques ont par ailleurs manifesté leur souci pastoral en indiquant qu’ils conservaient leur confiance aux prêtres célébrant la forme extraordinaire et qu’ils maintiendraient la situation antérieure.

    Si le pape François a pris une telle décision, c’est qu’il estime qu’il y a un risque de constitution d’une Église parallèle et une remise en cause croissante de Vatican?II. Soulignons toutefois que ces mesures ne concernent pourtant pas la Fraternité Saint-Pie X fondée par Mgr Lefebvre, à laquelle François a accordé un tel nombre d’autorisations qu’elle se trouve de fait comme reconnue au sein de l’Église. Or, c’est en son sein que continue d’être portée une critique constante de Vatican II. La sévérité à l’égard des catholiques à l’intérieur des structures ecclésiales et la modération à l’égard de ceux qui sont à l’extérieur ne laissent pas d’interroger.

    Fin de la paix liturgique ?

    Le motu proprio de François arrive au bout de quatorze ans d’existence de Summorum Pontificum. Quatorze ans, seulement ! C’est oublier que les guerres civiles, et plus encore les guerres civiles religieuses, sont extrêmement longues à cicatriser. Il y faut plusieurs générations. En un mot, il aurait fallu laisser du temps au temps comme disait François Mitterrand, là où la précipitation risque d’être une mauvaise conseillère.

    Nous pourrions croire que seule une partie de l’Église est concernée. Ce n’est pas le cas ! D’abord parce qu’il s’agit d’un acte universel du souverain pontife. Ensuite parce que Benoît XVI avait rendu à la liturgie romaine classique son rang de bien commun alors qu’elle était devenue de fait le bien d’une partie seulement. Enfin parce que des questions doctrinales se posent. Si, contrairement à ce que pensait Benoît XVI, la messe traditionnelle ne peut être la lex orandi (la loi de la prière) de Vatican II, à l’instar de la messe de Paul VI, alors ceux qui critiquent ce concile comme une rupture radicale avec la Tradition se trouvent fondés dans leur approche. Nous sommes donc dans une situation qui remet en cause non seulement Summorum Pontificum de Benoît XVI mais aussi son discours de décembre 2005 sur les deux herméneutiques. Loin de sortir de la crise doctrinale, nous nous y enfonçons. Et cette situation concerne tous les catholiques, pratiquants ou non de la forme extraordinaire. L’heure est donc à la prière pour le pape, les évêques et la paix surnaturelle entre catholiques.

  • Qui sont les catholiques anti-vaccin ?

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    D'Héloïse de Neuville sur le site du journal La Croix :

    Qui sont les chrétiens opposés à la vaccination obligatoire ?

    Une petite partie des chrétiens sont opposés, à l’instar d’autres Français, à la vaccination obligatoire et au passe sanitaire. Leur contestation peut quelquefois trouver racine dans leur foi, mais s’explique surtout par des motifs culturels et sociologiques.

    29/07/2021 

    Les modérateurs du groupe ont fini par clôturer la section des commentaires. C’était peut-être la plus sage décision à prendre, tant le débat devenait passionnel et clivant. Et menaçait d’acter, au sein d’une communauté rassemblée par une foi fédératrice, des différends irréconciliables.

    → À LIRE. Covid-19 : entre pro et anti-vaccins, un dialogue électrique

    Sur le groupe Facebook « Little Catho » qui réunit en ligne 7 400 catholiques français, comme dans de nombreuses familles et paroisses ces dernières semaines, les avis autour de la pression vaccinale ont enflammé les discussions. Rien n’indique que les catholiques sont plus sensibles aux théories du complot ou qu’ils sont plus hostiles à la vaccination que la population générale. Pour autant, il existe chez certains de ces croyants des marqueurs et des prédispositions particulières sur ces questions.

    « Que pensez-vous de la vaccination obligatoire des soignants ? Je la refuse, on dit qu’elle est faite – au moins pour certains vaccins de cellules de bébés avortésEst-ce que certains soignants catholiques l’ont fait ? », interroge par exemple Marie (1) lançant ainsi la conversation virtuelle qui a vu s’opposer sur « Little Catho » des fidèles aux positions tranchées.

    « Ces catholiques ont perdu confiance en l’État pour réguler la science »

    Las, la discussion n’a pas donné lieu à des retournements d’opinion, tant les arguments avancés sont devenus des convictions indéboulonnables. Qu’ils s’expriment sur les réseaux sociaux ou qu’ils soient physiquement présents dans les manifestations contre le passe sanitaire, les catholiques venus grossir les rangs des Français opposés aux nouvelles mesures gouvernementales sont dans leur grande majorité, soit des fidèles traditionalistes, soit des catholiques observants ayant l’habitude de se mobiliser sur les enjeux de bioéthiques.

    « Depuis l’adoption des lois de bioéthique comme le mariage pour tous et la PMA pour toutes, ces catholiques-là ont perdu confiance en la capacité de l’État à réguler les poussées scientifiques. Ils considèrent que les gouvernements successifs repoussent opportunément les barrières éthiques qu’ils sont censés fixer, à chaque fois qu’une expérimentation supplémentaire sur le plan médical semble nécessaire. Il est probable que cette mémoire conflictuelle et cette perte de crédit de l’État à leurs yeux sur ces questions jouent un rôle dans le scepticisme vis-à-vis des vaccins contre le Covid-19 », observe le sociologue historien du catholicisme Yann Raison du Cleuziou.

    Une question morale ?

    Si les oppositions à la stratégie sanitaire du gouvernement ont toutes leur légitimité à s’exprimer dans le débat démocratiqueun certain type de défiance – plus partisan – est alimenté par des circuits d’informations fabriqués souvent hors des médias traditionnels. Là encore les mobilisations sur les lois de bioéthiques ont constitué un point de rupture pour des catholiques, selon Yann Raison du Cleuziou: « Pendant la Manif pour Tous, beaucoup de fidèles observants se sont sentis caricaturés de manière outrancière par les médias dominants. Ils sont donc allés chercher les informations correspondant mieux à la représentation qu’ils ont d’eux-mêmes sur d’autres canaux, sur des sites comme le Salon Beige et les réseaux sociaux. Cette mise à l’épreuve médiatique leur a fait prendre confiance dans de nouveaux médias, où l’information n’est pas toujours vérifiée. »

    → À LIRE. Covid-19 : la nébuleuse des militants anti-vaccins

    De fait, des références dans les milieux catholiques à des figures jugées complotistes ou non fiables par les médias traditionnels sont souvent brandies. « Personnellement, j’écoute la généticienne Alexandra Henrion-Caude, le professeur Montagnier, prix Nobel de médecine, et le docteur Raoult, qui est l’un des infectiologues les plus réputés au monde. Ils sont contre un vaccin en essai en phase deux ; je ne suis pas un cobaye de laboratoire et mon médecin sait très bien soigner le coronavirus comme beaucoup d’autres médecins. Bon courage ! », commente l’un des internautes du groupe « Little Catho », citant là trois figures médicales controversées, dont les propos sont le plus souvent rapportés sans recul par des sites d’informations alternatifs.

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  • Unifier la liturgie ?

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    De Louis Manaranche sur Aleteia.org :

    « Traditionis Custodes » : un appel à l’unification liturgique

    Au fil des siècles, la liturgie s’est toujours fixée dans l’Église à l’aune de l’expérience et des usages du Peuple de Dieu. Pour l’historien Louis Manaranche, une intégration renouvelée des trésors de la tradition dans la liturgie ordinaire pourrait consolider la communion.

    Depuis la publication du motu proprio Traditionis Custodes, l’Église de France revit des débats qui semblent tout droit venus des années 1970 et 1980. À l’exception des questions à proprement parler doctrinales, qui restent discrètes, recommence une discussion sans fin sur la manière de lire le concile Vatican II, entre « herméneutique de la continuité » et « Pentecôte nouvelle » ou « disruptive » comme on dirait aujourd’hui, à travers le prisme de la liturgie. Celle-ci, que l’on appelle dans la tradition occidentale la lex orandi (loi de la prière), qui exprime la lex credendi (loi de la foi) de l’Église, a été profondément réformée dans le contexte de ce grand événement. 

    On mentionne toujours la possibilité de célébrer en langue vernaculaire et face au peuple mais on devrait peut-être évoquer d’abord deux autres caractéristiques notables : la liturgie de la Parole plus déployée avec un nouveau lectionnaire profondément renouvelé et une variété considérable de prières eucharistiques (treize si on inclut des prières assez peu usitées), en lieu et place de l’ancien et unique canon romain devenu la prière eucharistique numéro I. 

    L’expérience liturgique du Peuple de Dieu

    Force est de constater que cette messe dite de Paul VI nourrit depuis plus de cinquante ans la foi, l’espérance et la charité du Peuple de Dieu, qui en goûte tout particulièrement la plus grande intelligibilité et l’accès renouvelé à la Parole de Dieu. En outre, cette messe a progressivement pris une forme stabilisée avec trois prières eucharistiques largement privilégiées et une disparition progressive — et inégale — des tentatives de créativité malheureuses. Cette évolution nous rappelle combien, selon l’expression conciliaire, le Peuple de Dieu est l’acteur qui célèbre la liturgie.

    C’est avec cette conviction qu’il faut aussi considérer la messe tridentine. Fixée par le pape Pie V dans le contexte d’un concile de Trente de réforme interne de l’Église catholique en réponse à la Réforme, cette messe entérinait et codifiait ce que contenait depuis au moins un siècle la messe romaine. Ainsi, ce missel s’appuyait déjà sur l’expérience liturgique du Peuple de Dieu et a été la norme de celle-ci pendant encore quatre siècles. Sans entrer dans le débat sur l’abrogation ou non de l’ancien missel après 1969, il convient de bien percevoir que sa pratique n’a en réalité jamais été interrompue, en premier lieu parce qu’elle répondait à l’attente de certains catholiques. Son sens du sacré, de la continuité exprimée par le latin et le chant grégorien, l’accent net mis sur la messe comme sacrifice ont, parmi d’autres éléments, été au cœur de la vie liturgique, sans interruption, de nombreux chrétiens.

    Renouveau et tradition

    Sans non plus entrer dans la controverse sur la pérennité de deux missels dans le même rite latin, nous pouvons lire l’appel du Saint Père vers une unification liturgique à l’aune de cet état de fait. Si tant d’éléments ont « survécu » à la réforme liturgique et surtout à une application parfois radicale de celle-ci, n’est-il pas envisageable que le missel jadis dit « ordinaire » puisse intégrer plus explicitement des modalités de célébration qui permettent de proposer à tous tant le renouveau vécu par la masse des chrétiens que les trésors de tradition que certains ont voulu maintenir intacts ?

    On objectera que bien des éléments, du latin au canon romain en passant par le chant grégorien ou même l’orientation sont déjà possibles et c’est exact. Toutefois, en le formulant de manière renouvelée et le permettant dans des lieux plus nombreux, dans le plus grand respect de la sensibilité des fidèles et des prêtres, de vivre la messe ainsi, un chemin de paix et de communion plus profonde pourrait apparaître…

  • Traditionis Custodes : pour l’historien Christophe Dickès, spécialiste du Vatican, « La diversité des rites fait la richesse de l’Église »

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    Pourquoi les remous suscités par le motu proprio du pape François dépassent-ils largement le monde des traditionalistes? voici un décryptage très complet  paru sur le site web « Aleteia :

    « Pour l'historien et spécialiste du Vatican Christophe Dickès, en mettant fin à la libéralisation de la messe dite de saint Pie V, le pape François exprime très clairement le souhait qu’à terme, la forme extraordinaire du rite romain disparaisse. Il ne croit pas que cela soit possible.

    La publication du motu proprio Traditionis Custodes, le 16 juillet dernier, a provoqué de vives réactions au sein de l’Église de France. Si beaucoup d’évêques ont tenu à réitérer leur confiance aux communautés traditionnalistes de leurs diocèses, ces dernières se disent « profondément attristées » par le contenu du texte et de la lettre explicative du pape François. Pour le spécialiste du Vatican Christophe Dickès, il est « heureux » que « tous les conciles dans l’histoire, surtout ceux des premiers siècles, aient été aux centres de grands débats et de vastes discussions ». S’il se montre lui-même critique à propos de la décision du pape François, il rappelle l’importance « d’être constructif et respectueux dans sa critique ».

    Aleteia : En quoi le motu proprio Traditionis Custodes est-il en rupture avec les précédentes règles édictées par Benoît XVI ?

    Par son motu proprio Summorum Pontificum du 7 juillet 2007, le pape Benoît XVI libéralisait la messe dite de saint Pie V. Il permettait à des « groupes stables » de paroissiens de demander à leur curé ce qui serait désormais appelé la « forme extraordinaire du rite romain ». Dès les deux premiers mots de son texte, il justifiait son acte en faisant appel à l’ensemble de l’histoire de l’Église, de Grégoire le Grand à saint Pie V, en passant par Clément VIII, Urbain VIII, saint Pie X ou encore saint Jean XXIII. Écrire un texte en prenant à témoin l’ensemble des « Summorum pontificum » (en français, « Souverains pontifes ») nous dit toute l’importance de la liturgie pour ce pape théologien. Dans la lettre aux évêques qui accompagnait le texte, Benoît XVI ajoutait : « Ce qui était sacré pour les générations précédentes reste grand et sacré pour nous, et ne peut à l’improviste se retrouver totalement interdit, voire considéré comme néfaste ». De fait, la messe dite de saint Pie V n’a jamais été abrogée (Summorum Pontificum, art 1.)

    Or, le texte du pape François met non seulement fin à cette libéralisation, mais exprime très clairement le souhait qu’à terme, la forme extraordinaire du rite romain disparaisse. On a beau le prendre dans tous les sens, il souhaite son abrogation dans le temps en restreignant drastiquement sa pratique dès aujourd’hui. Alors qu’elle est un droit inaliénable.

    Pourquoi le pape François cherche-t-il à contrôler plus strictement les messes en rite préconciliaire ?

    Le pape François justifie sa décision en évoquant un danger pour l’unité ecclésiale. Mais je souhaiterais tout d’abord rappeler qu’il existe de très nombreuses formes du rite romain : les rites anglican et zaïrois, les rites ambrosien et cartusien. Sans compter les rites spécifiques aux ordres religieux. Et je ne parle même pas des rites non latins : les rites byzantins, arméniens ou antiochiens qui eux-mêmes comportent des sous-ensembles. Bref, il existe une diversité de rites, ce qui fait la richesse de l’Église, de son histoire et de ses traditions liturgiques.

     Lire aussi :L’histoire agitée de « Summorum Pontificum », le motu proprio qui a libéralisé la messe en latin

    Par ailleurs, d’un point de vue plus terre à terre, le motu proprio Traditionis Custodes fait suite à une enquête de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi auprès des diocèses du monde entier. Or, sur l’ensemble des évêques, il semble que seuls 15% aient montré des sentiments défavorables à l’ancienne messe, quand 15% se révélaient neutres ou favorables. Les 70% n’ayant pas répondu, nous pouvons estimer qu’ils sont sans avis, ni pour, ni contre. Voir donc un texte pontifical répondre aux inquiétudes de 15% des évêques me laisse songeur… L’Église peut-elle s’offrir le luxe d’une crise dans le contexte que l’on sait, alors que tant de choses sont à faire et que ces communautés, contrairement à ce qu’en dit le motu proprio, ont montré leur fidélité à Rome dans le cadre offert par le pape Jean-Paul II puis Benoît XVI ?

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  • Traditionis custodes : une nouvelle guerre liturgique ?

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    Un entretien avec l’abbé Barthe publié sur le site web « Paix liturgique » :

    Par le motu proprio Traditionis Custodes publié le 16 juillet, le pape François « détricote » le motu proprio Summorum Pontificum du 7 juillet 2007 de son prédécesseur Benoît XVI en limitant drastiquement la célébration de la messe traditionnelle. Nous reproduisons ci-dessous avec l'aimable autorisation du quotidien Présent l'entretien qu'a réalisé Anne Le Pape avec l'abbé Claude Barthe au sujet de cette terrible publication.

    Anne Le Pape — Monsieur l’abbé, l’annonce de ce motu proprio – annulant quasiment celui de Benoît XVI du 7 juillet 2007 autorisant sans contrainte la célébration de la messe traditionnelle – planait déjà dans les esprits depuis quelque temps. Vous attendiez-vous à une publication si rapide, dès le 16 juillet ?

    L'abbé Claude Barthe — Nous étions tous dans l’incertitude, les rumeurs étant diverses, on parlait à Rome d’une publication au mois d’août, d’autres parlaient d’une publication imminente ; cette dernière version s’est révélée la vraie. La Secrétairerie d’Etat, qui a mené tout cela, a été extrêmement discrète, il faut en convenir.

    Anne Le Pape — Tout ce qui semblait aller dans le sens de l’apaisement – comme les propos du cardinal Gambetti, archiprêtre de la basilique Saint-Pierre, faisant appel à Summorum Pontificum dans un entretien récent sur Vatican News – était donc sans fondement ?

    L'abbé Claude Barthe — Je ne sais pas ce que le cardinal Gambetti a fait et a dit auprès du pape, mais il est sûr qu’il y a eu des demandes de surseoir à ce document pour ne pas déclencher une nouvelle guerre liturgique dans l’Eglise. On dit notamment que le cardinal Ladaria, président de la Congrégation pour la doctrine de la foi, a freiné autant qu’il a pu, d’autres aussi. La décision a été vraiment prise par le pape et par ceux qui l’ont poussé à la prendre, spécialement le secrétaire d’Etat, le cardinal Parolin, le substitut, le cardinal Peña Parra, le cardinal Versaldi et d’autres qui ont trempé dans cette affaire, c’est-à-dire qui ont participé à ces réunions inter-dicastères (réunions des préfets des congrégations concernées : le Culte divin, le Clergé, les Evêques, et la Secrétairerie d’Etat, bien sûr) et qui, de longue date, ont préparé le document en question.

    Anne Le Pape — Comment les « pour » le motu proprio de François sont-ils passés en force ?

    L'abbé Claude Barthe — Il suffisait de convaincre le pape ! Et lui a suffisamment de force pour passer contre tout le monde… Dans cette affaire, le groupe de pression majoritaire à la conférence épiscopale italienne a été très monté contre Summorum Pontificum, essentiellement parce qu’en Italie, avec un peu de retard par rapport à la France, les jeunes prêtres se mettaient à célébrer la messe traditionnelle et à adopter des idées plus traditionnelles. Ils ont constaté une « traditionalisation » des séminaires, qui les a beaucoup inquiétés. Comme en outre, dans la Curie, des personnages comme le cardinal Parolin, le cardinal Stella au Clergé, etc.

    Anne Le Pape — Quels sont leurs arguments pour justifier cette remise en cause du document de Benoît XVI ?

    L'abbé Claude Barthe — C’est très clairement expliqué dans la lettre d’accompagnement. On les trouve aussi sur le blog d’Andrea Grillo, laïc, professeur de liturgie à Saint-Anselme, militant extrême contre Summorum Pontificum de longue date. Il explique bien, ce qui est repris par le pape et ce qui était l’idée des fabricants de ce dernier motu proprio, que la messe traditionnelle représente un état de doctrine antérieur à Vatican II et que la messe nouvelle représente la doctrine de Vatican II – ce que nous savions tous. Il ne fallait donc plus que la messe traditionnelle soit un droit, mais qu’elle soit une tolérance seulement, et encore : une tolérance qu’on donne à des fidèles, et à des prêtres, pour les aider à passer peu à peu à la messe nouvelle.

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  • Vaccin et fraternité : un appel de la conscience morale

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    Du site du journal La Croix :

    Mgr d’Ornellas : « Vaccin et fraternité, un appel de la conscience morale »

    Mgr Pierre d’Ornellas, archevêque de Rennes, et responsable du Groupe bioéthique de la Conférence des Évêques de France, donne des éléments de discernement éthique face à la vaccination

    27/07/2021

    Mgr d’Ornellas : « Vaccin et fraternité, un appel de la conscience morale »
    « Pour ceux qui doutent de la valeur éthique des vaccins, la Congrégation pour la doctrine de la foi à Rome a discerné le 21 décembre que l’usage des vaccins disponibles ne comporte aucune complicité avec le mal. » CORINNE SIMON/CIRIC 

    Si on parlait fraternité ? La petite musique qui circule au sujet de la vaccination serait tout autre, débarrassée des tonalités outrancières que, troublés ou scandalisés, nous avons entendues.

    → À LIRE. Covid-19 : les cultes appellent à la vaccination

    Face au paroxysme de cette outrance, relisons Mgr de Moulins-Beaufort : « Si des réfractaires à la vaccination ont fait usage de l’étoile jaune, c’est une grave confusion de pensée. La Shoah représente une horreur absolue », elle ne peut jamais « devenir un jouet au bénéfice de n’importe quelle cause » ! Sans aller jusqu’à l’outrance, des oppositions à la vaccination s’expriment. Elles sont dues aux divergences entre experts, mais aussi aux tergiversations du gouvernement et à ses dernières décisions. Celles-ci ont pu apparaître comme un chantage à l’exercice de nos libertés individuelles sur lesquelles se fixe, de façon un peu courte, le regard. Du coup, certains se ruent vers le vaccin ; d’autres, irrités, le refusent car cela leur semble une obligation qui ne dit pas son nom et qui discrimine.

    Prendre soin les uns des autres

    La fraternité, elle, élargit le regard. Elle est la valeur cardinale qui nous presse de prendre soin les uns des autres entre adultes et entre générations. En ce temps de pandémie, comment entendre son injonction ? Celle-ci n’est pas d’abord républicaine ; elle est un appel de la conscience morale qui reconnaît les liens unissant les humains entre eux. Tous dotés d’une égale dignité et des mêmes droits de vivre et d’être soignés, ils « doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité ». Ce propos de la Déclaration universelle des droits humains mérite d’être médité !

    → ÉDITO. Vaccination et fraternité

    La fraternité est aussi un appel du cœur. Comment ne pas se laisser toucher par les souffrances sociales dues au virus, et par la douleur de ceux qui ont perdu un être cher sans l’avoir visité ou qui ont subi l’angoisse d’une détresse respiratoire aiguë ! Comment par ailleurs ne pas être attentifs à la santé des plus petits, notamment ceux qui sont destinés à naître !

    Les croyants reconnaissent à quelle fraternité l’unique Père des Cieux les invite. Le chrétien se sait appelé à « aimer en actes et en vérité » : « S’il voit son frère dans le besoin sans faire preuve de compassion, comment l’amour de Dieu pourrait-il demeurer en lui ? » (1 Jn 3,17) La fraternité est une haute valeur éthique, celle de l’amour concret et de l’engagement délibéré en faveur d’autrui. Elle donne sens à la liberté et l’oriente, jusqu’à préférer le bien d’autrui à son propre bien.

    En cette pandémie, la fraternité pousse chacun à considérer les autres comme ses frères et sœurs, et à agir de telle sorte qu’aucun d’entre eux ne soit contaminé par la Covid 19. Comment discerner le juste agir ?

    La confiance est fondamentale face au virus

    Face à ce virus, la confiance est fondamentale. En effet, entre soignants et soignés, la relation est un « pacte de confiance », selon l’admirable formule de Paul Ricœur. Ce 9 juillet, l’Académie de médecine (qui s’est opposée au gouvernement sur la loi de bioéthique) a déclaré : « La vaccination est à ce jour l’approche la plus efficace pour contrôler l’épidémie. »

    Cependant des inquiétudes et des interrogations demeurent, notamment sur l’innocuité de techniques génétiques utilisées pour certains vaccins. Le corps médical doit les entendre et expliquer en toute transparence afin d’éclairer les consciences.

    → À LIRE. Le Vatican approuve les vaccins contre le Covid

    Pour s’éclairer sereinement, chacun peut écouter en confiance l’avis de son médecin. Il évaluera si dans la situation concrète et l’état de santé de la personne, il est bon ou non pour elle d’être vaccinée.

    Pour ceux qui doutent de la valeur éthique des vaccins, la Congrégation pour la doctrine de la foi à Rome a discerné le 21 décembre que l’usage des vaccins disponibles ne comporte aucune complicité avec le mal.

    Le bien commun

    La fraternité nous convie aussi à la solidarité en vue du bien commun auquel appartient la santé de tous. Éviter qu’elle se dégrade chez d’autres à cause de la Covid-19, c’est choisir de participer à l’effort collectif en respectant tous les gestes barrières et en entendant les scientifiques qui estiment qu’atteindre 90 % de personnes vaccinées contribuera à vaincre le virus.

    Personnellement, la fraternité m’a invité à choisir de recevoir le vaccin, comme d’autres. Certains hésitent, ont peur, cherchent à comprendre. C’est légitime. Pour les croyants, prier l’Esprit Saint apaise et clarifie le discernement. Ainsi, devant le choix de se faire vacciner, la fraternité et la confiance ouvrent un chemin de sérénité et de pondération pour que chacun mûrisse sa décision en toute liberté et responsabilité.

  • Qu’est-ce que l’homme ? La question fondamentale que le prochain pape ne pourra plus esquiver

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    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso, en traduction française sur Diakonos.be :

    Qu’est-ce que l’homme ? Une question que le prochain pape ne pourra plus esquiver

    L’article de Settimo Cielo « Conclave en vue, tout le monde prend ses distances avec le Pape François » a eu un certain retentissement, aussi bien par ses conjectures sur la succession que, plus encore, parce qu’il a mis en évidence les silences singuliers des deux livres jumeaux au départ de cette chronique, l’un et l’autre rédigés par des auteurs prestigieux connus aussi bien en Italie qu’à l’étranger, Andrea Riccardi et Giuseppe De Rita, et tous deux dotés de titres résolument alarmistes sur l’état de santé de l’Église catholique, pour la huitième année du pontificat de Jorge Mario Bergoglio : « La Chiesa brucia » [L’église brûle] et « Il gregge smarrito » [Le troupeau dispersé].

    Le premier silence relevé par Settimo Cielo dans ces deux ouvrages concerne justement le Pape François, et il est d’autant plus significatif qu’ils sont l’œuvre de deux personnalités qui l’ont jusqu’ici soutenu, comme s’ils voulaient à présent prendre leurs distances et penser davantage au successeur qu’à lui.

    Le second silence – certainement le plus évocateur – fait quant à lui l’impasse sur les réels défis que l’Église auxquels l’Église est appelée à faire face aujourd’hui. Dans ces deux livres, quoique riches d’idées intéressantes, on ne trouve rien ou presque, en particulier, sur cette mutation de l’idée de l’homme qui constitue l’apport le plus révolutionnaire de la culture actuelle et qui se trouve aux antipodes de l’anthropologie chrétienne.

    C’est précisément sur cette question que le très réputé Sergio Belardinelli (photo), professeur de sociologie de processus culturels à l’Université de Bologne, mais sans doute plus philosophe que sociologue, nous écrit l’article qui suit.

    Ses intérêts scientifiques portent principalement sur les dynamiques socio-culturelles liées au développement des sociétés complexes, avec une référence particulière à la religion, à la politique, à l’identité culturelle et à la bioéthique. Parmi ses livres les plus récents, on peut citer : « L’altro Illuminismo. Politica, religione e funzione pubblica della verità », Rubbettino 2010; « Sillabario per la tarda modernità », Cantagalli 2012; « L’ordine di Babele. Le culture tra pluralismo e identità », Rubbettino 2018; « All’alba di un nuovo mondo », Il Mulino 2019 (avec Angelo Panebianco).

    Settimo Cielo avait d’ailleurs publié quelques extraits de ce dernier livre lors de sa sortie, ils concernaient eux aussi la question abordée dans cet article et les incertitudes de l’Église quant aux réponses à apporter à ces nouveaux défis :

    > L’Europe vote. Mais l’Église aussi doit décider de son destin

    Entre 2008 et 2012, Belardinelli a également été coordinateur scientifique du « Comitato per il Progetto Culturale » présidé par le cardinal Camillo Ruini.

    *

    Une inattention qui peut coûter cher

    de Sergio Belardinelli

    J’ai lu moi aussi les deux livres dont parle Sandro Magister, mais je n’aurais jamais été capable les raccrocher comme il l’a fait à la perspective d’un prochain conclave. Une piste très alléchante et convaincante qui ne manquera pas de capter l’attention de nombreux vaticanistes et autres experts de questions qui concernent le présent et l’avenir de l’Église catholique.

    Ce qui m’a en revanche frappé également, c’est le peu d’attention que ces deux livres réservent à ce qui constitue pourtant le défi des défis pour l’Église et pour le monde : la question anthropologique.

    Comme Magister le souligne très justement, nous sommes face à une véritable « révolution » concernant notre compréhension de la naissance, de la génération, de la mort, du libre arbitre, qui n’a que peu de choses en commun avec le modèle que l’on trouve dans la Bible.

    Il n’est plus seulement question d’avortement, d’euthanasie ou de procréation artificielle ; mais c’est la spécificité même de la nature humaine, son primat sur les autres êtres vivants et donc la place que l’homme occupe dans ce monde qui sont sérieusement remis en question.

    Il n’est plus simplement question de sauvegarder et de préserver le monde que nous partageons avec les autres êtres vivants, un devoir auquel nous ne pouvons plus nous soustraire de quelque manière que ce soit ; mais selon une certaine culture toujours plus virulente, c’est un peu comme si, en tant qu’hommes, nous aurions en quelque sorte usurpé quelque chose, lésé les doits de quelqu’un d’autre, qu’il s’agisse d’animaux ou de plantes. Sans parler de ce qui pourrait se produire sur les fronts de ce qu’on appelle le « big data » et des intelligences artificielles.

    Étant donné les implications culturelles, sociales et politiques de tous ces aspects, il est frappant qu’on n’en parle presque pas voire pas du tout dans des livres qui prétendent pourtant relancer le rôle de l’Église dans le monde contemporain. S’il est pourtant vrai que l’Église est « experte en humanité », alors le moins que l’on puisse dire c’est que c’est le moment de le démontrer, parce que c’est précisément l’humanité de l’homme lui-même qui est sérieusement remise en question.

    Même si ce point peut sembler discutable, je considère qu’il s’agit pourtant d’un thème sur lequel l’Église aurait beaucoup à dire au monde et qu’elle pourrait même retrouver un certain impact susceptible de mitiger cette dramatique difficulté de parler au cœur des hommes dont parle le livre de Riccardi.

    Mais naturellement, le magistère de saint Jean-Paul II et de Benoît XVI pèse lourdement sur cette importante question anthropologique, avec cette aura de « principes non-négociables » qui l’entoure et l’on préfère donc l’esquiver. Un « vide programmatique », comme l’appelle Magister, qui n’aidera certainement pas le Pape François, et encore moins son successeur.

  • Liège, 7 août : fête de sainte Julienne de Cornillon en union avec sainte Claire

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    Liège - Fête de Sainte Julienne en union avec sainte Claire

    La communauté des soeurs clarisses, les membres de l’ASBL du sanctuaire de sainte Julienne de Cornillon et les habitants du béguinage contemporain vous invitent cordialement à venir fêter ensemble nos deux saintes patronnes :

    Eucharistie solennelle le samedi 7 août 2021 à 18h00

    présidée par Monseigneur Aloys JOUSTEN, évêque émérite de Liège,
    et animée par le choeur mixte St-Apollinaire de Bolland, sous la direction de Gilbert Lesoinne

    Pour cette fête publique du sanctuaire le 7 août, jour de la sainte Julienne, nous avons la joie d'associer nos deux saintes patronnes vu leurs multiples proximités. Notez qu'une messe solennelle pour sainte Claire sera aussi célébrée le mercredi 11 août à 8h00 du matin, sans réception.

    Une collecte spéciale aura lieu pour soutenir le monastère et la fabrication des hosties durement impactés par la suspension des messes durant le confinement. Voyez aussi plus bas pour faire un don.

    Après la messe du 7 août, verre de l'amitié sur l'esplanade Urbain IV, visites des derniers appartements du béguinage contemporain, et sur rendez-vous préalable, rencontre de soeurs clarisses au parloir. N'oubliez pas votre masque svp.

    Une réponse est souhaitée avant le 3 août s'il vous plaît: 04 343 64 54 ou cornillon@saintejulienne.org

    Voici quelques informations sur la vie du sanctuaire avec quelques intéressantes activités à venir.

    La suspension des messes durant la crise du Covid-19 impacte fortement les ventes d'hosties, principale ressource du sanctuaire. Nous vous sollicitons afin de faire face à nos engagements:  
    IBAN BE07 0682 0174 4566
    Informations

    Nous accueillons François qui a tout perdu avec les inondations. Visitez les derniers appartements disponibles (à partir de 600 EUR) en lien avec la charte de vie chrétienne du béguinage contemporain.

    L’Eglise ou l’Etat ? Agir en chrétien ou en citoyen ? Ce choix est dépassé. Dialoguer, inclure, relever ensemble les enjeux de l'humanité, développer le bien commun. Avec le p. Francesco Brancaccio les 27 & 28 août 2021. Informations.

    Découvrez les 15 activités proposées autour de sainte Julienne pour le thème "Femme et Patrimoine" des Journées du Patrimoine 2021. Réservez les samedi 11 et dimanche 12 septembre. Informations.

    Avez-vous déjà vu le vieux puits redécouvert lors des travaux ? Témoin du 1er hôpital de Liège, l'eau fraîche y arrive encore.
    Plus fort encore : "Jésus dit: celui qui boira de l’eau que je lui donnerai n’aura jamais soif," Jean 4:14

    La chapelle est ouverte pour la prière. Vous pouvez venir allumer une bougie et pourquoi pas demander l'intercession de sainte Julienne (7 août) ou de sainte Claire (11 août).

  • Vatican : début du procès concernant des opérations illicites réalisées avec des fonds de la Secrétairerie d'État

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    De Vatican News :

    Les magistrats du Vatican lors de la première audience du procès, mardi 27 juillet 2021.

    Procès de l'immeuble de Londres: Une première audience de sept heures. Reprise le 5 octobre

    Le procès pour l'utilisation de fonds de la Secrétairerie d'État a débuté ce lundi dans la salle d'audience aménagée dans les Musées du Vatican. Les avocats de la défense des dix accusés ont présenté leurs requêtes préliminaires.

    Une grande salle aménagée dans les Musées du Vatican a accueilli mardi 27 juillet la première audience du procès au Vatican pour des opérations illicites réalisées avec des fonds de la Secrétairerie d'État, à commencer par la vente de l'immeuble de Sloane Avenue à Londres. L'audience, présidée par Giuseppe Pignatone, a duré sept heures, en présence d'une trentaine d'avocats, de journalistes, de gendarmes, et de seulement deux des dix accusés: Monseigneur Mauro Carlino, présent dans la salle d'audience tôt le matin, et le cardinal Giovanni Angelo Becciù, ancien Substitut de la Secrétairie d'État, accusé de détournement de fonds, d'abus de pouvoir également de subornation.

    Le cardinal, dont les prérogatives du cardinalat ont été révoquées par le pape en septembre 2020, a assisté à toute l'audience, assis au dernier des trois guichets. A la fin de l'audience, il a rappelé qu'il avait toujours été «obéissant au Pape qui a voulu que j’aille au procès», se disant «serein» : «Je suis confiant que les juges seront capables de voir les faits et mon grand espoir est qu'ils reconnaissent mon innocence». Il a également annoncé qu'il avait chargé ses avocats de poursuivre Monseigneur Alberto Perlasca et Francesca Immacolata Chaouqui pour diffamation. 

    Les avocats de Cecilia Marogna et Gianluigi Torzi demandent un ajournement

    Le premier avocat à prendre la parole a été Fiorino Ruggio, qui défendait Cecilia Marogna, la manager de Cagliari, absente à l'audience. L'avocat a présenté une demande de report et de séparation de l'affaire au motif que le DIS (Le département d’information pour la sécurité, qui dépend de la présidence du Conseil en Italie, ndlr) avait ordonné une enquête et donc l'audition de Cecilia Marogna sur la base d'une plainte qu'elle avait déposée pour être libérée du secret. Ambra Giovene, l'avocat de Gianluigi Torzi, a demandé un report en raison de l'«empêchement légitime» de son client à assister à l'audience. Gianluigi Torzi est en effet en liberté surveillée, sous bracelet électronique depuis le 28 avril 2021 : «Il ne peut pas se déplacer de Londres», a déclaré son défenseur. 

    L'avocat d'Enrico Crasso

    Carlo Panella, l'avocat qui défend Enrico Crasso et ses sociétés, a pris plus d'une heure pour présenter un certain nombre d'exceptions et d'objections, dont la première concernait le fait que l'APSA et l'IOR s'étaient joints à la procédure en tant que parties civiles, ce qui, selon Carlo Panella, est «inadmissible» dans la mesure où ils avaient présenté «une formule générique» d'indemnisation sans expliquer leurs raisons. «Il n'y a aucune preuve d'une quelconque relation directe ou indirecte d'Enrico Crasso et de ses entreprises avec l'APSA et l'IOR», a-t-il ajouté. Il a ensuite souligné le risque éventuel que, en créant trois parties exprimant le même État, chacune ayant une demande d'indemnisation, «l'indemnisation pourrait être triplée». L'avocat s'est ensuite plaint de l'absence de «nombreux actes» et aussi du fait que les accusés n'ont pas eu la garantie de disposer du temps nécessaire pour préparer leur défense. Par conséquent, a-t-il dit, il n'y avait «aucun respect des principes de procédure régulière dont le Vatican veut s'inspirer».

    Contestations sur les rescrits du Pape

    L'avocat Carlo Panella conteste également le fait que, en vertu d'un rescrit du 2 juillet 2019 du Pape François, le bureau du Promoteur de Justice a été autorisé à effectuer tout type de mesure même de nature conservatoire. Selon l'avocat, un rescrit est un «acte administratif» et «le doute porte sur la question de savoir si un acte administratif peut déroger à la législation en vigueur». Trois autres rescrits du Pape ont introduit des procédures pénales «uniquement pour ces procédures», ce qui, selon l'avocat d'Enrico Crasso, ferait du Vatican «un tribunal spécial». Tous les autres avocats se sont associés aux demandes de Maître Panella et tous ont demandé que le décret de mise en accusation soit déclaré nul et non avenu.

    Mgr Alberto Perlasca et le procès

    L'avocat Salvino Mondello a déclaré que son client Mgr Carlino avait été accusé de «crimes complètement différents de ceux énumérés dans l'acte d'accusation». L'avocat du cardinal Becciu, Fabio Viglione, a quant à lui souligné l'absence d'enregistrements des interrogatoires de Mgr Alberto Perlasca dans les actes. Selon les avocats du cardinal, les cinq interrogatoires de Mgr Perlasca seraient «nuls et non avenus», ainsi que «le résultat d'une violation procédurale évidente des droits de garantie». Le premier interrogatoire du 31 août 2020, à laquelle Mgr Carlino a comparu volontairement sans avocat, serait invalide.

    L'avocat Giandomenico Caiazza, qui défend le courtier Raffaele Mincione, a souligné que dans les actes «presque par hasard» nous avons appris l'existence d'un mandat d'arrêt émis le 19 juin 2020 contre le courtier. Le dossier était intitulé "Mandat d'arrêt pour l’accusé Torzi". «Cela fait penser à un accident... Ce mandat d'arrêt n'a jamais été exécuté, mais il a été émis avec la même logique que celui de Gianluigi Torzi», à savoir que si Raffaele Mincione s'était présenté pour être interrogé, il aurait été arrêté.

    Severino : «Le Pape est le législateur».

    Paola Severino, avocate de la partie civile de la Secrétairerie d'État, a répondu aux demandes des avocats en réitérant la légitimité de l'incorporation de l'APSA en tant que partie civile en vertu du Motu Proprio du Pape du 26 décembre 2020, qui a transféré les fonds et les investissements de la Secrétairerie d'État à l'Administration du Patrimoine du Siège Apostolique. L'avocat a également souligné à plusieurs reprises que «le Pape est le législateur».

    Les explications du promoteur de la Justice et du promoteur adjoint

    Pour sa part, le promoteur de Justice du Vatican Gian Piero Milano est immédiatement revenu sur la question du rescrit papal qui, a-t-il expliqué, est un acte exprimant «le pouvoir suprême» du Pape. La réponse du promoteur adjoint, Alessandro Diddi, a été plus étendue, admettant que «si nous avons fait des erreurs, nous sommes prêts à les corriger». Il a toutefois répondu, point par point, à toutes les contestations de la défense ; il a surtout expliqué que le mandat d'arrêt contre Raffale Mincione a été décidé parce qu'en ces jours de juin 2020, à un stade «crucial» de l'enquête, il y a eu «une tentative de tromperie» de la part de Gianluigi Torzi et Raffaele Mincione: «Nous avons estimé que nous devions intervenir avec des mises aux arrêts».

    Le promoteur adjoint a également expliqué que tout le matériel informatique saisi est actuellement conservé dans un coffre-fort dans le bureau du Promoteur de Justice et que si certains actes n'ont pas été produits c'est parce que les lois en vigueur établissent qu'il est seulement possible de déposer des actes de procédure et non des actes saisis. Il a toutefois réitéré sa volonté, sous réserve de l'autorisation de la Cour, de reproduire toute documentation demandée. Enfin, il s'est dit fier du fait qu'«en un an et demi d'enquête, aucune fuite d'information n'a eu lieu».

    La décision du tribunal

    Enfin, le président du tribunal Giuseppe Pignatone a joint la position de l'ancien président de l'AIF, René Bruelhart, au procès principal. Il a ensuite levé le mandat d'arrêt du Vatican contre Raffaele Mincione et a réservé sa position sur toutes les exceptions et demandes des avocats. Il a enfin décidé que toutes les personnes absentes lors de cette première audience, à l'exception du courtier Gianluigi Torzi, du cardinal Angelo Becciu et de l'ancien secrétaire Mauro Carlino, devaient être jugées par contumace.

    La salle des audiences aménagée dans les Musées du Vatican
    La salle des audiences aménagée dans les Musées du Vatican
  • Les fresques de Giotto à Padoue sont inscrites au patrimoine mondial de l'humanité

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    D'Agnès Pinard Legry sur Aleteia.org :

    Les splendides fresques de Giotto désormais au patrimoine mondial de l’humanité

    SCROVEGNI

    Shutterstock | EQRoy

    La chapelle Scrovegni, Padoue (Italie)

    27/07/21

    Les fresques réalisées par Giotto au XIVe siècle dans la chapelle des Scrovegni, à Padoue (Italie), ont été inscrites le 24 juillet au patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco.

    Un des joyaux de l’art sacré vient d’entrer au patrimoine mondial de l’humanité. Les fresques réalisées par Giotto au XIVe siècle dans la chapelle des Scrovegni, à Padoue (Italie), ont été inscrites le 24 juillet sur la Liste du patrimoine mondial de l’Unesco. Également appelée Église de l’Arena, cette chapelle ne compte qu’une nef unique. Mais quelle nef ! Pas un seul pan de mur n’est laissé au vide : les fresques commandées à Giotto par le banquier Enrico Scrovegni en l’honneur de son père Reginaldo occupent tout l’espace. Élève de Cimabue, Giotto aura mis moins de 900 jours pour couvrir de fresques les quelque 1.000 m² d’espace.

    Les épisodes de la vie du Christ, de la Nativité à la Passion, sont environnés de scènes de la vie de la Vierge et de sainte Anne et saint Joachim, les parents de Marie. Le mur faisant face à l’autel offre quant à lui une saisissante représentation du Jugement dernier. Les dimensions modestes de l’espace permettent aux spectateurs d’avoir un contact assez intime et personnel avec les peintures.

    L’œuvre majeure de Giotto

    La décoration de la chapelle des Scrovegni par Giotto est considérée comme l’une des réalisations les plus magistrales de l’histoire de l’art occidental. Unanimement considérées comme l’œuvre majeure de Giotto et comme l’un des chefs-d’œuvre de la peinture italienne, ces fresques représentent un aboutissement de la technique et du style de l’artiste. Et une formidable invitation à la prière.

  • Benoît XVI déplore un manque de foi au sein des institutions ecclésiastiques en Allemagne

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    Du National Catholic Register :

    Benoît XVI déplore le manque de foi dans les institutions ecclésiastiques en Allemagne

    Dans un échange avec Tobias Winstel, le pontife retraité de 94 ans a réfléchi au concept de "Amtskirche", un terme allemand qui peut être traduit par "Église institutionnelle" et qui est utilisé pour désigner le grand nombre de structures et d'institutions financées par les impôts de l'Église en Allemagne.

    26 juillet 2021

    Le pape émérite Benoît XVI s'est dit préoccupé par le manque de foi au sein des institutions de l'Église en Allemagne. Le pape retraité a fait ces commentaires dans une conversation écrite dans le numéro d'août du magazine allemand Herder Korrespondenz, marquant le 70e anniversaire de son ordination à la prêtrise, a rapporté CNA Deutsch, le partenaire d'information en langue allemande de CNA. "Dans les institutions de l'Église - hôpitaux, écoles, Caritas - de nombreuses personnes participent à des postes décisifs qui ne partagent pas la mission intérieure de l'Église et obscurcissent ainsi dans de nombreux cas le témoignage de cette institution", a-t-il déclaré. 

    Dans un échange avec Tobias Winstel, l'homme de 94 ans a réfléchi au concept de "Amtskirche", un terme allemand que l'on peut traduire par "Église institutionnelle" et qui est utilisé pour désigner le grand nombre de structures et d'institutions financées par les impôts de l'Église en Allemagne. Il écrit : "Le mot 'Amtskirche' a été inventé pour exprimer le contraste entre ce qui est officiellement exigé et ce qui est personnellement cru. Le mot 'Amtskirche' insinue une contradiction interne entre ce que la foi exige et signifie réellement et sa dépersonnalisation." Il suggère que de nombreux textes émis par l'Église allemande ont été rédigés par des personnes pour qui la foi était largement institutionnelle. "En ce sens, je dois admettre que pour une grande partie des textes institutionnels de l'Église en Allemagne, le mot 'Amtskirche' s'applique effectivement", a-t-il commenté. Il poursuit : "Tant que dans les textes de l'Église institutionnelle, seul le bureau, mais pas le cœur et l'esprit, parlent, tant que la foi continuera à déserter le monde."

    Benoît XVI, qui était préfet de la Congrégation du Vatican pour la doctrine de la foi avant d'être élu pape, a déclaré : "C'est pourquoi il me semblait important à une époque comme aujourd'hui, de sortir la personne du couvert de la fonction et d'attendre des porte-parole de l'Église un véritable témoignage personnel de foi."

    Au cours de la conversation, Benoît XVI a également abordé une question qu'il avait soulignée en 2011 lors de son dernier voyage en Allemagne en tant que pape. Dans un discours prononcé à Fribourg, une ville universitaire du sud-ouest de l'Allemagne, il avait implicitement critiqué certains aspects de l'Église allemande, évoquant une tendance à donner "plus de poids à l'organisation et à l'institutionnalisation" qu'à la "vocation de l'Église à l'ouverture vers Dieu".

    Dans ce discours, Benoît XVI a appelé à une "Église détachée de la mondanité", utilisant l'expression allemande "entweltlichte Kirche". L'ancien pape a déclaré à Herder Korrespondenz qu'il estimait désormais que ce terme était inadéquat. "Le mot 'Entweltlichung' ['détachement de la mondanité'] indique la partie négative du mouvement qui me préoccupe", a-t-il écrit. "Le positif n'est pas suffisamment exprimé par ce terme". Il s'agit plutôt, selon lui, de sortir des contraintes d'une époque particulière "pour entrer dans la liberté de la foi." Dans cet échange écrit, Benoît XVI a également mis en garde les catholiques contre le danger de rechercher une "fuite dans la doctrine pure". 

    Benoît XVI, qui a été le chef doctrinal du Vatican de 1982 à 2005, a déclaré que la tentative d'un tel vol était "complètement irréaliste". "Une doctrine qui existerait comme une réserve naturelle séparée du monde quotidien de la foi et de ses besoins serait en même temps un abandon de la foi elle-même", a-t-il déclaré.

    Au cours de la conversation, il a également été demandé à Benoît XVI s'il avait été un bon pasteur lorsqu'il servait à l'église du Précieux Sang dans le quartier de Bogenhausen à Munich après son ordination le 29 juin 1951. "Si j'ai été un bon prêtre et un bon pasteur, je n'ose pas en juger", a-t-il répondu, ajoutant qu'il avait essayé "d'être à la hauteur des exigences de mon ministère et de mon ordination."

  • Fin des restrictions sanitaires dans les lieux de culte outre-manche : les Britanniques peuvent à nouveau communier dans la bouche

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    De Thimothée Dhellemens sur le site web « Aleteia :

    Communion WEB3-PRIEST-HAND-COMMUNION-MASS-Shutterstock_1775961929.jpg« Grâce à la levée de la quasi-totalité des restrictions en Angleterre ce lundi 19 juillet, les fidèles britanniques peuvent de nouveau assister à la messe, sans limitation sur le nombre de personnes ou sur la manière de recevoir la communion.

    Après plusieurs mois d’attente, les Anglais goûtent enfin au « jour de la liberté ». Ce lundi 19 juillet, le gouvernement a levé presque toutes les restrictions liées à la pandémie de coronavirus, comme il s’y était engagé au mois de juin. Cela signifie que les lieux de culte ont pu rouvrir à pleine capacité, à l’instar des salles de spectacles, stades, restaurants ou encore discothèques.

    Si le maintien d’une certaine distanciation sociale reste recommandé en cas de forte affluence, le port du masque n’est plus obligatoire, ni dans la rue, ni dans les églises. Jusqu’à présent, les fidèles devaient maintenir une distance d’au moins deux mètres pendant les offices. Pour les paroisses, la levée de ces restrictions est synonyme de retour à la vie normale, après un an et demi de contraintes sanitaires. Plusieurs d’entre elles ont déjà retiré les marquages au sol, rempli les bénitiers et repris la pratique de la quête. Concernant la communion, les fidèles peuvent de nouveau recevoir l’Eucharistie directement dans la bouche s’ils le souhaitent.

    S’il vous plaît, soyez prudents.

    Pour autant, la levée des restrictions ne signifie pas que le virus a complètement disparu Outre-Manche. « S’il vous plaît, soyez prudents », a imploré le Premier ministre Boris Johnson ce dimanche 18 juillet, expliquant s’en remettre à la « responsabilité individuelle » de chacun. Il s’appuie également sur une campagne de vaccination menée tambour battant : à ce jour, plus de deux tiers des adultes sont entièrement vaccinés. Pour autant, les contaminations sont reparties à la hausse dans le pays, où près de 50.000 nouvelles contaminations viennent d’être recensées deux jours de suite.

    S’ils se réjouissent de la levée des restrictions dans les lieux de culte, les évêques restent prudents et appellent les fidèles à maintenir une attitude responsable. « Certaines pratiques préventives sont encore souhaitables », affirment-ils, tout en invitant tous les catholiques qui le peuvent à renouer avec la pratique de la messe dominicale.

    Ref. Fin des restrictions sanitaires dans les lieux de culte outre-manche : les Britanniques peuvent à nouveau communier dans la bouche

    JPSC