Puer natus est nobis, et filius datus est nobis : cujus imperium super humerum ejus : et vocabitur nomen ejus magni consilii Angelus.
Un enfant nous est né, un fils nous est donné ; la souveraineté est sur son épaule. On l'appellera du nom d'envoyé du Grand Conseil.
"Le texte du chant de l'Introït est extrait de l'une des grandes prophéties d'Isaïe annonçant le mystère de l'Incarnation, comme nous en avons entendu plusieurs au temps de l'Avent.La souveraineté sur son épaule évoque l'instrument par lequel il régnera, c’est-à-dire la Croix. Quant au Grand Conseil dont il est l'envoyé, c'est le grand dessein de la Sainte Trinité de sauver tous les hommes. Le texte d'Isaïe continue d'ailleurs par d'autres qualificatifs que l'on retrouve à d'autres moments de la liturgie de Noël, notamment à l'Introït de la messe de l'aurore. Il contraste singulièrement avec la faiblesse et la modestie de ce tout petit enfant : " Conseiller admirable, Dieu fort, Prince de la Paix, Père du siècle à venir. "
La mélodie exprime à merveille la joie légère de Noël. Elle s'élance dès le début en un grand élan enthousiaste, puis elle s'apaise en une contemplation amoureuse, se nuançant d'un brin de mélancolie à l'évocation de la Croix, et elle s'achève par l'affirmation solennelle de la qualité de celui qui nous est envoyé. Cet Introït est accompagné du premier verset du psaume 97 que nous allons retrouver au Graduel et à la Communion :
Cantate Domino canticum novum quia mirabilia fecit
Chantez au Seigneur un cantique nouveau car il a fait des merveilles.
Commentaire extrait de Una Voce
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Un enfant nous est né
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Messe de la nuit de Noël : l'homélie du pape Léon XIV

SOLENNITÉ DE LA NATIVITÉ DU SEIGNEUR
MESSE DE LA NUITHOMÉLIE DU PAPE LÉON XIV
Basilique Saint-Pierre
Mercredi 24 décembre 2025_________________________________________
Chers frères et sœurs,pendant des millénaires, partout sur terre, les peuples ont scruté le ciel, donnant des noms et des formes à des étoiles muettes : dans leur imagination, ils y lisaient les événements futurs, cherchant là-haut, dans les astres, la vérité qui manquait ici-bas, chez eux. Comme à tâtons, dans cette obscurité, ils restaient cependant déroutés par leurs propres oracles. Cette nuit-là, cependant, « le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ; et sur les habitants du pays de l’ombre, une lumière a resplendi » (Is 9, 1).
Voici l’astre qui surprend le monde, une flamme à peine allumée et ardente de vie : « Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur » (Lc 2, 11). Dans le temps et dans l’espace, là où nous sommes, vient Celui sans qui nous n’aurions jamais été. Celui qui donne sa vie pour nous vit avec nous, illuminant notre nuit de son salut. Aucune ténèbres que cette étoile n’éclaire, car à sa lumière, l’humanité tout entière voit l’aurore d’une existence nouvelle et éternelle.
C’est la naissance de Jésus, l’Emmanuel. En son Fils fait homme, Dieu ne nous donne pas quelque chose, mais lui-même, « afin de nous racheter de toutes nos fautes, et de nous purifier pour faire de nous son peuple » (Tt 2, 14). Celui qui nous rachète de la nuit naît dans la nuit : la trace du jour qui se lève n’est plus à chercher loin, dans les espaces sidéraux, mais en baissant la tête, dans l’étable voisine.
Le signe clair donné au monde obscure est, en effet, « un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire » (Lc 2, 12). Pour trouver le Sauveur, il ne faut pas regarder vers le haut, mais contempler vers le bas : la toute-puissance de Dieu resplendit dans l’impuissance d’un nouveau-né ; l’éloquence du Verbe éternel résonne dans le premier cri d’un nourrisson ; la sainteté de l’Esprit brille dans ce petit corps à peine lavé et emmailloté. Le besoin d’attentions et de chaleur, que le Fils du Père partage dans l’histoire avec tous ses frères, est divin. La lumière divine qui rayonne de cet Enfant nous aide à voir l’homme dans toute vie naissante.
Pour éclairer notre aveuglement, le Seigneur a voulu se révéler à l’homme comme un homme, son image véritable, selon un projet d’amour commencé avec la création du monde. Tant que la nuit de l’erreur obscurcit cette vérité providentielle, alors « il n’y a pas d’espace non plus pour les autres, pour les enfants, pour les pauvres, pour les étrangers » (Benoît XVI, Homélie dans la nuit de Noël, 24 décembre 2012). Les paroles du Pape Benoît XVI, tellement actuelles, nous rappellent qu’il n’y a pas de place pour Dieu sur terre s’il n’y a pas de place pour l’homme : ne pas accueillir l’un signifie ne pas accueillir l’autre. En revanche, là où il y a de la place pour l’homme, il y a de la place pour Dieu : alors une étable peut devenir plus sacrée qu’un temple et le sein de la Vierge Marie est l’arche de la nouvelle alliance.
Admirons, chers amis, la sagesse de Noël. Par l’enfant Jésus, Dieu donne au monde une vie nouvelle : la sienne, pour tous. Ce n’est pas une solution à tous les problèmes, mais une histoire d’amour qui nous implique tous. Face aux attentes des peuples, Il envoie un enfant, afin qu’il soit parole d’espérance ; face à la souffrance des misérables, Il envoie un être sans défense, afin qu’il soit la force pour se relever ; face à la violence et à l’oppression, Il allume une douce lumière qui éclaire de salut tous les enfants de ce monde. Comme le remarquait saint Augustin, « l’orgueil humain t’a tellement écrasé que seule l’humilité divine pouvait te relever » (Sermo in Natale Domini 188, III, 3). Oui, alors qu’une économie faussée conduit à traiter les hommes comme de la marchandise, Dieu se fait semblable à nous, révélant la dignité infinie de toute personne. Alors que l’homme veut devenir Dieu pour dominer son prochain, Dieu veut devenir homme pour nous libérer de toute esclavage. Cet amour nous suffira-t-il pour changer notre histoire ?
La réponse vient alors que nous nous réveillons à peine, comme les bergers, d’une nuit mortelle à la lumière de la vie naissante, en contemplant l’enfant Jésus. Au-dessus de l’étable de Bethléem, où Marie et Joseph, émerveillés, veillent sur le nouveau-né, le ciel étoilé devient « une troupe céleste innombrable » (Lc 2, 13). Ce sont des armées désarmées et désarmantes, car elles chantent la gloire de Dieu, dont la paix est la manifestation sur terre (cf. v. 14) : dans le cœur du Christ, en effet, palpite le lien qui unit dans l’amour le ciel et la terre, le Créateur et les créatures.
Ainsi, il y a exactement un an, le Pape François affirmait que la naissance de Jésus ravive en nous « le don et l’engagement de porter l’espérance là où elle a été perdue », car « avec Lui, la joie fleurit, avec Lui la vie change, avec Lui l’espérance ne déçoit pas » (Homélie dans la nuit de Noël, 24 décembre 2024). C’est par ces mots que débutait l’Année Sainte. Maintenant que le Jubilé touche à sa fin, Noël est pour nous un temps de gratitude et de mission. Gratitude pour le don reçu, mission pour en témoigner au monde. Comme le chante le psalmiste : « De jour en jour, proclamez son salut, racontez à tous les peuples sa gloire, à toutes les nations ses merveilles ! » (Ps 95, 2-3).
Sœurs et frères, la contemplation du Verbe fait chair suscite dans toute l’Église une parole nouvelle et véridique : proclamons donc la joie de Noël, qui est la fête de la foi, de la charité et de l’espérance. C’est la fête de la foi, car Dieu devient homme, naissant de la Vierge. C’est la fête de la charité, car le don du Fils rédempteur se réalise dans le dévouement fraternel. C’est la fête de l’espérance, car l’Enfant Jésus l’allume en nous, faisant de nous des messagers de paix. Avec ces vertus dans le cœur, sans craindre la nuit, nous pouvons aller à la rencontre de l’aube du jour nouveau.
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Reconsidérer Vatican II
De David Engels sur The European Conservative :
Le concile Vatican II reconsidéré
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Les approches actuelles ont aggravé les divisions plutôt que de les apaiser (Cardinal Müller)
Du Catholic Herald :
Le cardinal Müller s'exprime sur le dialogue, la tradition et les tensions internes au sein de l'Église
23 décembre 2025
Le cardinal Gerhard Ludwig Müller a accusé le Vatican d'appliquer un double standard préjudiciable, arguant que ses appels constants au dialogue et au respect sont appliqués de manière sélective et trop souvent refusés aux fidèles catholiques eux-mêmes.
Dans une récente interview accordée à Michael Haynes de Pelican +, l'ancien préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi a déclaré que les approches actuelles avaient aggravé les divisions plutôt que de les apaiser. Il a fait valoir que si les autorités ecclésiastiques insistent souvent sur l'ouverture et le respect dans leur engagement envers les mouvements culturels contemporains, cet esprit n'est pas systématiquement étendu aux catholiques pratiquants, en particulier ceux qui souhaitent assister à la messe traditionnelle en latin.
Les remarques du cardinal Müller interviennent dans le cadre d'un débat prolongé sur la décision de restreindre la célébration de la messe romaine traditionnelle, une mesure qui a touché les diocèses et les communautés religieuses du monde entier. Interrogé directement sur cette politique, le cardinal allemand a déclaré qu'il n'était « pas très bon » que le pape François ait supprimé le rite tridentin « de manière autoritaire ».
L'ancien préfet est allé plus loin, suggérant que la rhétorique du pape François avait injustement stigmatisé un groupe important de catholiques fidèles. Le pape François, a déclaré le cardinal Müller, avait « blessé et commis une injustice en accusant tous ceux qui aiment l'ancienne forme du rite d'être contre le Concile Vatican II de manière générale, sans aucune justice différenciée envers les personnes individuelles ».
Le cardinal a souligné que l'unité de l'Église ne peut être maintenue par des mesures coercitives. « Nous n'avons pas de système policier dans l'Église, et nous n'en avons pas besoin. » Il a ajouté que « le pape et les évêques doivent être de bons bergers ».
L'évaluation par le cardinal Müller du traitement réservé aux catholiques traditionnels peut sembler évidente pour certains, mais elle soulève une question plus large : l'Église sait-elle encore ce qu'elle cherche à être ? La manière dont l'Église établit ses priorités révèle ce qu'elle croit au sujet de la vérité, de l'autorité et de la personne humaine, et si la doctrine est quelque chose qui doit être vécue et enseignée, ou gérée et mise de côté. La tension actuelle porte donc moins sur la liturgie ou la personnalité que sur un changement dans la culture ecclésiale, où l'image et les gestes remplacent de plus en plus la cohérence théologique.
C'est dans ce contexte qu'il faut lire les propos du cardinal Gerhard Ludwig Müller. Sa critique de ce qu'il considère comme un double standard à Rome n'est pas une complainte conservatrice pour un passé révolu, mais le diagnostic d'un phénomène plus profond. « Ils parlent sans cesse de dialogue et de respect pour les autres », a déclaré le cardinal, ajoutant que « lorsqu'il s'agit de l'agenda homosexuel et de l'idéologie du genre, ils parlent de respect, mais envers leur propre peuple, ils n'ont aucun respect ».
Le problème n'est pas que l'engagement avec le monde moderne soit mauvais. L'Église est, par nature, universelle. Le problème survient lorsque cet engagement devient performatif, sélectif et détaché du centre de gravité doctrinal de l'Église.
Il ne s'agit pas simplement d'une plainte concernant le processus. Cela souligne un échec de la discrimination théologique, une incapacité ou un refus de distinguer entre l'attachement légitime à la tradition et l'opposition idéologique au Concile.
Il en ressort l'image d'une Église de plus en plus à l'aise avec les spectacles publics à grande échelle, le soutien de célébrités et les messages soigneusement contrôlés, tout en semblant mal à l'aise avec le travail lent et discret de formation doctrinale. Rome est aujourd'hui saturée d'événements, de conférences, de concerts et de rencontres organisées dans le but de projeter une image d'ouverture et de pertinence. Pourtant, les catholiques qui réclament la continuité, la doctrine ou la tradition se retrouvent souvent traités comme des problèmes à contenir plutôt que comme des membres de l'Église catholique romaine.
Le danger actuel n'est pas que l'Église s'engage dans le monde, mais qu'elle s'oublie elle-même dans ce processus. Lorsque la doctrine est considérée comme un embarras, la tradition comme un handicap et la stabilité comme ennuyeuse, le résultat n'est pas le renouveau, mais la confusion. La crédibilité de l'Église ne repose pas sur le spectacle ou l'approbation, mais sur sa volonté d'être reconnaissable et assumée en tant que catholique.
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« La Parole s’est faite chair et a habité parmi nous… pleine de grâce et de vérité. » C’est là que réside notre espérance et la raison de la joie de Noël.
De George Weigel sur le CWR :
Leçons tirées des Évangiles de Noël
L'histoire du salut se déroule au sein de l'histoire du monde, et lui donne en réalité son véritable sens.
Détail de la « Nativité » (vers 1311 - vers 1320) de Giotto [WikiArt.org] L'évangile de la messe de la vigile, Matthieu 1,1-25, comprend la « généalogie de Jésus-Christ, fils de David, fils d'Abraham » de l'évangéliste et se conclut par le récit de la vision angélique de Joseph et de sa décision de plier sa volonté au plan divin et d'accepter Marie enceinte comme épouse, « car c'est par le Saint-Esprit que cet enfant a été conçu en elle » — l'enfant « qui sauvera son peuple de ses péchés ».
En désignant Jésus comme « le Christ » et en l’inscrivant fermement dans l’histoire du peuple juif – « …le nombre total de générations d’Abraham à David est de quatorze générations ; de David à l’exil babylonien, quatorze générations ; de l’exil babylonien au Christ, quatorze générations » –, l’évangéliste souligne que Jésus de Nazareth n’a de sens que s’il est compris comme il se comprenait lui-même et comme ses premiers disciples le comprenaient : l’accomplissement de l’espérance messianique portée par le peuple juif tout au long des premières étapes de l’histoire du salut.
Aujourd'hui, alors que les émanations toxiques de l'antisémitisme empoisonnent la vie publique et semblent influencer beaucoup trop de jeunes catholiques (en particulier les jeunes hommes), l'Évangile de la messe de la veillée de Noël nous enseigne la leçon cruciale comprise par les chrétiens fidèles depuis la condamnation de l'hérésie de Marcion il y a 1 881 ans : Jésus était de la lignée d'Abraham et le christianisme ne peut être séparé de ses racines juives sans compromettre irrémédiablement la structure de la foi.
La Messe de la Nuit et la Messe de l'Aurore puisent leurs lectures évangéliques dans le récit de l'enfance de Jésus selon Luc (Luc 2,1-14 et Luc 2,15-20), qui, grâce notamment au Messie de Georg Friedrich Haendel , est devenu le récit paradigmatique de l'histoire de Noël. Si la généalogie de Matthieu situe Jésus dans l'histoire du peuple d'Israël, l'Évangile de Luc, lors de la Messe de la Nuit, inscrit le Messie juif dans le vaste panorama de l'histoire du monde.
En ce temps-là, un édit de César Auguste ordonna le recensement de toute la terre. Ce premier recensement eut lieu alors que Quirinius était gouverneur de Syrie. Tous se rendirent donc dans leur ville d'origine pour s'y faire recenser. Joseph aussi monta de Galilée, de la ville de Nazareth, en Judée, à Bethléem, la ville de David, parce qu'il était de la maison et de la lignée de David, pour s'y faire recenser avec Marie, sa femme, qui était enceinte.
Il y a deux leçons importantes à tirer de cela.
Premièrement, l'histoire du salut se déroule au sein même de l'histoire du monde, et lui confère en réalité son sens véritable. L'histoire n'est pas le fruit du hasard ; elle tend vers un but : l'accomplissement des desseins du Créateur. Et à la fin de l'histoire, le Créateur obtiendra ce qu'il avait prévu dès le commencement : la Nouvelle Jérusalem de l'Apocalypse 21:2, l'accomplissement éternel de la « cité de David » dans le temps au-delà du temps, qui est la vie dans la lumière et l'amour du Dieu trois fois saint.
La seconde leçon est que Dieu œuvre avec douceur, voire de façon mystérieuse, à travers les personnages et les événements de l'histoire du monde pour accomplir son dessein divin. En recensant ses contribuables lors de ce « premier recensement », César Auguste ignorait qu'il préparait la naissance du Messie, comme cela avait été prophétisé, dans la cité de David. Et pourtant, il en fut ainsi : une leçon sur la difficulté de discerner les signes des temps, un enseignement réaffirmé lors de la messe de l'Aurore, où les premiers témoins de la naissance messianique ne sont pas les puissants, mais les humbles bergers.
L'évangile de la messe du jour de Noël nous offre la théologie la plus dense, mais aussi la plus lyrique, du Nouveau Testament : le Prologue de l'Évangile de Jean (Jean 1:1-18), dans lequel le messie juif qui rachète toute l'histoire est identifié au « Verbe », la deuxième Personne de la Trinité, « par qui toutes choses ont été faites ».
Quelle leçon en tirer ? Dans un monde de plus en plus irrationnel, nous devons nous accrocher à l'affirmation biblique selon laquelle Dieu a imprimé une rationalité dans le monde et en nous : des vérités que nous pouvons connaître par révélation et par raison ; des vérités qui tracent le chemin d'une vie juste ; des vérités qui ouvrent la voie royale vers la sanctification et la béatitude.
« La Parole s’est faite chair et a habité parmi nous… pleine de grâce et de vérité. » C’est là que réside notre espérance et la raison de la joie de Noël.
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Non, Noël n'est pas une fête païenne récupérée par les chrétiens
De La Sélection du Jour (Louis Daufresne) :
Noël n'est pas une fête païenne récupérée par les chrétiens
Qui n'a jamais entendu dire que Jésus n'est pas né un 25 décembre et que si l'Église avait pris cette date, c'était pour christianiser la fête païenne du solstice d'hiver ? Cette OPA symbolique du pape Libère en 354 fonctionna du feu de dieu. Le christianisme effaça le Soleil de l'horizon – et pour toujours. Les Romains ne croyaient-ils pas pourtant qu'il était invaincu ? À sa place, l'Église mit sur le trône de l'humanité le Soleil de justice. Intelligemment, elle s'appropria le meilleur du paganisme antique. L'Occident est l'héritier de cette épopée là.
Le 25 décembre est-il un détail du calendrier ? Que Jésus soit né à cette date ou à une autre importe-t-il peu ? Pas sûr à l'heure où l'on s'échine à tout déconstruire. Un Michel Onfray affirme que Jésus n'a pas existé. Et il est très médiatisé.
Or la vérité factuelle est l'assurance-vie du christianisme. Si le jour de l'incarnation devenait un mythe, Jésus ne serait plus qu'une figurine comparable à un bouddha posé sur une étagère. La Révélation deviendrait le passé d'une illusion, pour reprendre le titre d'un essai célèbre. Déjà atteintes par les abus, l'Église et la légitimité de sa parole s'en trouveraient anéanties. Noël ne serait plus une « marque déposée ». La débauche de consumérisme avait déjà dénaturé le sens de la Nativité, sans que l'institution n'y réagit avec virulence. Maintenant, la promotion d'un Noël dit « inclusif, diversitaire et féministe » s'emploie carrément à détourner l'événement, lequel ne ressemblera bientôt plus à rien.
L'enjeu n'est pas mince. Normalien, agrégé de philosophie, Frédéric Guillaud se pose une question simple dans un essai intitulé Et si c'était vrai ? (Marie de Nazareth, 2023). Il pense que Jésus peut réellement être né le 25 décembre.
Le calcul est le suivant : « Selon saint Luc, au moment de l'Annonce faite à Marie, date de la conception miraculeuse de Jésus, Élisabeth était enceinte de Jean-Baptiste depuis six mois. En outre, l'évangéliste nous apprend que la conception de Jean-Baptiste remontait au moment où son père, Zacharie, prêtre de la classe d'Abia, était en service au Temple. Or, des archéologues ont trouvé dans les manuscrits de Qumrân le calendrier des tours de service des différentes classes de prêtres. Il s'avère que, pour la classe d'Abia, c'était le mois de septembre. Voilà qui nous donne l'enchaînement suivant : conception de Jean-Baptiste fin septembre ; conception de Jésus six mois plus tard, c'est-à-dire fin mars ; donc, naissance de Jésus neuf mois plus tard… fin décembre ! CQFD. On rappellera au passage que, dans l'Église d'Orient, la conception de Jean-Baptiste est, comme par hasard, fêtée le 25 septembre, ce qui concorde avec la découverte des archéologues. »
Mais l'histoire ne s'arrête pas à ce chapelet de concordances. Ce que l'on ignore le plus souvent, c'est que les Romains ont cherché à paganiser une fête chrétienne. Frédéric Guillaud explique : « Quand on évoque la fête romaine du Soleil, on s'imagine en effet qu'il s'agissait d'une fête immémoriale, fixée au 25 décembre depuis longtemps. Mais pas du tout. C'est une fête postchrétienne (…) créée de toutes pièces par l'empereur Aurélien en 274 – sous le nom de "jour natal du Soleil invaincu : Sol invictus" ». Dans quel but ? Il s'agissait, poursuit-il, « d'unifier l'Empire sous un culte unique, issu du culte oriental de Mithra, à une époque où le christianisme menaçait déjà sérieusement le paganisme. » Car les Romains, jusque-là, ne fêtaient rien le 25 décembre : « Les Saturnales se terminaient le 20 décembre », précise Guillaud.
À cette époque, les chrétiens n'avaient pas encore officiellement fixé la date de Noël mais des communautés la célébraient déjà le 25 décembre. « En 204, Hippolyte de Rome en parlait déjà comme d'une date bien établie, dans son Commentaire de Daniel », rappelle Guillaud.
Ainsi, selon cette version, s'effondre l'idée reçue que Noël récupère une fête païenne. C'est plutôt l'inverse, Sol Invictus étant une réaction romaine à l'aube croissante de la Nativité.
Louis Daufresne -
Pièces grégoriennes pour la Nativité de Notre-Seigneur
Du site d'Una Voce :
Chants et commentaires par P. Banken :Lien permanent Catégories : Actualité, Art, Eglise, Foi, liturgie, Patrimoine religieux, Spiritualité 0 commentaire -
Pour Noël, le chemin que nous vous souhaitons

"... Nous vivons dans les réflexions, dans les affaires et dans les occupations qui nous absorbent entièrement et depuis lesquelles le chemin vers la crèche est très long.
De multiples manières, Dieu doit sans cesse nous pousser et nous aider, afin que nous puissions sortir de l’enchevêtrement de nos pensées et de nos engagements et trouver le chemin qui va vers Lui.
Mais pour tous, il y a un chemin. Pour tous, le Seigneur dispose des signes adaptés à chacun. Il nous appelle tous, pour que nous aussi puissions dire: Allons, «traversons», allons jusqu’à Bethléem – vers ce Dieu, qui est venu à notre rencontre.
Oui, Dieu s’est mis en chemin vers nous. De nous-mêmes, nous ne pourrions le rejoindre. Le chemin dépasse nos forces. Mais Dieu est descendu. Il vient à notre rencontre. Il a parcouru la plus grande partie du chemin. Maintenant, il nous demande: Venez et voyez combien je vous aime."
(Benoît XVI, homélie de la messe de minuit, 24 décembre 2009.)
L'équipe de Belgicatho vous souhaite une belle et lumineuse fête de Noël
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Vous qui êtes couchés dans la poussière, réveillez-vous et louez Dieu !
24 décembre, Vigile de Noël
Cieux, prêtez l'oreille ! Terre, écoutez avec attention ! Que toute créature, que l'homme surtout soit transporté d'admiration et éclate en louanges : « Jésus Christ, le Fils de Dieu, naît à Bethléem de Juda »... Quelle plus douce nouvelle pourrait-on annoncer à la terre ? A-t-on jamais rien entendu de pareil, le monde a-t-il jamais rien appris de semblable ? « A Bethléem de Juda naît Jésus Christ, le Fils de Dieu. » Quelques petites paroles pour exprimer l'abaissement du Verbe, la Parole de Dieu devenue un tout-petit, mais quelle douceur dans ces paroles ! « Jésus Christ, le Fils de Dieu, naît à Bethléem. » Naissance d'une sainteté incomparable : honneur du monde entier, réjouissance de tous les hommes à cause du bien immense qu'elle leur apporte, étonnement des anges à cause de la profondeur de ce mystère d'une nouveauté sans pareil (Ep 310). « Jésus Christ, le Fils de Dieu, naît à Bethléem de Judée. » Vous qui êtes couchés dans la poussière, réveillez-vous et louez Dieu ! Voici le Seigneur qui vient avec le salut, voici la venue de l'Oint du Seigneur, son Messie, le voici qui vient dans sa gloire... Heureux celui qui se sent attiré par lui et qui « court à l'odeur de ses parfums » (Ct 1,4 ) : il verra « la gloire qu'il tient de son Père comme Fils unique » (Jn 1,14). Vous donc qui êtes perdus, respirez ! Jésus vient sauver ce qui avait péri. Vous les malades, revenez à la santé : le Christ vient étendre le baume de sa miséricorde sur la plaie de vos cœurs. Tressaillez de joie, vous tous qui éprouvez de grands désirs : le Fils de Dieu descend vers vous pour faire de vous des cohéritiers de son Royaume (Rm 8,17). Oui, Seigneur, je t'en prie, guéris-moi et je serai guéri ; sauve-moi et je serai sauvé (Jr 7,14) ; glorifie-moi et je serai vraiment dans la gloire. Oui, « que mon âme bénisse le Seigneur, et que tout ce qui est en moi bénisse son saint nom » (Ps 102,1). Le Fils de Dieu se fait homme pour faire des hommes des enfants de Dieu.
St Bernard, Premier sermon pour la Vigile de Noël
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Bois-Seigneur-Isaac : le rayonnement inattendu du monastère Saint-Charbel
De Bérangère de Portzamparc sur Aleteia.org :
En Belgique, le rayonnement inattendu du monastère Saint-Charbel
23/12/25C’est dans le village bien nommé Bois-Seigneur-Isaac, en Belgique, que se trouve le monastère saint Charbel, l’un des trois d’Europe. Sur place, cinq prêtres maronites accueillent de nombreux pèlerins pour se recueillir devant quatre reliques sacrées. Reportage.C'est dans le silence d'un après-midi frais mais ensoleillé de décembre que se découvre le monastère Saint Charbel situé en Belgique, dans le village bien nommé Bois-Seigneur-Isaac, de la commune de Braine-l'Alleud, (province du Brabant-Wallon). Avec son château avoisinant appartenant depuis plusieurs générations à une grande famille de la noblesse belge, les Snoy, l’abbaye constitue le cœur même du village et il y règne depuis plus de 600 ans, une atmosphère toute particulière, empreinte de calme et de spiritualité.
L’abbaye devient monastère
Les cinq prêtres et moines du rite maronite se sont installés en 2010 dans cette abbaye séculaire dédiée à la Vierge, construite au XIème siècle par le seigneur Isaac de Valenciennes, tout juste rentré des croisades. Au XVème siècle, lors d’une messe, un miracle eucharistique y a lieu, et l’évêque de Cambrai permet alors que la chapelle devienne un lieu de pèlerinage pour venir se recueillir devant le "Saint-Sang", relique toujours visible aujourd’hui. L’abbaye va accueillir plusieurs ordres au fil des siècles, les Augustins jusqu’à la Révolution puis les Prémontrés jusqu’à l’Ordre libanais maronite aujourd'hui.
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Comment célébrer Noël si la foi a disparu ? Un excellent article de Mgr Aguer
D'InfoVaticana :
Un excellent article de l'archevêque Aguer

La sécularisation de Noël
Avec le début de l'Avent, la publicité pour certains produits liés aux fêtes de Noël commence également. Bien que le mot lui-même ne soit pas mentionné explicitement, il serait surprenant pour quiconque l'ignore que ce terme signifie Nativité, c'est-à-dire la naissance de Jésus-Christ. On y voit notamment un petit sapin, des ballons et autres décorations, ainsi qu'une figure corpulente et barbue vêtue de rouge et de blanc. Cette représentation de la période précédant le 25 décembre est typique de l'hémisphère nord et du monde protestant.Il y a quelques années, en flânant dans le centre de Naples, j'ai remarqué que, dans les semaines précédant Noël, chaque magasin proposait des crèches, de tailles et de qualités variées. La crèche est la représentation catholique de la venue de Jésus au monde : la grotte, ou une petite maison, la Vierge Marie, saint Joseph et l'Enfant, accompagnés de la vache et de l'âne. N'oublions pas les Rois mages, mentionnés dans l'Évangile selon Matthieu : astronomes et sages, ils représentaient toute l'humanité attendant le Sauveur. La tradition populaire, s'appuyant sur les apocryphes, les a érigés en rois et leur a donné à chacun un nom. Dans la crèche, leur arrivée est prévue jusqu'au 6 janvier. La tradition catholique s'est sécularisée. De même, les anges et leurs chants ont disparu ; toutefois, ils sont préservés dans le Gloria et le Sanctus de la messe. On retrouve quelque chose de ces origines dans les chants de Noël, qui ont su franchir le mur de la sécularisation. Le souvenir de Naples évoque une foi populaire qui s'est affaiblie ces derniers temps et qui, dans de nombreux pays, semble avoir disparu.
L’Église devrait proclamer le mystère de l’Incarnation du Fils de Dieu pendant l’Avent. La foi en ce mystère doit s’enraciner dans les familles ; c’est pourquoi l’exhortation à « installer la crèche » est tout à fait appropriée. Même lorsque la pratique religieuse s’est raréfiée, voire a disparu, la contemplation de la crèche ravive le sentiment de foi transmis au sein de la famille ou lors de la catéchèse de la Première Communion (et souvent de la seule ).Comment célébrer Noël si la foi a disparu ? Il s'agit donc d'une sécularisation de la fête chrétienne, souvent associée au Nouvel An. On parle des « fêtes » – comme d'une période récurrente – et l'on souhaite, en guise de vœux, « Bonnes fêtes » ou même le plus courant « Félicitations ». Dans ce contexte culturel, Noël a disparu. La publicité commerciale exploite le souvenir d'une époque où l'on conservait encore quelque chose des premiers enseignements. L'Église doit recréer ces origines en proclamant Jésus-Christ comme Rédempteur ; chaque Avent est une nouvelle occasion de cette proclamation confiée aux Apôtres. Il s'agit donc d'inverser la sécularisation de Noël. Et pour cela, une Église véritablement ouverte sur le monde est essentielle ; une Église qui recherche ceux qui se sont égarés et ceux qui n'ont jamais été pleinement présents.
Dans cet esprit, je vous souhaite à tous un très saint et donc un très joyeux Noël. Que personne ne nous vole l'Enfant Jésus !+ Hector AguerArchevêque émérite de La PlataBuenos Aires, lundi 22 décembre 2025. -
Mission et communion au centre des premières salutations du pape Prevost à la Curie
De Nico Spuntoni sur la NBQ :
Mission et communion dans les premières salutations du pape Prevost à la Curie
Lors de la traditionnelle réunion précédant Noël, Léon XIV s'adressa à ses principaux collaborateurs dans un discours centré sur le mystère de Noël, mais il présenta également sa vision de l'Église. Il les exhorta à s'orienter davantage vers la mission et les appela à être « un signe d'une humanité nouvelle ».23/12/2025
Le premier Noël de Prévost sur le trône de Pierre. Hier, le pape a adressé ses vœux à la Curie romaine lors de leur traditionnelle réunion précédant Noël. Il a reçu ses principaux collaborateurs dans la Salle des Bénédictions pour un discours centré sur le mystère de Noël, mais aussi pour présenter sa vision de l'Église. « La lumière de Noël vient à nous », a commencé Léon XIV, « nous invitant à redécouvrir la nouveauté qui, de l'humble grotte de Bethléem, se répand à travers l'histoire humaine. » La joie que suscite cette nouveauté nous aide « à considérer les événements qui se succèdent, même dans la vie de l'Église », a déclaré le pape.
Un hommage à son prédécesseur, décédé cette année même qui s'achève, était inévitable. « Sa voix prophétique, son style pastoral et la richesse de son enseignement ont marqué le cheminement de l’Église ces dernières années, nous encourageant avant tout à remettre la miséricorde de Dieu au centre, à donner un nouvel élan à l’évangélisation, à être une Église joyeuse et comblée, accueillante envers tous et attentive aux plus pauvres », a déclaré le pape Prévost. S’appuyant sur l’exhortation apostolique du pape François, Evangelii Gaudium , Léon XIV a cité la mission et la communion comme deux aspects fondamentaux de la vie de l’Église.
Le pape appelle à rendre l’Église encore plus missionnaire car « Dieu lui-même est venu à notre rencontre et, en Christ, il est venu nous chercher ». Prévost indique que la mission est un critère de discernement non seulement dans le cheminement de foi, mais aussi dans l’action de la Curie. Le pape a appelé à ce que les structures soient davantage orientées vers la mission, au lieu de les alourdir ou de les ralentir. Sa vision est celle d’une Curie « où les institutions, les offices et les tâches sont conçus en tenant compte des grands défis ecclésiaux, pastoraux et sociaux d’aujourd’hui, et non pas simplement pour assurer une administration courante ».
Mission, mais aussi communion. « Noël nous rappelle que Jésus est venu nous révéler le vrai visage de Dieu le Père, afin que nous devenions tous ses enfants et donc frères et sœurs les uns pour les autres », a déclaré Léon XIV, soulignant que grâce à cela, nous devenons « le signe d’une humanité nouvelle, non plus fondée sur la logique de l’égoïsme et de l’individualisme, mais sur l’amour mutuel et la solidarité réciproque ». Une tâche urgente, a-t-il insisté dans son discours, tant au sein qu’en dehors de l’Église. Le Pape a observé que « parfois, derrière une apparente tranquillité, se cachent les fantômes de la division ». Conscient, dès lors, que les distances ne manquent pas, à tel point que « dans les relations interpersonnelles, dans la dynamique interne des fonctions et des rôles, ou lorsqu’il s’agit de questions concernant la foi, la liturgie, la morale ou tout autre sujet, nous risquons de succomber à la rigidité ou à l’idéologie, avec les conflits que cela engendre ».
Le Pape a choisi d’unir. Il a exhorté les membres de la Curie à être « bâtisseurs de la communion du Christ, qui exige de prendre forme dans une Église synodale, où tous collaborent et coopèrent à une même mission ». Telle est sa conception de la synodalité, qui ne correspond pas parfaitement à celle qui a prévalu ces douze dernières années. Le pape Prévost a évoqué l'amertume qui peut naître face à certaines dynamiques curiales, notamment avec ceux qui sont animés par une « obsession de l'excellence ».
Il n'est pas impossible de trouver des amis au sein de la Curie, a-t-il affirmé . « Dans le combat quotidien », a-t-il soutenu, « il est beau de trouver des amis de confiance, de voir tomber les masques et les subterfuges, de ne pas instrumentaliser ni ignorer autrui, de s'entraider, de reconnaître la valeur et les compétences de chacun, évitant ainsi le mécontentement et le ressentiment. » Ces situations se retrouvent aussi à l'extérieur, dans un monde où l'agressivité et la colère sont monnaie courante. Noël, cependant, nous invite à devenir un signe prophétique de paix.
Cela s'applique également à la Curie, selon Léon, pour les tâches qui doivent être accomplies dans cette perspective : « nous ne sommes pas de petits jardiniers soucieux de cultiver nos propres jardins, mais nous sommes des disciples et des témoins du Royaume de Dieu, appelés à être dans le Christ un ferment de fraternité universelle, parmi différents peuples, différentes religions, parmi les femmes et les hommes de toute langue et de toute culture. »
